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JOHN FORD
cinéaste américain (Cape Elizabeth, Maine, 1894 - Palm Desert, Ca., 1973).
L'une des cinq ou six « colonnes du temple » hollywoodien, un de ces hommes qui ont façonné à jamais le visage du cinéma. « Un créateur à l'état brut, sans préjugés, sans recherche, immunisé contre les tentations de l'intellectualisme » (F. Fellini). « Un de ces artistes qui n'utilisent jamais le mot art, de ces poètes qui ne parlent jamais de poésie » (F. Truffaut).
Simplicité : telle est la qualité première des quelque 140 films que Ford a tournés, entre 1917 et 1966. Simplicité d'une action ramassée, dépouillée jusqu'à l'épure, d'un décor (celui de Monument Valley, notamment) personnalisé de manière inimitable, d'une plastique vigoureuse, d'une direction d'acteurs exemplaire. Le classicisme américain dans toute sa majestueuse splendeur. D'où un succès qui ne s'est jamais démenti, et l'admiration inconditionnelle que lui vouent cinéastes, critiques et public du monde entier, pour une fois réunis dans l'éloge. Dans le référendum organisé en 1976 par la Cinémathèque royale de Bruxelles, à l'occasion du bicentenaire des États-Unis, auprès de 200 spécialistes internationaux, visant à désigner les plus grands films et les plus grands metteurs en scène de l'histoire du cinéma américain, John Ford arrive en tête, distançant Griffith, Chaplin et Welles.
Et quelle modestie en même temps dans ses (rares) interviews, quel humour ! « Je suis un paysan qui fait des films de paysan », déclare-t-il. Ou bien : « Je suis un metteur en scène de comédie qui fait des films tristes. » Ou encore : « Je ris tout le temps. Mais à l'intérieur. » À la question de savoir quels sont ceux de ses films qu'il préfère, il répond : « The Sun Shines Bright, dont le personnage est très proche de moi, et Young Mr. Lincoln. Je suis très fier aussi de The Long Voyage Home, How Green Was my Valley, Drums Along the Mohawk, She Wore a Yellow Ribbon, Cheyenne Autumn. J'adore Sergeant Rutledge. » On observera que ce ne sont pas là ses films les plus spectaculaires, ni même les plus célèbres (tels le Mouchard ou la Chevauchée fantastique), mais plutôt les ouvrages intimistes, proches de la juste mesure humaine
On peut diviser la carrière de John Ford en quatre grandes périodes :
La période muette (1917-1928),
la plus abondante : soixante films, les premiers, il est vrai, étant des shorts de deux à six bobines. On y trouve déjà un large éventail de genres : comédies sentimentales, sportives, mélodrames, films de guerre, mais surtout des westerns, depuis la série des « Cheyenne Harry », interprétés par Harry Carey, jusqu'aux Trois Sublimes Canailles, en passant par le fameux Cheval de fer (1924), vaste épopée de la conquête du rail. Certains de ces films sont encore signés Jack Ford, le pseudonyme ayant été repris à son frère Francis, de treize ans son aîné, qui l'avait précédé dans les studios de la Universal, et dont il fut d'abord l'assistant et l'accessoiriste. Juste revanche, ce dernier deviendra par la suite la « mascotte » attitrée des films de son cadet.
L'évolution vers la maturité (1928-1941),
qui voit son style s'épanouir, ses sujets se hausser à la dimension épique (n'excluant jamais un solide humour), son idéologie « lincolnienne » s'exprimer sans détours. C'est l'époque de Air Mail, de la Patrouille perdue, de Je n'ai pas tué Lincoln, de la Chevauchée, des Mohawks et du Long Voyage. Grands et petits sujets sont passés au même pressoir d'idéalisme familier et chaleureux. Ford se paie même le luxe de manifester son soutien aux minorités opprimées, dans les Raisins de la colère et surtout dans le méconnu et très « engagé » Révolte à Dublin. Le sommet de cette période est sans doute Vers sa destinée (1939), hymne éperdu au libéralisme.
