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vineri, 9 aprilie 2021

Psycho 2 / Hitchcok

     http://www.lebleudumiroir.fr/critique-psycho-hitchcock/


PSYCHO

Marion Crane en a assez de ne pouvoir mener sa vie comme elle l’entend. Son travail ne la passionne plus, son amant ne peut l’épouser car il doit verser une énorme pension alimentaire le laissant sans le sou… Mais un beau jour, son patron lui demande de déposer 40 000 dollars à la banque. La tentation est trop grande, et Marion s’enfuit avec l’argent. Très vite la panique commence à se faire sentir. Partagée entre l’angoisse de se faire prendre et l’excitation de mener une nouvelle vie, Marion roule vers une destination qu’elle n’atteindra jamais. La pluie est battante, la jeune femme s’arrête près d’un motel, tenu par un sympathique gérant nommé Norman Bates, mais qui doit supporter le caractère possessif de sa mère.




THE BATHROOM.

En 1960, deux films similaires et particuliers mis en scène par deux légendes, arrivent sur les écrans de cinéma : Le Voyeur, en avril sur le territoire britannique, et Psycho, en septembre aux Etats-Unis. Deux films qui se ressemblent mais qui n’auront pas le même destin : Michael Powell sera mis au ban du cinéma britannique pour avoir osé montrer la perversité de sa société ; quant à Alfred Hitchcock, il verra Psycho devenir son plus grand succès public, même si la critique est mitigée à la sortie du film.

Pourquoi ? Une partie de la réponse réside sans doute dans les différences dans les carrières de Powell et d’Hitchcock, le premier ayant été connu pour des drames magnifiques le plus souvent d’époque, là où le second a un passif dans la réalisation de films aimant bousculer les habitudes du spectateur via sa mise en scène, comme Fenêtre sur Cour ou Vertigo. La forme joue un rôle aussi : là où Powell piège le spectateur dès les premières minutes de son film pour le mettre en état de choc et l’attacher de force à son personnage principal meurtrier, Hitchcock préfère lui laisser croire qu’il regarde un drame classique, avant de refermer petit à petit son piège.

Psycho est un film sur le hasard et les conséquences d’un acte. La caméra des plans d’ouverture du film se resserre sur Phoenix jusqu’à choisir une fenêtre (encore une après Fenêtre sur Cour) et à y pénétrer pour tomber sur un couple sans réel avenir. Quand Marion Crane, en fuite avec ses 40 000 dollars (un vingtième du budget du film soit-dit en passant), tente de rouler sous la pluie et décide de s’arrêter à un motel, elle ne peut pas savoir ce qui peut lui arriver. Elle regrette son geste impulsif mais doit l’assumer, ou tout du moins essayer. Elle veut une meilleure vie, se rapprocher de son amoureux endetté ; les choses peuvent s’arranger. Il pleut à verse sur la route qu’elle prend pour Fairvale, elle décide de s’arrêter pour la nuit au Bates Motel.

Psycho d'Alfred Hitchcock

D’UN EXTRÊME À L’AUTRE

Avec un budget serré arraché à la Paramount (qui ne croyait pas vraiment au succès du film), le britannique décide de repasser au noir et blanc et de reprendre l’équipe technique de sa série télévisée, Alfred Hitchcock Presents, pour maîtriser les coûts (il sous-paie aussi ses acteurs et actrices, notamment Janet Leigh) mais aussi pour se sentir à l’aise durant le tournage ; il fait appel uniquement à quelques intervenants extérieurs, comme Saul Bass ou Bernard Herrmann. Les décors sont minimalistes et recréés dans les studios Universal, sur un plateau dédié aux productions télévisées ; quant aux prises de vue en plein air, elles se veulent sobres et réalistes, sans surenchère ni artifice. La transition North by Northwest–Psycho, sortis à une année d’intervalle, représente ainsi les deux extrêmes de la carrière du britannique : le grand spectacle en couleur et rythmé d’un côté, un film auteuriste très sobre et cloisonné de l’autre – qui peut rappeler La Corde.

Psycho est une pure merveille de subversion. Subversion d’un cinéma enfermé dans des codes de production et de narration sur le point de s’écrouler, des romances au cinéma et du cinéma d’Hitchcock lui-même. Pas de grandes têtes d’affiches masculines comme Cary Grant ou James Stewart en rôle principal (présents notamment dans les deux derniers films du cinéaste britannique, Vertigo et North by Northwest), le seul pouvant s’approcher de ce statut, John Gavin, étant relégué au second plan. Une protagoniste principale, Marion Crane, qui disparaît au bout de 50 minutes alors qu’elle semble être le sujet principal du film. Le semblant de MacGuffin que constitue l’argent volé par cette dernière est jeté négligemment dans un marécage boueux. Le tout est présenté dans un trailer humoristique diffusé au cinéma, où Hitchcock s’amuse à surjouer les guides de plateaux de tournage enthousiastes. Tout est fait pour déstabiliser le spectateur et lui faire perdre ses repères et ses habitudes.

CRI GLAÇANT

En tant que tel, la première heure de Psycho est un chef d’oeuvre à elle seule. Même en la revoyant, le spectateur continue d’être surpris par la maîtrise d’Hitchcock dans sa mise en scène et sa narration, remplie de détails graphiques ou verbaux. Il est aussi aidé par la performance de Janet Leigh, parfaite en femme torturée par son choix mais qui tente de vivre avec, et Anthony Perkins. Aussi, Hitchcock gère parfaitement le rythme, comme le montre la première séquence au motel, entre Marion et Norman. En douceur, il rend l’atmosphère oppressante au détour d’une remarque un peu sèche de Marion à l’égard de la mère de Norman, puis malsaine avec cet oeil qui épie une chambre avant que le cri de la femme sous la douche ne glace le sang du spectateur. Enfin vient l’horreur, quand, pendant dix minutes, Norman nettoie consciencieusement la pièce du crime. En une petite heure, Hitchcock a mis le spectateur dans sa poche avec une sobriété déconcertante.


