GEORGE CUKOR
Cinéaste américain (New York 1899-Los Angeles 1983).
Son talent s'épanouit dans des comédies à la fois caustiques et sentimentales. Il a réalisé David Copperfield (1935), Indiscrétions (1940), Comment l'esprit vient aux femmes (1950), Une étoile est née (1954), les Girls (1957), le Milliardaire (1960), My Fair Lady (1964), Voyages avec ma tante (1973).
CRITIQUES DE FILMS
CUKOR (George Dewey)
cinéaste américain (New York, N. Y., 1899 - Los Angeles, Ca., 1983).George Cukor naît dans un milieu aisé et cultivé, la bourgeoisie américaine d'origine hongroise, à l'époque où New York devient la capitale indiscutée, non seulement économique, mais aussi intellectuelle des États-Unis. C'est un homme de théâtre qui abordera le cinéma, tout naturellement, par le biais du parlant, comme dialoguiste et coréalisateur de cinéastes habitués du muet et bientôt supplantés par les nouveaux venus de la côte est.
Sa culture et son expérience théâtrale font que Cukor refuse d'être considéré comme un « auteur ». Il se veut metteur en scène, faisant bénéficier les sujets qu'il traite de toutes les ressources de son intelligence et de son goût, et s'efforçant d'obtenir de ses acteurs la meilleure interprétation possible. Aussi le cinéma de Cukor ne se conçoit-il guère sans la collaboration confiante et sur un pied d'égalité de techniciens, de scénaristes (au premier rang desquels Donald Ogden Stewart, Ruth Gordon et Garson Kanin) et de comédiens. On l'a très tôt considéré avant tout comme un grand directeur d'actrices. Son premier film en solo, Tarnished Lady (1931), vaut en effet par une remarquable interprétation de Tallulah Bankhead. Plus tard, il dirigera Greta Garbo dans un de ses rôles à la fois les plus émouvants et les plus humains, où elle fera preuve d'un humour plus convaincant que chez le Lubitsch de Ninotchka : le Roman de Marguerite Gautier (1937), d'après la Dame aux camélias.
Les titres mêmes de plusieurs de ses films évoquent un univers dominé par l'actrice : outre le précédent et Tarnished Lady, on peut citer Girls About Town, Little Women, Sylvia Scarlett, Zaza, Femmes, Susan and God, A Woman's Face, la Femme aux deux visages, The Actress, les Girls, My Fair Lady, Justine. Parmi les plus remarquables interprètes de Cukor figure Katharine Hepburn, qui fait ses débuts au cinéma dans Héritage(1932) et qu'il dirige dans trois étapes de sa carrière, en jeune comédienne éblouissante de virtuosité insolente (Sylvia Scarlett, 1935 ; Indiscrétions, 1940), dans la plénitude de ses moyens, face à Spencer Tracy (surtout Madame porte la culotte, 1949), enfin pendant sa vieillesse ravagée et encore altière d'actrice qui refuse de renoncer (Love Among the Ruins, 1975 ; The Corn Is Green, 1979). Il est presque fastidieux d'énumérer les très grands numéros d'actrices orchestrés par Cukor, qu'il s'agisse de Joan Crawford (Femmes, 1939 ; Il était une fois, 1941), de Judy Garland (Une étoile est née,1954), d'Ava Gardner (la Croisée des destins, 1956), d'Audrey Hepburn (My Fair Lady, 1964) ou de Maggie Smith (Voyages avec ma tante, 1973). Cukor n'est cependant pas infaillible et il a connu quelques échecs : avec Norma Shearer dans Roméo et Juliette (1936), Lana Turner dans Ma vie à moi (1950), voire Marilyn Monroe dans le Milliardaire (1960). Inversement, il faut insister sur l'étendue de son registre : de même qu'il a su faire rire Greta Garbo jusque dans le mélodrame, de même il a obtenu d'une Judy Holliday à l'humour explosif (Comment l'esprit vient aux femmes, 1950 ; Une femme qui s'affiche, 1954) une interprétation dramatique et émouvante : Je retourne chez maman (1952).
Mais il convient de ne pas réduire Cukor à une telle définition, si justifiée soit-elle. Tout d'abord, il faut rappeler qu'il est aussi un grand directeur d'acteurs : les interprétations de Cary Grant dans Sylvia Scarlett et Indiscrétions, de Robert Taylor dans le Roman de Marguerite Gautier, de Charles Boyer dans Hantise(1944), de Ronald Colman dans Othello (1947), de James Mason dans Une étoile est née, de Stewart Granger dans la Croisée des destins, de Laurence Olivier dans Love Among the Ruins, comptent parmi les meilleures de leurs carrières. On vérifie ici encore l'étendue du registre de Cukor, car il a su diriger des hommes au physique ingrat ou brutal, Gregory Ratoff dans What Price Hollywood ? (1932), Wallace Beery dans les Invités de huit heures (1933), Broderick Crawford dans Comment l'esprit vient aux femmes, ou Aldo Ray dans Je retourne chez maman.
