miercuri, 27 octombrie 2021

katharine hepburn (1907-2003)

 Katharine Hepburn : l'hommage unanime

La comédienne américaine, dont la carrière fut distinguée par quatre Oscar, est décédée dimanche. Elle avait 96 ans.

Par L'Obs / Publié le 05 juillet 2003 à 07h32

Katharine Hepburn en 1941 (AP)

L'actrice américaine Katharine Hepburn est morte dimanche à 14h50 chez elle à Old Saybrook, dans le Connecticut, selon son exécutrice testamentaire Cynthia McFadden et les autorités de la ville. Elle était âgée de 96 ans.

Sa santé avait décliné ces dernières années avec notamment une intervention à la hanche et surtout des tremblements similaires à ceux engendrés par la maladie de Parkinson.

Derrière son long visage criblé de taches de rousseur et ses airs de garçon manqué, Katharine Hepburn, l'actrice aux quatre Oscars, cachait une personnalité hors du commun. Interprète à l'écran d'une figure de femme sûre d'elle et indépendante, elle menait une vie à l'unisson de son tempérament: celui d'une star idéaliste et discrète. Une perle rare. Qui partagera un amour profond avec Spencer Tracy pendant trente ans.

40 films

De la riche filmographie de cette belle femme au caractère bien trempé, on peut retenir "L'impossible M. Bébé" (1938), "L'Odyssée de l'African Queen" (1951), "Soudain l'Eté dernier" (1959), et "La folle de Chaillot" (1969). Au total, l'actrice aura tourné dans plus de 40 films et pris part à plus d'une dizaine de pièces de théâtre.

Elle aura aussi remporté quatre Oscar et été nommée 12 fois, record qui n'a été battu qu'en 2003 par Meryl Streep. Ses quatre Oscar ont été remportés en 1933 pour "Morning Glory", 1967 pour "Devine qui vient dîner", 1968 pour "Un lion en hiver" et 1981 avec "La maison du lac".

Débuts féministes

Katharine Hepburn est née à Hartford (Connecticut) le 12 mai 1907. Fille d'une suffragette, elle fait ses débuts à trois ans dans des spectacles féministes organisés par sa mère. Fermememt décidée à jouer la comédie, elle se fait une réputation par ses interprétations shakespeariennes qu'elle poursuivra jusqu'en 1956.

A 25 ans, elle inaugure sa carrière cinématographique dans "Hérédité" (A Bill of Divorcement, 1932) de George Cukor. Dès 1933, avec "La phalène d'argent" (Christopher Strong), elle donne une composition réussie de femme libre et impose sa forte personnalité. La même année, elle confirme sa brillante irruption au firmament de Hollywood en obtenant l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans "Morning Blue" de Lowell Sherman.

Mais au succès succède la récession. Les échec commerciaux de "Sylvia Scarlett" (1936), "Marie Stuart" (Mary of Scotland, 1936), "La rebelle" (A Woman rebels, 1936) et "A travers le passé" (Quality Street, 1937) découragent l'actrice. Malgré le succès de "Pension d'artistes" (Stage Door, 1937) et l'accueil enthousiaste réservé à "L'impossible M. Bébé" (Bringing up Baby, 1938), on lui accole l'étiquette de "poison du box-office". Elle décide alors de rompre son contrat avec la RKO.

"L'impossible M. Bébé" de Howard Hawks est l'occasion pour elle de mettre en évidence la force novatrice de son jeu. Dans ce film devenu un classique, elle a pour partenaire Cary Grant qu'elle retrouvera dans "Vacances" (Holiday, 1938) et "Indiscrétions" (The Philadelphia Story, 1940).

Spencer Tracy en secret

La carrière de l'actrice connaît son apogée avec "La femme de l'année" (Woman of the Year, 1942) de George Stevens. Au cours du tournage, elle rencontre Spencer Tracy, qui deviendra son partenaire idéal à l'écran comme dans la vie -mais ce sera un amour caché, Spencer Tracy refusant jusqu'à sa mort, en 1967, de quitter sa femme.

Les deux comédiens se retrouveront dans huit autres films, dont "Madame porte la culotte" (Adam's Rib, 1949) et "Mademoiselle gagne-tout" (Pat and Mike, 1952), deux comédies populaires qui présentent enfin Katharine Hepburn comme une femme "normale".

Le couple tournera également deux films politiquement engagés: "La flamme sacrée" (Keeper of the Flame, 1942), fustigeant la propagande fasciste, et "L'enjeu" (State of the Union, 1948) de Frank Capra.

En 1951, elle témoigne du poids de la femme dans la société de l'époque en interprétant une vieille fille acariâtre dans "La reine africaine" (African Queen) de John Huston, avec Humphrey Bogart. Elle est à nouveau une vieille fille refoulée pour les besoins de "Vacances à Venise" (Summer Madness, 1955) et du "Faiseur de pluie" (The Rainmaker, 1956).

Oscar en série

A la suite de "Whisky, vodka et jupon de fer" (The Iron Petticoat), vague remake du "Ninotchka" de Lubitch, et du plaisant "Une femme de tête" (Desk Set), elle est engagée pour "Soudain, l'été dernier" (Suddenly, Last Summer, 1959), adaptation signée Mankiewicz de la bouleversante pièce de Tennessee Williams: un film-culte.

