duminică, 25 septembrie 2022

Les Grandes Espérances (Great Expectations) – de David Lean – 1946

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les Grandes Espérances

Great Expectations

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Comédie dramatique de sir David Lean, avec John Mills (Pip), Valerie Hobson (Estella), Anthony Wager (Pip jeune), Jean Simmons (Estella jeune), Martita Hunt (miss Havisham), Bernard Miles (le bagnard).

  • Scénario : sir David Lean, Ronald Neame, Anthony Havelock-Allan, d'après le roman de Charles Dickens
  • Photographie : Guy Green
  • Décor : John Bryan
  • Musique : Walter Goehr, Kenneth Pakeman, G. Linley
  • Montage : Jack Harris
  • Pays : Grande-Bretagne
  • Date de sortie : 1946
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 55

RÉSUMÉ

Enfant, Pip aide un bagnard évadé. Il passe son temps libre chez une richissime excentrique qui vit seule dans son château en compagnie d'Estella, une petite fille qui se joue de Pip. Plus tard, Pip devient un gentleman grâce à un mystérieux héritage. Il pense qu'il le doit à la vieille excentrique, mais il s'agit en fait du bagnard reconnaissant, dont Estella, qu'il retrouve, est la fille.

COMMENTAIRE

Le film présente les mêmes qualités qu'Oliver Twist que Lean adapta également de Dickens. Si celui-ci est moins égal et soutenu, il contient, en revanche, les plus belles séquences : la maison au bord de la mer, la rencontre du bagnard dans le cimetière, la traversée rituelle de la sombre demeure de miss Havisham au mystérieux et labyrinthique escalier qui conduit jusqu'à elle, la salle à manger fantomatique où sa robe prend feu devant la cheminée. Les extérieurs sont beaux, mais le film se distingue par une très bonne utilisation du studio, que Lean abandonnera définitivement dans les années 1950. Il deviendra alors le cinéaste de la révélation des hommes par leur contact avec une nature qui leur renvoie l'image de leur propre valeur. Comme elle l'a fait pour lui, qui y trouva sa véritable vocation.


LES GRANDES ESPÉRANCES DE DAVID LEAN

Arte met David Lean à l’honneur durant les fêtes de Noel en rediffusant deux de ses films : Le Docteur Jivago (Doctor Zhivago, 1965) dimanche 19 décembre à 21h et Les Grandes Espérances (Great Expectations, 1946) mercredi 22 décembre à 14h55 – disponible également en télévision de rattrapage sur ARTE.tv. Après un début de carrière placé sous le signe de Noël Coward, qui collabore de près ou de loin à ses quatre premiers films, Lean entreprend d’adapter coup sur coup deux classiques de la littérature britannique de Charles Dickens, Les Grandes Espérances suivi par Oliver Twist. Accueillis comme des chefs-d’œuvre dès leur sortie, ces longs métrages réussissent à définir le style de Lean, tel qu’il va de déployer dans la suite de sa filmographie. Le soin méticuleux accordé à la direction artistique et à la photographe se double d’une grande assurance de la mise en scène. Le style de David Lean se caractérise par sa clarté et son classicisme, associés à un romantisme froid qui tempère le lyrisme de sentiments et de situations paroxystiques. Les Grandes Espérances parvient à une retranscription idéale de Dickens à l’écran, par la restitution soignée de l’époque victorienne et l’atmosphère fantastique qui empreigne de nombreuses scènes et décors, notamment dans la première partie, avec la découverte du château en ruine où vit recluse Miss Havisham, ou la rencontre effrayante avec le bagnard évadé Magwitch dans un cimetière. Le film est notable pour la qualité de son interprétation. Lean y dirige John Mills dans le rôle de Pip, Jean Simmons dans celui d’Estella, et un jeune débutant nommé Alec Guinness. Ce dernier deviendra l’acteur fétiche de Lean, pour qui il livrera des compositions remarquables dans Oliver Twist, méconnaissable en Fagin, Le Pont de la rivière KwaiLawrence d’ArabieLe Docteur Jivago et La Route des Indes.


