L'Oeil sur l'écran
Blog cinéma, commentaires de films ... (anciennement films.blog.lemonde.fr)
Étiquette : Katharine Hepburn
https://films.oeil-ecran.com/tag/katharine-hepburn/
14 juin 2017
Sylvia Scarlett (1935) de George Cukor
Du fait des malversations de son père, une jeune femme française doit se déguiser en garçon pour le suivre dans fuite vers l’Angleterre. En chemin, ils sympathisent avec un petit escroc et font équipe tous les trois… La notoriété actuelle de cette comédie de George Cukor repose en grande partie sur le travestissement de Katharine Hepburn. Il faut bien avouer que le scénario (adapté d’un roman de Compton MacKenzie paru en 1918) n’est guère vraisemblable et part un peu dans tous les sens. Sylvia Scarlett est finalement un film assez étrange du fait du travestissement de Katharine Hepburn, bien entendu, mais aussi parce que l’actrice parle un peu en français avec une voix haut perchée et le bostonien Cary Grant tente (sans grand résultat, semble t-il) de prendre l’accent cockney londonien. Et il y a ce curieux mélange entre comédie, aventure romantique et tragédie (le père qui sombre peu à peu dans la folie) sans qu’aucun aspect ne prévale vraiment. A sa sortie, le film fut très mal reçu par la critique et par le public, choqué par le travestissement. L’image de Katharine Hepburn en pâtit, l’actrice allait enchaîner ensuite les échecs qui lui vaudraient le surnom de « box-office poison » quelques années plus tard. Elle fait pourtant une belle performance. Seul Cary Grant s’en tira sans dommage, montrant au contraire qu’il avait des talents pour la comédie. Vu aujourd’hui, Sylvia Scarlett apparaît comme une belle curiosité, certainement en avance sur son temps sur le plan de la sexualité et qui explore la frontière entre réalité et illusion.
Elle: –
Lui :
Elle: –
Lui :
Acteurs: Katharine Hepburn, Cary Grant, Brian Aherne, Edmund Gwenn
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.
Voir les autres films de George Cukor chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur George Cukor…
Remarques :
* Il s’agit d’une nouvelle vision de ce film pour ce blog, la présentation précédente (10 ans auparavant) était bien plus négative, assez sévère même. Lire…
* La scène d’ouverture située à Marseille fut rajoutée après les premières projections-tests pour bien montrer Katharine Hepburn habillée en fille avec des nattes.
* Il s’agit d’une nouvelle vision de ce film pour ce blog, la présentation précédente (10 ans auparavant) était bien plus négative, assez sévère même. Lire…
* La scène d’ouverture située à Marseille fut rajoutée après les premières projections-tests pour bien montrer Katharine Hepburn habillée en fille avec des nattes.
Katharine Hepburn dans Sylvia Scarlett de George Cukor.
Edmund Gwenn, Katharine Hepburn et Cary Grant dans Sylvia Scarlett de George Cukor.
Katharine Hepburn et Brian Aherne dans Sylvia Scarlett de George Cukor.
Katharine Hepburn sur le tournage Sylvia Scarlett de George Cukor. Le photographe de cette superbe photo de tournage s’est baissé pour être dans le champ (ce qu’il tient est le trépied de son appareil, au dessus de lui). Cette photo figure dans le très beau livre Tournages 1910-1939 (ed. Le Passage/La Cinémathèque).