La guerre d'aujourd'hui et d'hier (1942-1951).
En 1941, Ford est mobilisé dans la Marine (au grade de lieutenant-commandant). Il participe à sa manière à l'effort de guerre américain, avec deux beaux films : la Bataille de Midway et les Sacrifiés. À la fin des hostilités, il se tourne — vieille nostalgie de baroudeur — vers les combats d'autrefois : Fort Apache, la Charge héroïque et Rio Grande forment une trilogie à la gloire de la cavalerie américaine. John Wayne, son acteur de prédilection, y forge son mythe. La guerre est aussi un prétexte à comédie (Planqué malgré lui) ou à propagande directe (This Is Korea). Mais Ford n'oublie pas pour autant le western, à dominante volontiers folklorique (My Darling Clementine) ou allégorique (le Fils du désert).
Le retour aux sources (1952-1966).
La dernière période fordienne pousse le cinéaste vers l'Irlande de ses ancêtres (l'Homme tranquille, Quand se lève la lune), la chronique provinciale (Le soleil brille pour tout le monde, la Dernière Fanfare), la vie quotidienne d'un policier londonien (Gideon of Scotland Yard), la guerre de Sécession vue par le petit bout de la lorgnette (les Cavaliers), le western lyrique et décontracté (la Prisonnière du désert, les Deux Cavaliers). Il clôt sa carrière sur deux films admirables, qui exaltent la générosité et le sacrifice : les Cheyenneset Frontière chinoise.
Ford, réactionnaire ou révolutionnaire ? La question n'a guère de sens. Il incarne les contradictions de l'Amérique, son passé comme son avenir, les forces de la tradition comme celles du progrès, l'Ancien et le Nouveau Testament. Son art échappe aux classifications restrictives. Il crée ce que Carson demande à « Spig » Wead dans L'aigle vole au soleil : « De simples choses. Et qui comptent. De la poésie pure. »
Films :
The Tornado (CM, 1917) ; The Trail of Hate (CM, id.) ; The Scrapper (CM, id.) ; Pour son gosse (The Soul Herder, CM, id.) ; Cheyenne's Pal (CM, id.) ; le Ranch Diavolo (Straight Shooting, id.) ; l'Inconnu (The Secret Man, id.) ; A Marked Man (id.) ; À l'assaut du Boulevard(Bucking Broadway, id.) ; le Cavalier fantôme (The Phantom Riders, 1918) ; la Femme sauvage (Wild Women, id.) ; Thieve's Gold (id.) ; la Tache de sang (The Scarlet Drop, id.) ; Du sang dans la prairie (Hell Bent,id.) ; The Craving (id.) ; le Bébé du cow-boy (A Woman's Fool, id.) ; le Frère de Black Billy (Three Mounted Men,id.) ; Sans armes (Roped, 1919) ; The Fighting Brothers(CM, id.) ; À la frontière (A Fight for Love, id.) ; By Indian Post (CM, id.) ; The Rustlers (CM, id.) ; le Serment de Black Billy (Bare Fists, CM, id.) ; Gun Law (CM, id.) ; The Gun Packer (CM, id.) ; la Vengeance de Black Billy(Riders of Vengeance, id.) ; The Last Outlaw (CM, id.) ; le Proscrit (The Outcasts of Poker Flat, id.) ; le Roi de la prairie (The Ace of the Saddle, id.) ; Black Billy au Canada (The Rider of the Law, id.) ; Tête brûlée (A Gun Fightin ’ Gentleman, id.) ; les Hommes marqués (Marked Men, id.) ; The Prince of Avenue A (1920) ; The Girl in Number 29 (id.) ; l'Obstacle (Hitchin' Posts, id.) ; Pour le sauver (Just Pals, id.) ; Un homme libre (The Big Punch,1921) ; The Freeze-Out (id.) ; The Wallop (id.) ; Face à face (Desperate Trails, id.) ; Action (id.) ; Sure Fire (id.) ; Jackie (id.) ; Little Miss Smiles (1922) ; Silver Wings(prologue, id.) ; le Forgeron du village (The Village Blacksmith, id.) ; l'Image aimée (The Face on the Bar-room Floor, 1923) ; Three Jumps Ahead (id.) ; Cameo Kirby (premier film signé John Ford, id.) ; le Pionnier de la baie d'Hudson (North of Hudson Bay, id.) ; Hoodman Blind (id.) ; le Cheval de fer (The Iron Horse, 1924) ; les Cœurs de chêne (Hearts of Oak, id.) ; Sa nièce de Paris(Lightnin ’, 1925) ; la Fille de Négofold (Kentucky Pride,id.) ; le Champion (The Fighting Heart, id.) ; Extra Dry(Thank You, id.) ; Gagnant quand même (The Chamrock Handicap, 1926) ; l'Aigle bleu (The Blue Eagle, id.) ; les Trois Sublimes Canailles (Three Bad Men, id.) ; Upstream (1927) ; Maman de mon cœur (Mother Machree, 1928) ; les Quatre Fils (Four Sons, id.) ; la Maison du bourreau (Hangman's House, id.). — Films parlants : Napoleon's Barber (CM, id.) ; Riley the Cop(id.) ; le Costaud (Strong Boy, 1929) ; The Black Watch(id.) ; Salute (CO : D. Butler, id.) ; Hommes sans femmes(Men Without Women, 1930) ; Born Reckless (id.) ; Up the River (id.) ; Seas Beneath (1931) ; The Brat (id.) ; Arrowsmith (id.) ; Tête brûlée (Air Mail, 1932) ; Une femme survint (Flesh, id.) ; Deux Femmes (Pilgrimage,1933) ; Docteur Bull (Dr Bull, id.) ; la Patrouille perdue(The Lost Patrol, 1934) ; le Monde en marche (The World Moves on, id.) ; Judge Priest (id.) ; Toute la ville en parle (The Whole Town's Talking, 1935) ; le Mouchard(The Informer, id.) ; Steamboat ' Round the Bend (id.) ; Je n'ai pas tué Lincoln (The Prisoner of Shark Island,1936) ; Marie Stuart (Mary of Scotland, id.) ; Révolte à Dublin (The Plough and the Stars, id.) ; Hurricane (The Hurricane, 1938) ; la Mascotte du régiment (Wee Willie Winkie, id.) ; Quatre Hommes et une prière (Four Men and a Prayer, id.) ; Patrouille en mer (Submarine Patrol,id.) ; The Adventures of Marco Polo (CORE : scènes d'action, id.) ; la Chevauchée fantastique (Stagecoach,1939) ; Vers sa destinée (Young Mr. Lincoln, id.) ; Sur la piste des Mohawks (Drums Along the Mohawk, id.) ; les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath, 1940) ; les Hommes de la mer / le Long Voyage (The Long Voyage Home, id.) ; la Route du tabac (Tobacco Road, 1941) ; Sex Hygiene (CM DOC , US Army, id.) ; Qu'elle était verte ma vallée (How Green Was My Valley, id.) ; The Battle of Midway (CM DOC, US Navy, 1942) ; Torpedo Squadron (id., id.) ; December 7th (id., CO G. Toland, 1943) ; Nous partons ce soir (We Sail at Midnight, id., id.) ; les Sacrifiés (They Were Expendable, 1945) ; la Poursuite infernale (My Darling Clementine, 1946) ; Dieu est mort (The Fugitive, 1947 [tourné au Mexique]) ; le Massacre de Fort Apache (Fort Apache, 1948) ; le Fils du désert (Three Godfathers, 1949) ; la Charge héroïque(She Wore a Yellow Ribbon, id.) ; Planqué malgré lui(When Willie Comes Marching Home, 1950) ; le Convoi des braves (Wagonmaster, id.) ; Rio Grande (id.) ; This is Korea (supervision, CM DOC, US Navy, 1951) ; What Price Glory (1952) ; l'Homme tranquille (The Quiet Man,id.) ; Le soleil brille pour tout le monde (The Sun Shines Bright, 1953) ; Mogambo (id.) ; Ce n'est qu'un au revoir(The Long Gray Line, 1955) ; Permission jusqu'à l'aube (Mister Roberts, CO M. LeRoy, id.) ; The