miercuri, 21 august 2024

Un soir, un train

 

Un soir, un train Broché – Grand livre, 16 février 2003


Le sommeil gagne un compartiment, un wagon, un train entier. Que signifie cet étrange phénomène ? Le narrateur se trouvera deux compagnons, un aîné et un cadet, pour vivre une aventure dont la dimension prendra, au-delà d'un symbolisme évident, un sens métaphysique. L'univers de Daisne est à double fond. En surface, la réalité quotidienne, banale, qu'il perçoit avec une fidélité scrupuleuse. Daisne a le regard sans faille du vrai romancier. Rien ne lui échappe, tout est consigné de ce que le monde offre en spectacle. Mais, justement, cette réalité immédiate n'est, pour Daisne, qu'un spectacle. Il y a, derrière tout cela, les coulisses, une réalité seconde, une machinerie dérobée au témoin distrait, une magie. Proche des romantiques allemands et des romanciers d'aventure anglais, admirateur sans réserve de Pierre Benoît, autour duquel il a construit un roman se déroulant pour une grande part dans le Pays basque, Johan Daisne, qui s'éteignit à Gand en 1978, appartenait à la lignée des conteurs purs, des princes de l'imaginaire.

Marcel Brion (Préfacier, etc.)Maddy Buysse (Traducteur)

108 pages

Complexe (16/02/2003)



Autor: Johan Daisne 
Titlu: Scara de nori si de piatra
Editura: Univers 
Colectia: Romanul Secolului XX 
An de aparitie: 1989


Johan Daisne

Johan Daisne
Biographie
NaissanceVoir et modifier les données sur Wikidata
GandVoir et modifier les données sur Wikidata
DécèsVoir et modifier les données sur Wikidata (à 65 ans)
GandVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Herman ThieryVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Herman ThieryVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Michel Thiéry (d)Voir et modifier les données sur Wikidata



Johan Daisne, de son vrai nom Herman Thiery, est un écrivain flamand, né le 2 septembre 1912 à Gand et mort dans cette même ville le 9 août 1978.

Biographie[modifier | modifier le code]
Il amorce des études d'économie et de langues slaves à l'université de Gand en 1930. Il obtient un diplôme de docteur en sciences commerciales en 1936, l'année même de la publication de son premier recueil poétique intitulé Verzen. Il fait paraître son premier récit, Gojim, en 1939.

Nommé bibliothécaire en chef de la ville de Gand en 1945, il poursuit sa carrière littéraire qu'il avait interrompu pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1948, il fait paraître son roman le plus connu L'Homme au crâne rasé (De man die zijn haar kort liet knippen) et, en 1950, le court roman Un soir, un train (De trein der traagheid). Ces deux titres seront adaptés au cinéma dans les années 1960 par André Delvaux.

En 1957 paraît Lago Maggiore et, en 1971, un imposant Dictionnaire filmographique de la littérature mondiale (Filmografisch lexicon der wereldliteratuur), dont il est le maître d'œuvre et qui témoigne de sa passion pour le cinéma.

Il est l'auteur d'une œuvre considérable : neuf romans, soixante récits et nouvelles, quelques pièces de théâtre, vingt recueils de poésie, vingt ouvrages consacrés au cinéma et environ vingt autres publications incluant des reportages, des essais, une étude sur l'écrivain français Pierre Benoit et une histoire de la littérature russe.

Il a été récompensé plusieurs fois par des prix internationaux.

Il est également un théoricien et un des principaux représentants, avec Hubert Lampo, du réalisme magique.






Delvaux, Paul - La solitude - 1955 |





                                © Paul Delvaux, La gare forestière, 11 - 1960, 
                                                                                                                                                                         Saint-Idesbald, Fondation Paul Delvaux









19 août 2009

Un Soir, Un Train d'André Delvaux - 1968

untitledSur les conseils de l'ami Patience, décidément bien affûté, un petit André Delvaux. Pour cette fois, respects. Un Soir, Un Train est un film super intrigant, qui manie une sorte de réalisme fantastique d'un très bel effet. On ne s'attend pas, dans les tristounes premières minutes, à tomber sur un essai à la Kafka : un couple de bourgeois, lui prof de linguistique, elle costumière pour le théâtre, se dispute. Le souci : elle se sent seule, abandonnée dans un pays qui n'est pas le sien (la Belgique) habité par des problèmes qui ne sont pas les siens (les batailles entre flamands et francophones). Il faut dire que l'homme (Yves Montand, un peu en-dessous) est particulièrement indifférent aux problèmes de sa femme (Anouck Aimée, très belle). On suit ça avec un certain ennui, persuadé qu'on va avoir droit à un film psychologique plein de symboles, une sorte de Bergman belge raté. Assez mal monté, trop explicatif dans ses dialogues, cette première partie fait redouter le pire.

Montand monte alors dans un train pour aller donner une conférence on ne sait où. Aimée le suit pour se réconcilier, et les deux tourtereaux s'endorment. C'est alors que le film prend un virage radical, plongeant brusquement ses personnages dans un fantastique étrange. On avait déjà eu des indices lors de la partie "réaliste", avec ces miroirs qui ne renvoient aucun reflet, avec ce comportement légèrement déviant de Montand lors de la scène de dîner. Mais là, l'angoisse et le décalage envahissent très clairement l'écran, et on se retrouve dans une atmosphère qui doit autant à Magritte (pour rester dans les Belges) qu'à Twilight Zone. Si le mot "surréaliste" est parfois dévoyé dans ce blog (eheh), il s'impose ici : la réalité n'est que légèrement triturée, légèrement décalée,  pour créer un ailleurs onirique inquiétant. Montand, accompagné de deux hommes tombés de nulle part, erre dans un no man's land boueux et froid, abandonné de tous. Quand les trois compagnons se retrouvent dans un village, c'est pour se rendre compte que la communication n'est pas possible, que la langue est inconnue.

vlcsnap_2009_08_19_13h39m54s179On ne sait pas où Delvaux veut nous emmener, et c'est là la principale qualité du film. Il nous fait toucher la texture de l'inconscient tout en restant dans le "probable", sans tomber dans le fantastique pur. Le monde décrit est celui intérieur de Montand, fait de souvenirs, de frustrations, de non-dits, de fantasmes, mélange d'ambiance "cabaret allemand" (le gars évoque son passé de militaire pendant la guerre) et de désespoir glacé, de pulsion sexuelle et de frustration. Tout tourne, en tout cas, autour de l'incommunicabilité, et de cette scène inaugurale de dispute amoureuse. On comprendra sur la fin le pourquoi de ce bizarre maelström... Il y a là-dedans des tas d'idées vraiment originales, avec comme point d'orgue une scène de danse en duo qui fait froid dans le dos. Delvaux maîtrise brillamment ses rythmes, sachant étirer certaines scènes a priori banales pour mieux monter brusquement une scène forte et effrayante. Eminemment belge dans son atmosphère, même si ça ne veut pas dire grand chose d'autre que "étrange", son film est touchant et intelligent, et sait nous caresser dans le mauvais sens du poil. Je n'en demandais pas plus. Un moment unique, en tout cas.


