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L'OBS
CINÉMA
Žižek : Hitchcock et Lacan
Prologue
Du cinéma proche et lointain de Slavoj Žižek, nous vous avons parlé, il y a quelque temps, avec De Lacrimae Rerum (documentaire et fiction sur les larmes réelles d'un sujet filmé par Kieslowski suivi d'une analyse audacieuse du Décalogue - webzine n°140), et le mois passé, avec l'étourdissant Jacques Lacan à Hollywood et ailleurs (webzine n°147).
Žižek qui parle de cinéma, c'est un montage entre Resnais et Eisenstein. Autrement dit, entre le récit bien structuré, triangulé (de Hegel à Lacan en passant par Marx), et les changements de plans dans une même séquence, avec une impertinence digne de sa majesté Eisenstein.
Ne soyons pas surpris si l'idéologie capitaliste planétaire (son registre étant la platitude : l'espace sans temps), fait plus qu'exaspérer Žižek, philosophe slovène et européen (« les Balkans sont l'inconscient de l'Europe »). La propagande pour des slips ou des montres (le temps en instantanés), est sensée être le bonheur nouveau. On ne s'étonnera donc pas que l'art ait été remplacé au profit des « industries culturelles ». Comme dit Žižek : « On ne parle plus d'amour, mais de sexe; plus d'art, mais de culture; plus de politique, mais d'administration. » (1)
Pour contrer cela, Godard disait : « Le cinéma est une forme qui pense » et il ajoutait, « Il y a la culture qui est la règle, et il y a l'exception qui est l'art. Tous disent la règle, personne ne dit l'exception. »
Žižek aime le cinéma. Il en parle à la Deleuze, comme d'une pensée (2), et en parle donc avec ce brio qui caractérise la sienne. Réédition augmentée de son livre « culte », Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Lacan sans jamais oser le demander à Hitchcock.
Jacques et Alfred. L'un et l'autre, versus l'autre et l'un. Une bande sonore dans laquelle, chez Hitchcock, vrais ou faux criminels se confrontent aux icônes féminines, et chez Lacan de drôles de dames à leur folie inspirée. En quoi le suspens de l'un correspond à l'angoisse de l'autre, le Mc Guffin de l'un, à l'obscur objet du désir chez l'autre ?
Allegro, sur une réussite
L'air du temps est-il élégant ou sidérant ? Méprisé lors de sa sortie par la critique américaine « absurdité tirée par les cheveux » (in The New Yorker), Vertigo fut surtout, pour son réalisateur, un insuccès commercial. Vertigo file ainsi dans la cave à vin du père Hitchcock pendant vingt ans. Le temps de ressortir triomphalement, adulé par une autre génération de critiques (l'album des entretiens de Hitchcock avec Truffaut était passé par là). D'un coup, il devient l'un des dix meilleurs films du monde. Le même destin que La règle du jeu de Jean Renoir, lui aussi au sommet de la pyramide après avoir subi, en 1939, l'hostilité du public et obtenu le titre de « navet » du cinéma par la critique.
