marți, 21 iulie 2020

GEORGE CUKOR (1899-1983).

Oscar-Winning Director George Cukor (as in "cucumber" | Audrey hepburn,  Hepburn, Audrey

GEORGE CUKOR
Cinéaste américain (New York 1899-Los Angeles 1983).

Son talent s'épanouit dans des comédies à la fois caustiques et sentimentales. Il a réalisé David Copperfield (1935), Indiscrétions (1940), Comment l'esprit vient aux femmes (1950), Une étoile est née (1954), les Girls (1957), le Milliardaire (1960), My Fair Lady (1964), Voyages avec ma tante (1973).

TOP GEORGE CUKOR

Par Dvdclassik - 
Comme beaucoup des grands cinéastes hollywoodiens de son époque, George Cukor a touché à tout : au drame, au musical, au film d'aventure, au film à suspense et même au western, comme nous le démontre aujourd'hui la chronique de La Diablesse en collants roses. C'est toutefois pour ses comédies que le cinéaste aura surtout retenu notre attention, comme le démontre ce classement, où figurent quelques unes de ses collaborations mythiques avec Katharine Hepburn. Vous pouvez bien entendu proposer…

CRITIQUES DE FILMS

FEMMES DE GEORGE CUKOR

Par Justin Kwedi - 
Mary Haines est l’épouse exemplaire d’un homme d’affaires Stephen Haines et mère d’une petite fille. Elle est entourée d’amies plutôt cancanières, spécialement Sylvia Fowler qui sait quelque chose que Mary ignore. Stephen a une liaison avec Crystal Allen, une vendeuse arriviste. Grâce « aux bons soins » de Sylvia, Mary découvre la vérité. Après une forte confrontation avec Crystal, et poussée par Sylvia, Mary part à Reno pour y obtenir rapidement le divorce. Souvent qualifié…

INDISCRÉTIONS DE GEORGE CUKOR

Par Justin Kwedi - 
Fille de la haute société de Philadelphie et de fort tempérament, Tracy Lord a gardé peu de temps son premier mari, le playboy C.K. Dexter Haven. Deux ans plus tard, elle est sur le point de se remarier avec un homme d'affaires en vue, ce qui intéresse au plus haut point le magazine Spy, à qui Dexter promet les entrées nécessaires à ses deux reporters : le journaliste Macaulay Connor et la photographe Liz Imbrie. Après avoir aligné sept échecs commerciaux lors de ses derniers rôles,…

LA DIABLESSE EN COLLANTS ROSES DE GEORGE CUKOR

Par Erick Maurel - 
Après s’être enfuis avec les costumes du théâtre où ils se produisaient, les membres de la troupe itinérante de Tom Healy (Anthony Quinn) arrivent à passer au Nebraska avant que leur créancier et le shérif ne les rejoignent. Ce petit groupe de comédiens est composé de sa star, Angela Rossini (Sophia Loren), à qui Tom, son manager et amant, ne cesse en vain de lui demander sa main, de la fausse ingénue Della Southby (Margaret O’Brien) et de sa mère Lorna (Eileen Heckart), ainsi…

LE MILLIARDAIRE DE GEORGE CUKOR

Par Erick Maurel - 
A Greenwich Village, une revue satirique est montée au cours de laquelle sont caricaturées certaines célébrités de l’époque dont Maria Callas, Elvis Presley ainsi que le milliardaire d’origine française établi à New York, Jean-Marc Clément (Yves Montand). Ce dernier en ayant entendu parler, avant de faire interdire le spectacle, il décide d'assister incognito aux répétitions pour se rendre compte par lui-même quel sort on lui réserve. Ébloui par la prestation d’Amanda (Marilyn…

OTHELLO DE GEORGE CUKOR

Par Caroline Dagorne - 
Le célèbre acteur Anthony John trouve dans le rôle d’Othello un succès triomphal ; mais peu à peu, au fil des représentations, sa raison s’égare et la passion d’Othello devient sienne, le poussant bientôt jusqu’au meurtre... Le titre français du film fait référence à l’une des tragédies les plus connues de William Shakespeare : Othello, le Maure de Venise, jouée pour la première fois en 1604. Dans la pièce de Shakespeare, Othello, dit le Maure, est un grand général vénitien.…

