http://www.lebleudumiroir.fr/critique-psycho-hitchcock/
PSYCHO
Marion Crane en a assez de ne pouvoir mener sa vie comme elle l’entend. Son travail ne la passionne plus, son amant ne peut l’épouser car il doit verser une énorme pension alimentaire le laissant sans le sou… Mais un beau jour, son patron lui demande de déposer 40 000 dollars à la banque. La tentation est trop grande, et Marion s’enfuit avec l’argent. Très vite la panique commence à se faire sentir. Partagée entre l’angoisse de se faire prendre et l’excitation de mener une nouvelle vie, Marion roule vers une destination qu’elle n’atteindra jamais. La pluie est battante, la jeune femme s’arrête près d’un motel, tenu par un sympathique gérant nommé Norman Bates, mais qui doit supporter le caractère possessif de sa mère.
THE BATHROOM.
En 1960, deux films similaires et particuliers mis en scène par deux légendes, arrivent sur les écrans de cinéma : Le Voyeur, en avril sur le territoire britannique, et Psycho, en septembre aux Etats-Unis. Deux films qui se ressemblent mais qui n’auront pas le même destin : Michael Powell sera mis au ban du cinéma britannique pour avoir osé montrer la perversité de sa société ; quant à Alfred Hitchcock, il verra Psycho devenir son plus grand succès public, même si la critique est mitigée à la sortie du film.
Pourquoi ? Une partie de la réponse réside sans doute dans les différences dans les carrières de Powell et d’Hitchcock, le premier ayant été connu pour des drames magnifiques le plus souvent d’époque, là où le second a un passif dans la réalisation de films aimant bousculer les habitudes du spectateur via sa mise en scène, comme Fenêtre sur Cour ou Vertigo. La forme joue un rôle aussi : là où Powell piège le spectateur dès les premières minutes de son film pour le mettre en état de choc et l’attacher de force à son personnage principal meurtrier, Hitchcock préfère lui laisser croire qu’il regarde un drame classique, avant de refermer petit à petit son piège.
Psycho est un film sur le hasard et les conséquences d’un acte. La caméra des plans d’ouverture du film se resserre sur Phoenix jusqu’à choisir une fenêtre (encore une après Fenêtre sur Cour) et à y pénétrer pour tomber sur un couple sans réel avenir. Quand Marion Crane, en fuite avec ses 40 000 dollars (un vingtième du budget du film soit-dit en passant), tente de rouler sous la pluie et décide de s’arrêter à un motel, elle ne peut pas savoir ce qui peut lui arriver. Elle regrette son geste impulsif mais doit l’assumer, ou tout du moins essayer. Elle veut une meilleure vie, se rapprocher de son amoureux endetté ; les choses peuvent s’arranger. Il pleut à verse sur la route qu’elle prend pour Fairvale, elle décide de s’arrêter pour la nuit au Bates Motel.
D’UN EXTRÊME À L’AUTRE
Avec un budget serré arraché à la Paramount (qui ne croyait pas vraiment au succès du film), le britannique décide de repasser au noir et blanc et de reprendre l’équipe technique de sa série télévisée, Alfred Hitchcock Presents, pour maîtriser les coûts (il sous-paie aussi ses acteurs et actrices, notamment Janet Leigh) mais aussi pour se sentir à l’aise durant le tournage ; il fait appel uniquement à quelques intervenants extérieurs, comme Saul Bass ou Bernard Herrmann. Les décors sont minimalistes et recréés dans les studios Universal, sur un plateau dédié aux productions télévisées ; quant aux prises de vue en plein air, elles se veulent sobres et réalistes, sans surenchère ni artifice. La transition North by Northwest–Psycho, sortis à une année d’intervalle, représente ainsi les deux extrêmes de la carrière du britannique : le grand spectacle en couleur et rythmé d’un côté, un film auteuriste très sobre et cloisonné de l’autre – qui peut rappeler La Corde.