26 avril 2013
La Flamme sacrée (1942) de George Cukor
TITRE ORIGINAL : « KEEPER OF THE FLAME »
Journaliste réputé, Steve O’Malley décide d’écrire la biographie d’un héro national qui vient de se tuer dans un accident automobile. Il se heurte tout d’abord au refus de sa veuve mais il parvient finalement à l’approcher. Elle ne semble pas toutefois vouloir coopérer pleinement… La Flamme sacrée est un peu trop hâtivement classé parmi les films de propagande tournés pendant la Seconde Guerre mondiale et donc plutôt mal considéré. Pourtant il ne manque de qualités. Le scénariste Donald Ogden Stewart a affirmé que c’était le film dont il était le plus fier et il a raison car mise en place et progression sont vraiment très bien écrits, distillant une atmosphère où le doute s’installe et grandit au fur et à mesure que l’histoire avance. Seule la fin de ce mélodrame patriotique apparaît plus faible, certainement trop simple et même naïve. Ce type d’enquête n’est pas sans rappeler Citizen Kane (mais pas la construction puisqu’il n’y a pas de flashback ici). Cukor dirige pour la première fois le couple Tracy / Hepburn (1) qui tient toute ses promesses, l’un comme l’autre donnant beaucoup de consistance à leur personnage.
Elle: –
Lui :
Elle: –
Lui :
Acteurs: Spencer Tracy, Katharine Hepburn, Richard Whorf, Forrest Tucker
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.
Voir les autres films de George Cukor chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Comme pour beaucoup de films, mais plus particulièrement ici, il est important de ne pas lire le résumé de l’histoire avant de voir Keeper of the Flame. Il est probable que le film apparaisse bien plus faible quand on sait d’avance ce que le journaliste joué par Spencer Tracy va découvrir.
* Keeper of the Flame est basé sur un roman de I.A.R. Wylie.
* Comme pour beaucoup de films, mais plus particulièrement ici, il est important de ne pas lire le résumé de l’histoire avant de voir Keeper of the Flame. Il est probable que le film apparaisse bien plus faible quand on sait d’avance ce que le journaliste joué par Spencer Tracy va découvrir.
* Keeper of the Flame est basé sur un roman de I.A.R. Wylie.
(1) Katharine Hepburn et Spencer Tracy ont été réunis pour la première fois quelques mois plus tôt dans l’excellent Women of the year (La femme de l’année) de Georges Stevens (1942). Ils tourneront ensemble 9 films, dont 3 avec Cukor. A la ville, les deux acteurs ont entretenu une liaison forte et durable.
19 juillet 2012
L’enjeu (1948) de Frank Capra
TITRE ORIGINAL : « STATE OF THE UNION »
Froide et calculatrice, l’héritière d’un groupe de presse s’allie avec un sénateur républicain pour faire élire un candidat à l’élection présidentielle. Celui-ci, intègre et aux idéaux nobles, est d’abord réticent mais se laisse convaincre… Sous couvert de comédie, L’enjeu est une critique assez profonde du monde politique, de ses manœuvres et tractations. Le film fait penser à Mr Smith goes to Washington et à Meet John Doe, que Frank Capra a signés quelques années plus tôt, mais le propos est ici plus pessimiste car l’homme politique en question n’est pas un rêveur un peu naïf mais un homme de grande conviction et un orateur talentueux. Le constat est sans appel : impossible de ne pas se laisser corrompre par les politiciens combinards et de conserver un certain idéal politique. Le tandem Spencer Tracy / Katharine Hepburn fonctionne une fois de plus à merveille avec des dialogues assez relevés et des personnages qui ne sont pas exagérément typés. On peut se demander si le propos n’est pas toujours aussi actuel quelque soixante années plus tard.
Elle: –
Lui :
Elle: –
Lui :
Acteurs: Spencer Tracy, Katharine Hepburn, Van Johnson, Angela Lansbury, Adolphe Menjou, Lewis Stone
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.
Voir les autres films de Frank Capra chroniqués sur ce blog…
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.
Voir les autres films de Frank Capra chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Au moment où le film a été tourné, Harry Truman (démocrate) était presque au terme de son mandat et sa réélection paraissait totalement improbable. Pour cette raison, le choix d’un candidat républicain était alors d’une actualité criante. (Truman fut toutefois réélu en novembre 1948).
* Au moment où le film a été tourné, Harry Truman (démocrate) était presque au terme de son mandat et sa réélection paraissait totalement improbable. Pour cette raison, le choix d’un candidat républicain était alors d’une actualité criante. (Truman fut toutefois réélu en novembre 1948).
