marți, 23 februarie 2021

Dragi tovarasi / 2020 / Andrei Koncealovski


Alexandr Soljenitin, AHIPELAGUL GULAG, Ed. Univers, 1998, vol III, cap. 3 Legea in zilele noastre, sectiunea Revolta din Novocerkassk, 1-2 iunie 1962. p. 397-406 


Chers camarades! (film)

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Chers camarades!
Chers camarades! .Jpg
Affiche de film
russeДорогие товарищи!
Réalisé parAndrei Konchalovsky
Produit parAndrei Konchalovsky
Olesya Gidrat
Alisher Usmanov
Scénario de
  • Andrei Konchalovsky
  • Elena Kiseleva
En vedette
CinématographieAndrey Naydenov
Édité par
  • Sergei Taraskin
  • Karolina Maciejewska
Société de
production
Studios Andrei Konchalovsky
Date de sortie
  • 7 septembre 2020 Venise )
Temps d'exécution
120 minutes
De campagneRussie
Languerusse

Chers camarades! ( Dorogie tovarishchi) est un film russe réalisé par Andreï Kontchalovski, sorti en 2020.Le film remporte le prix spécial du jury à la Mostra de Venise 2020.

Distribution

  • Julia Vysotskaya comme Lyudmila 'Lyuda' Syomina
  • Sergei Erlish comme père de Lyuda
  • Yuliya Burova comme Svetka, la fille de Lyuda
  • Vladislav Komarov comme Loginov
  • Andrey Gusev comme Viktor

Accueil 

L'agrégateur de critiques Rotten Tomatoes attribue au film un taux d'approbation de 96% basé sur 47 critiques, avec une note moyenne de 8,1 / 10. Le consensus des critiques du site web mène à la conclusion suivante: « Chers camarades jette un regard  perçant sur un chapitre sombre de l'histoire soviétique, rendu encore plus efficace par la fureur froide de son directeur.  Selon Metacritic, qui a échantillonné 14 critiques et calculé un score moyen pondéré de 82 sur 100, le film a reçu " une reconnaissance universelle". 

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SYNOPSIS ET DÉTAILS

Dans une ville de province au sud de l’URSS en 1962 et s’inspire des événements de Novotcherkassk où, suite à un mouvement social, 26 personnes ont été tuées et 87 blessées. Lyudmila, dévouée au Parti Communiste et vétéran idéaliste de la Seconde Guerre mondiale, est un fléau pour tout ce qu’elle perçoit comme sentiment antisoviétique. Avec d’autres officiels locaux du Parti, elle est surprise par une grève dans une usine locale, à laquelle sa propre fille prend part. Alors que la situation devient vite hors de contrôle, Lyudmila commence à chercher désespérément sa fille, face aux couvre-feu, arrestations de masse et tentatives brutales des autorités pour dissimuler la violence étatique. Sa foi envers le Parti est alors ébranlée.
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DEAR COMRADES! (DOROGIE TOVARISHCHI!)

Andrei Konchalovsky

Russie, 2020 / 121 min / / Drame, Histoire

En 1962, en URSS, une grève d’ouvriers tourne en massacre lors de l’intervention de l’armée rouge.

URSS, Novotcherkassk, 1962. Lyudmila est membre du Parti communiste local. Elle est une fervente défenseuse du régime et des idéaux communistes et méprise toute forme de dissidence. Lors d'une grève du travail dans l'usine locale de moteurs électriques, elle est témoin de la fusillade des manifestants par l'armée rouge envoyée par le gouvernement pour réprimer la grève. La manifestation paisible tourne au massacre. L’événement changera à jamais la vision du monde de Lyudmila. Parallèlement, sa fille disparaît.et Lyudmila commence alors une périlleuse recherche malgré le blocus de la ville, les arrestations et la tentative de camouflage par les autorités.

« J’ai voulu faire un film sur la génération de mes parents qui a combattu et survécu à la Seconde Guerre mondiale avec la conviction qu'il était honorable de mourir ‘pour la patrie, pour Staline’, guidée par une confiance inconditionnelle dans les objectifs du communisme. J’ai voulu reconstruire avec la plus grande précision les événements qui se sont réellement produits, ainsi qu’une époque dans laquelle l'histoire a révélé le fossé infranchissable entre les idéaux communistes et la tragique réalité des faits. Ce film est un hommage à la pureté de cette génération, à ses sacrifices et à la tragédie qu'elle a vécue en voyant ses mythes s'effondrer et ses idéaux trahis. » Note d’intention du réalisateur Andrei Konchalovsky

RÉCOMPENSES

Best Director, Golden Eagle Awards, 2021 (Russia)

Best Director, Chicago International Film Festival, 2020 (USA)

Special Jury Prize, Venice Film Festival, 2020 (Italy)

NBR Award – Best Foreign Language Film, National Board of Review, 2021 (USA)

BIOGRAPHIE DU RÉALISATEUR

Né en 1937 à Moscou, issu d'une famille d'artistes, Andrei Konchalovsky se destine d'abord à la musique avant d'intégrer la célèbre école cinématographique VGIK où il étudie la réalisation sous Mikhail Romm. Son premier long-métrage, Le Premier maître (1965), lui attire la bienveillance du pouvoir soviétique et est sélectionné en compétition à Venise. Mais son deuxième film, Le Bonheur d'Assia n'échappe pas à la censure en 1966 et ne sort qu’en 1988. Depuis lors, ses films, ses productions télévisées et ses spectacles de théâtre ont été primés aux festivals de Venise, de Cannes et de Saint-Sébastien. Dans les années 1980, Andrei Konchalovsky émigre aux Etats-Unis où il s'essaye à des genres variés et réalise, entre autres Tango & Cash (1989). Il revient dans son pays natal à la fin de la guerre froide avec des films sur la Russie contemporaine. En 2014, il remporte le Lion d’argent à Venise pour The Postman's White Nights. Dear Comrades! (2020) a été présenté à Venise où il a remporté le prix spécial du Jury.

                                                  Andreï Kontchalovski en 2018

FILMOGRAPHIE récente

2020 – Dorogie tovarishchi!

2020 – Homo Sperans (documentaire)

2019 – Sin

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duminică, 21 februarie 2021

Cinema sous le IIIe reich

  

Cinéma sous le Troisième Reich

Adolf Hitler et Joseph Goebbels visitent les studios de la UFA, en 1935.

