Ingrid Bergman (Stockholm, 1915 - Londra, 1982)
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BERGMAN (Ingrid)
actrice suédoise (Stockholm 1915 -Londres 1982).
Ingrid Bergman débute à dix-sept ans au Théâtre royal de Stockholm, où elle décroche rapidement des rôles de premier plan. Prise sous contrat par la Svenskfilmindustri en 1933, elle fait sa première apparition à l'écran dans ‘ le Comte de Munkbro ’ et s'impose comme vedette dès son cinquième film, ‘ Du côté du soleil ’. Elle cultive les genres les plus divers, avec une préférence marquée pour la comédie sentimentale et le mélodrame, qui exaltent son aura de jeune première fraîche et spontanée. Dès 1935, elle est considérée comme une des découvertes les plus prometteuses du cinéma suédois et mène l'essentiel de sa première carrière sous l'égide de Gustav Molander, qui la dirige dans le Visage d'une femme et Intermezzo.
Alerté sur sa réputation, David O. Selznick l'appelle à Hollywood en 1939, pour lui faire tourner, aux côtés de Leslie Howard, un fidèle remake de ce dernier film. Pygmalion ambitieux, éminent découvreur d'actrices, il mise avec intelligence sur son image établie : naturel, probité, pureté, énergie. L'essai s'avère concluant. Ingrid Bergman s'établit à Hollywood, où sa carrière se poursuivra durant six ans, modelée de façon directe ou occulte par Selznick, et largement influencée par le curieux mélange de romantisme et de puritanisme propre au producteur d'Autant en emporte le vent. Ingrid Bergman s'insurge cependant très tôt contre les goûts et les exigences de son mentor. Elle réclame des rôles plus âpres, dont le premier est celui d'Ivy, la barmaid de Docteur Jekyll et Mr. Hyde (1941). Elle alterne dès lors systématiquement les rôles pervers et vertueux, passant de l'Intrigante de Saratoga aux Cloches de Sainte-Marie, de la Maison du Dr Edwardes aux Enchaînés, d'Arc de triomphe à Jeanne d'Arc. Elle révèle son côté noir dans la Proie du mort, Docteur Jekyll et Mr. Hyde, Arc de triomphe et les Amants du Capricorne, qui tissent autour d'elle des univers piégés, en font la victime de longs cauchemars, une hédoniste apathique, vouée à la déchéance.
À l'inverse, Pour qui sonne le glas, la Maison du Dr Edwardes et les Cloches de Sainte-Marie éclairent le pôle positif du personnage bergmanien, en célèbrent l'idéalisme et le caractère solaire, qui séduisait Selznick. (Notons ici la passion de Bergman pour Jeanne d'Arc, figure clé qu'elle incarnera deux fois à la scène et autant à l'écran.)
Refusant le partage entre la noirceur gothique et un angélisme sans nuance, Casablanca et les Enchaînés assument avec une subtilité plus européenne l'indécision morale du personnage bergmanien. L'héroïne est ici écartelée entre deux antagonistes masculins, déracinée, jetée dans un contexte cosmopolite trouble. Elle est le jouet de forces qui la dépassent, la protagoniste ambivalente de drames historiques, où l'égoïsme et la raison politique ne sont jamais clairement distincts, où sacrifice ne signifie plus nécessairement rédemption.
À la fin des années 40, Ingrid Bergman est l'actrice européenne la plus populaire d'Hollywood. Moins mythique que ses rivales immédiates, Garbo et Dietrich, sa malléabilité, son goût de la composition, un contact suivi avec le théâtre (elle remporte un Tony pour Joan of Lorraine) lui ont permis d'acquérir une indépendance considérable.
