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mon cinéma à moi
[LE BLOG OÙ LE CINÉMA D'HIER RESTERA TOUJOURS À L'AFFICHE]
LE FILM NOIR : NAISSANCE ET HISTOIRE D’UN GENRE
Comment un cycle de films américains est-il devenu l’un des mouvements les plus influents de l’histoire du cinéma ? Au cours de sa période classique, qui s’étend de 1941 à 1958, le genre était tourné en dérision par la critique. Lloyd Shearer, par exemple, dans un article pour le supplément dominical du New York Times (« C’est à croire que le crime paie », du 5 août 1945) se moquait de la mode de films « de criminels », qu’il qualifiait de « meurtriers », « lubriques », remplis de « tripes et de sang « . [Film Noir – Alain Silver & James Ursini, Paul Duncan (Ed.) – Ed. Taschen (2012)]
De fait, les grands studios – Paramount, Twentieth Century Fox, MGM et Warner Brothers – confiaient généralement ces « films de criminels » à leurs départements de série B, ne les produisant que pour combler les deuxièmes parties de doubles programmes. Les autres majors – RKO, Universal, United Artists et Columbia – ainsi que les studios plus pauvres PRC (Producers Releasing Corporation) les débitaient à la chaîne.
Compte tenu de ces conditions, noyé sous l’opprobre de la critique et méprisé comme produit bas de gamme par l’industrie du cinéma, comment le genre a-t-il été érigé en film noir ? Comment ces œuvres ont-elles pu exercer une telle influence sur les deux générations suivantes de cinéastes, parmi lesquels Roman Polanski, Francis Ford Coppola, François Truffaut, Martin Scorsese, Claude Chabrol, Lawrence Kasdan, Luc Besson, Quentin Tarantino, Takeshi Kitano, David Fincher, Bertrand Tavernier, Stephen Frears, Spike Lee, Bryan Singer, Neil Jordan, pour ne citer qu’eux ? Comment, retrouvant un nouveau souffle baptisé néo-noir, a-t-il pu se renouveler sans s’épuiser pendant plus de trois décennies ? Baptisé ainsi par Todd Erickson et analysé pour la première fois dans la deuxième édition de son ouvrage Film Noir : An Encyclopedic Reference to the American Style (1987), le néo-noir est né avec des films comme Chinatown de Polanski (1974), The Conversation (Conversation secrète) de Coppola (1974), Taxi Driver de Scorsese (1976) et Body Heat (La Fièvre au corps) de Kasdan (1981). [Film Noir – Alain Silver & James Ursini, Paul Duncan (Ed.) – Ed. Taschen (2012)]
Comment se fait-il que ce soit un terme français, film noir, qui ait été adopté pour désigner un genre d’abord anglo-saxon et qui figure désormais dans le vocabulaire de tout cinéaste, quelle que soit son origine ?
La réponse réside dans la richesse et la complexité du mouvement. L’expression fut inventée par des Français, toujours fins critiques et grands amateurs de culture américaine. Elle fit son apparition dans des critiques de films presque immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sous l’Occupation, les Français avaient été privés de films américains pendant près de cinq ans. Lorsqu’ils purent en voir à nouveau à la fin de 1945, ils remarquèrent que les ambiances mais également les sujets étaient devenus plus sombres que dans les années 30. Les critiques Nino Frank et Jean-Pierre Chartier commencèrent à publier des articles sur ces films dès 1946. [Film Noir – Alain Silver & James Ursini, Paul Duncan (Ed.) – Ed. Taschen (2012)]
En 1955, bien avant que le film noir soit débattu dans un ouvrage ou un article anglophone, Raymond Borde et Étienne Chaumeton rédigèrent la première grande étude sur le sujet, Panorama du film noir américain. Les jeunes critiques/cinéastes de la revue Les Cahiers du cinéma (Claude Chabrol, François Truffaut, Jean-Luc Godard et Éric Rohmer, entre autres) reprirent le flambeau à la fin des années 50 et au début des années 60. Ils analysèrent l’œuvre de spécialistes du genre tels que Nicholas Ray, Robert Aldrich, Fritz Lang, Jacques Tourneur, Robert Siodmak ou Anthony Mann.
