miercuri, 15 ianuarie 2020

3.Hitchcock: bio


Hitchcock: "Ştiu că toţi oameni experimentează aceste sentimente, să le numesc emoţii negative. Numai în momentul în care sentimentele negative dispar poţi privi înainte spre un drum liber. Numai atunci poţi crea ceva cu adevărat. Asta e fericirea pe care mi-o doresc eu".
(Alfred Hitchcock,  interviu TV)



Dictionnaire Larousse du cinéma

HITCHCOCK (Alfred)
cinéaste britannique (Londres 1899 - Los Angeles, Ca., 1980).

Élève du collège de jésuites St. Ignatius à Londres, le jeune Hitchcock débute comme ingénieur à la Compagnie télégraphique Hanley, puis entre à la succursale londonienne de la firme hollywoodienne Famous Players Lasky. Il y dessine des sous-titres pour les films muets (1920-1922). Il s'initie vite à la plupart des professions du cinéma : assistant, producteur, scénariste et même décorateur, dans diverses firmes anglaises. Un bref séjour à la UFA (1925-26) lui fait découvrir l'œuvre de Paul Leni et de Fritz Lang (dont il niera contre l'évidence qu'elle l'ait influencé). Après un essai infructueux (1922), il signe en 1925 son premier film comme réalisateur. Metteur en scène de produits de routine et d'adaptations littéraires (mélodrames, comédies mondaines ou policières...), il affine son style dès The Lodger (1926) et surtout Blackmail (1929), puis connaît une « récession », avant de participer davantage à l'élaboration de chaque phase de ses films à la fin des années 30. Célèbre à la veille de la guerre, il est invité par Selznick aux USA et s'y fixe (1940). En 1948, il devient son propre producteur. Dans les années 50, il produit, « présente » et anime la série de télévision Alfred Hitchcock Presents, dont il dirige personnellement plus de cent « courts sujets » ; son label couvre également un magazine et des jouets. Gagné progressivement par la paralysie, il meurt pendant la préparation d'un ultime film qui devait s'intituler The Short Night. Ayant conservé la nationalité britannique, il venait d'être fait chevalier par la reine et de recevoir un « Oscar spécial » (le premier de sa carrière).
La trajectoire de Hitchcock est assez simple à dessiner : cinéaste inégal avant 1940, il trouvera sa vraie personnalité créatrice à travers des recherches formelles variées, dont il utilisera ensuite les réussites pour transmettre une véritable Weltanschauung, non par ses thèmes, encore moins par des messages idéologiques, mais par la structure et l'accomplissement même de ses films américains (du moins les meilleurs). Il offre le cas rare d'un cinéaste imposé par la critique (surtout française) alors que ses films se présentent avec ostentation comme de purs divertissements ; puis il se démasque, mais avec prudence, se protégeant par tout un jeu de dénégations qui ravale l'importance de certains films (la Mort aux trousses, par exemple) avant de « se confesser » (à Truffaut, de manière décisive). On s'aperçoit alors que les exégèses les plus délirantes sur son œuvre sont légitimes, dès lors qu'elles traduisent les signes de fables d'une croissante liberté d'allure, où l'intrigue n'est évidemment plus qu'un prétexte. Et pourtant Hitchcock ne triche jamais avec le spectateur : au niveau de l'intrigue, le « maître du suspense » n'a pas de mots trop durs pour les tenants du film policier traditionnel (le « who did it ? » où il ne s'agit platement que de découvrir un coupable arbitraire) et pour les escamotages qui provoquent l'angoisse ou la surprise à peu de frais. La suite de ses meilleurs films (ou des meilleurs morceaux de presque tous ses films après 1943) reconstitue un monde dramatique (« Le drame, c'est la vie débarrassée de ses moments ennuyeux ») où le romantisme même disparaît après une dernière flambée (dans Sueurs froides), au profit d'une autoaffirmation du cinéma comme excitateur intellectuel. Par là, le Hitchcock des déclarations à l'emporte-pièce (« Un film n'est pas une tranche de vie, c'est une tranche de gâteau... Je m'intéresse a priori fort peu à l'histoire que je raconte, mais uniquement à la manière de la raconter ») ne fait qu'un avec le Hitchcock qu'on découvre hanté par le problème du Mal et certaines idées abstraites, telle l'aisance perverse avec laquelle on peut renverser des valeurs.
Non que l'individu Hitchcock s'exhibe ou se « défoule » à travers ses films : ce qu'il avoue à cet égard (sa longue immaturité sexuelle) ne se laisse guère plus déceler qu'un complexe d'Œdipe moins liquidé que transposé au fil des années (au prix d'un certain pessimisme) ou que les limites flagrantes de son goût esthétique (marquées, par exemple, par le cauchemar de Sueurs froides, les couleurs du Crime était presque parfait, le recours çà et là à des procédés expressionnistes). Il n'est pas le seul homme plein d'humour qui échoue à faire un film entièrement basé sur l'humour (Mais qui a tué Harry ? n'en finit plus) et longtemps, dans sa période britannique, l'humour faisait un mélange mal lié avec les autres ingrédients de son succès (on s'en aperçoit même dans les Trente-Neuf Marches).