* Le film est adapté de la pièce State of the Union qui fut un succès à Broadway entre 1945 et 1947, écrite par Howard Lindsay et Russel Crouse. La critique du monde politique était semble t-il moins acerbe dans la pièce.
* Le personnage central de L’enjeu (joué par Spencer Tracy) peut paraître quelque peu inspiré de l’homme politique américain Wendell Willkie. Ce grand patron a d’abord soutenu activement le parti démocrate dans les années trente avant de rejoindre le parti républicain par opposition au New Deal de Roosevelt. Il est alors choisi pour être le candidat républicain à l’élection présidentielle de 1940. Battu par Roosevelt, il tentera de se présenter à nouveau en 1944. Ses positions libérales et progressistes surprenaient au sein d’un parti de plus en plus conservateur.
* La vie est belle (1946) et L’enjeu (1948) furent les deux seuls films produits par la Liberty Films, société indépendante formée par Frank Capra, William Wyler, George Stevens et Samuel Briskin.
24 juillet 2011
The African Queen (1951) de John Huston
TITRE FRANÇAIS : « LA REINE AFRICAINE »
AUTRE TITRE FRANÇAIS : « L’ODYSSÉE DE L’AFRICAN QUEEN »
African Queen est le film le plus célèbre de John Huston et d’Humphrey Bogart, ce n’est pas vraiment le meilleur mais il a au moins le mérite d’être très particulier. Pendant la Première Guerre mondiale, en Afrique, une missionnaire anglaise et un aventurier canadien descendent une rivière dans un vieux rafiot pour aller attaquer un navire allemand… Que l’histoire soit passablement improbable n’est pas très important, ce huis clos à ciel ouvert en pleine Afrique fait partie de ces films totalement à part qui forment presque une classe à eux seuls. On ne peut parler ici d’exotisme de pacotille car African Queen a été tourné en majorité sur place, au Congo, dans des conditions épouvantables pour l’équipe ; d’ailleurs, dans ce face-à-face, il y a bien un troisième personnage : la nature, omniprésente, active même, que Huston parvient parfaitement à mettre en scène et qui profite du beau Technicolor de Jack Cardiff. Katharine Hepburn et Humphrey Bogart font tous deux une belle prestation même s’ils paraissent parfois sceptiques face à leur personnage. Production indépendante réalisée en Angleterre, hors des Etats-Unis alors en plein maccarthisme, African Queen rencontra un très grand succès. Par son équilibre entre aventures, romance inattendue et même comédie, il reste toujours aussi attrayant aujourd’hui.
Elle:
Lui :
Elle:
Lui :
Acteurs: Humphrey Bogart, Katharine Hepburn
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Huston chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Le tournage a été mouvementé : attaques de moustiques, fourmis géantes et autres animaux, maladie touchant toute l’équipe, bateau coulé, etc. Huston et Hepburn semblait se plaire en Afrique ce qui rendait Humphrey Bogart fou car lui n’avait qu’une idée : en finir au plus vite. Lauren Bacall l’avait heureusement accompagné.
* Seuls Huston et Bogart échappèrent à la maladie, « sans doute parce que nous buvions plus de scotch que d’eau » précise Huston dans ses mémoires.
* Grand amateur de chasse, John Huston se levait très tôt pour aller chasser le gros gibier avant de tourner. C’est l’objet du film de Clint Eastwood Chasseur blanc, coeur noir (White Hunter Black Heart, 1990) adapté du livre homonyme de Peter Viertel écrit en 1953.
* Lauren Bacall raconte comment elle était étonnée de voir Katharine Hepburn profiter des moments où elle ne tournait pas pour aller visiter la région alors que chaleur et moustiques n’incitaient guère à un comportement si volontaire.
* En 1987, Katharine Hepburn a écrit un livre sur le tournage : « The Making of The African Queen: Or How I Went to Africa With Bogart, Bacall and Huston and Almost Lost My Mind » (Le tournage d’African Queen, comment je suis allé en Afrique avec Bogart, Baccall et Huston et faillis en perdre la raison) .