La suite est plus classique sur le plan narratif, et Vera Miles et surtout John Gavin sont moins charismatiques que Janet Leigh, ce qui occasionne parfois des baisses d’intensité dans la seconde partie du film. Cependant, Hitchcock en profite pour soigner ses cadres et ses effets. Il joue avec le corps et le sourire de Perkins, le force à se contorsionner pour regarder un cahier de réservation et créer ainsi une ombre inquiétante, lui fait jouer les faux candides de façon réjouissante, lui fait regarder la caméra en souriant et profite de sa taille et de sa mobilité pour le faire surgir d’une porte, couteau en l’air, sans crier gare. Il trouve des angles de caméra particulier, joue avec la lumière, notamment dans la cave des Bates, est magnifique, donnant au film par moment un côté expressionniste, renforcé par les gros plans sur les visages. Psycho apparaît par moment comme un prolongement des hallucinations de Vertigo, notamment cette séquence de chute dans l’escalier où Martin Balsam semble perdre pied de la réalité. Hitchcock s’amuse. Le montage permet aussi de travailler les transitions : celle célèbre du siphon se transformant en oeil en est le plus bel exemple.


UN CHEF D’OEUVRE DE PERVERSION AU BUDGET LIMITÉ


Surtout, Psycho prouve, et il est nécessaire de le redire, qu’un film peut avoir un budget serré sans compromettre la qualité ; il suffit d’être soigné. La composition des plans, le travail de Saul Bass sur le générique et la composition de scène de la douche (même si contrairement à ce qu’il dira plus tard, il n’a pas filmé la scène), la bande-originale de Bernard Herrmann et son usage magistral des cordes, la qualité du noir et blanc, l’attention d’Alma Reville au montage… Le travail effectué sur le petit écran a aussi donné à l’équipe technique d’Hitchcock un savoir-faire qui ressurgit sur grand écran. Le budget limité, loin d’être une contrainte, a permis de chercher de nouvelles façons de raconter ses histoires, en plus de l’influence des Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot, dans l’usage du noir et blanc ou l’aspect fantastique du film. D’ailleurs, à la sortie de Psycho, Hitchcock imposera la même interdiction pour quiconque de pénétrer dans la salle après le début du film que Clouzot à son époque.

Chef d’oeuvre de perversion, maîtrise narrative et cinématographique malgré un dispositif limité, Psycho est une œuvre majeure du cinéma mondial. Copié maintes fois, dont une fois littéralement par Gus van Sant en 1998, son influence est immense, en plus d’avoir aussi été le point de départ d’une franchise cinématographique dans les années 1980 et d’une série télévisée, Bates Motel, diffusée récemment sur A&E. Mais Psycho reste en tant que tel une oeuvre d’une intelligence rare qui conclut en beauté les trois années les plus productives et qualitatives de la carrière d’Hitchcock.

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"Psychose" un film d’Alfred Hitchcock

  • 8 NOV. 2020
  •  
  • PAR CÉDRIC LÉPINE
  •  
  • BLOG : LE BLOG DE CÉDRIC LÉPINE
Sur un coup de tête, Marion Crane, dérobe 40 000 dollars à l’agence immobilière où elle travaille, afin d’envisager une nouvelle histoire d’amour avec son amant. Poursuivie par ses doutes, elle s’arrête par une nuit sous une pluie battante à l’hôtel tenu par Norman Bates.
"Psychose" (Psycho) d’Alfred Hitchcock © Universal"Psychose" (Psycho) d’Alfred Hitchcock © Universal
Sortie de l’édition 60e anniversaire - 4K Ultra HD + Blu-ray - Boîtier SteelBook : Psychose d’Alfred Hitchcock

1960 est l’année cinématographique de la rupture qui fait entrer l’histoire du Septième art dans la modernité, qu’il s’agisse de L’Avventura de Michelangelo Antonioni, les films de la Nouvelle Vague française mais aussi de Psychose d’Alfred Hitchcock. Ces films prennent une distance avec les récits classiques en se permettant une liberté inédite par rapport aux scénarios auxquels les spectateurs étaient jusqu’ici habitués. Au fait de sa création et globalement très bien accueilli par les studios hollywoodiens depuis déjà deux décennies, Hitchcock cherche une nouvelle indépendance en réalisant un film à petit budget avec une équipe issue de la télévision et plus particulièrement de sa série « Alfred Hitchcock présente ». Le maître du suspens décroche de manière encore plus évidente avec ce film les lettres de noblesse du génie cinématographique, en associant à son travail de mise en scène la musique de Bernard Hermann ainsi que le génie graphique de Saul Bass qui a signé le générique ainsi que la conception sous la forme d’un storyboard de la scène de douche culte. La force du film tient à son langage visuel, rappelant que le cinéaste a commencé avec le cinéma muet : dès lors, les séquences les plus fortes sont muettes et tout se passe dans la lecture attentive des expressions des visages filmés en gros plan, comme dans les mouvements des corps des acteurs devenus des marionnettes manipulées avec dextérité et génie par Hitchcock. La manipulation du spectateur acculé à son statut de voyeur atteint son comble dans ce film qui laisse une grande place au regard subjectif de l’inquiétant Norman Bates, dans un récit où les questions de moralité des personnages sont centrales.

Psycho est promise à une très large et riche postérité car le cinéma d’horreur des années 1970, aux USA comme en Italie, est directement issu des portes qu’Hitchcock a osé ouvrir sur l’horreur.
Cette nouvelle édition est riche de plus de deux heures de bonus comprenant des interviews du scénariste Joseph Stefano, de l’actrice Janet Leigh et d’autres collaborateurs révélant de nombreux secrets de fabrications dans un film documentaire de 1997. Dans un autre film documentaire, ce sont les cinéastes héritiers d’Hitchcock qui expliquent tout ce qu’ils lui doivent, qu’il s’agisse de Martin Scorsese, John Carpenter ou encore Guillermo del Toro pour n’en citer que quelques-uns. Dommage qu’il manque Brian de Palma et David Fincher, les deux cinéastes dont la filiation avec Hitchcock est la plus manifeste.

