miercuri, 7 aprilie 2021

Analyse de North by Northwest / Hitchcock 3

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Analyse de North by Northwest

 Histoire des Arts / 

Les élèves vont avoir le plaisir de découvrir North by Northwest le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, La Mort aux trousses en français, dans le cadre de l’opération « Collège au cinéma ».

? Penchons-nous sur le générique du film, signé Saul Bass :

Remarquons d’abord la surface plane : un fond uni vert, des lignes obliques, entrecoupées elles-mêmes de lignes verticales, qui peuvent renvoyer à une impression de « filet », ou de cage ; de fait, notre héros sera  un peu comme un poisson pris dans une nasse ;  et pour faire une comparaison anachronique, ces noms enserrés dans ces fils noirs semblent être comme des données emprisonnées dans un réseau informatique (la couleur verte me fait furieusement penser à l’expo « Science-fiction » et aux réseaux « à la Matrix« )…

Un réseau routier serait probablement plus juste, car ces noms semblent apparaître comme des coordonnées cartographiées sur un plan, ce qui nous ramène à l’idée de trajectoire, de route à suivre pour Thornhill, une route qui doit conduire le personnage vers une colline (hill), ou plutôt un mont (le Mont Rushmore), situé au Nord (remarquons que « North » est l’anagramme de « Thorn » ;))…

Regardons la suite du générique :

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Les noms apparaissent, défilent dans un mouvement vertical, et s’immobilisent dans les lignes (on retrouve l’idée qu’ils sont pris comme dans les mailles d’un filet) ; à ce défilement vertical, succède alors un chassé-croisé de lettres, qui annonce l’intrigue : il s’agit bien d’un film d’action, où poursuites et fuites alternent, ce que souligne la musique lancinante, presque stressante, en boucle, composée par Bernard Hermann.

Ensuite, le spectateur comprend que ce « filet » se révèle être une image « trafiquée » : il s’agit en fait de la façade d’un immeuble vitré, en perspective, façade vitrée qui renvoie l’image de la réalité, celle d’une ville en perpétuelle agitation ; la réalité est reflétée, et déformée, dans les multiples facettes de ce miroir. Comment ne pas y voir une vision du monde moderne qui n’est que mouvements vains, et l’idée d’une société qui vit sur le vide et le reflet, tout comme Thornhill vit sur le mensonge, que ce soit dans sa vie privée (auprès de sa maîtresse), ou dans son travail : c’est un homme pressé qui brasse de l’air, un publicitaire, donc quelqu’un qui joue sur la manipulation, et qui ment d’ailleurs quelques instants plus tard à la dame qui attendait le taxi. (Notons que sa manière de prendre le taxi se retournera d’ailleurs ironiquement contre lui plus tard dans le film, puisque les sbires de Townsend emploieront le même stratagème, pour le poursuivre).

Faux-semblants

 C’est donc un générique qui annonce le film : illusions d’optique, jeux de faux-semblant, de fausse transparence, dans une intrigue où tout le monde s’épie, se surveille, se cache, puis refait surface ; reflets tronqués, vide(s) à remplir…

Des jeux de miroir et cette impression que l’être humain n’est qu’une fourmi, que l’on retrouve dans ce magnifique plan (truqué), une véritable œuvre d’art :

Jeux de reflets, faux-semblants donc : on retrouve encore ces éléments dans ce plan de Thornhill-Kaplan, lunettes de soleil sur le nez, longeant le train et ses fenêtres vitrées, qui semblent être autant de photogrammes du film…

Un film qui joue sur la géométrie et les lignes droites, et surtout la verticalité, sur le rapport haut/bas,  sur le vide, le vertige : observons le « fief » de Vandamm, à l’architecture étonnante.

 

Vide, chute et vertige présents dès les premières séquences du film :

… Un plan annonciateur de la séquence de fin ?

 

Une quête d’identité

Nous parlions du vide… Insistons donc sur le choix de ce personnage d’abord « sans consistance », Roger O. Thornhill (avec le O comme zéro), qui va endosser d’une certaine manière l’identité de « l’homme invisible » (Kaplan).  En anglais, « rot » signifie « pourriture » …

Thornhill se définit ainsi auprès du Professeur :

I’m an advertising man, not a red herring. I’ve got a job, a secretary, a mother, two ex-wives and several bartenders dependent upon me.

Etrangement, c’est en devenant Kaplan, un être insaisissable dont les vêtements vides trônent dans la chambre de l’hôtel Plaza, un être inexistant, un fantôme entièrement créé, mis en scène par les services secrets américains, que Thornhill devient quelqu’un, acquiert une identité, modifie le monde autour de lui, et devient même un homme, au bras d’Eve, et non plus le « petit garçon à sa Maman ». Ce personnage en devenir, homme parmi la foule qui sait se fondre dans la foule, se crée en quelque sorte sous les yeux du spectateur.

Interrogeons-nous : que doit récupérer Thornhill à la fin du film (outre Eve) ? Une statuette, objet d’art détourné de son essence, dont on découvre qu’elle cache et accueille en son creux des choses  si précieuses qu’on est prêt à jouer sa vie : il s’agit a priori de micro-films, ardemment convoités par Vandamm. Cette statuette est le « Mac Guffin » du film, c’est-à-dire un élément de l’histoire qui sert à l’initialiser ou à la justifier ; elle n’est qu’un prétexte dans une histoire où le trajet compte plus que la destination. Peut-on voir néanmoins dans cette statuette un écho de Thornhill, personnage creux au départ, et qui s’est construit et est devenu un être « plein », « rempli », accompli, précisément grâce au processus de construction du film.


Ou bien cette statuette contient-elle métaphoriquement non des micro-films, mais le film lui-même, un film essentiel à prendre en main pour Thornhill puisqu’il lui permet de passer d’une existence vide et vaine à une vie choisie ?


D’une certaine manière, pourrait-on aller alors jusqu’à dire que le film parle de sa propre construction par des jeux de glissements et d’échos ? Evidemment, c’est amusant d’aller au bout de cette théorie et d’y rechercher le principe des poupées russes : un objet artistique, le film (North by Northwest) contient en son creux un objet d’art (la statuette), qui contient elle-même un film, dans lequel il y a peut-être une histoire de statuette… Ça vous rappelle quelque chose ? Nous en reparlerons un peu plus bas concernant les jeux de mise en scène.