* Le tournage a été mouvementé : attaques de moustiques, fourmis géantes et autres animaux, maladie touchant toute l’équipe, bateau coulé, etc. Huston et Hepburn semblait se plaire en Afrique ce qui rendait Humphrey Bogart fou car lui n’avait qu’une idée : en finir au plus vite. Lauren Bacall l’avait heureusement accompagné.
* Seuls Huston et Bogart échappèrent à la maladie, « sans doute parce que nous buvions plus de scotch que d’eau » précise Huston dans ses mémoires.
* Grand amateur de chasse, John Huston se levait très tôt pour aller chasser le gros gibier avant de tourner. C’est l’objet du film de Clint Eastwood Chasseur blanc, coeur noir (White Hunter Black Heart, 1990) adapté du livre homonyme de Peter Viertel écrit en 1953.
* Lauren Bacall raconte comment elle était étonnée de voir Katharine Hepburn profiter des moments où elle ne tournait pas pour aller visiter la région alors que chaleur et moustiques n’incitaient guère à un comportement si volontaire.
* En 1987, Katharine Hepburn a écrit un livre sur le tournage : « The Making of The African Queen: Or How I Went to Africa With Bogart, Bacall and Huston and Almost Lost My Mind » (Le tournage d’African Queen, comment je suis allé en Afrique avec Bogart, Baccall et Huston et faillis en perdre la raison) .
17 juin 2011
Soudain l’été dernier (1959) de Joseph L. Mankiewicz
TITRE ORIGINAL : « SUDDENLY, LAST SUMMER »
Lui :
Une richissime veuve cherche à soudoyer un chirurgien afin qu’il pratique une lobotomie sur sa nièce. Celle-ci est internée depuis la mort mystérieuse du fils de la milliardaire, l’été précédent… La courte pièce de Tennessee Williams (un seul acte) a été largement allongée par Gore Vidal (1). Le tournage de Soudain l’été dernier, fut difficile du fait de tensions entre Katharine Hepburn et Mankiewicz et de la maladie de Montgomery Clift, très faible. L’histoire traite de sujets tabous comme l’homosexualité, l’inceste et le cannibalisme ; la censure a rendu la scène finale moins cohérente (2). Sur le plan de l’interprétation, c’est Katharine Hepburn qui est la plus remarquable ; Montgomery Clift de son côté a un jeu très passif, assez intéressant par sa subtile fragilité. L’interprétation d’Elizabeth Taylor a été largement louangée, mais on peut trouver qu’elle montre par moments ses limites. La mise en scène du flashback dans la scène finale en surimpression est admirable. Malgré la censure, Soudain l’été dernier a su garder toute sa force.
Note :
Une richissime veuve cherche à soudoyer un chirurgien afin qu’il pratique une lobotomie sur sa nièce. Celle-ci est internée depuis la mort mystérieuse du fils de la milliardaire, l’été précédent… La courte pièce de Tennessee Williams (un seul acte) a été largement allongée par Gore Vidal (1). Le tournage de Soudain l’été dernier, fut difficile du fait de tensions entre Katharine Hepburn et Mankiewicz et de la maladie de Montgomery Clift, très faible. L’histoire traite de sujets tabous comme l’homosexualité, l’inceste et le cannibalisme ; la censure a rendu la scène finale moins cohérente (2). Sur le plan de l’interprétation, c’est Katharine Hepburn qui est la plus remarquable ; Montgomery Clift de son côté a un jeu très passif, assez intéressant par sa subtile fragilité. L’interprétation d’Elizabeth Taylor a été largement louangée, mais on peut trouver qu’elle montre par moments ses limites. La mise en scène du flashback dans la scène finale en surimpression est admirable. Malgré la censure, Soudain l’été dernier a su garder toute sa force.
Note :
Acteurs: Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn, Montgomery Clift
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph L. Mankiewicz sur le site IMDB.