RICHES ET CÉLÈBRES DE GEORGE CUKOR

Par Julien Léonard - 
En 1959, Merry Noel quitte le Smith College et épouse Doug Blake. Elle fait ses adieux à Liz Hamilton, sa meilleure amie qui était également amoureuse de Doug. Dix ans passent. En 1969, Liz, devenue une romancière célèbre, revoit les époux Blake à Malibu : Merry a écrit un livre et, cherchant à le publier, soumet son projet à Liz... George Cukor n’est pas seulement réputé pour avoir été l’un des plus brillants metteurs en scène de son temps, lorsque l’âge d’or des studios…

SYLVIA SCARLETT DE GEORGE CUKOR

Par Ronny Chester - 
A Marseille, la jeune Sylvia est endeuillée par la disparition de sa mère. Revenant de l’enterrement de son épouse, Henry Scarlett avoue à sa fille qu’il doit fuir le pays sur le champ car il va bientôt être accusé de malversations financières par son employeur. Pour ne pas éveiller les soupçons des autorités, Sylvia se coupe les cheveux et entreprend de se faire passer pour un garçon, prénommé Sylvester, afin d’accompagner son père en Angleterre. Sur le bateau ferry qui les…

VACANCES DE GEORGE CUKOR

Par Sebastien Vient - 
Sur les pistes de ski de Lake Placid, Julia Seton tombe sous le charme de l'insouciant Johnny Case, élégant rêveur qu'elle décide de présenter, dès leur retour, à son père, Edward Seton. Johnny ignore la fortune familiale de sa fiancée, et n'en découvre l'étendue que sur place, à l'intérieur de l'impressionnante et austère demeure des Seton. La spiritualité du modeste jeune homme s'accorde difficilement avec le sérieux affairé de son possible beau-père mais ravit de bonheur Linda,…