La période du cinéma sous le Troisième Reich est l'histoire du cinéma allemand entre 1933 et 1945. Ce cinéma est marqué d'abord par une "aryanisation" radicale, c'est-à-dire l'éloignement des artistes juifs, ainsi que par l'étatisation progressive des structures artistiques et par des orientations politiques marquées. Il fait suite à la période plus diversifiée artistiquement parlant du cinéma sous la République de Weimar, que d'aucuns ont qualifiée d'« âge d'or du cinéma allemand ». Néanmoins, contrairement à une idée répandue, les films de propagande ne représentent qu'une infime partie des métrages réalisés sous le régime nazi. Joseph Goebbels, ministre de la Propagande et de l'Éducation du peuple, qui a sous sa tutelle l'industrie cinématographique allemande, la mène certes d'une main de fer, notamment en imposant ses choix dans diverses scénarios ou pour un acteur ou une actrice en particulier. Mais il a compris, dès 1933, que le public se désintéresse des films marqués idéologiquement. Ainsi, les films réalisés sous le Troisième Reich ne seront pas des odes au régime, mais la plupart du temps des divertissements ou des films historiques, parfois et discrètement marqués d'anglophobie et d'antisémitisme. Par ailleurs, la mise au pas du cinéma allemand a affaibli son potentiel de modernité « internationale ». L’histoire du cinéma n’a pas vraiment retenue les noms des réalisateurs des films tournés sous Goebbels en dehors de Leni RiefenstahlVeit Harlan ou Pabst qui restent aujourd'hui encore auréolés de prestige.

Les thèmes traités dans les films changent au gré de la situation géopolitique de l'Allemagne. Ainsi, Le Juif Süss, réalisé par Veit Harlan en 1940 obtient un grand succès et est considéré comme emblématique de l'incursion nazie et antisémite dans le cinéma allemand. Réalisé en 1944, Kolberg, en s'inspirant d'un évènement historique des guerres napoléoniennes, vise à redonner espoir et combativité au peuple alors que la Seconde Guerre mondiale est quasiment perdue pour l'Allemagne. Entre 1933 et 1945, le cinéma allemand est le deuxième cinéma du monde quant au nombre de films produits, qui sont diffusés progressivement dans toute l'Europe occupée. Il bénéficie de nombreuses avancées technologiques et artistiques, notamment par le travail de cadrage et d'ambiance de Leni Riefenstahl (usage du travelling, de caméras sur rails et de caméras sous-marines) ou l'invention du cinéma en couleur avec Agfacolor, dont le film La Belle Diplomate est le premier à utiliser la technique.

Cinema nazi+Leni Riefenstahl

  https://adevarul.ro/stil-de-viata/magazin/documentarul-care-face-lumina-despre-cum-a-reusit-2439067.html


Dernier livre
RÉSUMÉ
Danseuse, actrice fétiche des films de montagne, cinéaste révolutionnaire, photographe remarquable, plongeuse hors pair, Leni Riefenstahl (1902-2003) est, aux yeux du monde, la cinéaste qui s'est fourvoyée en se mettant au service du nazisme. En 1932, sa rencontre avec Adolf Hitler change son destin. C'est un coup de foudre réciproque. Dès son accession au pouvoir, elle accepte la direction artistique du film du Congrès du Parti nazi à Nuremberg en 1934, Le Triomphe de la volonté, l'archétype du film de propagande. Puis elle réalise en 1936 le film officiel des Jeux olympiques, Les Dieux du stade, qui devient un succès mondial. Après la guerre, échappant à la dénazification, Leni Riefenstahl est souvent détestée. Néanmoins, son héritage est immense et les plus grands cinéastes, de Steven Spielberg à George Lucas, reconnaissent aujourd'hui son influence. Seuls l'art et l'esthétique ont compté pour elle, et c'est bien ce reproche qui encombre sa mémoire et obscurcit sa postérité. Sans l'aduler ni la condamner, Jérôme Bimbenet perce le mystère de la « douce amie du Führer » qui n'a jamais connu la moindre once de remords, de compassion, de culpabilité ou de conscience politique. Jusqu'à la fin, quand on l'interrogera sur sa responsabilité, elle ne cessera de répondre : « Où est ma faute ? »

Jérôme BIMBENET

Historien du cinéma, Jérôme Bimbenet est l'auteur de Quand la cinéaste d'Hitler fascinait la France (2006) et Film et histoire(2007).

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Notes de lecture
Cinéma, théâtre, télévision

Jérôme Bimbenet, Quand la cinéaste d’Hitler fascinait la France, Leni Riefenstahl

Paris, Lavauzelle, coll. Histoire, mémoire et patrimoine, 2006, 312p.
Vincent Lowy
p. 362-365
Référence(s) :

Jérôme Bimbenet, Quand la cinéaste d’Hitler fascinait la France, Leni Riefenstahl. Paris, Lavauzelle, coll. Histoire, mémoire et patrimoine, 2006, 312 p.

Texte intégral

1À la fin du mois de mars 2007, l’actrice américaine Mia Farrow, ambassadrice de l’unicef, se disait scandalisée que le cinéaste Steven Spielberg soit rémunéré par la Chine en tant que consultant, en vue de préparer les Jeux Olympiques de 2008 (Éditorial du Wall Street journal 28/03/07). Faisant référence à la fois à l’implication de Pékin dans les crimes génocidaires perpétrés par le régime soudanais au Darfour et à l’activisme de Steven Spielberg en faveur de la mémoire de la déportation et de la destruction de Juifs d’Europe, l’actrice brandissait la comparaison la plus dégradante à ses yeux pour stigmatiser les compromissions du cinéaste : « Does Mr. Spielberg really want to go down in history as the Leni Riefenstahl of the Beijing Games ? » [M. Spielberg veut-il vraiment rester dans l’histoire comme le Leni Riefenstahl des jeux de Pékin ?]. Il n’a pas fallu attendre une semaine pour que le réalisateur incriminé envoie une lettre au sujet du Darfour au leader chinois Hu Jintao.

2Le constat est sans appel : le nom de Leni Riefenstahl reste indissolublement lié aux heures sombres de l’Allemagne et garde son odeur de soufre. Pourtant, alors que les années passent, son œuvre pourrait légitimement être redécouverte, réévaluée à la lumière de nouvelles contributions critiques ou de recherche. Mais c’est l’inverse qui se produit : après un semblant de réhabilitation dans les années 90, elle redevient abusivement l’icône du national-socialisme à l’heure de la médiatisation de masse, scénographe de la gloire nazie et par extension muse d’Adolf Hitler Un travail de dépoussiérage s’impose donc, dans une nécessaire remise en perspective des mécanismes du f Im documentaire et de la propagande d’État à l’âge des totalitarismes. Contribution d’importance à ce travail de redécouverte d’une œuvre complexe, la recherche de Jérôme Bimbenet sur Leni Riefenstahl passionnera d’abord ceux qui s’intéressent au cinéma produit sous le IIIe Reich. On y trouve une somme considérable d’informations nouvelles que le chercheur ne pouvait jusqu’ici découvrir ni dans les propres ouvrages de la cinéaste (ses mémoires controversés et ses albums de photographie, les plus fameux portant sur les Noubas), ni dans les quelques analyses esthétiques ou historiques que son travail avait jusque là suscitées.