Autant de questionnements qui procurent du plaisir par la multiplicité des réponses possibles ; tout comme cette chaise vide au tout premier plan :

– est-elle positionnée exprès pour nous accueillir nous spectateurs, qui devons décider avec ces agents secrets du destin de Thornhill ?

– Ou bien est-elle là pour signifier la présence discrète de « l’homme invisible »?

– Ou encore pour signaler l’absence de Kaplan, qui devrait faire partie de la réunion en tant qu’agent secret (mais comment un homme qui n’existe pas pourrait-il être absent ?) ?

 

Une scène d’anthologie  

A quel moment Thornhill prend-il réellement son destin en main ? Précisément après la fameuse séquence de l’avion, qui constitue le pivot du film ; notre  »héros malgré lui » ne sera plus dès lors dans l’apparence (pour une fois, son costume n’est plus impeccable), ni dans la fuite, mais dans le désir de comprendre et d’affronter en quelque sorte son « destin ». Cette scène d’anthologie prend le contre-pied de tous les clichés du genre, comme le « maître » l’explique dans un entretien accordé à la télé (à découvrir ici) .

« J’ai voulu réagir contre un vieux cliché : un homme se rend dans un endroit, où le spectateur devine qu’il va être tué. Maintenant, qu’est-ce qui se pratique habituellement ? Une nuit noire à un carrefour étroit de la ville. La victime attend, debout dans le halo d’un réverbère. Le pavé est encore mouillé par une pluie récente. Gros plan d’un chat noir courant furtivement le long d’un mur. Une fenêtre avec, à la dérobée, le visage de quelqu’un tirant le rideau. L’approche lente d’une limousine noire, … Je me suis demandé : quel serait le contraire de cette scène ? »

Plans magnifiques, qui jouent sur les attentes du spectateur…

Thornhill emprisonné dans l’immensité désertique à partir du moment où il sort de l’autocar.

Un face à face digne des grands westerns…

 

Infiniment petit…

Thornhill est donc forcé de « devenir un homme », lui qui est infantilisé par sa mère ; il doit en quelque sorte gravir un sommet, dépasser ses limites, et passer à l’échelle supérieure, car pour l’instant, il semble n’être qu’une fourmi dans la foule, écrasé par les architectures monumentales ou les immensités désertiques : remarquons notamment combien Hitchcock joue tout au long du film sur l’infiniment petit et l’infiniment grand… Thornhill semble être le héros du film fantastique L’Homme qui rétrécit (1957), lorsqu’il se retrouve devant la maison de Vandamm à la fin :

C’est aussi le cas lorsqu’il s’apprête à se cacher dans le champ de maïs. Pensons aussi à ce minuscule rasoir qu’il trouve dans le train, et inversement à ces statues monumentales du Mont Rushmore, les « Pères » de la Nation (ou comment échapper à la mère…), qui font écho à l’immensité de l’ONU. La mise en scène joue avec insistance sur les  tailles et les proportions, et Thornhill est toujours ballotté entre le grand et le petit, tel un pantin, jusqu’au vertige.

 

Jeux de rôles !

Hitchcock joue avec ses personnages, comme un démiurge avec ses créatures. Oserais-je parler de discrète mise en abyme ? Car le double d’Hitchcock semble être « le Professeur », qui porte bien son nom : comme Hitchcock, il met en scène, il « fabrique » des personnages, il décide du rôle qu’il assigne à chacun – Kaplan, Eve, Thornhill. Il est celui qui sait, et celui qui organise une véritable mise en scène (la rencontre des amoureux dans le bois, « l’assassinat » de Kaplan).

Voici le metteur en scène et son comédien qui repèrent les lieux du prochain tournage…

Thornhill semble d’ailleurs être dans son essence même un comédien, lui qui « incarne » un personnage fictif au sens étymologique : il donne chair, il donne corps à Kaplan, qui n’était que du vide, d’abord sans le vouloir, puis volontairement.  De fait, l’ensemble du film est truffé d’allusions subtiles et discrètes au jeu du comédien : souvenez-vous de « Games, must we ? » : Vandamm demande à Thornhill de cesser de jouer la comédie lorsqu’il l’accueille dans sa vénérable demeure après l’avoir enlevé, et Thornhill lui rappelle qu’il avait précisément rendez-vous avec sa mère… Devinez où ? Au théâtre…

Thornhill : And what the devil is all this about? Why was I brought here?
Vandamm : Games, must we?
Thornhill : Not that I mind a slight case of abduction now and then, but I have tickets for the theatre this evening, to a show I was looking forward to and I get, well, kind of unreasonable about things like that.
Vandamm : With such expert play-acting, you make this very room a theatre.

Bien sûr que nous allons jouer ! Nous sommes bien dans un espace théâtral : l’intrigue n’est-elle pas basée sur un quiproquo, un procédé typique au théâtre ? Un peu plus tard, notre héros est stupéfait de voir combien la prétendue épouse de Townsend « joue bien » son rôle :

What a performance !

Quant à l’espace qui accueille la vente aux enchères, il rappelle curieusement un théâtre avec ses grands rideaux et son estrade.


D’ailleurs le dialogue entre Vandamm et Thornhill a pour enjeu le théâtre :

Vandamm : Has anyone ever told you that you overplay your various roles rather severely, Mr. Kaplan. First, you’re the outraged Madison Avenue man who claims he’s been mistaken for someone else. Then you play the fugitive from justice, supposedly trying to clear his name of a crime he knows he didn’t commit. And now, you play the peevish lover, stung by jealousy and betrayal. It seems to me you fellows could stand a little less training from the FBI and a little more from the Actor’s Studio.
Roger : Apparently, the only performance that will satisfy you is when I play dead.

Ironie du sort, anticipation ou plutôt clin d’oeil du créateur qui joue précisément avec ses comédiens, le prochain rôle  que jouera Thornhill est bien celui d’un « mort » ! Et Vandamm d’enfoncer le clou :

Vandamm : Your very next role. You’ll be quite convincing, I assure you.
Roger : I wonder what subtle form of manslaughter is next on the program. Am I to be dropped into a vat of molten steel and become part of a new skyscraper, or are you going to ask this female to kiss me again and poison me to death?