Vertigo, entrechats sur les amants de Los Angeles, de l'Un à l'Autre, de la copie au vrai, et vice-versa. Le coeur de Vertigo, donc, le véritable amour de Scottie pour Madeleine n'est-il qu'un fantasme ? Scottie aime-t-il Madeleine, ou une image du passé qui la représente ? Žižek, nous explique : « La Madeleine du passé était un leurre imaginaire, faisant semblant d'être le véritable Amour (...) Dans le véritable amour, après avoir découvert la vérité, Scottie aurait accepté Madeleine comme étant plus Madeleine qu'elle-même. Autrement dit, il est normal que Judy ressemble à Madeleine - elle est Madeleine. »
Balèze Žižek, qui nous refile du Marx brothers (son surnom aux Etats-Unis est d’ailleurs « le Marx brother de la philosophie »), dans une de ses blagues sans foi ni loi dont il a le secret. « Tout en toi me fait songer à toi – tes lèvres, tes cheveux, tes bras, tes jambes... tout sauf toi, toi-même. »
On pourrait poursuivre sur l'Autre… C'est qui, c'est quoi ? L’Autre est ce qui manque à Scottie, qui exprime son désir et surtout qu'il ne veut surtout pas avoir, comme on vient de le lire. Reprenons le duo Madie/Scot avant la fin, lorsque Scottie découvre que la perte de Madeleine est un leurre. L'objet de son désir est Judy (fondamental objet a selon Lacan, obscur et indéfini), il n'arrive pas à dépasser son trauma sauf, trop tard, à la fin du film, au moment où surgit, tel un fantôme, une sœur sur la tour de la mission Dolorès. (3) Rappelons que lorsque Judy, amoureuse devenue, se transforme en Madeleine pour Scottie, dans sa chambre d'hôtel, elle passe du fantôme à une réalité que Scottie ne peut accepter. Pourquoi ? « Lorsqu'il recrée Madeleine en Judy, puis qu'il découvre que Madeleine qu'il connaissait était en réalité Judy faisant semblant d'être Madeleine, il ne découvre pas seulement que Judy est un faux, mais parce qu'elle n'est pas un FAUX – elle EST Madeleine. L'objet a se désintègre : la perte elle-même est perdue. »
Adante un échec ?
La perfection de Vertigo amène Žižek à se demander ce qui cloche avec le faux coupable. Le tout à la vitesse d'un Mc Guffin qui filerait à la vitesse d'un aérolite. « Un film selon son cœur », écrivent Chabrol et Rohmer (4), un film qui compte beaucoup pour Hitchcock. Dans Le Faux coupable, il a renoncé à recevoir son cachet de réalisateur. Il pose la question du comment vivre lorsqu'on est pris pour un autre ? Plus encore, en étant identifié comme étant un braqueur de banque, dès le prologue, Hitchcock, en s'adressant au spectateur, signale qu'il s'agit d'une histoire vraie, y compris dans ses moindres détails.
Balestrero (Henry Fonda), contrebassiste au Storck-Club, se rend au siège d'une compagnie d'assurance et se fait identifier comme un gangster ayant pratiqué une série de « hold-up » dans des banques. Dans leur petit livre, Rohmer et Chabrol écrivent que le catholicisme de Sir Alfred est la clé de son univers (p.149). Ok, ajoute Žižek, mais pas n'importe lequel : la vision janséniste, proche du protestantisme anglo-saxon (5). « Le Faux coupable met en scène, de la façon la plus pure, l'arrière-plan théologique du réalisateur, dans lequel les héros sont à la merci d'un « dieu obscur », du destin imprévisible (…) Ces dieux sont aveugles dans leur sainte ignorance des petites affaires humaines : le Destin intervient sous la forme d'une coïncidence contingente qui change radicalement le statut symbolique du héros. » (6)
Le problème du film préféré de Sir Hitchcock - avec l'Ombre d'un doute - consiste à ce qu'il essaie de transmettre un fait réel, avec un sérieux digne du réalisme psychologique (tout s'est vraiment passé, chers spectateurs, y compris l'enfermement de la femme de Balestrero dans un asile psychiatrique). Du coup, « il renonce, dans ce film, au rôle de « dieu bienveillant maléfique, et essaie de transmettre le message de façon « directe » et « sérieuse » - avec le résultat paradoxal que le « message » lui-même perd son effet persuasif », dit Žižek. On n’y retrouve pas le jeu, cher à Hitch, entre le fantasme et la réalité. Dans Le Faux coupable, poursuit notre Marx brother de la philo, « la rencontre miraculeuse n'a pas lieu, la réalité reste « la simple réalité », le fantasme n'y retourne pas. »
Beaucoup de critiques, dans leurs articles ou leurs livres sur Alfred Hitchcock, nous en parlent en explorant la nature ambiguë et divisée du désir du sectateur, autrement dit sur son voyeurisme : Fenêtre sur cour, Psychose, ou Le Crime était presque parfait (la punition du malfaiteur poignardé dans le dos par Grace Kelly avec des ciseaux).