La période Rossellini s'ouvre en 1949 sur un « scandale » retentissant, dérisoire, qui révèle les liens affectifs entre Ingrid Bergman et le public américain. Jetée de force dans une nouvelle carrière, l'actrice va s'essayer avec le réalisateur à explorer des lignes narratives plus ouvertes. Pourtant, les films de cette période (dont trois relatent, curieusement, la désagrégation d'un couple) constituent moins une réfutation de la mythologie hollywoodienne d'Ingrid Bergman qu'une dénaturation de celle-ci. Tous exploitent, en effet, son récent passé cinématographique : la tentation de la sainteté, dans Europe 51, renoue avec l'inspiration de Jeanne d'Arc, l'enfer conjugal de Stromboli et la Peur avec les épreuves de Hantise et des Amants du Capricorne. Mais le jeu de l'actrice, toujours très construit, s'accommode mal des méthodes d'un réalisateur en quête d'un incertain compromis entre naturalisme et drame bourgeois. Il se dessèche, trahit une tension, une tendance inédite à l'hystérie.BERGMAN (Ingrid) (suite)
Au terme de cette parenthèse de six ans, Ingrid Bergman fait son retour avec Anastasia, un véhicule fait sur mesure pour exploiter toutes les facettes de son talent. Les films qui suivent n'auront ni le lyrisme, ni la noirceur, ni la fantaisie de années 40 (dont l'Intrigante de Saratoga offre un bizarre et réjouissant cocktail). Bergman rattrape le temps perdu, l'actrice cède la place à la star internationale. Dans son jeu, elle souligne volontiers le trait, et sera désormais presque toujours trop bonne (l'Auberge du sixième bonheur), trop mondaine et malheureuse (Aimez-vous Brahms ?) ou trop piquante (Indiscret, Elena et les hommes). A Walk in the Spring Rain et Fleur de cactus s'efforceront tardivement de la faire descendre de son piédestal, où Vincente Minnelli la fera remonter avec Nina, hommage nostalgique à l'âge d'or hollywoodien qui essuiera un total échec commercial.
En 1978, Ingrid Bergman, retournant en Suède onze ans après le tournage de Stimulantia, trouve enfin avec Sonate d'automne son meilleur rôle depuis la fin de la période Selznick. S'exposant avec un rare courage au regard scrutateur d'Ingmar Bergman, elle y dessinera avec sa complicité un personnage riche de nuances et d'ambiguïtés, sans doute l'une des créations les plus contrôlées et les plus émouvantes de sa carrière. Elle a également fait quelques prestations remarquées à la télévision, dont l'interprétation du rôle de Golda Meir dans le film homonyme de Alan Gibson (1981).
Films :
‘ le Comte de Munkbro ’ (Munkbrogreven, Edvin Adolphson et S. Vallen, 1935) ; ’les Récifs‘ (Bränningar, Ivar Johansson, id.) ; Swedenhielms (G. Molander, id.) ; ’la Nuit de la Saint-Jean‘ / Amour défendu (Valborgsmässoafton, G. Edgren, id.) ;’ Du côté du soleil ‘ (På Solsidan, Molander, 1936) ; Intermezzo (id., id.) ; Dollar (id., 1938) ; le Visage d'une femme (En Kvinnas ansikte, id., id.) ; les Quatre Compagnes (Die Vier Gesellen, C. Froehlich, id.),’ Une seule nuit ‘ (En enda natt, Molander, 1939) ; la Rançon du bonheur (Intermezzo : A Love Story, G. Ratoff, id.) ; Quand la chair est faible (Juninatten, Per Lindberg, 1940) ; la Famille Stoddard (Adam Had Four Sons, Ratoff, 1941) ; la Proie du mort (Rage in Heaven, W. S. Van Dyke, id.) ; Docteur Jekyll et Mr. Hyde (V. Fleming, id.) ; Casablanca (M. Curtiz, 1943) ; Pour qui sonne le glas (S. Wood, id.) ; Hantise (G. Cukor, 1944) ; les Cloches de Sainte-Marie (Leo McCarey, 1945) ; Swedes in America (I. Lerner, DOC, id.) ; la Maison du Dr Edwardes (A. Hitchcock, id.) ; l'Intrigante de Saratoga (S. Wood, 1945 [RÉ 1943]) ; les Enchaînés (Hitchcock, 1946) ; Arc de triomphe (L. Milestone, 1948) ; Jeanne d'Arc (V. Fleming, id.) ; les Amants du Capricorne (Hitchcock, 1949) ; Stromboli (R. Rossellini, 1950) ; Europe 51 (id., 1952) ; Nous les femmes (id., 4e épisode, 1953) ; Voyage en Italie (id., 1954) ; Jeanne au bûcher (id., id.) ; la Peur (id., id.) ; Elena et les hommes (J. Renoir, 1956) ; Anastasia (A. Litvak, id.) ; Indiscret (S. Donen, 1958) ; l'Auberge du sixième bonheur (Inn of the Sixth Happiness, M. Robson, id.) ; Aimez-vous Brahms ? (Litvak, 1961) ; la Rancune (B. Wicki, 1964) ; la Rolls-Royce jaune (A. Asquith, id.) ; Stimulantia (épisode : ’le Collier‘, Molander, 1967) ; A Walk in the Spring Rain, G. Green, 1970) ; Fleur de cactus (Cactus Flower, G. Saks, id.) ; From the Mixed-up Files of Mrs. Basil E. Frankweiler (F. Cook, 1973) ; le Crime de l'Orient-Express (S. Lumet, 1974) ; Nina (V. Minnelli, 1976) ; Sonate d'automne (Ingmar Bergman, 1978).