3Pourtant, Jérôme Bimbenet ne parvient pas vraiment à situer le registre de son travail. Dès les premières lignes, l’auteur proteste : Quand la cinéaste d’Hitler fascinait la France n’est pas une biographie de Leni Riefenstahl, mais une étude de la réception de ses films en France. L’auteur y épouse malgré tout le déroulement chronologique d’une carrière pleine de péripéties, d’une vie rocambolesque. Sans doute ce qui distingue cet ouvrage est qu’il s’appuie sur des analyses de film approfondies, des études de la presse de l’époque, des éléments d’analyse d’image et de lecture de f Im. Il en résulte un travail un peu hétéroclite, mais qui donne une bonne occasion de revenirsur la trajectoire unique de la cinéaste à travers le filtre de l’accueil que ses f Ims ont reçu en France.

4Leni Riefenstahl naît en 1902 dans la bourgeoisie berlinoise. Après des débuts de danseuse, dans le sillage de Max Rheinardt notamment, elle se tourne vers le cinéma au milieu des années 20, à la suite d’une blessure. Ses premières réussites en tant qu’actrice sont à mettre à l’actif du spécialiste des films de montagne de l’époque, Arnold Franck Der heilige Berg (La montagne sacrée) est la grande œuvre de cette époque (1926) et conduit Leni Riefenstahl, désormais prototype de l’Allemande élancée et sportive, sur les plateaux du grand cinéaste Georg W. Pabst. En 1929, Die weisse Hölle vom Piz Palü (Prisonniers de la montagne) est le deuxième échelon de cette marche triomphante vers les hautes cimes du cinéma germanique. Alors qu’elle enchaîne Tempêtes sur le Mont Blanc et autres Ivresse blanche avec Arnold Franck, Georg W. Pabst pousse l’actrice à passer derrière la caméra. En 1932, son premier film Das blaue Licht (La lumière bleue) ne retient l’attention que de quelques cinéphiles, parmi lesquels on compte Adolf Hitler. Leni Riefenstahl découvre quant à elle son futur commanditaire dans un meeting du Sportpalast en 1932. C’est l’enthousiasme : « À l’instant où il prit la parole, je me trouvais submergée de façon ahurissante par une vision quasi-apocalyptique qui ne me quitterait plus : j’eus l’impression très physique que la terre s’entrouvrait devant moi comme une orange fendue par son milieu et jaillirait un jet d’eau immense, si puissant et si violent qu’il attendrait le sommet du ciel et que la terre en serait secouée dans ses fondements » (p. 26).

5Dès lors, son parcours est inséparable de celui qui, en 1933, devient Führer de l’Allemagne et la propulse pour longtemps au purgatoire des cinéastes maudits. Dès l’avènement du nouveau Reich, Leni Riefenstahl devient une figure de proue du régime, malgré l’inimitié persistante que lui voue le docteur Goebbels, Gauleiter de Berlin et chef de la propagande nationale-socialiste, inimitié que la cinéaste met sur le compte du dépit amoureux. Cinéaste officielle en chef la réalisatrice bénéficie également de l’épuration des studios impulsée par le nouveau pouvoir : le départ des cinéastes, des producteurs et des techniciens majeurs de Weimar pour la France ou les États-Unis laisse l’industrie du cinéma allemand en jachère : les « Unes » de la presse spécialisée sont disponibles pour de nouvelles têtes d’affiche.

6Finalement, Leni Riefenstahl signe peu de films à la gloire du national-socialisme : Der Sieg des Glaubens en 1933, Tag der Freiheit et Triumph des Willens en 1935, Festliches Nürnberg en 1937 et Olympia en 1938. Ce n’est pas grand-chose, comparé à la production documentaire de masse de la propagande nazie. Mais Leni Riefenstahl a d’emblée fait le choix de la qualité au détriment de la quantité. Les premiers films sont des esquisses, certes décisives, mais la grande œuvre reste celle de 1938, superproduction diffusée en France sous le titre resté fameux Les dieux du stade. Jérôme Bimbenet relate tout ce qu’il faut savoir sur la genèse de ces différents films, sur les pratiques techniques, professionnelles et relationnelles de la cinéaste, qui invente littéralement un nouveau vocabulaire filmique, dédié à la gloire du régime nazi. L’auteur montre avec clarté comment ces films constituent également une matrice pour l’ensemble des films de propagande à venir : le cinéma américain des années 1942-1946 s’est largement inspiré d’un corpus d’images fourni parles équipes de Leni Riefenstahl. Au-delà, des films plus récents de science-fiction ou d’anticipation s’en réclament également. La réalisatrice a indubitablement inventé une nouvelle forme de regard sur la société et marqué l’histoire des formes au XXe siècle. Jérôme Bimbenet offre une vue imprenable sur cette carrière, conduite au culot par une pionnière sans équivalent dans les cinématographies du monde libre (on chercherait en vain une femme réalisatrice de prestige en France, en Angleterre ou à Hollywood dans les années 30).

7La fin de carrière est également intéressante. Par sa longévité, d’abord : une rallonge d’une cinquantaine d’années, pendant laquelle la grande dame visite la planète caméra au poing, à la recherche du beau intégral, qu’elle trouve tantôt sous les océans, tantôt parmi les peuplades primitives. Intéressante également parce que dans cette interminable fin de parcours (elle décède en 2003, à l’âge de 101 ans), la cinéaste s’épargne toute forme d’autocritique ou besoin de justification, contrairement à un Veit Harlan, tourmenté jusqu’au bout par ses démons. Il faut dire que Leni Riefenstahl n’a jamais fait de film antisémite et a pris quelques distances avec les hiérarques nazis à partir de 1937 (même si sa relation privilégiée avec Albert Speer a duré jusqu’à la fin des années 60). Seul impair aux yeux des victimes des crimes nazis : l’emploi certainement forcé de figurants tziganes, « empruntés » au camp de concentration de Maxglan dans son film Tiefland (grand projet commencé en Espagne en 1934, tourné pendant les années de guerre avec l’aide de Georg Wilhelm Pabst et achevé au début des années 50 grâce à Henri Langlois). La cinéaste a longtemps nié avoir compris d’où venaient ces figurants et où ils allaient (ils ont vraisemblablement été gazés à Birkenau), jusqu’à ce que des témoignages tardifs l’incriminent directement. Cette polémique entamée au début des années 50 la poursuivra jusqu’en 2002 lorsqu’elle « s’engagea par écrit à ne plus jamais déclarer qu’il restait des survivants parmi les Tsiganes de Tiefland » (p. 287). Il semble tout de même que sa découverte de la nature profondément criminelle du national-socialisme date de septembre 1939, lorsqu’un massacre de civils polonais s’est déroulé sous ses yeux. Malgré cela, elle gardera une nostalgie pour la grandeur des premières années du IIIe Reich, comme s’il n’existait aucune relation entre ces différents moments de sa vie. Ne confiait-elle pas lors des Jeux de Munich en 1972, face au stade de la ville, plus imposant mais moins élégant que le Sportpalast de 1936 : « C’est grand, oui, mais ce n’est pas beau. La beauté est kaputt ! ». Nous touchons là aux limites d’un personnage faussement énigmatique, qui semble parfois dépourvu de toute forme de conscience, de besoin de comprendre, comme si l’argument esthétique valait tous les autres.