Voir les autres films de Joseph L. Mankiewicz chroniqués sur ce blog…
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph L. Mankiewicz sur le site IMDB.
Voir les autres films de Joseph L. Mankiewicz chroniqués sur ce blog…
Remarques :
Contactée en premier par le producteur Sam Spiegel, Elizabeth Taylor a assorti son faramineux contrat d’exigences sur le choix du réalisateur (elle a donné quatre noms dont celui de Mankiewicz) et de son partenaire masculin.
Contactée en premier par le producteur Sam Spiegel, Elizabeth Taylor a assorti son faramineux contrat d’exigences sur le choix du réalisateur (elle a donné quatre noms dont celui de Mankiewicz) et de son partenaire masculin.
(1) D’après le générique, l’adaptation a été coécrite avec Tennessee Williams mais, d’après Gore Vidal, l’auteur n’a pas écrit un seul mot.
(2) D’après Gore Vidal, environ une dizaine de minutes ont été coupées de la scène finale de Soudain l’été dernier par la censure, essentiellement tout ce qui avait trait à l’homosexualité qui ne devait pas être citée et encore moins montrée. La motivation principale de vengeance dans la scène finale est ainsi moins nette.
(3) Alors que la pièce se déroulait en un seul lieu, le jardin tropical, le film se déroule en plusieurs lieux.
(2) D’après Gore Vidal, environ une dizaine de minutes ont été coupées de la scène finale de Soudain l’été dernier par la censure, essentiellement tout ce qui avait trait à l’homosexualité qui ne devait pas être citée et encore moins montrée. La motivation principale de vengeance dans la scène finale est ainsi moins nette.
(3) Alors que la pièce se déroulait en un seul lieu, le jardin tropical, le film se déroule en plusieurs lieux.
28 mai 2010
Lame de fond (1946) de Vincente Minnelli
TITRE ORIGINAL : « UNDERCURRENT »
Lui :
Alors qu’il n’a encore tourné pratiquement que des comédies musicales, Vincente Minnelli reçoit de son producteur un scénario de drame psychologique assez puissant, basé sur une nouvelle de Thelma Strabel : La fille d’un chercheur universitaire épouse un jeune et élégant industriel célèbre. D’abord mal à l’aise dans le milieu mondain que fréquente son mari, elle se transforme pour être une épouse parfaite. Elle découvre assez rapidement des zones d’ombre dans le passé de son mari qui semblent le hanter… Si Katharine Hepburn est tout à fait dans le style de rôle qui lui va comme un gant, Robert Taylor, plus habitué aux rôles de séducteur, ne semble pas toujours parfaitement à l’aise avec les aspects noirs et inquiétants de son personnage biface. De son côté, le jeune Robert Mitchum fait une belle prestation avec une délicatesse qui ne lui est pas coutumière (très belle scène dans l’écurie). Si le film a certainement plus souffert que profité de ces décalages, on se laisse facilement captiver par cette histoire sombre et intrigante, grâce à un scénario fort et à une atmosphère prenante. Lame de fond est un film qui paraît plutôt sous-estimé. Il ne manque qu’une étincelle supplémentaire pour en faire un grand film.
Note :
Alors qu’il n’a encore tourné pratiquement que des comédies musicales, Vincente Minnelli reçoit de son producteur un scénario de drame psychologique assez puissant, basé sur une nouvelle de Thelma Strabel : La fille d’un chercheur universitaire épouse un jeune et élégant industriel célèbre. D’abord mal à l’aise dans le milieu mondain que fréquente son mari, elle se transforme pour être une épouse parfaite. Elle découvre assez rapidement des zones d’ombre dans le passé de son mari qui semblent le hanter… Si Katharine Hepburn est tout à fait dans le style de rôle qui lui va comme un gant, Robert Taylor, plus habitué aux rôles de séducteur, ne semble pas toujours parfaitement à l’aise avec les aspects noirs et inquiétants de son personnage biface. De son côté, le jeune Robert Mitchum fait une belle prestation avec une délicatesse qui ne lui est pas coutumière (très belle scène dans l’écurie). Si le film a certainement plus souffert que profité de ces décalages, on se laisse facilement captiver par cette histoire sombre et intrigante, grâce à un scénario fort et à une atmosphère prenante. Lame de fond est un film qui paraît plutôt sous-estimé. Il ne manque qu’une étincelle supplémentaire pour en faire un grand film.