Sans doute ne faut-il pas non plus limiter Cukor au théâtre, soit comme prétexte, soit comme technique. Pourtant, il s'agit là d'un aspect tout à fait fondamental de l'œuvre. Dès 1930, The Royal Family of Broadwaymet en scène le célèbre « clan » Barrymore. Par le choix de ses sujets Cukor reste bien à certains égards un homme de théâtre ; il soutient avec bonheur une tradition hollywoodienne, qui est l'adaptation cinématographique des succès de Broadway : cf. les Invités de huit heuresd'après la pièce de George S. Kaufman et Edna Ferber ; Indiscrétions d'après Philip Barry ; Femmes d'après Clare Boothe. Cette tendance à l'adaptation théâtrale marque toute la carrière de Cukor (et, plus près de nous, My Fair Lady). Il aime encore les portraits d'actrices (The Actress, 1953, d'après l'autobiographie de Ruth Gordon) et décrira dans la Diablesse en collant rose les aventures de comédiens ambulants au Far West, où ils interprètent la Belle Hélène d'Offenbach.
D'autre part, qui dit théâtre dit généralement Angleterre, et Cukor n'échappe pas à la règle. Il a adapté Shakespeare (Roméo et Juliette) ou est parti de Shakespeare pour étudier l'influence du théâtre sur la vie (Othello). Dans les deux cas, d'ailleurs, les interprètes (Leslie Howard, Ronald Colman) sont des Britanniques. Il a réalisé l'étrange et attachante Sylvia Scarlett (d'après Compton Mackenzie), dont les déguisements évoquent la pastorale shakespearienne (Comme il vous plaira). On rappellera encore ses adaptations de pièces de théâtre de William Somerset Maugham (Our Betters) ou indirectement de G. B. Shaw (My Fair Lady, d'après Pygmalion).
Mais la vaste culture de Cukor est loin d'être exclusivement théâtrale. Autre hommage à l'Angleterre, David Copperfield (1935) est sans conteste l'une des plus brillantes adaptations d'un classique victorien, magistrale non seulement dans sa distribution, mais aussi dans la difficile compression de la narration, qui permet d'aboutir à ce résultat si rare au cinéma, le sentiment de la durée romanesque (dict. du cinema Larousse).
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BORN YESTERDAY (Comment l’esprit vient aux femmes) – George Cukor (1950)
Belle, blonde et sotte, Billie est la petite amie d’un homme d’affaire puissant mais véreux. Celui-ci profite de l’ignorance de sa compagne pour la compromettre dans des affaires louches, jusqu’à ce qu’elle découvre la vérité grâce à un journaliste engagé pour lui apporter un semblant d’éducation. Judy Holliday remporta l’oscar de la meilleur actrice en 1950 pour sa très drôle et brillante prestation dans le rôle de Billie, qu’elle interpréta aussi bien au théâtre qu’au cinéma. Tout d’abord pièce à succès de Broadway écrite par Garson Kaninn cette amusante comédie de mœurs a conquis Hollywood après avoir été adaptée au grand écran par George Cukor.LES GIRLS – George Cukor (1957)
Procès retentissant : lady Sybil Wren, ancienne girl de la troupe du célèbre danseur Barry Nichols, est poursuivie pour diffamation par une autre ex-girl, Angèle Ducros, à cause de son livre de souvenirs sur l’époque où, avec Joy, une troisième girl, elles étaient les vedettes du spectacle de Nichols à Paris. Les Girls peut se vanter d’avoir le scénario le plus sophistiqué de l’histoire de la comédie musicale : un Rashomon dans le milieu stylisé (comme les aime Cukor) du music-hall parisien des années 1950. Délicieusement immoral, il passe en revue trois petites arrivistes amoureuses de leur chorégraphe (forcément, c’est Gene Kelly), qui cherchent à épouser des hommes riches. Comme toujours chez Cukor, il n’y a qu’un pas (ici, un pas chassé) entre comédie et drame, entre illusion et réalité. « Où est la vérité ? », demande un panneau brandi devant le tribunal. Dans la synthèse de tous les mensonges de ces dames… Avec son casting brillant (mention spéciale à Kay Kendall en girl alcoolique), ses chansons de Cole Porter et sa chorégraphie de Jack Cole, Les Girls brille des derniers feux de la comédie musicale de l’âge d’or et offre à Gene Kelly son dernier grand rôle hollywoodien. Il chorégraphia lui-même un ballet hommage à The Wild One (L’Equipée sauvage), avec Marlon Brando, d’une beauté à tomber. [Guillemette Odicino – Télérama]DINNER AT EIGHT (Les Invités de huit heures) – George Cukor (1933)
Premier film produit par David O. Selznick pour la Metro-Goldwyn-Mayer – et son beau-père Louis B. Mayer ! – Dinner at Eight s’inscrit dans la tradition de Grand Hotel en réunissant un de ces « all star cast » dont la firme du lion avait la spécialité. George Cukor, qui n’avait alors que trente-cinq ans, fut chargé de diriger cette exceptionnelle galerie de monstres sacrés et chaque acteur, tout en effectuant un éblouissant numéro, participe à la perfection collective de l’ensemble.A STAR IS BORN (Une Etoile est née) – George Cukor – 1954
Avec son titre repris régulièrement par la presse pour saluer l’avènement de la moindre vedette, A Star is born (Une Etoile est née) fait assurément partie des films les plus importants de l’histoire du cinéma américain. Il fut pourtant boudé à sa sortie, souffrant avant tout d’un montage tronqué par les […]https://moncinemaamoi.blog/?s=cukor
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