 

 

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Psychose
Psycho
d’Alfred Hitchcock
Avec : Anthony Perkins (Norman Bates), Janet Leigh (Marion Crane), Vera Miles (Lila Crane), John Gavin (Sam Loomis), Martin Balsam (Milton Arbogast), John McIntire (le shériff Chambers), Simon Oakland (le docteur Richmond), Patricia Hitchcock (Caroline, la secrétaire), Vaughn Taylor (Mr Lowery), Lurene Tuttle (Mme Chambers), Frank Albertson (Tom Cassidy), Mort Mills (le policier en patrouille), Virginia Gregg (la voix de madame Bates), John Anderson (Charlie), Alfred Hitchcock (un piéton dans les rues de Phoenix), Marli Renfro (le mannequin qui a doublé Janet Leigh dans la scène de la douche)
USA, 1960.
Durée : 109 min
Sortie en salles (France) : 2 novembre 1960
Sortie France de l’édition 60e anniversaire - 4K Ultra HD + Blu-ray - Boîtier SteelBook : 30 septembre 2020
Format : 1,85 – Noir & Blanc
Éditeur : Universal Pictures France

Bonus :
« The Making of Psycho » (94’13”)
Le son de Psychose (9’58”)
Dans l’ombre du maître : l’héritage de Hitchcock (25’59”)
Hitchcock / Truffaut (15’22”)
Actualités du film : la sortie de Psychose (7’45”)
La scène de la douche : avec et sans musique (2’32”)
La scène de la douche : storyboards par saul Bass (4’10”)
Les archives de Psychose (7’48”)
Publicités et affiches du film (3’)
Photos d’exploitation (1’30”)
Les photos des coulisses du tournage (8’)
Photos du tournage (8’01”)
Bande-annonce cinéma (6’31”)
Bande-annonce de la nouvelle réédition de Psychose (1’52”)
Commentaire audio de Stephen Rebello, auteur de « Alfred Hitchcock and the Making of Psycho » (version non-coupée uniquement, VOST)
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Par alexandre clement, le 9 Octobre 2017 à 08:15
Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960
http://alexandreclement.eklablog.com/psychose-psycho-alfred-hitchcock-1960-a130932912
Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960

C’est un des films les plus célèbres d’Hitchcock. Mais ce n’est généralement pas le film préféré des fans de ce réalisateur. La renommée de Psycho est portée d’abord par les amateurs de Gore et de films sur les serial killer, qui aiment bien le côté folie ordinaire qui règne sur cette histoire et qui aiment à se faire peur avec un peu tout et un peu rien. Moins consensuel que North by Northwest, il a d’ailleurs bénéficié d’un budget moins conséquent, et d’acteurs moins prestigieux. Le budget de Psycho a été de 800 000 $ contre 3 millions $ pour North by Northwest. Son rendement s’est construit au fil du temps, par exemple en France North by Northwest avait fait 4 millions d’entrées, et Psycho seulement 2 millions. Pourtant au fil des décennies, Psycho aura généré 50 millions de $ de recettes contre 30 pour North by Northwest.  

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960

Marion Crane est une jeune femme qui travaille péniblement dans une agence immobilière de Phoenix pour un petit salaire. Elle a une liaison compliquée avec Sam Loomis, un commerçant du coin qui tarde à se décider de l’épouser pour des raisons financières. Un vendredi après midi, alors que son patron est en train d’effectuer une transaction importante, elle décide de voler sur un coup de tête les 40 000 $  qu’elle doit remettre à la banque. Elle s’enfuit avec l’argent, quelques vêtements et sa voiture. Après quelques péripéties, un agent de police la trouve louche, elle change de voirure, elle atterrit par temps de pluie au Motel Bates complètement désert. Elle y est accueillie par Norman Bates qui prétend vivire ici tout seul avec sa mère. Il se montre aimable, quoiqu’un peu tatillon et lui propose de lui faire à manger. Marion réfléchit et pense qu’elle a fait une grosse bétise en prenant l’argent, elle voudrait repartir pour Phoenix. Elle décide de passer la nuit à l’hôtel et de retourner ensuite. Mais tandis qu’elle prend sa douche, elle est assassinée par une femme mystérieuse à grands coups de couteau. Norman vient peu après nettoyer la scène du crime et embarquer tout ce qui appartient à Marion, il met également el cadavre dans la voiture, et va perdre le tout dans les marais pas très loin du motel. Mais cette disparition va susciter l’inquiétude. Le patron de Marion lance un détective à ses trousses, promettant de ne pas porter plainte si elle rend l’argent. Et puis c’est la sœur de Marion, Lila, qui va annoncer la disparition à Sam en lui demandant ce qu’il est advenu de sa sœur. Arbogast, le détective va les interroger. Puis il prend la décision de visiter tous les motels alentour, jusqu’au moment où il va tomber sur celui de Norman Bates. Il se rend compte que marion est bien passée par là. Mais l’interrogatoire de Norman tourne court. Arbogast téléphone à Lila pour lui dire ce qu’il a trouvé et lui annoncer qu’il va tenter d’interroger la mère de Norman. Mais justement en y allant, il se fait à son tour assassiner. Ne le voyant pas revenir, Lila et Sam vont partir à leur tour sur les lieux du crime. Ils vont interroger Norman qui leur parait très louche, puis ensuite le shérif qui leur annonce que la mère de Norman est morte. Voulant pénétrer à tout prix dans la maison, alors même que Sam fait la conversation à Norman, Lila va trouver une maison vide. Entre temps Norman va se débarrasser de Sam, et revenir à toute allure vers la maison. Lila tente de se cacher, mais pour cela elle va descendree à la cave où elle va découvrir un cadavre embaumé. Celui de la mère de Norman. Alors que celui-ci tente de la tuer, Sam arrive et la sauve du pire. Norman est arrêté. On apprendra que c’est lui qui a tué sa propre mère et l’amant de celle-ci et que cela est lié à sa propre enfance. 