Psycho est une pure merveille de subversion. Subversion d’un cinéma enfermé dans des codes de production et de narration sur le point de s’écrouler, des romances au cinéma et du cinéma d’Hitchcock lui-même. Pas de grandes têtes d’affiches masculines comme Cary Grant ou James Stewart en rôle principal (présents notamment dans les deux derniers films du cinéaste britannique, Vertigo et North by Northwest), le seul pouvant s’approcher de ce statut, John Gavin, étant relégué au second plan. Une protagoniste principale, Marion Crane, qui disparaît au bout de 50 minutes alors qu’elle semble être le sujet principal du film. Le semblant de MacGuffin que constitue l’argent volé par cette dernière est jeté négligemment dans un marécage boueux. Le tout est présenté dans un trailer humoristique diffusé au cinéma, où Hitchcock s’amuse à surjouer les guides de plateaux de tournage enthousiastes. Tout est fait pour déstabiliser le spectateur et lui faire perdre ses repères et ses habitudes.
CRI GLAÇANT
En tant que tel, la première heure de Psycho est un chef d’oeuvre à elle seule. Même en la revoyant, le spectateur continue d’être surpris par la maîtrise d’Hitchcock dans sa mise en scène et sa narration, remplie de détails graphiques ou verbaux. Il est aussi aidé par la performance de Janet Leigh, parfaite en femme torturée par son choix mais qui tente de vivre avec, et Anthony Perkins. Aussi, Hitchcock gère parfaitement le rythme, comme le montre la première séquence au motel, entre Marion et Norman. En douceur, il rend l’atmosphère oppressante au détour d’une remarque un peu sèche de Marion à l’égard de la mère de Norman, puis malsaine avec cet oeil qui épie une chambre avant que le cri de la femme sous la douche ne glace le sang du spectateur. Enfin vient l’horreur, quand, pendant dix minutes, Norman nettoie consciencieusement la pièce du crime. En une petite heure, Hitchcock a mis le spectateur dans sa poche avec une sobriété déconcertante.
La suite est plus classique sur le plan narratif, et Vera Miles et surtout John Gavin sont moins charismatiques que Janet Leigh, ce qui occasionne parfois des baisses d’intensité dans la seconde partie du film. Cependant, Hitchcock en profite pour soigner ses cadres et ses effets. Il joue avec le corps et le sourire de Perkins, le force à se contorsionner pour regarder un cahier de réservation et créer ainsi une ombre inquiétante, lui fait jouer les faux candides de façon réjouissante, lui fait regarder la caméra en souriant et profite de sa taille et de sa mobilité pour le faire surgir d’une porte, couteau en l’air, sans crier gare. Il trouve des angles de caméra particulier, joue avec la lumière, notamment dans la cave des Bates, est magnifique, donnant au film par moment un côté expressionniste, renforcé par les gros plans sur les visages. Psycho apparaît par moment comme un prolongement des hallucinations de Vertigo, notamment cette séquence de chute dans l’escalier où Martin Balsam semble perdre pied de la réalité. Hitchcock s’amuse. Le montage permet aussi de travailler les transitions : celle célèbre du siphon se transformant en oeil en est le plus bel exemple.
UN CHEF D’OEUVRE DE PERVERSION AU BUDGET LIMITÉ
Surtout, Psycho prouve, et il est nécessaire de le redire, qu’un film peut avoir un budget serré sans compromettre la qualité ; il suffit d’être soigné. La composition des plans, le travail de Saul Bass sur le générique et la composition de scène de la douche (même si contrairement à ce qu’il dira plus tard, il n’a pas filmé la scène), la bande-originale de Bernard Herrmann et son usage magistral des cordes, la qualité du noir et blanc, l’attention d’Alma Reville au montage… Le travail effectué sur le petit écran a aussi donné à l’équipe technique d’Hitchcock un savoir-faire qui ressurgit sur grand écran. Le budget limité, loin d’être une contrainte, a permis de chercher de nouvelles façons de raconter ses histoires, en plus de l’influence des Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot, dans l’usage du noir et blanc ou l’aspect fantastique du film. D’ailleurs, à la sortie de Psycho, Hitchcock imposera la même interdiction pour quiconque de pénétrer dans la salle après le début du film que Clouzot à son époque.