Après avoir incarné une mère droguée dans "Le long voyage dans la nuit" (Long Day's Journey into Night, 1962), elle interrompt sa carrière pour rester auprès de Spencer Tracy gravement malade. Tous deux tourneront encore "Devine qui vient dîner?" (Guess Who's Coming to Dinner?, 1967). Ce film condamnant le racisme vaudra à l'actrice son deuxième Oscar.

Récompensée par un troisième Oscar en 1969, pour "Un lion en hiver" (The Lion in Winter), elle remontera sur les planches à près de 65 ans dans une biographie chantée de "Coco" Chanel à Broadway.

Elle retrouve Cukor pour "Il neige au printemps" (Love Among the Ruins, 1975) et "Le blé est vert" (The Corn is Green, 1978). Et en dépit de son grand âge, elle triomphe à nouveau à l'écran dans "La maison du lac" (On Golden Pond, 1981), aux côtés de Henri et Jane Fonda, un film qui lui vaudra son quatrième Oscar. Un film simple et émouvant comme les aimait Katharine Hepburn.

Hommage sur Broadway

Le président Bush ainsi que la First Lady, qui passaient le week-end dans leur ranch de Crawford (Texas), ont présenté leurs condoléances à la famille de l'actrice. "Katharine Hepburn a régalé les foules avec un talent unique pendant plus de six décennies", a déclaré George W. Bush. "Elle était connue pour son intelligence et son esprit et restera dans nos mémoires comme l'un des trésors artistiques de notre pays".

"Je pense que chaque actrice dans le monde la regardait avec une sorte de vénération et un quelque chose du type: 'Oh, si seulement je pouvais être comme elle'", a réagi Elizabeth Taylor.

Les lumières seront tamisées sur Broadway mardi à 20h (00h GMT) en l'honneur de Katharine Hepburn, a annoncé Patricia Armetta-Haubner, la porte-parole de la Ligue des producteurs et théâtres américains.

Malgré le succès, Katharine Hepburn était encore insatisfaite. "J'aurais pu accomplir trois fois ce que j'ai accompli", a-t-elle un jour déclaré. "Je n'ai pas exploité tout mon potentiel. C'est écoeurant". Elle disait également: "La vie, c'est ce qui est vraiment important. Les promenades, les maisons, la famille, une naissance, la douleur, la joie... et puis la mort". (AP)

La Biographie de Katharine Hepburn

Publié le par Gala

Katharine Hepburn - Date de naissance : dimanche 12 mai 1907 (age: 96 ans) - Date de décès : dimanche 29 juin 2003.

La Biographie de Katharine Hepburn

Katha­rine Hepburn naît le 12 mai 1907 dans le Connec­ti­cut. La plus grande actrice de légende selon le clas­se­ment de l’AFI a marqué le cinéma améri­cain de sa person­na­lité bien trem­pée. Trau­ma­ti­sée par la mort de son frère à 14 ans, elle devint si renfer­mée qu’elle fut scola­ri­sée à la maison par un père méde­cin et une mère sufra­gette. Mais à 19 ans, Katha­rine décide de se lancer à corps perdu dans le théâtre malgré les obstacles. La jolie jeune fille peine à séduire la presse; elle épouse un homme d’af­faires pour ne plus se soucier des ques­tions finan­cières et suivre ainsi les cours d’art drama­tique de Lee Stras­berg.

Miss Kate persé­vère et part à la conquête d’Hol­ly­wood où son physique svelte et diaphane séduit le réali­sa­teur David O. Selz­nick. La compli­cité est au rendez-vous et le duo tour­nera plus de sept films ensemble. Katha­rine se spécia­lise dans les rôles indé­pen­dants et est à l’af­fiche des Quatre filles du Docteur March ou encore de La Rebelle. Dès son troi­sième film, Morning Glory, elle décroche l’Oscar de la meilleure actrice. En 1938, elle forme un tandem inou­bliable à l’écran aux côtés de Cary Grant, dans la cultis­sime comé­die loufoque L’Im­pos­sible Monsieur Bébé.

En 1940, elle connaît à nouveau le succès dans Indis­cré­tions, où elle donne la réplique à James Stewart sous la direc­tion de George Cukor. Dans La Femme de l’an­née, elle rencontre Spen­cer Tracy. Le coup de foudre est fulgu­rant et les acteurs vivent une passion adul­tère, devant le refus de Spen­cer de divor­cer. Ils tour­ne­ront plus de dix films ensemble, vivant une histoire secrète pendant trente ans. Au cours des années 1950, Katha­rine alterne entre les planches de Broad­way et les grosses produc­tions comme L’Odys­sée de l’Afri­can Queen aux côtés de Humphrey Bogart. Elle fait une appa­ri­tion remarquée dans la cynique comé­die Devine qui vient dîner ? et joue des rôles de femmes aigries mais toujours fortes et indé­pen­dantes, sa marque.


