(1896-1977)
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histoire du cinéma : L'image action |
1- Une mise en scène à hauteur de femme
La critique sur Howard Hawks s'est longtemps appuyée sur l'article de Jacques Rivette, Génie de Howard Hawks (Cahiers du cinéma N°23, de mai 1953, p. 16 à 23). Cet article impose Hawks comme un auteur à égalité avec Hitchcock et sera à la base du célèbre groupe de cinéphiles des Cahiers du cinéma : les Hichcocko-hawksiens.
Dans cet article, Jacques Rivette définit Hawks comme pratiquant un cinéma de l'évidence, un cinéma à hauteur d'homme. Le jeune critique repérait aussi que tous les scénarios de Hawks racontaient la même histoire : celle d'un amour entre deux hommes qu'une femme vient bousculer.
Rivette ne dit pas vraiment ce qu'il entend par filmer à hauteur d'homme. Sans doute pense-t-il à un cinéma sans effet, où les relations sont décontractées, directes, d'homme à homme. Il n'y a pas de petit théâtre, de pittoresque, de mélancolie ou de nostalgie comme chez John Ford. La modernité est admise : l'homme invente la technique et la technique est au service de l'homme. La structure de La patrouille de l'aube (1930) ou des Chemins de la gloire (1936) le dit assez : un personnage prend la place d'un autre pour que les choses continuent. Il y est fait l'apologie de l'action comme remède à la peur et à l'absurdité des confrontations (défis ou guerres). L'humanisme de Hawks embrasse la communauté de ceux qui agissent pour que tout fonctionne à commencer par les éclopées : Laroche aveugle et et son vieux père à la fin des Chemins de la gloire ou Dean Martin et John Wayne à la fin de El Dorado.
Chez Hawks, il y a un parcours vers le rachat. Le rachat ne signifie pas rédemption. Le rachat permet une relecture du personnage dans le sens positif : sa possibilité de transmettre son professionnalisme aux générations futures.
Cette vision positive fonctionne pour la plupart des genres où Hawks s'est illustré, (laissant dans chacun d'eux au moins un chef-d'œuvre) :
- Aventures : La foule hurle (1932), Le harpon rouge (1932), Brumes (1936), Seuls les anges ont des ailes (1939), La chose d'un autre monde (1951), La terre des pharaons (1955), Hatari ! (1962) , Ligne rouge 7000 (1965).
- Western : Ville sans loi (1935), La riviere rouge (1948), La captive aux yeux clairs (1952), Rio Bravo (1955), El Dorado (1967), Rio Lobo (1970).
- Films de gangster ou films noirs : Scarface (1932), Le port de l'angoisse (1944), Le grand sommeil (1946).
- Drames et mélodrames : Une fille dans chaque port (1928), Le vandale (1936).
- Films de guerre : La patrouille de l'aube (1930), Après nous le déluge (1933), Le chemin de la gloire (1936), Sergent York (1941), Air force (1943).
- Comédies : Train de luxe (1934), L'impossible monsieur bébé (1938), La dame du vendredi (1940), Boule de feu (1941), Si bémol et fa dièse (1948), Allez coucher ailleurs (1949), Chérie je me sens rajeunir (1952), Les hommes préfèrent les blondes (1953), Le sport favori de l'homme (1963)
La vision positive du monde ne fonctionne pourtant pas au sein des comédies, genre qui est aussi le plus important numériquement.
Et même en dehors de la comédie, il y a certes amitié virile mais l'un est plus faible que l'autre : soit rongé par l'alcool (Dean Martin) ou trop jeune (Mississippi) ou trop vieux (Walter Brenan) ce qui le dévirilise. La dévirilisation est un thème constant, manifeste dans Allez coucher ailleurs ou Le sport favori de l'homme où Rock Hudson se montre incapable de... pêcher.
Derrière l'évidence, le rythme, la cadence impeccable du film portés par les hommes, Hawks opère ainsi un travail de sape où la marche en avant basée sur le professionnalisme se révèle insuffisante. Hawks pointe la peur des forces vitales portées, avec évidence, par les femmes. La peur des femmes, la peur de leur énergie, de leur envie d'émotion, le fait que souvent les hommes se réfugient dans la machine génèrent la figure majeure du cinéma de Hawks : l'ironie. Celle d'un monde où les femmes se moquent d'un monde qui serait vu à hauteur d'homme.
2- Biographie
Howard Winchester Hawks naît le 30 mai 1896 à Goshen (Indiana). Après diverses études poursuivies à Indianapolis, à l'Université de Pasadena (Californie), puis dans diverses écoles de l'est, il obtient en 1917 un diplôme d'ingénieur. Un bref emploi d'accessoiriste chez Jesse S. Lasky le fait pénétrer dans les milieux du cinéma; mais il est mobilisé en 1917 et participe à la guerre en Europe comme pilote de chasse dans la U.S. Air Force. À son retour il est embauché dans une usine d'aviation et s'adonne à sa passion : la course automobile. C'est à partir de 1922 qu'il revient à Hollywood et travaille régulièrement dans l'industrie cinématographique. Il assure le financement de quelques films puis se spécialise dans la rédaction de scénarios pour la future société Paramount. Et c'est en 1926 qu'il signe son premier contrat de réalisateur avec William Fox et dirige son premier film. Il quitte cependant Fox en 1929 mais continue de réaliser des films produits et distribués par d'autres compagnies.
C'est ainsi qu'il est amené parfois à commencer des films terminés et signés par d'autres cinéastes (Viva Villa! en 1934). Scarface, en 1932, attire enfin l'attention sur lui, par sa volonté de porter à l'écran la destinée d'Al Capone, gangster notoire, sans aucune ambiguïté. Sous des dehors légèrement romancés (Hawks désirait, selon ses propres termes, montrer " Borgia à Chicago "), le film accuse un réalisme peu courant dans la description de la violence, pour l'époque. À tel point qu'il sera interdit dans certaines villes du nord des États-Unis; des villes dont les administrations sont tenues par des hommes de la Mafia... De 1930 à 1937, Howard Hawks réalise ainsi une dizaine de films qui affermissent sa réputation naissante de cinéaste efficace, éclectique et talentueux. A partir de 1940, Howard Hawks est reconnu comme un cinéaste de premier plan.