Bamboo Cross(TV, id.) ; la Révélation de l'année (Rookie of the Year,TV, id.) ; la Prisonnière du désert (The Searchers,1956) ; L'aigle vole au soleil (The Wings of Eagles,1957) ; Quand se lève la lune (The Rising of the Moon,id.) ; So Alone (CM, GB, 1958) ; la Dernière Fanfare(The Last Hurrah, id.) ; Inspecteur de service (Gideon's Day / Gideon of Scotland Yard, GB, 1959) ; Korea (DOC, US Army, id.) ; les Cavaliers (The Horse Soldiers, id.) ; le Sergent noir (Sergeant Rutledge, 1960) ; The Colter Craven Story (TV, id.) ; The Alamo (supervision du film réalisé par John Wayne, id.) ; les Deux Cavaliers (Two Rode Together, 1962) ; l'Homme qui tua Liberty Valance(The Man who Shot Liberty Valance, id.) ; Flashing Spikes (TV, id.) ; la Conquête de l'Ouest (How the West Was Won [séquence de la guerre de Sécession], id.) ; la Taverne de l'Irlandais (Donovan's Reef, 1963) ; les Cheyennes (Cheyenne Autumn, 1964) ; le Jeune Cassidy (Young Cassidy, CO J. Cardiff, 1965) ; Frontière chinoise (Seven Women, 1966). John Ford aurait également participé, en 1971, au film de propagande produit par les Services américains d'information : Vietnam, Vietnam.
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Sean Aloysius O'Feeney ou O'Fearna, dit John Ford
Cinéaste américain (Cape Elizabeth, Maine, 1895-Palm Desert, Californie, 1973).
UNE ŒUVRE FÉCONDE ET VARIÉE
Le jeune Sean Aloysius, issu de parents irlandais émigrés, fait au collège de Portland de brèves études, échoue à l'examen d'entrée de l'académie navale d'Annapolis, accepte un temps un poste dans le service de publicité d'une firme de chaussures, puis rejoint en 1914, à Hollywood, son frère, qui a pris le pseudonyme de Francis Ford et travaille comme acteur et réalisateur pour la Bison Universal. Adoptant à son tour le nom de Ford, John (Jack à ses débuts) se voit confier dès 1917 par Carl Laemmle une série de westerns interprétés par Harry Carey. Pendant une dizaine d'années, il semble se spécialiser dans les films d'aventures, lance Hoot Gibson après Harry Carey, réalise deux films avec Buck Jones et deux autres avec Tom Mix. Son meilleur film de l'époque muette est le Cheval de fer (The Iron Horse, 1924) : ce western épique confirme l'importance d'un genre qui vient, avec la Caravane vers l'Ouest (The Covered Wagon, 1923) de James Cruze, d'acquérir ses lettres de noblesse. Mais Ford délaisse parfois les cow-boys pour la comédie (dès 1920, The Prince of Avenue A., sur les milieux irlandais de New York, inaugurait une série d'œuvres qui prirent l'Irlande ou le caractère irlandais pour toile de fond).
Il rencontre le succès avec Quatre Fils (Four Sons, 1928) et franchit le cap du parlant avec Napoleon's Barber (1928). Il rencontre à cette époque deux de ses plus célèbres interprètes, John Wayne et Ward Bond, ainsi que le scénariste Dudley Nichols (1895-1960). C'est à ce dernier qu'on doit notamment les scénarios de la Patrouille perdue (The Lost Patrol, 1934), le Mouchard (The Informer, 1935, d'après Liam O'Flaherty), Mary Stuart (Mary of Scotland, 1936), Révolte à Dublin (The Plough and the Stars, 1937), la Chevauchée fantastique (Stagecoach, 1939), le Long Voyage (The Long Voyage Home, 1940, d'après Eugene O'Neill) et Dieu est mort (The Fugitive, 1947).
