luni, 13 ianuarie 2020

Fisa Larousse 2: Bette Davis (+All about Eve)

Fisa 2: Larousse du cinéma, 2001



DAVIS (Ruth Elizabeth Davis, dite Bette)
actrice américaine (Lowell, Mass., 1908 - Neuilly-sur-Seine 1989).

Bette Davis, jeune comédienne aux grandes ambitions et au physique ingrat, avait essuyé déjà un certain nombre de rebuffades au théâtre quand elle décida, courageusement, de tenter sa chance au cinéma. Arrivée à Hollywood en 1931, elle trouva le moyen d'être brièvement sous contrat à l'Universal, où elle tourna de petits rôles. Mais, finalement, les dirigeants du studio l'écartèrent, pensant qu'elle n'avait aucun sex-appeal. Effectivement, ses films de cette époque (Seed, John M. Stahl 1931 ; Waterloo Bridge, James Whale 1931) nous montrent une sorte de petite vieille mal fagotée et excessivement discrète.

Mais l'acteur britannique George Arliss, alors grande vedette de la Warner Bros, la remarqua et fut convaincu de ses possibilités. Grâce à lui, elle obtint un bout d'essai à la Warner Bros, qui entraîna un rôle assez consistant et remarqué, avec Arliss, dans The Man Who Played God (John G. Adolfi, 1932) : le talent nerveux et inhabituel de Bette Davis s'y révélait. Cette année-là, sa carrière prit forme et se décida. En l'espace de quelques mois, elle eut une nouvelle grande chance, grâce à un autre transfuge théâtral prestigieux, Ruth Chatterton, dans The Rich Are Always With Us (Alfred E. Green), deux bons rôles de complément (Mon grand, W. Wellman ; Une allumette pour trois, M. LeRoy) et surtout une nouvelle personnalité. Elle était désormais l'objet des attentions maniaques des coiffeurs et costumiers du studio : plus blonde, plus mince, plus élégante, ses grands yeux lourds fascinaient étrangement. La Warner Bros avait décidé d'en faire une nouvelle Constance Bennett, se fiant à tort à une vague similitude physique. Cette même année, Michael Curtiz sentit ce qu'elle avait d'unique, et lui donna deux personnages à sa mesure : dans Ombres vers le sud, elle créait une séductrice du Sud, frigide et vipérine, qui fit sensation et qui annonçait les nombreuses prestations sulfureuses qu'elle allait donner par la suite, étrangement toutes liées au sud des États-Unis. Dans Vingt Mille Ans sous les verrous, elle était une victime des circonstances, sensible et émouvante, qui annonçait l'autre direction que sa carrière allait prendre. Ces deux films affirmaient son talent sans ambages, et la Warner Bros décida, en 1933, qu'elle était mûre pour être star : une nouvelle fois, on la mit aux mains des coiffeurs, maquilleurs, costumiers, qui devaient lui donner du glamour, et Robert Florey la dirigea dans une comédie dramatique, Ex-Lady. Échec. Bette Davis revint aux seconds rôles.
DAVIS (Ruth Elizabeth Davis, dite Bette) (suite)
Sa nouvelle chance se présenta en 1934. Cette année-là, elle était apparue, plus sophistiquée que jamais, dans Fashions of 1934 (W. Dieterle). Mais elle avait eu aussi un rôle intéressant dans Fog Over Frisco (du même Dieterle). La RKO préparait l'adaptation de Servitude humaine de Somerset Maugham. Bette Davis sentit que le rôle de Mildred, la serveuse mauvaise et perverse, qui mène un étudiant en médecine à la déchéance, avant de mourir dans les affres d'une péritonite, était un rôle pour elle. Elle l'obtint avec difficulté. Mais elle joua en force, se composant un étonnant masque blafard, cernant ses yeux de rimmel humide, cherchant à se faire remarquer. Il était impossible de ne pas être frappé par son tempérament (l'Emprise, J. Cromwell). Elle reçut donc un autre bon rôle à la Warner Bros dans Ville frontière (A. Mayo, 1935) et surtout l'Intruse (A. E. Green, 1935), où sa création d'actrice déchue et alcoolique lui valut son premier Oscar. Mais, à côté, de nombreux emplois subalternes et des films de série finirent par avoir raison de sa patience.