Et ses films seront chacun, dès lors, des évènements cinématographiques: Sergent York (1941) vaudra à sa vedette Gary Cooper le premier Oscar de sa carrière; Le port de l'angoisse (1944), adaptation célèbre d'un roman d'Hemingway, provoque la rencontre de Lauren Bacall avec Humphrey Bogart ; Le grand sommeil (1946) reste le sommet du film noir américain; La riviere rouge (1948) lance le comédien Montgomery Clift ; Chérie je me sens rajeunir (1952) et Les hommes préfèrent les blondes (1953) confirment le talent de comédienne de Marilyn Monroe, Rio Bravo (1959) marque le début de la carrière d'acteur dramatique de Dean Martin, ancien compagnon et "faire-valoir" de Jerry Lewis.
L'art de Hawks est éclectique et il aborde tous les genres à l'honneur à Hollywood avec un égal bonheur : le film criminel, la comédie, le film de guerre, le film d'aviation, le film noir, le western, la comédie musicale, le grand spectacle.
En 1951, Howard Hawks supervisa la préparation et la réalisation de La chose d'un autre monde (The Thing), un film de science-fiction dont la mise en scène fut signée par Christian Nyby (ex-monteur de Hawks).
L'homme lui-même est singulièrement à l'image des héros dont il raconte la destinée : son expérience de la guerre lui fit évoquer la glorieuse figure du Sergent York,- sa courte carrière de coureur automobile lui inspira l'histoire originale de Ligne rouge 7000 ; grand chasseur en Alaska et pêcheur au large de la Floride, il a mis dans son célèbre Hatari ! son goût passionné pour les grands espaces et la chasse, et son amour pour la vie aventureuse. Après nous avoir donné en 1967 et en 1970 deux ultimes westerns qui sont comme des testaments de son œuvre et deux remakes de l'un de ses films préférés, Rio Bravo, Howard Hawks s'est retiré dans son ranch californien et s'est consacré à l'élevage des chevaux, l'une des grandes passions de son existence. Il est mort à Palm Springs (Californie) le 29 décembre 1977.
3 - Sources :
- Jacques Rivette, Génie de Howard Hawks (Cahiers du cinéma N°23, de mai 1953, p. 16 à 23).
- Jean-François Rauger et Paul Vecchiali sur le supplément du DVD les chemins de la gloire édité par Opening en mars 2007.
4 - Filmographie :
1926 | The road to glory | ||||||||||||||
Avec : May McAvoy (Judith Allen), Leslie Fenton (David Hale), Ford Sterling (James Allen), Rockliffe Fellowes (Del Cole). 1h33.
Judith Allen perd la vue dans un accident de voiture. Elle espère par la prière retrouver l'usage de ses yeux.
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1926 | Sa majesté la femme | ||||||||||||||
(Fig leaves). Avec : George O'Brien (Adam Smith), Olive Borden (Eve Smith), Phyllis Haver (Alice Atkins). 1h35
Les relations homme-femme depuis Adam et Ève jusqu'à l'époque contemporaine.
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1927 | Si nos maris s'amusent | ||||||||||||||
(The cradle snatchers). 1h10.
Pour rendre jaloux leurs maris volages, trois amies flirtent avec trois hommes
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1927 | Prince sans amour | ||||||||||||||
(Paid to love). Un banquier américain en voyage dans les Balkans devient l'ami d'un prince et entreprend de lui trouver une épouse. | |||||||||||||||
1928 | Une fille dans chaque port | ||||||||||||||
(A Girl in Every Port). Avec : Victor McLaglen (Spike Madden), Robert Armstrong (Salami Bill), Louise Brooks (Marie). 1h00.
Deux marins, inséparables mais rivaux en amour, se disputent pour une belle acrobate de foire.
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1928 | L' insoumise | ||||||||||||||
(Fazil). Avec : Charles Farrell (Le prince Fazil), Greta Nissen (Fabienne), John Boles (John Clavering). 1h28.
Fazil est délégué par le sultan à une conférence en Europe. Alors qu'il rentre pour le Maroc, il fait la connaissance de Fabienne, une jeune parisienne orpheline, dont il tombe amoureux.
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1928 | Les rois de l'air | ||||||||||||||
(The air circus). 1h58.
Buddy Blake et Speed Doolittle, deux élèves pilotes, rencontre une aviatrice accompli à l'école de vol.
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1929 | L'affaire Manderson | ||||||||||||||
(Trent's Last Case). 1h06.
Un journaliste enquête sur la mort mystérieuse d'un homme d'affaires de renom.
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1930 | La patrouille de l'aube | ||||||||||||||
(The Dawn Patrol). Avec : Errol Flynn (Capitaine Courtney), Basil Rathbone (Major Brand), David Niven (Lieutenant Scott). 1h43.
France, automne 1915. Une escadrille britannique, dirigée par le commandant Brand, est assignée à de périlleuses missions. Au retour du groupe A, auquel appartiennent Doug Scott et Dick Courtney, deux amis d’enfance, on déplore encore la perte de deux pilotes. Le soir, entre le whisky et les chansons, chacun essaye d’oublier les drames quotidiens...
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1932 | Scarface | ||||||||||||||
Avec : Paul Muni (Tony Camonte), Ann Dvorak (Cesca), Karen Morley (Poppy), Osgood Perkins (Johnny Lovo). 1h30.
Chicago. Tony Camonte, dit Scarface, garde du corps du gangster Big Louie Costillo, assassine son patron resté seul dans un bar. La police l'arrête, ainsi que son acolyte Guido Rinaldo. Ils sont bientôt relâchés faute de preuves...
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1932 | La foule hurle | ||||||||||||||
(The crowd roars). Avec : James Cagney (Joe Greer), Joan Blondell (Anne Scott), Eric Linden (Eddie Greer). 1h25.
Joe Greer est un grand champion de courses automobiles. Fiancé à la jolie Lee, il lui promet de l'épouser bientôt. De retour dans sa ville natale où il doit disputer une course, Joe retrouve son frère Eddie, également coureur automobile et champion local. Les deux frères disputent une course enragée...
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1932 | Le harpon rouge | ||||||||||||||
(Tiger Shark). Avec : Edward G. Robinson (Mike Mascarenhas), Zita Johann (Quita Silva), Richard Arlen (Pipes Boley). 1h15.
Au cours d’un naufrage au large de San Diego, port d’attache des thoniers, le capitaine Mike Mascarena sauve la vie de son second Pipes Boley, avant de se faire arracher la main par un requin. Un an plus tard, les deux compères embarquent sur un nouveau bateau.