Chef d’oeuvre de perversion, maîtrise narrative et cinématographique malgré un dispositif limité, Psycho est une œuvre majeure du cinéma mondial. Copié maintes fois, dont une fois littéralement par Gus van Sant en 1998, son influence est immense, en plus d’avoir aussi été le point de départ d’une franchise cinématographique dans les années 1980 et d’une série télévisée, Bates Motel, diffusée récemment sur A&E. Mais Psycho reste en tant que tel une oeuvre d’une intelligence rare qui conclut en beauté les trois années les plus productives et qualitatives de la carrière d’Hitchcock.
====================================================================
"Psychose" un film d’Alfred Hitchcock
Sur un coup de tête, Marion Crane, dérobe 40 000 dollars à l’agence immobilière où elle travaille, afin d’envisager une nouvelle histoire d’amour avec son amant. Poursuivie par ses doutes, elle s’arrête par une nuit sous une pluie battante à l’hôtel tenu par Norman Bates.
Sortie de l’édition 60e anniversaire - 4K Ultra HD + Blu-ray - Boîtier SteelBook : Psychose d’Alfred Hitchcock
1960 est l’année cinématographique de la rupture qui fait entrer l’histoire du Septième art dans la modernité, qu’il s’agisse de L’Avventura de Michelangelo Antonioni, les films de la Nouvelle Vague française mais aussi de Psychose d’Alfred Hitchcock. Ces films prennent une distance avec les récits classiques en se permettant une liberté inédite par rapport aux scénarios auxquels les spectateurs étaient jusqu’ici habitués. Au fait de sa création et globalement très bien accueilli par les studios hollywoodiens depuis déjà deux décennies, Hitchcock cherche une nouvelle indépendance en réalisant un film à petit budget avec une équipe issue de la télévision et plus particulièrement de sa série « Alfred Hitchcock présente ». Le maître du suspens décroche de manière encore plus évidente avec ce film les lettres de noblesse du génie cinématographique, en associant à son travail de mise en scène la musique de Bernard Hermann ainsi que le génie graphique de Saul Bass qui a signé le générique ainsi que la conception sous la forme d’un storyboard de la scène de douche culte. La force du film tient à son langage visuel, rappelant que le cinéaste a commencé avec le cinéma muet : dès lors, les séquences les plus fortes sont muettes et tout se passe dans la lecture attentive des expressions des visages filmés en gros plan, comme dans les mouvements des corps des acteurs devenus des marionnettes manipulées avec dextérité et génie par Hitchcock. La manipulation du spectateur acculé à son statut de voyeur atteint son comble dans ce film qui laisse une grande place au regard subjectif de l’inquiétant Norman Bates, dans un récit où les questions de moralité des personnages sont centrales.
Psycho est promise à une très large et riche postérité car le cinéma d’horreur des années 1970, aux USA comme en Italie, est directement issu des portes qu’Hitchcock a osé ouvrir sur l’horreur.
Cette nouvelle édition est riche de plus de deux heures de bonus comprenant des interviews du scénariste Joseph Stefano, de l’actrice Janet Leigh et d’autres collaborateurs révélant de nombreux secrets de fabrications dans un film documentaire de 1997. Dans un autre film documentaire, ce sont les cinéastes héritiers d’Hitchcock qui expliquent tout ce qu’ils lui doivent, qu’il s’agisse de Martin Scorsese, John Carpenter ou encore Guillermo del Toro pour n’en citer que quelques-uns. Dommage qu’il manque Brian de Palma et David Fincher, les deux cinéastes dont la filiation avec Hitchcock est la plus manifeste.
Psychose
Psycho
d’Alfred Hitchcock
Avec : Anthony Perkins (Norman Bates), Janet Leigh (Marion Crane), Vera Miles (Lila Crane), John Gavin (Sam Loomis), Martin Balsam (Milton Arbogast), John McIntire (le shériff Chambers), Simon Oakland (le docteur Richmond), Patricia Hitchcock (Caroline, la secrétaire), Vaughn Taylor (Mr Lowery), Lurene Tuttle (Mme Chambers), Frank Albertson (Tom Cassidy), Mort Mills (le policier en patrouille), Virginia Gregg (la voix de madame Bates), John Anderson (Charlie), Alfred Hitchcock (un piéton dans les rues de Phoenix), Marli Renfro (le mannequin qui a doublé Janet Leigh dans la scène de la douche)
USA, 1960.
