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Samuel Douhaire, Publié le 29/11/2019
Silence (film japonais, 1971)
Titre original | 沈黙 Chinmoku |
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Réalisation | Masahiro Shinoda |
Scénario | Shūsaku Endō Masahiro Shinoda |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Tōhō |
Pays d’origine | Japon |
Genre | drame |
Durée | 130 minutes |
Sortie | 1971 |
Silence (沈黙, Chinmoku ) est un film japonais réalisé par Masahiro Shinoda, sorti en 1971. Il est basé sur le roman homonyme (Silence) de Shūsaku Endō qui en a écrit lui-même le scénario.
Synopsis
Au XVIIe siècle, alors que le christianisme est banni au Japon et les chrétiens sévèrement persécutés, deux missionnaires jésuites portugais parviennent à entrer dans le pays pour apporter un soutien morale et religieux aux catholiques et surtout retrouver et faire revenir à la foi chrétienne le père Ferreira, ancien jésuite qui, sous la torture, a apostasié.
Les deux missionnaires portugais sont arrêtés après quelque temps et, raffinement de cruauté, ne sont pas eux-mêmes torturés mais doivent assister à la torture que subissent leurs fidèles catholiques. C’est moralement et religieusement insupportable et les missionnaires s’interrogent sur le ‘silence de Dieu’ dans une telle situation.
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Silence (roman écrit en 1966 par Shūsaku Endō)
Silence | |
Auteur | Shūsaku Endō |
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Pays | Japon |
Préface | William Johnson |
Genre | Roman historique |
Version originale | |
Langue | japonaise |
Titre | 沈黙 ou Chinmoku' |
Lieu de parution | Tokyo |
Date de parution | 1966 |
Silence (en japonais 沈黙 ou Chinmoku) est un roman historique, écrit en 1966 par Shūsaku Endō, écrivain catholique japonais. Sous forme littéraire de journal personnel et lettre envoyée en Europe, il illustre le drame de conscience vécu par des missionnaires jésuites au Japon du xviie siècle qui, lors des graves persécutions antichrétiennes, sont contraints d’être témoins des tortures infligées à leurs ouailles. Explorant le thème du ‘silence de Dieu’ au milieu de la souffrance subie en son nom, le roman obtint le prix Tanizaki en 1966. Il est considéré comme le chef-d’œuvre de Shūsaku Endō.
Cadre historique et intrigue
Au xviie siècle, après un mouvement de conversions au christianisme, la jeune Église japonaise entre dans une ère de graves persécutions. La persécution des chrétiens et de leurs prêtres (la plupart étrangers) est sévère ; les tortures infligées pour obtenir le reniement de la foi chrétienne sont raffinées et atroces, particulièrement celle du tsurushi. Deux jésuites missionnaires portugais, malgré les graves dangers qui les attendent, se rendent au Japon pour y soutenir les chrétiens et enquêter sur le cas d’un missionnaire qui, succombant aux tortures, finit par abjurer la foi chrétienne. Ils y arrivent mais sont bientôt découverts et emprisonnés.
La moitié du roman est le ‘journal personnel’ tenu par le jeune missionnaire récemment arrivé, Sébastien Rodrigues1, tandis que l'autre moitié est écrit à la troisième personne, et consiste en lettres des autres associés au récit narratif. Le roman raconte les procès des chrétiens et les difficultés croissantes subies par Rodrigues.
Sébastien Rodrigues et son compagnon, le père François Garpe arrivent au Japon en 1638. La population chrétienne y vit dans la clandestinité. Pour dénicher les chrétiens cachés, les policiers forcent ceux qu’ils soupçonnent de l'être à piétiner une image du Christ (l'épreuve du fumi-e). Ceux qui refusent sont emprisonnés et torturés à mort.
Rodrigues et Garpe ne sont pas en mesure de poursuivre longtemps leur ministère pastoral. Bientôt arrêtés ils sont contraints à être témoins de la mort lente et cruelle de chrétiens japonais refusant d’abandonner leur foi chrétienne. Il n'y a pas de gloire dans ces martyres, pense maintenant Rodrigues au contraire de ce qu’il avait imaginé, mais seulement brutalité et cruauté.
Avant l'arrivée de Rodrigues, les autorités avaient tenté de forcer les prêtres de renoncer à leur foi en les torturant. Le succès obtenu avec le père Ferreira2 qui apostasia, cédant sous la torture et devenant même leur allié, les fait changer de stratégie. Ils forcent les prêtres à regarder les tortures et tourments infligés à leurs chrétiens leur faisant comprendre qu’ils en sont responsables et qu’il leur suffit de renoncer à la foi pour mettre fin à la souffrance de leurs ouailles.
Dans son journal intime Rodrigues décrit ses combats et débats intérieurs. Il comprend que l’on puisse accepter de souffrir pour le bien de sa propre foi. Mais refuser une abjuration lui semble être égocentrique et impitoyable, si cette rétractation peut mettre fin à la souffrance d’un autre.