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1932 | La foule hurle | ||||||||||||||
Version française de The crowd roars coréalisé par Jean Daumery. Avec : Jean Gabin (Joe Greer), Hélène Perdrière (Anne Scott), Henri Étiévant (Eddie Greer), Francine Mussey (Lee Merrick). 1h21.
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1933 | Après nous le déluge | ||||||||||||||
(Today we live). Avec : Joan Crawford (Diana Boyce-Smith), Gary Cooper (Bogard), Robert Young (Claude). 1h48
Durant la première guerre mondiale, Diana Boyce-Smith, une jeune fille de l’aristocratie anglaise, fréquente Claude, un ami de son frère Ronnie et, comme lui, jeune officier de la Royal Navy. Soucieuse de conserver en état la maison familiale, elle loue des chambres en l’absence de son père, qui se bat au front...
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1934 | Train de luxe | ||||||||||||||
(Twentieth Century). Avec : John Barrymore (Jaffe), Carole Lombard (Lily Garland), Walter Connolly (Webb), Roscoe Karns (Owen). 1h30.
Metteur en scène à Broadway, le cabotin Oscar Jaffe règne sur sa troupe en despote. Pour hâter la transformation en tragédienne de Lily Garland, ex-mannequin, il n'hésite pas, lorsque la situation l'exige, à planter une épingle dans les fesses de sa protégée, lui arrachant ainsi un authentique cri de douleur..
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1935 | Ville sans loi | ||||||||||||||
(Barbary Coast). Avec : Edward G. Robinson (Louis Chamalis), Miriam Hopkins (Swan), Joel McCrea (James), Walter Brennan (Old).1h37.
1850 : la ruée vers l'or de San Francisco. Venue de l'Est pour épouser Dan Morgan, Mary Rutledge apprend la mort de son fiancé, tué dans une rixe. Aucune femme ne s'est encore risquée à vivre dans ce dangereux milieu d'aventuriers et de forbans. Au Bella Donna Club, Mary rencontre l'homme le plus puissant de Frisco, Louis Chamalis, patron de tous les tripots...
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1936 | Brumes | ||||||||||||||
(Ceiling Zero). Avec : James Cagney (Dizzy Davis), Pat O'Brien (Jake Lee), June Travis (Tommy Thomas), Stuart Erwin (Texas Clark), Isabel Jewell (Lou Clark), Edward Gargan (Doc Wilson), Addison Richards (Fred Adams), Henry Wadsworth (Tay Lawson). 1h35.
Les aventures amoureuses et aériennes d'un pilote de ligne irresponsable mais brillant...
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1936 | Le chemin de la gloire | ||||||||||||||
(The Road to Glory). Avec : Fredric March (Michel Denet), Warner Baxter (Paul Laroche), June Lang (Monique). 1h40.
1916, quelque part en France. Le capitaine Laroche reçoit l’ordre de partir pour le front avec sa compagnie. Il fait ses adieux à Monique, une infirmière bénévole dont il est amoureux. Peu après, le village est bombardé par un dirigeable. Monique se réfugie dans une cave grâce au lieutenant Michel Denet, qui tente de la séduire. Denet se présente alors au quartier général et devient chef de section sous les ordres de Laroche. Au front, c’est la boucherie...
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1936 | Le vandale | ||||||||||||||
(Come and Get It, terminé par William Wyler). Avec : Edward Arnold (Barney Glascow) Walter Brennan (Swan Bostrom). 1h39.
1884, dans les forêts du nord Wisconsin. Barney Glasgow, énergique et ambitieux, dirige l'abattage des arbres pour le compte d'Hewitt, le patron de la scierie. Un soir de bombe, il s'éprend d'une chanteuse, Lotta, qu'il délaisse bientôt, carrière oblige, pour épouser Emma Louise, la fille d'Hewitt. Déçue, Lotta se marie avec Swan Bostrom, le meilleur ami de Barney...
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1938 | L'impossible monsieur Bébé | ||||||||||||||
(Bringing Up Baby). Avec : Katharine Hepburn (Susan Vance), Cary Grant (David Huxley), Charles Ruggles (orace Applegate). 1h42.
David Huxley, paléontologue au Musée Stuyvesant d'Histoire Naturelle et fiancé à sa secrétaire Alice, fait la connaissance de Susan en jouant au golf. Elle lui prend successivement sa balle puis sa voiture. Susan et David se revoient au restaurant et Susan qui a reçu un léopard apprivoisé nommé "Bébé" feint d'être attaquée par ce dernier afin de provoquer une intervention "héroïque" de David...
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1939 | Seuls les anges ont des ailes | ||||||||||||||
(Only Angels Have Wings). Avec : Cary Grant (Geoff Carter), Jean Arthur (Bonnie Lee), Richard Barthelmess (Bat MacPherson). 2h01.
Au cours d'une escale à Barranca, petit port bananier d'Amérique du Sud, Bonnie Lee, girl de music-hall, fait la connaissance de Joe Souther et Les Peters, pilotes d'une compagnie assurant le transport du courrier et que dirige Geoffrey Carter. Joe est désigné pour une mission. Mais le temps s'étant aggravé, il doit revenir à la base. Désobéissant aux ordres, il tente un atterrissage dans le brouillard et se tue, Bonnie est choquée par l'indifférence avec laquelle est accueillie cette mort, mais, attirée par Geoff, qui pourtant la rudoie, décide de prolonger son séjour....
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1940 | La dame du vendredi | ||||||||||||||
(His Girl Friday). Avec : Cary Grant (Walter Burns), Rosalind Russell (Hildegaard 'Hildy' Johnson), Ralph Bellamy (Bruce Baldwin). 1h32.
Chicago. Rédacteur en chef d'un quotidien national à gros tirage, Walter Burns est un être tout à fait dénué de scrupules. Or, il est confronté à un problème : il ne dispose pas d'un journaliste de talent pour couvrir, le lendemain matin, l'exécution d'Earl Williams, auquel le gouverneur de l'État vient de refuser sa grâce, bien qu'il ait toujours clamé son innocence. C'est alors qu'Hildy Johnson, ex-épouse et ancien reporter vedette de Burns, réapparaît, plus de cinq mois après leur divorce.
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1941 | Boule de feu | ||||||||||||||
(Ball of fire). Avec : Gary Cooper ( Bertram Potts) Barbara Stanwyck (Sugarpuss O'Shea) Oscar Homolka (Gurkakoff). 1h50.