Cela dit, reste le Hitchcock toujours à redécouvrir, donc classique (après avoir paru « d'avant-garde » dans les années 50), chez qui la stylistique et la thématique ne font qu'un. Sa pratique du montage (plans souvent très nombreux mais s'additionnant au lieu de se contredire) n'est qu'un des éléments de sa géométrie : moraliste, métaphysicien, et aussi gastronome, ce « commerçant » est un perfectionniste de la consommation visuelle. Il a créé et revendiqué un regard cinématographique spécifique, celui du point de vue, qui n'est ni l'effacement « complet » du cinéaste face à la narration objective (Hawks) ni le recul despotique du démiurge (Lang), mais qui suppose chez le spectateur une adhésion partielle, lucide, à un personnage (au moins le temps d'une séquence). Peintre de notre époque, de ses symboles vulgaires de « réussite sociale » comme de ses obsessions (l'espionnage) jusqu'à la pensée de l'Étau, il était logique qu'il choisisse le « temps libre » (vacances, immobilité forcée de Stewart dans Fenêtre sur cour) et l'espace mal défini des « agents internationaux » pour installer ses machines de précision. Ses héroïnes (déchues ou faussement frigides) relèvent moins du puritanisme que des magazines mélodramatiques « de luxe » : l'un des cinéastes les plus méfiants qui soient à l'égard du fantastique (le film d'épouvante contemporain le parodie en croyant exploiter sans vergogne quelques « trucs » hitchcockiens) rejoint ainsi l'indépendance ambiguë du rêve. Mais au sein de cette indépendance resurgissent bien entendu les matériaux de l'analyse freudienne, pris de plus en plus pour la matière même du film (ouvertement dans la conférence qui termine Psychose ; secrètement dans quantité d'autres films) : le cinéma de Hitchcock, fondé qu'il est sur une vision proche de celle de Kafka autant que de Chesterton, se redouble dans les Enchaînés, dans les Amants du Capricorne (scène de la vitre), dans Fenêtre sur cour, dans Sueurs froides, dans Pas de printemps pour Marnie (et même dans les Oiseaux ou Complot de famille) d'un discours sur la mise en scène et la signifiance « transcendante » de celle-ci. Cette transcendance rêvée (surtout) par la peur peut se révéler vide (la Mort aux trousses) : le cinéma demeure.
Films  :
Number Thirteen (CORÉ, inachevé ; 1922) ; The Pleasure Garden (1925) ; The Mountain Eagle (1926) ; The Lodger (id.) ; Downhill When Boy Leave Home (1927) ; Easy Virtue (id.) ; The Ring (id.) ; The Farmer's Wife (1928) ; À l'américaine (Champagne, id.) ; Harmony Heaven (CORÉ : Eddie Pola et Edward Brandt, 1929) ; The Manxman (id.) ; Chantage (Blackmail, id.) ; Elstree Calling (1930 ; CORÉ : A. Charlot, J. Hulbert et P. Murray. Supervision d'Adrian Brunel) ; Junon et le paon (Juno and the Peacock, id.) ; Murder (id.) ; The Skin Game (1931) ; Rich and Strange (1932) ; Number Seventeen (id.) ; Waltzes From Vienna (1933) ; l'Homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much, 1934) ; les Trente-Neuf Marches (The Thirty-Nine Steps, 1935) ; Quatre de l'espionnage (The Secret Agent, 1936) ; Agent secret (Sabotage, 1937) ; Young and Innocent (id.) ; Une femme disparaît (The Lady Vanishes, 1938) ; l'Auberge de la Jamaïque (Jamaica Inn, 1939) ; Rebecca (id., 1940) ; Correspondant 17 (Foreign Correspondent, id.) ; Joies matrimoniales (Mr. and Mrs. Smith, 1941) ; Soupçons (Suspicion, id.) ; Cinquième Colonne (Saboteur, 1942) ; l'Ombre d'un doute (Shadow of a Doubt, 1943) ; Lifeboat (1944) ; Bon Voyage (CM, id.) ; Adventure Malagache (CM, id.) ; la Maison du Dr Edwardes (Spellbound, 1945) ; les Enchaînés (Notorious, 1946) ; le Procès Paradine (The Paradine Case, 1948) ; la Corde (Rope, id.) ; les Amants du Capricorne (Under Capricorn, 1949 ; GB) ; le Grand Alibi (Stage Fright, 1950) ; l'Inconnu du Nord-Express (Strangers on a Train, 1951) ; la Loi du silence (I Confess, 1953) ; Le crime était presque parfait (Dial M for Murder, 1954) ; Fenêtre sur cour (Rear Window, id.) ; la Main au collet (To Catch a Thief, 1955) ; Mais qui a tué Harry ? (The Trouble With Harry, id.) ; l'Homme qui en savait trop (1956, remake très différent du film de 1934) ; le Faux Coupable (The Wrong Man, 1957) ; Sueurs froides (Vertigo, 1958) ; la Mort aux trousses (North by Northwest, 1959) ; Psychose (Psycho, 1960) ; les Oiseaux (The Birds, 1963) ; Pas de printemps pour Marnie (Marnie, 1964) ; le Rideau déchiré (Torn Curtain, 1966) ; l'Étau (Topaz, 1969) ; Frenzy (id., 1972, GB) ; Complot de famille (Family Plot, 1976).