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960 

Marion Crane se fait poignarder sous le douche 

Le scénario est basé sur le solide roman à succès de Robert Bloch[1]. Lui-même s’étant inspiré plus ou moins vaguement de l’affaire Ed Gein qui en 1945 avait défrayé la chronique par les atrocités que celui-ci avait commises. Si on retrouve des traces des thématiques privilégiées par Hitchcock, le sujet en lui-même est plutôt atypique. D’abord parce que cette histoire se passe au milieu d’une population ordinaire. Je ne suis pas sûr de ne pas me tromper, mais il me semble bien que c’est le seul film dans lequel Hitchcock s’intéresse à des petites gens qui gagnent petitement leur vie. En règle générale, il s’intéresse plutôt à des gens qui ont des positions sociales élevées. Est-ce pour cela qu’il n’y a pas d’acteurs de premier plan ? Est-ce pour cela que le budget est relativement faible ? L’aspect glamour qu’on trouve dans tous les films d’Hitchcock, du moins après la guerre, est soigneusement gommé. Mais quel est véritablement le sujet du film ? Le portrait d’un homme qui a sombré dans la folie ? Ou celui d’une femme, Marion Crane, qui a succombé à l’attirance pour l’argent. En tous les cas, on va retrouver quelques obsessions hitchcockiennes, d’abord cette domination d’une mère sur son fils – même si elle n’est pas présente. Et du reste les femmes sont toujours autant dangereuses, la mère de Norman l’a poursuivi au-delà de la mort en s’emparant de son esprit. Mais l’imprévisible Marion amène le danger aussi bien pour Norman que pour sa sœur et son amant. Norman Bates, à cause de sa mère, refuse son propre désir pour les femmes qu’il punit de la mort. On apprendra en effet qu’il n’a pas tué seulement la pauvre Marion, et Arbogast mais également deux jeunes filles innocentes. Comme à chaque fois, Hitchcock flirte avec le thème de l’homosexualité, sans l’aborder vraiment[2]. Hitchcock qui n’en manquait pas une, méprisait ouvertement l’ouvrage de Robert Bloch, disant qu’il n’avait retenu de l’histoire que la scène de la douche[3], il supposait que son sujet n’avait aucune importance et que seuls comptaient les exercices de formes qu’il pouvait en tirer. Il semblait même vouloir dire que son film était un film expérimental, qu’il l’avait tourné avec les moyens et les techniques d’une équipe de télévision. Mais certainement le fait que ce soit à l’origine un roman de Robert Bloch y est pour beaucoup dans la pérennisation du succès du film. En effet Bloch est un romancier populaire très respecté qui a été un auteur prolifique dans la science-fiction, le fantastique ou le roman noir. Il est une icône de la culture de la marge. 

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960 

Arbogast interroge Sam et Lila 

La réalisation est plutôt soignée. Tout le monde a retenu la scène du meurtre sous la douche. Le bavard Hitchcock s’en montrait très fier, suggérant qu’il avait démontré avec elle comment on pouvait manipuler l’émotion des spectateurs par l’image. Mais la réalité semble un peu plus compliquée. En effet elle aurait été réalisée à partir des story board de Saül Bass que celui a montré plusieurs fois[4] ! Cette scène des plus admirées par les hitchcockiens ne serait finalement pas de lui ! Passons. Bien qu’on puisse lui reconnaître une certaine efficacité, elle n’est pourtant pas déterminante pour l’ensemble. Il y a aussi la scène du meurtre d’Arbogast dans l’escalier. Hitchcock nous dit qu’il était malade, et que c’est Saül Bass qui l’a remplacé ! Mais le résultat était trop mauvais, toujours selon Hitchcock, et il fallut la retourner. Personnellement je trouve cette scène plate et mal filmée. La manière dont tombe Arbogast est empruntée et peu crédible, il tombe avant même que le poignard ne le frappe, et filmer la scène d’en haut, n’apporte pas grand-chose, si ce n’est la confusion. Mais cela n’enlève rien à l’ensemble qui est plutôt bien rythmé. Tourné en écran large, avec une belle image de John L. Russel. Peu habitué de l’univers hitchcockien, il avait pourtant une certaine expérience du film noir. La caméra est suffisamment mobile pour trouver des mouvements d’appareil intéressants quand Hitchcock ne cherche pas à épater son public. Bien sûr il y a des transparences assez négligées, comme la conduite en voiture sous la pluie, ou même la sortie de Phoenix par Sam et Lila. Mais cette négligence est apparemment la marque de fabrique d’Hitchcock. Les histoires d’opposition entre la verticalité de la maison et l’horizontalité du motel qui plaisaient tant à Truffaut et à Hitchcock ne me semble pas non plus ajouter quelque chose d’important au récit. On peut trouver que la mise en scène est propre dans son ensemble, mais elle n’est pas forcément très originale et remarquable. Les scènes où l’on voit le flic suivre en voiture Marion sont redondantes. 

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960 

Norman Bates voit le détective arriver 

L’interprétation est intéressante. Janet Leigh est remarquable, star sur le déclin, ce sera son dernier rôle important. C’est elle qui occupe tout le devant de la scène pendant presque la moitié du film – elle ne meurt pas au tiers du film comme on le dit souvent. C’est son personnage de voleuse qui culpabilise qui donne un aspect film noir à Psycho. Anthony Perkins est excellent. Il change de personnalité au fil du dialogue : séduisant quand on abonde dans son sens, méchant dès qu’on le contrarie.  Contrairement à ce qu’on dit ce n’était pas son premier rôle important. Il avait déjà joué dans des grosses productions, sous la direction de William Wyler, de Robert Mulligan ou d’Anthony Mann. Mais ce rôle le marquera tellement qu’il l’exploitera jusqu’à la corde dans des suites médiocres, des improbables retours, Psycho2, Psycho3 qu’il mettra en scène lui-même, et même encore Psycho 4. Il a donc fait de Norman Bates un personnage à part dans le film d’épouvante, une franchise particulière qu’il a détournée à son profit ! Martin Balsam est Arbogast, le détective, soupçonneux et bon enfant, méthodique. Il est aussi très bon, mais Martin Balsam est toujours très bon. Et puis il y a l’insipide John Gavin dans le rôle de Sam. Ce n’est pas tellement un acteur, mais plutôt une gravure de mode, un porte costume. Vera Miles n’est pas mal dans le rôle de la sœur angoissée. On prend du plaisir à retrouver John McIntire dans le rôle du shérif, même s’il ne sert à rien pour faire progresser l’histoire. Le très bon Simon Oakland boucle le film en jouant le docteur Richmond qui explique dans une scène peu crédible des histoires de dédoublement de la personnalité. On retrouve les tendances hitchcockiennes à faire de la psychanalyse de comptoir, un peu comme dans Spellbound. Donnons une mention particulière à la prestation de la propre fille d’Hitchcock, Patricia, qui joue le rôle de la copine de bureau de Marion. 