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UNDERCURRENT (Lame de fond) – Vincente Minnelli (1946)

Le film noir a permis à de grands metteurs en scène comme Fritz Lang, Nicholas Ray, Otto Preminger et Anthony Mann de créer leurs œuvres les plus imaginatives. Malheureusement, le seul film noir de Minnelli, manque parfois de puissance malgré certaines qualités, défaut regrettable car on y trouve pourtant le style du metteur en scène. A peine sortie de son cocon familial, on voit l’héroïne (Katharine Hepburn) entrer dans une réalité cauchemardesque – incarnée par son mari Alan (Robert Taylor) – et chercher à s’en protéger en tombant amoureuse d’un rêve – personnifié par Michael (Robert Mitchim). Katharine Hepburn maîtrise ici parfaitement son rôle mais la mise en scène pèche par complaisance et utilise des motifs d’un symbolisme trop évident comme celui du cheval de Michael ou des flammes vacillant dans la cheminée, apparaissant à chaque séquence-clé.
Le début d’Undercurrent pourrait être celui d’une de ces brillantes comédies sophistiquées chères à Hollywood et à la Metro-Goldwyn-Mayer puis, peu à peu, le ton change et la fin, véritable catharsis amoureuse, permet à Katharine Hepburn de satisfaire le transfert passionnel de Robert Taylor vers Robert Mitchum, d’un frère vers l’autre. Premier des grands films dramatiques de Minnelli, Undercurrent donne au cinéaste la possibilité de poursuivre, parallèlement à ses comédies musicales, la recherche de certains de ses thèmes les plus secrets, que l’on aurait tort de croire réservés au domaine du « musical ».

The Spencer Tracy and Katharine Hepburn Blogathon: The Philadelphia Story (1940)

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Crystal at In the Good Old Days of Classic Hollywood is hosting the Spencer Tracy and Katharine Hepburn Blogathon, honouring the fantastic classic duo from the Hollywood’s brightest times, and my contribution is a short review of one of Hepburn’s most distinguished films:

The Philadelphia Story (1940)

George Cukor’s “The Philadelphia Story” is based on a Broadway play of the same name also starring Katharine Hepburn. In this film, Hepburn plays a rich socialite Tracy Lord, who is about to be married to George Kittredge (John Howard), after her previous marriage to a yacht designer C.K. Dexter Haven, played by Cary Grant, fell apart. Meanwhile, two reporters Mike Connor (James Stewart) and Liz Imbrie (Ruth Hussey) are secretly “planted” in the house of Tracy to spy on her and to try to cover the big wedding. Surely, they are helped in their endeavour by Tracy’s ex-husband Dexter, who still secretly hopes that Tracy will realise that their love was genuine and true. The gist of the comedy here is that Tracy knows about the true purpose of Connor and Imbrie, and her family puts on the show to impress and mislead the reporters. As Tracy flirts with Connor, the realisation of her mistake in the decision to marry Kittredge becomes more apparent. The great thing about this film, apart from its cast and performances, is the way it cleverly combines a witty story, involving a theatre of “appearances deceiving”, and the reflecting character study.

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It goes without saying that the script is ingenious; otherwise, it would not have been first a successful play and then, after the 1940 film, be translated to the screen by John Patrick in the form of “High Society” (1956), a film starring Grace Kelly, Bing Crosby and Frank Sinatra. The plot leaves plenty of room for both laughs (in fact, there are many laugh-out-aloud moments) and sad contemplation. However, it is probably the witty dialogue which makes it so good. For example, smiles are guaranteed when the character of James Stewart speaks archaic English to a librarian, or when Dinah Lord (Virginia Weidler), Tracy’s teenage sister, makes her entrance as an amateur ballerina and singer to impress the reporters. The film ends on a very heart-warming, reconciliatory note, even though the ending could be guessed half-way through the film.

The film marks Katharine Hepburn’s return to success after a number of cinematic “failures”, and it is easy to see why Hepburn is again in the midst of popularity after this film. Hepburn could do no wrong in the role which was written specifically with her in mind, and her performance here is outlandishly great. At least publically, Hepburn was known as an independent “rule-breaker”, who had her own standards and views on many things in life. In “The Philadelphia Story”, Hepburn showcases this side of her public persona and uses it to win the hearts of her audience. Hepburn’s Tracy is vivacious and charming, but also sharp-tongued and may appear very cold. As a character, Tracy is the centre of attention, spoiled by her riches, but it is evident that, as the story progresses, her inner fears and vulnerabilities start to show, and she starts to understand that the path to true love (or true love itself) may be imperfect and rocky, but that does not mean that it is any less true or real. Thereby, our heroine learns her lesson. There are many interesting scenes to that effect in the film, and, at one point, Tracy importantly exclaims: “I don’t want to be worshipped, I want to be loved”.

The script, direction and Katharine Hepburn’s brilliance should all go without saying, but what are remarkable here is how perfectly cast other characters are, and how much undeniable chemistry the ensemble as a whole has. James Stewart is perfect in the role of Mike Connor, the reporter, and gives the performance of his career (winning an Academy Award for it, too). In this role, Stewart is his usual self, playing a laid-back (sometimes tipsy) working man, who suddenly discovers something curious and unusual in the set-up created by Tracy and her family, and desires to find out more, similarly to his role in later Hitchcock’s film “Rear Window” (1954). Cary Grant, in the role of Tracy’s ex-husband, is equally good. He probably demanded too much to appear in the picture, but any conditions imposed were worth it, since he makes a nice contrast with both Stewart’s character and also, strangely, with Howard’s character. Surprisingly, Ruth Hussey, in the role of Liz Imbrie, a photographer-reporter, is a real scene-stealer. It is impossible to look anywhere but at her in every scene she is in. She has this quiet beauty about her, and her character appears so distinct, even though it has limited screen-time. It is no wonder, thus, that she was nominated by the Academy for the Best Supporting Actress Award.