Sept professeurs travaillent depuis neuf ans à la rédaction d'une nouvelle encyclopédie. Le professeur Bertram Potts, est chargé de l'article "Slang" (" argot "), domaine pour lui totalement inconnu. Une de ses rares incursions dans le monde lui fait rencontrer Sugarpuss O'Shea, liée au gangster Joe Lilac, que la police s'efforce de "coincer"...
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1941 | Sergent York | ||||||||||||||
Avec : Gary Cooper (Alvin C. York), Walter Brennan (Pasteur Pile), Joan Leslie (Gracie Williams), George Tobias (Pusher). 2h14.
1916, dans "la Vallée aux Trois Fourches "(Tennessee), Alvin C. York, un fermier bagarreur et rebelle aux conseils de sagesse du Pasteur Pile, s'échine à labourer un infertile lopin de terre. Un jour, il fait la connaissance d'une voisine, Gracie Williams, s'en éprend et envisage de l'épouser. Mais il lui faut auparavant acquérir une parcelle des riches terres de la vallée....
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1943 | Air Force | ||||||||||||||
Avec : John Garfield (Sergent Winocki), Gig Young (Lieutenant Williams), Harry Carey (Sergent White). 2h04.
Le 6 décembre 1941 : une base aérienne américaine. L'équipage d'une forteresse volante, le B.17 "Mary Ann", part en mission, à destination de Honolulu. En vol, les hommes apprennent l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais...
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1944 | Le port de l'angoisse | ||||||||||||||
(To Have and Have Not). Avec : Humphrey Bogart (Harry Morgan), Lauren Bacall (Marie Browning), Walter Brennan (Eddie). 1h40.
Fort-de-France (la Martinique) vers 1942. Harry Morgan, propriétaire d'un yacht, gagne sa vie en emmenant à la pêche de riches touristes. Alors qu'il raccompagne à son hôtel un " gros " client, un Américain, Johnson, Morgan est contacté par Gérard, patron de l'hôtel où il loge et gaulliste de cœur, Gérard lui demande de l'aider à faire entrer clandestinement dans l'île un chef de la Résistance...
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1946 | Le grand sommeil | ||||||||||||||
(The Big Sleep). Avec : Humphrey Bogart (Philip Marlowe), Lauren Bacall (Vivian Sternwood Rutledge), John Ridgely (Eddie Mars). 1h54.
Le général Sternwood charge le détective privé Philip Marlowe de le débarrasser d'un individu douteux nommé Geiger, qui fait chanter sa fille Carmen, une nymphomane; il mentionne aussi son ami Regan, qui a disparu. Marlowe, qui a fait la connaissance de Vivian, la sœur de Carmen, prend en filature la voiture de Carmen et découvre dans une maison isolée le cadavre de Geiger et Carmen, complètement ivre...
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1948 | La riviere rouge | ||||||||||||||
(Red River). Avec : John Wayne (Tom Dunson) Montgomery Clift (Matt Garth) Joanne Dru (Tess Millay) Walter Brennan (Groot Nadine), John Ireland (Cherry). 2h13.
En 1851, Tom Dunson quitte avec son ami, le vieux Groot, le convoi qu'il accompagnait et se dirige vers le Texas. Peu après, les deux hommes voient de loin les Indiens attaquer le convoi. Dunson et Groot recueillent un adolescent, Matt Garth, qui a échappé par miracle au massacre. Arrivé sur les terres qu'il s'est choisies près de la Rivière Rouge, Dunson se promet d'avoir le plus beau troupeau du Texas....
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1948 | Si bémol et fa dièse | ||||||||||||||
(A Song Is Born). Avec : Danny Kaye, Virginia Mayo, Benny Goodman
Cloîtrés dans une vaste demeure depuis des années, sept professeurs travaillent à l'élaboration d'une anthologie de la musique. Robert Frisbee, le plus jeune d'entre eux, est chargé de la musique américaine moderne...
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1949 | Allez coucher ailleurs | ||||||||||||||
(I Was a Male War Bride). Avec : Cary Grant (Henri Rochard), Ann Sheridan (Catherine Gates), Marion Marshall (Kitty). 1h41.
En Allemagne, au lendemain de la guerre, le capitaine Henri Rochard, des services de renseignements français, doit se rendre à Bad Nauheim et convaincre un certain Schindler, polisseur de lentilles impliqué dans une affaire de marché noir, de travailler pour les Alliés. A son grand désarroi, Rochard se voit affecter comme co-équipière le lieutenant Catherine Gates, une Américaine avec laquelle il a déjà eu maille à partir lors d'une précédente mission...
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1952 | Chérie je me sens rajeunir | ||||||||||||||
(Monkey Business) Avec : Cary Grant, Ginger Rogers, Charles Coburn, Marilyn Monroe, Hugh Marlowe, Henri Letonda. 1h37
Le docteur Barnaby Fulton, chimiste de talent, tente de mettre au point la formule d'un sérum de rajeunissement. Un jour, la guenon qui lui sert de sujet d'expérience, s'échappe de sa cage et, imitant les gestes du savant, mélange divers produits et jette ensuite la mixture dans le distributeur d'eau potable du laboratoire....
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1952 | La captive aux yeux clairs | ||||||||||||||
(The Big Sky). Avec : Kirk Douglas, Dewey Martin, Elisabeth Threatt, Arthur Hunnicutt.
Jim Deakins et Boone Caudill, deux jeunes Kentuckiens, décident d'aller vers l'Ouest. L'oncle de Boone, Zeb Calloway, vit quelque part à l'ouest du Mississipi. À Saint Louis, ils se bagarrent dans un saloon et sont jetés en prison... où ils retrouvent l'oncle Zeb...
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1953 | Les hommes préfèrent les blondes | ||||||||||||||
(Gentlemen Prefer Blondes) Avec : Marilyn Monroe, Jane Russell, Charles Coburn, Tonny Noonan, George Winslow, Marcel Dalio.1h31.
Deux amies, Dorothy la brune et Loreleï la blonde, ont chacune un but précis dans la vie : la première recherche les beaux garçons bien musclés et la seconde se damnerait pour des diamants. Elles s'embarquent pour un voyage vers la France....
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1955 | La terre des pharaons | ||||||||||||||
(Land of the Pharaons). Avec : Jack Hawkins, Joan Collins, Dewey Marin.