Durée : 109 min
Sortie en salles (France) : 2 novembre 1960
Sortie France de l’édition 60e anniversaire - 4K Ultra HD + Blu-ray - Boîtier SteelBook : 30 septembre 2020
Format : 1,85 – Noir & Blanc
Éditeur : Universal Pictures France
Bonus :
« The Making of Psycho » (94’13”)
Le son de Psychose (9’58”)
Dans l’ombre du maître : l’héritage de Hitchcock (25’59”)
Hitchcock / Truffaut (15’22”)
Actualités du film : la sortie de Psychose (7’45”)
La scène de la douche : avec et sans musique (2’32”)
La scène de la douche : storyboards par saul Bass (4’10”)
Les archives de Psychose (7’48”)
Publicités et affiches du film (3’)
Photos d’exploitation (1’30”)
Les photos des coulisses du tournage (8’)
Photos du tournage (8’01”)
Bande-annonce cinéma (6’31”)
Bande-annonce de la nouvelle réédition de Psychose (1’52”)
Commentaire audio de Stephen Rebello, auteur de « Alfred Hitchcock and the Making of Psycho » (version non-coupée uniquement, VOST)
=================================================================
Par
alexandre clement, le
9 Octobre 2017 à 08:15Psychose, Psycho, Alfred Hitchcock, 1960
http://alexandreclement.eklablog.com/psychose-psycho-alfred-hitchcock-1960-a130932912
C’est un des films les plus célèbres d’Hitchcock. Mais ce n’est généralement pas le film préféré des fans de ce réalisateur. La renommée de Psycho est portée d’abord par les amateurs de Gore et de films sur les serial killer, qui aiment bien le côté folie ordinaire qui règne sur cette histoire et qui aiment à se faire peur avec un peu tout et un peu rien. Moins consensuel que North by Northwest, il a d’ailleurs bénéficié d’un budget moins conséquent, et d’acteurs moins prestigieux. Le budget de Psycho a été de 800 000 $ contre 3 millions $ pour North by Northwest. Son rendement s’est construit au fil du temps, par exemple en France North by Northwest avait fait 4 millions d’entrées, et Psycho seulement 2 millions. Pourtant au fil des décennies, Psycho aura généré 50 millions de $ de recettes contre 30 pour North by Northwest.
Marion Crane est une jeune femme qui travaille péniblement dans une agence immobilière de Phoenix pour un petit salaire. Elle a une liaison compliquée avec Sam Loomis, un commerçant du coin qui tarde à se décider de l’épouser pour des raisons financières. Un vendredi après midi, alors que son patron est en train d’effectuer une transaction importante, elle décide de voler sur un coup de tête les 40 000 $ qu’elle doit remettre à la banque. Elle s’enfuit avec l’argent, quelques vêtements et sa voiture. Après quelques péripéties, un agent de police la trouve louche, elle change de voirure, elle atterrit par temps de pluie au Motel Bates complètement désert. Elle y est accueillie par Norman Bates qui prétend vivire ici tout seul avec sa mère. Il se montre aimable, quoiqu’un peu tatillon et lui propose de lui faire à manger. Marion réfléchit et pense qu’elle a fait une grosse bétise en prenant l’argent, elle voudrait repartir pour Phoenix. Elle décide de passer la nuit à l’hôtel et de retourner ensuite. Mais tandis qu’elle prend sa douche, elle est assassinée par une femme mystérieuse à grands coups de couteau. Norman vient peu après nettoyer la scène du crime et embarquer tout ce qui appartient à Marion, il met également el cadavre dans la voiture, et va perdre le tout dans les marais pas très loin du motel. Mais cette disparition va susciter l’inquiétude. Le patron de Marion lance un détective à ses trousses, promettant de ne pas porter plainte si elle rend l’argent. Et puis c’est la sœur de Marion, Lila, qui va annoncer la disparition à Sam en lui demandant ce qu’il est advenu de sa sœur. Arbogast, le détective va les interroger. Puis il prend la décision de visiter tous les motels