8Mais Jérôme Bimbenet analyse surtout, et c’est le sens de son travail, la réception des différents films de Leni Riefenstahl en France, postulant que les dirigeants du Front populaire sont allés puiser chez elle leur engouement pour la culture physique et la vie au grand air II le fait à grand renfort d’extraits d’articles de la presse de l’époque. C’est sans doute là que l’entreprise de Jérôme Bimbenet devient hasardeuse : il y a bien eu un effet Riefenstahl dans la presse spécialisée française mais, pour autant, peut-on réellement parler de fascination, comme l’indique le titre de l’ouvrage ? Cet aspect a visiblement suscité des remous lors de la soutenance de thèse de l’auteur Laissons-lui la parole : « Les membres du jury avaient du mal à envisager la vision d’un Front populaire cherchant un modèle (même simplement sportif) en Allemagne nazie. La remise en cause d’une période intouchable de l’histoire de France récente a été difficilement acceptée. Les sources pourtant existent mais l’auteur de la thèse a pu se rendre compte que l’on ne pouvait impunément aller contre l’idéologie dominante (p. 289). Plus convaincante est l’analyse des films eux-mêmes et surtout la relation de la deuxième partie de la carrière de Leni Riefenstahl. Toutefois, on peut regretter que dans cet ouvrage, aucun élément ne soit donné s’agissant l’attitude et les activités de Leni Riefenstahl pendant la guerre. En effet, il y a en effet très peu d’informations dans la continuité du récit sur les années entre 1939 et 1945. L’auteur, s’il n’a rien trouvé à relater à ce sujet, aurait dû expliquer cette ellipse et renvoyer le lecteur à des ouvrages plus biographiques. Dernier point : quel est le sens de cette accroche racoleuse, qui n’est pas vraiment confirmée par l’analyse des sources : Quand la cinéaste d’Hitler fascinait la France ? Dommage que ce mauvais titre, inutilement polémique, reflète si mal la richesse de l’ouvrage qu’il désigne.

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Pour citer cet article

Référence papier

Vincent Lowy, « Jérôme Bimbenet, Quand la cinéaste d’Hitler fascinait la France, Leni Riefenstahl », Questions de communication, 12 | 2007, 362-365.

Référence électronique

Vincent Lowy, « Jérôme Bimbenet, Quand la cinéaste d’Hitler fascinait la France, Leni Riefenstahl », Questions de communication [En ligne], 12 | 2007, mis en ligne le 12 avril 2012, consulté le 21 février 2021. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/2475 ; DOI : https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.2475

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Auteur

Vincent Lowy

Université Marc Bloch-Strasbourg 2
CREM, université Paul Verlaine-Metz
vincentetmarion@yahoo.com

joi, 18 februarie 2021

THE DIG / film 2021 / reg.Simon Stone

 

The Dig
RéalisationSimon Stone
ScénarioMoira Buffini
MusiqueStefan Gregory
Acteurs principaux

Carey Mulligan
Ralph Fiennes
Lily James

Sociétés de productionClerkenwell Films
Magnolia Mae Films
Pays d’origineDrapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
GenreDrame historique
Durée112 minutes
Sortie2021


The Dig est un film britannique réalisé par Simon Stone, sorti en 2021. Il s'agit de l'adaptation du roman du même nom de John Preston, lui-même inspiré des évènements liés à la découverte du site de Sutton Hoo.

Synopsis

À la fin des années 1930, Edith Pretty est une riche veuve vivant dans une immense propriété près de Woodbridge au Royaume-Uni. Elle engage le terrassier Basil Brown, archéologue amateur, pour faire des fouilles sur son terrain. Ils vont alors exhumer une sépulture puis un ancien navire funéraire. Ce trésor, qui pourrait bouleverser l'histoire du monde, attire les convoitises. Ainsi, le British Museum entend bien s'approprier cette importante découverte.

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The Dig is a 2021 British drama film directed by Simon Stone, based on the 2007 novel of the same name by John Preston, which reimagines the events of the 1939 excavation of Sutton Hoo. It stars Carey MulliganRalph FiennesLily JamesJohnny FlynnBen ChaplinKen Stott, Archie Barnes, and Monica Dolan.

It had a limited release on 15 January 2021, followed by streaming on Netflix on 29 January 2021. The film received positive reviews from critics.

Plot

In 1939, Suffolk landowner Edith Pretty hires local self-taught archaeologist-excavator Basil Brown to tackle the large burial mounds at her rural estate in Sutton Hoo near Woodbridge. At first, she offers the same money he received from the Ipswich Museum, which was about the minimum agricultural wage[2] but he says it is inadequate; so she ups her offer by 12% to £2 a week (approximately £120 in 2020), which he accepts. His former employers try unsuccessfully to persuade Brown to work on a Roman villa they deem more important. They ignore Brown, who left school aged only 12, when he suggests the mounds could be Anglo-Saxon rather than the more common Viking era.

Working with a few assistants from the estate, Brown slowly excavates the more promising of the mounds. One day the trench collapses on him, but he is dug out in time and revived. Meanwhile, he spends more time with Edith, a widow, and her young son, Robert, and ignores daily letters from his wife, May. Edith struggles with health issues and is warned by her doctor to avoid stress.

Brown is astonished to uncover iron rivets from a ship, which could only make it the burial site of someone of tremendous distinction, such as a king. Prominent local archaeologist James Reid Moir attempts to join the dig but is rebuffed; Edith instead hires her cousin Rory Lomax to join the project. News of the discovery soon spreads, and Cambridge archaeologist Charles Phillips arrives, declares the site to be of national importance, and takes over the dig by order of the Office of Works.

As war approaches, Philips brings in a large team, including Peggy Piggott, who uncovers the first distinctively Anglo-Saxon artefact. Brown is retained only to keep the site in order, but Edith intervenes and he resumes digging. Brown discovers a Merovingian Tremissis, a small gold coin of Late Antiquity, and Philips declares the site to be of major historical significance. Philips wants to send all the items to the British Museum, but Edith, concerned about the war raids in London, asserts her rights. An inquest confirms she is the owner of the ship and its priceless treasure trove of grave goods, but she despairs as her health continues to decline.

Peggy, neglected by her husband Stuart, begins a romance with Rory, but he is soon called up by the Royal Air Force. Edith decides to donate the Sutton Hoo treasure to the British Museum, requesting that Brown be given recognition for his work. She dies in 1942.

A note states that the treasure was hidden in the London Underground during the war and was first exhibited — without any mention of Basil Brown — nine years after Edith's death. Only recently was Brown given full credit for his contribution and his name is now displayed permanently alongside Pretty's at the British Museum.