Obsédé par la mort, le pharaon Chéops demande à Vashtar, architecte esclave dont il admire l'œuvre, de lui construire une sépulture inviolable en échange de la liberté pour lui et son peuple. La construction de la pyramide dure plusieurs années. Tandis que Chéops a remplacé sa femme par Nellifer, jeune princesse de Chypre. Vashtar, devenu presque aveugle, entame la partie la plus délicate des travaux : le chemin secret qui conduira au cœur du tombeau dans lequel reposera le pharaon...
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1959 | Rio Bravo | ||||||||||||||
Avec : John Wayne (shérif John T Chance), Dean Martin (Dude), Ricky Nelson (Colorado), Angie Dickinson (Feathers), Walter Brennan (Stumpy)
John T Chance, shérif de Rio Bravo, a arrêté Joe Burdette, un vaurien et un assassin, frère de Nathan Burdette, le plus gros propriétaire de la région. En attendant l'arrivée du marshal, John T. doit protéger sa prison contre les entreprises de Nathan bien décidé à libérer son frère...
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1962 | Hatari ! | ||||||||||||||
Avec : John Wayne, Elsa Martinelli, Hardy Kruger, Gérard Blain, Michèle Girardon.
Sean Mercer dirige, au Tanganyika, une équipe de chasseurs de grands fauves et d'animaux sauvages destinés à différents zoos. L'existence de ce groupe d'hommes d'origines diverses – Sean, Pockets et “L'Indien” sont Américains, Kurt Allemand, Chips Français et Luis Espagnol – pourrait être sans histoire : en effet, ils connaissent et aiment leur travail, en vrais professionnels. Rhinocéros, singes, éléphants n'ont guère de secrets pour eux et les capturer ne va pas sans mal, certes, mais ne comporte pas de difficultés qu'ils ne sachent les uns et les autres surmonter...
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1963 | Le sport favori de l'homme | ||||||||||||||
(Man's Favorite Sport). Avec : Rock Hudson, Paula Prentiss, Maria Perschy.
Alors qu'il conseille le major Phipps, Roger Willoughby, spécialiste de la pêche, est appelé par son directeur, William Cadwalader. Celui-ci le présente à Abigail Page, chargé des relations publiques pour le grand concours de pêche qui aura lieu à Wakapooges. Assiste à cette rencontre Isolde " Easy" Mueller, une amie de Abigail. Cette entrevue est de la plus haute importance car est annoncée la participation d'un grand champion : Roger Willoughby...
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1965 | Ligne rouge 7000 | ||||||||||||||
(Red Line 7000). Avec : James Caan, Laura Devon, Gail Hire, ...
La course automobile de Daytona est une des plus dangereuses des Etats-Unis : Jim Loomis vient d'y laisser sa vie. C'était l'as de l'écurie de Pat Kazarian qui a besoin d'un autre champion et le trouve en la personne du jeune Ned Arp, un pilote aussi habile et audacieux que Loornis....
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1967 | El Dorado | ||||||||||||||
Avec : John Wayne (Cole Thornton), Robert Mitchum (shérif Jimmy Harrah), James Caan (Mississippi), Arthur Hunnicutt (Bugle). 2h06
El Dorado, Le shérif Jimmy Harrah se renseigne sur les intentions de Cole Thornton, mercenaire venu aidé Bart Jason. Cole renonce quand le shérif l'informe que Jason a acheté des terres immenses au Texas après la guerre civile et qu'il a besoin d'hommes de main pour chasser d'un point d'eau son légitime propriétaire, Kevin MacDonald. Cole et Jimmy, amis depuis la guerre qu'ils ont faite ensemble, voient alors surgir Maud, la tenancière de l'hôtel, que Cole a recueilli autrefois...
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1970 | Rio Lobo | ||||||||||||||
Avec : John Wayne, Jorge Rivero, Jennifer O'Neill, Jack Elam, Victor French. 1h54.
Durant la guerre de Sécession, le capitaine Cordona et ses guerilleros volent un chargement d'or destiné à l'Union, placé sous la responsabilité du colonel McNally. Au cours de l'attaque du train, l'officier que McNally considérait comme son fils est tué. Il jure de le venger...
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Howard Hawks
Howard Hawks
Howard Hawks et sa « découverte », Lauren Bacall.
Howard Hawks [ˈhaʊəɹd hɔks]1, né le et mort le , est un réalisateur, producteur et scénariste américain. Il appartient à la période classique de Hollywood.
Réalisateur à la production riche et éclectique, il est l'auteur de plusieurs films d'importance tels Scarface, L'Impossible Monsieur Bébé, Seuls les anges ont des ailes, Le Grand Sommeil, Les hommes préfèrent les blondes, Rio Bravo, etc2.
Cinéaste de la morale, ses personnages sont souvent caractérisés par une grande rigueur d'esprit et un fort sens du devoir. Jacques Rivette qualifiera son œuvre de « cinéma à hauteur d'homme3 »4 par sa mise en scène frontale et le refus de diminuer ses personnages. En 1954, François Truffaut écrivait à son sujet : « Son œuvre se divise en films d’aventures et en comédies. Les premiers font l’éloge de l’homme, célèbrent son intelligence, sa grandeur physique et morale. Les seconds témoignent de la dégénérescence et de la veulerie de ces mêmes hommes au sein de la civilisation moderne5 ».
Biographie
Howard Winchester Hawks6, naît, le , à Goshen dans l'Indiana. Il est l’aîné des cinq enfants16 de Frank W. Hawks, industriel de l'Indiana et de Helen Brown Hawks, née Howard17, 13 issue d'une riche famille d'industriels du papier dans le Wisconsin à Neenah. En 1910 sa famille s'installe définitivement à Pasadena en Californie18 où l'air, plus chaud, plus sec, convient mieux à sa mère qui souffre de l'asthme. Il fait des études à Pasadena jusqu'en 1912 puis rentre à l'Université Cornell (dans l'État de New York) où il obtient un diplôme d'ingénieur qui lui sera remis en 1918 alors qu'il sert sous les drapeaux. En 1916, il pilote une voiture de course mais un accident le détourne de cette activité alors en 1917, il commence à travailler comme accessoiriste dans la Famous Players-Lasky pour des films dont certains joués par Mary Pickford avant de rejoindre, pendant la Première Guerre mondiale, l'armée où on l'utilise comme instructeur dans l'aviation militaire. Aussi ses films mettant en scène des aviateurs et des pilotes de course ont un cachet d'authenticité.