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Alfred Hitchcock (1899-1980), 57 films



Alfred Hitchcock :
une vie d’ombres et de lumière
Patrick McGilligan
1127 pages au format 24x15. Editeur : Actes Sud, janvier 2011. Collection : Insitut Lumière. 32,5 €
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Les livres qui ont fait date sur Hitchcock sont déla nombreux, le Chabrol-Rivette, le livre d’entretiens avec Hitchcock de Truffaut, la biographie officielle de John Russell Taylor et la biographie "noire" de Donald Spoto, le Hitchcok au travail de Bill Khron.


Patrick McGilligan est américain, il vit à Milwaukee et est l’auteur de plusieurs biographies non autorisées (Clint Eastwood, Jack Nicholson, Fritz Lang, Robert Altman ou Ginger Rogers). Il reprend, cite et commente ses prédecessurs tout en prenant en incluant des entretiens, des annotations personnelles d'Hitchcock et celles de ses proches collaborateurs inédits pour éclairer des facettes erronées, voire négligées de sa vie afin d'élaborer une biographie complète.Beaucoup de recherches à Londres, dans le quartier où Hitchcocok a grandi. l'étude de sa scolarité et de sa carrière professionnelle lui nt aussi permis de retrouver des contacts qu’Hitchcock a eus avec deux criminels bien connus dans l’Angleterre des années 20. Edith Thompson, accusée de meurtre, ainsi que le nationaliste irlandais Reggie Dunn. Le jeune Hitchcock a pris des cours de danse auprès du père d’Edith Thompson et, jeune garçon, est allé à l’école des Jésuites avec Reggie Dunn. Thompson a été impliquée dans une affaire de crime passionnel. Dunn, quant à lui, a commis un assassinat politique. Tous deux ont été reconnus coupables et condamnés à mort même si Thompson, et c’est intéressant, a clamé son innocence. Et Hitchcock était convaincu qu’elle avait subi une injustice. Par conséquent, si on part de Jack l’Éventreur en passant par des meurtriers accusés à tort, des assassinats entre époux et des terroristes fanatiques, oui, on peut affirmer que l’enfance et la jeunesse d’Hitchcock ont imprégné son univers cinématographique criminel.
Son amour du théâtre l’amenait à s’intéresser à des pièces sérieuses mais également à des comédies musicales. Et il a assisté à toutes sortes de représentations dès son plus jeune âge. Il appréciait l’opéra et les spectacles de vaudeville ; et c’est non sans une certaine fierté qu’il affirmait connaître toutes les chansons populaires de l’époque et qu’il en débitait les paroles dans les soirées. Bon nombre de ses scenarii ont intégré des chansons, surtout dans la première moitié anglaise de sa carrière. Il fréquentait aussi régulièrement les musées et il a étudié brièvement la peinture et l’histoire de l’art. C’était un peintre plutôt doué, et bien sûr il a commencé sa carrière dans le monde du cinéma en réalisant des décors et en rédigeant et décorant des cartons intertitres. Il parvenait toujours à esquisser des plans de prise de vue et des décors en deux coups de crayon. Il ne pouvait se passer de lire journaux et magazines. C’était un rat de bibliothèque enragé qui s’intéressait à la littérature dans son ensemble mais plus particulièrement au suspense, au crime, à la comédie et à l’histoire. Et bien sûr, j’ai déjà mentionné que c’était un écrivain habile et prometteur. Ajoutons aussi qu’en quittant St Ignatius, il n’a suivi que des études d’ingénieur en mécanique et électricité ; et que chez Henley’s Hitchcock est devenu expert, au début, dans le calcul du diamètre et du voltage des câbles électriques avant d’être promu dans le secteur commercial où il a appris la conception graphique et les techniques de vente, deux domaines dans lesquels il excellait. Le cinéma était un art nouveau, récent, moderne, qui combinait toutes ses passions. Les films l’avaient intéressé dès son enfance et il regardait tout ce qui passait à Londres, y compris les films étrangers, plus particulièrement les productions hollywoodiennes. Il a confié plus tard qu’il était "américophile", un néologisme de son invention. Ce n’est pas qu’il n’avait pas la fibre