Les Grandes Espérances (film, 1946)

Les Grandes Espérances
Titre originalGreat Expectations
RéalisationDavid Lean
ScénarioAnthony Havelock-Allan
David Lean
Cecil McGivern
Ronald Neame
Kay Walsh
MusiqueWalter Goehr
Acteurs principaux

John Mills
Valerie Hobson
Jean Simmons
Alec Guinness

Sociétés de productionCineguild
The Rank Organisation
Pays de productionDrapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genredrame
Durée118 minutes
Sortie1946

 Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Les Grandes Espérances (Great Expectations) est un film britannique réalisé par David Lean et sorti en 1946. Il s'agit d'une adaptation du roman du même nom de Charles Dickens publié dès 1860.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Phillip Pirrip, surnommé « Pip », est orphelin. Alors qu'il se rend au cimetière, dans les marais, sur la tombe de ses parents, il rencontre Abel Magwitch, évadé d'un bagne. Pip lui vient en aide en volant de la nourriture et une lime chez ses tuteurs : sa sœur et Joe Gargery, son époux, qui est forgeron. Plus tard, Pip se rend dans une antique demeure figée dans le temps où il rencontre une étrange vieille femme, Miss Havisham, et sa jeune et très belle protégée, Estella, qui très vite fascine Pip.

Plus tard, après la mort de sa sœur, alors que Pip est devenu apprenti chez son beau-frère, un homme de loi, Mr Jaggers, vient l’informer qu’un mystérieux bienfaiteur veille sur lui et l'invite à se rendre à Londres pour y devenir un « gentleman ». Il n’apprend que des années plus tard qui est ce bienfaiteur ; c'est le forçat auquel il avait porté secours et non pas Miss Havisham. Mais Pip n'oublie pas son amour de jeunesse, Estella, qui, hélas en épouse un autre. Il ne la retrouve que bien plus tard, dans le sinistre décor de la demeure abandonnée de Miss Havisham, morte brûlée dans un incendie qu’elle a elle-même involontairement déclenché.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Francis L. Sullivan incarne ici M. Jaggers. Il avait déjà incarné ce même personnage dans une précédente adaptation du roman de Charles Dickens mise en scène par Stuart Walker et sortie en 19341.

Ce film marque les débuts d'Alec Guinness dans un rôle parlant1. Il s'agit par ailleurs du premier film de sa longue collaboration avec David Lean qui se poursuivra avec Oliver Twist (1948), Le Pont de la rivière Kwaï (1957), Lawrence d'Arabie (1962), Le Docteur Jivago (1965) et s'achèvera avec La Route des Indes (1984). Le film marque aussi la première apparition à l'écran de Howard Lang.

Le tournage a lieu dans le Kent (St Mary's Marshes, River Medway), dans le Buckinghamshire (Denham Film Studios) à Londres (Cathédrale Saint-PaulLudgate Hill2. Le directeur de la photographie Robert Krasker est remplacé par Guy Green après quelques jours de tournage. Le réalisateur David Lean et le scénariste-producteur Ronald Neame n'avaient pas apprécié son travail pour la séquence d'ouverture1.

Accueil et postérité[modifier | modifier le code]

En 1999, le British Film Institute classe le film de David Lean à la 5e place de son top 100 des meilleurs films britanniques du xxe siècle. Le classement est établi par les votes de mille personnalités de l'industrie cinématographique du pays3David Lean est par ailleurs le réalisateur le plus présent dans ce classement, avec sept films dont trois parmi les cinq premiers de la liste : Ceux qui servent en mer (1942), Brève Rencontre (1945), Les Grandes Espérances (1946), Oliver Twist (1948), Le Pont de la rivière Kwaï (1957), Lawrence d'Arabie (1962) et Le Docteur Jivago (1965).

Les Grandes Espérances est inclus dans l'ouvrage 1001 films à voir avant de mourir (2004). Le film fait partie des préférés du célèbre critique américain Roger Ebert. Le réalisateur Joel Schumacher le cite comme une influence majeure dans sa carrière alors que l'acteur Donald Sutherland a avoué que c'était l'un de ses films préférés4.

Distinctions[modifier | modifier le code]

La véracité historique du film "Great Expectations" de David Lean

Malgré quelques inexactitudes historiques mineures, le film a fait un travail décent en recréant l'atmosphère de la Grande-Bretagne au milieu du XIXe siècle.

Le film Great Expectations , réalisé en 1946 par David Lean, est considéré comme l'une des meilleures adaptations cinématographiques des romans de Charles Dickens et parmi les plus grands films britanniques de tous les temps ("Best 100 British films"). Basé sur le livre du même nom, Great Expectations est une histoire d'amour, de fortune, de mobilité sociale et de division de classe racontée à travers la narration d'un orphelinat et son voyage tumultueux au milieu de l'ère victorienne.