Et ce n’est pas un hasard si l’intrigue tout entière se tisse autour du thème du jeu, de la mise en scène et de la comédie : il s’agit bien pour le héros d’endosser un rôle, tout comme Eve joue un double jeu ; le monde de l’espionnage est présenté comme un théâtre d’illusions. Eh oui, car c’est un film d’un nouveau genre qu’Hitchcock livre au public en 1959…

Les règles du genre

Nous parlions d’un genre nouveau ? Le film d’espionnage ! Oui, comment ne pas voir dans cette Mort aux trousses l’annonce des « James Bond ». D’ailleurs, trois ans après le film d’Hitchcock, sort le premier « James Bond » : Doctor No, avec le sublime Sean Connery… Cette scène dans le train issue du deuxième opus, From Russia with love n’est pas sans nous rappeler Cary Grant et Eva Marie Saint :


Hormis un véritable espion (il est amusant de souligner que si R.O.T avoue bien un zéro au centre de son acronyme, ce zéro n’a pas la signification du « Licence to kill » accordé à 007 ! ;)), tous les ingrédients du film d’espionnage sont déjà dans North by Northwest :

? Action, action et action (sans temps mort), morceaux de bravoure, jusqu’à l’invraisemblance : Cary Grant est un héros qui ne craint pas d’escalader montagnes et immeubles…

Car peu importe la vraisemblance, on se laisse emporter par l’action, même si la réaction de Thornhill, lorsqu’il s’empare du couteau qui a poignardé le sénateur, est plus qu’étrange ; même si le conducteur de l’avion est étonnant dans sa décision de foncer droit sur un camion…

« Demander à un homme qui raconte des histoires de tenir compte de la vraisemblance me paraît aussi ridicule que de demander à un peintre figuratif de représenter les choses avec exactitude ».

Un héros prêt à tout donc ! Un petit clin d’oeil trouvé ici :

Lieux variés et grandioses (où comment voyager depuis son fauteuil de cinéma) ;  Hitchcock nous fait « voir du pays » : comme le titre original l’indique, nous allons du Nord au Nord-Ouest des Etats-Unis (comme à l’époque de la « conquête de l’Ouest »), et nous découvrons notamment tels des touristes dans un voyage organisé, des sites remarquables : le siège de l’ONU, le « Mid-West » et le Mont Rushmore. Le graphisme du titre nous indique d’ailleurs que le trajet à accomplir par le héros est un véritable parcours fléché.

C’est d’ailleurs avec beaucoup d’humour qu’Hitchcock présente son film comme un produit proposé par une agence de voyage : « Go North by Northwest », remarquez le logo en bas à droite : « Alfred Hitchcock Travel Agency« .

Notez que c’est avec son humour habituel, Hitchcock avait envisagé initialement comme titre du film « The Man in Lincoln’s nose« , ce qui, incidemment, nous rappelle l’idée de L’Homme qui rétrécit

? L’humour justement, un ingrédient essentiel du film d’espionnage « à la James Bond » : un humour désinvolte dont fait preuve notre héros, même lorsqu’il est en danger de mort. Ingrédient lié à la personnalité même du « grand méchant », raffiné, qui sait toujours recevoir celui qu’il s’apprête à tuer avec la plus extrême courtoisie…

 

Et évidemment l‘amour, qui rime avec « glamour » à Hollywood (la rime ne fonctionne qu’en français !) : le personnage d’Ève Kendall, dont le prénom dit bien qu’elle représente « LA » femme, ouvre en effet la voie à ces héroïnes, amoureuses du héros et qui en même temps doivent l’envoyer à la mort… Ainsi, comme souvent chez Hitchcock, la scène du baiser est filmée comme un crime : à chaque seconde de l’étreinte, filmée avec une lenteur calculée, le spectateur peut craindre le meurtre…

« Je filme les scènes d’amour comme des scènes de meurtre, et les scènes de meurtre comme des scènes d’amour »

La blonde Eve est celle qui conduit notre héros vers le danger, vers la mort, comme le montre ce fondu-enchaîné :

>> A ce fondu-enchaîné, répond un autre, comme en écho, ou comme une rédemption : après les explications du professeur, Roger Thornhill se projette déjà sur les statues du Mont Rushmore où il sauvera la belle avant de l’embarquer dans un train…

? La séquence finale sur le Mont Rushmore regroupe tous ces fameux « ingrédients » du film d’espionnage

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Une phrase, prononcée par un agent des services secrets, résume à elle seule ce que souhaite Hitchcock :

It’s so horribly sad. How is it I feel like laughing?

? Car Hitchcock se sert de ses personnages comme de pantins, mais il prend aussi un malin plaisir à jouer avec le spectateur : parfois nous suivons exactement les pas de Thornhill et nous nous interrogeons avec lui, parfois le metteur en scène nous permet d’avoir une longueur d’avance sur Thornhill ; comme lorsque l’acolyte de Vandamm est filmé, enfilant ses gants d’assassin avant le meurtre de l’ONU ; lorsqu’Ève, après un long baiser, tourne un regard qui en dit long vers le hors-champ ; ou encore dans cette scène où les jeux de transparence permis par l’architecture sont idéaux, pour faire ce qui s’apparenterait à un aparté au théâtre : à qui est montrée l’arme tenue par Martin Landau, si ce n’est au spectateur ?

Bien d’autres pistes restent à explorer… Un film riche donc, un véritable chef-d’œuvre, source d’inspiration pour les réalisateurs à venir.

? Et pour faire plaisir à Thaïs, une petite erreur amusante à relever : dans la scène où Eve « tue » « Kaplan », un figurant, un enfant, semble savoir à l’avance qu’il faut se boucher les oreilles pour éviter d’entendre la déflagration. 🙂

… Comme le disait Hitchcock,

« Il n’y a pas de terreur dans un coup de fusil, seulement dans son anticipation ».

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… Pour la fin, une dernière citation d’Hitchcock à méditer…

« Les femmes sont comme le suspense : plus elles éveillent l’imagination, plus elles suscitent d’émotions… »

Cary Grant semble d’accord avec cette affirmation !


