luni, 27 ianuarie 2020

2. Casablanca / materiale in vrac

Casablanca (materiale in vrac)

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Casablanca, 1943. La ville marocaine est le poste le plus avancé de la France libre. Elle abrite une foule cosmopolite de réfugiés, de magouilleurs, de joueurs et de buveurs. Ils se retrouvent tous au Rick's Café American, l'adresse pour ceux qui veulent un visa très prisé pour l'Amérique. Des tragédies se déroulent ici soir après soir, mais le cynique propriétaire, Rick Blaine (Humphrey Bogart)se retrouve face à face avec la femme qu'il a aimé autrefois: Ilsa Lund (Ingrid Bergman) l'a quitté le jour où les Allemands sont entrés dans Paris. Elle est accompagnée du résistant Victor Laszlo (Paul Henreid). L'amour revit entre Rick et Ilsa, alors qu'une décision doit être pris par Rick, écouter la voix de l'amour ou celle du devoir patriotique. Rick décide finalement de laisser partir Ilsa avec le résistant aux États-Unis.
Film prévu pour être une propagande durant la Seconde guerre mondiale, il est devenu dés sa sortie un succès et par la suite un classique du cinéma. La puissance du film vient de sa distribution exceptionnelle, du duo mythique Bogart-Bergman, de son scénario d'un réalisme bluffant et encore d'actualité,d'une réalisation en noir et blanc qui fait partie des plus belles du cinéma et bien sûr la musique mythique As time goes by.
Tout d'abord, la distribution made in Warner reprend de nombreux protagonistes du succès du Faucon Maltais de John Huston en y associant Ingrid Bergman, Paul Henreid et Claude Rains.
La force de cette dernière tient à la multitude des seconds tous joués à la perfection par des acteurs confirmés.
Bogart incarne, à la place de Ronald Reagan qui devait jouer le rôle principal, Rick Blaine. Il livre une performance exceptionnelle de cet homme complexe, hanté par son passé et son amour à Paris. Bogart semble complétement habité par ce rôle et multiplie les différentes émotions avec une présence puissante.
La magnifique Bergman, après le succès du remake d'Autant en Emporte le Vent , Intermezzo,n'était pas le premier choix de casting car elle n'était pas du groupe Warner. Hal. B Wallis décrit parfaitement ce rôle:"C'est la seule actrice qui a la luminosité, la chaleur et la tendresse indispensables au rôle".
Pour les seconds rôles, Paul Henreid joue avec force et détermination le résistant perplexe Victor Laszlo, Claude Rains (Mr Smith au sénat, l'homme invisible...) joue parfaitement le charmant et corrompu capitaine Renault (un de mes seconds rôles préférés), le grand par le talent Peter Lorre, déjà exceptionnelle dans M Le Maudit et dans le Faucon Maltais, récidive avec le visqueux receleur Ugarte, Conrad Veidt en sombre major nazi, et Sydney Greenstreet en Signor Ferrari. Ils apposent tous leur sceau au début du mythe d'Humphrey Bogart.

La réalisation est confiée à Michael Curtiz (Robin des Bois, Capitaine Blood), alors que le premier choix était William Wyler( les Hauts de Hurlevent). Considéré comme un faiseur de rêve et un aventurier, Curtiz prend le contre pied et réalise un film d'une part en noir et blanc (Robin des bois était en couleur), cette photographie sublime n'a pas vieilli comme l'aurait fait la couleur.Sa façon de filmer les ombres ou encore ses mouvements de caméra et son sens du rythme donnent à Casablanca un aspect qui permet de l'identifier immédiatement. Il utilise également un éclairage sombre expressionniste digne des films noirs. Petite anecdote: Bergman étant plus grande que Bogart, Curtiz utilisa un marchepied pour le ré-hausser . L'émotion des acteurs est très bien captée par la caméra de Curtiz et surtout  la tension entre Rick et Ilsa.


Le scénario est inspiré de la pièce de théâtre Everybody Comes to Rick's. Cette histoire d'amour est devenue l'une des plus mythiques avec celle d'Autant En Emporte Le Vent. C'est aussi une histoire triangulaire avec différentes fins possibles qui se développe très lentement,  la scène finale à été écrite quelques jours avant sa réalisation. La scène des hymnes nationaux montre bien la complexité de cette géométrie avec Bogart qui aide malgré lui Laszlo. Les phrases mythiques s'enchainent:Here's looking at you, kid;Louis, I think this is the beginning of a beautiful friendship;Round up the usual suspects;We'll always have Paris...., ainsi que de petites allusions blessantes.

Les dialogues sont sobres et cyniques et conservent toute leur actualité.


C'est ce genre de film qu'on peut voir, voir et revoir sans se lasser, on voudrait revoir sans cesse cette histoire d'amour unique, le couple mythique Bogart-Bergman et cette troupe d'acteur exceptionnelle. C'est un film qui nous semble meilleur à chaque fois qu'on le voit.