Très vite, les luttes qu'elle mena contre ses producteurs (qui lui imposaient des rôles qui ne l'intéressaient pas) prirent des proportions homériques. De sorte qu'en 1936 elle quitta brusquement Hollywood sur un coup d'éclat. Le procès retentissant qu'elle fit à la Warner Bros, depuis Londres, dura un an. S'étant mise en faute en rompant unilatéralement son contrat, elle perdit son procès et dut retourner à Hollywood. Mais la Warner Bros s'était enfin rendu compte du potentiel exceptionnel de cette comédienne hors du commun. Si bien que, toute rancune effacée, on lui offrit un rôle comme elle les aimait, c'est-à-dire sans concessions : la prostituée courageuse et intransigeante de Femmes marquées (L. Bacon, 1937), dont elle fit une de ses meilleures créations. La même année, on refit un essai pour la transformer en star dans Une certaine femme : un mélodrame peu nouveau, mais soigneusement réalisé par Edmund Goulding, et que le public accepta avec enthousiasme. Sa carrière était maintenant tracée. Elle était désormais, et allait le rester jusqu'en 1949, lors de son départ du studio, « the Queen of the Warner Lot », la reine des studios Warner. Après sa consécration spectaculaire dans Ève (J. L. Mankiewicz, 1950), les années 50 ne lui furent guère clémentes. Mais, en 1962, le succès de Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (R. Aldrich) imposa une Bette Davis vieillie, actrice de composition excessive mais fascinante, et lui ouvrit une nouvelle carrière. Dès lors, elle devint infatigable : cinéma, théâtre, télévision, music-hall. Jouer était sa vie.

Bette Davis incarne admirablement « l'actrice ». Chacune de ses créations fait vivre un personnage hors des normes, une personnalité d'exception. Il semble qu'elle ne puisse pas incarner une femme comme les autres, si ce n'est au prix d'un certain effort (The Catered Affair, R. Brooks 1956). Son physique, très typé, la limite : larges yeux nerveux, bouche lourde, narines dilatées. Ensuite, son jeu est trop stylisé, trop expressionniste pour être réaliste. Mais quel sens impressionnant de la démesure ! Elle seule pouvait idéalement être la reine impérieuse de la Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre (M. Curtiz, 1939) ; la Regina de la Vipère (W. Wyler, 1941) ; la Julia de l'Insoumise (id., 1938) ; la Fanny de Femme aimée est toujours jolie (V. Sherman, 1944) ; la Rosa de la Garce (K. Vidor, 1949) ou la Margo d'Ève. L'excès de ces personnages lui est parfaitement naturel. Elle leur confère de plus une dimension, tantôt poétique, tantôt symbolique, qui enrichit et prolonge la vision de cinéastes sages comme Sherman, Wyler ou Rapper, et qui sert admirablement le propos de cinéastes plus ambitieux comme King Vidor ou Joseph L. Mankiewicz. Sa création dans la Garce est, à cet égard, exemplaire. On a été surpris à l'époque par le caractère rageur, violent, brutal, plus grand que nature de l'interprétation de Bette Davis ; on est maintenant saisi par son caractère inspiré, intuitif, presque divinatoire.

Mais Bette Davis est aussi capable de tracés plus délicats. En fait, si ses rôles de garce ont fortement marqué sa carrière, ses rôles de « gentille » sont plus nombreux. Ses créations dans Victoire sur la nuit (E. Goulding, 1939), la Vieille Fille (id., id.), l'Étrangère (A. Litvak, 1940), le Grand Mensonge (Goulding, 1941), Une femme cherche son destin (I. Rapper, 1942), Le blé est vert (Rapper, 1945) ou même dans une comédie comme la Mariée du dimanche (Bretaigne Windust, 1948) méritent d'être redécouvertes. Ou, dans un registre plus contrasté, celles de la Voleuse (C. Bernhardt, 1946) ou de Jalousie (Rapper, id.). Elle incarne à merveille une victime à l'intérieur d'un appareil social rigoureusement codé qui la broie. Si bien que ses rôles positifs et ses rôles négatifs se rejoignent dans une même tonalité : une sorte de rage furieuse contre les préjugés et la médiocrité.