Après la guerre, il exerce divers petits métiers, monteur, assistant, et s'installe à Hollywood19 où il est colocataire d'une maison où logent Allan Dwan et Irving Thalberg qui le recommande à Jesse Lasky en 1923. Ce dernier recherchait quelqu'un pour diriger l'écriture des scénarios: Hawks signe le contrat qui le rend directeur littéraire pendant deux ans de la Famous Players-Lasky qui s'appellera ensuite Paramount20. Il écrit son premier scénario, Tiger Love en 1924 mais en 1926 rejoint la Twentieth Century Fox où il dirige son premier film The Road to Glory. Après huit films muets, il passe au parlant avec le film La Patrouille de l'aube21 en 1930.
Parmi ses films22, nombreux sont ceux qui ont fait date dans l'histoire du cinéma23, comme L'Impossible Monsieur Bébé24,25 avec Cary Grant, Le Grand Sommeil26, 27, 28 avec Humphrey Bogart et Lauren Bacall, Les hommes préfèrent les blondes29 avec Marilyn Monroe, ou Rio Bravo30, 31 avec John Wayne.
Il meurt32 le à Palm Springs en Californie, des séquelles d'une chute, le lendemain du décès de Charles Chaplin.
CarrièreInfluences
À ses débuts, il est très influencé par L’Aurore de Friedrich Wilhelm Murnau à cause des mouvements d'appareil. Il a d'ailleurs tenté de faire un film avec beaucoup de mouvements de caméra, Princesse sans amour (1927), dont, selon lui, le succès est dû au fait qu'alors « le public était très facile à impressionner », mais il ne pense pas, en 1956, qu'il était nécessaire de poursuivre dans cette voie. Les meilleurs réalisateurs sont, selon lui, John Ford, Ernst Lubitsch et Leo McCarey35.
Genres abordés
Sa filmographie touche à tous les genres36 : western37, comédie38, film noir, comédie musicale, péplum39, action. On peut d'ailleurs remarquer qu'il déclare considérer la comédie et la tragédie comme des récits très proches : « la seule différence est une question de point de vue. » De même, une histoire d'aventure et une comédie sont pour lui l'un comme l'autre des scénarios où on voit comment les gens se comportent lorsque leur vie s'écarte de sa routine. Dans un récit d'aventure, on voit comment les personnages réagissent face à la violence et au danger et « une comédie c'est exactement la même chose qu'un récit d'aventure, c'est simplement la réaction humoristique au fait d'être mis dans une situation embarrassante35. » Il déclare d'ailleurs aimer essayer de mélanger ces deux genres. Il tente de le faire en plaçant une scène de comédie dans La Rivière rouge40, 41 mais se heurte à l'opposition de John Wayne. Il se rattrape en le faisant dans La Captive aux yeux clairs42 avec la scène où on coupe le doigt de Kirk Douglas35 (à la suite de quoi John Wayne l'a appelé pour lui dire qu'il avait eu tort de refuser.)
Rapport au dialogue et à la parole
Concernant son passage au cinéma parlant en 1930 il a expliqué aux Cahiers du cinéma en 195635 qu'il n'avait pas travaillé depuis les débuts du parlant parce que, n'ayant jamais fait de théâtre d'une quelconque façon, on ne savait pas s'il était capable d'écrire des dialogues. Le scénario de The Road to Glory, dont il est l'auteur, était considéré pendant le tournage comme allant « dans le sens de l'affadissement », souffrant de mauvais dialogues qui n'étaient pas assez dramatiques. « On n'aimait pas le film parce que les personnages ne pleuraient pas, ne criaient pas. » Le studio ne fit même pas d'avant-première et sortit le film discrètement. Le film, toujours selon Hawks, fut le plus grand succès de son année de sortie : « et ils prirent l'habitude de le projeter aux autres cinéastes en leur disant « Voilà ce que c'est, un bon dialogue ! »
Par la suite Howard Hawks a trouvé que le parlant « ralentissait les films. » Il a donc tenté de faire parler ses acteurs plus vite que leur débit habituel, trouvant que le jeu en devient plus naturel et moins forcé. C'était en outre un souci de réalisme : il constatait que, dans la vie, les gens parlent vite et se coupent la parole. Ce système atteint son paroxysme avec La Dame du vendredi43, où tous les acteurs parlent encore plus vite que dans ses autres films et il estime que c'est ce qui en a fait le succès. Il a déclaré que de façon générale, quand une scène ne semble pas très bonne au tournage, il faut accélérer le jeu et elle sera meilleure à l'écran35.
Scarface
En 1931, Hawks tourne Scarface44, d'après le livre d'Armitage Trail. À cette date, plus de 50 films de gangsters sont mis en chantier par les studios hollywoodiens. Juste après la grande dépression de 1929 et en pleine prohibition (1919-1933), la figure du gangster est magnifiée par la presse et de nombreux spectateurs la perçoivent comme une alternative possible à leur vie terne et miséreuse. Certes, les metteurs en scène prennent en général grand soin de décrire les gangsters comme des psychopathes : ainsi Edward G. Robinson dans Le Petit César (1930) de Mervyn LeRoy ou James Cagney qui écrase un demi-pamplemousse sur le visage de sa compagne dans L'Ennemi public (1931) de William Wellman mais leur intelligence et leur débrouillardise passent tranquillement au travers des mailles de la censure[réf. souhaitée].
Quoi qu'en dise Jacques Lourcelles[Où ?], qui s'est très peu intéressé à Hawks, Scarface décrit bien dans les neuf dixièmes de son récit l'ascension d'un caïd aussi décidé et téméraire que dépourvu de scrupules. Tony Camonte (Paul Muni) cherchant dans ses patrons successifs les signes de l'accession au raffinement social fait souvent penser à Frank (Henry Fonda) dans Il était une fois dans l'Ouest[réf. souhaitée].
Rien d'étonnant donc que Scarface, dont le personnage principal est calqué sur Al Capone ait eu beaucoup d'ennuis avec la censure[réf. souhaitée]. Hawks dut concevoir trois fins. La première, interdite, montrait Scarface abattu par une bande rivale (fin réaliste et moderne mais qui avait l'inconvénient de montrer l'impuissance de la police). Hawks dut même rajouter les scènes où le commissaire compare les gangsters à des rats et celle où le directeur de l'Evening Record indique aux représentants du gouvernement des méthodes pour combattre le gangstérisme. La deuxième, où Scarface après avoir supplié les policiers de lui donner une chance puis, essayant de fuir, est abattu comme un chien sur le trottoir, est celle que nous connaissons. Dans la troisième, distribuée dans certains pays comme le Brésil, Scarface est jugé par un tribunal où il est qualifié de honte de la nation, expression qui servit d'abord de sous-titre au film avant d'être abandonnée. Il est ensuite traîné à la potence.