alentour, jusqu’au moment où il va tomber sur celui de Norman Bates. Il se rend compte que marion est bien passée par là. Mais l’interrogatoire de Norman tourne court. Arbogast téléphone à Lila pour lui dire ce qu’il a trouvé et lui annoncer qu’il va tenter d’interroger la mère de Norman. Mais justement en y allant, il se fait à son tour assassiner. Ne le voyant pas revenir, Lila et Sam vont partir à leur tour sur les lieux du crime. Ils vont interroger Norman qui leur parait très louche, puis ensuite le shérif qui leur annonce que la mère de Norman est morte. Voulant pénétrer à tout prix dans la maison, alors même que Sam fait la conversation à Norman, Lila va trouver une maison vide. Entre temps Norman va se débarrasser de Sam, et revenir à toute allure vers la maison. Lila tente de se cacher, mais pour cela elle va descendree à la cave où elle va découvrir un cadavre embaumé. Celui de la mère de Norman. Alors que celui-ci tente de la tuer, Sam arrive et la sauve du pire. Norman est arrêté. On apprendra que c’est lui qui a tué sa propre mère et l’amant de celle-ci et que cela est lié à sa propre enfance.
Marion Crane se fait poignarder sous le douche
Le scénario est basé sur le solide roman à succès de Robert Bloch. Lui-même s’étant inspiré plus ou moins vaguement de l’affaire Ed Gein qui en 1945 avait défrayé la chronique par les atrocités que celui-ci avait commises. Si on retrouve des traces des thématiques privilégiées par Hitchcock, le sujet en lui-même est plutôt atypique. D’abord parce que cette histoire se passe au milieu d’une population ordinaire. Je ne suis pas sûr de ne pas me tromper, mais il me semble bien que c’est le seul film dans lequel Hitchcock s’intéresse à des petites gens qui gagnent petitement leur vie. En règle générale, il s’intéresse plutôt à des gens qui ont des positions sociales élevées. Est-ce pour cela qu’il n’y a pas d’acteurs de premier plan ? Est-ce pour cela que le budget est relativement faible ? L’aspect glamour qu’on trouve dans tous les films d’Hitchcock, du moins après la guerre, est soigneusement gommé. Mais quel est véritablement le sujet du film ? Le portrait d’un homme qui a sombré dans la folie ? Ou celui d’une femme, Marion Crane, qui a succombé à l’attirance pour l’argent. En tous les cas, on va retrouver quelques obsessions hitchcockiennes, d’abord cette domination d’une mère sur son fils – même si elle n’est pas présente. Et du reste les femmes sont toujours autant dangereuses, la mère de Norman l’a poursuivi au-delà de la mort en s’emparant de son esprit. Mais l’imprévisible Marion amène le danger aussi bien pour Norman que pour sa sœur et son amant. Norman Bates, à cause de sa mère, refuse son propre désir pour les femmes qu’il punit de la mort. On apprendra en effet qu’il n’a pas tué seulement la pauvre Marion, et Arbogast mais également deux jeunes filles innocentes. Comme à chaque fois, Hitchcock flirte avec le thème de l’homosexualité, sans l’aborder vraiment. Hitchcock qui n’en manquait pas une, méprisait ouvertement l’ouvrage de Robert Bloch, disant qu’il n’avait retenu de l’histoire que la scène de la douche, il supposait que son sujet n’avait aucune importance et que seuls comptaient les exercices de formes qu’il pouvait en tirer. Il semblait même vouloir dire que son film était un film expérimental, qu’il l’avait tourné avec les moyens et les techniques d’une équipe de télévision. Mais certainement le fait que ce soit à l’origine un roman de Robert Bloch y est pour beaucoup dans la pérennisation du succès du film. En effet Bloch est un romancier populaire très respecté qui a été un auteur prolifique dans la science-fiction, le fantastique ou le roman noir. Il est une icône de la culture de la marge.