C'est tout cela qui fait de ce film un chef d'œuvre intemporel. as time goes by;
Publié dans Les Grands Chefs-d'Oeuvre

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Top 5 des films antinazis

17 Mai 2010 , Rédigé par Ran

En prélude à un long texte consacré aux films antinazis de Fritz Lang, un top cinq des films de ce genre qui connut son heure de gloire à Hollywood durant la Seconde Guerre mondiale. L’occasion de rappeler que si Fritz Lang s’y est exprimé avec talent, il ne fut tout de même pas le seul…
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Man-Hunt.jpgChasse à l’homme (Fritz Lang, 1941)
    1) Chasse à l’homme (Fritz Lang, 1941)
2) Casablanca (Michael Curtiz, 1943)
                     3) La Cinquième Colonne (Alfred Hitchcock, 1942)
                      4) Les Bourreaux meurent aussi (Fritz Lang, 1943)
5) Lifeboat (Alfred Hitchcock, 1943)
 Un rapide top des films antinazis hollywoodiens pour rappeler que si, à mon sens, Fritz Lang[1] domina ce genre à la courte durée de vie notamment grâce à son chef d’œuvre Chasse à l’homme mais aussi avec Les Bourreaux meurent aussi, il ne fut pas le seul à brillamment s’y illustrer. Ainsi faut-il rappeler que l’ultra-célèbre Casablanca est, malgré quelques longueurs, un très grand film. On se souvient ainsi du personnage de Rick Blayne (Humphrey Bogart), évidente métaphore des Etats-Unis prêts à en rester à l’isolationnisme et qui, finalement, s’engagent résolument dans le combat contre la barbarie nazie, de son histoire d’amour impossible avec Ilsa Lund Laszlo (Ingrid Bergman) et de la magnifique chanson As Times goes by. On notera également qu’Alfred Hitchcock, un autre de mes réalisateurs fétiches, a fait montre de son talent dans le genre avec l’excellent suspense de La Cinquième Colonne et l’étonnant huis-clos de Lifeboat, deux films qui, respectivement, le menaient tout droit vers la route de deux de ses chefs d’œuvre, La Mort aux trousses (1959) et Fenêtre sur cour (1954)[2]. Par contre, pas de place dans ce top cinq pour Le Dictateur (Charlie Chaplin, 1940) qui, malgré d’évidentes qualités, souffre de trop nombreux et lourds défauts[3]…Ran

[1] Je reviendrai très largement sur l’œuvre antinazi de Fritz Lang dans le quatrième texte de ma série « Retour sur Fritz Lang » qui sera publié 21 mai prochain.
[2] Sur ces points, voir mon texte consacré à Alfred Hitchcock dans « A travers l’âge d’or hollywoodien » et celui sur  La Mort aux trousses publié dans « Un auteur, une œuvre ».
[3] Voir mon texte sur Les Temps modernes (Charlie Chaplin, 1936) publié dans « Un auteur, une œuvre »

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ACTRICE

Ingrid Bergman


Date et Lieu de naissance : 29 août 1915 (Stockholm, Suède)
Date et Lieu de décès : 13 août 1982 (Londres, Royaume Uni)
Nom Réel : Ingrid Bergman
Image1944 Hantise (gaslight) de George Cukor avec Charles BoyerJoseph Cotten & Angela LansburyImage1950 Stromboli (Stromboli, terra di dio) de Roberto Rossellini avec Mario Vitale & Renzo CesanaImage1956 Anastasia – de Anatole Litvak avec Yul BrynnerHelen HayesAkim Tamiroff & Sacha PitoëffImage1977 Sonate d’automne (höstsonaten) de Ingmar Bergman avec Liv Ullmann & Gunnar Björnstrand



1944 Hantise (gaslight) de George Cukor avec Charles Boyer, Joseph Cotten & Angela Lansbury Image
1950 Stromboli (Stromboli, terra di dio) de Roberto Rossellini avec Mario Vitale & Renzo Cesana Image
1956 Anastasia – de Anatole Litvak avec Yul Brynner, Helen Hayes, Akim Tamiroff & Sacha Pitoëff Image
1977 Sonate d’automne (höstsonaten) de Ingmar Bergman avec Liv Ullmann & Gunnar Björnstrand  Image

Fille d’un photographe, Ingrid Bergman naît le 29 août 1915, à Stockholm, capitale du royaume de Suède. Orpheline de mère puis de père, dès l’enfance, elle est élevée par un oncle. Adolescente timide et gauche, elle réussit malgré tout à convaincre son tuteur de lui payer des cours de comédie à l’Ecole d’Art Dramatique de Stockholm.

À dix-sept ans, elle fait ses premiers pas au cinéma avec une figuration dans «Landskamp» (1932). L’année suivante, Elle sort diplômée de l’Ecole d’Art Dramatique et commence à se produire sur la scène du Théâtre Royal. Edvin Adolphson la remarque et lui offre un petit rôle dans «Le comte de Pont au Moine» (1934). C’est finalement Gustaf Molander qui révèle la jeune Suédoise dans «Les Swedenhielms» (1935), suivi de cinq autres productions, dont «Interlude» (1936) qui va en faire une vedette dans son pays. Le succès de cette production dépasse les frontières de la Suède. La qualité du jeu et la beauté de son interprète attirent l’attention du producteur américain David O. Selznick qui l’invite en Californie, en 1939, pour tourner un remake du film. Nouveau triomphe, Selznick lui signe un contrat de sept ans.