Nowadays, “The Philadelphia Story” is regarded as a Hollywood classic, and rightly so. The film is a timeless story which has many important messages and themes, and some of them include the importance of accepting imperfection, because life is such, and not allowing one’s high standards to dim one’s happiness. When laughs and wit are combined with a well-presented plot and strong character presentation, what more would one want from a film like this? The film not only has a very entertaining script, its direction, cast and performances are also so good they leave a very lasting impression. 10/10

Conversations with Classic Film Stars: about Spencer Tracy and Katharine Hepburn – Exclusive Post by Authors James Bawden and Ron Miller

THE GOLDEN AGE OF GOSSIP
What Legendary Movie Stars Said about Each Other
Part Two of a Four-Part Series

Though two-time Oscar winner Spencer Tracy is widely regarded as one of the acting greats of the “golden age,” not all of his co-stars were so keen on him. For instance, Melvyn Douglas complained that director Elia Kazan had lots of grief with Tracy on Sea of Grass [1947] because Tracy and leading lady Katharine Hepburn ignored Kazan because they felt they were “these two great unreachable stars and they’d do everything their own way.”

Spencer Tracy and Katharine Hepburn
Spencer Tracy and Katharine Hepburn

Said co-star Douglas, “Spencer Tracy refused to go on location, so they went out and photographed all that grass blowing in the wind and we acted before plates [projected images] of that.”

Douglas also said Tracy was “so stout he needed a little ladder to get onto his horse.”

The very classy Irene Dunne also had some negative memories of Tracy, her co-star in A Guy Named Joe [1943].

“He’d wanted Kate Hepburn for the part of the female flying ace, Dorinda. And [director] Vic Fleming had turned him down flat, saying she wasn’t at all right for it. So when I showed up, Spence was rude, brusque and even made a pass at me.”

Though director Fleming assured Dunne things would improve, they didn’t and she finally had to complain to studio chief Louis B. Mayer, who visited the set and made it clear to Tracy he needed to clean up his act. After that, Dunne said, Tracy was very nice to her.

Spencer Tracy and Irene Dunne in A Guy Named Joe
Spencer Tracy and Irene Dunne in A Guy Named Joe

On the other hand, both Dunne and actor Van Johnson remembered that Tracy insisted the shooting schedule on A Guy Named Joe be held up to allow newcomer Johnson to recover from an auto accident injury that required plastic surgery. It was a breakout role for Johnson and Tracy saved him from being replaced by another actor.

Fay Wray also had a difficult time with Tracy, her co-star in Shanghai Madness [1933], remembering him as, “A strange man. Undoubtedly a great actor. But so wracked by personal problems. He came on to me. He came on to every girl. And when he drank, look out!”

Tracy’s frequent co-star, Katharine Hepburn, despite her four Academy awards, also had left some of her fellow actors with negative opinions.

Gloria Swanson, who was being courted to replace Hepburn on Broadway in the title role of Coco, decided against taking the part after she attended a matinee and “saw Kate swanning about and thought she was just awful. Imagine a woman who loves to dress in men’s slacks cast as a great French designer!”

Ralph Bellamy, who worked with Hepburn in Spitfire [1934], recalled how Hepburn loved to throw her weight around.

“The original male lead was Joel McCrea, but Hepburn had him dismissed. I don’t know why.”

Katharine Hepburn and Cary Grant in Bringing Up Baby
Katharine Hepburn and Cary Grant in Bringing Up Baby

Joseph Cotten also remembered Hepburn teaming up with actor Paul Scofield to insist that director Tony Richardson fire Kim Stanley from the cast of A Delicate Balance [1973]. Richardson bowed to their plea, fired Stanley, replacing her with Kate Reid. Cotten was also in the original Broadway production of The Philadelphia Story with Hepburn and Anne Baxter remembers how Cotten comforted her when she was fired during tryouts for the stage play.

“Kate Hepburn had me fired because she charged I was getting big laughs,” Baxter recalled.

On the plus side, though, was the praise of Hepburn from Cary Grant, who made four memorable films with her.

“A real character,” he said. “She’ll try anything.”

Grant described how game Hepburn was for trying a very dangerous stunt in the final scenes of their Bringing Up Baby [1939] when they’re atop a dinosaur skeleton in a museum and it collapses under them.

“I trained Kate myself,” recalled Grant, who once worked as an acrobat. “She was fearless. There was no mattress on the floor. I had her let me grab her, not by her hands because her arms would pop out of the sockets. I grabbed her by her wrists and we’re up there tossing back and forth as the skeleton crashes. Scariest thing I’d ever done, but Kate said it was wonderful and talked about deserting acting for acrobatics!”