Dès le début du film, la première relation adolescente Pip-Estella a mis l'accent sur la discrimination classiste profondément enracinée dans l'Angleterre victorienne. Lorsqu'on lui a dit de jouer avec Pip, Estella a d'abord refusé. Symbolisation stéréotypée de la classe supérieure de la société victorienne, Estella a décrit de manière moqueuse Pip comme « grossier » et « commun », a déprécié les langues vernaculaires du garçon et ses costumes, tout en refusant de permettre à l'escorte du garçon d'entrer même par la porte de la maison Satis. . Cette division de classe est une fois de plus affichée de manière vivante plus tard dans l'histoire à travers la tentative prétentieuse de Joe Gargery - ou comme décrit par le Pip maintenant amélioré, "grotesque" - de se comporter de manière subordonnée envers Pip et Herbert. La division des classes et l'iniquité sociale sont une fois de plus exposées dans la scène où la rue de Londres est remplie de sans-abri et de mendiants en contraste direct avec les dames et messieurs vêtus de prestige qui marchaient dans la même rue. C'est un portrait assez précis car à la fin du 18e siècle, la capitale de l'Empire britannique abritait déjà des dizaines de milliers de «mendiants à plein temps» (Grafton et Bell 508).

Même lorsque la lutte des classes était encore vive au milieu du XIXe siècle, la Grande-Bretagne a connu la révolution industrielle qui a généré une richesse considérable et une voie de mobilité ascendante pour certains membres de la classe inférieure. Même certains ménages de la classe ouvrière, comme les Gargerie, jouissaient du confort d'avoir « au moins un ou deux serviteurs », en grande partie grâce à la nouvelle richesse et aux opportunités générées par la nouvelle ère (Grafton et Bell 611). Une place dans la classe supérieure n'était plus exclusivement réservée aux descendants des riches, mais disponible grâce à "la formation formelle [..] et l'éducation" (Grafton et Bell 612). Il est vrai que l'histoire de Pip, passant d'un humble « garçon ordinaire » à un « messieurs » aristocratique, symbolisait très bien un tel changement social à l'époque. L'accent mis sur l'auto-amélioration de la classe moyenne est visible à travers la participation de Pip à des cours de manière - une poursuite accessible même aux travailleurs de l'industrie (Grafton et Bell 619). De même, Estella a entrepris un voyage en France pour apprendre l'étiquette d'une dame, en déduisant que l'éducation était relativement plus accessible aux femmes que dans les périodes précédentes (Grafton et Bell 612). Les concerts, les défilés de vacances, les événements sportifs - où Estella a rencontré son futur époux Bentley Drummie - étaient des occasions importantes pour les descendants de la bourgeoisie naissante de "trouver des partenaires socialement acceptables et pour que le match fonctionne à leur avantage économique" (Grafton et Bell 615). en déduisant que l'éducation était relativement plus accessible aux femmes qu'au cours des périodes précédentes (Grafton et Bell 612). Les concerts, les défilés de vacances, les événements sportifs - où Estella a rencontré son futur époux Bentley Drummie - étaient des occasions importantes pour les descendants de la bourgeoisie naissante de "trouver des partenaires socialement acceptables et pour que le match fonctionne à leur avantage économique" (Grafton et Bell 615). en déduisant que l'éducation était relativement plus accessible aux femmes qu'au cours des périodes précédentes (Grafton et Bell 612). Les concerts, les défilés de vacances, les événements sportifs - où Estella a rencontré son futur époux Bentley Drummie - étaient des occasions importantes pour les descendants de la bourgeoisie naissante de "trouver des partenaires socialement acceptables et pour que le match fonctionne à leur avantage économique" (Grafton et Bell 615).