Arbogast interroge Sam et Lila
La réalisation est plutôt soignée. Tout le monde a retenu la scène du meurtre sous la douche. Le bavard Hitchcock s’en montrait très fier, suggérant qu’il avait démontré avec elle comment on pouvait manipuler l’émotion des spectateurs par l’image. Mais la réalité semble un peu plus compliquée. En effet elle aurait été réalisée à partir des story board de Saül Bass que celui a montré plusieurs fois ! Cette scène des plus admirées par les hitchcockiens ne serait finalement pas de lui ! Passons. Bien qu’on puisse lui reconnaître une certaine efficacité, elle n’est pourtant pas déterminante pour l’ensemble. Il y a aussi la scène du meurtre d’Arbogast dans l’escalier. Hitchcock nous dit qu’il était malade, et que c’est Saül Bass qui l’a remplacé ! Mais le résultat était trop mauvais, toujours selon Hitchcock, et il fallut la retourner. Personnellement je trouve cette scène plate et mal filmée. La manière dont tombe Arbogast est empruntée et peu crédible, il tombe avant même que le poignard ne le frappe, et filmer la scène d’en haut, n’apporte pas grand-chose, si ce n’est la confusion. Mais cela n’enlève rien à l’ensemble qui est plutôt bien rythmé. Tourné en écran large, avec une belle image de John L. Russel. Peu habitué de l’univers hitchcockien, il avait pourtant une certaine expérience du film noir. La caméra est suffisamment mobile pour trouver des mouvements d’appareil intéressants quand Hitchcock ne cherche pas à épater son public. Bien sûr il y a des transparences assez négligées, comme la conduite en voiture sous la pluie, ou même la sortie de Phoenix par Sam et Lila. Mais cette négligence est apparemment la marque de fabrique d’Hitchcock. Les histoires d’opposition entre la verticalité de la maison et l’horizontalité du motel qui plaisaient tant à Truffaut et à Hitchcock ne me semble pas non plus ajouter quelque chose d’important au récit. On peut trouver que la mise en scène est propre dans son ensemble, mais elle n’est pas forcément très originale et remarquable. Les scènes où l’on voit le flic suivre en voiture Marion sont redondantes.
Norman Bates voit le détective arriver
L’interprétation est intéressante. Janet Leigh est remarquable, star sur le déclin, ce sera son dernier rôle important. C’est elle qui occupe tout le devant de la scène pendant presque la moitié du film – elle ne meurt pas au tiers du film comme on le dit souvent. C’est son personnage de voleuse qui culpabilise qui donne un aspect film noir à Psycho. Anthony Perkins est excellent. Il change de personnalité au fil du dialogue : séduisant quand on abonde dans son sens, méchant dès qu’on le contrarie. Contrairement à ce qu’on dit ce n’était pas son premier rôle important. Il avait déjà joué dans des grosses productions, sous la direction de William Wyler, de Robert Mulligan ou d’Anthony Mann. Mais ce rôle le marquera tellement qu’il l’exploitera jusqu’à la corde dans des suites médiocres, des improbables retours, Psycho2, Psycho3 qu’il mettra en scène lui-même, et même encore Psycho 4. Il a donc fait de Norman Bates un personnage à part dans le film d’épouvante, une franchise particulière qu’il a détournée à son profit ! Martin Balsam est Arbogast, le détective, soupçonneux et bon enfant, méthodique. Il est aussi très bon, mais Martin Balsam est toujours très bon. Et puis il y a l’insipide John Gavin dans le rôle de Sam. Ce n’est pas tellement un acteur, mais plutôt une gravure de mode, un porte costume. Vera Miles n’est pas mal dans le rôle de la sœur angoissée. On prend du plaisir à retrouver John McIntire dans le rôle du shérif, même s’il ne sert à rien pour faire progresser l’histoire. Le très bon Simon Oakland boucle le film en jouant le docteur Richmond qui explique dans une scène peu crédible des histoires de dédoublement de la personnalité. On retrouve les tendances hitchcockiennes à faire de la psychanalyse de comptoir, un peu comme dans Spellbound. Donnons une mention particulière à la prestation de la propre fille d’Hitchcock, Patricia, qui joue le rôle de la copine de bureau de Marion.