D'où la question qui trotte à l'esprit : Hitch est-il un bienveillant sadique ? Partant de l'idée qu'une mince frontière sépare « la notion janséniste du dieu obscur », de la notion sadienne d'être « suprême en méchanceté », Žižek écrit que le vrai désir du sadique est d'agir comme un instrument de l'Autre, en tant qu'il est l'être suprême de la méchanceté » (l'Autre étant chez Lacan, le symbolique, Dieu, la nation, le marché, le communisme, etc.)
On vous laisse découvrir, véritable cerise sur le gâteau, la suite des propos de notre philosophe slovène sur le « servir le peuple » de Staline (jansénisme et stalinisme), le Ku Klux Klan ou le nazisme.
Revenons à notre sujet. Le père Hitch joue sur la loi au nom de la loi, sur son versant pervers. Il offre au spectateur, « un désir qui correspond à une transgression de ce qui est socialement permis, au désir d'un moment où l’on est, pour ainsi dire, autorisé à enfreindre La LOI, au nom de la LOI elle-même - nous avons de nouveau la perversion en tant qu’attitude socialement « constructive » : on peut s'adonner à ses pulsions illicites, torturer et tuer pour protéger la loi et l'ordre, et ainsi de suite. »
C'est presque du Bakhtine, qui nous expliquait que le déferlement en tout genre (folie et sexualité débridée) est inhérent à l'ordre social. « La transgression est « permise», elle est l'envers de la loi, et personne ne se sent menacé : le Carnaval a toujours eu lieu sur le pouvoir de l'église. » (7)
Par ailleurs, sur le même sujet du Faux coupable, lire l'article de Renata Saleci dans le même bouquin, et intitulé Le vrai coupable. Parmi d'autres textes, ceux de Madlen Dolar, Alenka Zupancic, Stojan Pelko et Frédéric Jameson (à qui nous devons le stimulant Signatures of the visible).
Voici donc un livre brillant, recommandé à tous ceux pour qui le cinéma n'est pas qu'un divertissement, mais aussi une pensée et une découverte du monde.
(1) Il est permis de ne pas jouir, entretien de Žižek avec Nicolas Truong in Philomag.
(2) La trajectoire entre Deleuze et Žižek semble aussi bizarre, mais pas impossible, que celle entre Spinoza et Hegel (bigre, de l'immanence à la transcendance ?) C'est ce que tente l'intrépide Žižek dans Organes sans corps, Deleuze et conséquences en faisant porter le chapeau du problème lacanien à Félix Guattari. Ce « noeud borroméen », paradoxal, mais intéressant a été tenté également par Alain Badiou qui aurait, semble-t-il, aimé se substituer à Guattari dans Deleuze, aux éditions Hachette. Lire aussi, Le devenir-lacanien de Deleuze, du même Žižek aux éditions Eris.
(3) On peut aussi ajouter qu'à ce moment-là, c'est Judy qui subit le trauma d’avoir assisté au meurtre de la vraie Madeleine, présenté comme un suicide. En vraie Madeleine devenue et acceptée, cette fois par Scottie, elle rejoue la mort de Madeleine.
(4) Hitchcock de Chabrol et Rohmer, aux éditions Ramsey/Poche.
(5) « Hitchcock fait un cinéma de la relation, comme la philosophie anglaise faisait une philosophie de la relation. Peut-être est-il, en ce sens, à la charnière de deux cinémas, le classique qu'il parachève, et le moderne qu'il prépare. » Préface pour l'édition américaine de l'Image-Mouvement in Deux régimes de fous de Gilles Deleuze, éditions de Minuit
(6)Voir Le Dieu caché de Lucien Goldman aux éditions Gallimard.
(7) Julia Kristeva, préface à La Poétique de Dostoïevski de Mikhaïl Bakhtine aux éditions du Seuil.
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Lacan sans jamais oser le demander à Hitchcock de Slavoj Žižek, nouvelle édition (après celle en 1992 chez Navarin) désormais chez Caprici.
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VERTIGO : ANALYSE PSYCHOLOGIQUE ET COMPORTEMENTALE DE SCOTTIE (Article écrit par Vincent Geeraert)
La présente étude a pour but de mettre en lumière certaines explications psychologiques sur le film à partir de concepts et théories psychologiques précis. Elle n´aura donc en aucun cas la prétention d´épuiser tous les thèmes abordés dans Vertigo.
