duminică, 21 iunie 2020

PLEIN SOLEIL – René Clément (1960)


https://moncinemaamoi.blog/2018/07/20/plein-soleil-rene-clement-1960/

PLEIN SOLEIL – René Clément (1960)

Distribution:
Alain Delon : Tom Ripley/Philippe Greenleaf
Marie Laforêt : Marge Duval
Maurice Ronet : Philippe Greenleaf
Erno Crisa: l'inspecteur Riccordi
Elvire Popesco: D-na Popova


On dirait deux frères, sur cette piazza italienne. Philip ne veut pas rentrer en Amérique, chez son riche papa. C’est si bon de sentir le soleil sur sa chemise ouverte, de se perdre dans l’or des yeux de Marge. Tom Ripley a promis de le ramener au bercail pour 5 000 dollars. Mais en attendant, c’est si bon de profiter du train de vie d’un riche. Alors le garnement riche continue d’encaisser des mandats et le garnement pauvre, d’encaisser des humiliations… [Guillemette Odicino – Télérama (mars 2017)]
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PLEIN SOLEIL de René Clément (1960)
Pourquoi est-ce que ce sont toujours les autres qui jouissent des plaisirs de la vie ? Le luxe et la beauté sont-ils réservés aux riches ? En 1960, alors que La Dolce vita (1960) de Fellini est projeté dans les salles obscures avec le succès que l’on sait, un autre film traite du même thème en analysant son côté le plus sombre. Si Marcello Mastroianni, l’alter ego de Fellini, risque de perdre son identité en s’adonnant aux plaisirs faciles, Tom Ripley, pour sa part, n’a pas d’identité propre et prend celle d’une autre personne en l’assassinant.  [Film Noir 100 All-Time Favorite – Paul Duncan, Jürgen Müller – Edition Taschen – (2013)]
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PLEIN SOLEIL de René Clément (1960)
Le décor est le même – Rome, Via Veneto : l’Américain Philippe Greenleaf (Maurice Ronet) et Tom Ripley (Alain Delon) s’adonnent aux joies du farniente en Italie. L’argent n’a aucune importance puisque le père de Philippe a pour habitude de régler l’addition. Le milliardaire a engagé Tom pour faire revenir son fils aux États-Unis, mais le bon à rien s’y refuse catégoriquement. Tom lui envie sa rente mensuelle, sa vie insouciante et sa relation amoureuse avec sa maîtresse, la jolie Marge (Marie Laforêt). Lorsque Philippe Greenleaf déclare que la mission a échoué, ce qui n’était qu’une vague idée finit par se concrétiser et Tom passe à l’acte : il se débarrasse de son arrogant compagnon et endosse sa personnalité. Tom Ripley, le garçon qui vivait au jour le jour devient Philippe Greenleaf, fils de milliardaire cosmopolite.  [Film Noir 100 All-Time Favorite – Paul Duncan, Jürgen Müller – Edition Taschen – (2013)]
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PLEIN SOLEIL de René Clément (1960)
Ce meurtre de sang-froid n’est que le prélude à la mission que Tom s’est fixée : une mascarade risquée, susceptible d’être découverte au moindre faux pas. Il contrefait la voix de Philippe, imite sa signature, se sert de sa machine à écrire. Par prudence, il change constamment d’hôtels et évite de rencontrer les connaissances de Philippe. Son plan est presque parfait, mais c’est sans compter avec l’ami de Philippe, Freddy Miles (Billy Kearns), qui perce à jour le double jeu et le paie à son tour de sa vie. Se débarrasser du cadavre n’est pas une mince affaire. Mais Tom s’en tire admirablement, réussissant à faire croire que le meurtrier est Philippe Greenleaf qui se serait ensuite suicidé.  [Film Noir 100 All-Time Favorite – Paul Duncan, Jürgen Müller – Edition Taschen – (2013)]
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PLEIN SOLEIL de René Clément (1960)
L’insouciance méridionale, la caresse du soleil sur les peaux cuivrées et la musique de Nino Rota, le compositeur fétiche de Fellini, marquent de leur empreinte l’atmosphère trompeuse de cet excellent thriller psychologique qui explore les abîmes de l’âme humaine. Qui est vraiment Tom Ripley ? Est-ce le narcissisme, l’avidité ou l’amoralité qui le poussent à usurper l’identité de Philippe ? Existe-t-il un mobile homoérotique ? Marge manque cruellement d’épaisseur face à ces deux hommes. Au début du film, le spectateur en apprend beaucoup lorsque Philippe, entrant dans sa chambre, tombe nez à nez avec Tom en train de s’admirer dans le miroir de la penderie.  [Film Noir 100 All-Time Favorite – Paul Duncan, Jürgen Müller – Edition Taschen – (2013)]