Un soir, un train est un film franco-belge d'André Delvaux sorti en 1968, d'après la nouvelle de Johan DaisneDe Trein der traagheid (1950)1.

Le film a pour thème l'incommunicabilité, mais traitée sur le mode du réalisme magique et sur fond de conflit linguistique belge.

Durant l'hiver 1967-1968, Mathias est professeur de linguistique dans une université flamande qui pourrait être celle de Louvain (des allusions précises à l'Affaire de Louvain sont données au début, lorsque le professeur est confronté à une grève d'étudiants partis manifester contre la présence de francophones dans cette université). Il vit avec Anne, une Française mal à l'aise dans ce pays dont elle ne partage pas la culture, bien qu'elle s'efforce d'y participer avec bonne volonté, en travaillant comme décoratrice de théâtre pour une pièce de la Renaissance, Elckerlijc, que Mathias a adapté. Leur vie commune, minée d'incompréhensions rentrées, se ressent de ce malaise.

Un après-midi, Mathias prend le train (à la gare d'Anvers) pour aller donner une conférence dans une autre ville. Il a la surprise de voir Anne le rejoindre dans son compartiment, apparemment pour tenter une réconciliation. Mais la présence d'autres passagers les retient de se parler. Mathias s’assoupit, et se réveille alors que le train s'est arrêté au crépuscule en pleine campagne. Anne a disparu. Mathias descend le long de la voie, retrouve deux connaissances. Le train repart brusquement, abandonnant les trois hommes dans un univers totalement incompréhensible, où ils tentent vainement de se conduire de façon rationnelle.

Fiche technique

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Distribution

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Les scènes en intérieur sont tournées aux studios de Billancourt en France. Les prises de vue en extérieur sont réalisées dans les rues d'Anvers et les plaines alentour de la province d'Anvers3 ainsi qu'à l'abbaye de Parc à Heverlee (Brabant flamand), à l'église Saint-Donat et rues d'Arlon (province de Luxembourg) en Belgique4. Des scènes sont également tournées à Londres dans le quartier Rotherhithe, notamment au Angel Pub.

U comme Un soir, un train

L'Abécédaire | 

Où l'on s'intéresse à Un soir, un train, un film du cinéaste belge André Delvaux, qui transporte (en train naturellement) un professeur de linguistique dans une contrée dont il ne comprend pas la langue…

Un soir, un train, André Delvaux (1968). Couleurs, 91 minutes.

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Mathias Bremen (Yves Montand) est professeur de linguistique dans une université belge, situé en Flandres. Lorsque débute le film, Mathias voit son cours abrégé : les étudiants flamands manifestent contre la présence de francophones dans leur université. Se sentant peu concerné par ces événements, le professeur en profite pour rentrer plus tôt chez lui, et passe chercher sa compagne, Anne (Anouk Aimé), au théâtre, où elle travaille comme décoratrice. Mathias a une conférence prévue en soirée : en attendant de prendre le train, il se promène avec Anne. Celle-ci veut l’accompagner, Mathias tente de l’en décourager, mais n’y parvient pas.

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Jusqu’ici, tout va bien.

Bercé par le train qui traverse un paysage enneigé, Mathias s’assoupit bientôt. C’est le ralentissement du convoi qui le tire de sa torpeur. Constatant qu’Anne n’est plus dans le compartiment, il part à sa recherche, et croise dans le couloir le professeur Hernhutter, une vieille connaissance. Lorsque le train s’arrête totalement en pleine cambrousse, les deux enseignants descendent et rejoignent sur le bas-côté Val, un ancien étudiant de Mathias. Tous trois ont l’intention de gagner la locomotive, mais le train part soudain. Voilà les trois hommes abandonnés dans ce coin de campagne, loin de tout… La nuit tombe…

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Plus tard, ils atteindront un village, peuplé de gens fuyants et parlant une langue incompréhensible… Comment procéder pour se faire comprendre ? Pour rentrer chez soi ?

vol1-u-roman-vo.jpgUn soir, un train est l’adaptation du roman éponyme de l’écrivain belge Johan Daisne (1912-1978), représentant du réalisme magique wallon. Deux de ses romans ont portés à l’écran : d’abord L’Homme au crâne rasé (1948) puis Un soir, un train (1948), tous deux précisément par André Delvaux, en 1965 pour le premier roman, 1968 pour le second.

vol1-u-roman-vf.jpgSous ses atours de film fantastique, Un soir, un train traite de l’incommunicabilité entre les êtres – y compris et surtout au sein d’un couple. Les scènes figurant Mathias et Anne ensemble sont significatives : l’un et l’autre monologuent, chacun de son côté, et lorsqu’ils dialoguent enfin, ils peinent à se comprendre. Le lieu de l’action n’est pas non plus anodin : la Belgique, divisée en deux par une frontière linguistique, où (pour autant que je sache) Wallons et Flamands ne font pas forcément l’effort d’apprendre la langue de l’autre. Quant au dernier quart du film, se déroulant dans cette ville étrange où les gens ont un comportement aussi incompréhensible que leur langue, il préfigure très fortement Épépé (1970), roman de Ferenc Karinthy racontant les déboires d’un linguiste dans une ville inconnue peuplée de gens dont la langue défie toutes ses tentatives de compréhension (au demeurant, le roman est excellent et a récemment bénéficié d’une réédition chez Zulma : lisez-le !).

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Dès le générique et sa chanson hantée, un sentiment de tristesse va imprégner le film. Une ambiance accrue par le visage mélancolique d’Anouk Aimé et l’air de chien battu d’Yves Montand, ainsi que par les paysages hivernaux traversés par le train. On pourrait se trouver aussi bien en Belgique qu’aux confins des steppes asiatiques, comme le commente le professeur Hernhutter à ce sujet.

Baignant dans une atmosphère de réalisme magique, Un soir, un train retombe cependant sur ses pieds dans ses dernières scènes. Les événements étranges vécus par Mathias depuis sa descente du train trouvent un sens. De fait, un indice sur le dénouement est donné en cours de film, mais peut passer inaperçu aux yeux du spectateur inattentif (que j’étais lors de ma première vision). Un dénouement qui ne surprendra pas les amateurs de littérature fantastique et de nouvelles à chute, mais l’intérêt ne se situe pas là : ce n’est pas un film de M. Night Shyamalan… Par ailleurs, la scène se déroulant au théâtre d’Anne, où Mathias fait une remarque sur la nature du texte joué (Elckerlijc, pièce en vieux néerlandais datant de la Renaissance, où la Mort, sur ordre divin, fait voyager un monsieur tout-le-monde) s’avère elle aussi porteuse d’un sens métaphorique. L'ensemble acquiert une dimension tragique qui achève de rendre le film inoubliable.