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960 

Arbogast veut interroger la mère de Norman 

Sans être un film désagréable à regarder, l’ensemble laisse une impression de vide, d’un manque d’épaisseur des personnages, même celui de Norman, sauf peut-être celui de Marion. Sans doute les petites astuces d’Hitchcock qui doivent faire peur ne fonctionnent pas vraiment dès lors qu’on connait déjà l’histoire, et donc cela plombe un peu les visions ultérieures de l’œuvre. Le personnage de Ed Gein n’a pas seulement inspiré celui de Norman Bates, mais également celui de The Texas Chain Saw Massacre, le film de Tobe Hooper en 1974, et peut être aussi The silence of the lambs, de Jonathan Demme en 1991. Ces deux derniers films sont une exploration de la logique particulière du tueur en série, et eux aussi ont eu énormément de succès au point d’en susciter des suites et des remakes. Comme Psycho, ils appartiennent à cette sous-culture qui s’attarde sur ces personnages de déviants extraordinaires. 

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960 

Sam et Lila vont à la recherche de Marion et d’Arbogast 

A sa sortie, le film eut des critiques assez mitigées, surtout aux Etats-Unis. Les entrées par contre furent bonnes, bien qu’au départ de moitié inférieures à North by Northwest. L’enthousiasme ne vint qu’après, avec le temps. Mais près de soixante ans après, c’est le film d’Hitchcock qui a rapporté le plus d’argent, et la critique d’aujourd’hui n’ose même plus dire quelque chose d’un petit peu négatif, d’émettre quelque réserve. Ce film a été encensé par la Nouvelle Vague, Chabrol et Truffaut en tête. Ce qui n’empêcha pas ces ceux hypocrites de cracher sur le cinéma de papa trop emprunté et conditionné par le tournage en studio. Or ce que ces deux cuistres critiquaient chez Autant-Lara, Clément et quelques autres, c’est justement ce qu’ils ne savaient pas faire eux-mêmes, ce qu’ils n’ont jamais su faire, mais aussi c’est ce qu’ils admiraient tant chez Hitchcock. En 1998 Gus Van Sant, cinéaste de second ordre, fit un remake du film. En couleurs, il s’était appliqué à refaire tous les plans à la manière d’Hitchcock. On se demande quel peut être l’intérêt d’un tel projet aussi saugrenu. Ce fut évidemment un bide noir très mérité. 

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960 

Lila croit avoir vu quelqu’un dans la maison 

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960 

Ed Gein qui inspira le personnage de Norman Bates, et à gauche sa maison 

Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960 

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[1] Il existe en français deux versions de cette œuvre, l’une est le roman proprement dit, l’autre la novellisation du film d’Hitchcock.

[2] Hitchcock emploiera souvent des acteurs homosexuels, Cary Grant, Anthony Perkins, John Gavin.

[3] François Truffaut, Le cinéma selon Hitchcock, Robert Laffont, 1966.

[4] http://www.ulyces.co/news/saul-bass-secrets-scene-de-la-douche-de-psychose/

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Lycéens au cinéma : Psychose d'Alfred Hitchcock

Par Madame Jouanne le 12 février 2019

Commentaires

1. Le 15 février 2019, 19:51 par Mathieu

Le film Psychose d'Alfred Hitchcock est un thriller incontournable. Dans ce film, suspense et émotions sont au rendez-vous. Monsieur Hitchcock joue avec nos nerfs notamment dans le film mais aussi lors de sa bande annonce. Mais comment fait-il ?

Tout d'abord, dans la bande annonce. Alfred Hitchcock joue la carte de la surprise en nous expliquant quelques faits du film, en racontant même un meurtre qui a eu lieu dans ce film. Cependant, il en dit très peu. En effet, si on a vu le film avant la bande annonce, on peut croire qu'il nous dit tout du film et qu'il n'est plus utile d'aller le voir au cinéma Mais ce n'est pas le cas car il s'arrête avant de dévoiler ce qui se passe dans le film, il va même jusqu'à donner des fausses pistes, comme quand il indique la porte de la salle de bain dans la maison de Norman Bates qui n'a pas d'importance dans le flm. Il donne envie d'aller voir le film en disant, par exemple, en pointant du doigt les toilettes de la chambre n°1 du "Bates Motel" en disant qu'au fond de ces WC se trouvera un indice fondamental. Il joue aussi avec nos nerfs en ouvrant la porte de la penderie de Mme Bates, en disant qu'il reste peut être des habits, et en ayant un regard intriguant sans nous montrer ce qu'il s'y trouve. Il parle de chose qui peuvent nous paraître inutiles, dans le déroulé de l'histoire, si nous n'avons pas vu le film, comme le tableau dans le bureau de Norman Bates. Il donne ainsi envie aux spectateurs de voir ce qu'il se passe dans le film pour connaître l'indice des toilettes par exemple ou encore de quel meurtre il s'agit dans les escaliers.