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PLEIN SOLEIL de René Clément (1960)
Quel plaisir de comparer le film de René Clément avec le livre de Patricia Highsmith et avec le remake réussi The Talented Mr. Ripley (Le Talentueux Mr. Ripley) tourné en 1999 ! Les deux versions nous présentent un autre Ripley, un autre Philippe et une autre Marge. Avec Matt Damon, Anthony Minghella nous offre un Ripley qui est la proie de ses craintes intérieures et de ses instincts. Alain Delon, de son côté, l’incarne avec une élégance condescendante, supportant sans broncher les humiliations de Philippe, sûr qu’il est de sa supériorité. S’il tue, c’est bien parce qu’il perd momentanément sa maîtrise de soi. Il n’empêche que les actes qu’il entreprend ensuite pour tromper son monde sont planifiés jusque dans le moindre détail.  [Film Noir 100 All-Time Favorite – Paul Duncan, Jürgen Müller – Edition Taschen – (2013)]
Maurice Ronet, Alain Delon
PLEIN SOLEIL de René Clément (1960)
Cette adaptation du roman de Patricia Highsmith est une leçon de maîtrise formelle de la part de René Clément, qui passe de plans composés comme des vanités à une liberté très Nouvelle Vague. Sous la lumière éclatante, le désir de devenir un autre est encore plus sombre. Les visages s’affrontent en gros plans. Le vertige naît des correspondances visuelles. Les yeux de Maurice Ronet défient. Le regard aigue-marine de Delon est un océan de convoitise. Clément donne corps à l’envie, ce poison au centre du film. [Guillemette Odicino – Télérama (mars 2017)]
LES EXTRAITS

PATRICIA HIGHSMITH
« Je n’ai jamais pu travailler correctement avec des écrivains qui étaient comme moi spécialistes du thriller et du suspense », se plaint Alfred Hitchcock Quand il adapte son premier roman Strangers on a Train (L’Inconnu du Nord-Express, 1951) au cinéma. Son scénariste Raymond Chandler se casse les dents sur le livre – il trouve l’histoire peu crédible et stupide – et doit laisser la place à quelqu’un d’autre. Pourtant, ce film deviendra l’un des meilleurs d’Hitchcock. Au cœur de l’histoire, une fois encore, une amitié fatale entre deux hommes et une théorie bizarre : deux personnes, sans motif apparent, sont d’accord pour se tuer mutuellement. Ici, la dimension homoérotique sous-jacente n’est finalement qu’ébauchée. Il faudra attendre la nouvelle version de Plein soleil (Delitto in piene sole, 1960) sous le titre original The Talented Mr. Ripley (Le Talentueux Monsieur Ripley, 1999) pour qu’il gagne en netteté.
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Matt Damon, et Gwyneth Paltrow dans The Talented Mr. Ripley de Anthony Minghella (Le Talentueux Monsieur Ripley, 1999)
Patricia Highsmith, née en 1921 au Texas, est plus populaire de son vivant en Europe qu’aux États-Unis. Des nombreux romans complexes sur le plan psychologique qu’elle écrira, plus de vingt se passent en France, sa patrie d’élection. Ils inspireront de nombreuses adaptations, surtout par des réalisateurs français et allemands. Ainsi, Wim Wenders mettra en scène L’Ami américain (Der amerikanische Freund, 1977) d’après le policier Ripley s’amuse (Ripley’s Game), avec Dennis Hopper dans le rôle de Tom Ripley. Hans W. Geissendörfer adaptera La Cellule de verre (Die gläserne Zelle, 1977) d’après le roman éponyme (The Glass Cell) et Le Journal intime d’Edith (Ediths Tagebuch, 1983) d’après le roman Le Journal d’Edith (Edith’s Diary), qui sera porté à l’écran en 2009 dans une nouvelle adaptation de Jamie Thraves. En 1987, Claude Chabrol tournera le drame Le Cri du hibou. La « reine du crime », qui s’amusera toute sa vie de l’amour que les cinéastes lui portaient, s’éteint à Locarno en février 1995.