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Une remarque annexe : la copie du film que je me suis procurée est un fichier .avi très probablement créé à partir du repiquage d’un enregistrement VHS, lors d’une diffusion du film à la télévision, du temps où les magnétoscopes existaient. Est-ce dû à la diffusion ou à la cassette ? L’image vidéo y prend des airs de palimpseste, avec d’autres images apparaissant en transparence : des pages de livre, une publicité pour Panzani… Ces images rémanentes intervenaient de manière judicieuse par moment (souvent non), et laissaient l’impression d’une autre réalité, sous-jacente et inaccessible, effet non dénué d’à-propos quant au twist final d’Un soir, un train.

Introuvable : quasi (du moins en DVD ; en streaming en revanche…)
Irregardable : non
Inoubliable : oui


Un soir, un train (André Delvaux, 1968)

 « Je suis mort » ne peut se dire que dans une langue toute autre, intraduisible

Chanson du générique : La fleur de l’été, en chardon à l’automne, givrée en hiver, refleurit au printemps. L’amour ébloui, de l’été en automne, se fane et se fige, au gel blanc de l’hiver (bis). 

Le film commence dans une maison de retraite. Mathias Bremen1 rend visite à sa mère qui lui reproche, en français, d’avoir refusé, un jour de son enfance, d’aller au cinéma avec elle. Elle lui fait des recommandations : il faut entretenir la tombe pour la Toussaint (il s’agit de la tombe de son père). Elle a préparé un cadeau pour Anne, la compagne de Mathias2 : un objet qui ressemble à une pomme. Le couple n’a pas d’enfants (pas encore, dit-elle). Puis Mathias arrive à l’université où un étudiant lui parle flamand. Il commence un cours de linguistique en français devant un amphithéâtre quasiment vide. On lui annonce une grève des étudiants flamands qui l’oblige à interrompre son cours. Il sort de l’amphi. La question de la mort est introduite par le biais d’une traduction en français d’une pièce de théâtre, proposée par une étudiante : « Dieu dit : où es-tu ma mort qui n’épargne personne, apparais, écoute ce que je t’ordonne. Va chercher Elckerlyc et dis-lui qu’il doit faire le pèlerinage dont personne ne revient, et qu’il me fasse ses comptes sans délai. Voilà ce que j’ordonne »

Mathias se rend au théâtre où un metteur en scène de ses amis est en train de monter la pièce dont la scène est extraite. Il y retrouve Anne, qui est chargée de réaliser les costumes. La pièce elle-même n’est pas traduite, elle est en flamand , mais dans le film d’André Delvaux, on ne parle que français. « Je crois que nous avons découvert quelque chose » dit le metteur en scène : « Elckerlyc ne parle pas à la mort, il parle au-delà de la mort, comme si elle était invisible. En fin de compte ce n’est qu’un énorme monologue de Elckerlyc avec Elckerlyc. » . Mathias acquiesce sur un ton professoral : « Évidemment, toute la pièce est un monologue. Elckerlyc sait qu’il monologue avec lui-même. Il est donc plus fort que la mort, plus fort que Dieu, puisqu’il accepte de jouer le jeu. Mais il est seul. Donc son dialogue avec la mort, c’est l’écran entre le soi et le moi ». Anne ajoute : « les personnages se regardent sans se voir, ils ne se parlent qu’à eux-mêmes. »

Le film circule entre trois langues : français, flamand et la langue de la mort, une langue invisible, intraduisible, inaccessible. Mathias Bremen fait remarquer qu’on ne peut dialoguer qu’avec soi-même, dans sa propre langue. C’est son cas à lui dans le film, c’est le cas d’Elckerlyc dans la pièce et c’est le cas de tout le monde, puisque Elckerlyc, c’est tout le monde. Après le début du film, on peut supposer que sa langue n’est pas celle de sa mère mais celle de son père, le flamand – mais même dans cette langue, la sienne (qui n’est pas la sienne, puisque c’est celle de son père), il ne dialogue avec personne d’autre qu’avec lui-même. Ni avec Anne, ni avec la mort, ni avec sa mère, il ne peut communiquer. Son savoir de professeur de linguistique ne lui sert à rien. Dans son domaine de prédilection, il est confronté à l’impuissance.

« Je dois inventer une nouvelle mort », dit Anne. « Quand ? – Sans délai ». Il y a urgence. Dans la pièce de théâtre, la mort l’attend dès le lendemain. Anna ne parle que français et ne connaît pas la langue de la mort dont elle doit tout de suite, immédiatement, réaliser les costumes. La mort n’attend pas. Elle doit travailler toute la nuit, tandis que Mathias doit partir le soir même pour une conférence. En rentrant chez eux, Mathias et Anne se conduisent à la manière d’un couple. Ils mettent la table. Elle parle de la pièce, il ne l’écoute pas. Ils mangent des huîtres, un excellent vin, il allume des bougies. Ils sont ensemble, mais ne partagent rien.

Voici un film qui fait venir, sur l’écran, ce dont on ne peut rien dire. A l’heure du réveil nationaliste flamand, Anne et Mathias forment un couple étrange où l’amour, pourtant réciproque, est frappé de stérilité. Il l’aime, mais tristement, sans lui donner aucune joie, sans espoir d’enfant, dans une ville où elle est rejetée. Il lui trouve un travail, mais c’est pour les costumes et les décors d’une pièce de théâtre sur la mort. Elle aussi, apparemment, elle l’aime, elle désire sa présence, elle voudrait l’accompagner où il va, chez les flamands. Mais il résiste, il refuse le mariage, comme s’il voulait la priver d’avenir. Elle se révolte, mais se résigne. Elle n’use pas de sa liberté. Après tout, si, déjà, une sorte de mort relationnelle s’est installée entre eux, si la vie ressemble d’aussi près à la mort, pourquoi continuer ? C’est Mathias qui a décidé d’adapter cette pièce-là et pas une autre, et c’est lui qui s’est arrangé pour impliquer Anne dans ce projet. Lors de leur dernier dîner en commun, c’est lui qui a fermé les volets et allumé les bougies. Le film met en scène ce qu’il ne peut pas dire.

Il semble pressé, elle s’ennuie. Il l’embrasse, elle le repousse. « Pas maintenant Mathias, pas maintenant ». Anne cite la dernière phrase de la pièce de théâtre, une fin qu’elle dit apprécier particulièrement : L’ange déploie ses ailes et dit : j’enlève l’âme de la chair. Son compte est pur et léger, je l’emmène dans les plaines du ciel, là où nous devons tous nous retrouver. Elle fait appel à l’autre langue, dissociée du corps, qu’on ne peut pas parler.