Katharine Hepburn: l'incroyable histoire de sa liaison cachée avec Spencer Tracy

Le  à 18:31 par Stephanie FUZEAU
Katharine Hepburn : l'incroyable histoire de sa liaison cachée avec Spencer Tracy
© RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA

A l'occasion de la diffusion du documentaire Katharine Hepburn : une légende du cinéma sur Arte, retour sur l'incroyable histoire d'amour entre l'actrice et son partenaire Spencer Tracy. Un homme marié…

S'il l'on ne vit pas outre-Atlantique, il est difficile de prendre la mesure de ce que représente dans l'imaginaire américain le couple Hepburn - Tracy. A l'écran, Katharine Hepburn et Spencer Tracy sont chacun au sommet de leur carrière lorsqu'ils se rencontrent sur le film La femme de l'année en 1942. Neuf autres suivront, entre 1942 et 1967, dans lesquels les comédiens incarnent toujours des amants. A l'écran comme à la ville, ce premier film fut le cadre d'un improbable coup de foudre. Lui, fervent catholique, marié avec trois enfants, conservateur et bourru. Elle, féministe, progressiste, glamour et farouchement attachée à sa liberté : rien ne prédestinait ces êtres que tout oppose à s'entendre. Premier jour du tournage : Spencer Tracy se permet de planter une grande claque sur le derrière de Katharine Hepburn. Elle, remarque que les ongles de son futur partenaire ne sont guerre soignés et que manières laissent à désirer. L'acteur est aussi brut qu'elle est élégante. Pourtant : entre ces deux-là, le courant passe tout de suite. Chapitre premier d'une liaison adultère qui restera l'une des plus belles histoires d'amour du cinéma, mais aussi l'une des plus secrètes.

En public, Spencer Tracy fait office de mari exemplaire et de bon père de famille. En coulisses, il n'est pas le dernier à lever le coude dans les pubs et retrouve dès qu'il le peut celle qu'il aime en cachette. Si à l'écran, Spencer Tracy lui passe la bague au doigt, à la ville, les noces rêvées n'eurent jamais lieu. Irlandais profondément attaché à sa religion, Spencer Tracy se refusera toujours à divorcer de sa femme. Tout comme il tient à ce que le secret – de polichinelle dans le milieu – de leur liaison ne soit révélé au grand public. Tiraillé entre sa foi, son devoir et ses envies, Tracy noie son chagrin dans les brumes de Whisky.

Androgyne et glamour

REX FEATURES/SIPA

L'affaire ne serait pas si étonnante si la personnalité de Katharine Hepburn n'était pas ce qu'elle est : une aventurière. A 19 ans, elle arrête ses études pour se lancer dans le théâtre. À vingt ans, elle pose nue pour un peintre. Phelps Putman un poète la décrit comme : « l'anarchie vivante du coeur […] aussi impolie que la vie et la mort". Indépendante, entretenant volontiers l'ambiguïté sur ses préférences sexuelles, pilote d'avion, fumeuse de cigares, elle troque dans son intimité les robes de soie contre des pantalons et n'hésite pas à se grimer en homme pour les besoins d'un film. Avec sa personnalité affirmée, son caractère fier et son attachement farouche à sa liberté, Katherine Hepburn préfigure la féministe moderne : une femme de tête. En coulisses pourtant, elle se laisse gouverner par son cœur.

Unis jusqu'à la mort

REX FEATURES/SIPA

Sa vie entière est dédiée à l'amour de sa vie. Pour lui, elle accepte ce qu'elle a refusé à tout autre : rester dans l'ombre, être l'illégitime. Celle qui réussira à se débarrasser de sa réputation de "poison du box office" pour devenir la seule actrice – jusqu'à aujourd'hui – à obtenir quatre oscars et l'une des première productrices, se dévoue toute entière à Spencer Tracy, jusqu'à mettre sa carrière entre parenthèses pour le soigner son alcoolisme. Jusqu'à sa mort, elle reste à ses côtés. Jusqu'aux bout ils se vouent un amour aussi profond que secret. Ainsi, à la mort de son âme sœur, Katharine devra faire l'ultime sacrifice : "La rumeur", comme l'appelait madame Tracy, n'assistera pas aux funérailles de son grand amour. Privée de sa moitié, l'actrice ne refera pas sa vie et jusqu'au bout aura des mots tendres pour son partenaire de vie et ne regrettera rien. Dans un documentaire filmé quelques années avant sa mort, Katharine Hepburn s'adresse à l'homme qu’elle a tant aimé, un homme dont elle a cherché toute sa vie à capturer l'essence. "Pourquoi Spence, pourquoi as-tu toujours cherché à fuir l'homme remarquable que tu étais ?'". La voix chevrotante à cause de la maladie, ces mots qu'elle lui adresse vers l'au-delà emplissent ses yeux de larmes, dix-huit ans après la mort de son bien aimé. Comment regretter un amour d'une telle force !

Les Nouvelles héroïnes

Dans le climat dramatique de la dépression, le cinéma créa un nouveau type de femme  celle qui cherche, avec bien des contradictions, à affirmer une personnalité propre.
Jusqu’en 1927, le cinéma avait été par définition un moyen d’expression purement visuel ; l’action étant considérée comme une prérogative masculine, la femme était habituellement employée dans des rôles de second plan. Même quand tout le poids de l’intrigue reposait sur l’actrice, celle-ci ne représentait que l’élément catalyseur pour l’homme et se conformait totalement à la conception masculine de la sexualité. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas – 1982]

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Katharine Hepburn

LE PARLANT ÉMANCIPE LA FEMME

En 1913, une romancière à succès Elinor Glyn, écrivait dans Harper’s Bazaar : « Pour toute jeune femme avisée le mariage représente l’idéal à atteindre parce que cela donne un sens à sa vie. » Glyn elle-même écrira le scénario de It (1927), où Clara Bow jouait le rôle d’une flapper, gamine espiègle qui trouvait une sorte de rédemption dans le mariage.