FICHE TECHNIQUE DU FILM 
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Alain Delon dans PLEIN SOLEIL de René Clément (1960)
5,0 Publiée le 19 février 2017
En 1961 c'est bien un metteur en scène français qui réinvente le film noir tombé en désuétude depuis une dizaine d'années après sa période dorée à Hollywood dans les années 1940. René Clément que l’on n’attendait pas dans cet exercice bouleverse complètement les archétypes picturaux du genre en abandonnant les décors urbains et nocturnes des grands films noirs des Siodmak, Lang ou Preminger directement inspirés de l'expressionnisme allemand. C'est en "plein soleil" comme le dit explicitement le titre du film que l'action va se jouer. Drôle de pari quand on y pense. Idem pour l'éternelle femme fatale qui laisse sa place à un mano à mano masculin où la tentation homosexuelle est à peine voilée. L'entreprise était donc plutôt périlleuse. René Clément qui comme Hitchcock avant lui (« L’inconnu du Nord Express »1951) adapte Patricia Highsmith s’en sort comme le maître qu’il était à coup sûr. La mise en scène de Clément laisse voir derrière l’intrigue à suspense une peinture au vitriol de l’éternel affrontement des classes sociales. Le choix des acteurs est très révélateur de cette volonté et l'on se dit que Bella Clément a eu une intuition de génie en convaincant son mari de confier à Delon le rôle de Ripley plutôt que celui de Philippe Greenleaf auquel son physique de jeune prince le prédisposait de prime abord. La performance de Maurice Ronet est en tout point remarquable et retranscrit parfaitement cette supériorité immanente des gens bien nés. La scène où ce dernier en compagnie de Ripley vient au guichet d'une banque chercher l’argent quotidien utile à sa vie de jeune riche héritier en vacances romaines nous dit tout de ce qui va se passer par la suite. Ripley comprend très vite que l’égalité affichée lors des scènes de débauche de l'entame du film ne sera jamais que de façade, l’argent et le rang reprenant toujours leur impitoyable droit. Une seule issue possible pour celui qui n’a rien et qui aspire à tout, prendre la place de celui qui possède. C’est vraiment le tour de force réussi par le scénario (Clément s’est adjoint la collaboration de Paul Gégauff) que de réussir à mener conjointement le suspense et le drame intime qui se joue en chacun des deux hommes. Dans cette histoire sordide et pathétique on se demande dans quelle mesure le drame qui se joue ne revêt pas une dimension sacrificielle chez Greenleaf après sa confession morbide à Ripley sur le bateau. Dans quelle mesure Ripley qui croit s’émanciper de son statut n’est-il pas jusqu’au bout le jouet de celui qui est né plusieurs étages au-dessus de lui ? Toutes ces questions sont admirablement portées par les regards des acteurs que la caméra de Clément fixe dans de nombreux gros plans. Cette pulsion de mort se retrouvera un peu plus tard dans les films noirs de Jean-Pierre Melville qui comme Clément fera de Delon son Stradivarius. C'est ainsi un pont qui se tend entre deux metteurs en scène aux partis pris esthétiques assez divergents. On admirera au passage la virtuosité technique d’Henri Decaë, directeur de la photographie à titrer de Melville lors de la scène de tempête ensoleillée qui constitue l’acmé de la tension qui règne entre deux hommes qui ne parviennent pas à concrétiser la pulsion charnelle qui les pousse l’un vers l’autre. Rarement l’ambiguïté aura été aussi palpable que dans ce film à facettes multiples où la frustration semble être le seul moteur d’action des protagonistes. Un mot enfin sur Marie Laforêt qui pour son premier rôle parvient à se faire une place au milieu de deux géants qui se jouent l’anthropophagie.