CUKOR (George Dewey)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1899 - Los Angeles, Ca., 1983).George Cukor naît dans un milieu aisé et cultivé, la bourgeoisie américaine d'origine hongroise, à l'époque où New York devient la capitale indiscutée, non seulement économique, mais aussi intellectuelle des États-Unis. C'est un homme de théâtre qui abordera le cinéma, tout naturellement, par le biais du parlant, comme dialoguiste et coréalisateur de cinéastes habitués du muet et bientôt supplantés par les nouveaux venus de la côte est.
Sa culture et son expérience théâtrale font que Cukor refuse d'être considéré comme un « auteur ». Il se veut metteur en scène, faisant bénéficier les sujets qu'il traite de toutes les ressources de son intelligence et de son goût, et s'efforçant d'obtenir de ses acteurs la meilleure interprétation possible. Aussi le cinéma de Cukor ne se conçoit-il guère sans la collaboration confiante et sur un pied d'égalité de techniciens, de scénaristes (au premier rang desquels Donald Ogden Stewart, Ruth Gordon et Garson Kanin) et de comédiens. On l'a très tôt considéré avant tout comme un grand directeur d'actrices. Son premier film en solo, Tarnished Lady (1931), vaut en effet par une remarquable interprétation de Tallulah Bankhead. Plus tard, il dirigera Greta Garbo dans un de ses rôles à la fois les plus émouvants et les plus humains, où elle fera preuve d'un humour plus convaincant que chez le Lubitsch de Ninotchka : le Roman de Marguerite Gautier (1937), d'après la Dame aux camélias.
Les titres mêmes de plusieurs de ses films évoquent un univers dominé par l'actrice : outre le précédent et Tarnished Lady, on peut citer Girls About Town, Little Women, Sylvia Scarlett, Zaza, Femmes, Susan and God, A Woman's Face, la Femme aux deux visages, The Actress, les Girls, My Fair Lady, Justine. Parmi les plus remarquables interprètes de Cukor figure Katharine Hepburn, qui fait ses débuts au cinéma dans Héritage(1932) et qu'il dirige dans trois étapes de sa carrière, en jeune comédienne éblouissante de virtuosité insolente (Sylvia Scarlett, 1935 ; Indiscrétions, 1940), dans la plénitude de ses moyens, face à Spencer Tracy (surtout Madame porte la culotte, 1949), enfin pendant sa vieillesse ravagée et encore altière d'actrice qui refuse de renoncer (Love Among the Ruins, 1975 ; The Corn Is Green, 1979). Il est presque fastidieux d'énumérer les très grands numéros d'actrices orchestrés par Cukor, qu'il s'agisse de Joan Crawford (Femmes, 1939 ; Il était une fois, 1941), de Judy Garland (Une étoile est née,1954), d'Ava Gardner (la Croisée des destins, 1956), d'Audrey Hepburn (My Fair Lady, 1964) ou de Maggie Smith (Voyages avec ma tante, 1973). Cukor n'est cependant pas infaillible et il a connu quelques échecs : avec Norma Shearer dans Roméo et Juliette (1936), Lana Turner dans Ma vie à moi (1950), voire Marilyn Monroe dans le Milliardaire (1960). Inversement, il faut insister sur l'étendue de son registre : de même qu'il a su faire rire Greta Garbo jusque dans le mélodrame, de même il a obtenu d'une Judy Holliday à l'humour explosif (Comment l'esprit vient aux femmes, 1950 ; Une femme qui s'affiche, 1954) une interprétation dramatique et émouvante : Je retourne chez maman (1952).
Mais il convient de ne pas réduire Cukor à une telle définition, si justifiée soit-elle. Tout d'abord, il faut rappeler qu'il est aussi un grand directeur d'acteurs : les interprétations de Cary Grant dans Sylvia Scarlett et Indiscrétions, de Robert Taylor dans le Roman de Marguerite Gautier, de Charles Boyer dans Hantise(1944), de Ronald Colman dans Othello (1947), de James Mason dans Une étoile est née, de Stewart Granger dans la Croisée des destins, de Laurence Olivier dans Love Among the Ruins, comptent parmi les meilleures de leurs carrières. On vérifie ici encore l'étendue du registre de Cukor, car il a su diriger des hommes au physique ingrat ou brutal, Gregory Ratoff dans What Price Hollywood ? (1932), Wallace Beery dans les Invités de huit heures (1933), Broderick Crawford dans Comment l'esprit vient aux femmes, ou Aldo Ray dans Je retourne chez maman.
Sans doute ne faut-il pas non plus limiter Cukor au théâtre, soit comme prétexte, soit comme technique. Pourtant, il s'agit là d'un aspect tout à fait fondamental de l'œuvre. Dès 1930, The Royal Family of Broadwaymet en scène le célèbre « clan » Barrymore. Par le choix de ses sujets Cukor reste bien à certains égards un homme de théâtre ; il soutient avec bonheur une tradition hollywoodienne, qui est l'adaptation cinématographique des succès de Broadway : cf. les Invités de huit heuresd'après la pièce de George S. Kaufman et Edna Ferber ; Indiscrétions d'après Philip Barry ; Femmes d'après Clare Boothe. Cette tendance à l'adaptation théâtrale marque toute la carrière de Cukor (et, plus près de nous, My Fair Lady). Il aime encore les portraits d'actrices (The Actress, 1953, d'après l'autobiographie de Ruth Gordon) et décrira dans la Diablesse en collant rose les aventures de comédiens ambulants au Far West, où ils interprètent la Belle Hélène d'Offenbach.
D'autre part, qui dit théâtre dit généralement Angleterre, et Cukor n'échappe pas à la règle. Il a adapté Shakespeare (Roméo et Juliette) ou est parti de Shakespeare pour étudier l'influence du théâtre sur la vie (Othello). Dans les deux cas, d'ailleurs, les interprètes (Leslie Howard, Ronald Colman) sont des Britanniques. Il a réalisé l'étrange et attachante Sylvia Scarlett (d'après Compton Mackenzie), dont les déguisements évoquent la pastorale shakespearienne (Comme il vous plaira). On rappellera encore ses adaptations de pièces de théâtre de William Somerset Maugham (Our Betters) ou indirectement de G. B. Shaw (My Fair Lady, d'après Pygmalion).
Mais la vaste culture de Cukor est loin d'être exclusivement théâtrale. Autre hommage à l'Angleterre, David Copperfield (1935) est sans conteste l'une des plus brillantes adaptations d'un classique victorien, magistrale non seulement dans sa distribution, mais aussi dans la difficile compression de la narration, qui permet d'aboutir à ce résultat si rare au cinéma, le sentiment de la durée romanesque (dict. du cinema Larousse).
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BORN YESTERDAY (Comment l’esprit vient aux femmes) – George Cukor (1950)

Belle, blonde et sotte, Billie est la petite amie d’un homme d’affaire puissant mais véreux. Celui-ci profite de l’ignorance de sa compagne pour la compromettre dans des affaires louches, jusqu’à ce qu’elle découvre la vérité grâce à un journaliste engagé pour lui apporter un semblant d’éducation. Judy Holliday remporta l’oscar de la meilleur actrice en 1950 pour sa très drôle et brillante prestation dans le rôle de Billie, qu’elle interpréta aussi bien au théâtre qu’au cinéma. Tout d’abord pièce à succès de Broadway écrite par Garson Kaninn cette amusante comédie de mœurs a conquis Hollywood après avoir été adaptée au grand écran par George Cukor. 