De plus, le film dépeint assez fidèlement l'état des travaux dans la première moitié du XIXe siècle. Commençant son apprentissage de forgeron exactement à l'âge de 14 ans, Pip était peut-être parmi les dernières générations en Grande-Bretagne à être maltraité et employé à un âge aussi précoce parce que le pays allait bientôt adopter le Factory Act réduisant le travail des enfants en 1833 (Grafton et Bell 675 ). Pendant ce temps, la richesse relative de M. Jaggers reflétait la montée de nouvelles professions - telles que «les avocats, les médecins, les architectes, les enseignants et les membres du clergé» - qui répondaient à la demande des «secteurs industriels en croissance» (Grafton et Bell 612). De plus, la nouvelle richesse d'Abel Magwitch en tant qu'éleveur de moutons en Australie fait également allusion à la concurrence à laquelle est confrontée l'agriculture européenne du nouveau monde (Grafton et Bell 678). En effet, à la fin du XVIIIe siècle, ces colonies n'étaient plus un simple "dépotoir pour condamnés" mais parmi les "sources les plus importantes de l'économie européenne" (Grafton et Bell 509). En plus de cela, les billets de bateau à vapeur facilement accessibles acquis par Herbert pour Magwitch, ainsi que la décision rapide de Pip de déménager en Australie avec son père adoptif, font également référence à la barrière minimale pour se réinstaller de l'Europe vers les nouvelles colonies. En effet, la migration hors d'Europe - soit volontairement pour rechercher de nouvelles opportunités économiques, soit de force en raison de la commission d'un crime - représentait le changement plus large des schémas migratoires et une économie mondiale de plus en plus intégrée au XIXe siècle. les billets de bateau à vapeur facilement accessibles acquis par Herbert pour Magwitch, ainsi que la décision rapide de Pip de déménager en Australie avec son père adoptif, font également référence à la barrière minimale pour se réinstaller de l'Europe vers les nouvelles colonies. En effet, la migration hors d'Europe - soit volontairement pour rechercher de nouvelles opportunités économiques, soit de force en raison de la commission d'un crime - représentait le changement plus large des schémas migratoires et une économie mondiale de plus en plus intégrée au XIXe siècle. les billets de bateau à vapeur facilement accessibles acquis par Herbert pour Magwitch, ainsi que la décision rapide de Pip de déménager en Australie avec son père adoptif, font également référence à la barrière minimale pour se réinstaller de l'Europe vers les nouvelles colonies. En effet, la migration hors d'Europe - soit volontairement pour rechercher de nouvelles opportunités économiques, soit de force en raison de la commission d'un crime - représentait le changement plus large des schémas migratoires et une économie mondiale de plus en plus intégrée au XIXe siècle.

Un autre aspect de l'histoire de Magwitch que le film a bien fait était sa correspondance avec une période où «les tribunaux exerçaient un pouvoir discrétionnaire considérable» et augmentaient la prévalence de la peine de mort (Grafton et Bell 509). L'exécution publique sur la route qui a horrifié Tip reflétait la tentative agressive du gouvernement britannique de l'époque de garder le contrôle de sa capitale ravagée par la criminalité, qu'un député qualifiait autrefois de "troupeau de barbares" "sans gouvernement" et de " honte [de] notre nation. En fait, l'effort de restauration de l'ordre et d'embourgeoisement de la capitale vu à Londres était une tendance courante et croissante parmi les empires européens dès le XVIIIe siècle - comme à Moscou, où le tsar russe Pierre a juré d'en faire un "bien policé". », « ville sans crime », « ordonnée, propre et saine » (Grafton et Bell 474).

Malgré son portrait relativement réaliste du XIXe siècle, le film comportait quelques inexactitudes historiques mineures. Pendant la scène où Magwitch s'échappe via un bateau ramé par Herbert et Pip, la bouée dans laquelle leur bateau est ancré avait une lumière électrique qui clignote vivement. Ceci est historiquement inexact car l'électricité n'était pas largement utilisée en Angleterre jusqu'à la fin du 19e siècle, lorsque les innovations allemandes et britanniques ont rendu possible son utilisation industrielle (Grafton et Bell 658). Il s'agit probablement d'une erreur d'inattention et non d'une erreur intentionnelle ; tout au long du film, l'équipe de tournage a soigneusement utilisé l'équipement approprié du milieu du XIXe siècle, comme les calèches antiques qui ont transporté Pip lors de son voyage de Rochester à Londres. Un autre aspect important que le film dépeint de manière assez irréaliste est la dynamique entre Joe Garger et sa première femme violente. Le film se déroule au milieu du culte croissant de la domesticité parmi les familles de la classe moyenne; en tant que telle, on s'attend à ce que Mme Joe soit finalement «subordonnée à leurs maris» au lieu d'être lachef de famille de facto (Grafton et Bell 614). L'auteur aurait pu s'écarter de ce record attendu pour créer une figure féminine agressive mais progressiste plutôt qu'une «déesse du foyer» stéréotypée couramment vue à l'époque. Cela pourrait également aider à mettre en valeur la douceur et la douceur particulières de Joe envers tout le monde. Ce trait a été observé lorsque Joe permet à Pip d'annuler son apprentissage sans demander aucune accusation à M. Jaggers, ainsi que lorsqu'il prend soin de Pip lorsque ce dernier succombe à la maladie après la mort de son père adoptif.