? Pour  la séquence à analyser dans votre fascicule « Collège au cinéma », à l’aide des photogrammes de la scène, vous pouvez vous appuyer sur cet extrait : il s’agit de la scène de la vente aux enchères, centrale dans le récit, et regroupant pour la première fois depuis le début du film tous les personnages importants (hormis la mère).

?  Et voici le « trailer » (la bande-annonce) spécialement présenté par Hitchcock himself :

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? A comparer avec ce montage : une bande-annonce du film réalisée selon les méthodes de « marketing » actuelles :

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?  Enfin, dans cette vidéo proposée par Télérama, des pistes de réflexion très intéressantes proposées par un critique de cinéma pour analyser tout le début du film :

>>> Pour aller plus loin dans le questionnement, des photogrammes et des pistes de réflexion très pertinentes ici, une analyse très pertinente ici , et .

>>> Et une ressource géniale : les photogrammes de tout le film ici !

©Katy Refuveille

Et voici le questionnaire d’analyse…

La Mort aux trousses

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>> Pour répondre au questionnaire

Quelques ressources pour analyser North by Northwest le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, La Mort aux trousses en français, visionné par les élèves dans le cadre de l’opération « Collège au cinéma ». 

 

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    Analyse didactique

https://www.clg-roydespagne.ac-aix-marseille.fr/spip/sites/www.clg-roydespagne/spip/IMG/pdf/north_by_northwest_diapo_2.pdf

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https://www.allocine.fr/film/fichefilm-531/critiques/spectateurs/

CRITIQUES SPECTATEURS

"North by Northwest"  / Hitchcock 

Sans aucun doute l'oeuvre la plus folle d'Alfred Hitchcock dans une histoire totalement rocambolesque avec des scènes lègendaires qui s'enchaînent frènètiquement, plus mèmorables les unes que les autres. "North by Northwest" multiplie avec un humour fèroce les rebondissements, les poursuites et les fausses pistes! Partant d'un scènario solide d'Ernest Lehman, le film nous transporte aisèment dans une grande variètè de lieux! Eclatante à tout points de vue, cette pure merveille d'invention et d'intelligence (servie par l'excellente B.O de Bernard Herrmann) donne à ce joyau quelques magistrales sèquences à suspense! Gary Grant, perdu en rase campagne, attaquè par un avion pulvèrisant des insecticides ou la fuite sur les falaises du Mont Rushmore avec la très distinguèe Eva-Marie Saint! Ses images appartiennent à la lègende du 7ème art...

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Bon c'est vrai, plus de 50 ans après sa sortie, "La mort aux trousses" a quelque peu vieilli. De légères longueurs plombent une seconde partie moins réussie que la première heure et demi, le film virant un peu trop dans le romanesque hollywoodien à l'eau de rose, et trainant des pieds pour arriver à une conclusion un peu attendue. Mais excepté ce petit aspect un peu ringard à nos yeux aujourd'hui, l'un des (nombreux) chefs-d’œuvre du maitre du suspense (même si il ne s'agit pas là de mon favori) a juste pris de belles rides avec l'âge mais n'a pas fané. Comme à son habitude, Hitchcock met en scène une histoire délicieusement folle, où il manipule son auditoire avec une habileté monstrueuse, et met la grande classe de Cary Grant à rude épreuve dans un scénario qui multiplie à vitesse grand V fausses pistes et rebondissements. A ce niveau, la première partie de ce long-métrage est une réussite totale, symbolisée par un générique d'ouverture avant-gardiste. Pris pour un homme qu'il n'est pas, ce publicitaire à la vie bien rangée va se mettre à la recherche, afin de se blanchir du complot dans lequel il se retrouve englué, d'un homme qui n'existe pas. Sur sa route, ce personnage atypique du héros américain croisera (évidemment) une troublante femme fatale incarnée par Eva Marie Saint, et une horde d'ennemis d’État sans scrupules menée par James Mason et Martin Landau... Le tout est agrémenté de répliques parfaitement écrites qui rythme la chose, d'une bande-son tellement dantesque qu'elle devient un personnage à part entière, et d'un humour noir on ne peut plus féroce. Bon c'est vrai, "La mort aux trousses" est sorti il y a plus de 50 ans. Et c'est pour ça qu'en le voyant aujourd'hui on comprend la réputation intemporelle et méritée de ce film culte et de son réalisateur hors-pair.

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anonymeUn visiteur

3,5 Publiée le 2 décembre 2017

Par sa manière cartoonesque de naviguer sur une trame potentiellement dramatique, Alfred Hitchcock utilise le cinéma comme un jeu dont il est le maître. Sa présence à l’écran le temps d’un plan vient nous le rappeler. La mort aux trousses ne déroge pas de cet univers ludique. Les effets spéciaux rudimentaires et le jeu caricatural des acteurs nous amène parfois sur la paroi du ridicule, mais au final, c’est ce qui rend son cinéma si unique. Le Mont Rushmore reproduit en studio ne confond personne. La séquence dans laquelle Cary Grant conduit en état d’ivresse est un numéro de grimaces assez vertigineux. Pas étonnant que Grant se soit demandé tout au long du tournage dans quel genre de galère il s’était embarqué, lui qui avait pris la décision de prendre sa retraite avant de céder aux demandes répétées du vénérable réalisateur. On dit qu’après la première projection, l’interprète de Roger Thornhill était à genoux devant Hitchcock pour le remercier de lui avoir proposé un si beau personnage. Dans son rôle d’agent double, Eva Marie Saint est dans le registre; clichée mais assumée. Les scènes de baisers entre les deux protagonistes sont plutôt malhabiles, mais cela ne les empêche pas de s’amouracher l’un de l’autre et de passer aux choses sérieuses comme le suggère le plan final, alors qu’un un train pénètre dans un tunnel. Comme pour la plupart des films d’Hitchcock, le spectateur sort de La mort aux trousses amusé et sans regret.