LES GIRLS – George Cukor (1957)

Procès retentissant : lady Sybil Wren, ancienne girl de la troupe du célèbre danseur Barry Nichols, est poursuivie pour diffamation par une autre ex-girl, Angèle Ducros, à cause de son livre de souvenirs sur l’époque où, avec Joy, une troisième girl, elles étaient les vedettes du spectacle de Nichols à Paris. Les Girls peut se vanter d’avoir le scénario le plus sophistiqué de l’histoire de la comédie musicale : un Rashomon dans le milieu stylisé (comme les aime Cukor) du music-hall parisien des années 1950. Délicieusement immoral, il passe en revue trois petites arrivistes amoureuses de leur chorégraphe (forcément, c’est Gene Kelly), qui cherchent à épouser des hommes riches. Comme toujours chez Cukor, il n’y a qu’un pas (ici, un pas chassé) entre comédie et drame, entre illusion et réalité. « Où est la vérité ? », demande un panneau brandi devant le tribunal. Dans la synthèse de tous les mensonges de ces dames… Avec son casting brillant (mention spéciale à Kay Kendall en girl alcoolique), ses chansons de Cole Porter et sa chorégraphie de Jack Cole, Les Girls brille des derniers feux de la comédie musicale de l’âge d’or et offre à Gene Kelly son dernier grand rôle hollywoodien. Il chorégraphia lui-même un ballet hommage à The Wild One (L’Equipée sauvage), avec Marlon Brando, d’une beauté à tomber. [Guillemette Odicino – Télérama]

DINNER AT EIGHT (Les Invités de huit heures) – George Cukor (1933)

Premier film produit par David O. Selznick pour la Metro-Goldwyn-Mayer – et son beau-père Louis B. Mayer ! – Dinner at Eight s’inscrit dans la tradition de Grand Hotel en réunissant un de ces « all star cast » dont la firme du lion avait la spécialité. George Cukor, qui n’avait alors que trente-cinq ans, fut chargé de diriger cette exceptionnelle galerie de monstres sacrés et chaque acteur, tout en effectuant un éblouissant numéro, participe à la perfection collective de l’ensemble.

Holiday (1938) reg. George Cukor / cu C.Grant si K.Hepburn

Holiday (1938): Kate and Cary's Hesitant Romance
Holiday: Play Mates | The Current | The Criterion CollectionVintage Film Review: Holiday (1938) - A Quiet Underrated Gem | The Silver  Petticoat Review

L'HISTOIRE

Sur les pistes de ski de Lake Placid, Julia Seton tombe sous le charme de l'insouciant Johnny Case, élégant rêveur qu'elle décide de présenter, dès leur retour, à son père, Edward Seton. Johnny ignore la fortune familiale de sa fiancée, et n'en découvre l'étendue que sur place, à l'intérieur de l'impressionnante et austère demeure des Seton. La spiritualité du modeste jeune homme s'accorde difficilement avec le sérieux affairé de son possible beau-père mais ravit de bonheur Linda, la sœur de Julia. Celle-ci est extatique à l'idée qu'une présence nouvelle et rafraîchissante vienne défiger un monde de conventions, et insuffler un autre rythme à la vie familiale. Mais les aspirations de Linda, et les rêves de Johnny, rencontrent l'incompréhension du reste de la famille.
 

ANALYSE ET CRITIQUE

Tiré, comme The Philadelphia Story le sera deux années plus tardd'une pièce de Phillip Barry, Holiday est adapté pour le grand écran par les scénaristes Donald Ogden Stewart et Sidney Buchman. Tous deux subiront le courroux du maccarthysme - Stewart blacklisté dès 1950 et Buchman en 1953 - pour avoir été affiliés au Parti Communiste. Salué par la critique, le film de George Cukor ne sera néanmoins pas un succès commercial, malgré la présence du couple Cary Grant / Katharine Hepburn, associés la même année pour L'Impossible Monsieur Bébé de Howard Hawks. La postérité reconnaîtra dans Holiday une comédie brillante, éblouissante, l'une des plus grandes réussites de George Cukor.
 
