VERTIGO de HITCHCOCK: Spectatorilor li se garanteaza o obsesie permanenta si creatoare de sens(uri)
Vertigo (Amețeala) este un film thriller american din 1958 bazat pe romanul D'entre les morts (Boileau-Narcejac). Filmul este regizat și produs de Alfred Hitchcock, avându-i pe James Stewart și Kim Novak în rolurile principale. În 2012 Vertigo a fost numit "cel mai bun film al tuturor timpurilor" de către revista Sight & Sound și a detronat filmul lui Orson Welles, Cetățeanul Kane.(W.ro)
Trailer HD https://www.youtube.com/watch?v=95o-QM-lz8g
===================================================================
John Anderton - le 19 mars 2003 (DVDclassik.com)
L'HISTOIRE
John Ferguson, surnommé "Scottie", est pris de vertige tandis qu’il poursuit un malfaiteur avec un collègue policier. L’incident vaut la mort de ce dernier et la démission de Ferguson des services de police. Peu après, une ancienne connaissance de Scottie le contacte afin de lui demander de suivre sa femme, Madeleine, qui semble hantée par l’esprit d’une morte, en l’occurrence sa grand-mère, qui se suicida après avoir sombré dans la folie. Ferguson mène donc son enquête en filant la femme de son ami. Un jour, il assiste horrifié au plongeon de Madeleine dans la baie de San Francisco. Après l’avoir sauvée, Scottie continue à suivre la jeune femme, mais ils finissent par se rejoindre et poursuivent ensemble leur promenade. Scottie tombe fou amoureux de Madeleine mais hélas, son handicap va coûter une deuxième fois la vie de quelqu’un : toujours hantée par le souvenir de sa grand-mère, Madeleine se jette du haut d’un clocher sous les yeux de Scottie, incapable de la rejoindre... Psychologiquement anéanti, l’ancien policier est interné. A sa sortie, il va rencontrer Judy, une jeune femme qui ressemble à Madeleine...
ANALYSE ET CRITIQUE
Alfred Hitchcock, connu pour être le maître du suspense, n’en a pas moins été un grand conteur d’histoires d’amour fortes : Les Enchaînés, Rebecca, Pas de printemps pour Marnie, entre autres. Mais il n’a probablement jamais atteint un tel degré d'intensité dans la passion d’un être pour un autre ailleurs que dans Sueurs froides. Car c’est bel et bien une histoire d’amour avant tout qui est le sujet de ce film par ailleurs passionnant en tant qu’histoire à suspense. Le personnage de James Stewart pense avoir découvert l’image parfaite de la femme avec Madeleine, et après sa disparition, son unique but sera de modeler Judy, cette jeune femme rencontrée au hasard dans la rue, selon le physique, les vêtements, la couleur de cheveux, la démarche de la défunte. Et il y parviendra, du moins jusqu’à un certain point, et c’est bel et bien "d’entre les morts" (titre original du roman du tandem Boileau-Narcejac, qui a inspiré le film) que semble resurgir Madeleine lorsque Judy revient devant Scottie, métamorphosée. On peut d’ailleurs s’amuser à voir dans ce processus de "modelage" de la femme parfaite un écho universel au cinéma en général, recherchant depuis toujours à mettre sous le nez des spectateurs époustouflés les plus belles femmes du monde, sublimes, dans des rôles taillés sur mesure.
Sueurs froides est fréquemment considéré comme le chef-d’oeuvre d’Alfred Hitchcock : choix difficile lorsqu’on pense à des productions telles que Psychose, Fenêtre sur cour ou Les Oiseaux. Mais on pourrait malgré tout aller plus loin, en disant que c’est peut-être l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. C’est Jacques Lourcelles qui, dans son Dictionnaire du cinéma - Les Films, écrit : "Vertigo contient, à l’état de condensé poétique, psychanalytique et métaphysique, tout ce que le cinéma peut offrir : une histoire d’amour, un récit d’aventures, un voyage que les personnages entreprennent au fond d’eux-mêmes, une énigme policière dont l’auteur se plaît à révéler la solution trente minutes avant la fin." En effet, sous un aspect fort classique, Hitchcock dynamite les règles qu’il avait lui même instaurées au sein de son cinéma : la grande figure de style, qui consiste dans un certain nombre de ses œuvres antérieures à devoir innocenter aux yeux du public un homme accusé à tort d’un meurtre, est ici réduite à sa plus simple expression : dans une séquence qui fait moins de dix minutes, Scottie est lavé de tout soupçon concernant la mort de Madeleine.