Intéressons nous maintenant au film en lui même. Alfred Hitchcock, comme à certains moments de la bande-annonce, nous envoie sur des fausses pistes que l'on croît pourtant être le réel problème de Marion Crane. Il s'agit bien sûr du vol d'argent que Mr Cassidy avait confié au chef de Marion Crane, qui a lui même chargé la dame d'aller poser cet argent à la banque. C'est l'occasion qu'elle a saisie pour rembourser les dettes de Sam. alors qu'elle prétend avoir un mal de tête pour rentrer chez elle, elle croise son patron sur un un passage piéton sur le chemin du départ. C'est à partir de cet instant que le stress monte chez le spectateur. Cependant, elle arrive à partir tranquillement ce qui apaise les esprits du spectateur. Et voilà qu'elle se fait réveiller par un policier, en ayant un comportement suspect car elle pense qu'il vient la chercher pour son délit. Le spectateur a alors de nouveau de l'adrénaline car on se demande si elle va être libre. Puis elle reprend la route et croit avoir semé le policier. Le calme revient. Elle décide alors, par précaution, de changer de voiture. Voilà qu'elle le revoit au garage. Le suspense est de retour dans la salle de cinéma. Elle est pressée, le garagiste lui dit de se calmer et le policier ne détourne pas le regard. Plus la situation avance, plus le policier s'approche. Le suspense monte alors de plus en plus car on se demande si elle va pouvoir continuer sa route. Puis la voilà parti et se retrouve dans un motel avec une personne accueillante et agréable, Norman Bates. Un sentiment spécial est de retour lorsque l'on voit pour la première fois l'ombre de la mère de Norman par la fenêtre. S'ajoute à cela un sentiment glauque à cause de tous les oiseaux empaillés. Le stress est présent quand Norman s'énerve. Puis une scène paisible prend place quand la dame part pour se coucher et faire sa toilette. Le calme perdure puis des frissons arrivent progressivement à la même vitesse que la silhouette du meurtrier est de plus en plus visible à travers le rideau de douche. La femme est morte. S'en suit un long moment de calme. Norman découvre le meurtre et nettoie la scène. Puis on demande des nouvelles de Marion, rien. Une enquête s'ouvre pour les 40 000$ de disparus. Les spectateurs ont toujours le soupçon du meurtre pour l'argent qui est une fausse piste. On ne connaît ni la cause du meurtre nie le meurtrier ou la meurtrière. Alors le détective employé par le patron de Marion fait tous les motels pour arriver chez le "Bates Motel". La tension monte au fur et à mesure que Arbogast, le détective, sait que Marion était là. Il a lui aussi vu la mère par la fenêtre. Il décide d'entrer dans la maison pour interroger la mère mais il n'en avait pas l'autorisation. La tension monte à chaque pas, à chaque marche franchie par le détective. La scène est longue et surgit tout à coup la mère pour le meurtre. S'en suit des enchaînements de suspense et de calme avec par exemple l'amant et la sœur de Marion qui vont au motel. Hitchcock joue aussi avec nos nerfs en mettant des angles de caméra qui ne dévoilent jamais l’identité, le visage, de la meurtrière. Cette combinaison de calme et action est un moyen facile pour que le spectateur ne sache jamais quand l'action s'arrête. La musique est aussi en lien avec l'action et peut parfois être stressante. Ainsi il joue avec nos nerfs

Alfred Hitchcock est un maître dans cet art et captive le spectateur du bout à la fin en dévoilant par exemple pour la première fois à la fin comment se comporte le fils quand la mère parle, lorsqu'il est en prison. Ces deux méthodes sont donc des moyens pour Hitchcock de jouer avec nos nerfs et nos émotions.

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Psychose (1960) – une étude de cas
LE 16/12/2019 PAR MASTER IICDANS PANORAMIIC


By Lana GARDNER

En parlant de films iconiques, les cinéphiles, les étudiants de cinéma et mêmes des spectateurs occasionnels évoquent tous le film le plus célèbre d’Alfred Hitchcock : Psychose (1960). C’est un film tellement remarquable dans l’histoire du cinéma qu’on en parle encore de nos jours ; près de 70 ans après sa sortie. Psychose (1960), ou Psycho en anglais, était particulièrement provoquant, car il a cassé beaucoup de règles du cinéma à l’époque avec sa violence et sa sexualité qui ont choqué le public. Par ailleurs, dans la manière de contrôler chaque détail autour de la promotion du film, la stratégie marketing très mystérieuse d’Hitchcock a suscité beaucoup d’intérêt, ce qui a contribué à son succès. Tout cela ensemble a créé un film vraiment révolutionnaire.

Production

Après avoir lu le roman de Robert Bloch, Psychose (Psycho en anglais), Alfred Hitchcock a proposé son idée du film à Paramount Pictures. Le studio ayant déjà rejeté le scénario, le film n’a pas reçu de financement. En réponse, Hitchcock, que le projet passionnait vraiment, a décidé de financer la production du film lui-même. Pour réduire le coût de production, il a embauché l’équipe de sa série télévisée, Alfred Hitchcock Presents, et a payé ses acteurs (particulièrement Janet Leigh) moins que leurs salaires habituels. Par ailleurs, il a tourné le film en noir et blanc, car c’était moins cher. Dans son livre qu’elle a écrit avec Christopher Nickens, Psycho: Behind the Scenes of the Classic Thriller (1995), l’actrice, Janet Leigh, raconte que le budget du film n’était que 807 000 dollars américains.

En faisant son film, Alfred Hitchcock a fait beaucoup de choix audacieux, ce qui a rendu le film révolutionnaire à l’époque. Cependant, il devait faire attention pour que son film soit accepté. Donc il a procédé avec précaution entre les règles et les risques. Alors que le film est considéré comme l’un des premiers films slasher, Hitchcock s’est assuré de ne pas rendre le film trop violent. Selon l’actrice Patricia Hitchcock (la fille d’Alfred Hitchcock) dans le documentaire, The Making of ‘Psycho’ (1997), Alfred Hitchcock a dit qu’il ne pouvait pas faire le film en couleur, car il serait trop graphique.

Hitchcock se devait d’être particulièrement attentif en tournant la scène iconique de la douche. Selon l’actrice Janet Leigh (Psycho : Behind the Scenes of the Classic Thriller,1995), il a fallu sept jours pour tourner la scène. Lors d’un entretien sur The Dick Cavett Show, Hitchcock a dit qu’il a évité de montrer une femme nue en montrant différentes parties de son corps avec plusieurs morceaux de film (78 morceaux pour 45 secondes). Cela lui a permis de suggérer une femme nue sans la montrer complètement. Dans le documentaire, The Making of ‘Psycho’ (1997), Peggy Robertson (l’assistant d’Hitchcock) a dit que pendant le processus de censure du film, la scène de la douche a été rigoureusement revue pour s’assurer que l’actrice n’était pas trop exposée.