L’action se déroule à San Francisco et relate l’histoire d’un ancien inspecteur de police (Scottie) souffrant d’un mal répandu : le vertige. Ce mal aura fait basculer sa vie un jour où, poursuivant un malfaiteur sur les toits de la ville avec son coéquipier, celui-ci glisse et se raccroche sur le bord de toit avant de céder et de faire une chute mortelle sous les yeux de Scottie totalement tétanisé par le vide et incapable de sauver son coéquipier et ami. Ce drame conduit Scottie à se retirer et s’installer comme détective privé à San Francisco. Mais un jour, un ami le contacte pour lui demander de filer sa femme, Madeleine, craignant qu’elle ne commette à tout moment une tentative de suicide.
Scottie accepte et suit Madeleine dans toute la ville, et, effectivement, elle se jette un jour dans la baie de San Francisco. Scottie la sauve de la noyade, l’emmène chez lui afin de l’aider à reprendre ses esprits et, progressivement, s’éprend de la jeune femme.Cependant, alors que le couple commence à se former, Madeleine emmène Scottie dans un village de style espagnol non loin de San Francisco. Scottie, craignant à tout moment que Madeleine tente de suicider de nouveau, reste le plus possible à ses côtés. Mais dans ce village se trouve une église dont la porte du clocher demeure ouverte jour et nuit. Echappant à l’attention de Scottie, Madeleine monte dans le clocher et se jette dans le vide alors que Scottie tentant de la rattraper est terrassé par le vertige pendant sa montée et ne parvient donc pas à sauver la jeune femme.
PARTIE 1 : LA PERSONNALITÉ DE SCOTTIE : UN REFOULEMENT ÉVIDENT
C’est à partir de ce moment du film que la personnalité de Scottie nous apparaît vraiment. En effet, le film est composé de deux parties totalement distinctes dont seul peut-être Alfred Hitchcock avait le talent pour en tirer un tel suspense et ainsi mettre à nu les multiples facettes de la personnalité de Scottie. Plusieurs mois après ce nouveau drame, Scottie rencontre en effet une femme affichant une ressemblance physique avec Madeleine très prononcée. Scottie commence alors à suivre cette femme et un véritable jeu de séduction débute alors entre eux dans lequel l’image de Madeleine demeure clairement omniprésente dans les yeux de Scottie.Le premier trait de personnalité de Scottie qui apparaît dans la première partie du film est celui du refoulement (concept freudien).
Le premier drame vécu par Scottie lors de la mort de son coéquipier, mort dont Scottie se sent irrémédiablement responsable, met à nu ce rejet du vide, dû à cette maladie, et cette peur de commettre à nouveau l’irréparable, expliquant son retrait de la police et sa volonté de changer de vie. Le film montre cela de façon paradoxale : il ne cherche pas à mettre à nu ce souvenir refoulé, au contraire il le présente dès le début du film puis n’en fait plus jamais mention, charge au spectateur de garder cela en mémoire pour comprendre la psychologie du personnage de Scottie. On remarquera qu’Alfred Hitchcock ne réalise aucun flash-back sur cette période de la vie de Scottie après cette scène d’ouverture du film. Scottie a une hantise du vide, ce qui aurait pu ne rester qu’une simple « maladie » est devenu chez lui une véritable phobie liée à cet événement et au sentiment de culpabilité qui en découle, qu’il cherche à éviter à tout prix.
Ce refoulement apparaît clairement dans la scène du clocher à la fin de la première partie du film lorsque Madeleine se suicide : son désir de sauver Madeleine doit faire face, lutter quasiment à mort contre la verticalité, et c’est la verticalité qui l’emporte cette première fois. Ce choc « désir versus phobie » apparaît à nouveau à la fin de la seconde partie du film, et donc à la conclusion de l’œuvre de Hitchcock, lorsque Scottie poursuit à nouveau dans le même clocher le sosie de Madeleine : la montée est dure, difficile, on sent que Scottie est partagé entre sa volonté de ne pas vivre un troisième drame lié à sa peur du vide et ce vertige lui-même qui l’envahit complètement, et cette fois c’est le désir qui l’emporte : il parvient au sommet du clocher.