À Hollywood, Ingrid Bergman s’impose en star par son naturel, avec des interprétations dramatiques ou idéalistes dans une dizaine de films. Elle incarne notamment Ilsa, éprise d’amour pour Humphrey Bogart, dans le légendaire «Casablanca» (1942) de Michael Curtiz; Maria, la jeune fille espagnole violée qui se réfugie dans les bras de Gary Cooper dans «Pour qui sonne le glas» (1943) de Sam Wood; La femme de Charles Boyer dans «Hantise» (1944) de George Cukor, couronné par un premier Oscar et, en 1947, Jeanne d’Arc dans le film éponyme de Victor Fleming. Elle tourne aussi dans trois œuvres du cinéaste Alfred Hitchcock : «La maison du Docteur Edwardes» (1945) avec Gregory Peck, «Les enchaînés» (1946) avec Cary Grant et «Les amants du capricorne» (1949) avec Joseph Cotten.

Au printemps 1948, alors qu’elle est au sommet de la gloire, Ingrid Bergman est bouleversée par la vision du film «Rome, ville ouverte» de Roberto Rossellini. Elle exprime au cinéaste le souhait de travailler avec lui. Ingrid tourne pour Roberto dans «Stromboli» (1950), le coup de foudre et immédiat et déclenche un des plus grands scandales qu’ait jamais connu le monde du cinéma. Elle quitte son premier mari, Peter Linstrom, sa fille Pia et Hollywood pour vivre à Rome avec Rossellini. L’Amérique puritaine la dépeint comme un monstre d’amoralité et une mère indigne. Les deux amants se marient en 1950, font trois enfants et tournent ensemble cinq autres films.

Après sept ans de mariage tumultueux, le couple divorce et Ingrid retourne aux Etats-Unis pour y commencer une nouvelle carrière. D’emblée elle gagne un second Oscar pour «Anastasia», réalisé par Anatole Litvak. Pardonnée par Hollywood, elle reprend sa place parmi les stars. Elle tourne encore dans une douzaine de films et remporte un troisième Oscar pour «Le crime de l’Orient Express» (1974) de Sidney Lumet. Pour son dernier rôle au cinéma, Ingrid Bergman renoue avec la Suède et tourne pour Ingmar Bergman dans «Sonate d’automne» (1977). En 1982, après une composition saisissante de Golda Meir pour la télévision, elle meurt le 13 août, à Londres, vaincue par un cancer du sein.


© Philippe PELLETIER
http://www.cineartistes.com/fiche-Ingrid+Bergman.html
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Michael Curtiz (1886-1962)

Casablanca (decor in studio)
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(1888-1962)
180 films
3
3
histoire du cinéma : L'image-action
Réalisateur américain, d'origine hongroise, de son vrai nom Mihaly Kertész. Né à Budapest le 24 décembre 1888, mort à Hollywood le 11 avril 1962, des suites d'un cancer. Il a eu à son actif près de 180 films, dont plus du tiers réalisé en Europe.
Réalisateur vedette de la Warner Bros jusqu'en 1953, Michael Curtiz passe allégrement d'un genre à l'autre (western, cape et épée, drame psychologique ou policier, biographie musicale) mais reste fidèle à ses héros romantiques, à sa vision plutôt sombre des rapports sociaux, à une certaine préciosité de style.
De famille aisée, il fait des études artistiques à l'Université Markoszy puis à l'Académie royale du théâtre et des arts avant d'entrer au théâtre national hongrois. Il débute au cinéma en 1912, part faire un stage au Danemark, en 1913 (à la Nordisk) avant de réaliser, en 1914, Bank ban, premier succès de l'histoire cinématographique hongroise.
Appelé à Hollywood par les responsables de Warner Bros, Curtiz quitte l'Europe en 1926 après avoir réalisé trois films, de production allemande, où il fait de Lili Damita, future femme d'Errol Flynn (l'un des interprètes favoris de Curtiz), une star à l'échelle d'un continent. Peu de temps après son arrivée, il épouse la scénariste Bess Meredith, dont il divorce en 1961.
Les Warner l'ont fait venir pour lui confier la réalisation d'une super-production biblique, L'Arche de Noé, destinée à concurrencer Cecil B. DeMille. Mais il est d'abord mis à l'épreuve sur des films mineurs. Avec L'Arche de Noé, et plus encore Mammy, son premier film sonore et chantant, il se révèle dans toute sa plénitude, celle d'un auteur, technicien habile (ce qui ne l'empêche nullement d'avoir des "obsessions") qui sait se libérer des contraintes pour atteindre au lyrisme.
Ses premières œuvres américaines, sociales, fantastiques, policières, mais toujours dramatiques, sont encore marquées par le germanisme, et nombreuses sont devenues des classiques (Le génie fou, Docteur X, L'étrange passion de Molly Louvain, Masque de cire, Le mort qui marche).
Après avoir révélé Bette Davis en 1932, notamment dans 20 000 ans sous les verrous, il transforme le jeune comédien australien Errol Flynn en une véritable figure de légende dans Capitaine Blood (1935), son premier film épique.
Errol Flynn y joue avec Olivia de Havilland qui deviendra sa partenaire féminine attitrée. Ce seront les mythiques Charge de la brigade légère (1936) et Les aventures de Robin des bois (1938) puis Quatre au Paradis (1938), Les conquérants (1939), La piste de Santa Fé (1940) et Dive bomber (1941). Cette collaboration prend alors fin, malgré la résistance de la Warner Bros, à la demande d'Errol Flynn qui n'a pas réussit à séduire Olivia de Havilland.
Casablanca, tourné en 1943 lui vaut un Oscar et où il retrouve Humphrey Bogart, déjà dirigé par lui mais dans des rôles mineurs, dans Les anges aux figures sales et La caravane héroïque. Curtiz tourne encore trois autres films dans un but ouvertement propagandiste : l'étrange Mission à Moscou, en faveur d'un rapprochement avec les Soviétiques, This is the army, d'après une revue musicale d'Irving Berlin et enfin Passage to Marseille où Bogart (en duo avec Michèle Morgan) incarne un partisan des forces françaises libres. Curtiz et Bogart se retrouveront en 1955 pour un ultime film, La cuisine des anges. En 1945, Curtiz réalise Le Roman de Mildred Pierce, flamboyant mélodrame pour lequel son interprète Joan Crawford, nouvelle venue dans son univers, obtient un Oscar.