Ils sortent prendre l’air. Sans un mot, ils prennent l’autobus. « Où va-t-on ? Au moulin brûlé si tu veux »dit-il, mais il sait qu’il doit aller au cimetière pour respecter le vœu de sa mère, et il préfère le faire seul. Elle voudrait l’accompagner à sa conférence. Il explique qu’il s’agit d’un milieu de nationalistes très fermé, il ne pourrait même pas la présenter. Comme pour illustrer l’intraduisible, ils traversent une manifestation flamande. 

Mathias ne parle qu’en français avec Anne et les autres personnes, mais il écrit en flamand et participe à un congrès nationaliste où sa femme ne serait pas admise. En tant que professeur, son métier est la transmission, mais il cloisonne ce qu’il transmet : le flamand au flamand, le français au français. Il est exclu que le cadeau de sa mère arrive jusqu’à Anne. Il ne retrouve pas la tombe de son père, mais les interdits qu’il en a hérités, il ne peut pas les transgresser. « On finira peut-être par se marier Mathias ? »demande-t-elle. « Tu es toujours libre ma chérie. » Il ne veut pas se marier, ne veut pas d’enfants. « – Libre ? Nous sommes tous libres Mathias, et intelligents et lucides. Tu me fais pitié ». Elle a tout quitté pour lui, ils vivent ensemble depuis plusieurs années, mais leur mariage ne conduit à rien. Elle se sent perdue dans cette terre dont les conflits ne la concernent pas. Elle a du mépris pour lui, mais elle est incapable de se dissocier de lui. Ils se disputent, Anne exaspérée rebrousse chemin.

Anne souhaiterait rentrer dans la vie commune : famille, enfants, etc., et elle ne peut le faire qu’avec Mathias, avec personne d’autre. C’est le seul homme qu’elle peut aimer. Or ce ralliement, demandé aussi par sa mère, est impossible pour Mathias. Sans doute ignore-t-il lui-même pourquoi. Il ne veut pas lui faire de mal, il aimerait lui faire plaisir, mais il n’y peut rien. Tous deux sont confrontés à ce blocage qui résonne étrangement avec une autre impossibilité, sociale, celle de la communication entre Flamands et Wallons . Leur relation ne bute pas seulement sur l’absence de langue commune, mais sur la persistance, l’insistance d’une autre langue qui s’impose à eux, et dont ils ne partagent que certains fragments non-dits. Quand ils se parlent, ils entendent le sens des mots, mais ce sens est faux, il ne suffit pas.

Il achète des chrysanthèmes, mais ne retrouve ni la tombe de son père, ni la personne qui pourrait le lui indiquer. Perdu dans le cimetière, il jette les chrysanthèmes par terre. Une fois installé dans le train, il a la surprise de voir Anne arriver. Il sourit, elle fume, ils sont gênés, se regardent. Des souvenirs leur reviennent, une visite des docks de Londres, sans qu’on sache s’ils appartiennent à l’un ou à l’autre. « Je ne voulais pas que tu partes comme ça, je suis désolée, j’étais nerveuse » dit-elle. « Tu sais ça va probablement s’éterniser ce soir, je ne veux pas que tu m’attendes à la gare ». Elle est déçue. « Je reprendrai le premier train ». Il tient à la main le cadeau que sa mère avait prévu pour Anne, mais ne lui donne pas. Nouveaux souvenirs, ils sont tristes, assis l’un près de l’autre. Il met le cadeau dans sa poche. Si un lien direct s’instaurait, sans lui, entre deux femmes, sa mère et Anne, le cloisonnement serait brisé. Il ne le supporterait pas.

C’est l’hiver, la neige recouvre le paysage. Elle se lève, va dans le couloir. D’autres souvenirs reviennent, dans une forêt. Elle lui tend la main, ils se serrent l’un contre l’autre tandis qu’un paysan bat le tempo. Il rêve d’un accident, il la cherche, il l’appelle. Brusquement, il se réveille : la place d’Anne est vide. Il court dans les couloirs, ne la trouve pas. Sa montre est arrêtée, il ne sait pas où on est. Il descend du train en compagnie de Gottfried Hernhutter, un professeur qu’il avait déjà croisé en Allemagne. Sur le quai, un étudiant nommé Val, qui avait suivi les cours de Mathias deux ans auparavant, se demande où il se trouve. Mathias ne peut répondre. Le train repart avant que Mathias et son collègue n’aient pu remonter. « Elle est dans le train avec tous mes papiers ! crie Mathias. Mais qu’est-ce qu’elle va encore penser ? ». Les deux professeurs et l’étudiant marchent dans la boue, dans la vase, vers un point lumineux, un feu. La nuit tombe. L’étudiant trouve à manger, des pommes de terre qu’il jette dans le feu. Mathias ne peut penser qu’à Anne dont il ne cesse de parler. C’est une femme qu’on ne peut pas décrire, on la voit et on ne l’oublie plus. Avec elle, dit-il, il a vraiment goûté le sel de la vie. Il se souvient du moment où il l’a rencontrée. Il est tombé amoureux dans une église, d’un seul coup, follement amoureux, « mon Dieu ». Hernhutter : « Mes ancêtres étaient des protestants de Bohême très attachés aux idées de Jean Hus. Ils ne portaient jamais le deuil, et la mort était l’occasion d’une grande espérance. Ils ont une grande tombe dans le jardin de la communauté. Je n’ai jamais fait de mal à personne, et quand je retrouve ce jardin, je me sens moins seul ». Les trois hommes partent vers le village le plus proche. De rares passants fuient à leur approche. Mathias et ses compagnons les suivent dans un cinéma où l’on projette un film où l’on voit un parachutiste en chute libre. À la fin du film, une bagarre éclate.

Le cinéma fait effraction deux fois à l’intérieur du récit : quand la mère de Mathias lui reproche d’avoir refusé, à l’âge de dix ans, de voir un film avec elle par honte dit-elle, mais il y a sans doute une autre raison ; quand ils arrivent au village, pénètrent dans une salle de cinéma, et voient les spectateurs s’enfuir dès la fin du film. Pour ces revenants, l’arrêt de la chute libre n’est pas supportable. Le film annonce la couleur dès le générique : au lieu de la chute libre, on voit défiler un paysage vu de la fenêtre d’un train, mais ce paysage est barré d’écrans noirs. Quand le mouvement du train s’interrompt, dans la maison de retraite, le noir envahit tout. Le début du film rejoint sa fin. Mathias se rappelle sa mère qui lui rappelle son enfance et le respect dû à son père mort. Un film n’est qu’un écran entre deux tableaux noirs.