Au-delà d'être une merveilleuse screwball comedy, l'une des plusréjouissantes, Holiday s'ingénie, avec une subtilité insoupçonnée, à saper les fondements de la basse logique bourgeoise, à en montrer l'inanité profonde, son coeur vicié et délétère. La simplicité apparente du propos, incarnation d'une caricaturale lutte des classes, manichéisme à l'appui, est un leurre. Subversif, Holiday l'est à la façon du cinéma de Capra, subrepticement, par une candeur irrésistible, une simplicité bouleversante. Rien n'est plus redoutable contre la morale conformiste qu'une extrême naïveté à même de remuer quelque chose de souterrain, une vérité profonde, enfouie sous des masses de discours. L'idéologie capitaliste, incarnation des plus bas instincts humains, s'effondre devant l’élément inassimilable, la générosité de Mr. Deeds, la sincérité de Mr. Smith, ou encore l'incompris désir de vie d'une Katharine Hepburn émouvante à l'extrême dans Holiday. Linda Seton est l’héroïne d'une tragédie intime, infantilisée par ses proches comme un caprice d'adolescente, une lubie à corriger. Holiday est l'histoire d'une captivité, celle d'une jeune femme anxieuse d'une autre vie, dont elle connaît, malgré la condescendance de son entourage, tout le prix salutaire.
 
Bien au-delà de la critique sociale, et en même partie prenante de celle-ci, le film exprime un désarroi asphyxiant, le drame d'un élan de vitalité irrépressible enlisé dans un monde avilissant, d'une nature sauvage prise dans l'étau conformiste. A tel point que l'âpreté de cette société vaniteuse tend à convertir la jeune Linda au cynisme de fortune, comme son frère désabusé, Ned, s'est réfugié dans l'ivrognerie. L’écoeurement face aux idéaux bourgeois, aux exigences sociales, l'affecte en profondeur et la pousse à la résignation malheureuse. Et toute la force du film va être d'introduire, dans cet environnement stérile à la joie, aux débordements de Linda, un élément perturbateur, Johnny, fulgurant électron libre. Jamais Cary Grant ne fut plus éblouissant qu'en ce Johnny divinement insouciant, séduit par la beauté d'une femme, Julia, et persuadé qu'elle partage le même appétit de jouissance, de vacances. On pourrait accuser, trop hâtivement, le film de manichéisme moral si il ne dévoilait pas, avec une grande subtilité, ce qui distingue essentiellement les deux partis, le gouffre qui sépare Johnny et Julia. Il ne s'agit pas d'une simple conflictualité idéologique, d'une part la perspective d'une carrière ambitieuse, et de l'autre le désir d'aventures, de vacances. Non, c'est bien autre chose que le film, que Linda tente si désespérément, jusqu'à l'hystérie, d'inspirer à ses proches. Ils le répètent sans arrêt : ils ne la comprennent pas. Leur incompréhension face aux velléités de Linda, devant les décisions de Johnny, est infinie. C'est comme si quelque chose leur manquait. La pesanteur des conventions, le souci du statut social et d'innombrables autres vanités les ont privés d'une aspiration plus essentielle, d'un désir premier de gaieté, de facétie, d'amour, de vie. Linda les invective comme si elle voulait les réveiller de cette froide apathie. Elle implore son père d'abandonner ce rôle d'autorité, de se remémorer le souvenir de sa mère, de lâcher du lest à son frère afin qu'il se se sente lui-même libéré. De même, elle conjure sa soeur, par-delà son propre amour pour Johnny, de céder à l'allégresse du lâcher-prise, de partir avec celui qu'elle aime. Elle se donne, et donne un tel amour, non pour elle-même, mais pour eux. Elle souffre tant de constater une telle sécheresse d'âme chez ceux qu'elle aime, d'être impuissante à y remédier, malgré tous ses efforts. Ses tremblements de voix résonnent de toute l'impuissance tragique d'un combat voué à l'échec, et Katharine Hepburn est si poignante lorsqu'elle nous fait ressentir toute l'étendue de cette solitude.
 