L’intérêt est ailleurs : comment va-t-il pouvoir se remettre d’une telle disparition, d’autant que dans ce cas précis, le processus est inversé ? Le public (tant dans le film que dans la salle) le sait innocent : seul Scottie lui-même se considère comme coupable de ne pas avoir pu sauver la femme qu’il aimait. Autre point complètement désamorcé par Hitchcock : la tradition veut que dans les romans policiers comme dans les films du même genre, le nom de l’assassin ou la solution de l’énigme soient donnés dans la toute dernière partie du récit. Or dans Sueurs froides, le cinéaste nous donne la clé de toute l’intrigue effectivement une bonne demi-heure avant la fin... C’est que, à l’instar de la série policière Columbo, Hitchcock préfère donner de l’avance au spectateur par rapport à son personnage principal : la question n’est plus alors de savoir ce qui s’est passé, mais comment le héros va parvenir à découvrir la vérité. Cela rejoint l’anecdote que le cinéaste se plaisait à raconter, à savoir que, si dans une scène de discussion entre deux personnages il y a une bombe caché dans la pièce, près d’eux, prête à exploser dans les minutes qui suivent, il préfère montrer la bombe dès qu’il le peut aux spectateurs, qui vont ainsi vivre de longues minutes de suspense, à se demander si les personnages découvriront à temps la menace... Hitchcock disait que ne pas montrer la bombe serait une erreur, car le seul sentiment que le dénouement procurerait aux spectateurs, en cas d’explosion de la bombe, serait la surprise, qui s’estomperait ensuite assez vite au fil de l’histoire... Chez Hitchcock, l’information donnée aux spectateurs est l’un des premiers vecteurs de suspense de son cinéma.
James Stewart n’était déjà plus un jeune premier lorsqu’il interpréta l’un de ses rôles les plus marquants dans Sueurs froides : fréquemment employé dans des comédies, donnant une image de l’Américain sympathique et un tantinet naïf, le comédien a joué quatre fois sous la direction d’Alfred Hitchcock : ce fut d’abord La Corde, huis clos psychologique où il livra une belle composition, avant de faire merveille dans L’Homme qui en savait trop, aux côtés de Doris Day, et enfin dans l’un des plus grands films de Hitchcock, Fenêtre sur cour, donnant la réplique à Grace Kelly. Mais avec Sueurs froides, qui marquera la dernière collaboration du comédien avec le metteur en scène, le talent de James Stewart est immense : il semble, à l’instar de son personnage, complètement obsédé par l’image de Kim Novak, et l'on ne peut nier que son interprétation ajoute à la perfection de l’oeuvre.
Kim Novak avait à peine vingt-cinq ans lorsqu’elle accepta le double rôle féminin dans Sueurs froides. Comédienne au talent controversé (beaucoup de critiques lui ont reproché son physique "glacial"), elle avait déjà fait ses preuves aux côtés de Frank Sinatra dans le très dur L’Homme aux bras d’or d’Otto Preminger. Hitchcock, à son tour, sut tirer de la jeune femme le meilleur d’elle-même, lui faisant vraiment jouer différemment deux personnages fort éloignés l’un de l’autre. On oublie trop souvent la plastique quasi parfaite de Kim Novak, au profit de celle de Grace Kelly qui joua à trois reprises sous la direction de Hitchcock, et resta pour beaucoup le symbole de la "blonde hitchcockienne". Barbara Bel Geddes, quant à elle, n’est certainement pas sans rappeler fortement quelque chose à des millions de téléspectateurs dans le monde : c’est en effet elle qui interpréta la mère du clan Ewing dans le célèbre feuilleton Dallas. Le casting du film ne serait pas complet si l’apparition de Hitchcock, rituel instauré presque dès ses débuts cinématographiques, n’était pas mentionnée : il croise James Stewart dans la rue, au début du film, se promenant avec une sorte de grand entonnoir recourbé.
Au fil des films qu’il a réalisés, Alfred Hitchcock est parvenu à créer une sorte de marque de fabrique, bien caractéristique de son univers : en effet, il collabora régulièrement avec des techniciens de renom, à commencer par Saul Bass, qui signa des génériques mémorables ; il réalisa ainsi, après le générique de Sueurs froides, celui de La Mort aux trousses ainsi que de Psychose. Les bouleversements psychologiques du personnage de James Stewart dans Sueurs froides sont ainsi illustrés par les tourbillons et les spirales du générique.
Pour la musique originale du film, il en va de même : le compositeur Bernard Herrmann fut longtemps un collaborateur fidèle de Hitchcock. Il signa ses plus célèbres partitions pour lui, La Mort aux trousses, Psychose, Pas de printemps pour Marnie... Il fut également l’auteur de la bande originale "sans musique" des Oiseaux. Herrmann débuta avec Orson Welles (pour Citizen Kane) et acheva sa carrière en travaillant avec Martin Scorsese (Taxi Driver) et Brian De Palma (Obsession) : on a vu pire comme CV ! Quoi qu’il en soit, le compositeur signe avec Sueurs froides certains morceaux d’une grande beauté : la musique sait être tour à tour romantique lorsque la passion de James Stewart et Kim Novak crève l’écran, terrifiante lors de la séquence magistrale du cauchemar de Stewart, envoûtante dès le générique de début... Toujours d’une grande justesse, la partition de Herrmann participe elle aussi de l’aspect proche de la perfection de l’œuvre de Hitchcock.