4,5 Publiée le 13 août 2013
A star was born. Les débuts fracassants d’Alain Delon comme acteur de premier plan, sous la caméra d’un réalisateur de haut vol qu’il retrouvera par la suite à plusieurs reprises. Delon incendie littéralement l’écran par son physique extraordinaire, le magnétisme de son regard et l’ambiguïté géniale qu’il parvient à instiller à son personnage. Mais il le doit aussi à René Clément, qui lui offre un rôle d’une grande richesse en même temps qu’un écrin inoubliable. Ah, la lumière du sud de l’Italie, formidablement captée par Henri Decae ! Les décors marins d’Ischia (où furent tournées les scènes de Montebello), les appartements imprégnés d’âme italienne, la mer d’un bleu aussi mortel que les yeux de Delon, les rues de Rome,et de Naples ornées d’une touche fellinienne (la partition de Nino Rota)… Clément ne se contente évidemment pas de produire de belles images : souvent inspiré (on passera sur quelques maladresses, comme la caméra qui s’arrête sur le Bouddha vert quelques instants avant qu’il ne serve au deuxième meurtre, genre : « ce truc là, vous allez le revoir dans pas longtemps »), il signe quelques magnifiques moments : le meurtre à bord du yacht, sorte de tempête de soleil balayée par les vents marins, la visite par Delon du marché aux poissons… De quoi faire taire définitivement les porte-flingues de la Nouvelle Vague qui l’avaient pris pour cible. Au côté de Delon, Maurice Ronet signe également une prestation remarquable, ange déchu à mi-chemin du Claude Rich des « Tontons flingueurs » (le mélange de légèreté et d’arrogance) et du Henry Fonda de « Il était une fois dans l’ouest » (le sourire et le côté inquiétant). Marie Laforêt est un ton en dessous, en dépit de ses grands yeux dorés : elle a du mal avec les dialogues, il est vrai souvent empesés, qui constituent la seule vraie faiblesse du film. Cela s’oublie vite : cinquante ans après, « Plein soleil » reste une référence incontestable - d'autant, on oublierait presque de le signaler, que son intrigue est palpitante de bout en bout.
3,5 Publiée le 29 juin 2013
Un drame franco-italien lent, au suspense omniprésent. Un film qui brille avant tout par le jeu d’Alain Delon, assez magistral dans son rôle de manipulateur. Malgré quelques longueurs, le scénario est également bien ficelé et, la musique, l’atmosphère envoûtante et le cadre italien des années 1960 sont d’autres atouts de la réalisation. Première adaptation du livre de Patricia Highsmith, "Plein Soleil" se présente donc comme un bon film policier, au charme certain !
5,0 Publiée le 24 février 2012
Chef-d’œuvre du thriller à l’ancienne, et petit classique du genre. Histoire écrite avec intelligence, scénarisée avec soin, et interprété de main de maître, avec un casting superbe. La complexité du film est resserré autour du personnage de Ripley, qui manipule tout son monde avec la maestria d’un joueur d’échecs aux mains sales. Clément orchestre cela comme un jeu de piste excitant et mortel. D’ailleurs le jeune Alain Delon a l’assurance d’un vieux brise quart, et la beauté de la jeunesse, qui nous prend nous aussi dans sa toile d'araignée. Réné Clément n’a rien à envier au maître du suspense, Alfred Hitchcock, il mise un peu plus sur la psychologie des personnages, et pourrait même se demander si Tom Ripley n’a pas de problèmes d’ordre mentaux quand on pense à l’effarante scène qui suit le deuxième meurtre. Il y a différents niveaux de lecture ce qui désamorce l’effet conclusif du terrible final, un magnifique coup de théâtre comme il en arrive très peu; une sorte de coup du sort, coup du destin, effet de surprise, à tomber par terre à la première vision, à étudier à la deuxième. Et puis il y a ce soleil brûlant, les paysages du sud de l’Italie. Les couleurs sont vraiment éclatantes,(la copie DVD a été très bien restaurée!), un rien de mysticisme qui tranche avec une mise en scène très moderne et méthodique, sans aucun hasard, ni faiblesse, au contraire, variété et richesse des plans du maestro, et des situations qui brouillent les pistes du labyrhinte. A mettre d'urgence dans sa DVDthèque!