Les habitants de cette ville parlent une langue inconnue. L’un d’entre eux leur indique un hôtel , mais c’est un café-restaurant où personne ne semble comprendre leurs paroles. Ils s’installent à une table. Ils demandent à téléphoner, mais cela semble impossible. « Où sommes-nous ? » demande Mathias en plusieurs langues. Tout le monde le regarde, mais personne ne répond. On leur apporte du vin. Ils le goûtent (excellent vin). Il n’y a ni heure, ni indication au mur. 

Il y a plusieurs interprétations possibles du film. Parmi elles, proposons celle-ci : Mathias se serait endormi dans le train qui le conduisait à son congrès. Pendant son sommeil, un accident aurait eu lieu, la percussion d’un autre train. Dans l’instant qui sépare le choc de sa mort, son esprit aurait été traversé par les souvenirs, les regrets, les rêves. Il s’identifierait à Hernhutter, le gardien, qui suspectait depuis longtemps qu’ils étaient déjà morts, comme le confirme l’absence de tout signe d’espace et de temps. Hernhutter ne serait pas inquiet pour lui-même, il ne ferait que rejoindre ses ancêtres. Mathias s’identifierait aussi à Val, le jeune homme qui a l’avenir devant lui et aussi le courage de rejoindre une jeune femme, même morte. Anne est le principal personnage de ce rêve. Au moment où Mathias meurt, quand le rêve se termine, il découvre son cadavre. On en arrive au dénouement anticipé depuis longtemps : ils meurent tous deux, elle ne vivra pas sans lui, elle meurt avec lui.

Le jeune étudiant boit d’une traite tout son verre de vin. On leur apporte une volaille superbement présentée. Ils mangent, Mathias raconte son expérience de la guerre (souvenirs souvenirs). Il parle de Anne, une impulsive qui croit en Dieu. Pendant ce temps la serveuse les observe d’un air absent, mystérieux. Elle ordonne à l’orchestre de changer de musique. « Allons-nous-en Mathias ! » supplie Hernhutter. « Où voulez-vous qu’on aille ? – Vite, je vous en prie ». Hernhutter est terrorisé. 

Gottfried Hernhutter est interpellé ou nommé par son nom de famille, tandis que Mathias l’est par son prénom. Le premier prend acte de sa généalogie, tandis que le second préférerait la fuir, si c’était possible. Mais le retour du passé lointain est irrésistible. Au moment de la mort, on n’est plus un enfant.

Val reconnaît l’air de la chanson : c’est celle du début du film. Quand il part danser avec la serveuse, la musique change. Pris dans le rythme que l’orchestre impose, il ne peut plus résister. Il fait comprendre à Mathias qu’il n’y a pas d’espoir, c’est la danse de la mort. « Il n’est plus lui-même » dit Mathias. Tous les clients se mettent à danser au même rythme. Mathias essaie de détacher l’esprit du jeune homme de l’attrait de la serveuse. Val lui dit : « Son nom est Moïra et je comprends leur langage. C’est un miracle ! ». « Tu ne sais pas pourquoi le train s’est arrêté ! » dit Mathias. « Je vous l’expliquerai. » Val, l’élève, explique à Mathias ce qu’il ne veut pas entendre : il est déjà mort. L’apprenti linguiste traduit la langue des morts, il est devenu plus savant que le maître.

Nouvelle fuite, celle des clients du restaurant. Mathias se précipite vers la serveuse. « Qui êtes-vous, mais qui êtes-vous ? ». Elle ne répond pas, toujours le même regard absent et mystérieux. Il est comme hypnotisé, il défaille. « Ce n’est rien dit-elle en français ». Il suffoque. « Ce n’est rien, vous n’avez rien. C’est un accident, à cause d’un autre train. Voulez-vous qu’on télégraphie chez vous ? »

Quand il revient à lui, il se retrouve non loin des rails. Un grave accident a eu lieu. L’âme d’Anne, détachée de son corps, vient habiter l’esprit de Mathias qui se retrouve dans un monde incompréhensible, sans repère, ni nom, ni téléphone, ni moyen de communication. 

Mathias reprend conscience. Conformément aux dires de Moïra, il n’a rien, son corps n’est pas touché mais il ne lui reste rien, rien d’autre. Hagard, il regarde les pompiers éteindre le train en feu. Des voyageurs ou des sauveteurs courent dans tous les sens, on retire des cadavres. Il arrive dans une sorte de grange transformée en morgue, reconnaît les chaussures d’Anne, le bas de sa robe. Il a obéi au Dieu d’Elckerlyc, il est allé vers la mort, mais ce n’est pas lui qui est mort – croit-il. En tous cas c’est ce qu’il imagine au moment où il longe les rails. Peut-être a-t-il évité l’accident en descendant du train en pleine campagne, peut-être l’accident a-t-il eu lieu après ? Mais alors, comment expliquer la suite des événements ? Comment expliquer ce village, ce dîner, cette langue incompréhensible, l’enlèvement de Val par Moïra ? Non, soyons sérieux, rigoureux. Il faut reconnaître que tout cela n’a duré qu’un instant, l’instant de ma mort, comme dirait Blanchot. Pour que Mathias se croie encore vivant, il fallait que la mort soit toujours la mort de l’autre. Elle l’était dans son rêve mais pas dans le film, car le film lui fait dire : Je suis vraiment mort, le film met sur ses lèvres la phrase impossible, aporétique, cette phrase qu’on ne peut même pas dire dans un dialogue entre le soi et le moi, cette phrase que seule la fiction, ou la littérature, ou le cinéma, peuvent accréditer. Mathias appartenait à une généalogie de professeurs, la grande confrérie des professeurs qui n’enseignent plus rien car ils n’y croient pas. On ne peut pas enseigner la mort, car on ne peut rien dire de vrai sur elle. Il a pu croire un moment qu’Anne, l’étrangère, allait mourir à sa place, mais nul ne peut prendre la place d’un mort. Elle a peut-être fait demi-tour, et peut-être est-ce qu’elle l’attend à la maison, toujours vivante.

La chanson du générique reprend tandis qu’il prend dans ses bras la morte, se couche auprès d’elle. Elle est belle, bien maquillée. Il pleure. Le film n’aura été qu’un intermède entre le début et la fin de la chanson : Un soir en automne, ricochet qui s’abîme, tu te poses et t’enfonces dans l’eau noire du temps. Un soir en automne, ton image s’en va, s’envole et s’arrache à l’eau noire du temps, se pose légère dans son éternité. Un film dure comme une vie, le temps de penser à la mort sans jamais dialoguer avec elle. On prétend que personne n’en revient, qu’il est impossible d’en rendre compte, qu’elle ne répond jamais, mais alors, comment se fait-il qu’un simple film ait pu la convoquer en personne ? 

André Delvaux a mis en scène un linguiste, polyglotte comme il se doit, pris de panique en entendant cette langue (la langue des morts) que personne ne peut traduire et dont il ne sait qu’une chose : c’est un risque, un danger terrible. Même lui, le grand linguiste, ne peut pas annoncer sa mort dans la langue courante. S’il le pouvait, ce serait dans une langue inaccessible, incompréhensible.