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Chef d’œuvre sur fond d’espionnage qui mêle tous les thèmes chers à Hitchcock : l’inconnu pris pour cible par erreur, les relations familiales et amoureuses, et les nombreuses scènes spectaculaires dont le morceau de bravoure final, véritable sommet de suspense. Le thème du faux coupable est ici porté à son point de perfection et d’abstraction. Roger O. Tornhill est pris pour un espion nommé Kaplan par une bande de tueurs. Il parvient à leur échapper mais se retrouve accusé d’un meurtre dont il est innocent. Notre héros malgré lui part à la recherche du seul qui pourrait l’innocenter, le vrai Kaplan... qui n’existe pas. Au sommet de son art, Hitchcock construit les bases du film d’action contemporain.

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Un film d'espionnage remarquable d'Alfred Hitchcock, qui nous propose une histoire passionnante et très bien ficelée, basée sur un simple malentendu. Les interprétations sont tout simplement parfaites avec, en point d'orgue, celle de Cary Grant, drôle et élégant. Une réalisation riche, rythmée et novatrice, qui dégage une ambiance captivante et imprévisible. 20/20

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Un film d'espionnage remarquable d'Alfred Hitchcock, qui nous propose une histoire passionnante et très bien ficelée, basée sur un simple malentendu. Les interprétations sont tout simplement parfaites avec, en point d'orgue, celle de Cary Grant, drôle et élégant. Une réalisation riche, rythmée et novatrice, qui dégage une ambiance captivante et imprévisible. "La Mort aux Trousses" bénéficie également de belles réussites au niveau technique. Les scènes mémorables y sont légion... A masterpiece !

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North By Northwest démarre plutôt bien: c'est intrigant, tendu, prenant. Pas longtemps malheureusement, car au bout d'une trentaine de minutes à peine, le rythme, le suspense, la tension chutent violemment et le film devient totalement convenu et linéaire jusqu'au dénouement final. Hitchcock enchaine les longueurs à l'image du voyage en train et du jeu de séduction entre Roger et Eve qui semblent durer une éternité, et les idées plus que douteuses telles que la scène de l'avion injustifiée ou la scène finale au Mount Rushmore, irréaliste et se terminant de la plus abrupte des façons. Et ce n'est qu'une petite partie des facilités ou incohérences qui se comptent à la pelle et qui mettent sacrément à mal la crédibilité du scénario. Comment, dans ces conditions, ce film peut-il donc être considéré comme un des meilleurs de tous les temps ? Certes, la réalisation et la mise-en-scène sont bonnes, si on met de côté les effets spéciaux datés et, comme toujours avec Hitchcock, une utilisation intensive d'incrustations ou de matte paintings, mais cela ne compense que difficilement un scénario qui pèche énormément.

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La Mort aux trousses : Une œuvre incontournable de la carrière du grand Alfred Hitchcock. Et pour cause, un de mes film préféré de lui car je trouve ce film vraiment divertissent et plaisant à regarder. De part, son scénario fort amusant à suivre car il y a un ton comique très appréciable. Du au personnage qui ce met par son insu au début dans un drôle de pétrin. Car il va se faire passé pour une personne qu’il n’est pas : un espion. Et il va être prit entre deux camps : l’organisation qui cherche a le contacté et l’éliminé et d’un autre coté la police qui la poursuit. Et de la va commencer ne course poursuite au indice et de vérité car qui est l’homme qui est censé être le personnage principale. Donc voila, le scénario est encore une fois très astucieux, très intéressent et sympa a suivre. Avec son lot d’humour, de suspense et de rebondissement comme dans tous les Hitchcock. Et le film possède beaux nombres de moments culte de cinéma : comme la poursuit du personnage principale en avion (comme dans l’affiche du film) ou le final dans un lieu bien particulier qui est vraiment excellent comme moment, avec une belle tension a se moment la. Et en plus, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas de longueur dans ce film qui dure quand même 2h07 (un des films les plus longs chez Hitchcock) car il y a n bon rythme et ça c’est bien. De plus, la réalisation est toujours aussi irréprochable. Comme les acteurs qui sont tous vraiment excellent et parfait dans leur rôle, surtout Cary Grant. Donc voila, un film du maitre de suspense a ne pas rater car il est vraiment excellent et pour moi, c’est un de mes films préféré du grand et unique Hitchcock.

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La Mort aux trousses est l'aboutissement des multiples films d'espionnage d'Hitchcock où un homme ordinaire se retrouve accusé d'un crime qu'il n'a pas commis (Les 39 marches, Correspondant 17, Cinquième colonne...). Ce film est également une parenthèse de légèreté dans la période la plus sombre du cinéaste (chronologiquement, il se situe tout de même entre Sueurs froides et Psychose). Ce film ne serait donc qu'un simple divertissement si tout ne touchait à la perfection. Ainsi, Cary Grant apporte l'humour et la classe qui le caractérise à ce personnage de publicitaire dépassé par les évènements. Il serait d'ailleurs intéressant de s'imaginer quel aurait été le traitement de l'histoire si elle avait été interprétée par James Stewart (qui souhaitait le rôle et qui aurait sûrement entrainé le film vers un aspect plus tragique). Eva Marie Saint est parfaite dans son rôle de blonde hitchcockienne qui comme souvent chez le cinéaste est plus maligne et manipulatrice que le héros masculin. Elle réussit ainsi l'exploit de mélanger classe et puissance sexuelle sans que l'un prenne le pas sur l'autre. Le reste du casting est également un régal en particulier James Mason, Martin Landau, Leo G. Carroll et Jessie Royce Landis, parfaite et hilarante dans le rôle de la mère BCBG typique du cinéaste anglais. Le scénario est palpitant de bout en bout et enchaine les péripéties sans temps mort. Il est un matériel parfait pour laisser Hitchcock s'amuser en tant que cinéaste. Il enchaine les séquences purement cinématographiques dont la plus célèbre est la fameuse poursuite avec l'avion. Celle-ci est véritablement mémorable car elle prend le contre-pied des habituelles scènes de suspense (elle se passe en plein jour, par beau temps, dans un lieu désertique, sans musique angoissante...). Chaque séquence apparait donc donc comme une leçon de cinéma. Le générique de Saul Bass est, quant à lui, réussi même s'il n'est pas aussi marquant que ceux de Sueurs froides ou de Psychose (pour ce qui est des films d'Hitchcock car il en réalisera d'autrse très mémorables notamment pour Martin Scorsese). Enfin, Bernard Herrmann nous offre une de ses partitions les plus réussies. Le compositeur apporte réellement une force supplémentaire à l’œuvre du cinéaste avec qui il constitue une des associations cinéaste/compositeur les plus marquantes du septième art. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'après leur séparation, due à la partition rejetée du Rideau déchiré, le cinéaste n'atteindra plus jamais le niveau de qualité qui fut celui de la période Herrmann. Filmé dans des années 50 où le maitre du suspense enchainait les chefs-d’œuvre (L’inconnu du Nord-express, Fenêtre sur cour, L'homme qui en savait trop, Sueurs froides...), La Mort aux trousses représente donc la quintessence même du style de films qu'Hitchcock avait inauguré avec Les 39 marches. Il ne reviendra d'ailleurs jamais à ce type de longs métrages ayant sûrement estimé avoir atteint la perfection dans ce genre. Suite à cette grosse machine, le cinéaste réalisera une petite production qui se révélera son plus gros succès et une révolution pour le film à suspense : Psychose.