Pour la musique originale du film, il en va de même : le compositeur Bernard Herrmann fut longtemps un collaborateur fidèle de Hitchcock. Il signa ses plus célèbres partitions pour lui, La Mort aux trousses, Psychose, Pas de printemps pour Marnie... Il fut également l’auteur de la bande originale "sans musique" des Oiseaux. Herrmann débuta avec Orson Welles (pour Citizen Kane) et acheva sa carrière en travaillant avec Martin Scorsese (Taxi Driver) et Brian De Palma (Obsession) : on a vu pire comme CV ! Quoi qu’il en soit, le compositeur signe avec Sueurs froides certains morceaux d’une grande beauté : la musique sait être tour à tour romantique lorsque la passion de James Stewart et Kim Novak crève l’écran, terrifiante lors de la séquence magistrale du cauchemar de Stewart, envoûtante dès le générique de début... Toujours d’une grande justesse, la partition de Herrmann participe elle aussi de l’aspect proche de la perfection de l’œuvre de Hitchcock.
Alfred Hitchcock, tout au long de sa carrière, qui s’étala sur 50 ans durant lesquels il signa un peu plus de 50 longs métrages (sans compter une série de courts réalisés pour la télévision), a fréquemment cherché à innover, que ce soit en matière de narration comme de technique de réalisation. Sueurs froides n’échappe pas à la règle : nous avons déjà vu que le cinéaste avait décidé de dévoiler la solution de l’énigme une bonne demi-heure avant la fin : cela représentait le processus opposé à celui employé trois ans plus tôt, en 1955, par Henri-Georges Clouzot, qui mit en scène Les Diaboliques, tiré d’un autre roman du tandem Boileau-Narcejac. Si les intrigues des deux films sont assez éloignées, elles reposent en revanche sur des mécanismes de narration assez proches, et une même atmosphère de "fantastique dans le réel".
[SPOILER] : D’ailleurs, si Clouzot faisait dire à l’un des élèves à l’extrême fin des Diaboliques qu’il venait de voir la directrice de l’école, alors que celle-ci est bel et bien morte, Hitchcock a lui aussi cédé à la tentation d’introduire une scène inexpliquée dans Sueurs froides : dans la première partie du film, James Stewart suit Kim Novak jusque dans un petit hôtel, et une fois qu’il s’y est introduit, il s’avère que la gérante n’a jamais vu passer de la journée la femme qu’il a pourtant vu entrer. Lorsqu’il regardera par la fenêtre de la chambre d’hôtel, il constatera même que sa voiture a disparu. A aucun moment dans le film Hitchcock n’expliquera cette séquence.
Où le cinéaste a aussi fait preuve d’audace, c’est dans l’aspect visuel de son film : certaines séquences, entre autres dans l’hôtel où James Stewart rencontre et fréquente une Kim Novak brune, baignent dans une sorte d’aura surnaturelle. Plus précisément, lorsque Judy, qui est enfin devenue totalement Madeleine aux yeux de Scottie, s’approche de ce dernier, elle avance dans une brume verdâtre qui rend le plan non seulement splendide mais porteur d’un romantisme sublime. Dans la même séquence, lorsque Judy et Scottie, tendrement enlacés, échangent un long baiser, la caméra tourne à 360° autour des comédiens, et peu à peu, le décor s’assombrit, et Scottie s’imagine de nouveau au monastère où le drame a eu lieu. Hitchcock ne s’arrête pas là : pour rendre visuellement l’effet de vertige dont souffre James Stewart, il va utiliser un procédé que l’on appelle parfois "travelling compensé". Utilisé dans un sens, cela donne l’impression d’écraser la perspective, utilisé dans l’autre, on a au contraire l’impression d’un décor qui s’étire dans l’espace. C’est ce dernier effet que le réalisateur a rendu au début du film, puis dans le clocher, lorsque Scottie est atteint d’acrophobie. Techniquement, il s’agit d’un zoom avant de la caméra, combiné à un travelling arrière. Le moins que l’on puisse dire est que le résultat est efficace. Enfin, on peut mentionner la séquence du rêve, très complexe quant à sa mise en scène, mêlant images réelles et animées, le tout éclairé par des lumières changeant de couleurs au rythme de la musique stressante de Bernard Herrmann. Du grand art.
Le film, à sa sortie en 1958, déconcerta apparemment le public. Ce ne fut qu’au fil des ans que cette pièce maîtresse de l’oeuvre hitchcockienne qu’est Sueurs froides fut reconnue à sa juste valeur. Film éminemment visuel, tant dans son aspect que dans sa réflexion, Sueurs froides est et restera pour toujours un chef-d’oeuvre du cinéma. Tout y est proche de la perfection, et si un seul regret se dégage de notre esprit après avoir vu le film, c’est bien qu’Alfred Hitchcock ne soit plus là aujourd’hui...
(John Anderton - le 19 mars 2003 http://www.dvdclassik.com/critique/sueurs-froides-hitchcock)
Niciun comentariu:
Trimiteți un comentariu