FILMOGRAPHIE :
1939La vie privée d'Elisabeth d'Angleterre
(The private lives of Elizabeth and Essex). Avec : Errol Flynn (Comte d'Essex), Bette Davis (Reine Elizabeth), Olivia De Havilland (Lady Gray), Alan Hale (Comte de Tyrone), Donald Crisp (Francis Bacon), Vincent Price (Sir Raleigh), Henry Stephenson (Lord Burghley), Henry Daniell (Sir Cecil), Robert Warwick (Lord Mountjoy), Ralph Forbes (Lord Knollys). 1h45.
Après avoir vaincu les espagnols à Cadix, Robert Devereux, comte d'Essex, marche en triomphe vers Whitehall où l'attend la reine Elisabeth d'Angleterre. Mais cette dernière, que l'attitude trop guerrière du comte à rendue furieuse, l'humilie cruellement devant toute la cour. Outragé, alors qu'il fut l'amoureux de la reine, Essex va entrer avec elle dans une lutte suicidaire.
1939Four wives

Avec : Priscilla Lane (Ann Lemp Dietz), Rosemary Lane (Kay Lemp), Lola Lane (Thea Lemp Crowley), Gale Page (Emma Lemp Talbot), Claude Rains (Adam Lemp). 1h50.
1940La caravane héroïque
(Virginia City). Avec : avec : Errol Flynn (Kerry Bradford), Miriam Hopkins (Julie Adams), Randolph Scott (Vance Irby), Humphrey Bogart (John Murrell), Frank McHugh (Mr. Upjohn), Alan Hale (Moose Swenson), Guinn 'Big Boy' Williams (Marblehead), John Litel (Thomas A. Marshall), Douglass Dumbrille (Major Drewery). 1h58.
Une étoile de la danse, qui est en réalite une espionne sudiste, aide un colonel à voler un chargement d'or confié à un Yankee, lequel est son amant
1940L'aigle des mers 
(The sea hawk). Avec : Errol Flynn (Geoffrey Thorpe), Brenda Marshall (Dona Maria), Claude Rains (Don Jose). 2h06.
En l'an 1585, un conflit armé entre l'Espagne et l'Angleterre est imminent. Sur mer, la "Sainte-Eulalie" à bord de laquelle ont pris place de Cordoba et sa nièce Maria, est attaquée par "L'Albatros", bateau corsaire du capitaine Geoffrey Thorpe, qui écume les mers pour le compte d'Elizabeth...

1941Le vaisseau fantome
(The sea wolf). Avec : Edward G. Robinson (Wolf Larsen), John Garfield (George Leach), Ida Lupino (Ruth Webster), Alexander Knox (Humphrey van Weyden), Gene Lockhart (Dr. Prescott), Barry Fitzgerald (Cooky), Stanley C. Ridges (Johnson), Francis McDonald (Svenson). 1h40.
Par une nuit de brouillard, deux navires se percutent, un ferryboat et "le Fantôme" commandé par le Capitaine Wolf Larsen. Il fait monter à son bord un écrivain, Humphrey van Weyden et Ruth Webster, évadée de prison qu'il refuse ensuite de débarquer. Poussé à bout par sa cruauté, l'équipage décide de se révolter et se prépare à la mutinerie...

1942Casablanca 
(Casablanca). Avec : Humphrey Bogart (Rick Blaine), Ingrid Bergman (Ilsa), Paul Henreid (Victor Laszlo), Claude Rains (Capt. Renault). 1h42.
Casablanca, 1943. Une foule cosmopolite se presse chaque soir chez "Rick", le cabaret à la mode. La majorité de la clientèle est constituée de ceux qui fuient le joug nazi en Europe...
1943Mission à Moscou
(Mission to Moscow). Avec : Walter Huston (Joseph E. Davies), Ann Harding (Marjorie Davies), Oskar Homolka (Maxim Litvinov). 2h03.
En 1936, le président Franklin Roosevelt confie à son ami Joseph E. Davies le poste d'ambassadeur des Etats-Unis en URSS. Le haut fonctionnaire doit évaluer la position de la région et transmettre à son président des informations capitales sur son état...