Production

The project began in 2006 when producer Ellie Wood read the manuscript of The Dig by John Preston, ahead of its 2007 publication, and optioned the novel in order to adapt it for the screen.[3] It was announced in September 2018 that Nicole Kidman and Ralph Fiennes were in negotiations to star in the film.[4] However by August 2019, Kidman was no longer involved with the project, with Carey Mulligan cast to replace her. The film’s rights also moved from BBC Films to Netflix.[5] Lily James entered negotiations to join the cast in September.[6] In October 2019, Johnny FlynnBen ChaplinKen Stott and Monica Dolan joined the cast of the film.[7]

Principal photography began at Shackleford in Surrey in October 2019 – Norney Grange there being used to stand in as Pretty's house at Sutton Hoo – with location filming taking place in Suffolk near to the original discovery site.[8]

Release

The film was released in a limited release on 15 January 2021. Netflix released the film for streaming on 29 January 2021.[9] The film was the third-most watched title in its debut weekend, then finished seventh each of the following two weekends.[10][11][12]

Reception

Critical reception

Review aggregator website Rotten Tomatoes reports that 87% of 134 critics gave the film a positive review, with an average rating of 7.2/10. The site's critics consensus reads, "Featuring beautifully matched performances from Ralph Fiennes and Carey Mulligan set against gorgeously filmed English countryside, The Dig yields period drama treasures."[13] According to Metacritic, which sampled 35 critics and calculated a weighted average score of 73 out of 100, the film received "generally favorable reviews".[14]

Kevin Maher of The Times gave the film 5 out of 5 stars and described it a "serious, intellectually committed, and emotionally piercing cinema. Unmissable."[15] Katie Rife of The A.V. Club gave the film a B- and wrote, "for all the film's sweeping, romantic ideas, the actual experience of watching The Dig is a lot like sitting at a bus stop."[16] Will Gompertz of BBC News awarded the film 4/5 stars, writing that "it is a thoroughly enjoyable film made with subtlety and sensitivity: a real tonic for these bleak winter days and nights. It lacks the emotional and intellectual heft and bite to make it an unmissable, classic movie, but I would happily watch it again, and again."[17] In a more mixed review, Mark Kermode of the Guardian rated the film 3/5 stars, writing that "it’s a melancholy whimsy about common purpose, new friendship and the persistence of the past, bogged down occasionally by a somewhat superfluous romantic subplot but buoyed up by Mike Eley’s lush cinematography".[18]


On 4 February 2021, the film was longlisted for nine BAFTAs, including Best Film, Outstanding British Film, Director, Leading Actor, Cinematography and Adapted Screenplay.[20] Voting to determine the nominations (which will be announced on 9 March 2021) opened 19 February 2021.

Historical accuracy

Mark Bridge of The Times noted that archaeologists had taken issue with the film's portrayal of Peggy Piggott as inexperienced and only hired because her light weight would not disturb the delicate site.[21] By 1939, Piggott was an experienced archaeologist in her own right, and had studied archaeology at the University of Cambridge and the University of London.[22] She was also presented as married to an older, more experienced male archaeologist, when in reality Stuart Piggott was only two years her senior (27 and 29, respectively), and they had met while both students.[22] In addition, Charles Phillips was in his late 30s but is played by Ken Stott in his 60s, and the landowner Edith Pretty was in her mid 50s but is played by Carey Mulligan in her mid 30s (the 53-year-old Nicole Kidman had originally been slated to play Pretty).[23]

Bridge also criticised the addition of the fictional Rory Lomax as a love interest for Piggott. The character of Lomax, Pretty's cousin, is depicted as the photographer.[21] In reality, Mercie Lack and Barbara Wagstaff (two teachers), and O. G. S. Crawford (the archaeological officer of the Ordnance Survey) separately took series of photographs.[22] The two women who extensively photographed the site were excluded from the book and film in order to create a romantic storyline.

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Sutton Hoo

Sutton Hoo
Photo d'une petite éminence couverte d'herbe.
Le tumulus no 2.
Localisation
PaysDrapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
NationDrapeau de l'Angleterre Angleterre
ComtéSuffolk
Typecimetière
ProtectionNational Trust
Coordonnées52° 05′ 22″ nord, 1° 20′ 18″ est
Altitude33 m
Superficie20 ha
Histoire
Époquehaut Moyen Âge

Sutton Hoo est un site archéologique du haut Moyen Âge situé près de Woodbridge, dans le Suffolk, au Royaume-Uni. Il s'agit d'un cimetière de la période anglo-saxonne de l'histoire de l'Angleterre qui comprend une quinzaine de tumuli et une trentaine de tombes. La plus importante des sépultures de Sutton Hoo, le tumulus no 1, abrite un bateau-tombe du début du viie siècle dont le riche mobilier funéraire suggère qu'il s'agit de la tombe d'un roi (peut-être Rædwald) ou d'un individu de haut rang du royaume d'Est-Anglie.

La première campagne de fouilles modernes à Sutton Hoo prend place de 1938 à 1939 sous la direction des archéologues Basil Brown et Charles Phillips (en). Des campagnes supplémentaires ont été menées par Rupert Bruce-Mitford de 1965 à 1971, puis par Martin Carver (en) de 1983 à 1997.

Description

Localisation

Sutton Hoo et ses environs.

Le site de Sutton Hoo est localisé dans le sud-est du comté du Suffolk, sur un promontoire sablonneux culminant à 33 m d'altitude qui surplombe la Deben. Il se trouve sur la rive orientale de ce fleuve côtier, à une quinzaine de kilomètres de la mer du Nord, en face de la ville moderne de Woodbridge. Juste au nord de Woodbridge se trouve le village de Melton qui abrite, à Wilford, un ancien gué qui constitue l'endroit le plus en aval où peut être traversée la Deben1.

Le site doit son nom au village de Sutton, à 2,5 km au sud-est. Ce toponyme, très commun en Angleterre, désigne « la ferme (ou le village) du sud » et se compose des éléments vieil-anglais sūth « sud » et tūn « ferme, domaine, village2 ». L'élément Hoo désigne quant à lui un éperon, un promontoire ou tout autre lieu saillant et dérive du vieil anglais hōe, forme dative du substantif hōh3.

Les tumulus

Plan du site.

Bien que le nom de Sutton Hoo soit surtout lié au bateau-tombe du tumulus no 1, le site se compose d'une quinzaine de tertres contenant divers objets ou restes humains, dont tous n'ont pas encore été fouillés de manière systématique. De plus, vingt-sept tombes d'un autre genre ont été découvertes sur le site, à l'extérieur des monticules. La disposition circulaire de douze d'entre elles autour du tumulus 1 renforce la théorie qui voudrait que ces tombes résultent d'un sacrifice tenu lors de l'enterrement du bateau-tombe. Le tumulus 2 abritait les restes de la crémation d'un homme et d'un cheval, tandis que le tumulus 3 contenait un autre bateau-tombe, plus petit que celui du monticule 1 et par ailleurs pillé, probablement durant les années 1860.