  1. Interprété par Yves Montand. ↩︎
  2. Interprétée par Anouk Aimée. ↩︎
Un soir, un train

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88 min

Disponible jusqu'au 01/09/2024

Films
Cinéma
Après que sa conjointe a disparu lors d'un voyage en train, Mathias se perd en rase campagne, déstabilisé par la barrière de la langue... Avec Yves Montand et Anouk Aimée, un film teinté de réalisme magique, par le père du cinéma belge moderne, André Delvaux (1968).
Anne, productrice de théâtre française, disparaît lors d'un voyage en train entrepris avec son conjoint Mathias, un professeur de linguistique belge. La locomotive étant à l’arrêt, Mathias descend, accompagné de deux hommes. Mais le train repart sans eux, les abandonnant en rase campagne. Ils décident de rejoindre le prochain village à pied, où ils se heurteront à la barrière de la langue…

Le réalisateur André Delvaux, père du cinéma belge moderne ("C'est lui qui a ouvert la porte […] dans laquelle nous nous sommes engouffrés", selon Jaco Van Dormael), s’empare du thème de l’incommunicabilité sur fond de conflit linguistique, sublimé par un vernis de réalisme magique cher au cinéaste.

Un soir... un train : un exemple abouti de «réalisme magique» (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Un soir un train 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

Professeur de linguistique dans une petite ville de Flandre, Mathias mène une vie sans histoire Anne, sa maîtresse, est décoratrice de théâtre. Un soir, Mathias prend le train pour aller donner une conférence dans une autre ville Anne le rejoint. Le voyage est interrompu par un accident. Anne a disparu. En compagnie de deux autres voyageurs, Mathias se retrouve en pleine campagne et bascule dans un univers inconnu.

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  • Titre original : Un soir... un train
  • Support testé : Blu-ray
  • Genre : drame, fantastique
  • Année : 1968
  • Réalisation : André Delvaux
  • Casting : Yves Montand, Anouk Aimée, Adriana Bogdan, Hector Camerlynck, François Beukelaers, Michael Gough, Senne Rouffaer, Domien De Gruyter
  • Durée : 1 h 31 mn 10
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 1,66/1
  • Sous-titrage : français
  • Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français/flamand/anglais
  • Bonus : court métrage 1001 films d'André Delvaux (1989, 7 mn 29) - entretien avec Philippe Reynaert critique de cinéma et Catherine Delvaux fille du réalisateur (2022, 37 mn 37)
  • Éditeur : Éditions Montparnasse 

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Commentaire artistique

Un soir… un train, second long-métrage d’André Delvaux, est, tout comme son premier film L’Homme au crâne rasé (1966), adapté d’un ouvrage de Johan Daisne : « De trein der traagheid » publiée en 1950. Le romancier est un des écrivains qui ont le mieux fait connaître en littérature le « réalisme magique », un courant artistique qui concrétise l’irruption de l’irrationnel dans un contexte réaliste. Pour le 7ème Art, c’est André Delvaux qui, en  contribuant à la renaissance du cinéma belge vers la modernité (cf. bonus), devint l’un de plus importants représentants de ce mouvement traquant l’étrangeté dans la réalité du quotidien. Dans Un soir… un train il transpose la nouvelle de Johan Daisne aux années 1967-1968 qui sont marquées par un conflit politique local, dit « affaire de Louvain », qui opposa les nationalistes flamands aux francophones de l’université catholique de Louvain. Yves Montand incarne Mathias un professeur de linguistique qui se pique aussi de théâtre et qui partage sa vie avec Anne, une française pas à l’aise, interprétée par Anouk Aimée. Tous deux participent à la production d’une pièce néerlandaise intitulée « Elckerlijc ». Très vite, alors que le couple doit se séparer en fin de journée, le film met en évidence le thème de l’incommunicabilité entre eux, puis, plus avant, entre les voyageurs et le monde extérieur. Dans sa première partie, Un soir… un train semble, avec une belle palette de langues pratiquées (flamand, français, anglais), insister sur la communication : acteurs au théâtre ou Mathias donnant un cours de linguistique. Mais cette approche est vite délaissée au profit d’un manque d’échange de plus en plus accru dès que le voyage en train de Mathias débute. Le cinéaste nous propose alors une narration en apparence très triviale (se repérer, manger, s’abriter, etc.) avec une profusion de détails matérialistes mais qui est contredite par un décollement du réel, une étrangeté qui enveloppe les situations et qui pourrait trouver une explication chimérique dans sa conclusion. Un soir… un train, superbement interprété par ses stars ainsi que par Hector Camerlynck (Hemhutter), François Beukelaers (Val), Michael Gough (Jeremiah) et Adriana Bogdan (Moira), ne cesse de mettre en évidence l’incompréhension qui sépare les êtres et régit les rapports du couple, des étudiants, des voyageurs, des villageois. Fort bien analysé dans le supplément, le film d’André Delvaux s’inscrit très nettement dans le cinéma de Michelangelo Antonioni profondément marqué par l’existentialisme. Cependant le film ajoute une dose de fantastique et d’absurde à la solitude et à l’égarement de ses personnages, la sensible Anne et l’intelligent Matthias, un couple qui n’assume pas ses ambigüités sentimentales. Comme le définissait son auteur, Un soir… un train est un film sur « l’aventure d’un homme qui, croyant tout savoir, est ramené par les circonstances à comprendre qu'il ne sait rien… ». C’est tout l’art du cinéaste qui revendiquait, avec ses films, donner au spectateur l'impression d’un réalisme assuré puis l’amener ensuite à douter de ce qu’il voyait. Avec sa progression inexorable vers l’irrationnel qui déstabilise Mathias et ses acolytes, Un soir… un train est un film troublant sur le thème crucial de la question existentielle assortie de son interrogation philosophique sur la nature du réel.    