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Clara Bow (à gauche sur le cliché) la plus célèbre flapper des années 20, en compagnie de l’écrivain Elinor Glyn.

A la fin des années 20, l’irruption du parlant eut deux conséquences pour les actrices de cinéma. En premier lieu, on assista à un renouvellement : les vedettes du muet qui ne surmontaient pas l’obstacle durent céder la place à de nouvelles venues. En second lieu, le parlant, en éliminant les brefs sous-titres du muet, commentaire indispensable de l’action filmique, fournissait à la femme un rôle important dans le dialogue serré qui allait dominer dans les films des années 30. Mais ces changements, qui favorisaient les personnages féminins à l’écran, ne correspondaient pas toujours à la réalité. Car, aux Etats-Unis, la femme qui travaillait fut soudain marginalisée par la crise ; elle se retrouva tout à coup au cœur de la lutte pour de meilleures conditions de vie.

Les héroïnes des films du début des années 30 étaient souvent des jeunes femmes actives, recherchant à la fois un emploi et des possibilités d’expression, ainsi qu’une liberté sexuelle sans commune mesure avec celle des générations précédentes. Malgré leur aspiration à une vie différente, elles finissaient toujours par revenir à la vieille philosophie masculine et à sa conception de la sexualité, sanctifiée par le mariage, sur fond sonore de mille violons sirupeux. Cependant ces héroïnes actives et insérées dans le monde du travail donnaient une nouvelle image de la femme et, ce qui est le plus important, prenaient enfin conscience de leur place. C’est en exploitant justement cette nouvelle donnée que Katharine Hepburn, Jean Arthur, Miriam Hopkins, Rosalind Russell et Irene Dunne parvinrent rapidement à la célébrité et firent oublier les flappers des années 20.

LE TRIANGLE BOURGEOIS

Ces nouvelles héroïnes de l’écran jouaient dans des films qui étaient tous produits et dirigés par des hommes (l’exception qui confirme la règle étant la cinéaste Dorothy Arzner). Lubitsch lui-même ne sut pas rompre avec les critères «masculins» qui dominaient la production cinématographique ; pourtant, durant les années 20, il avait montré l’intérêt qu’il portait aux problèmes des libertés sociales et sexuelles fût-ce dans des cas très particuliers et à l’intérieur de systèmes sociaux rigides. En 1932, il tourna Trouble in Paradise (Haute Pègre, 1933), Design for Living (Sérénade à trois), tous deux interprétés par Miriam Hopkins, l’un des plus charmants sex-symbols des années 30. Les deux films décrivaient la situation d’une femme aux prises avec deux hommes. Dans le second, elle était Gilda Farell, amoureuse de deux hommes, le peintre George Curtis (Gary Cooper) et l’écrivain Tom Chambers (Fredric March) ; sa situation était d’autant plus délicate qu’eux-mêmes l’aimaient avec passion. Pour résoudre le problème, ils acceptaient la solution d’un ménage à trois dans lequel elle jouerait le rôle de mentor ou de conseillère, jamais d’amante. Pendant que Tom se rend à Londres pour la première d’une de ses comédies, Gilda épouse George ; à son retour, Tom, profitant de l’absence du mari, réussit à vaincre les résistances de Gilda. Inévitablement, c’est le drame et, dans l’impossibilité de trouver un équilibre, la jeune femme divorce et se remarie avec le vieux Max Plunkett (Edward Everett Horton). Gilda, revoyant par hasard ses anciens amants, leur révèle l’échec de cette mésalliance et décide immédiatement d’y remédier en reprenant leur ménage à trois, mais en évitant les rapports sexuels. Le film se conclut ainsi sur la seule solution qui permet à Gilda de ne pas être malheureuse tout en gardant une certaine forme d’indépendance : sacrifier sa sexualité et celle de ses amants à une relation libératrice avec les hommes qu’elle aime.

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Sérénade à trois (Design for Living) d’Ernst Lubitsch (1933), avec Miriam Hopkins, Gary Cooper, Fredric March

Un cheminement identique est présenté, avec plus de force encore, dans un autre film de Lubitsch, Angel (1937) : Marlene Dietrich, mariée au riche diplomate sir Frederick Barker (Herbert Marshall), doit choisir entre l’amour conjugal (son mari l’aime selon les vieux schémas traditionnels, comme un propriétaire aime un objet de valeur) et son amour passionné pour Anthony Helton (Melvyn Douglas) qu’elle a rencontré par hasard lors d’un voyage à Paris. Ce dernier, qui a beaucoup plus de temps à lui consacrer que son mari, noyé dans les affaires, la considère comme un « ange ». Maria accepte passivement ce culte tout en se dévouant à son mari. Son attitude n’apparaît pas comme celle d’une femme libre, puisqu’elle dépend totalement d’un monde d’hommes. Une fois de plus, Lubitsch dénonçait une société qui est celle de la frivolité et des faux sentiments, qu’elle soit composée d’aristocrates britanniques ou de bourgeois français ou américains.

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Angel d’Ernst Lubitsch, interprété par Marlene Dietrich, Herbert Marshall et Melvyn Douglas (1937).