Les Américains ne prirent le train en marche que lorsqu’une nouvelle génération de cinéphiles entra dans les écoles de cinéma à la fin des années 60. Se rebellant contre les canons de l’histoire du cinéma américain que voulaient leur imposer des critiques comme Arthur Knight ou Lewis Jacob, ces étudiants trouvèrent l’inspiration dans des classiques négligés du film noir tels que : Double indemnity (Assurance sur la mort), Out of the past (La Griffe du passé), T-men (La Brigade du suicide), Detour, Criss Cross (Pour toi, j’ai tué), Gun Crazy (Le Démon des armes), Touch of evil (La Soif du mal), In a lonely place (Le Violent), The Reckless moment (Les Désemparés) et Kiss me deadly (En quatrième vitesse). [Film Noir – Alain Silver & James Ursini, Paul Duncan (Ed.) – Ed. Taschen (2012)]
Le début des années 70 fut marqué par la publication de plusieurs essais en anglais sur le film noir, parmi lesquels « Peignez-le en noir, l’arbre généalogique du film noir » de Raymond Durgnat et « Notes sur le film noir » de Paul Schrader. Toutefois, quand parut enfin en 1979 la première étude approfondie du genre en anglais, Film Noir : An Encyclopedic Reference to the American Style, le terme « film noir » était encore largement inconnu aux États-Unis en dehors des écoles de cinéma. Ce ne fut qu’avec l’essor d’un mouvement néo-noir dans les années 80 que la presse grand public s’empara de l’expression. [Film Noir – Alain Silver & James Ursini, Paul Duncan (Ed.) – Ed. Taschen (2012)]
Genre mythique d’une exceptionnelle richesse, le Film noir américain a donné naissance, depuis plus d’un siècle, à des figures légendaires et d’innombrables icônes. Créateur du Cinéma de minuit et spécialiste du cinéma américain, Patrick Brion propose une somme encyclopédique unique de plus de 1100 films noirs, produits aux États-unis de 1912 à 1960. Un second volume couvrira la période des années 1960 à nos jours devrait paraître en fin d’année.
POUR ALLER PLUS LOIN…
LE FILM NOIR : UNE INVENTION FRANÇAISE
C’est au cours de l’été 1946 que le public français eut la révélation d’un nouveau type de film américain. En quelques semaines, de la mi-juillet à la fin du mois d’août, cinq films se succédèrent sur les écrans parisiens, qui avaient en commun une atmosphère insolite et cruelle, teintée d’un érotisme assez particulier : The Maltese Falcon (Le Faucon Maltais) de John Huston (31 juillet), Laura d’Otto Preminger (13 juillet), Murder, my sweet (Adieu ma belle) d’Edward Dmytrick (31 juillet), Double indemnity (Assurance sur la mort) de Billy Wilder (31 juillet). Lire la suite…
C’est au cours de l’été 1946 que le public français eut la révélation d’un nouveau type de film américain. En quelques semaines, de la mi-juillet à la fin du mois d’août, cinq films se succédèrent sur les écrans parisiens, qui avaient en commun une atmosphère insolite et cruelle, teintée d’un érotisme assez particulier : The Maltese Falcon (Le Faucon Maltais) de John Huston (31 juillet), Laura d’Otto Preminger (13 juillet), Murder, my sweet (Adieu ma belle) d’Edward Dmytrick (31 juillet), Double indemnity (Assurance sur la mort) de Billy Wilder (31 juillet). Lire la suite…
L’AVENTURE CRIMINELLE par Nino Frank
Voilà un an, après une série de films américains de pauvre qualité, on donnait Hollywood pour épuisé. Aujourd’hui, conclusion sommaire, l’apparition d’une demi-douzaine de bons ouvrages en provenance de Californie fait écrire et jurer que le cinéma américain est plus prodigieux que jamais. Nos gens de cinéma sont décidément des cyclothymiques. Lire la suite…