3,0 Publiée le 30 septembre 2010
Considéré par beaucoup comme un grand classique du cinéma français, ce "Plein soleil" peut apparaître aujourd'hui un peu surfait. Cela est sans doute dû à un scénario étiré de manière un peu trop évidente sur 110 minutes, et ce sans que l'intrigue ne le justifie à aucun moment. On aurait ainsi aimé plus de complexité, René Clément ayant il est vrai quelques difficultés à rendre fascinant ce cadre italien qui paraissait pourtant propice à de belles possibilités. Néanmoins, force est de reconnaître qu'on ne s'ennuie en définitive pas devant ce spectacle somme toute bien réalisé et disposant de suffisamment d'ambiguité et de talent humain pour nous faire passer un bon moment. De plus, le personnage de Tom Ripley, malgré son manque de motivation quelque peu gênant, réussit à bien des instants à se faire des plus intrigants, le charisme d'Alain Delon lui apportant qui plus une dimension toute particulière. A défaut donc d'est être le chef d'oeuvre attendu, "Plein soleil" n'en demeure pas moins un bon policier, disposant de suffisamment d'atouts pour vous séduire et vous faire passer un bon moment.
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"Plein soleil" est adapté d'un roman de Patricia Highsmith et s'intéresse aux agissements de Tom Ripley (Alain Delon), un jeune homme ambitieux et manipulateur qui s'est immiscé dans le quotidien de Philippe Greenleaf (Maurice Ronet), le fils d'un milliardaire américain, et de sa compagne, Marge (Marie Laforêt). Ce long-métrage de René Clément est un grand film à l’atmosphère très hitchcockienne. L’histoire est passionnante à suivre et fait du spectateur un "témoin" des agissements criminels de Tom Ripley, qui veut devenir "calife à la place du calife". Le suspense est omniprésent (notamment dans la scène incroyable où Ripley descend un cadavre de sa chambre d'hôtel à sa voiture) et la fin, bien que différente de celle du livre, est plutôt réussie de par son côté directe et inéluctable. Premier grand rôle d’Alain Delon (avec "Rocco et ses frères", sorti la même année), l’acteur incarne à la perfection toutes les facettes de son personnage sombre et calculateur. Face à lui, on retrouve le grand Maurice Ronet, qui fait preuve de sa classe et de son charisme habituels, et Marie Laforêt, qui s’en sort plutôt bien pour un premier rôle au cinéma. Quant à la musique de Nino Rota, elle est superbe. Signalons enfin le remake américain réalisé par Anthony Minghella, avec Matt Damon et Jude Law, qui, sans atteindre la qualité du film de Clément, s'avère de bonne facture.
4,5 Publiée le 4 novembre 2019
Quel film ! Je dois dire que je ne m'y attendais pas forcément, je ne savais pas de quoi ça parlait et je l'ai juste regardé parce que l'actrice Marie Laforêt est décédée et je voulais me renseigner sur sa carrière. Et franchement le film est formidable. Ce qui frappe de prime abord c'est le charisme de Delon à vingt-cinq ans, enfin tous les acteurs sont beaux et le début du film semble s'orienter vers une histoire d'amis, avec de la drague, de l'adultère... Tout le monde rigole tout le temps, tout le monde s'amuse... Il y a une sorte d'innocence de la part d'une jeunesse dorée élevée avec le fric de papa et d'un pauvre qui vient faire un peu le pique-assiette. Puis ils montent sur ce fameux bateau et le ton change drastiquement. Le spectateur est un peu perdu, est-ce-que cette histoire d'amitié qui traverserait les classes sociales serait du bidon ? Que peuvent bien avoir les différents personnages derrière la tête ? La tension monte d'un cran. Tout ça se complique très vite et le film devient réellement fascinant. Il y a ces corps sous le soleil, leurs jeux dont on ne sait pas trop s'ils auront des conséquences ou non... Et puis soudain il y a le point qui fera basculer tout le film... J'aime vraiment comment René Clément sexualise ces corps, que ça soit Delon ou Laforêt, comment il les sublime sous ce soleil de plomb. Mais surtout il sait faire monter la tension au fur et à mesure. Le personnage de Delon joue un jeu dangereux et sacrément tordu, mais ça fonctionne vraiment bien à l'écran car il y a toujours quelque chose pour mettre la pression et à chaque fois c'est vraiment moins une. C'est réellement un film fascinant et assez stressant. Car mine de rien, Delon a beau être un salaud de première, il se met dans de beaux draps et malgré tout j'avais envie qu'il s'en sorte. C'est lié à son charisme, mais surtout à la tension continue qui pèse sur lui, c'est le seul personnage auquel on peut se raccrocher et on ne veut pas qu'il lui arrive du mal. Clairement il y a une fascination autour de son personnage qui s'en sort malgré ses plans tordus, malgré ses actions pour le moins délictueuses... C'est un film qui se regarde avec les yeux grands ouverts pour ne pas en perdre une miette. Un régal. Dans le genre du thriller psychologique c'est clairement un modèle. Disons que le déroulé de l'intrigue est vraiment inattendue, que le personnage principal est juste parfait avec son côté mystérieux bien que l'on suive tous ses faits et gestes. Il fallait réussir à le faire ça, avoir un personnage principal qui reste une énigme pour le spectateur. Surtout que le film n'explicite pas tout par des dialogues. On comprend ses intentions, ou plutôt on les devines, tandis que Delon fait toujours plus ou moins la même tête, excepté quelques rares sourires. En tous cas j'en suis ressorti comblé... surtout que la fin est parfaite. Comme un coup du sort au moment où Delon et le spectateur pensaient enfin pouvoir se détendre. Je dois le dire c'est brillant et glaçant à la fois. Vraiment je me suis régalé.