LES FEMMES REPORTERS

Durant les années 30, une des professions les plus fréquemment jouées par les nouvelles héroïnes fut celle de reporter, un rôle qu’elles interprétaient avec une sensibilité et une droiture tout à fait inaccoutumées pour un genre de travail qui réclame plutôt une certaine dureté et un esprit retors.
Mais leur réelle aptitude à exercer ce métier exigeant était toujours contrariée par leur délicatesse, vertu qui confirmait qu’en dehors du mariage elles n’étaient bonnes à rien.

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L’Extravagant Mr. Deeds de Frank Capra (1936) avec Jean Arthur et Gary Cooper

Deux films illustrent particulièrement bien cette conception : Mr. Deeds Goes to Town (L’Extravagant M. Deeds, 1936) de Frank Capra, His Girl Friday (La Dame du vendredi, 1940) de Howard Hawks. Dans le premier, le reporter Babe Bennett (Jean Arthur) fait un scoop journalistique sur l’aventure de Longfellow Deeds (Gary Cooper), jeune musicien de province qui hérite d’une fortune et se rend à New York afin de prendre possession de ses biens. Ce « CendrilIon» d’un nouveau type, objet des sarcasmes de la jeune journaliste, devient aussi pour elle l’espoir d’une vie différente, loin de la corruption qui règne dans le monde de la presse. Babe Bennett finit par comprendre que le mariage avec Deeds et leur vie conjugale à Mandrake Falls (la ville natale de Longfellow) représentent pour elle la seule manière de se réaliser. Dans His Girl Friday, c’est aussi un rôle de reporter qu’incarne Rosalind Russell. Hildy Johnson vient de divorcer de Walter Burns (Cary Grant), qui est aussi son rédacteur en chef, et veut se remarier avec Bruce Baldwin (Ralph Bellamy), ce que Walter n’arrive pas à accepter. Encore une fois l’intrigue ne sert qu’à renforcer les conventions sociales : Hildy ne peut concevoir une existence indépendante, c’est-à-dire sans homme ; elle est donc contrainte de choisir entre la sécurité matérielle représentée par Bruce et sa carrière qui l’oblige à travailler avec son ex-mari. Finalement, elle revient à sa profession et renoue avec Walter, en tout bien tout honneur évidemment.

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La Dame du vendredi (His Girl Friday) réalisé par Howard Hawks (1940) et appartenant au genre de la « screwball comedy », avec Rosalind Russell et Cary Grant

UNE FEMME INDÉPENDANTE

Mais l’héroïne la plus forte du cinéma américain des années 30 fut sans doute Katharine Hepburn. Son tempérament et son genre de beauté, à l’opposé du mystère de la femme mythifiée (Greta Garbo) et de l’érotisme trouble de l’inaccessible femme fatale (Marlene Dietrich), faisaient d’elle le type même de cette femme nouvelle pour laquelle la sécurité du mariage n’est pas le but de la vie. Hepburn était la femme pragmatique dont la volonté d’agir était égale, sinon supérieure, à celle d’un homme.

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En vingt ans à peine, la condition de la femme, au cinéma du moins, a beaucoup évolué. Katharine Hepburn fut l’exemple le plus accompli de cette nouvelle génération d’héroïnes de l’écran. Elle incarna la femme décidée à conquérir son indépendance dans tous les domaines. C’est ainsi qu’elle apparut dans « La Rebelle » dans un personnage qui assumait sans honte sa condition de fille-mère. « A Woman Rebels » de Mark Sandrich (1936).

Dans son deuxième film, Christopher Strong (La Phalène d’argent, 1933), elle créa un personnage auquel elle allait s’identifier tout au long de sa carrière : Cynthia Darrington, une aviatrice dont la plus haute ambition est de devenir pilote professionnel, tombe amoureuse de Sir Christopher Strong (Colin Clive). Celui-ci l’aime passionnément, mais n’a pas le courage d’abandonner sa femme pour elle. Il aimerait cependant que Cynthia renonce à ses ambitions. Elle accepte, mais se rendant compte qu’elle est enceinte, elle décide de participer à une épreuve pour battre le record d’altitude. A 9000 m, elle jette son masque à oxygène et perd le contrôle de l’appareil. Ce suicide est une sorte de démission devant les problèmes que lui posait le dur apprentissage de la liberté et de l’indépendance. En outre, dans le cadre strictement moralisateur de Hollywood, seule la mort pouvait racheter la « faute » de la jeune femme.

Cette difficile conquête de l’indépendance est également au cœur de Little Women (Les Quatre Filles du docteur March. 1933). Katharine Hepburn y tient le rôle de Jo, une jeune femme qui ne parvient à devenir écrivain qu’au prix du renoncement à l’amour (son amant épousera une de ses sœurs), Jo se mariera donc avec un professeur âgé dont l’appui lui est nécessaire pour réaliser ses ambitions. En 1935, dans Break of Hearts (Coeurs brisés), Hepburn est un compositeur qui cède à l’amour d’un chef d’orchestre, Robert (Charles Boyer), avec qui elle se mariera. Les infidélités répétées de ce dernier l’amèneront à le quitter pour un garçon beaucoup plus jeune qu’elle. Cette liaison sera de courte durée car la jeune femme revient à son mari pour le sauver de la déchéance de l’alcoolisme.