Rares sont les films qui font un tel éloge du jeu, de la pureté du jeu inconséquent. Non comme un simple divertissement, un détournement du sérieux de l'activité productive, mais, bien au contraire, comme une part essentielle, un exutoire allègre, où l'esprit pesant s'abandonne, se met à danser en pure dépense. La salle de jeux de Linda est un trou d'air à l'intérieur de ce monde figé, un havre de futilité dans lequel elle se sent désespérément seule, avant que s'y engouffre, comme un courant d'air, Johnny et, avec lui, ses amis Nick et Susan. Cette pièce isolée, négligée par tous les autres membres de la famille, symbolise tout ce qui lui tient à coeur : la chaleureuse simplicité, la mémoire de sa mère, la facétie puérile d'une balançoire, des arceaux, des instruments de musique. Comme ses proches, il est facile d'accuser, dans les lubies de Linda, la nostalgie du paradis perdu de l'enfance, la puérilité adolescente d'une jeune femme incapable d'adhérer au sérieux du monde du travail, une riche "enfant gâtée". Or, même si la caricature se tient en partie, ce serait négliger la force des velléités de Linda, la sincérité profonde de ses aspirations, que de n'y voir que cela. Elle se débat jusqu'à l’écoeurement avec la logique oppressante de son père, pour la dépasser, montrer son inanité, tout le bonheur qu'elle réprime. La bassesse des instincts que celle-ci nourrit, l'enrichissement, la dignité sociale, cupidité insatiable et vaine, est si étrangère à l'innocence de Linda, aux simples satisfactions qu'elle réclame. Johnny, fulgurant vent d'insouciance irréfléchie, s'insère naturellement dans les règles propres au petit monde de Linda, où le jeu prime sur le sérieux, le délire sur la contenance, la franchise ouverte sur les manières. L'amertume qu'elle affichait en accueillant Johnny, se présentant à lui comme la « brebis galeuse » de la famille, cède immédiatement devant l'effusion grisante de cette présence nouvelle.
 
L'entente merveilleuse entre Cary Grant et Katharine Hepburn atteint, dans Holiday, des paroxysmes de complicité, où les délires conjoints, la célérité du dialogue, les pirouettes en couple et autres affinités naturelles ne les ont jamais rendus, tous deux ensemble, aussi flamboyants. La joie irrépressible de Linda devant l'énergie extraordinaire que Johnny insuffle dans toute la famille est sans limites, et jamais la stérilité de son mode de vie passé ne lui était apparu aussi flagrante. Linda n'est jamais heureuse par égoïsme mais toujours pour autrui, pour sa soeur, pour que l'ensemble de sa famille retrouve une vitalité joyeuse. C'est une créature d'une rare fragilité, hypersensible, qui ne respire librement que dans un environnement favorable, aimant. Elle voudrait tant que le climat de la salle de jeux s'étende à toute la maison, que la gaieté se répande au-delà. L'enjeu est d'un tout autre ordre, existentiel pour ainsi dire. Tout comme Johnny ne pourrait tolérer une vie de travail n'ayant pour finalité la jouissance, des Vacances, Linda souffre que la vie familiale soit asservie à des fins aussi dégradantes que la réputation sociale et oublie l'essentiel, la convivialité aimante. Le clivage insurmontable entre Linda et son père, entre Johnny et sa fiancée, demeure précisément là, sur la question du sens que l'on souhaite intimement donner à l'existence que l'on mène. C'est un cri de l'âme que Linda pousse tout au long du film, un cri tragique que seul Johnny et ses amis comprendront avec tant d'empathie. Ned, le frère de Linda, admirablement incarné par Lew Ayres, est le plus lucide, mais aussi le plus désabusé d'entre eux. Il est bien conscient que la logique mortifère qui anime son père et sa soeur est impossible à renverser, au contraire de Linda, qui refusera jusqu'à la fin d'admettre la sécheresse d'âme de sa soeur. Ned n'a pas la force vive de sa plus jeune soeur, la volonté viscérale de sortir de cette ornière, qu'il admire, avec beaucoup de tendresse, chez celle-ci. Dans l'atmosphère guindée et étouffante de la soirée donnée par la famille pour annoncer le mariage, le professeur Nick Potter et son épouse Susan, rôles tenus merveilleusement par Edward Everett Horton et Jean Dixon, détonnent magistralement, perdus dans un territoire hostile et incompréhensible. On ignore comment le couple s'est lié d'amitié avec Johnny, et cela donne encore davantage de charme à leur relation extravagante, aux dialogues insensés qu'ils mènent de concert à un rythme fantasque.
 