Note :
Acteurs: Katharine Hepburn, Robert Taylor, Robert Mitchum
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.
Voir les autres films de Vincente Minnelli chroniqués sur ce blog…
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.
Voir les autres films de Vincente Minnelli chroniqués sur ce blog…
Remarques :
1) Une meilleure alchimie entre les acteurs aurait certainement provoqué l’étincelle manquante. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie comment il était lui-même impressionné par Katharine Hepburn qui, de plus, exerçait son humour cinglant et ravageur sur tout le monde. Elle ne s’est pas du tout entendu avec Robert Mitchum (ce n’est guère gênant dans le sens où ils ont peu de scènes en commun, si ce n’est la scène finale : cette rencontre, qui devrait être poignante, est assez plate, il ne se passe rien !)
2) Robert Mitchum, qui venait d’être nominé pour l’oscar du meilleur second rôle, était à ce moment surexploité par David Selznick qui le payait une misère. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie qu’il tournait trois films en même temps : Undercurrent le matin, Desire Me l’après-midi et The Locket le soir…et Minnelli d’ajouter : « pas étonnant que ses yeux cernés soient devenus si célèbres! »
1) Une meilleure alchimie entre les acteurs aurait certainement provoqué l’étincelle manquante. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie comment il était lui-même impressionné par Katharine Hepburn qui, de plus, exerçait son humour cinglant et ravageur sur tout le monde. Elle ne s’est pas du tout entendu avec Robert Mitchum (ce n’est guère gênant dans le sens où ils ont peu de scènes en commun, si ce n’est la scène finale : cette rencontre, qui devrait être poignante, est assez plate, il ne se passe rien !)
2) Robert Mitchum, qui venait d’être nominé pour l’oscar du meilleur second rôle, était à ce moment surexploité par David Selznick qui le payait une misère. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie qu’il tournait trois films en même temps : Undercurrent le matin, Desire Me l’après-midi et The Locket le soir…et Minnelli d’ajouter : « pas étonnant que ses yeux cernés soient devenus si célèbres! »
========================================
14 mai 2013
Elle pouvait tout jouer, le comique comme le tragique, tellement sa présence avait quelque chose de magique, à cause de son allure peut-être, de son visage particulier qui ne ressemblait à aucun autre, ses taches de rousseur, sa crinière de lionne, sa présence impérieuse ou malicieuse, sa photogénie. Elle était la classe même avec une pointe d'ironie en permanence dans le regard, comme si, en définitive, rien n'était jamais ni si grave, ni si définitif. Intelligente et pragmatique, Katharine Hepburn aura mené sa carrière de façon instinctive, selon ses coups de coeur ou ses coups de tête, sachant figurer dans les meilleurs films avec, face à elle, quelques-uns des meilleurs acteurs. On relève peu de faux pas dans l'énoncé de sa filmographie mais un grand nombre de films remarquables. Elle a beaucoup tourné avec George Cukor mais également Capra, David Lean, Minelli, Kazan, Hawks.
Née en 1907 à Hartford dans une famille cultivée du New-Jersey, elle est la seconde de six enfants, dotée dès l'âge le plus tendre d'un caractère déterminé et indépendant. Elle sait ce qu'elle veut et surtout ce qu'elle ne veut pas : la médiocrité. A 19 ans, elle abandonne ses études et entre dans une troupe théâtrale de Baltimore, puis sert de modèle à un peintre et épouse par commodité un riche homme d'affaires afin de se consacrer, sans souci pécunier, à ce qui sera toujours sa passion : le théâtre.