patriotique. Il faisait preuve de clairvoyance. L’industrie du cinéma britannique avait toujours montré ses faiblesses sur les plans économique et artistique. Hollywood régnait en maître sur le monde. Il ne se contentait pas de lire les magazines américains grand-public consacrés au 7e art, il lisait aussi les revues de l’industrie cinématographique. Le jour où la Paramount a annoncé son intention d’ouvrir en 1919 à Islington une filiale de production dirigée par des Américains chevronnés venus de Hollywood, il va sans dire qu’Hitchcock est allé postuler pour y décrocher un emploi. Le dossier où il a rassemblé dessins, esquisses et scripts devait être particulièrement impressionnant. Et même s’il a commencé au bas de l’échelle, il avait en main les clés d’un avenir radieux.
Même le "MacGuffin" n’est pas une invention de lui comme il l’a aisément admis quand on lui a posé la question. En toute probabilité, le "MacGuffin" a été créé par l’écossais Angus MacPhail qui faisait partie de son cercle d’amis dans les années 30. Il était plus celui qui emprunte et accommode les meilleures trouvailles des autres en ce qui concerne le récit criminel ou le tournage des films. Mais il n’est pas nécessaire de faire preuve d’originalité pour exercer une influence durable. Finalement, c’est en empruntant aux meilleurs et en s’efforçant d’être le meilleur qu’Hitchcock a conçu un modèle et donné son nom à une marque de fabrique dans son domaine.
Vertigo : "La célèbre scène du baiser circulaire n'était pas au programme avant le 16 décembre…. La scène était difficile à tourner, car les acteurs devaient s'embrasser sous un certain angle tandis que la caméra circulait très près d'eux ; ils devaient s'incliner ensemble de façon à pouvoir finalement sortir du champ. A la seconde prise, Stewart glissa et tomba. Le tournage fut interrompu pendant une heure pour lui permettre de consulter le médecin du studio. Quand il revint, ce plan déchirant, d'une grande beauté romantique, l'un des plus beaux de toute l'œuvre d'Hitchcock, fut finalement terminé en fin de journée."
Entretiens avec Truffaut. En 1960, à New York, François Truffaut rencontre Helen Scott, chargée des relations avec la presse pour le French Film Office. Celle-ci deviendra sa traductrice et sa collaboratrice attitrée aux Etats-Unis. En avril 1962, François Truffaut dévoile à Robert Laffont et à Helen Scott son intention de faire un livre sur le cinéma. Des entretiens radiophoniques avec des écrivains lui donne l’idée de créer un livre à partir d’entretiens enregistrés avec Alfred Hitchcock.
François Truffaut écrit alors à Alfred Hitchcock le 2 juin 1962 pour lui demander un entretien, "Cher monsieur Hitchcock... Au cours de mes discussions avec des journalistes étrangers et surtout à New York, je me suis rendu compte que l'on se fait souvent une idée un peu superficielle de votre travail. D'autre part, la propagande que nous avons faite aux Cahiers du cinéma était excellente pour la France, mais inadéquate pour l'Amérique, car trop intellectuelle. Depuis que je fais de la mise en scène, mon admiration pour vous n'a point faibli, au contraire, elle s'est accrue et modifiée. J'ai vu cinq à six fois chacun de vos films, et je les regarde à présent davantage sous l'angle de la fabrication. Beaucoup de cinéastes ont l'amour du cinéma, mais vous, vous avez l'amour de la pellicule et c'est de cela que je voudrais parler avec vous. Je que vous m'accordiez un entretien au magnétophone qui se poursuivrait pendant une huitaine de jours et totaliserait une trentaine d'heures d'enregistrement, et cela dans le but d'en tirer non des articles, mais un livre entier qui serait publié simultanément à New York et à Paris, puis par la suite probablement un peu partout dans le monde."
A Los Angeles, Hitchcock achève son 48ème film, "Les Oiseaux". Il envoie un télégraphe à Truffaut pour lui fixer la date de leur premier rendez-vous : le 13 août 1962, jour de son 63ème anniversaire, dans ses bureaux à Universal. Les entretiens se poursuivirent jusqu'au 18 août, et à raison de plusieurs heures par jour.