1944Passage pour Marseille 
(Passage to Marseille). Avec : Humphrey Bogart (Matrac), Claude Rains (Capitaine Freycinet), Michèle Morgan (Paula), Philip Dorn (Renault), Sydney Greenstreet (Duval), Peter Lorre (Marius), George Tobias (Petit), Helmut Dantine (Garou), Victor Francen (Capitaine Malo), Vladimir Sokoloff (Grand-Père), Stephen Richards (Lieutenant Hastings), Hans Conried (Jourdain). 1h45.
Dans un bombardier, l'un des membres d'équipage raconte l'histoire, sous le règne de Vichy, de Jean Matrac, un journaliste français opposé au pacte de Munich qui veut à tout prix aller combattre les Allemands sur le sol français.

1945Le roman de Mildred Pierce 
(Mildred Pierce). Avec : Joan Crawford (Mildred Pierce Beragon), Jack Carson (Wally Fay), Zachary Scott (Monte Beragon). 1h51.
Apres le meurtre de son mari, Monte Beragon, Mildred Pierce est tenue de raconter son histoire à l’inspecteur Peterson qui l’interroge. Quelques années auparavant : Mildred est mariée à Bert Pierce, mais souffrant de la mauvaise situation financière de son mari et découvrant l’infidélité de ce dernier, elle décide de vivre seule avec ses deux filles...

1960Scandale à la cour
(A breath of scandal). Avec : Sophia Loren (Princesse Olympia), John Gavin (Charles Foster), Maurice Chevalier (Le père), Isabel Jeans (Princesse Eugénie), Angela Lansbury (Comtesse Lina), Tullio Carminati (Albert). 1h38.
1961Les Comancheros
(The Comancheros). Avec : John Wayne (Jake Cutter), Stuart Whitman (Paul Regret), Ina Balin (Pilar Graile). 1h47.
Paul Regret, flambeur et escroc, tue un homme en un duel illégal à la Nouvelle Orléans en 1843. Il s'enfuit alors au Texas, où le capitaine Jake Cutter l'arrête. En route pour la prison, Regret parvient à s'échapper. Rentré à sa base sans son prisonnier, Cutter apprend que les "Comancheros", de dangereux hors-la-loi, ont incité les indiens à attaquer. Cutter va retrouver Regret parmi les "Comancheros", mais les deux hommes ne vont pas s'affronter, ils vont unir leurs forces.

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>Dictionnaire du Cinéma

CURTIZ (Mihály Kertész, dit Michael)
cinéaste américain d'origine hongroise (Budapest 1888 - Los Angeles, Ca., 1962).

Celui qui, à la grande époque des studios, c'est-à-dire pendant les années 30, devait devenir, sous le nom de Michael Curtiz, le plus important réalisateur de la Warner, était un Magyar qui avait derrière lui une longue carrière européenne. Né dans la Budapest de la double monarchie, issu d'un milieu aisé, Mihály Kertész, féru de théâtre, devient comédien et metteur en scène, puis participe, dès 1912, aux débuts de l'industrie cinématographique austro-hongroise. Il se rend en Scandinavie pour apprendre la leçon de Stiller et Sjöström, qu'il retiendra dans tel film exaltant sa terre natale. Son activité n'est interrompue que brièvement par la guerre, pendant laquelle il est opérateur d'actualités. Parmi les films qu'il réalise en Hongrie (près de cinquante), outre une Peau de chagrin et une Veuve joyeuse, notons plusieurs adaptations de Molnar, dont une version de Liliom interrompue en 1919 lorsque Kertész quitte son pays : Béla Kun (qui, entre autres réformes révolutionnaires, a nationalisé l'industrie du cinéma) vient d'être renversé et la Hongrie livrée à la guerre civile. Il se rend alors à Vienne, où il se fait un nom comme auteur de films historiques à grand spectacle : le Sixième Commandement, l'Esclave reine, Samson et Dalila. Ce dernier film est produit par Sandor (Alexander) Korda, compatriote de Kertész qui allait devenir un grand producteur en Angleterre. En même temps, le succès de l'Esclave reine décide d'un nouveau tournant dans la carrière de Kertész : les frères Warner lui font des offres importantes, parce qu'ils pensent avoir trouvé le cinéaste capable de donner la réplique à De Mille et à ses productions Paramount.

En 1926 donc, Mihály Kertész se rend à Hollywood et devient Michael Curtiz. On lui confie bientôt la réalisation de la superproduction l'Arche de Noé qui doit à Intolérance de Griffith ou aux Dix Commandements de De Mille, auxquels elle emprunte la technique du parallèle narratif entre la fable et l'époque contemporaine. D'une manière qui peut sembler inattendue, Curtiz effectue la transition du muet au parlant sans difficulté. C'est ainsi que le musical Mammy (1930) met en scène Al Jolson dans son habituel rôle semi-autobiographique et vaut surtout par la description réaliste de la vie que mènent les ménestrels ambulants.