Voilà un an, après une série de films américains de pauvre qualité, on donnait Hollywood pour épuisé. Aujourd’hui, conclusion sommaire, l’apparition d’une demi-douzaine de bons ouvrages en provenance de Californie fait écrire et jurer que le cinéma américain est plus prodigieux que jamais. Nos gens de cinéma sont décidément des cyclothymiques. Lire la suite…
LE NÉO-NOIR, UN GENRE CONSCIENT DE SES RACINES (par Douglas Keesey)
« Je ne suis pas une gentille », confesse Laure (Rebecca Romijn) dans Femme Fatale (2002), « vraiment pas ; je suis pourrie jusqu’à l’os. » Laure sait qu’elle est une « femme fatale ». Elle vient de regarder Double Indemnity (Assurance sur la mort,1944) à la télé et calque son comportement sur celui de la ravissante mais funeste Phyllis Dietrichson interprétée par Barbara Stanwyck), l’héroïne du film. Dans Basic Instinct (1992), la romancière Catherine Tramell (Sharon Stone) apprend à l’inspecteur Nick Curran (Michael Douglas) que son livre raconte l’histoire d' »un flic qui tombe amoureux de la femme qu’il ne faut pas. Et [qui] le tue », Les deux protagonistes savent qu’il s’agit là d’une intrigue que l’on rencontre dans de nombreux classiques du film noir. Lire la suite…
« Je ne suis pas une gentille », confesse Laure (Rebecca Romijn) dans Femme Fatale (2002), « vraiment pas ; je suis pourrie jusqu’à l’os. » Laure sait qu’elle est une « femme fatale ». Elle vient de regarder Double Indemnity (Assurance sur la mort,1944) à la télé et calque son comportement sur celui de la ravissante mais funeste Phyllis Dietrichson interprétée par Barbara Stanwyck), l’héroïne du film. Dans Basic Instinct (1992), la romancière Catherine Tramell (Sharon Stone) apprend à l’inspecteur Nick Curran (Michael Douglas) que son livre raconte l’histoire d' »un flic qui tombe amoureux de la femme qu’il ne faut pas. Et [qui] le tue », Les deux protagonistes savent qu’il s’agit là d’une intrigue que l’on rencontre dans de nombreux classiques du film noir. Lire la suite…
LE FILM NOIR DE SÉRIE B
De la série réalisée par Anthony Mann et John Alton pour Eagle-Lion entre 1947 et 1949 – Raw Deal (Marché de brutes, 1948), T-Men (La Brigade du suicide,1948), He Walked by Night (Il marche dans la nuit, 1948) et Reign of Terror (Le Livre noir, 1949) – au Gun Crazy (Démon des armes, 1950) de Joseph H. Lewis et au Killer’s Kiss (Baiser du tueur, 1955) de Kubrick, de nombreux exemples « classiques » de films noirs sont réalisés par des producteurs et des metteurs en scène indépendants disposant de budgets limités. Lire la suite…
De la série réalisée par Anthony Mann et John Alton pour Eagle-Lion entre 1947 et 1949 – Raw Deal (Marché de brutes, 1948), T-Men (La Brigade du suicide,1948), He Walked by Night (Il marche dans la nuit, 1948) et Reign of Terror (Le Livre noir, 1949) – au Gun Crazy (Démon des armes, 1950) de Joseph H. Lewis et au Killer’s Kiss (Baiser du tueur, 1955) de Kubrick, de nombreux exemples « classiques » de films noirs sont réalisés par des producteurs et des metteurs en scène indépendants disposant de budgets limités. Lire la suite…
LE POIDS DU PASSÉ DANS LE FILM NOIR
Les héros du film noir sont souvent des êtres hantés par leur passé. De fait, ce poids du passé est sans doute l’un des thèmes majeurs du genre. Dans le classique de Robert Siodmak The Killers (Les Tueurs, 1946), basé sur la nouvelle d’Ernest Hemingway, le personnage principal, Swede (Burt Lancaster), attend avec résignation d’être tué par deux voyous, sachant que son passé a fini par le rattraper. Lire la suite…
Les héros du film noir sont souvent des êtres hantés par leur passé. De fait, ce poids du passé est sans doute l’un des thèmes majeurs du genre. Dans le classique de Robert Siodmak The Killers (Les Tueurs, 1946), basé sur la nouvelle d’Ernest Hemingway, le personnage principal, Swede (Burt Lancaster), attend avec résignation d’être tué par deux voyous, sachant que son passé a fini par le rattraper. Lire la suite…