4,0 Publiée le 30 novembre 2013
Il y a eu Gainsbourg et Gainsbarre, Belmondo et Bébel, Renaud et Renard... ainsi qu'Alain Delon et Alain Melon. Le film de René Clément met heureusement en scène la première facette du comédien, impressionnant de magnétisme et de présence physique. Les autres acteurs (Laforêt, Ronet) soutiennent avec force son regard et lui rendent la réplique parfaitement. Plein Soleil est également muni d'autres atouts : qualité de la mise en scène et du jeu des lumières qui rend justice au titre, ambiguïté troublante tant au niveau des relations entre les personnages que dans les motivations de leurs actes. Bon film.
5,0 Publiée le 24 septembre 2013
Devant les attaques violentes et incompréhensibles de la Nouvelle Vague René Clément se défend de la plus belle des manières, en offrant un pur chef d'oeuvre. D'après Patricia Highsmith ce roman est adapté par Paul Gégauff, auteur attitré de Claude Chabrol (pourtant réalisateur de la Nouvelle Vague !). Un superbe film où Delon impose sa beauté incandescente et sa jeunesse. Beau et machiavélique, tout en nuance (Damon en 1999 sera moins subtil) Delon est un Ripley vénéneux, ange de la mort mené par la convoitise et la jalousie. Escroquerie, meurtre et autres vices au rang d'art pour un énième chef d'oeuvre de René Clément... N'en déplaise à la Nouvelle Vague... Maurice Ronet est au sommet de son art tandis que les magnifiques paysages d'Italie font un contraste saisissant avec le drame qui se joue.
4,0 Publiée le 20 avril 2010
Un des plus grands films sur le thème du double et de l'identité. Même cinquante ans après sa sortie, il a plusieurs aspects absolument fascinants qui demeurent dans le film de René Clément. Tout d'abord ce soleil chaud et omniprésent illuminant la peau d'Alain Delon, il y a la Toscane belle et mystérieuse, puis les douces et stressantes mélopées de Nino Rota. Clément s'est totalement approprié puis immergé dans le roman de Patricia Highsmith et nous en livre une adaptation magistrale avec un Delon magnifique. Surement l'un de ses meilleurs films.
4,0 Publiée le 4 octobre 2011
Un grand film de René Clément, un de ses meilleurs... Un film policier très original, d'une intensité exceptionnelle, développant étrangement ses personnages, les rendant fascinant et très intrigant, et notamment le personnage central, joué par Alain Delon, tuant un de ses amis et lui volant son identité, jouant tout au long du film deux rôles, et parfois a l'insu des mêmes personnes. Une atmosphère poignante et une histoire passionnante, entretenues brillamment a travers une mise en scène sublime, très colorée (de magnifiques paysages donnent un coté ensoleillé presque en contradiction avec le reste du film -sauf son titre) et la bande-originale est d'une grande beauté !