Marketing

Sans doute, le marketing était l’une des raisons principales du succès de Psychose (1960). En termes de marketing du film, Hitchcock était un tyran qui voulait tout contrôler. Pour Hitchcock, il fallait que le film reste un mystère pour le public. Avant la sortie du film, il a acheté tous les exemplaires du livre pour préserver les révélations de l’histoire. Selon Joseph Stefano dans le documentaire, The Making of ‘Psycho’ (1997), le scénariste du film, Joseph Stefano dit que Hitchcock a créé des rumeurs à propos des auditions pour Madame Bates pour garder secrète la grande révélation de la fin du film. Personne ne travaillant sur le film pouvait parler du script. Les acteurs, Janet Leigh et Anthony Perkins, n’ont jamais fait des événements promotionnels. Ils n’étaient pas autorisés à faire des entretiens pour la presse et la télévision.

Il n’y avait pas de séance avancée pour les critiques de cinéma et les journalistes. Quand le film est sorti, les horaires des séances étaient strictement réglementées. À la demande d’Hitchcock, il était complètement interdit d’entrer dans la salle de cinéma après le début du film. Il voulait que tout le monde puisse vivre l’expérience complète du film et craignait que les spectateurs tardifs rateraient la mort choquante de Marion Crane.

Toutes les informations sur le film étaient cachées. En gardant tout secret sur le film, Hitchcock a réussi à générer beaucoup d’intérêt de la part du public. Les gens faisaient la queue dans la rue pour voir la prochaine séance du film. Personne ne savait pas ce qui se passerait, mais avec sa stratégie marketing, Hitchcock s’est assuré que tout le monde savait que quelque chose de grand se passerait dans le film.
L’affiche qu’Hitchcock a demandé de mettre à l’intérieur des halls de théâtre

Film

Depuis le début, on pense que Marion est le protagoniste du film. On voit ses motivations et veut qu’elle réussisse à voler l’argent de Monsieur Cassidy. Tous les personnages supposent qu’elle n’est pas capable de désobéir aux ordres et de commettre un crime, car elle est une femme. Cela lui permet d’abord d’échapper aux soupçons. Cependant, des personnages deviennent méfiants lorsqu’elle commence à agir de façon plus masculine. Elle défie l’officier de police. Elle est très insistante pour vendre sa voiture. Ses actions défient les conventions de genre. Prendre l’affaire en main (en particulier d’une manière immorale) est un acte tellement masculin plutôt que l’alternative féminine : attendre que la situation s’améliore. Même si elle fait un acte immoral, on sympathise avec elle.

Quand Marion rencontre Norman, tout semble aller bien. Norman est un jeune homme charmant et un peu décalé. Le film ne le montre pas comme quelqu’un de menaçant. Comme Marion, on a de la peine pour lui quand on apprend sa situation pitoyable avec sa mère. Cependant, quand Marion suggère de mettre la mère de Norman dans un établissement psychiatrique, Norman devient soudainement défensif. Il parle plus offensivement en défendant son choix de garder sa mère à la maison. C’est la première fois où on se sent mal à l’aise avec lui. À ce moment, Hitchcock utilise la contre-plongée pour rendre Norman plus puissant. La lumière est derrière Norman, ce qui met une ombre sur son visage et le rend plus mystérieux. Son expression faciale est difficile à comprendre, ce qui lui donne un air mystérieux. Comme il se penche vers Marion, la posture de Norman devient plus agressive que celle des moments précédents.

Norman pendant le dîner avec Marion

Comme Cinema Advocate a noté dans son essai vidéo (Alfred Hitchcock’s Psycho (1960) 5 Shot Deconstruction/Analysis), quand on considère la règle des tiers, on voit les éléments les plus importants du cadre en regardant les points où les lignes se croisent. En particulier, on voit le hibou derrière la tête de Norman. Le hibou est en position d’attaque et regarde directement la caméra. Il représente Norman et son idée de Marion comme sa proie. Plus bas du hibou, il y a une peinture d’une femme nue, qui représente le voyeurisme.

Pendant le film, Hitchcock maintient l’air innocent autour de Marion. Elle sait que ce qu’elle fait est immoral, mais elle a de bonnes raisons pour ses actions. Sa culpabilité la rend tellement anxieuse pendant son trajet vers Fairvale, Californie. Son innocence est renforcée quand elle décide de retourner à Phoenix, Arizona et de rapporter l’argent volé. Elle prend une douche comme si elle se lave de ses péchés. Elle semble heureuse et soulagée d’avoir enfin pris sa décision morale. Juste avant son meurtre, on voit une silhouette sombre qui s’approche de la douche. Marion est complètement inconsciente du danger dans lequel elle se trouve. Son inconscience la rend même plus innocente, ce qui rend sa mort plus tragique.

Marion quelques instants avant que Norman ne la tue sous la douche

Un autre aspect de Marion qu’Hitchcock souligne dans son film est sa beauté et son sex-appeal. Elle est toujours soumise au regard masculin avec les scènes qui accentuent sa sensualité. Pendant ses scènes, elle est souvent déshabillée. Au début du film, on voit Marion en lingerie blanche avec son amant. Environ dix minutes plus tard, on la voit encore en sous-vêtements en faisant sa valise. Après qu’elle dîne avec Norman, on la voit du point de vue du Norman, qui est un voyeur en la regardant se déshabiller. Elle est littéralement soumise au regard masculin de Norman (et Hitchcock), qui admire son corps. Son innocence et son inconscience rendent Marion plus séduisante. Enfin, elle prend une douche dans une manière très sensuelle. Elle se lave comme si elle fait une performance suggestive pour des spectateurs. En plus, son sex-appeal est encore souligné avec le désir des autres pour elle. Sam est son amant. Tom Cassidy l’aime et essaie de draguer avec elle. Norman la désire tellement qu’il a un conflit interne, ce qui le fait la tuer.

Le voyeurisme de Norman
La douche sensuelle

L’un des thèmes principaux du film est celui de la répression sexuelle et ses risques. Cela s’exprime souvent par le voyeurisme. Le voyeurisme est une forme d’expression sexuelle inactive, car le voyeur participe à sa sexualité sans être vu. La mère de Norman (ou plutôt l’idée de sa mère) lui interdit strictement une activité sexuelle. Il développe un complexe d’Œdipe et deviens incapable d’exprimer sa sexualité. Il défie des conventions de genre en devenant sa mère. Tout cela rend Norman mal à l’aise avec toute suggestion de sexe. Il hésite à dîner dans la chambre de Marion et propose de manger dans son salon. Quand Arbogast lui demande s’il a couché avec Marion, Norman devient fâché. Pour Norman, le voyeurisme lui permet d’être sexuel sans que personne ne le sache.