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ILSA LUND
Ingrid Bergman, née le 29 août 1915 à Stockholm, Suède, et morte le 29 août 1982 à Londres
Année | Titre du Film | Réalisateur | Rôle | Détails |
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1932 | Landskamp | Gunnar Skoglund | non créditée | |
1935 | Le conte du pont au moine, Munkbrogreven | Edvin Adolphson | Elsa Edlund | |
Bränningar | Ivar Johansson | Karin Ingman | ||
Swedenhielms | Gustaf Molander | Astrid | ||
La nuit de la Saint-Jean, Valborgsmassoafton | Gustaf Edgren | Lena Bergström | ||
1936 | Intermezzo | Gustaf Molander | Anita Hoffman | |
Pa Solsidan | Gustaf Molander | Eva Bergh | ||
1938 | Dollar | Gustaf Molander | Julia Balzar | |
Quatre filles courageuses (Die vier Gesellen) | Carl Froelich | Marianne Kruge | ||
Visage de femme (En kvinnas ansikte) | Gustaf Molander | Anna Holm, aka Anna Paulsson | ||
1939 | Une seule nuit, En enda natt | Gustaf Molander | Eva Beckman | |
Intermezzo ou Envol vers le bonheur ou La rançon du bonheur (Intermezzo: A Love Story) | Gregory Ratoff | Anita Hoffman | ||
1940 | Quand la chair est faible, Juninatten | Per Lindberg | Kerstin Norbäc - aka Sara Nordanå | |
1941 | La Famille Stoddard (Adam Had Four Sons) | Gregory Ratoff | Émilie Gallatin | |
La Proie du mort (Rage in Heaven) | W. S. Van Dyke | Stella Bergen Monrell | ||
Docteur Jekyll et M. Hyde | Victor Fleming | Ivy Peterson | ||
1942 | Casablanca | Michael Curtiz | Ilsa Lund | |
1943 | Pour qui Sonne le Glas (For Whom the Bell Tolls) | Sam Wood | María | |
1944 | Hantise (Gaslight) | George Cukor | Paula Alquist Anton | Oscar de la meilleure actrice, Golden Globe |
1945 | La Maison du docteur Edwardes (Spellbound) | Alfred Hitchcock | Dr Constance Petersen | |
L'Intrigante de Saratoga (Saratoga Trunk) | Sam Wood | Clio Dulaine | ||
Les Cloches de Sainte-Marie (The Bells of St. Mary's) | Leo McCarey | Sœur Mary Benedict | Golden Globe | |
1946 | American Creed | Elle-même | Court-métrage | |
Les Enchaînés (Notorious) | Alfred Hitchcock | Alicia Huberman | ||
1948 | Arc de triomphe (Arch of Triumph) | Lewis Milestone | Joan Madou | |
Jeanne d'Arc (Joan of Arc) | Victor Fleming | Jeanne d'Arc | ||
1949 | Les Amants du Capricorne (Under Capricorn) | Alfred Hitchcock | Lady Henrietta Flusky | |
1950 | Stromboli (Stromboli) | Roberto Rossellini | Karin | |
1952 | Europe 51 (Europa '51) | Roberto Rossellini | Irene Girard | |
1954 | Voyage en Italie (Viaggio in Italia) | Roberto Rossellini | Katherine Joyce | |
La Peur (La paura) | Roberto Rossellini | Irene Wagner | ||
Jeanne au bûcher (Giovanna d'Arco al rogo) | Roberto Rossellini | Jeanne d'Arc | ||
1956 | Elena et les Hommes | Jean Renoir | Elena Sokorowska | |
Anastasia | Anatole Litvak | Anastasia | Oscar de la meilleure actrice, Golden Globe | |
1958 | Indiscret (Indiscreet) | Stanley Donen | Anna Kalman | |
L'Auberge du sixième bonheur (The Inn of the Sixth Happiness) | Mark Robson | Gladys Aylward | ||
1961 | Aimez-vous Brahms ? (Goodbye Again) | Anatole Litvak | Paula Tessier | |
1964 | La Rancune (The Visit) | Bernhard Wicki | Karla Zachanassian | |
La Rolls-Royce jaune (The Yellow Rolls-Royce) | Anthony Asquith | Gerda Millett | ||
1967 | Stimulantia (Goodbye Again) | Hans Abramson et Hans Alfredson | Mathilde Hartman | |
1969 | Fleur de Cactus (Cactus Flower) | Gene Saks | Stephanie Dickinson | |
1970 | La Pluie de printemps (A Walk in the Spring Rain) | Guy Green | Libby Meredith | |