En conclusion, Great Expectations est une illustration puissante et relativement précise de l'Angleterre victorienne et de sa société - de la lutte des classes et de la mobilité sociale à l'inhumanité de la loi et à l'expansion de l'État. Malgré quelques inexactitudes historiques mineures, le film a fait un travail décent en recréant l'atmosphère de la Grande-Bretagne au milieu du XIXe siècle.

Les Grandes Espérances de Charles Dickens et son adaptation au cinéma

Roman "best-seller" de Charles Dickens, Great Expectations (De Grandes Espérances en français) est paru sous forme de feuilleton en 1860-1861 à Londres. Ce roman clé de l’œuvre de Charles Dickens a été traduit dans de nombreuses langues et a été adapté plusieurs fois sur grand écran. Voici une présentation de l’œuvre, de son contexte historique et de ses adaptations cinématographiques.

De Grandes Espérances de Charles Dickens : présentation et résumé

Tout comme dans ses romans les plus connus (David Copperfield ou Oliver Twist par exemple), Dickens aborde dans De Grandes Espérances un thème délicat : celui d'un enfant confronté à la misère et au développement tragique d'une société industrielle qui n'attend que de l'exploiter. L'oeuvre nous raconte l'histoire de Pip, un jeune orphelin sans le sou, qui se retrouve impliqué dans l'évasion d'un forçat nommé Magwitch : il est alors confronté à la pauvreté et à l'univers carcéral. La seconde rencontre initiatique de Pip est celle de Miss Havisham et de sa fille adoptive, la froide et hautaine Estella, Pip est alors confronté à la richesse et la haute société. Pip se lance alors dans l'ascension sociale pour oublier la pauvreté et conquérir la riche Estella. Il renie son passé, ses origines, sa pauvreté et bénéficie de l'aide d'un mystérieux bienfaiteur dans son ascension sociale. Il comprendra trop tard l'identité de ce bienfaiteur, une découverte qui brisera en mille morceaux les rêves de gloire et le reniement de ses origines que Pip s'était imposé.

Les adaptations de Grandes Espérances au cinéma

Un roman si universellement apprécié ne pouvait échapper aux adaptations cinématographiques : l'oeuvre de Dickens a été adaptée de nombreuses fois (théâtre, télévision et cinéma). Parmi les adaptations du cinéma, notons : - En 1909 : un court métrage de David Aylott, nommé The Boy and the Convict - En 1917, un film muet tourné aux Etats-Unis (le garçon et le forçat). Great Expectations, de Robert Vignola et Paul West - En 1922, un film muet tourné au Danemark par A. Sandberg, nommé Store Forventniger. - En 1934, une adaptation américaine de Stuart Walker, nommée Great Expectations. - En 1946, un film anglais de David Lean, nommé Great Expectations. - En 1971, un film de Leonard Gmür, nommé Great Expectations. - En 1998, un film tourné aux Etats-Unis par Alfonson Cuaron, nommé Great Expectations. Ce dernier film a connu un grand succès : il a été tourné avec des stars (Ethan Hawkes, Gwyneth Paltrow, Robert de Niro). Il s'agit d'une transposition du synopsis de Grandes Espérances à l'époque contemporaine.


 a vu le DVD le 24/03/2018Avis :note

La meilleure adaptation du roman de Charles Dickens, à la lisière de l'étrange et du fantastique. Il y a le cimetière fantomatique et ses bagnards évadés aux mines patibulaires et puis bien entendu le manoir délabré et poussiéreux où vit recluse Mrs Havisham (Martita Hunt). Depuis qu'elle a été abandonnée le jour de ses noces, elle a arrêté le temps, laissant tout pourrir sur pied. Ceux qui connaissent l'attraction "Phantom Manor" à Disneyland Paris ont une idée précise de l'ambiance lugubre de ce lieu figé dans le passé. La légende de la fille Ravenswood qui sert de base à l'attraction est en effet tout droit sortie du roman de Dickens ("Panthom Manor" est également matîné d'influences française et américaine: "Le fantôme de l'opéra" et la maison de "Psychose" ont également été des sources d'inspiration).