Elle y est néanmoins mauvaise et le sait mais elle a un tempérament tel que l'obstacle l'excite. Cette pouliche n'a qu'une seule perspective : le franchir coûte que coûte. Elle obtiendra son premier vrai succès en 1932 (elle a 25 ans) dans "The warrior's husband" où, enfin, elle impressionne favorablement les critiques. C'est alors qu'elle décide de tenter sa chance à Hollywood qui traverse une période faste. Lorsque Kate se présente aux nababs en place, son visage et sa forte personnalité séduisent le puissant David Selznick qui la fera tourner aussitôt dans un film de Cukor au côté de John Barrimore. Elle est lancée.
Désormais, grâce à son look garçonnier et son visage diaphane, elle incarnera des héroïnes indépendantes et actives qui affirment avec panache et autorité leur personnalité, rompant avec le style des stars à la Garbo ou à la Dietrich. Ainsi sera-t-elle aviatrice dans "Le phalène", écrivain dans "Les quatre filles du docteur March", garçon manqué dans "Sylvia Scarlett", reine dans "Marie Stuart", militante féministe dans "La rebelle", devenant une figure emblématique de Hollywood et du 7e Art. Très éprise de Spencer Tracy, qui ne divorcera jamais, elle connait auprès de lui une longue et passionnée liaison adultère et tous deux formeront l'un des couples mythiques du cinéma Outre-Atlantique, se retrouvant devant la caméra à plusieurs reprises. Ce sera entre autre dans deux brillantes comédies : "Madame porte la culotte" et "Mademoiselle Gagne tout" qui révéleront , si besoin était, leur merveilleuse complicité d'amants et d'acteurs.
Bien que le cinéma l'ait beaucoup gâtée, Katharine Hepburn reviendra au théâtre et interprétera tour à tour Shakespeare ou George Bernard Shaw puis, à partir des années 50, ses apparitions à l'écran, comme à la scène, se feront plus rares. Il y aura encore "Long voyage vers la nuit" qui lui vaudra le Prix d'interprétation à Cannes, "Devine qui vient dîner ?" de Stanley Kramer, son dernier film avec Spencer Tracy, et "La maison du lac" auprès d'Henri Fonda où tous deux campent un couple d'octogénaires. Elle mourra dans son sommeil à New-York le 29 juin 2003 à l'âge de 96 ans. Au 7e Art, elle aura su imposer son style, son franc-parler et son indépendance d'esprit. A ce jour, elle est irremplacée.
================================================
Katharine Hepburn, Gregory Peck and American filmmaking
By David Walsh 16 July 2003
===============================================
mon cinéma à moi
[LE BLOG OÙ LE CINÉMA D'HIER RESTERA TOUJOURS À L'AFFICHE]
UNDERCURRENT – Vincente Minnelli (1946)
L’histoire : Ann Hamilton (Katharine Hepburn) mène une vie douillette avec son père qui est professeur (Edmund Gwenn ) jusqu’au jour où elle rencontre Alan Garroway (Robert Taylor), beau et plein de charme, à la tête d’une usine d’aviation. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et se marient, mais Alan est en fait un homme perturbé psychologiquement et obsédé par un sentiment de haine à l’égard de son frère depuis longtemps disparu, Michael (Robert Mitchum). Alan prétend que Michael lui a fait de sales coups, professionnellement, puis a disparu. Ann découvre, petit à petit, une autre image de Michael, homme doux et sensible qui aurait peut-être été tué par son frère. Dévorée de curiosité, Ann se rend dans la maison de Michael et fait la connaissance du gardien, qui est en fait Michael en personne. Ce dernier va voir son frère craignant qu’il ne ruine la vie d’Ann. Si Michael a abandonné l’entreprise familiale c’est qu’il sait qu’Alan a tué un ingénieur qui travaillait pour lui afin de s’approprier ses idées, crime grâce auquel sa compagnie a acquis sa prospérité. Alan rassure Michael et lui affirme qu’il aime vraiment Ann mais lorsqu’il se rend compte qu’elle se détache de lui, il tente de la tuer. Il meurt avant d’accomplir son dessein criminel, tué par le cheval de Michael. Ann avoue plus tard à Michael qu’elle a tout de suite su qui il était lors de leur première rencontre et qu’elle l’aime.