Arbogast veut interroger la mère de Norman
Sans être un film désagréable à regarder, l’ensemble laisse une impression de vide, d’un manque d’épaisseur des personnages, même celui de Norman, sauf peut-être celui de Marion. Sans doute les petites astuces d’Hitchcock qui doivent faire peur ne fonctionnent pas vraiment dès lors qu’on connait déjà l’histoire, et donc cela plombe un peu les visions ultérieures de l’œuvre. Le personnage de Ed Gein n’a pas seulement inspiré celui de Norman Bates, mais également celui de The Texas Chain Saw Massacre, le film de Tobe Hooper en 1974, et peut être aussi The silence of the lambs, de Jonathan Demme en 1991. Ces deux derniers films sont une exploration de la logique particulière du tueur en série, et eux aussi ont eu énormément de succès au point d’en susciter des suites et des remakes. Comme Psycho, ils appartiennent à cette sous-culture qui s’attarde sur ces personnages de déviants extraordinaires.
Sam et Lila vont à la recherche de Marion et d’Arbogast
A sa sortie, le film eut des critiques assez mitigées, surtout aux Etats-Unis. Les entrées par contre furent bonnes, bien qu’au départ de moitié inférieures à North by Northwest. L’enthousiasme ne vint qu’après, avec le temps. Mais près de soixante ans après, c’est le film d’Hitchcock qui a rapporté le plus d’argent, et la critique d’aujourd’hui n’ose même plus dire quelque chose d’un petit peu négatif, d’émettre quelque réserve. Ce film a été encensé par la Nouvelle Vague, Chabrol et Truffaut en tête. Ce qui n’empêcha pas ces ceux hypocrites de cracher sur le cinéma de papa trop emprunté et conditionné par le tournage en studio. Or ce que ces deux cuistres critiquaient chez Autant-Lara, Clément et quelques autres, c’est justement ce qu’ils ne savaient pas faire eux-mêmes, ce qu’ils n’ont jamais su faire, mais aussi c’est ce qu’ils admiraient tant chez Hitchcock. En 1998 Gus Van Sant, cinéaste de second ordre, fit un remake du film. En couleurs, il s’était appliqué à refaire tous les plans à la manière d’Hitchcock. On se demande quel peut être l’intérêt d’un tel projet aussi saugrenu. Ce fut évidemment un bide noir très mérité.
Lila croit avoir vu quelqu’un dans la maison
Ed Gein qui inspira le personnage de Norman Bates, et à gauche sa maison
http://alexandreclement.eklablog.com/psychose-psycho-alfred-hitchcock-1960-a130932912
Commentaires
Le film Psychose d'Alfred Hitchcock est un thriller incontournable. Dans ce film, suspense et émotions sont au rendez-vous. Monsieur Hitchcock joue avec nos nerfs notamment dans le film mais aussi lors de sa bande annonce. Mais comment fait-il ?
Tout d'abord, dans la bande annonce. Alfred Hitchcock joue la carte de la surprise en nous expliquant quelques faits du film, en racontant même un meurtre qui a eu lieu dans ce film. Cependant, il en dit très peu. En effet, si on a vu le film avant la bande annonce, on peut croire qu'il nous dit tout du film et qu'il n'est plus utile d'aller le voir au cinéma Mais ce n'est pas le cas car il s'arrête avant de dévoiler ce qui se passe dans le film, il va même jusqu'à donner des fausses pistes, comme quand il indique la porte de la salle de bain dans la maison de Norman Bates qui n'a pas d'importance dans le flm. Il donne envie d'aller voir le film en disant, par exemple, en pointant du doigt les toilettes de la chambre n°1 du "Bates Motel" en disant qu'au fond de ces WC se trouvera un indice fondamental. Il joue aussi avec nos nerfs en ouvrant la porte de la penderie de Mme Bates, en disant qu'il reste peut être des habits, et en ayant un regard intriguant sans nous montrer ce qu'il s'y trouve. Il parle de chose qui peuvent nous paraître inutiles, dans le déroulé de l'histoire, si nous n'avons pas vu le film, comme le tableau dans le bureau de Norman Bates. Il donne ainsi envie aux spectateurs de voir ce qu'il se passe dans le film pour connaître l'indice des toilettes par exemple ou encore de quel meurtre il s'agit dans les escaliers.