 

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Commentaire technique

Restauration 4K en 2021 à partir du négatif image 35mm et du négatif son : travaux numériques et photochimiques réalisés et supervisés par le laboratoire VectraCom avec le soutien du CNC. Version intégrale souhaitée par le réalisateur

Image : copie HD, définition et piqué variables selon les plans mais très belle précision globale de l’image malgré une texture argentique prononcée (tournage en 35 mm, Master Format 4K 2021), de rares défauts subsistent (rayures verticales), excellent contraste sur les scènes très éclairées, du détail dans les autres, noirs francs, étalonnage chaud naturaliste, colorimétrie nuancée aux teintes réalistes

Son : mixage multilingue (français, flamand, anglais) 2.0 monophonique clair et équilibré, excellent dynamique sur les ambiances et sur la musique de Frédéric Devreese, bruit de fond constant mais discret

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)


Résumé :

Le sommeil gagne un compartiment, un wagon, un train entier. Que signifie cet étrange phénomène ? Le narrateur se trouvera deux compagnons, un aîné et un cadet, pour vivre une aventure dont la dimension prendra, au-delà d'un symbolisme évident, un sens métaphysique. L'univers de Daisne est à double fond. En surface, la réalité quotidienne, banale, qu'il perçoit avec une fidélité scrupuleuse. Daisne a le regard sans faille du vrai romancier. Rien ne lui échappe, tout est consigné de ce que le monde offre en spectacle. Mais, justement, cette réalité immédiate n'est, pour Daisne, qu'un spectacle. Il y a, derrière tout cela, les coulisses, une réalité seconde, une machinerie dérobée au témoin distrait, une magie. Proche des romantiques allemands et des romanciers d'aventure anglais, admirateur sans réserve de Pierre Benoît, autour duquel il a construit un roman se déroulant pour une grande part dans le Pays basque, Johan Daisne, qui s'éteignit à Gand en 1978, appartenait à la lignée des conteurs purs, des princes de l'imaginaire.
Maphil
12 septembre 2011
"Un soir, un train", titre du film qu'André Delvaux a tiré du roman n'a pas la même empreinte sur le contenu de ce roman que le titre original "De Trein der traagheid" qui signifie le train de l'inertie.
Le principe de l'inertie veut que le mouvement se poursuive encore un peu après l'arrêt (par ex. une personne debout dans un bus qui s'arrête, fera quelques pas vers l'avant du bus). A ce principe, Johan Daisne applique ce qu'il appelle "l'automatisme psychique" que le personnage central développe en pensant à ses étudiants et qui veut que le mouvement commence déjà un peu avant ce même mouvement (avant qu'une personne qui a soif ne tende le bras et la main pour saisir le verre d'eau devant elle, son cerveau a déjà donné les ordres de mouvement à son corps).
Plutôt qu'au mouvement, c'est à la mort que Johan Daisne applique ces principes dans ce roman. Il y a la vie, le décès puis la mort. Selon le principe de l'inertie, la vie se prolonge donc encore un peu après le décès tandis que selon l'automatisme psychique, la mort a commencé déjà un peu avant.


luis1952
18 décembre 2011
Roman dont le thème est la frontière entre la vie et la mort ; une étrange histoire où le temps s'est arrêté.
Un homme s'est assoupi dans un train, se réveille et constate que le temps semble être arrêté, comme le train. Tous les passagers ont l'air de dormir. On est dans le mystère, dans un monde irréel. Il sort du wagon avec deux autres passagers et ils s'engagent dans la nuit noire.
J'ai lu ce roman dans sa version originale : "De trein der traagheid" qui veux dire "Le train de l'inertie ".

« Un soir, un train » d’André Delvaux: Yves Montand et Anouk Aimée dans une inquiétante étrangeté

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Film en deux langues, entre deux mondes, Un soir, un train se présente comme un voyage fantastique dans un purgatoire, un film de fantômes d’amour à « l’inquiétante étrangeté ». Et l’on ne s’étonnera pas d’apprendre des décennies après la réalisation de son Ne vous retournez pas (1972) que Nicolas Roeg a totalement halluciné devant Un soir, un train. A raison: ce film-là donne le vertige. À découvrir en DVD/Blu-ray.

Après avoir rendu visite à sa mère dans une maison de repos, Mathias (Yves Montand), professeur de linguistique à l’Université flamande de Louvain retrouve un établissement en pleine effervescence. Pour des questions linguistiques (la querelle entre Flamands et Wallons), les étudiants déclenchent une grève. Insensible à cet événement, Mathias préfère rejoindre dans un théâtre son amoureuse Anne (Anouk Aimée) qui, sur le trajet du retour, lui avoue se sentir mal en Flandre et assure que si elle reste, c’est pour lui. Le couple se dispute, la corde se rompt silencieusement.

Mathias doit prendre le train pour un cours magistral et, au moment du départ, Anne le rejoint dans son compartiment, comme pour tenter une réconciliation sur le tard. La présence des autres passagers empêche Mathias de s’exprimer. Durant ce voyage, il somnole et lorsqu’il rouvre les yeux, Anne a disparu. Le train s’est arrêté l’année dernière à Marienbad, au crépuscule, en pleine campagne. Mathias descend le long de la voie, cherche Anne désespérément, retrouve deux connaissances. Puis le train repart sans eux dans un silence assourdissant et incompréhensible, les laissant sur le bas-côté. Paumés, les trois hommes s’enfoncent dans une région crépusculaire et désertique, vers un no man’s land. Mathias est confronté à des gens dont il ne comprend pas la langue, le renvoyant à l’incompréhension dans son couple et incidemment à l’incompréhension régnant dans son pays.

En adaptant Johan Daisne, en distillant une mélancolie hivernale (vous savez, cette atmosphère glacée et déroutante où la réalité paraît aussi fuyante que les vagues là-bas au loin), André Delvaux a voulu traiter un thème cher à notre ami Antonioni : l’incommunicabilité. Et il faut être aveugle pour ne pas voir là où il veut en venir : incommunicabilité du couple (lui/Montand parle, elle/Aimé parle très peu), incommunicabilité des étudiants (les Wallons vs Flamands), incommunicabilité des fantômes et du monde invisible, incommunicabilité des cinéphiles qui ne partagent pas aujourd’hui la même interprétation d’un film réalisé cinquante ans plus tôt.

Delvaux répond par le fantastique à cette grande question Antonionienne: comment faire lorsque l’on n’a pas les mots pour exprimer ce que l’on ressent? Aveugle à la solitude et à l’isolement de celle qu’il aime, le héros qui, selon Delvaux himself « se pense plus solide que Dieu puisqu’il réécrit l’histoire de chaque homme en disant qu’on est maître de son destin » va faire l’amère expérience de l’incommunicabilité, découvrir ce que signifie être étranger et ne pas être compris. Lui qui dans toute son arrogance croit détenir le langage et le savoir se trouve bien dépourvu et se heurte à des murs. Of course, les références pleuvent (Jean Ray, cité) pour la bonne cause: Delvaux veut raconter l’érosion des sentiments comme la perte d’un visage aimé à la manière d’un voyage intérieur magistralement filmé, magistralement monté, magistralement incarné.

Ces étapes de l’expiration d’un amour et donc d’une rupture, tout le monde les a connues. Ici, la déconnexion avec le monde se produit sans que l’on ne s’en rende compte et ce film où tout a un goût de fin se révèle mental, beau et poignant, comme la même année l’un peu plus connu Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais et bien plus tard le très populaire Eternal Sunshine of the spotless mind de Michel Gondry. Il est aussi très lent pour dire la douleur, pour créer un envoûtement, pour provoquer une perte de repères, pour que le spectateur trompé par le rythme ne s’aperçoive pas du moment où l’on bascule de l’autre côté du miroir.