Hawks a souligné que son scénariste Ben Hecht et lui-même avaient pris les Borgia comme référence pour dépeindre le héros, en particulier sa jalousie incestueuse vis-à-vis de sa sœur35. Cette référence historique ne confère au récit une dimension tragique qu'à la toute fin du film après le retour de Californie et l'éloigne de tout sentimentalisme ou lyrisme qui s'exprimeront bientôt quand les gangsters apparaîtront aux yeux de tous comme des perdants destinés à toujours être pourchassés par la police ou des gangsters plus gros qu'eux (Les Fantastiques années 20 (1939) ou L'enfer est à lui (1949) de Walsh jusqu'à Scarface (1983) et Les Incorruptibles (1987) de Brian De Palma, Les Affranchis (1990) de Scorsese ou Le Parrain III (1990) de Coppola).
Le sujet est plutôt osé : un gangster, amoureux de sa sœur, voulant prendre le contrôle de la ville. Le scénario à peine rédigé fait scandale, et le film va mettre deux ans avant de sortir sur les écrans[réf. souhaitée]. C'est l'époque du code de censure de William Hays. Le producteur du film, l'extravagant Howard Hughes, se charge de régler les problèmes juridiques et demande à Hawks de ne se soucier que de la réalisation. Après de multiples coupes, et un carton moralisateur en guise d'introduction, Hawks doit encore modifier le titre qui devient Scarface, la honte d'une nation.
La relation hommes-femmes
Son cinéma se caractérise aussi par la faiblesse, voire le ridicule des hommes, face à des femmes très déterminées. Jean Tulard observe[Où ?] que Rio Bravo est caractéristique de ce rapport de séduction où la femme est dominante au point de « laisser croire qu'elle est choisie ».Galerie
FilmographieRéalisateur
Directeur de production
Bibliographie
HAWKS (Howard)
cinéaste américain (Goshen, Ind., 1896 - Los Angeles, Ca., 1977).
Il passe son enfance en Californie, avant d'acquérir à Cornell un diplôme d'ingénieur en mécanique industrielle. Ses vacances lui permettent de travailler au service des accessoires de la Famous Players Lasky. En même temps, il s'initie à la course automobile et au pilotage des avions. Pendant la Première Guerre mondiale, il servira dans la chasse. À son retour, il construit des avions et des bolides. En 1936, une de ses voitures gagnera à Indianapolis. Mais le cinéma garde sa préférence : on dit qu'il a dirigé quelques séquences de The Little Princess (M. Neilan, 1917), mais il excerce après la guerre les fonctions de monteur, d'assistant, de responsable du service des scénarios à la Paramount, de scénariste et de producteur. En 1926 enfin, il met en scène une histoire qu'il a écrite. Il sera désormais le producteur de presque tous ses films et collaborera, que le générique le mentionne ou non, à leurs scénarios.
Ses ouvrages muets ne laissent guère prévoir son originalité : le premier est perdu ; Sa Majesté la femme,avec beaucoup de verve, esquisse le motif de la guerre à l'intérieur du couple, mais Si nos maris s'amusent, en partie détruit, est une œuvre de commande quoique Hawks soit resté fier de son rythme vif ; Prince sans amour subit l'influence de Murnau, tandis que Poings de fer, cœur d'or met en place l'argument de l'amitié masculine troublée par une rencontre féminine ; l'Insoumise, fantaisie orientale qui doit au style de Sternberg, est reniée par son auteur, comme les Rois de l'air, film perdu ; Trent's Last Case, enfin, n'a guère été montré qu'en Angleterre et laisse Hawks insatisfait.
L'œuvre parlante, par contraste, possède une étonnante unité. Le génie de Hawks a besoin du langage, et il restera attentif aux accents (la Captive aux yeux clairs),au mélange de la parole et du cri (l'Impossible Monsieur Bébé), à la voix (Les hommes préfèrent les blondes), au point de faire de l'un de ses héros un linguiste (Boule de feu). Nul n'a mieux compris que l'expression du personnage doit venir du personnage lui-même ; nul ne s'est plus défié des possibilités suggestives de l'image. Le style de Hawks repose sur des cadrages particulièrement sobres, horizontaux, le plus souvent bien équilibrés ; la caméra n'a pas de mouvements autonomes ; les gros plans sont singulièrement rares. De plus, le parti pris conscient du conteur étant de traiter tous les sujets par la comédie, il ne pouvait guère se passer de la vivacité d'un dialogue, sauf à se limiter à des sujets en eux-mêmes burlesques.
Si la Patrouille de l'aube joue déjà sur l'alternance des séquences d'action pure, traitées dans le mouvement, et des scènes de rencontre, plus statiques, le modèle esthétique de l'œuvre ne sera complet qu'avec Seuls les anges ont des ailes, qui résume définitivement une formule que les autres films reprendront plus ou moins. La motivation narrative souligne le jeu du combat et de la rivalité : un groupe d'hommes (ou de femmes : Les hommes préfèrent les blondes) affronte un danger anonyme et indéterminé, le plus souvent naturel ; au sein de ce groupe, un lien d'amitié, que le dialogue suit avec beaucoup de délicatesse et de pudeur, va unir deux hommes d'âge différent ; une étrangère, cependant, cristallise leur émulation et accroît involontairement le péril qu'ils courent. La femme, dans la relation amoureuse, prend l'initiative, tandis que l'homme résiste au sentiment ; elle introduit un désordre dans la règle que les héros se sont fixée pour la réussite de leur entreprise. Ce dispositif a donné lieu à beaucoup de psychanalyse sauvage : on l'a cru misogyne, on y a vu une apologie implicite de la pédérastie, virile fraternité de l'éphèbe et du briscard. Ces interprétations sont inutiles ; l'armature de la fable possède d'abord une vertu esthétique, et les paradoxes qu'elle met en œuvre ont pour fonction première de souligner plaisamment sa clarté. Esprit moderne, Hawks admet sans peine la nécessité rafraîchissante du désordre, et que ses protagonistes masculins perdent leur dignité du fait de ses héroïnes n'ajoute qu'un charme supplémentaire à celles-ci. Au reste, si les hommes sont souvent prisonniers d'un code, les femmes apparaissent d'autant plus libres dans leur fantaisie. Avant tout, les perturbations qu'elles introduisent sont drôles, et les spectateurs auraient tort, devant le ridicule de ces mésaventures, de faire preuve de moins d'humour que les personnages qui en sont les victimes (Allez coucher ailleurs). Les comédies présentent d'ailleurs le procédé sous sa forme la plus pure : dédaignant toute nuance, elles se contentent d'énumérer à grande vitesse les humiliations désopilantes d'un monsieur grave, confit en compétence : le paléontologiste de l'Impossible Monsieur Bébé, à cause d'une femme, finira par savoir affronter un animal vivant, et c'est cela qui donne toute sa signification à l'écroulement d'un squelette de brontosaure, épilogue du film.