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Mais quel film ! Seul Hitchcock arrive à nous procurer ce genre de sensations dès les toutes premières secondes ! On entre dans le vif du sujet, dès le début, on se passionne pour ce personnage principal, qui, manque de chance, lui arrive que des malheurs. Un scénario et une mise en scène qui pour l’époque (1959) sont époustouflantes. Hitchcock multiplie les fausses pistes, rajoute quelques touches d’humour, des courses poursuites alléchantes, des mystères, des énigmes, des rebondissements, il ne nous laisse pas une minute de repos ! ! Et quel acteur, ce Cary Grant, un cinquantenaire aux yeux bleus et qui, physiquement, serait du même gabarie que George Clooney. Au programme : des scènes qui avec le temps sont devenues cultes, avec notamment celle du Mont Rushmore ou la cultissime scène de l’avion, dont on ne se lasse pas. Un film porté par sa réalisation, mais grâce aussi à ces acteurs, comme l’était son film suivant : Psychose avec Anthony Perkins et Vera Miles. La mort aux trousses, un film de légende où l’on retrouve toujours cette fameuse musique, si prenante, et toujours composée par Bernard Herrmann. Le "maître du suspense" se surpasse, nous surprend de films en films ou plutôt d’oeuvres en oeuvres, jamais déçu, mais toujours fière d’avoir pu découvrir un film comme celui-ci.

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UN classique du genre rondement mené et interprété par un Cary Grant impeccable. Reste que le film a pris un léger coup de vieux dans quelques séquences. La scène de l'avion est magistrale et culte!

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Pendant deux heures, le film nous scotche dans notre fauteuil, il n'y a aucun temps mort et on est passionné par cette histoire malgré que l'intrigue soit de plus en plus tirée par les cheveux au fur et à mesure que le film s'avance. (mais et c'est ça le talent d'Hitchcock, car ça ne pénalise pas le film)  Certaines scènes d'action marquent la mémoire à jamais (la scène avec spoiler:  Et puis on ne peut parler du film sans parler de la prestation sulfureuse et sensuelle de la très jolie Eva Marie Saint, l'une des plus belles actrices hitchcockienne, et pourtant il y en a eu ! La perfection du réalisateur est au rendez-vous (cadrages, éclairages, beautés des plans), la musique de Bernard Herrmann colle parfaitement à l'action, bref un grand moment de cinéma dont on regrettera juste la réplique finale (qui a été imposé à Hitchcock). En revanche le tout dernier plan, métaphorique à souhait, fallait oser, chapeau ! !

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J'ai beau commencer à le connaitre par cœur mais revoir North by northwest représente toujours un grand plaisir, Hitchcock étant alors dans sa période la plus prolifique. C'est suite à Vertigo qu'il se lance dans la réalisation de celui-ci, changeant radicalement de style et proposant une synthèse d'une bonne partie de ses thèmes de prédilection et de sa façon de faire. C'est en effet autour du thème de l'homme ordinaire et innocent qui va se retrouver au coeur d'une histoire qui le dépasse totalement, qu'il a maintes fois usée dans sa carrière (I Confess, The Wrong Man, Saboteur, The 39 Steps etc), qu'il axe North by northwest. Ici c'est Cary Grant, l'un de ses acteurs fétiches, qui va se retrouver au cœur d'une sombre affaire d'agents infiltrés et d'espionnage. Encore une fois, il trouve le moyen de ne pas lasser et de se réinventer via ses propres thématiques. L'idée de départ est ingénieuse et intéressante et, tout le long du film, il nous entraîne dans de nombreuses péripéties tout en gardant une grande part de mystère sur les enjeux et les personnages. Si j'ai une si haute estime d'Hitchcock, c'est notamment pour son efficacité ainsi que sa capacité à faire simple, sans esbroufe et en allant d'un point A à un point B sans grands détournements. Ici il rythme son film par des péripéties toutes bien trouvées et ingénieuses ainsi que des dialogues, comme l'intrigue, merveilleusement ficelés. Dès les premières secondes il rentre dans le vif du sujet et met en place une atmosphère de soupçons qui ne va que s'accentuer plus on avance dans le récit. Le maître du suspense, portant toujours aussi bien ce sobriquet, garde l'angle de Cary Grant et donc faisant en sorte que le spectateur soit dans la même situation que lui, c'est-à-dire constamment en danger, dépassé par les événements mais cherchant à en connaitre les raisons. Tout le long haletant et passionnant, il ne nous laisse guère de répit et enchaîne les séquences toutes plus spectaculaires les unes que les autres, que ce soit celle de l'avion ou le final sur le Mont Rushmore. D'ailleurs, et pour cette dernière collaboration, Cary Grant est juste extraordinaire et ce qu'il soit bourré, incompris ou pourchassé. Il arrive à en même temps retranscrire l'incompréhension mais aussi la légèreté et le charme de son personnage, sachant détendre l'atmosphère à certains moments et c'est un vrai régal, alors que face à lui les autres acteurs sont eux aussi impeccables, tant James Mason et Martin Landau en méchant élégants et inquiétants que la belle Eva Marie Saint. La construction du récit, autre force du cinéma d'Hitchcock, est là aussi remarquable, notamment dans sa façon créer une forte tension et de faire apparaître, ou disparaître, les protagonistes autour de Cary Grant. La reconstitution est un autre des points forts du film et Hitchcock nous gratifie de quelques plans dont il a le secret, notamment lorsqu'ils seront à bord du train. Et enfin Hitchcock bénéficie à nouveau de l'excellente bande-originale de Bernard Herrmann, collant à merveille avec les images et l'ambiance du film. Tout simplement du grand cinéma et un spectacle de haut niveau. Efficace, extrêmement bien ficelé et construit avec un enchaînement de scènes d'anthologies et de formidables acteurs, North by northwest ne nous laisse guère de répit et Hitchcock orchestre un cocktail d'action, d'aventure et d'humour aussi haletant que passionnant.