Sur la base d'une pièce de monnaie remontant au règne du roi franc Thibert II (ou Théodebert) (595-612), on a pu dater le tumulus 1 aux alentours de 625. Le bateau mesurait 27 mètres de long et 4,2 mètres de large en son centre et pouvait être manœuvré par quarante rameurs. Il était placé de telle façon dans la tombe que sa proue pointait vers l'est. Une chambre funéraire était aménagée sur le pont intermédiaire et, d'après la disposition de l'armure, la dépouille devait être disposée avec les pieds orientés vers l'est et la tête vers l'ouest. Aucune partie du corps ne subsistait au moment de la première fouille, mais une analyse plus récente a révélé des traces chimiques montrant qu'un corps était bien présent. Le nom qui revient le plus souvent lorsqu'il s'agit d'attribuer cette tombe est celui du roi Rædwald d'Est-Anglie.

Seuls les rivets du bateau subsistent à cause de l'acidité du sol mais les empreintes dans la terre ont permis une reconstruction détaillée du bateau. Ce dernier ne possédait pas de quille opérationnelle et probablement pas de voile non plus puisque aucun mât n'a été retrouvé, mais était d'excellente facture ; cela alimenta le débat qui consistait à savoir si ce bateau n'avait jamais navigué. La disposition des rivets montre pourtant qu'une réparation avait été effectuée sur le bateau, ce qui laisse à penser que ce dernier a été opérationnel avant d'être utilisé comme sépulture.

Les fouilles

Premières fouilles

Des pilleurs s'intéressent aux tumulus de Sutton Hoo dès les alentours de l'an 1600. À cette date, les labours ont considérablement modifié la topographie du site, si bien que les puits creusés par les pilleurs au centre des tumulus manquent parfois leur cible. C'est ce qui s'est produit dans le tumulus no 14. En revanche, le no 2, qui abritait à l'origine un bateau-tombe similaire à celui du no 1 et probablement tout aussi richement fourni, semble avoir été vidé de ses trésors vers la fin du xvie ou le début du xviie siècle5.

Un journal local, le Ipswich Journal, rapporte le  qu'une campagne de fouilles rudimentaire a pris place à Sutton Hoo, identifié à tort comme un site de la période romaine. D'après la description, c'est vraisemblablement le tumulus no 2 qui a été excavé à cette occasion par l'entremise d'une tranchée. Les trouvailles se limitent à deux seaux de rivets en fer, dont l'article précise qu'ils ont été envoyés au forgeron local pour qu'il en fasse des fers à cheval6. Des tranchées similaires ont été identifiées sur les tumulus nos 5, 6, 7 et 13 et datent vraisemblablement de la même période6.

Les fouilles de 1938-1939

En 1926, Edith May Pretty (en) rachète le manoir de Sutton Hoo, construit en 1910, dont le domaine comprend les tumulus. Sa curiosité est attisée par ces monticules et elle entre en contact avec le musée d'Ipswich. Le conservateur Guy Maynard envoie sur place un archéologue amateur, Basil Brown, en 7. Au cours des trois mois qui suivent, Brown procède à des fouilles sous les tumulus nos 2, 3 et 4. Il les identifie correctement comme des sépultures anglo-saxonnes et devine, par comparaison avec le bateau de Snape, que le no 2 abritait un bateau-tombe, au vu de sa forme et des rivets de fer qu'il y a trouvés8.

Les fouilles du tumulus no 1 en 1939.

Les fouilles reprennent en . Edith Pretty suggère à Basil Brown de s'intéresser au tumulus no 1, où il découvre rapidement de nouveaux rivets. Il comprend qu'il a affaire à un bateau-tombe d'une taille considérable et encore inviolé. La nouvelle parvient aux oreilles de l'archéologue professionnel Charles Phillips (en), de l'université de Cambridge, qui prend la direction des opérations au mois de juillet. Avec l'aide d'une équipe comprenant W. F. GrimesO. G. S. CrawfordStuart Piggott et Margaret Guido (en), il dégage la chambre funéraire du bateau-tombe et ses trésors8. Au fur et à mesure qu'ils sont découverts, ils sont emportés au manoir de Sutton Hoo et dissimulés sous le lit d'Edith Pretty, sous la surveillance de son majordome et de deux officiers de police du cru, avant d'être expédiés au British Museum7. Par décision de justice, elle est reconnue propriétaire de tous les objets retrouvés sur le site, mais elle annonce en faire don à la nation, un geste que le conservateur T. D. Kendrick décrit comme « le don le plus exceptionnel jamais fait au [British] Museum du vivant du donataire7 ».

Les fouilles prennent fin lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, au mois de septembre. Les trésors excavés sont rapatriés à Londres, où ils sont entreposés dans la station de métro Aldwych jusqu'à la fin du conflit. Le site de Sutton Hoo sert quant à lui brièvement de terrain d'entraînement et des tranchées sont creusées pour empêcher d'éventuels avions ennemis d'atterrir9.

Les fouilles de 1965-1971[modifier | modifier le code]

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le British Museum charge l'archéologue Rupert Bruce-Mitford d'analyser les résultats des fouilles de 1938-1939. Son équipe procède à la restauration et à l'étude des objets découverts à cette période, notamment le casque et le sceptre retrouvés dans le bateau-tombe du tumulus no 110. Ce travail est approfondi par une deuxième campagne de fouilles, qui débute en 1965 et dont l'un des objectifs principaux est d'achever l'excavation du tumulus no 111.

Les fouilles portent également sur plusieurs zones des alentours, à la recherche d'éventuels tumulus arasés, d'autres tombes ou traces d'occupation humaine. Elles permettent d'affirmer que le site a été occupé dès le Néolithique, puis lors de l'âge du bronze, et que le cimetière anglo-saxon a été édifié sur des terres ayant été labourées auparavant12. Plusieurs axes de recherche spécifiques sont explorés, comme la numismatique, la palynologie ou la chimie des sols12.

Les résultats des travaux de Bruce-Mitford sont publiés en trois volumes entre 1975 et 198310.

Les fouilles de 1983-2001[modifier | modifier le code]

La nécessité d'une troisième grande campagne de fouilles à Sutton Hoo est évoquée dès 197912. Financée par la Society of Antiquaries of London et le British Museum, elle est confiée à Martin Carver (en), archéologue rattaché à l'université d'York. Après trois années de mise au point du programme, le travail sur le terrain débute en 1986 et dure jusqu'en 1992. L'entreprise est de grande ampleur, avec l'excavation intégrale de six tumulus (2, 5, 6, 14, 17 et 18) et partielle de deux autres (7 et 13). Un hectare de terrain entre les tumulus est passé au peigne fin à la recherche de traces humaines13. Après la fin des fouilles, des travaux complémentaires ont lieu jusqu'en 2001.

Les résultats de cette campagne sont publiés en 2005.

Trésor

Le trésor de Sutton Hoo trouvé dans le monticule 1 est d'importance. Les artefacts ont été retirés du site et sont maintenant exposés au British Museum. Ils sont de diverses natures :


    • Des restes de textiles de nombreuses sortes.