Le film Noir a permis à de grands metteurs en scène comme Lang, Ray, Preminger et Mann de créer leurs œuvres les plus imaginatives. Malheureusement, le seul film noir de Minnelli, compliqué et confus, manque de puissance malgré certaines qualités, défaut regrettable car on y trouve pourtant le style du metteur en scène. A peine sortie de son cocon familial, on voit l’héroïne entrer dans une réalité cauchemardesque – incarnée par son mari Alan – et chercher à s’en protéger en tombant amoureuse d’un rêve – personnifié par Michael. Katharine Hepburn maîtrise ici parfaitement son rôle mais la mise en scène pèche par complaisance et utilise des motifs d’un symbolisme trop évident comme celui du cheval de Michael ou des flammes vacillant dans la cheminée, apparaissant à chaque séquence-clé. Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)
Minnelli a d’ordinaire un style plus précis ; certaines scènes révèlent pourtant une certaine conscience de l’écriture noire : l’affrontement entre Alan et Michael, dans l’écurie, est par exemple souligné par le balancement d’une lampe. Le moment où Ann se retrouve seule dans un train la nuit est l’une des scènes les plus mémorables : ne pouvant s’endormir, son visage reflète des cauchemars qui trahissent à la fois ses fantasmes et la réalité. Curieusement, Minnelli qui sut si bien dépeindre la folie dans des films comme Madame Bovary, The Cobweb (La Toile d’araignée) et Lust for life (La vie passionnée de Vincent Van Gogh) paraît mal à l’aise avec le personnage d’Alan, peut-être parce que sa maladie relève plus d’un procédé narratif que d’une caractérisation réelle du personnage avec lequel le metteur en scène pourrait se sentir en sympathie. Pourtant, les sentiments infériorité et de persécution qui habitent Alan sont très caractéristiques du film Noir.
Curieusement, Minnelli s’est imposé dans The Band wagon (Tous en scène) avec un intermède musical, « Girl Hunt Ballet », qui en plus sur le film noir en dix minutes que Undercurrent en deux heures. Il s’agit d’une satire de la fiction policière qui place les éléments littéraires traditionnels du genre dans un contexte visuel exotique. Minnelli intègre une chorégraphie très inventive de Michael Kidd et une musique de jazz romantique, due à Arthur Schwartz, à un décor expressionniste de marches qui ne mènent nulle part et de labyrinthes : l’action se déroule sur plusieurs plans spatiaux. Les couleurs très vives, caractéristiques de Minnelli, permettent d’identifier les personnages archétypaux comme bons ou méchants, dangereux ou innocents. Fred Astaire joue et danse dans le rôle du détective Rod Riley sur un argument écrit par Minnelli lui-même ironisant avec esprit sur les clichés du Noir ; Cyd Charisse tient le rôle de deux femmes mystérieuses qui ne sont pas ce qu’elles prétendent être. Le détective, seul, la nuit « dans la ville qui dort… avec tous les rats dans leur trou » et la musique d’un trombone solitaire, est soudain dérangé par une blonde au visage d’ange qui vient lui demander son aide pour une sordide histoire de meurtre. Rod soupçonne une danseuse de cabaret aux allures fatales (une brune vêtue de rouge) mais, bien entendu, la blonde se révélera la meurtrière et la femme en rouge capable d’une loyauté et d’une fidélité insoupçonnées. « Je hais les tueurs, avait déjà prévenu Rod, et quand je hais c’est pour de bon» ; « les criminels doivent mourir » ajoute-t-il en tirant sur la blonde. Le détective et la sirène en rouge s’enfoncent dans la ville sombre et Rod de conclure : « C’était une femme dangereuse. Je n’aurais jamais pu avoir confiance en elle mais c’était mon type. » Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)
Niciun comentariu:
Trimiteți un comentariu