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Un classique certes, mais un bon classique, un film culte même, un Hitchcock qui suffit juste à justifier la réputation du réalisateur. Le film a vieilli, mais l'intrigue ainsi que le jeu sont bons, et ça c'est intemporel. Si on rajoute le suspense, la mise en scène efficace et fluide, ou le casting, faut avouer qu'un Cary Grant, ou un Martin Landau et un James Mason ça pose un film, sans oublier Eva marie Saint qui compose magnifiquement son rôle de femme avec ses multiples facettes. L'histoire est très bonne, bien menée par une trame inhabituelle même si les quiproquo sont légions maintenant, un homme prit pour un espion à l'insu de son plein gré, mais en plus spoiler:  , avec tous les problèmes que ça peut impliquer quand on le découvre. Une femme spoiler:  , des organisations machiavéliques prêtes à tous les sacrifices... un bon cadre en somme. D'ailleurs le cadre est magnifique, les décors bien choisis et le carton pâte, bien que visible, n'est pas trop gênant. Évidemment, on ne peut pas zapper les scènes de poursuites, tant dans le désert par un avion, que sur le mont Rushmore, devenues cultes et inégalées. Le tout servi par la musique adéquat de Bernard Hermann et un style pour filmer un peu étrange par moments, mais accentuant le côté dérangeant. Je finirais en disant que les dialogues ne sont pas pompants, qu'il y a peu de longueurs, et qu'en 2h10 on a tout ce qu'il faut pour réussir un film.

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5,0 Publiée le 18 février 2013

Enième chef d'oeuvre signé Hitchcock, novateur et parfaitement interprété, qui n'a pas souffert des ravages du temps et nous tient en haleine au travers d'une histoire originale et de musiques nous tenant fermement dans l'action. Aussi incontournable que sublime.

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L'OBS

« La Mort aux trousses », espion mais pas trop

Cary Grant poursuivi par un avion au milieu d’un champ de maïs… Probablement l’un des meilleurs films d’Hitchcock, passé dans le registre des grands classiques.

Par François Forestier / Publié le 21 février 2021 à 17h00

Temps de lecture 1 min

C’est le quatrième film d’Alfred Hitchcock avec Cary Grant, et sans doute l’un des meilleurs de sa (longue) carrière. Passé dans le registre des grands classiques, le film reste en mémoire pour la spectaculaire séquence d’action, où le héros, planté au milieu d’un champ de maïs, est poursuivi par un avion qui veut sa peau. Cary Grant, au soir de sa vie, s’amusait – avec un peu d’étonnement – du scénario de « la Mort aux trousses », auquel, disait-il, il ne comprenait pas grand-chose.

En effet, cet homme d’affaires enlevé à la suite d’un malentendu, menacé de mort et lancé dans des aventures abracadabrantes, est totalement dépassé par les événements (c’est d’ailleurs l’un des plaisirs du scénario d’Ernest Lehman : on ne comprend pas tout). Le plus amusant, c’est que le metteur en scène, fidèle à sa conception du métier d’acteur (« Du bétail »…), n’a pas fourni un scénario complet à ses interprètes, les laissant dans la confusion (comme leurs personnages). Même le titre original (« North by Northwest »), citation d’une réplique de « Hamlet », est mystérieux.

Une parodie d’espionnage

Hitchcock, plus tard, a expliqué que son film était « une parodie d’espionnage » et qu’au départ, c’est James Stewart qui avait été choisi pour le rôle principal. Réalisant que ce dernier serait « trop dramatique », le cinéaste a décidé de jouer la carte Cary Grant, acteur plus léger, plus fantaisiste (alors même que celui-ci était en train de divorcer de Betsy Drake, sa troisième épouse, qui lui fit découvrir les joies du LSD). La MGM voulait Cyd Charisse pour le rôle d’Eve Kendall, la jolie blonde qui aide le héros à s’échapper : c’est Eva Marie Saint qui fut sélectionnée par Hitchcock (elle est merveilleuse dans la scène de séduction dans le train).

LIRE AUSSI : Scène culte : L’attaque de l’avion dans « La Mort aux trousses »

Détail amusant : Jessie Royce Landis, l’actrice qui joue la mère de Cary Grant, avait un an de moins que son « fils » de cinéma (Grant avait 54 ans). Quant à la scène finale, sur le mont Rushmore, elle a été entièrement tournée en studio car le ministère de l’Intérieur décréta alors qu’une caméra altérerait la « sainteté du lieu ». Comme d’habitude, Hitchcock apparaît dans le film : il traverse la rue et manque un bus.

https://www.nouvelobs.com/ce-soir-a-la-tv/20210221.OBS40489/la-mort-aux-trousses-espion-mais-pas-trop.html

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Analyse – La mort aux trousses, le générique de début

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Après l’analyse de l’ouverture de Blow OutLe monde ne suffit pasL’affaire Thomas Crown et d’Eyes Wide Shut, analysons aujourd’hui celle d’un autre film mythique, visionnaire, le générique de début de La mort aux trousses d’Alfred Hitchcock. Dès l’ouverture, c’est-à-dire en deux minutes, Hitchcock annonce d’emblée les thèmes riches et variés de son film en utilisant plusieurs métaphores ingénieuses.