Analyse

Il n'a été trouvé que des traces de restes humains. Le roi Rædwald d'Est-Anglie, quatrième Bretwalda d'Angleterre, mort à la même époque que la création de la sépulture, est souvent cité comme l'occupant du tertre numéro 1. La proximité de Sutton Hoo avec un lieu d'autorité royale à Rendlesham (7 km au nord-est) suggère un rapport entre Sutton Hoo et la maison royale d'Est-Anglie. La quantité et la valeur des objets trouvés dans la tombe indiquent la notoriété de l'occupant ; ce type de trésor est conforme au contenu habituel des sépultures royales.

Sutton Hoo est l'un des seuls sites de bateaux-tombes de ce type qui ne soit pas en Scandinavie. La sépulture, le casque et le bouclier sont pratiquement identiques à ceux trouvés sur les sites datant de l'Âge de Vendel à Valsgärde et à Vendel en Suède, ce qui indiquerait des liens étroits entre Sutton Hoo et la dynastie royale des Ynglingar (notamment la branche des Scylfingar) du Beowulf. Une autre théorie suggère que la dynastie des Wuffingas descendrait de la dynastie des Wulfings du Beowulf et du Widsith, ce qui pointerait également vers des origines suédoises, ou plutôt des Goths de Scandinavie, pour la dynastie d'Est-Anglie. Néanmoins, il semble que certains éléments comme le casque et le sceptre royal témoignent d'une influence romaine14.

Les archéologues connaissant le site avancent aussi la théorie selon laquelle le christianisme commençait à étendre son influence, ce qui amena les païens de haute caste à répliquer avec des rites plus élaborés que jamais. C'est dans ce contexte que la crémation est adoptée, en défi à la pratique chrétienne qui s'y opposait, et que l'apothéose est atteinte avec les funérailles royales incluant un bateau-tombe. Bien que des objets de signification chrétienne aient été présents, des sacrifices humains ont peut-être accompagné les funérailles.

Postérité

Conformément à la décision d'Edith Pretty d'en faire don au Royaume-Uni, le trésor de Sutton Hoo est désormais conservé au British Museum.

Par ailleurs, le centre des visiteurs du National Trust (ouvert au printemps 2002) expose une reconstitution complète de la chambre funéraire et du bateau-tombe ; de temps à autre, le National Trust y organise également des expositions temporaires d’artefacts originaux prêtés pour l'occasion par le British Museum.

Des fouilles successives ont suivi par intermittence les premiers forages. C'est ainsi que, pratiquement au moment où le National Trust allait inaugurer son centre local des visiteurs, une fouille a révélé l'existence d'un autre cimetière à environ 500 mètres au nord du site principal15.

Le site funéraire de Sutton Hoo contredit le scepticisme de certains historiens sur l'importance du trésor, décrit dans des œuvres telles que Beowulf ou la Chronique anglo-saxonne. La découverte du tumulus 1 donne un aperçu du passé de l'Angleterre et éclaire un peu plus sur son identité propre.

Que cette découverte ait été faite en 1939 à la veille de la Seconde Guerre mondiale, tandis que la nation britannique était menacée, a renforcé l'attention et l'intérêt portés au site durant les années suivantes. D'autres objets anglo-saxons (tels que des pièces de monnaie ou des bijoux) sont trouvés chaque année dans tout le pays, mais Sutton Hoo reste la plus importante découverte jamais faite jusqu'à celle du trésor du Staffordshire en .

Le roman de John Preston The Dig (en), paru en 2007, offre une version romancée des premières fouilles de Sutton Hoo. Son adaptation en film, également intitulée The Dig (film), est sortie en 2021. (W.fr.)

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Despre lucrurile ascunse la mare adâncime...

Andreea Nanu | 13.04.2021

„Situl” dezvoltă o neașteptată meditație despre viață în dialog cu moartea. Le așază curajos și demn, față către față, ca fețele unei medalii, arătându-ne că nu au sens una fără cealaltă.


Pentru ritmul trepidant al existenței noastre, concentrată asupra prezentului (productiv) și cu vădită inapetență pentru trecutul (contemplativ), filmul The Dig, Situl, în regia lui Simon Stone, pare o excentricitate. Nu doar prin subiect, ci și prin modalitatea de abordare, prin realizarea artistică. Povestea, inspirată de fapte reale, dar având la bază și romanul istoric al lui John Preston, pare simplă, însă înnobilată de o extraordinară deschidere simbolică. Suntem în 1938, în Anglia cuprinsă deja de febra celui de-al Doilea Război Mondial. În contextul cu totul neprielnic, mai ales proiectelor culturale, Edith Pretty (Carey Mulligan), o aristocrată înstărită rămasă văduvă, decide să-și împlinească visul amânat, acela de a face săpături arheologice pe situl aflat pe proprietatea ei. Îl angajează pe Basil Brown (Ralph Fiennes), „săpător” cu experiență, pasionat ca și ea de arheologie din copilărie, dar disprețuit de breaslă fiindcă nu are „studii” și diplome. Movilele ciudate din grădina doamnei Pretty îl intrigă și, din același moment, filmul ne intrigă și ne atrage în aventura excavării, a scormonirii trecutului, chiar cu riscul de a nu găsi nimic. Suntem antrenați de dragul aventurii, din pasiune pentru ceea ce poate ascunde istoria din spatele casei, misterul din propria grădină. Unul din meritele filmului este tocmai grația cu care îmbină marea istorie cu istoriile personale ale personajelor. Războiul se insinuează în scenele de pregătire a civililor, în agitația străzilor londoneze, cu avioanele survolând amenințător câmpiile și situl straniu de la Sutton Hoo. În iureșul general, ce servește drept fundal, fiecare își are mica poveste care, privită de aproape, cu aceeași grijă cu care arheologul examinează fragmente, devine la fel de prețioasă, de necesară înțelegerii întregului. Pe fondul arheologiei obiective, care scoate la iveală o impresionantă comoară ascunsă într-o barcă funerară, aproape intactă, se desfășoară arheologia intimă a fiecăruia. Cu fiecare îndepărtare a straturilor de pământ, personajele (ni) se descoperă. Un tezaur de obiecte vechi, vestigii anglo-saxone, și o galerie de portrete, de caractere contemporane în care, uneori, ne recunoaștem.

Deși la început circumspecte, odată ce săpăturile dau rezultat, autoritățile marilor muzee intervin, încercând să ocupe situl și să-și aroge meritul descoperirilor. Micul muzeu local intră în dispută cu marele British Museum. Coloșii instituției strivesc cu plăcere amatori ca Basil Brown, punând patalamaua mai presus de experiență și pasiune. Cine „deține” istoria, cum se scrie ea și cine are dreptul să-și asume meritul „descoperirilor” ei? Confruntarea orgoliilor și dramele personale dau culoare – uneori prea cunoscută – actului în sine, descoperirea ruinelor, care-i atrage pe toți cu o forță magnetică și rămâne, până la capăt, un ritual misterios. Imaginile filmului sunt extraordinar de poetice și picturale; vastele câmpii coborând spre apă, movilele descoperind, ca din burta spintecată a unei balene, rămășițele corabiei, interioare rafinate, peisaje matinale vătuite în cețuri transparente, apusuri melancolice, cerul înstelat și curiozitatea copilului, micul Robert, care arde de nerăbdare să le exploreze. Poate nu întâmplător, unul dintre personaje, aviatorul Rory, este fotograf, imortalizând obiecte și oameni, expresii, gesturi, trăiri. Deși fragmentare, odată developate și expuse pe masa din sufragerie, imaginile descoperă privitorilor întregul, ceea ce le lipsește, sensul ascuns a ceea ce caută.