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2. Hitchcock/Truffaut, édition définitive de François Truffaut et Helen Scott, Gallimard (21 mai 2003), 311 pages, Relié:61,00 Euros

Descriptif

En 1955, François Truffaut rencontre Alfred Hitchcock pour les Cahiers du cinéma. En 1962, Jules et Jim vient consacrer son talent de cinéaste et il prépare La peau douce (1964), de son aveu même le plus hitchcockien de ses films. Aux Etats-Unis, Hitchcock, avec Frenzy (1962), est au faîte de sa créativité et de son succès. Mais les critiques restent réticents. Naît alors l'idée du " hitchbook " : un livre dont Truffaut serait l'initiateur, le " provocateur " même, et qui révèlerait la vraie nature de l'homme, vulnérable, sensible, et aussi les secrets perdus que détiennent les grands cinéastes qui ont commencé à l'époque du muet. Hitchcock accepte le principe de répondre à 500 questions portant exclusivement sur sa carrière. Pendant cet entretien qui va durer 4 ans, Truffaut va l'interroger à la façon dont Œdipe allait consulter l'Oracle. Il tentera d'élucider à travers toute l'œuvre de Hitchcock les mécanismes de ce " langage d'émotion " qui est le ressort de son style inimitable et le classe dans la catégorie des " artistes inquiets comme Kafka, Dostoïevski ou Poe ". Le " Hitchbook " paraît en 1967. Après la disparition de Hitchcock, le 2 mai 1980, François Truffaut complète la première édition par un chapitre sur ses derniers films et une courte préface en guise de long adieu : " L'homme était mort mais non le cinéaste, car ses films, réalisés avec un soin extraordinaire, une passion exclusive, une émotivité extrême masquée par une maîtrise technique rare, n'en finiraient pas de circuler, diffusés à travers le monde, rivalisant avec les productions nouvelles, défiant l'usure du temps, vérifiant l'image de Jean Cocteau parlant de Proust : " Son œuvre continuait à vivre comme les montres au poignet des soldats morts ".
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