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Il n’était pas prévu au début de créer un générique pour La mort aux trousses, c’est par la suite qu’Alfred Hitchcock fait appel à Saul Bass pour en créer un, d’apparence assez minimaliste mais très riche en symboles. Alors qu’une musique grave annonçant un film d’action avec rebondissements et suspens, composée par Bernard Herrmann, monte en crescendo, un fond vert uni apparaît. Il s’agit d’une surface plane sans relief, des lignes obliques viennent s’entrecouper avec d’autres verticales. On a tout de suite, d’entrée de jeu, cette idée de de prison ou même de piège, dans lequel Cary Grant sera plongé plus tard. Cette idée est confirmée avec un quasi-emprisonnement des titres dans les lignes, créant un effet d’oppression, de poursuite ou de fuite.  Ainsi on serait prisonnier dans une vastitude infinie. La structure géométrique en ligne annonce celle du plan en plongée sur le paysage campagnard, dans lequel Cary Grant attend, avant d’être menacé par un fameux avion. Dans ce plan, les routes se substituent aux lignes. Les lignes renvoient également à des coordonnées, donc à quelque chose de purement géographique, renvoyant une nouvelle fois aux thèmes de la route, du voyage.

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Le générique de début annonce donc une idée de trajectoire, de ligne, de direction, indiquée par des lignes de fuite. Pourtant, le voyage n’est pas du tout unilinéaire, il est bien plus désordonné, confus, en témoignent les deux flèches montrant deux sens différents. La trajectoire serait donc unilinéaire, le générique mettant en exergue la multiplicité des sens et des directions. Cela marque un véritable contraste avec l’arrière plan et la cohérence géométrique que forment les lignes entrecoupées. C’est un vrai paradoxe puisque l’itinéraire dans le film est linéaire (le voyage que fait le personnage à proprement parler) mais le chemin n’est pas pourtant unilinéaire. Ces paradoxes peuvent former une sorte de vertige. À cela s’ajoute le choix très mystérieux et étrange de la couleur verte qui ne fait qu’accroitre ce sentiment de vertige, et finalement, de perte des sens.

Au fond vert se substitue un bâtiment vitré reflétant des taxis jaunes, ceux de New York bien entendu. Bas les masques pour dévoiler ce qui se cachait réellement derrière ce fond vert, un bâtiment moderne qui lui-même est doté d’un caractère illusoire puisqu’il ne fait que refléter la réalité, le film ne montrant que des faux-semblants, du mensonge finalement, à l’image de son personnage, publicitaire. Les multiples facettes, fenêtres – sur rue -, la multiplicité des écrans créent ce sentiment d’illusion et d’omniprésence de faux-semblants. L’agitation de la ville permet enfin de mettre le générique en relief. La réalité permet cette mise en relief, mais l’ensemble reste illusoire. Cette fausse transparence, bien entendu, fait allusion au récit. Les formes géométriques, finalement très abstraites, mettent en exergue l’abstrait dans ce film : les gens sont abstraits, dès les premiers plans, tous ordinaires, puis ils se surveillent, s’espionnent, se cachent, se dissimulent. On retrouve notamment parmi les outils de la dissimulation les lunettes de soleil, que porte Cary Grant, très charismatique, à la gare. On retrouve également ce caractère illusoire annoncé par le générique dans les espaces, lesquels sont souvent vides, trop vides, trop sereins, et pourtant cachent des menaces, telle un avion. On se perd également dans le vide, ce qui est paradoxal puisqu’il n’y a qu’une seule route. Une perte annoncée dans le générique par son caractère illusoire et son sentiment de perte de sens. Le générique annonce également un jeu de reflets durant tout le film, notamment lors de cette plongée saisissante, non prévue initialement puis imaginée par Hitchcock pour faire un rappel au générique de début. Comme vue précédemment, l’ouverture du film annonce également dans le vide une forme de vertige. On retrouve le vertige dans la scène de l’avion, mais aussi lorsque la voiture Thornhill s’apprête à tomber dans le vide, lorsque Grant gravit la villa de Vandamm ou lors de la scène finale, lorsque la belle chute. La société vit clairement sur ces reflets et le vide, cette forme de fausse transparence. Thornhill vit lui-même sur des mensonges, des facettes, des rôles et ment lui aussi.

C’est aussi un personnage vide, c’est véritablement en jouant un rôle, n’existant pas dans la réalité puisqu’il est mis en scène, qu’il se dote d’une vraie identité, d’un vrai caractère. Les mensonges et le jeu du comédien forment une théâtralité, une mise en scène théâtrale dont le récit démarre à partir d’un quiproquo, dont les personnages ne font que jouer ainsi que d’une scène physiquement théâtralisée, celle de la vente aux enchères. Grâce à cette mise en scène, le personnage subit donc un processus de transformation.

Le 1er plan, après le générique de Bass, montre la foule, l’agitation, la masse. C’est la fin de journée, la foule quitte les bureaux, Hitchcock a cette volonté d’insister sur ce caractère un peu lancinant, cette répétition quotidienne en ville, que l’on retrouve notamment chez Hopper, dans cette masse, tous, les uns comme les autres, sont ordinaires, tous se ressemblent, dont Thornhill, qui est aussi un être ordinaire. Ces sorties et trajectoires de foule mécaniques, presque robotisées, accroissent l’effet d’étouffement et de compression. Les différentes plans sur la masse sont comparables à différentes facettes sur la foule qui sont toutes semblables. Cette idée d’étouffement sera reprise lors de la plongée vertigineuse sur le personnage fuyant le siège de l’ONU, mis en scène, utilisé dans un piège, écrasé dans le paysage, dans l’espace, finalement dans le vide, avec une perte de sens, annoncée par le générique. L’univers citadin est totalement déshumanisé dans une ville moderne tentaculaire, idée reprise, mais différemment, plus tard dans l’ouverture de GloriaDie Hard 3 : Une journée en enferPanic Room ou même du Flic de Beverly Hills II, avec la contradiction totale que cette fois-ci la trajectoire dans l’espace est bien tracée. La fuite vers la campagne – l’océan, le fleuve, le champ de maïs, le Mont Rushmore – du personnage permet la réalisation d’une quête identitaire personnelle, d’une certaine façon, fuir le faux pour retrouver le vrai.

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La Mort aux trousses

LA MORT AUX TROUSSES (North by Northwest)

de Alfred Hitchcock© Warner Bros. Entertainment France

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