Corabia merovingiană iese la suprafață cu dificultate, se eliberează din strânsoarea pământului ca printr-o naștere grea. Uneori pare să-și ceară și prețul de sânge, când un mal se surpă și îl acoperă pe conștiinciosul Basil, aproape sufocându-l. La fel cum apa din marginea satului îl înghite pe pilotul temerar care se antrena pe avioane vechi, rămase din Primul Război. Filmul reușește să ne comunice nerăbdarea timpului, tensiunea săpăturilor sub presiunea finalului iminent. Edith Pretty află că suferă de o boală incurabilă. Nu știe cât timp îi mai rămâne, ei și corabiei. Imaginile asociază simbolic „femeia” și „corabia”, punându-le în paralel, în ipostaze similare, de o mare sensibilitate și poezie. Așa cum trupul lui Edith înaintează spre moarte, trupul corabiei iese din moarte, purtând o altă moarte, a unui prinț merovingian. Realitatea exterioară și cea lăuntrică evoluează în tandem, acumulând tensiune, bine susținută prin jocul actorilor. Expresivi și omogeni în relația lor sobră și discret tandră, Carey Mulligan și Ralph Fiennes imprimă personajelor o noblețe austeră, un farmec de modă veche, ca într-un portret sepia. Dialogul privirilor completează replicile, exprimând ceea ce nu poate fi rostit până la capăt. Valoarea Sitului constă și în faptul că ne descoperă neașteptata prietenie între doi oameni diferiți, alimentată de afinitatea față de „trecutul care ne vorbește”. E nevoie de răbdare, pasiune și pricepere ca să descifrezi tăcerea unei movile de pământ. Sau a unui om. Detaliile fac diferența, în arheologie și în viață. Așa cum fragmentele au demnitatea lor, există în film personaje secundare, construite cu artă a detaliului; soția lui Basil, May (Monica Dolan), păstrează o distanță calmă, răbdătoare față de soțul pe care-l așteaptă citindu-i cărțile, căruia îi respectă pasiunea amintindu-i de ce îi place să sape. Cu mici excepții, cuplurile din film păstrează ceva din castitatea Rămășițelor zilei.

Situl dezvoltă o neașteptată meditație despre viață în dialog cu moartea. Le așază curajos și demn, față către față, ca fețele unei medalii, arătându-ne că nu au sens una fără cealaltă. Așa cum nu putem înțelege prezentul dacă nu explorăm trecutul, suntem incapabili să trăim dacă nu ne oprim, la un moment dat, să facem loc altor ritmuri lăuntrice, în forfota trepidantă, cotidiană. Călătoria spre centrul sitului își găsește corespondențe în călătoria fiecărui personaj către sine. Interesant este că protagoniștii nu se lansează în monologuri sentimentale sau introspective despre ei înșiși, fiind ocupați cu lucrul mâinilor, cu meșteșugul concret al săpăturilor. Însă atenția lor încordată, tăcerea lor lucrătoare ne oferă spațiul necesar interogativității. De ce trăim, de ce suferim, doar ca apoi să putrezim în pământ? Sunt întrebări grele ale văduvei Pretty, la care arheologul nu poate să răspundă. La care nimeni nu are răspuns. Dar care, privite din perspectiva metaforei corabiei, capătă sens, demnitate. Basil, umilit și tentat să renunțe, revine la sit și își reia cu modestie locul în marea aventură, cu speranța că numele nu îi va fi uitat. Dar mai ales fiindcă înțelege că un astfel de drum, cu bucuriile și încercările lui, trebuie împărtășit cu ceilalți. Așa cum Edith va face din descoperirea corabiei o sărbătoare pentru oamenii simpli, la care, lăsându-i deoparte pe specialiști, îi invită pe săteni cu familiile lor. Semn că trecutul ne aparține tuturor ca fire ale aceleiași tapiserii și, mai mult, suntem parte al aceluiași destin. O scenă care amintește atmosfera luminoasă din Festinul lui Babette. La fel de generoasă, în tragismul ei, Edith Pretty își va dărui prețioasa comoară la British Museum, dar mai ales oamenilor. Celor care află că Anglia tocmai a intrat în război. Celor care vor supraviețui, poate, așa cum a supraviețuit corabia, timp de milenii, sub pământ. Deși vor mai trece ani, timp în care corabia va fi și ea din nou acoperită pentru a fi ocrotită de bombardamente.

Situl aduce un elogiu poetic memoriei, amintirii celebrate în clipa surprinsă în fotografie, într-un portret, sau într-un obiect prețios, într-un vestigiu fragil. E și un posibil răspuns, estetic și subtil, dat traumei de-a fi devorați de prezent, de ritmul alert, nivelator, care nu ne încurajează contemplativitatea, nu ne îndeamnă să rămânem, măcar pentru un ceas, singuri cu noi înșine. Deși trecutul iese la suprafață prin cioburi, înțelegem că poartă în el cheia continuității, a întregului, a legato-ului care ne dă coerență, înțeles. Un înțeles care dă noblețe sfârșitului. „Cu toții dăm greș, ratăm”, îi spune Basil micului Robert (Archie Barnes), descurajat de moartea iminentă a mamei, față de care „nu poate să facă nimic”. Dar descoperă că poate opune nimicului imaginația și curajul. Pentru o ultimă oară, înainte de-a fi acoperită cu pământ, corabia e împodobită ca Arca de odinioară, pentru a-și purta regina spre destinația celestă. Imagine dulce-amară, încărcată de melancolie și speranță consolatoare.

Dincolo de micile neajunsuri care țin uneori de pierderea ritmului, sau diluarea acțiunii, Situl redă actualitate metaforei, și ea demult îngropată, a „arcei”; Arca lui Noe care a salvat, odinioară, din calea potopului, ceea ce umanitatea avea mai de preț; la fel ca barca funerară descoperită la Sutton Hoo, al cărei tezaur a supraviețuit războiului. Dacă acum ni se pare că timpul și-a pierdut răbdarea și diverse cataclisme – potopul, războiul sau pandemia – ne suspendă prioritățile și ne țin departe de lucrurile esențiale, poate ar merita să descoperim acest film. Deși la mare adâncime, sub valuri de pământ, sau în noi înșine, există un înțeles, un adevăr consolator, o motivație profundă: viața e mai mult decât ceea ce ni se întâmplă la suprafață, în aparență. Rămâne să descoperim, să scoatem la lumină. //The Dig, regia Simon Stone (2021), cu Ralph Fiennes și Carey Mulligan

https://revista22.ro/cultura/despre-lucrurile-ascunse-la-mare-adancime

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