Comme l’objectif d’Hitchcock était d’immerger les spectateurs dans le cadre de l’histoire, il rend aussi les spectateurs comme un voyeur. Au début du film, on voit la ville de Phoenix, Arizona dans un plan général avant que la caméra fasse un zoom sur une fenêtre ouverte, ce qui nous permet de voir à l’intérieur. On devient voyeur en voyant la scène intime où Marion et Sam s’habillent après avoir fait l’amour dans une chambre d’hôtel. Pour augmenter l’effet d’immersion, Alfred Hitchcock a utilisé des lentilles de 50 millimètres, ce qui crée une vue similaire à celle de l’œil humain.

Avec son film, Hitchcock a pris le choix audacieux de ne pas donner à l’histoire un seul personnage principal. Cela est un aspect qui distingue le film des autres. Pour environ un tiers du film, Marion Crane est le personnage qu’on suit. La mort de Marion est tellement choquant pour le spectateur qui, à ce moment-là, n’a aucune idée où ira l’histoire. Pendant un certain temps, on encourage Norman. On participe à son angoisse de se faire prendre pendant que la voiture cesse de couler dans le marais pendant un instant. Hitchcock a encore défié les conventions du cinéma à l’époque en faisant sympathiser le spectateur avec le méchant.

Toutefois, dans la toute prochaine scène, Hitchcock présente l’enquêteur privé, Milton Arbogast, comme le nouveau personnage principal. Mais il meurt environ 15 minutes plus tard. Enfin, pour le reste du film, on suit Lila et Sam dans leur enquête sur la disparition de Marion. En changeant constamment de personnages principaux, Hitchcock maintient l’engagement et laisse le spectateur dans le doute constant.

La voiture de Marion coulant dans le marais
Norman regardant la voiture disparaître dans le marais

Reception

Le verdict de Psychose (1960) des critiques de cinéma était ambigu. Plusieurs critiques trouvaient le film minable, mais il y avait aussi plusieurs critiques qui le trouvaient être un chef-d’œuvre. D’autre part, le film était très populaire auprès du public. Il a rapporté 50 millions de dollars au box-office et est devenu son film le plus rémunérateur.

En raison des risques qu’Hitchcock a pris en faisant son film, il y a eu beaucoup de controverse autour du Psychose (1960). Pendant les années 50, le code Hays (ou Motion Picture Production Code en anglais) perdait de son influence. Donc les films précédents avaient très peu de sexualité et de violence. Donc ce n’est pas une surprise que les critiques ont trouvé la scène de la douche scandaleuse. Bien qu’il ait fait beaucoup attention au tournage de la scène, il a connu plusieurs difficultés avec la commission de censure.

Par ailleurs, la scène d’ouverture montre les amoureux partageant un lit, ce qui était un grand tabou à l’époque. Selon Janet Leigh (Psycho: Behind the Scenes of the Classic Thriller, 1995), la commission de censure n’aimait pas cette scène et voulait qu’Hitchcock la tourne encore. Hitchcock a accepté de la tourner encore s’il pouvait garder la scène de la douche, mais personne ne s’est présenté le jour du tournage. Donc Hitchcock a utilisé la scène originale.En plus, les critiques n’aimaient pas l’aspect du travestissement dans le film. C’était encore plus provoquant en raison des rumeurs selon lesquelles l’acteur, Anthony Perkins, était homosexuel. À l’époque, c’était honteux de faire partie de la communauté LGBT. Donc tout cela a scandalisé les critiques. Le film essayait de se défendre en disant que Norman s’est travesti à cause de son trouble dissociatif de l’identité plutôt que le travestissement. Cependant, le film a encore reçu des critiques en raison de ce détail. En outre, il n’y avait pas de film grand public avant Psychose (1960) montrant une chasse d’eau. Cela posait un problème avec la commission de censure, mais il n’y a eu pas beaucoup de commentaires du sujet.

Conclusion

Psychose (1960) est un film iconique, car il a révolutionné le cinéma moderne. Avec son petit budget, Hitchcock a pris des risques et a fait un film qui défiait les règles du cinéma traditionnelles ainsi que les normes de genre. Aujourd’hui, le film est toujours d’actualité. On continue à en parler par les références de la culture pop et les études sur le film. Depuis la sortie de Psychose (1960), de nombreux films (particulièrement ceux d’horreur) y rendent hommage et aspirent à être aussi phénoménaux. Le film a mis en forme les films d’horreur modernes et a créé un nouveau genre de films d’horreur : le slasher. Cependant, Psychose (1960) n’a pas seulement affecté les films d’horreur ; il a aussi révolutionné les films modernes et la narration visuelle en général. Pour cette raison, Psychose (1960) restera un film intemporel et iconique pour les réalisateurs, les cinéphiles et les spectateurs.

Bibliographie
« Alfred Hitchcock On How He Made The Shower Scene In ‘Psycho’: The Dick Cavett Show. » Youtube, 9 May 2019, https://youtu.be/n3eOOhts63A.
Bouzereau, Laurent, réalisateur. The Making of ‘Psycho’. 1997.
Cinema Advocate. « Alfred Hitchcock’s Psycho (1960) 5 Shot Deconstruction/Analysis. » Youtube, 2016, https://youtu.be/j-IPcnJwoyo.
Hitchcock, Alfred, réalisateur. Psycho. Paramount Pictures, 1960.
Leigh, Janet, et Christopher Nickens. Psycho: Behind the Scenes of the Classic Thriller. Crown, 1995.
« Psycho (1960 Film). » Wikipedia, Wikimedia Foundation. https://en.wikipedia.org/wiki/Psycho_(1960_film).

https://paris7masterculture.wordpress.com/2019/12/16/psychose-1960-une-etude-de-cas/





la aprilie 09, 2021
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Etichete: Hitchcock
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