Son triomphe, ce fut Ève, sommet de sa carrière et début de sa fin en tant que star de cinéma. Sa création de Margo Channing, actrice adulée et femme drôle, humaine, vulnérable, puis grandiose, odieuse ou détestable, puis encore séduisante, charmeuse, enfantine, est sans doute une des plus grandes qu'une actrice ait jamais faites au cinéma.

Depuis, chacune de ses apparitions, parfois brève, est souvent un moment de délectation dans des films médiocres. Mentionnons cependant son sens du macabre et du grotesque dans Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? et Chut, chut, chère Charlotte de Robert Aldrich ainsi que sa composition magistrale, fine et subtile, dans l'Argent de la vieille (L. Comencini, 1972).

Films :
Bad Sister (Hobart Henley, 1931) ; Seed (J. M. Stahl, id.) ; Waterloo Bridge (J. Whale, id.) ; Way Back Home (W. A. Seiter, 1932) ; The Menace (R. W. Neill, id.) ; Hell's House (Howard Higgin, id.) ; The Man Who Played God (John Adolfi, id.) ; Mon grand (W. Wellman, id.) ; The Rich Are Always With Us (Alfred E. Green, id.) ; The Dark Horse (id., id.) ; Ombres vers le sud (M. Curtiz, id.) ; Une allumette pour trois (M. LeRoy, id.) ; Vingt Mille Ans sous les verrous (Curtiz, 1933) ; le Parachutiste (Parachute Jumper, Green, id.) ; le Roi de la chaussure (The Working Man, Adolfi, id.) ; Ex-Lady (R. Florey, id.) ; Bureau of Missing Persons (R. Del Ruth, id.) ; Fashions of 1934 (W. Dieterle, 1934) ; The Big Shakedown (John Francis Dillon, id.) ; Jimmy the Gent (Curtiz, id.) ; Fog Over Frisco (Dieterle, id.) ; l'Emprise (J. Cromwell, id.), House Wife (Green, id.) ; Ville frontière (A. Mayo, 1935) ; Une femme dans la rue (The Girl From 10th Avenue [Green], id.) ; Sixième Édition (Curtiz, id.) ; Agent spécial (Special Agent, W. Keighley, id.) ; l'Intruse (Dangerous, Green, id.) ; la Forêt pétrifiée (A. Mayo, 1936) ; la Flèche d'or (The Golden Arrow, Green, id.) ; Satan Met a Lady (Dieterle, id.) ; Femmes marquées (L. Bacon, 1937) ; le Dernier Combat (Curtiz, id.) ; Une certaine femme (E. Goulding, id.) ; l'Aventure de minuit (A. Mayo, id.) ; l'Insoumise (W. Wyler, 1938) ; Nuit de bal (A. Litvak, id.) ; Victoire sur la nuit (Goulding, 1939) ; Juarez (Dieterle, id.) ; la Vieille Fille (Goulding, id.) ; la Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre (Curtiz, id.) ; l'Étrangère (Litvak, 1940) ; la Lettre (Wyler, id.) ; le Grand Mensonge (Goulding, 1941) ; The Bride Came C. O. D. (Keighley, id.) ; la Vipère (Wyler, id.) ; The Man Who Came to Dinner (Keighley, 1942) ; In This Our Life (J. Huston, id.) ; Une femme cherche son destin (I. Rapper, id.) ; Quand le jour viendra (H. Shumlin, 1943) ; Remerciez votre bonne étoile (D. Butler, id.) ; l'Impossible Amour (V. Sherman, id.) ; Femme aimée est toujours jolie (id., 1944) ; Hollywood Canteen (D. Daves, id.) ; Le blé est vert (Rapper, 1945) ; la Voleuse (A Stolen Life, C. Bernhardt, 1946) ; Jalousie (Rapper, id.) ; la Mariée du dimanche (Winter Meeting, B. Windust, 1948) ; la Garce (K. Vidor, 1949) ; Ève (J. L. Mankiewicz, 1950) ; l'Ambitieuse (Payment on Demand, Bernhardt, 1951) ; Jezebel (Another Man's Poison, Rapper, id.) ; Appel d'un inconnu (Phone Call From a Stranger, J. Negulesco, 1952) ; The Star (S. Heisler, id.) ; le Seigneur de l'aventure (The Virgin Queen, H. Koster, 1955) ; Au cœur de la tempête (Storm Center, D. Taradash, 1956) ; le Repas de noces (The Catered Affair, R. Brooks, id.) ; John Paul Jones, maître des mers (J. Farrow, 1959, caméo) ; le Bouc émissaire (R. Hamer, id.) ; Milliardaire pour un jour (F. Capra, 1961) ; Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (Aldrich, 1962) ; La mort frappe trois fois (P. Henreid, 1964) ; l'Ennui (D. Damiani, id.) ; Rivalités (Where Love Has Gone, Dmytryk, id.) ; Chut, chut, chère Charlotte (Aldrich, 1965) ; Confession à un cadavre (S. Holt, id.) ; The Anniversary (R. W. Baker, 1968) ; Connecting Rooms (Franklin Gollings, 1970) ; Bunny O'Hare (G. Oswald, 1971) ; Madame Sin (David Greene, 1972) ; l'Argent de la vieille (L. Comencini, id.) ; Burnt Offerings (Dan Curtis, 1976) ; les Visiteurs d'un autre monde (Return From Witch Mountain, John Hough, 1978) ; Mort sur le Nil (J. Guillermin, id.) ; les Yeux de la forêt (The Watcher in the Woods, Hough, 1980) ; White Mama (Jackie Cooper, id.) ; Right of Way (George Schaefer, 1983, TV) ; les Baleines du mois d'août (L. Anderson, 1987)