Mais Mrs Havisham ne se contente pas de gâcher sa vie dans une existence mortifère, elle veut perpétuer son malheur. Elle élève une petite fille, Estella pour en faire un instrument de vengeance. Afin de lui aiguiser l'appétit, elle lui donne Pip, le fils du forgeron comme compagnon de jeu et souffre-douleur. Lean a révélé dans ce film le talent de la jeune Jean Simmons qui joue Estella adolescente ainsi que celui d'Alec Guiness qui joue Herbert Pocket, l'ami de Pip. En revanche, il a été moins inspiré pour le choix de Pip adulte. John Mills paraît beaucoup trop vieux pour le rôle (il a 38 ans et est censé en paraître 21!) même s'il est talentueux. Quant à Estella adulte (Valérie Hobson), elle manque un peu de caractère comparé à Jean Simmons.

"De grandes espérances" est un récit initiatique dans lequel Pip en quête d'identité doit apprendre en grandissant le discernement (le brouillard est très présent dans le film). Alors que Mrs Havisham ne lui veut que du mal, il se méprend sur ses intentions et croit qu'elle est sa bienfaitrice. Et plus Estella le maltraite, le manipule et le rejette, plus il s'éprend d'elle, ne cherchant jamais à lui résister. A l'inverse il est terrifié par Abel Magwitch le bagnard (Finlay CURRIE) qu'il prend pour un croquemitaine alors qu'il cache un grand coeur et une profonde blessure. Il n'est pas plus tendre envers son père adoptif, le forgeron Joe (Bernard Miles), timide et maladroit mais profondément bon. Pourtant ce sont ces deux hommes dont il a honte à cause de leur condition sociale qui lui permettront de s'en sortir alors que l'aristocrate hautaine est condamnée à brûler en enfer. La vision de la "justice" britannique est d'ailleurs très critique, s'abattant impitoyablement sur les malheureux pour les broyer.

Great Expectations en VO.

Image

L'histoire de Pip, apprenti forgeron, qui reçoit d'un bienfaiteur anonyme une importante fortune.


Pathologiquement incapable d'accepter les adaptations cinéma de romans que j'ai lus et aimés, j'ai essayé de retenter ma chance avec Lean. De lui, je n'avais vu que Brève rencontre, un film froid, sobre et classieux, assez distant aussi - ce qui allait très bien avec son sujet d'amour pragmatique entre adultes dignement raisonnés. Ce film-ci me donne un peu les mêmes impressions, mais le sujet (le livre est un torrent d'émotions) pose alors problème... Lean me donne le sentiment d'être un auteur à sensation venu se frotter à la grande adaptation littéraire où tout le monde l'attend au tournant, et de s'y cogner en "expert" - un peu comme Mendes va faire James Bond. Et là-dessus, effectivement, c'est un film d'une élégance exemplaire.

Cela dit, j'ai du mal à me départir de l'impression que l'adaptation est le seul enjeu, le seul souci, que jamais il ne s'approprie la chose. Le film se fait plus inspiré quand il vire au tableau expressionniste (le marais, la maison), ou quand il est sujet à des fuites baroques (le feu, ou la fin réécrite grandiloquente au point d'en être un peu ridicule), mais ce petite théâtre hanté à quelque chose de facile, d'impersonnel, de bêtement illustratif. J'ai du mal à voir ce qui l'intéresse réellement là-dedans, notamment quand son petit héros, parti à la ville, se trouve interprété par un John Mills ridiculement trop vieux, bien peu apte à incarner un visage sensible, une jeunesse qui espère et ressent. Par son jeu très précis, il désigne plutôt les tares du Pip jeune gentleman, comme un commentaire en direct de ses errances.

J'avais beaucoup aimé la façon dont Dickens, dans le roman, avait réussi à continuer la fantasmagorie de l'enfance dans un Londres plein de monstres : ni les obligations de l'âge adulte, ni le commentaire social, ne brisaient l'envoûtement. Ici, même si l'interprétation plus fine des seconds rôles (Jaggers, le colloc) sauve les meubles, il faut vraiment attendre le retour au danger et à la nuit, avec l'arrivée du personnage coup-de-théâtre, pour que l'ensemble se suive à nouveau avec plaisir.