Curtiz travaillera exclusivement pour la Warner jusqu'en 1953, signant plus de quatre-vingts films appartenant aux genres les plus divers. Aussi son nom résume-t-il le paradoxe de tout un cinéma hollywoodien populaire : à la définition qui ferait de Curtiz un artisan compétent mais impersonnel s'oppose le succès durable de bon nombre de classiques, en particulier Capitaine Blood, les Aventures de Robin des Bois, l'Aigle des mers, Casablanca, le Roman de Mildred Pierce. Les œuvres qu'il a réalisées à la fin de sa carrière, après qu'il eut quitté la Warner, sont, semble-t-il, en général nettement inférieures à celles des années 30 et 40, même si l'on excepte un projet ambitieux (l'Égyptien, 1954) ou une charmante adaptation de la Cuisine des anges (1955). On pourrait donc avancer l'idée que le studio (Warner) a joué un rôle déterminant dans la réalisation même des films de Curtiz.

L'ambiguïté de son statut s'explique aussi par le fait que plusieurs de ses films les plus réussis (par ex. Capitaine Blood, l'Aigle des mers, Robin des Bois) appartiennent au genre, tenu pour mineur, de l'aventure. Leur intrigue met en jeu une dialectique de la loyauté et de la révolte. Le héros (chaque fois interprété par Errol Flynn) est un rebelle malgré lui. C'est sa loyauté profonde envers l'ordre des choses (supposé juste) qui fait de lui, en apparence, un rebelle, un révolutionnaire, dont le but est bien plutôt de restaurer une légitimité provisoirement menacée. Ce n'est pas un hasard si le capitaine Blood est médecin : dans le corps social et politique, le véritable trouble vient non des loyaux « rebelles » mais des usurpateurs : Jacques II (Capitaine Blood), les Espagnols (l'Aigle des mers), Jean sans Terre (Robin des Bois). Dans son combat, le héros est généralement aidé par une jeune femme apolitique (Olivia de Havilland dans Capitaine Blood et Robin des Bois), qui abandonne le parti des oppresseurs plus par amour pour le héros que par sens de la justice.

L'idéologie de ces films est elle-même ambiguë : conservatrice ou subversive ? En effet, s'il est vrai que l'autorité légitime, au bout du compte, est toujours rétablie, les images de libération et de rébellion peuvent avoir, sur le spectateur, plus d'impact que les affirmations d'obéissance, qui servent – paradoxe ! – d'argument à l'œuvre. On se souvient plus de Robin, défiant (de manière explicite et répétée) Jean sans Terre et Guy de Gisbourne, que de son allégeance (presque sous-entendue) envers le roi Richard.

De plus, les films de Curtiz exaltent la liberté, voire l'anarchie, mais sous une forme hautement rhétorique qui ne laisse rien au hasard. Montage, mouvements de caméra, symbolique des images, rythme de la narration, tout est contrôlé, voire prédéterminé (comme l'imposaient effectivement les conditions de production). Enfin, ce qui caractérise les méchants ajoute à leur ambiguïté, parce qu'ils ont une sorte de panache, de raffinement décadent : tels Basil Rathbone (Capitaine Blood, Robin des Bois), Claude Rains (Robin des Bois, l'Aigle des mers) ou, encore, Henry Daniell (l'Aigle des mers). De sorte qu'à bien des égards le style de Curtiz semble plus apte à rendre leurs maniérismes qu'à glorifier la liberté individuelle.


Le personnage du rebelle malgré lui est fondamental dans l'œuvre de Curtiz. C'est lui qu'interprète, dans un cadre contemporain, le Bogart de Casablanca et de Passage to Marseille (1944), film antinazi qu'il est possible de « lire » comme un film de pirates. Son succès jamais démenti, Casablanca le doit non seulement à ses interprètes (Bogart et Ingrid Bergman), mais aussi à son exotisme décoratif et à son inhabituel mélange d'idéalisme et de cynisme. La texture du film rappelle Sternberg : le lieu de l'action, l'architecture, les hachures d'ombre et de lumière évoquent Morocco, et le « Café américain de Rick » constitue, à l'instar de la maison de jeu de Shanghai, un microcosme : billets de banque, femmes et secrets y passent de main en main, et les personnages prisonniers y sont obsédés par le désir de fuir. Aux deux extrémités de la gamme psychologique s'opposent l'idéalisme le plus conventionnel, celui de Paul Henreid, et la méchanceté la plus caricaturale, celle de Conrad Veidt. Plus intéressants sont les personnages complexes : Bogart, l'idéaliste posant provisoirement au cynique ; Claude Rains, le réaliste, l'opportuniste, qui finira par poser à l'idéaliste. Mais le film d'aventures ne constitue pas le tout de la carrière américaine de Curtiz, qui passa sans difficulté apparente du réalisme à la fantaisie et inversement. Parmi les films réalistes, on peut citer Deux Mille Ans sous les verrous (1933), bon exemple du genre « social » caractéristique des années 30 et affectionné par la Warner. L'émotion y provient de l'irruption de Bette Davis et de son charme érotique dans l'univers entièrement mâle de la prison (auquel déjà faisait allusion Mammy), alors que dans les Anges aux figures sales elle surgit d'une différence « morale » : amis d'enfance, Pat O'Brien et James Cagney sont devenus l'un un prêtre dévoué aux gosses d'une « rue sans joie », l'autre un roi du colt. Dans Rêves de jeunesse (1938), c'est John Garfield qui est étranger, physiquement et psychologiquement, au monde douillet des sœurs Lane et de Gail Page. C'est précisément l'introduction du rebelle Garfield dans un milieu sentimental qui fait le prix de Rêves de jeunesse et de sa suite Filles courageuses (1939). Poète, baladin du monde occidental, il n'est pas à sa place dans un monde prosaïque et corrompu.CURTIZ (Mihály Kertész, dit Michael) (suite)
Toujours dans la veine réaliste, le Roman de Mildred Pierce, un des plus célèbres films noirs des années 40, déroule, entre une énigme criminelle et son élucidation, deux longs flash-back qui décrivent l'ascension économique et sociale de Joan Crawford tiraillée entre la vulgarité de Jack Carson et l'élégance décadente de Zachary Scott, aristocrate mexicain.