Intéressons nous maintenant au film en lui même. Alfred Hitchcock, comme à certains moments de la bande-annonce, nous envoie sur des fausses pistes que l'on croît pourtant être le réel problème de Marion Crane. Il s'agit bien sûr du vol d'argent que Mr Cassidy avait confié au chef de Marion Crane, qui a lui même chargé la dame d'aller poser cet argent à la banque. C'est l'occasion qu'elle a saisie pour rembourser les dettes de Sam. alors qu'elle prétend avoir un mal de tête pour rentrer chez elle, elle croise son patron sur un un passage piéton sur le chemin du départ. C'est à partir de cet instant que le stress monte chez le spectateur. Cependant, elle arrive à partir tranquillement ce qui apaise les esprits du spectateur. Et voilà qu'elle se fait réveiller par un policier, en ayant un comportement suspect car elle pense qu'il vient la chercher pour son délit. Le spectateur a alors de nouveau de l'adrénaline car on se demande si elle va être libre. Puis elle reprend la route et croit avoir semé le policier. Le calme revient. Elle décide alors, par précaution, de changer de voiture. Voilà qu'elle le revoit au garage. Le suspense est de retour dans la salle de cinéma. Elle est pressée, le garagiste lui dit de se calmer et le policier ne détourne pas le regard. Plus la situation avance, plus le policier s'approche. Le suspense monte alors de plus en plus car on se demande si elle va pouvoir continuer sa route. Puis la voilà parti et se retrouve dans un motel avec une personne accueillante et agréable, Norman Bates. Un sentiment spécial est de retour lorsque l'on voit pour la première fois l'ombre de la mère de Norman par la fenêtre. S'ajoute à cela un sentiment glauque à cause de tous les oiseaux empaillés. Le stress est présent quand Norman s'énerve. Puis une scène paisible prend place quand la dame part pour se coucher et faire sa toilette. Le calme perdure puis des frissons arrivent progressivement à la même vitesse que la silhouette du meurtrier est de plus en plus visible à travers le rideau de douche. La femme est morte. S'en suit un long moment de calme. Norman découvre le meurtre et nettoie la scène. Puis on demande des nouvelles de Marion, rien. Une enquête s'ouvre pour les 40 000$ de disparus. Les spectateurs ont toujours le soupçon du meurtre pour l'argent qui est une fausse piste. On ne connaît ni la cause du meurtre nie le meurtrier ou la meurtrière. Alors le détective employé par le patron de Marion fait tous les motels pour arriver chez le "Bates Motel". La tension monte au fur et à mesure que Arbogast, le détective, sait que Marion était là. Il a lui aussi vu la mère par la fenêtre. Il décide d'entrer dans la maison pour interroger la mère mais il n'en avait pas l'autorisation. La tension monte à chaque pas, à chaque marche franchie par le détective. La scène est longue et surgit tout à coup la mère pour le meurtre. S'en suit des enchaînements de suspense et de calme avec par exemple l'amant et la sœur de Marion qui vont au motel. Hitchcock joue aussi avec nos nerfs en mettant des angles de caméra qui ne dévoilent jamais l’identité, le visage, de la meurtrière. Cette combinaison de calme et action est un moyen facile pour que le spectateur ne sache jamais quand l'action s'arrête. La musique est aussi en lien avec l'action et peut parfois être stressante. Ainsi il joue avec nos nerfs
Alfred Hitchcock est un maître dans cet art et captive le spectateur du bout à la fin en dévoilant par exemple pour la première fois à la fin comment se comporte le fils quand la mère parle, lorsqu'il est en prison. Ces deux méthodes sont donc des moyens pour Hitchcock de jouer avec nos nerfs et nos émotions.
Postare completa :
http://blog.ac-versailles.fr/corneille/index.php/post/12/02/2019/Lyc%C3%A9ens-au-cin%C3%A9ma-%3A-Psychose-d-Alfred-Hitchcock
=========================================