Film classe donc, mais plus occupé à chercher la solution savante à l'adaptation, que celle qui pourrait amener le matériau d'origine vers un horizon quelconque : j'ai plus l'impression d'être en face d'un premier de la classe occupé à réussir l'exercice, que d'un cinéaste préoccupé par l'urgence de me dire quelque chose.



Les Grandes Espérances (Great Expectations) – de David Lean – 1946

Classé dans : 1940-1949,LEAN David — 7 septembre, 2012 @ 12:37

Les Grandes Espérances (Great Expectations) - de David Lean - 1946 dans 1940-1949 les-grandes-esperances

Le chef d’œuvre de Dickens a été plusieurs fois porté à l’écran. Cette adaptation, signée Lean (qui reviendra à Dickens dès l’année suivante avec Oliver Twist), est sans doute à la fois la plus fidèle, et la plus réussie.

Avec cette œuvre visuellement somptueuse, Lean signe un magnifique film sur le passage à l’âge adulte, et sur le difficile deuil de l’enfance. Derrière son aspect de conte un peu naïf, le film est d’une richesse impressionnante. Il dresse des liens complexes entre l’adulte et l’enfant qu’il fut. En devenant un homme (un passage difficile marqué par une rupture totale de cadre de vie), Pip, le héros, réalisera que les bonnes fées de son enfance ne sont pas ce qu’il pensait, pas plus que le croquemitaine qu’il avait rencontré par une nuit brumeuse et cauchemardesque.

La bonne fée, alias l’étrange Miss Haversham, n’est qu’une imposture ; le monstre, bagnard évadé, est bien moins monstrueux qu’il en a l’air… C’est tout l’univers imagé, naïf et manichéen de l’enfance qui explose, mine de rien. Et la perte de l’innocence ne se fait pas sans douleur…

L’histoire de Pip est racontée en deux époques : l’enfance d’abord, puis le début de l’âge adulte. Et c’est passionnant de voir les changements visuels et narratifs que Lean adopte d’une époque à l’autre. Pour l’enfance, son style est proche de l’expressionnisme, avec des ombres inquiétantes, des plans désaxés très marqués, et de grands ciels nuageux qui surplombent d’immenses espaces vides et inquiétants; des marais baignés de brumes… On pense à L’Aurore, de Murnau. On pense aussi à l’utilisation des paysages dans Lawrence d’Arabie, que Lean tournera quelques années plus tard. La couleur et le cinémascope en moins.

Cette première partie est du pur Dickens : Pip, jeune orphelin, grandit dans une maison perdue dans un environnement hostile, élevé par une sœur qui ne l’aime pas et le bat à longueur de journées… De la même manière, l’apparition du forçat évadé à qui Pip vient en aide un peu malgré lui évoque les grandes figures machiavéliques dickensiennes, mais aussi la créature de Frankenstein (pas étonnant que De Niro ait joué les deux personnages dans les années 90 – voir le Frankenstein de Branagh).

Changement de style et de ton avec le passage à l’âge adulte. Finies les brumes inquiétantes et les grands paysages : Pip hérite d’un mystérieux donateur (qu’il croit à tort être Miss Havisham), et part apprendre les bonnes manières à Londres… où il apprendra surtout le cynisme, la débauche et la snobinerie, avant d’être rattrapé par son enfance avec une apparition inattendue. Là, l’approche de Lean se veut moins onirique, plus ancrée dans la réalité, et dans ce Londres grouillant de vie.

Comme souvent chez Lean, les personnages, et leur évolution, sont intimement liés aux décors dans lesquels ils évoluent. C’était le cas avec la maison de Heureux mortels, la gare de Brève rencontre ou la chambre de Madeleine ; ce sera évidemment le cas pour ses grandes fresques à venir (du Pont de la Rivière Kwai à La Route des Indes). Ici, peut-être plus encore que dans ses autres films, Lean fait des décors des personnages à part entière. Il oppose le clinquant hypocrite de Londres à l’authenticité simple de la maison du marais, et cela suffit pour montrer les égarements d’un Pip en quête d’identité.

Lorsque Pip retrouve Estella dans le château sans vie de Miss Haversham, il sait que le bonheur n’a pas sa place dans cette demeure vide et figée dans le passé. Et quand il se réveille après une longue maladie qui marque la fin de son « apprentissage », c’est « à la maison » que Joe, son forgeron de père adoptif, l’a ramené…

Beau film sur le deuil de l’enfance, ce Great Expectations est du pur Dickens, et du pur Lean.

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