FILM NOIR : LE CAUCHEMAR FATALISTE
Le monde du Noir est fondamentalement un monde de cauchemar. Il est rempli d’étranges synchronismes, d’événements inexpliqués et de rencontres de hasard, créant un enchaînement qui entraîne ses malheureux protagonistes vers une fin annoncée. Lire la suite…
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DE SHERLOCK HOLMES AU FILM NOIR
Dans les années 40 on vit apparaître sur les écrans le détective privé, solitaire, dur et très souvent en marge de la loi, chevalier sans peur dans un monde désormais dominé par la corruption. Ce personnage nouveau trouvera un terrain d’élection dans ce qu’on a baptisé « film noir ». Lire la suite…
Dans les années 40 on vit apparaître sur les écrans le détective privé, solitaire, dur et très souvent en marge de la loi, chevalier sans peur dans un monde désormais dominé par la corruption. Ce personnage nouveau trouvera un terrain d’élection dans ce qu’on a baptisé « film noir ». Lire la suite…
FILM NOIR : BEAUTÉS FATALES
Il est surprenant de lire, ici et là, que le film Noir est un genre exclusivement masculin, alors que la motivation du comportement de ses personnages est souvent le désir sexuel et que les drames y sont provoqués à cause d’une femme à la sensualité dévorante ou bénéficiant d’une beauté exceptionnelle. Lire la suite…
Il est surprenant de lire, ici et là, que le film Noir est un genre exclusivement masculin, alors que la motivation du comportement de ses personnages est souvent le désir sexuel et que les drames y sont provoqués à cause d’une femme à la sensualité dévorante ou bénéficiant d’une beauté exceptionnelle. Lire la suite…
CHERCHEZ LA FEMME !
Belle, cruelle et amorale, la femme fatale, personnage qui a toujours hanté l’imagination des hommes, a conquis sa place sur les écrans à la faveur du film noir des années 40. Nombreux furent ceux qui se laissèrent prendre au piège de sa vénéneuse séduction… Lire la suite…
Belle, cruelle et amorale, la femme fatale, personnage qui a toujours hanté l’imagination des hommes, a conquis sa place sur les écrans à la faveur du film noir des années 40. Nombreux furent ceux qui se laissèrent prendre au piège de sa vénéneuse séduction… Lire la suite…
LES FEMMES DANS LE FILM NOIR
S’il y a beaucoup de femmes dans le film noir, la plupart n’existent qu’en tandem avec un partenaire masculin. De Double Indemnity (Assurance sur la mort) à Gun Crazy (Le Démon des armes), aussi dominatrice l’héroïne soit-elle, sans un homme d’une stature équivalente l’histoire ne tient pas. Pour qu’il y ait une femme fatale il faut un homme à détruire. Gilda (1946) et Nora dans Nora Prentiss (L’Amant sans visage, 1947) sont les personnages principaux. Dans la construction patriarcale du film noir, on pourrait assumer en simplifiant exagérément que leur talent peut charmer un homme au point d’induire en lui un comportement autodestructeur. Lire la suite…
S’il y a beaucoup de femmes dans le film noir, la plupart n’existent qu’en tandem avec un partenaire masculin. De Double Indemnity (Assurance sur la mort) à Gun Crazy (Le Démon des armes), aussi dominatrice l’héroïne soit-elle, sans un homme d’une stature équivalente l’histoire ne tient pas. Pour qu’il y ait une femme fatale il faut un homme à détruire. Gilda (1946) et Nora dans Nora Prentiss (L’Amant sans visage, 1947) sont les personnages principaux. Dans la construction patriarcale du film noir, on pourrait assumer en simplifiant exagérément que leur talent peut charmer un homme au point d’induire en lui un comportement autodestructeur. Lire la suite…
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