À un moment paroxystique de l’action, Rodrigues entend les gémissements de ceux qui ont abjuré, mais doivent rester dans le puits de torture jusqu'à ce que lui-même bafoue l'image du Christ. Alors que le regard de Rodrigues se porte sur l’image du Christ, prête pour le fumi-e, celui-ci rompt son silence et Rodrigues entend : « Piétine ! Piétine ! Mieux que quiconque je connais la souffrance. Piétine ! C’est pour être piétiné par les hommes que je suis venu au monde ! C’est pour partager la douleur des hommes que j’ai porté ma croix ! » Rodrigues s’exécute et les chrétiens sont libérés.
Réception
Le roman fut un grand succès en librairie. Au Japon, il reçut le prix Tanizaki, - un important prix littéraire japonais - comme étant le meilleur roman de l’année 1966, et fut souvent l’objet d’analyses critiques. La représentation d’un Dieu qui souffre avec l’homme au lieu de supprimer la souffrance, interpelle la culture japonaise. Endō, dans son livre Une vie de Jésus, affirme que la culture japonaise s’identifie volontiers avec Celui qui « souffre avec nous » et qui ne tient pas compte de nos faiblesses... « J'ai essayé, non pas tellement de raconter un Dieu-Père, image qui a tendance à caractériser le christianisme, mais plutôt de représenter l'aspect maternel et bienveillant de Dieu révélé dans la personne de Jésus ».
Silence ne fut pas immédiatement un succès auprès des Japonais catholiques, certains d'entre-eux en furent d'ailleurs parmi les critiques les plus virulents. Effectivement, la popularité du roman d'Endō naquit d'abord parmi les lecteurs de gauche qui y voyait un parallèle avec les marxistes japonais des années 1930, persécutés comme les chrétiens du xviie siècle3,4.
Adaptations
- Le film Silence (1971) de Masahiro Shinoda est une adaptation du roman.
- Le compositeur et poète Teizō Matsumura écrivit la musique et la partie lyrique d’un opéra (du même titre) qui fut mis en scène au Théâtre national de Tokyo en 2000.
- Le roman inspira la symphonie No 3 (Silence) composée (2002) par le musicien écossais James MacMillan
- En 2007, le réalisateur américain Martin Scorsese annonça son intention de porter le roman à l’écran. Le projet prend du retard et le film Silence sort finalement le sur les écrans français. ===============================================================
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catholicisme_au_Japon
Catholicisme au Japon
Le catholicisme est une confession présente au Japon depuis le xvie siècle. L'Église catholique au Japon est formée de diocèses en communion avec l'Église catholique universelle se trouvant sous la conduite spirituelle du pape, évêque de Rome.
Le christianisme est introduit dans les îles du Japon par les missionnaires jésuites, en particulier saint François Xavier qui débarque en 1549.
Histoire
Les premières activités missionnaires lancées par les jésuites, dont François-Xavier, débutent en 1549. ils sont rejoints par les Ordres mendiants espagnols. Pendant la trentaine d'années qui suit la mort de François-Xavier, le christianisme se développe dans la région de Kyushu doucement mais sans heurts1. Les catholiques portugais ont également fondé la ville de Nagasaki, considérée comme le centre chrétien le plus important en Extrême-Orient. L'archidiocèse de Nagasaki est historiquement le plus important du pays2'3.
Le shogun Toyotomi Hideyoshi décide l'expulsion du pays des missionnaires en 1587, car il perçoit l'influence des jésuites, mais surtout des franciscains, comme une menace pour son pouvoir personnel. Toutefois, pour des raisons d'ordre économique ce décret est peu appliqué4.
Un premier diocèse - le tout premier d'Extrême-Orient - est toutefois créé à Funai (aujourd'hui Oita) en 1588. Mais bientôt une violente opposition s'élève. Le 5 février 1597, 26 catholiques sont crucifiés à Nagasaki, et en 1614, le shogunat Tokugawa interdit le christianisme : les missionnaires sont expulsés. En 1624, les Espagnols sont tous expulsés. En 1637-1638 la rébellion chrétienne de Shimabara est réprimée par le massacre des insurgés, et suivie de l'expulsion des Portugais du Japon. Le pays est fermé entre 1641 et 1853 : aucun étranger ne peut entrer, ni aucun Japonais ne peut sortir sous peine de mort.
Chrétiens cachés
Kakure kirishitan (隠れキリシタン , japonais pour « chrétiens cachés ») est un terme moderne pour désigner un membre de l'Église catholique japonaise de l'époque d'Edo qui entre dans la clandestinité après la rébellion de Shimabara dans les années 16306,7.
Environ 30 000 chrétiens cachés8, dont certains ont adopté ces nouvelles façons de pratiquer le christianisme, sortent de cachette quand la liberté religieuse est rétablie en 1873 après la restauration de Meiji. Les kakure kirishitan sont alors appelés mukashi kirishitan (昔キリシタン ), c'est-à-dire « anciens » chrétiens, et émergent non seulement des zones traditionnelles chrétiennes de Kyushu, mais aussi d'autres régions rurales du Japon6.
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