1973 | From the Mixed-Up Files of Mrs. Basil E. Frankweiler | Fielder Cook | Mrs. Frankweiler | |
1974 | Le Crime de l'Orient-Express (Murder on the Orient Express) | Sidney Lumet | Greta Ohlsson | Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, Golden Globe |
1976 | Nina (A Matter of Time) | Vincente Minnelli | Comtesse Sanziani | |
1978 | Sonate d'automne (Höstsonaten) | Ingmar Bergman |
Genre : Mélodrame
Casablanca, 1942. Une foule cosmopolite se presse chaque soir chez "Rick", le cabaret à la mode. La majorité de la clientèle est constituée de ceux qui fuient le joug nazi en Europe.
Un soir, le capitaine Renault, représentant du gouvernement de Vichy, fait arrêter Ugarte, un aventurier soupçonné d'avoir assassiné deux agents nazis pour dérober leurs sauf-conduits. Renault, en fait, a surtout monté cette opération pour impressionner le major Strasser, nazi farouche nouvellement muté à Casablanca. Ce même soir, Victor Laszlo, connu pour ses activités subversives à l'égard de l'Allemagne, se trouve également chez Rick en compagnie de sa femme Ilsa. Le major Strasser voudrait bien faire arrêter Laszlo. Mais Rick, qui a connu et aimé Ilsa trois années plus tôt à Paris, répugne à fournir à ce dernier les sauf-conduits d'Ugarte qui sont entrés en sa possession.
Pourtant, après une ultime entrevue avec Ilsa, Rick vient en aide au couple. Tandis qu'Ilsa et Victor s'embarquent à bord d'un avion, Rick tue le major Strasser sous les yeux du capitaine Renault. Ce dernier lance ses policiers sur une fausse piste. Les deux hommes s'éloignent ensembles, conscients du début d'une grande amitié.
Film culte mais, comme l'analyse Jacques Lourcelles, film dans lequel il ne se passe rien d'essentiel : "Les personnages, l'atmosphère, les clivages moraux sont donnés au départ et la progression du récit ne fait qu'exploiter ou cacher, selon les besoins de la dramaturgie, certains aspects de ces données notamment le passé de Ilsa, révélé à petites doses, en trois ou quatre fois.
Outre son absence de progression réelle, le film traîne avec lui une pénible sentimentalité de midinette (Bergman, les yeux presque toujours embués de larmes, paraît ici dans l'une de ses compositions les moins émouvantes). D'autre part, tout ce qui est extérieur au café (où se déroulent les meilleures scènes) c'est à dire les rues, l'aéroport, la figuration, représentent le summum de la fabrication hollywoodienne.
Mais Jacques Lourcelles reconnaît aussi des qualités au film : "Il y a d'abord la variété et la richesse de l'interprétation jusque dans ses petits rôles. Il faut noter aussi l'humour souvent cinglant des dialogues. Mais, malheureusement, le film n'est humoristique que dans ses dialogues (Conrad Veigt à Claude Rains : " Vous répéter cette expression IIIème Reich comme si vous souhaitiez qu'il y en ait d'autres -Je prendrai ce qui vient. " Un peu plus tard, Bogart est interrogé sur sa nationalité "Je suis un ivrogne " répond-il et Claude Rains d'ajouter "Ce qui fait de lui un véritable citoyen du monde ".
Mais l'élément dominant du film, c'est bien entendu le romantisme rassurant, mais de bon aloi, qui émane du personnage de Rick et qui cimenta le mythe de Bogart. Toute l'Amérique s'est reconnue et continue de se reconnaître avec délice dans ce personnage, dans son cynisme et son pragmatisme de façade recouvrant un idéalisme à toute épreuve.
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