Le Mouchard, fortement influencé par les techniques expressionnistes, est couronné par un Oscar pour la meilleure réalisation de l'année, comme le seront plus tard les Raisins de la colère, Qu'elle était verte ma vallée et l'Homme tranquille. De Toute la ville en parle (The Whole Town's talking, 1935), satire du gangstérisme, à la Poursuite infernale (My Darling Clementine, 1946), John Ford tourne une série de films importants : Je n'ai pas tué Lincoln (The Prisoner of Shark Island, 1936), Vers sa destinée (Young Mr. Lincoln, 1939), Sur la piste des Mohawks (Drums along the Mohawks, 1939, sa première œuvre en couleurs), les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath, 1940), la Route au tabac (Tobacco Road, 1941), Qu'elle était verte ma vallée (How Green was my Valley, 1941). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il réalise plusieurs documentaires, dont The Battle of Midway (1942). À partir de 1946, il entreprend un deuxième cycle de westerns, parmi lesquels la Poursuite infernale (1946), le Massacre de Fort Apache (Fort Apache, 1948), le Convoi des braves (Wagonmaster, 1950), Rio Grande (1950), qui respectent et magnifient la légende de l'Ouest. Dans ses westerns ultérieurs, John Ford s'interrogera sur le problème noir, l'élimination des Indiens, la vieillesse et la mort des héros légendaires, suivant en cela l'évolution du genre dans les années 1950 et 1960 : la Prisonnière du désert (The Searchers, 1956), le Sergent noir (Sergeant Rutledge, 1960), les Deux Cavaliers (Two Rode Together, 1961), L'homme qui tua Liberty Valance (The Man who shot Liberty Valance, 1962), les Cheyennes (Cheyenne Autumn, 1964). La veine irlandaise triomphe dans le célèbre Homme tranquille (The Quiet Man, 1952) et dans la Taverne de l'Irlandais (Donovan's Reef, 1963). Il faudrait encore citer, parmi les films représentatifs d'une œuvre féconde et très riche, Le soleil brille pour tout le monde (The Sun shines bright, 1953) et son ultime essai, Frontière chinoise (Seven Women, 1965).
UN IDÉALISME GÉNÉREUX EXALTANT L'AMITIÉ ET L'ESPRIT DE JUSTICE
« Trouver l'exceptionnel dans le quelconque, l'héroïsme dans le quotidien, voilà le ressort dramatique qui me convient. Comme de trouver le comique dans la tragédie. » Cette profession de foi dépeint parfaitement un metteur en scène qui, dans de très nombreux films, s'est fait le défenseur d'un groupe ou d'une minorité menacés dans leur stabilité même – qu'elle soit physique ou morale – par un danger extérieur. John Ford apparaît comme un idéaliste généreux, chantre du petit peuple et des communautés opprimées, particulièrement à son aise quand il s'agit d'exalter certaines vertus : le courage, l'amitié virile, l'esprit de justice et de fraternité. Mais cette philosophie, en laquelle on peut aisément reconnaître toute une tradition de libéralisme américain héritée d'Abraham Lincoln, loin de tomber dans la mièvrerie ou l'emphase, se développe bien au contraire dans un climat de tonicité à toute épreuve. C'est que cet humaniste prend toujours le parti de la vie, de l'action, du mouvement.
Fier de ses origines irlandaises, John Ford se sent attiré par le mélange – parfois explosif – du burlesque et du tragique : on retrouve ce perpétuel balancement du récit non seulement dans ses principaux westerns, dont certains sont devenus de véritables archétypes, mais aussi dans plusieurs comédies hautes en couleur (comme l'Homme tranquille par exemple). D'un côté la force, la détermination, la rusticité, l'apparente brutalité ; de l'autre le calme, la puissance de persuasion, l'obstination résolue du héros qui lutte pour que justice soit faite. L'œuvre de John Ford ressemble ainsi à une vaste saga, l'une des rares sagas cinématographiques de l'Amérique du xixe et du xxe s.
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