La mise en scène de George Cukor, avec une grande pudeur et justesse, alterne entre les emportements euphoriques de la troupe, le désarroi déchirant de Linda, la mélancolie touchante de Ned ou les scènes plus disciplinées, en présence du père, ou de Julia. C'est parce qu'il atteint, par instants, de tels états de grâce que le film retombe si amèrement dans la platitude moribonde des conversations, dans la petitesse des intérêts défendus par Seton. Certes, le film, à sa sortie, de par la morale défendue par Johnny, a pu choquer les victimes de la Grande Dépression, qui, plus que tout au monde, réclamaient un travail pour survivre dignement. La fantaisie inconséquente de Johnny semble vouée à percuter, un jour ou l'autre, la dure réalité du manque, du besoin, qui passe l'envie du jeu et plombe l'allégresse d'exister. L'appréciation du film se heurte à ce paradoxe déroutant, qu'il est mal avisé de trancher trop hâtivement. Mais la substance même du film, une vitalité irrésistible, déborde l'écran, déjoue les réticences et enchante au-delà. Les forces en présence sont par trop puissantes pour laisser indemne, comme si Linda découvrait enfin, par le biais de Johnny et de ses amis, la source d'un gai savoir délivrant. L'évidence naïve des assertions morales n'endommage pas pour autant le sérieux de l'impératif répété en boucle par Linda. Devant un spectacle aussi réjouissant, aussi innocent, la pureté d'une joie sincère, il n'y a rien à commenter, nul discours à tenir, tout succombe. C'est le génie de Cukor d'avoir su exprimer toute la vérité pathétique contenue dans la joie, et dans la pureté d'un coeur simple et aimant. L'enchantement provoqué par Holidayde même que sa valeur subversive, est intemporel et irrésistible.
 

EN SAVOIR Plus

Holiday (1938 film)

Directed by  George Cukor
Produced by Everett Riskin
Screenplay by Donald Ogden Stewart, Sidney Buchman
Based on   Holiday 1928 play by Philip Barry
Starring:  Katharine Hepburn,Cary Grant,Lew Ayres,Doris Nolan
Music by  Sidney Cutner
Cinematography: Franz Planer
Edited by   Al Clark
Otto Meyer
Distributed by Columbia Pictures
Release date June 15, 1938 (US)
Running time 95 minutes

Holiday is a 1938 American romantic comedy film directed by George Cukor, a remake of the 1930 film of the same name. The film is a romantic comedy that tells of a man who has risen from humble beginnings only to be torn between his free-thinking lifestyle and the tradition of his wealthy fiancée's family. The movie, adapted by Donald Ogden Stewart and Sidney Buchman from the 1928 play by Philip Barry, stars Katharine Hepburn and Cary Grant and features Doris Nolan, Lew Ayres, and Edward Everett Horton. Horton reprised his role as Professor Nick Potter from the 1930 version.

Although Hepburn had been Hope Williams' understudy in the original production of the play on Broadway, she only played the part for one performance.[1] Screenwriter Donald Ogden Stewart had also appeared in the original stage version as Nick Potter.[2]

Plot
Jonathan "Johnny" Case (Cary Grant), a self-made man who has worked all his life, is about to marry Julia Seton (Doris Nolan), whom he met while on holiday in Lake Placid, New York. He knows very little about his bride-to-be, and is surprised to learn that she is from an extremely wealthy family, the youngest daughter of banker Edward Seton (Henry Kolker).

Then Johnny meets Julia's vivacious elder sister, Linda (Katharine Hepburn), to whom he confides his plan to take a long holiday from work to find the meaning of life. He also meets the sisters' younger brother, Ned Jr (Lew Ayres), an alcoholic whose spirit has been broken by subservience to their father. At first Julia's father is stunned when she tells him her plan to marry Johnny, but is appeased after meeting Johnny and looking into his work history. Edward Sr. plans an elaborate New Year's Eve engagement party, even though Julia had promised Linda that she, Linda, could throw a smaller party for Johnny and herself, one that would include only close friends.

On New Year's Eve, upset that she did not get to throw the engagement party she was promised, Linda refuses to come downstairs. Julia sends Johnny to get her, and he finds her and Ned in "the playroom", the one truly human room in the enormous and over-built Park Avenue mansion. They are with Johnny's off-beat friends, Professor Nick Potter (Edward Everett Horton) and his wife Susan (Jean Dixon), who had gotten lost in the house and serendipitously ended up there. The group spends a joyful time together, and Julia and Edward Sr. find them just as Johnny and Linda are completing a tumbling trick.