Chez Curtiz, la fantaisie est représentée par divers films historiques qui prennent avec l'histoire des libertés nombreuses, par exemple la Charge de la brigade légère (1936), qui héroïse un épisode de la guerre de Crimée, la Piste de Santa Fé (1940), qui vaut par une brillante distribution : Raymond Massey y est le prédicateur John Brown, Errol Flynn, un officier sudiste, et Ronald Reagan, George Custer, ou encore la Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre avec Bette Davis et Errol Flynn.

Curtiz a encore réalisé d'importants films d'horreur, qui permettent de poser la question de sa dette envers l'Europe centrale. Ainsi Masques de cire (1933) apparaît-il comme un hybride de l'expressionnisme allemand et de la comédie américaine. Les décors d'Anton Grot, les ombres expressionnistes, les figures de cire (Jeanne d'Arc ou Marie-Antoinette) qui périssent pour la seconde fois dans un incendie, le sculpteur fou, les mouvements de caméra dignes de Lubitsch ou d'Ophuls, tous ces éléments sont « européens ». « Américains », en revanche, l'érotisme soyeux et innocent de Fay Wray et Glenda Farrell, aux teintes pastel de Technicolor, l'échange de mots d'esprit entre Glenda Farrell (journaliste) et son rédacteur en chef Frank McHugh. On pourrait même penser que Masques de cire dramatise le destin des artistes européens expatriés en Amérique, comme Curtiz lui-même (le sculpteur transfère son musée de cire d'Europe en Amérique, après l'incendie qui l'a détruit) et voir dans cette catastrophe le symbole de la Première Guerre mondiale, où sombra la double monarchie.

En dernière analyse cependant, il faut se rappeler que Curtiz ne contrôlait pas le choix de ses sujets, et conclure, sous réserve d'inventaire, que sa dette européenne est plus technique que thématique. Son style doit beaucoup au cinéma allemand des années 20. Les ombres et l'architecture expressionnistes apparaissent non seulement dans Masques de cire, mais aussi pour embellir les duels (réglés comme des ballets) qui concluent Robin des Bois et l'Aigle des mers. La même technique servira encore à mettre en relief le décor d'un meurtre (Mildred Pierce). Robin des Bois est émaillé de gestes et d'effets de montage métaphoriques composant une rhétorique visuelle qui est toujours une rhétorique narrative, destinée à rendre le récit plus rapide et plus attrayant à la fois, plus efficace. Curtiz, in fine, apparaît bien comme le maître d'un certain cinéma d'évasion, dont l'efficacité, toutefois, n'implique pas nécessairement une quelconque naïveté.

Films :
(...) 1942) ; la Parade de la gloire (Yankee Doodle Dandy, id.) ; Casablanca (id., 1943) ; Mission to Moscow (id.) ; This Is the Army (id.) ; Passage to Marseille (1944) ; Janie (id.) ; Roughly Speaking (1945) ; le Roman de Mildred Pierce (Mildred Pierce, id.) ; Nuit et Jour (Night and Day, 1946) ; Mon père et nous (Life With Father, 1947) ; Le crime était presque parfait (The Unsuspected, id.) ; Romance à Rio (Romance on the High Seas, 1948) ; Il y a de l'amour dans l'air (My Dream Is Yours, 1949) ; Boulevard des passions (Flamingo Road, id.) ; The Lady Takes a Sailor (id.) ; la Femme aux chimères (Young Man With a Horn, 1950) ; le Roi du tabac (Bright Leaf, id.) ; Trafic en haute mer (The Breaking Point, id.) ; le Chevalier du stade (Jim Thorpe-All American, 1951) ; les Amants de l'enfer (Force of Arms, id.) ; la Femme de mes rêves (I'll See You in My Dreams, 1952) ; The Story of Will Rogers (id.) ; le Chanteur de jazz (The Jazz Singer, 1953) ; Un homme pas comme les autres (Trouble Along the Way, id.) ; l'Homme des plaines (The Boy From Oklahoma, 1954) ; l'Égyptien (The Egyptian, id.) ; Noël blanc (White Christmas, id.) ; la Cuisine des anges (We're No Angels, 1955) ; Énigme policière (The Scarlet Hour, 1956) ; le Roi des vagabonds (The Vagabond King, id.) ; The Best Things in Life Are Free (id.) ; Pour elle, un seul homme (The Helen Morgan Story, 1957) ; le Fier Rebelle (The Proud Rebel, 1958) ; Bagarres au King Creole (King Creole, id.) ; l'Homme dans le filet (The Man in the Net, 1959) ; le Bourreau du Nevada (The Hangman, id.) ; les Aventuriers du fleuve (The Adventures of Huckleberry Finn, 1960) ; Un scandale à la Cour (A Breath of Scandal, id.) ; François d'Assise (Francis of Assisi, 1961) ; les Comancheros (The Comancheros, id.).