Point très étonnant qui continue encore à nous troubler: Un soir, un train doit également son mystère au couple Yves Montand – Anouk Aimée dont le pragmatisme (ce côté terrien et accordé de deux comédiens connus) sied parfaitement à ce réalisme magique, pour retranscrire le sentiment inexorable de perte, pour traduire ce qui nous échappe et ce contre quoi on ne peut plus rien. Une histoire d’amour se termine comme ça: on ne meurt pas en même temps dans la tête de l’autre. RLV

2 commentaires:

Jeudi 1er décembre 2011

Un Soir, Un Train - ANDRÉ DELVAUX

Sortie en 1968

Et maintenant, un voyage dans cette région complexe de la boue européenne qu'est la Belgique.

Dans le film d'André Delvaux, les premières images du paysage flamand gelé et brumeux reflètent symboliquement le lien de distanciation entre le professeur de linguistique d'Yves Montand et sa partenaire de mise en scène Anouk Aimée. La chanson d'amour pleine de malheur jouée sur les génériques rend cette impression explicite, mais le côté surréaliste du récit donne au film une profondeur unique qui en révèle bien plus. Si vous pouvez imaginer à quoi aurait pu ressembler une collaboration entre Bergman et Tarkovski, eh bien c'est le cas.

Le portrait d'Anne par Aimée révèle une femme indépendante, échouée dans une culture étrangère, dérivant comme un iceberg du Mathias de Montand. Grâce à des flashbacks, nous avons un aperçu de leur relation qui commence par une première rencontre digne d'une fable lors de la messe de Noël en Espagne, leurs deux âmes perdues se connectant comme par magie devant un feu ouvert. Puis, par un détour glacial dans Londres, une bande de gamins débraillés sur les quais de Rotherhithe, perce un après-midi, soulignant l'absence d'enfants dans leur vie. À la fin de l'été, ils s'enroulent les uns autour des autres dans une démonstration de tendresse fataliste, avec un œil sur un fermier qui coupe du bois avec malveillance à l'horizon. La scène agit comme une préparation littérale et métaphorique aux jours froids à venir.

Anouk 
Dans leur appartement, ils dînent dans un silence oppressant, sirotant du vin et des huîtres. Rejetant les plans de Matthias pour un après-midi romantique, Anne se voit rejetée lorsque la proposition de l'accompagner à une université dans le nord de la Flandre est rejetée comme linguistiquement insensible en raison de sa langue maternelle française. Yves Montand, au milieu d'une série de performances convaincantes en milieu de carrière, se tient passivement à l'écart de l'isolement d'Anne, ne parvenant pas à comprendre à quel point il est proche de la perdre. Lorsqu'Anne apparaît de manière inattendue dans son wagon, ils échangent des mots et un sourire, au bord de la réconciliation, au bord d'un abîme.

Tel un réalisateur de récits de voyage non-conformiste, Delvaux relie les représentations artistiques de sa culture aux différentes phases du film. Ici, l'imagerie pastorale sombre de Breughal est évoquée par les plaines hivernales qui scintillent devant les fenêtres du train. À l'extérieur, un orgue d'église austère en hommage à César Franck accompagne le vent qui fouette les champs labourés. Et très vite, le film plonge de manière inattendue dans le monde onirique subconscient des maîtres surréalistes belges du XXe siècle.

Matthias se réveille et découvre qu'Anne est partie, le train est à l'arrêt et les passagers endormis. Après avoir quitté le train en compagnie d'un collègue plus âgé et d'un ancien élève, les hommes se retrouvent soudainement bloqués sur les rails alors que le train démarre brusquement. Avec la résolution rationnelle de trouver un téléphone, ils errent à travers le paysage, se blottissant finalement autour d'un feu alors que la nuit tombe. Puis, trouvant une ville déserte, ils cherchent de la vie humaine et de la nourriture.

Ici, le réalisateur évoque le monde de son homonyme Paul Delvaux. Dans ses toiles, Delvaux est obsédé par les gares nocturnes vides qui brillent au clair de lune et par les panoramas archaïques décorés de nus en albâtre aux yeux de hibou. Dans toutes ses peintures, on ressent le sentiment que les gens et le temps attendent avec impatience que les choses se produisent. Cette atmosphère se prolonge jusqu'aux trois inconnus qui déambulent dans les rues en terrasses vides et illuminées. Trouvant un cinéma, ils restent impassibles devant un film bizarre et dérangeant représentant des corps flottants suspendus dans les airs. Puis, obtenant des indications d'un homme parlant une langue étrangère, ils trouvent leur chemin vers un restaurant d'hôtel animé dans une ruelle. C'est là qu'ils rencontrent l'énigmatique Moira.


Le film se prête à de multiples interprétations en raison de son symbolisme à plusieurs niveaux et d'une mise en scène qui donne aux scènes les plus anodines une signification supplémentaire. Le décor belge en lui-même est un coup de maître, exploitant la patrie conservatrice et culturellement divisée du réalisateur avec la tension sous-jacente qui menace à jamais le statu quo bourgeois. Il est intéressant de noter que les protestations étudiantes contre la domination linguistique que nous voyons gronder en arrière-plan ont également été capturées dans le thriller contemporain de James Coburn "Hard Contract". Au même moment, les films de Harry Kumel ont également exposé l'étrangeté trouvée dans le paysage flamand avec "Daughters of Darkness" et "Malpertuis", transformant ce coin de l'Europe du Nord en un paysage cérébral de terreur et d'effroi solitaires.
André Delvaux

À cette époque, Delvaux produit une autre méditation mystérieuse sur les relations humaines, avec "Rendez-vous à Bray" en 1971, avec Mathieu Carrière et Anna Karina. Le film, qui se déroule pendant la Première Guerre mondiale, semble centré sur deux amis divisés par le conflit, les femmes et l'ambition. Bien qu'il manque l'élément fantastique de son prédécesseur, le film conserve une atmosphère similaire de mystère insondable.

Au début d'"Un soir, un train", Matthias promet à sa mère qu'il déposera des chrysanthèmes sur la tombe de son père. En route vers le voyage en train qui changera sa vie, il erre dans le cimetière à la recherche de la tombe. Finalement, désespéré, il dépose les fleurs sur un terrain vide et se retire précipitamment. C'est une scène tout droit sortie du répertoire du chanteur belge Jacques Brel, un poète divisé à la fois par l'amour et la haine pour sa patrie. Dans ses chansons, Brel oscille entre la bonne intention de faire le bien et l'amertume et le désespoir correspondants que l'on trouve dans l'échec. Je vous laisse avec le « J'arrive » de Brel et les chrysanthèmes symboliques de son propre mémorial imaginaire. J'espère que Delvaux approuverait le lien :



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