2,5 Publiée le 30 septembre 2008
Plein soleil est un film qui a marqué son temps. En effet, le scénario repose essentiellement sur une psychologie formidablement cadenassée par des facettes multiples, dont le duel tranchant et vedette de l'affiche, composé par Maurice Ronet et le nouveau talent, Alain Delon. René Clément dirige ses acteurs à la baguette, avec talent et rigueur. Pour un résultat propre, sans bavure. Certes, l'ensemble arrive tout de même à nous retenir, ne serait-ce que pour sa performance d'acteurs remarquable et ses numéros de hautes volées. Cependant, l'oeuvre elle-même a perdue l'essence de ce qui a fait sa renommée. Le cavenas y est convenu. La ficelle s'épuise par son jeu de chat et de la souris, naviguant en eaux sûrs pour le cinéaste mais sans surprise pour le spectateur. La banalité prédit la sensation de lassitude, malgré le charme entier des comédiens et de la narration. Ce genre de film s'est construit avec le temps et par le biais de la reconnaissance de sa qualité une étiquette, le regard et le reconnaissance. Ils marquent un début important d'un moment cinématographique. Mineur dans ce cas là, Plein soleil mérite le coup d'oeil pour les débuts d'Alain Delon et, évidemment, pour l'honorabilité de l'ensemble. Néanmoins, faute de pouvoir trouver un second souffle et à continuer à ouvrir des portes toujours en réflexions jusqu'alors inaboutie par la voie de l'interprétation, le long-métrage trouve sa place dans les mémoires du cinéma. Et sans pour autant nous bouleverser ou nous faire réfléchir, il ne peut alors se poser qu'une seule question pour un débat toujours aussi actuel : qu'est-ce qu'un Classique ?
1,0 Publiée le 15 juillet 2013
Plein Soleil a très mal vieilli et m'a laissé de glace. Le film est lent et ennuyeux et jamais je n'ai réussi a rentrer dans cet univers aussi sublime que vide. La psychologie des personnages est inexistante et l'intrigue n'est donc pas très engageante. A cela on peut ajouter que le jeu des acteurs n'a pas passé l'épreuve du temps. En effet ces derniers sont souvent catastrophiques. Heureusement ils sont beaux mais après un moment ça ne suffit pas pour tenir le spectateur en haleine. Et ce n'est pas non plus une Italie touristique de carte postale qui réussit a sauver l'ensemble. Restent la musique et l'apparition surprise de la sublime Romy Schneider. Cette dernière apparaît a l'écran une vingtaine de secondes. C'est peu mais c'est ce que le film recèle de meilleur.
1,5 Publiée le 20 septembre 2013
Perso, ce film ne me semble pas inoubliable... Milieu richards, play boys, yachts, nanas pomponnées... Film sans rythme, lent, ennuyeux. Univers aussi friqué que vide. Maurice Ronet est admirable comme dans tous ses rôles. Delon, tout jeune qu'il est, a déjà les tics de Delon... Évidemment Delon est beau. Comme une médaille. Romy entrevue est magnifique! Comme une Venus. Est-ce suffisant? Cette HISTOIRE glauque qui se déroule sur la Riviera est, à mon avis, INSIGNIFIANTE... Si ce n'est politiquement... Ces parasites mondains friqués sont vraiment la plaie de notre société! Je préfère, de loin, ceux qui se tordent les doigts pour faire correctement ce qui sert à tous (ouvriers, artisans, fonctionnaires....). Les humbles!
4,5 Publiée le 26 juillet 2013
Pour comprendre la différence entre un "acteur" et un "comédien" - La naissance d'un "acteur" de ciné né: Alain Delon. Son 1er rôle: il a 25 ans. Un félin tout en ambiguité et sous-texte… du grand art. Une beauté du diable doté d'un talent hors-norme. Il est ici comme une anguille dans l'eau… est filmé comme Greta Garbo. Une crapule machiavéliquement séduisante. Pour la beauté du soleil italien.. la musique de Nino Rota qui donne à tout ceci un faux-air de "Dolce Vita". La mise en scène est simple..d'une perfection hitchcockienne classique. C'est sa force. L'Estamancolor restauré est rutilant. Romy Schneider fait une brève apparition. Elvire Popesco est géniale. Le trio Delon+Ronet+Laforet fonctionne à merveille. Petite déception tout de même: le jeu des acteurs (Ronet et Laforet surtout) a un peu vieilli. ils ne parlent pas toujours juste. Certaines scènes de suspense tirent inutilement à la ligne. spoiler:  "Le talentueux Mr. Ripley" sera plus fidèle. Je me suis empressé de le voir à la suite. Les deux versions sont complémentaires.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm-4916/critiques/spectateurs/#review_38239507

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