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CASABLANCA

CLASSIQUE

UN PHARE DE L’ÂGE D’OR.

À Casablanca, pendant la Seconde Guerre mondiale, le night-club le plus couru de la ville est tenu par Rick Blaine, un Américain en exil. Mais l’établissement sert également de refuge à ceux qui voudraient se procurer les papiers nécessaires pour quitter le pays. Lorsque Rick voit débarquer un soir le dissident politique Victor Laszlo et son épouse Ilsa, quelle n’est pas sa surprise de retrouver dans ces circonstances le grand amour de sa vie…

Émettre une opinion mitigée sur Casablanca, même en 2016, reste très compliquée. Pas forcément parce qu’il est indéniablement difficile de juger une œuvre qui a 70 ans, mais surtout parce que Casablanca est considéré par beaucoup comme un chef d’œuvre : troisième meilleur film de tous les temps selon l’American Film Institute, meilleur scénario de tous les temps pour la Writers Guild of America en 2006, une « anthologie » de l’Hollywood classique pour Umberto Eco..… De quoi se sentir légèrement embêté quand un tel film laisse circonspect.
Oui, Casablanca est un beau film, inutile de le nier. La photographie est superbe, As Time Goes By est magnifique et émeut la première fois qu’on l’entend et la mise en scène de Michael Curtiz est très efficace, n’hésitant pas à jouer avec la lumière (Ingrid Bergman qui arrive dans un halo lumineux en pleine nuit alors qu’Humphrey Bogart déprime une bouteille à la main) ou les formes (le triangle de la fin notamment) pour donner du poids à son histoire, et les cent minutes du film passent en un clin d’œil. On retrouve donc ici toute la maîtrise du roi du cinéma d’aventure des années 1930 qui a fait sa renommée à l’internationale. Le couple formé par Bogart et Bergman (Rick Blaine/Ilsa Lund) a de la gueule, même si le pauvre Paul Henreid (Victor Laszlo) est relégué à un rôle secondaire alors qu’il est tout de même censé jouer l’époux d’Ingrid Bergman (épouse qu’il n’embrasse jamais alors que Bogart a le droit à deux baisers passionnés), et revoir Peter Lorre est toujours un plaisir, même si on ne le voit que cinq minutes au tout début.
Malgré tout cela, Casablanca n’a pas suscité l’adoration escomptée. Juste un intérêt poli qui peut se muer en ennui quand l’action peine à décoller du café américain de Rick Blaine où elle semble parfois prendre racine. Tout est carré et semble réfléchi pour émouvoir à tel ou tel moment. Mieux vaut une œuvre de cette qualité qu’un navet ; mais à part quelques moments de grâce, qui apparaissent généralement dès qu’Ingrid Bergman est devant la caméra, le film reste plutôt lisse et calibré. C’est ce qui le rend difficile à juger et à critiquer négativement : objectivement c’est un bon film et son statut de classique n’est pas usurpé. Mais il est un peu trop propre sur lui pour vraiment emballer un amateur de films plus clivant et ambitieux.
Ce côté propre sur lui est directement lié à la vision romantique de la guerre que met en scène Casablanca. Une guerre où un résistant qui s’est échappé d’un camp de concentration peut se poser tranquillement dans un bar où est installé un commandant nazi sans être immédiatement arrêté. Une guerre où les nazis sont d’ailleurs des méchants bien idiots, où les français ne sont que des suiveurs qui, cocorico, savent choisir le bon camp au final et où le cynisme et l’isolationnisme tout américain de Rick Blaine est battu en brèche par l’idéalisme et la pugnacité européenne (et idéalisée) de Victor Laszlo. Pas de quoi être surpris par cela, car comme d’autres œuvres américaines sorties durant la guerre (Le DictateurJeux Dangereux), Casablanca dénonce le nazisme ; mais là où il diffère des deux films cités, c’est qu’il met aussi en scène l’isolationnisme américain pré-1941 en la personne de Rick Blaine donc, qui ne veut pas prendre parti dans le cas Laszlo jusqu’à la toute fin. Le film agit comme une parabole des États-Unis de 1939 à l’attaque de Pearl Harbor, mais il manque de profondeur et de subtilité et ne parvient pas à trouver la force dramatique du Dictateur ou la verve cinglante de Lubitsch sur Jeux Dangereux.
Alors pourquoi Casablanca a-t-il acquis le statut de chef d’œuvre ? Sans doute par son romantisme voulu par Curtiz, mais aussi parce qu’il synthétise finalement une bonne partie du cinéma de l’âge d’or d’Hollywood. Une sorte de référence qui fait office de phare dans le cinéma. Et même si on ne l’apprécie pas follement, force est de reconnaitre que Casablanca est un phare solide qui brillera encore longtemps.


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