L'organisation méthodique ne saurait exclure définitivement la vie. Cette maxime devient aussi le principe de la mise en scène de Hawks. S'il définit avec précision ses personnages par des gestes, des costumes, des allures, si l'espace cinématographique peut se découper avec tant de netteté selon les fonctions de lieux divers, c'est bien parce que cette clarification ne saurait nuire au sentiment du vécu. L'intelligence de Hawks ne l'entraîne pas à dominer l'action, mais à la suivre avec la plus grande précision, l'effet de surprise ou de comique provenant toujours de ce que cette démarche n'atteint pas tout à fait son but : il y a un supplément, et l'ours ne renverse pas seulement le cycliste, il prend sa place (le Sport favori de l'homme).Bien loin que le récit exagère les actes, comme le veut une figure de l'épopée, il laisse les actes différer, et le surprendre ; la violence échappe (Rio Bravo), le stratagème tarde à se révéler (Rio Lobo), le pittoresque dissimule la souffrance physique (la Captive aux yeux clairs), comme le laconisme insolent cache la douleur morale (Seuls les anges ont des ailes).
Ainsi l'action n'est-elle exaltée, selon une figure qui n'est pas moins épique, que dans ses aspects techniques les plus minutieux. Elle n'a pour mission que de manifester la maîtrise spirituelle, qui n'exclut pas le sentiment, mais est incompatible avec tout sentimentalisme. La vision que Hawks donne de l'humanité n'obéit donc à aucun réalisme. Elle définit un style éthique. Si l'amitié y joue un rôle fondamental, c'est précisément parce qu'elle interdit toute complaisance.
Revenant inlassablement sur les mêmes motifs, voire sur les mêmes prétextes (la chasse, la course automobile, les savants, l'instauration du droit), cette œuvre n'est pourtant pas dépourvue de diversité. L'image, d'abord, y est plus ou moins simple, plus ou moins riche : le Port de l'angoisse et le Grand Sommeilpossèdent une densité concrète qu'on chercherait en vain dans la Rivière rouge. Quant à ses westerns, les premiers sont plus méditatifs que les derniers. L'accent tragique de Scarface et le tour mélancolique de la Terre des Pharaons leur sont bien propres. En revanche, Hawks a également bien réussi dans tous les genres, sauf la comédie musicale, peu propice à son ironie.
Films :
l'Ombre qui descend (The Road to Glory, 1926) ; Sa Majesté la femme (Fig Leaves, id.) ; Si nos maris s'amusent (The Cradle Snatchers, 1927) ; Prince sans amour (Paid to Love, id.) ; Une fille dans chaque port/ Poings de fer, cœur d'or (A Girl in Every Port, 1928) ; l'Insoumise (Fazil, id.) ; les Rois de l'air (The Air Circus,id., terminé et cosigné par Lewis Seiler, responsable des scènes parlantes) ; Trent's Last Case (1929) ; la Patrouille de l'aube (The Dawn Patrol, 1930) ; le Code criminel (The Criminal Code, 1931) ; La foule hurle (The Crowd Roars, 1932) [il existe une version française, La foule hurle, dirigée par Jean Daumery, avec Jean Gabin] ; Scarface (id., id.) ; le Harpon rouge (Tiger Shark, id.) ; Après nous le déluge (Today We Live,1933) ; Viva Villa ! (1934, achevé par Jack Conway et signé par lui seul) ; Train de luxe (Twentieth Century,id.) ; Ville sans loi (Barbary Coast, 1935) ; Brumes(Ceiling Zero, id.) ; les Chemins de la gloire (The Road to Glory, id.) ; le Vandale (Come and Get it, id., terminé et cosigné par W. Wyler) ; l'Impossible Monsieur Bébé(Bringing Up Baby, 1938) ; Seuls les anges ont des ailes(Only Angels Have Wings, 1939) ; la Dame du vendredi(His Girl Friday, 1940) ; le Banni (The Outlaw, RÉ 1941) [repris par le producteur H. Hughes, le film sortira sous sa seule signature en 1950] ; Sergent York (Sergeant York, 1941) ; Boule de feu (Ball of Fire, 1942) ; Air Force(1943) ; Corvette K 225 (id., PR seulement, Hawks a revu le scénario, choisi les acteurs et supervisé la réalisation, confiée à Richard Rosson) ; le Port de l'angoisse (To Have and Have Not, 1944) ; le Grand Sommeil (The Big Sleep, 1946) ; la Rivière Rouge (Red River, 1948) ; Si bémol et fa dièse (A Song is Born, id.) ; Allez coucher ailleurs (I Was a Male War Bride, 1949) ; la Chose d'un autre monde (The Thing from Another World / The Thing, 1951 [Hawks a travaillé au scénario et contrôlé de près la mise en scène, signée Christian Nyby]) ; la Captive aux yeux clairs (The Big Sky, 1952) ; O. Henry's Full House (id.), l'histoire intitulée The Ransom of Red Chief, coupée du film montré en France, la Sarabande des pantins) ; Chérie, je me sens rajeunir(Monkey Business, id.) ; Les hommes préfèrent les blondes (Gentlemen Prefer Blondes, 1953) ; la Terre des Pharaons (Land of the Pharaohs, 1955) ; Rio Bravo (id., 1959) ; Hatari ! (1962) ; le Sport favori de l'homme(Man's Favourite Sport, 1964) ; Ligne rouge 7000 (Red Line 7000, 1965) ; El Dorado (1967) ; Rio Lobo (1970).
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