PARTIE 2 : L’AMOUR DANS LA MORT
Cependant, le personnage de Scottie n’est pas seulement constitué de cette facette. De façon plus générale, Scottie apparaît comme un homme en quête d’identité, partagé entre amour et rejet de cette femme. Le sentiment amoureux apparaît, avec différentes variations, entre les deux personnages, pourtant ils ne se rencontrent pas. Ce n’est que dans la mort qu’ils se rencontrent, alors que Scottie pense enfin avoir compris Madeleine. Ceci apparaît dans la seconde partie du film, en particulier dans la scène de la chambre d’hôtel ainsi que dans le magasin de vêtements, avec Judy, cette femme ressemblant étonnamment à Madeleine, scènes durant lesquelles Scottie veut transformer cette femme en Madeleine en lui faisant porter les mêmes vêtements, en lui demandant de se faire la même coiffure.
C’est durant ce passage du film que Scottie montre clairement à quel point son amour pour Madeleine ne peut éclater que dans la mort, amenant à un sentiment proche de la nécrophilie – la mort est aussi omniprésente dans le film soit par représentation directe (Madeleine qui se jette dans la baie de San Francisco, puis dans le vide du haut du clocher de la chapelle du village espagnol, les deux fois en présence de Scottie), soit par l’intermédiaire de nombreuses métaphores (scène du cimetière où est enterrée l’aïeule de Madeleine, où Scottie est présent lors de sa filature, évocation de la « malédiction » qui pèse sur famille, scène de la tombe ouverte de Madeleine en rêve). En outre, Scottie a besoin de contrôler Madeleine puis Judy, il ne les quitte pas au point parfois de songer au harcèlement, il veut absolument les mener comme il l’entend – dans quel but ? Scottie lui-même ne semble pas en être parfaitement conscient et paraît même chercher en lui les raisons de cette attirance et de cette fascination qu’il éprouve pour ces deux femmes (qui, dans son esprit, ne sont qu’une : Madeleine).
PARTIE 3 : UN IRRÉPRESSIBLE BESOIN DE VÉRITÉ
Ce sentiment amoureux confus exprime ainsi une autre partie de la personnalité de Scottie : la quête de la vérité et la fascination qu’exerce Madeleine et le passé de la jeune femme sur le personnage incarné par James Stewart, les deux étant liés. Concernant la quête de la vérité, rappelons déjà le métier de Scottie : ancien policier reconverti en détective privé. Mais dans cette affaire, cela va plus loin : Scottie est totalement fasciné, il cherche à s’approprier Madeleine pour lui (aux dépens de son ami !), les deux personnages se cherchent mutuellement.
Cela entraîne Scottie dans une sorte de spirale, symbole par ailleurs très nettement marqué dans la réalisation d’Alfred Hitchcock par l’intermédiaire du chignon de Madeleine et de son aïeule qu’elle contemple sur le tableau dans la scène du musée, spirale dans lequel le vertige tant redouté se fait sentir : Scottie éprouve de l’amour mêlé à une peur, c’est son cerveau qui combat une pulsion physique, qui le conduit une première fois à une inhibition de l’action lors de la première scène du clocher (lors du suicide de Madeleine – en fait meurtre de Madeleine), illustrant l’impossibilité pour Scottie de trouver une solution aux problèmes auxquels il est confronté, puis une seconde fois à opter cette fois pour l’action en relevant le défi de combattre sa peur du vide – ce qui lui permettra de parvenir au bout de sa quête de la vérité (scène finale). Assouvir son besoin de vérité permet ainsi de réaliser deux besoins extrêmes dans la pyramide de Maslow : un besoin d’abord physiologique (combattre sa peur du vide) mais aussi un besoin de réalisation de soi : il est incité, dans toute sa complexité, à se montrer lui-même qu’il peut percer le secret de Madeleine.
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