Dans Sylvia Scarlett (1936), Hepburn brouille les pistes de sa féminité en se faisant passer pour un adolescent ; elle abandonnera ce déguisement «confortable» pour conquérir l’homme qu’elle aime et l’arracher aux flatteries d’une vamp. Sylvia Scarlett est une stupéfiante variation sur le subtil érotisme de Katharine Hepburn et chacun de ses plans témoigne d’un raffinement et d’une perfection qui sont ceux de la MGM de l’âge d’or, magnifiés par un auteur authentique : Cukor.
Dans A Woman Rebels (La Rebelle, 1936), où elle incarne une militante de l’époque victorienne qui lutte pour l’émancipation des femmes, Hepburn a même un enfant illégitime et devient directrice d’une revue féminine, mais comprend en fin de compte qu’elle est amoureuse de son fidèle soupirant et succombe alors au mariage.

DES PERSONNAGES NÉGATIFS

Le critique Molly Haskell, dans son ouvrage «From Reverence to Rape », a suggéré que la sexualité et l’agressivité des héroïnes des années 30 envahirent le cinéma après l’application du code Hays en 1934 qui stipulait en effet que « les femmes pouvaient nouer des relations sexuelles et séduire les hommes, voire incarner certains traits typiquement masculins, sans pour autant être classées comme « non féminines ou agressives » », Toutefois, bien que le code ait pu exercer une influence sur la manière de présenter la femme – elle ne pouvait plus apparaître en déshabillé ou dans des poses trop aguichantes -, il ne put diminuer l’intérêt pour les choses du sexe, qui était propre au cinéma. Le code Hays, manifestation de l’éthique patriarcale puritaine qui est à la base de la société américaine, édicta des prescriptions rigoureuses à l’égard de la production, mais celles-ci ne furent pas appliquées à la lettre. De toute manière, quelles qu’aient pu être les limitations et les censures apportées par le code Hays aux personnages interprétés par Mae West et Jean Harlow, la sexualité agressive de ces dernières ne contribuait pas à l’émancipation de la femme.

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La Belle de Saïgon (Red Dust) de Victor Fleming (1932) avec Jean Harlow et Clark Gable

La bombe «sexy» incarnée par Harlow n’était certes pas, en effet une alternative possible aux conventions matrimoniales, pour ne rien dire de Mae West, si amorale et si libre dans son langage. De la même façon, les premiers films des années 30 interprétés par Garbo et Dietrich annonçaient déjà les personnages que les deux actrices allaient jouer dans leurs films suivants, mais ce qu’il y avait de révolutionnaire dans leur personnalité ambiguë restait dans l’ombre. On peut même dire que pour Garbo l’émotion sexuelle était sublimée par une certaine spiritualité. Comme dans Queen Christina (La Reine Christine, 1933), la bisexualité latente du personnage apparaissant de manière trop voyante, Garbo était dès lors condamnée à affronter une relation hétérosexuelle placée sous le signe d’un destin tragique, puis à porter le deuil de son amant et à subir une vie solitaire. Dans Camille (Le Roman de Marguerite Gautier, 1936), l’impossibilité pour l’héroïne de concrétiser son amour est une fois de plus résolue par la mort.

On peut presque en dire autant de Marlene Dietrich : plus qu’aucune autre star elle offrit, avec les films de Josef von Sternberg, des personnages de femmes qui se sont affranchies de la sujétion masculine, mais en apparence seulement. La personnalité même de l’actrice, d’une ambiguïté quasi androgyne, fut utilisée par le metteur en scène pour créer une femme fatale totalement mythique. Il est bien difficile d’affirmer que les héroïnes des années 30 étaient des femmes vraiment épanouies. Elles s’efforçaient de le paraître, mais leurs rôles ne leur facilitaient pas la tâche. Leurs aspirations à l’indépendance et à la liberté, qu’on ne qualifiait pas encore de « revendications » surnageaient à peine des flots sirupeux de l’amour romantique le plus traditionnel.

RETOUR AU PASSÉ

La fin des années 30 vit une accentuation du conformisme social, si bien que l’image de la femme indépendante finit par apparaître tout à fait révolue. Dans une comédie musicale de 1937, HighWide and Handsome (La Furie de l’or noir), ce recul est déjà perceptible. Irene Dunne incarne une femme de spectacle, Sally Watterson, qui tombe amoureuse du beau Peter Cortland (Randolph Scott) et l’épouse. Leur vie commence, heureuse, dans la ferme de Peter. Le rêve de ce dernier – construire une maison sur une colline – est anéanti par la découverte d’un gisement de pétrole. A partir de ce moment, Peter ne s’intéresse plus à sa femme (qui en profite pour sortir seule quand son mari travaille) ; Sally quitte le domicile conjugal et reprend, avec beaucoup de succès, sa carrière artistique. On devine la suite : elle finira par revenir vers Peter et l’aidera financièrement à combattre les spéculateurs qui s’acharnent contre lui. Dans la dernière scène, on voit le couple enfin réuni au pied d’un pipe-line d’où jaillit le pétrole, symbole phallique s’il en fût ! Ce dénouement heureux, le classique « happy end » consacre le double renoncement de la femme, d’abord à sa carrière, ensuite à son désir sexuel pour son mari dont toute l’énergie a été absorbée par les nécessités de l’économie capitaliste. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas – 1982]

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