"A realiza un vis, a avea posibilitatea de a munci din răsputeri, a avea o şansă de a crea - astea sunt esenţa vieţii. Banii vin ca un adaos la ele." (B.D.)
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"Sunt condamnată la muncă silnică pentru eternitate. Nici un obiectiv atins nu mă satisface. Succesul nu face decât să-mi creeze un nou obiectiv. Mărul de aur îşi devorează seminţele. Este un lucru fără sfârşit." (B.D.)
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 Larousse Dictionnaire mondial des Films
Ève
All About Eve

Drame de Joseph L. Mankiewicz, avec Bette Davis (Margo Channing), Anne Baxter (Ève Harrington), George Sanders (Addison De Witt), Celeste Holm (Karen), Gary Merrill (Bill), Gregory Ratoff (Max), Marilyn Monroe (Claudia Caswell).
Scénario : Joseph L. Mankiewicz, d'après le roman de Mary Orr

Résumé
Au moment où Ève Harrington est consacrée meilleure actrice de l'année, son amie Karen revoit sa carrière : sa rencontre avec la grande Margo Channing qui la prend comme secrétaire, la façon dont elle intrigue pour la supplanter, par la séduction ou le chantage, ses relations avec le critique Addison De Witt. Mais voici que surgit une jeune ambitieuse qui la révère : une nouvelle Ève ?…
Si le film sur le cinéma ou le théâtre était un genre en soi, Ève en serait le chef-d'œuvre. Il est difficile d'imaginer film plus cruel et plus lucide sur l'ambition et le cynisme du milieu du spectacle, particulièrement hollywoodien. Par une série de flash-back, le réalisateur dévoile peu à peu l'envers de la réussite et de la « vocation ». En offrant à Bette Davis et Anne Baxter ces rôles superbes et antagonistes, le film parfait son propos.
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