Mr. Seton later offers Johnny a job at his bank, and Johnny reveals his plans for a holiday from work. Julia is appalled that her boyfriend had said no to her father. After seeing in the New Year with Linda, and the announcement of the engagement to the assembled guests, Johnny tries to kiss Linda. She kindly rebuffs Johnny, reminding him that she will soon be his sister-in-law. Johnny leaves the mansion in a dark mood without saying goodbye to the family, although wishing the kitchen staff a Happy New Year as he goes. Linda tells her brother that she has fallen in love with Johnny but, because of her love towards her younger sister, she will keep her feelings to herself.

Hoping to patch things up between Johnny and Julia, Linda visits the Potters, and finds them packing for a voyage to Europe. They tell her that Johnny is planning to go as well, and that he has asked Julia to go with them. A telegram arrives, informing them that Julia has turned him down. Linda returns home, hoping to change her sister's mind, but they argue instead. Julia is certain that Johnny will give up his plans and return to her. Just then Johnny arrives with a compromise: He will work at the bank for two years, but will quit then if he is unhappy.

Mr. Seton accepts this, and Julia and he begin planning the couple's honeymoon in minute detail, mixing together stops at the homes of relatives with business-related matter. They discuss hiring servants to work in Julia and Johnny's new home, which he also just finds out about. This makes Johnny realize that Julia and Edward Sr.'s plan won't work, that marrying Julia on these terms will be more of an encumbrance on his freedom than he can abide. He begs Julia to marry him that evening, and travel to Europe with him. She says no. He leaves to meet the Potters and sail.

Linda sees from Julia's reaction that she is relieved by Johnny's decision. Linda makes Julia admit that she does not really love Johnny after all. With the way now clear, and inspired by Johnny, Linda renounces her father's stifling influence and declares her independence. She asks Ned to go with her, and when he can't, she promises to come back for him. Linda rushes off to meet Johnny and the Potters to go on holiday.

Meanwhile, the Potters arrive at the ship, saddened that Johnny had decided to take the job at the bank. Johnny surprises them, and explains that he couldn't go through with it, and they cheerfully celebrate. Johnny is doing a back flip in the ship's hallway when Linda arrives. Seeing her while in mid-handspring, Johnny falls on his stomach rather than finishing. As she greets the three of them Johnny takes her hand, pulls her to the floor, and they kiss.

Production
In 1936, Columbia Pictures purchased a group of scripts, including the script for Holiday, from RKO for $80,000. Although the film was originally intended to reunite The Awful Truth co-stars Cary Grant and Irene Dunne, George Cukor decided to cast Hepburn instead, and Columbia borrowed her from RKO, where she had just turned down the lead role in Mother Carey's Chickens.[3] Joan Bennett and Ginger Rogers were also initially considered to play Hepburn's role,and Rita Hayworth was tested for the role of Julia.

The character of Linda Seton, played by Hepburn, was loosely based on socialite Gertrude Sanford Legendre.

Donald Ogden Stewart, who co-wrote the screen play, had played Professor Nick Potter in the original Broadway cast. Katharine Hepburn had understudied the role of Linda Seton in the original Broadway cast.

The working titles for the film were "Unconventional Linda" and "Vacation Bound".[3]

A scene that was to come before what is now the first scene of the film was set in the snows of Lake Placid, New York, although it was actually filmed in Bishop, California. The idea was to "open up" the stage play by utilizing an exterior scene, but when director George Cukor saw the scene, he did not like it and decided to cut it. A few still photographs, one of them on a lobby card that was distributed to theaters, are the only known remnants of this scene.

Reception
Although the film was not a financial success, it was well received by critics. Hepburn biographers have speculated that Johnny Case's plans to give up working did not appeal to Great Depression audiences who were struggling to find jobs. Hepburn, at the time, had earned a reputation as box office poison, causing her departure from RKO Pictures.

Holiday was the third of four films starring Grant and Hepburn, the others being Sylvia Scarlett (1935), Bringing Up Baby (1938), and The Philadelphia Story (1940).

Time Out London referred to Holiday as "one of Cukor's best films". It received a 100% rating on Rotten Tomatoes, the review aggregator website, based on 23 professional reviews.
Awards and honors
The film was nominated for an Academy Award for Best Art Direction by Stephen Goosson and Lionel Banks.

Adaptations
Holiday was presented on radio on the Screen Guild Theater program on November 13, 1944.  (w.eng.)