(1889-1963)
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6 films | ||
Jean Cocteau nait le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffite. Son oeuvre de cinéaste est relativement mince par rapport à sa production littéraire (poèmes, pièces, romans) ou graphique (dessins, fresques, céramiques). Cocteau était un touche-à-tout de génie, un "amateur" au sens le plus pur du terme, qui vit dans le cinéma un moyen parmi d'autres pour véhiculer ses fantasmes intimes, ses obsessions, sa "difficulté d'être". Il se voulait poète avant toute chose et baptisa son oeuvre poésie de roman, poésie de théâtre, poésie de cinéma, etc.
Dès 1925, il tourne un petit film (en 16 mm), à la manière de Chaplin, qu'il intitule tout simplement Jean Cocteau fait du cinéma : cette bande ne connut pas d'exploitation publique et l'unique copie fut perdue. En 1930, une subvention du vicomte de Noailles lui permet de réaliser (avec l'aide de Michel Arnaud et de l'opérateur Georges Périnal) un essai d'avant-garde, qui contient en germe le reste de son oeuvre : Le sang d'un poète. Tous les thèmes sont là : les souvenirs d'enfance, l'homosexualité, la drogue, le narcissisme, l'hommage à Eleusis et à ses mystères.
Cocteau abandonne ensuite l'écran pour la scène, n'y revenant qu'à l'occasion de scénarios ou de dialogues écrits pour d'autres : L'Herbier, de Poligny, Bresson et surtout Delannoy (L'éternel retour). Le succès de ce dernier film l'incite à mettre à nouveau (comme il dit) "les deux mains" à la caméra : c'est La belle et la bête (1946), conte de fées pour grandes personnes, s'adressant "à ce qui reste d'enfance en chacun de nous". Suivent des "mises en images" de ses propres pièces, qui sont agrementés de quelques effets de cinéma trop voyants : L'aigle à deux têtes (1947) et Les parents terribles (1948).
En 1950, c'est Orphée, sans doute son chef d'oeuvre, où la pièce d'origine est cette fois complètement remaniée en fonction des exigences de l'écran. L'échec qu'il rencontre l'éloigne à nouveau des studios; il n'y reviendra qu'avec Le Testament d'Orphée, grâce à l'appui d'un autre mécène, bien plus jeune que lui : François Truffaut. Cette oeuvre ultime renoue avec la veine autobiographique de ses débuts : Cocteau y filme même sa propre mort ! Celle-ci survint effectivement trois ans plus tard, le 11 octobre 1963.
"Mes films, avait coutume de dire Cocteau, n'ont ni queue ni tête, mais ils ont une âme !". Ils s'inscrivent dans une tradition du merveilleux et de la féerie inaugurée par Georges Méliès. Le texte littéraire y est, certes, prédominant : mais il s'en dégage une fascination certaine.
Jean Cocteau a collaboré à de nombreux autres films dont il signe généralement le scénario ou le dialogue :
- La comédie du bonheur (Marcel L'Herbier, 1940)
- Le baron fantôme (Serge de Poligny, 1942)
- L'éternel retour (Jean Delannoy, 1943)
- Les dames du bois de Boulogne (Robert Bresson, 1945)
- Ruy Blas (Pierre Billon, 1947)
- Les enfants terribles (Jean-Pierre Melville, 1950)
- La princesse de Clèves (Jean Delannoy, 1961).
Il a été parfois acteur : dans Le baron fantôme, La Malibran (Sacha Guitry, 1943), 8x8 (Hans Richter, 1952) ou son dernier film : Le testament d'Orphée.
Filmographie :
courts-métrages :
1925 : Jean Cocteau fait du cinéma
1950 : Coriolan
1952 : La villa Santo Sospir (0h36)
1957 : 8 X 8: A Chess Sonata in 8 Movements (1h20 en anglais)
1962 : Jean Cocteau s'adresse... à l'an 2000 (0h25)
1950 : Coriolan
1952 : La villa Santo Sospir (0h36)
1957 : 8 X 8: A Chess Sonata in 8 Movements (1h20 en anglais)
1962 : Jean Cocteau s'adresse... à l'an 2000 (0h25)
Longs-métrages :
1930 | Le sang d'un poète |
Avec : Enrique Rivero (le poète), Elizabeth Lee Miller (la statue), Pauline Carton (la professeur de vol), Féral Benga (L'ange). 0h50.
Une cheminée d'usine s'apprête à tomber... Pendant ce temps, dans la chambre d'un poète, une statue sans bras s'anime brusquement. À son invite, le poète plonge dans un grand miroir ornant l'un des murs de la pièce. De l'autre côté, il découvre des lieux et des personnages étranges : un couloir d'hôtel borgne, une fumerie d'opium, une chambre où l'on donne une leçon de vol à une fillette, un hermaphrodite...
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1946 | La belle et la bête |
Avec : Josette Day (La Belle), Jean Marais (Avenant / La Bête / Le Prince ), Marcel Andre ( Le père), Michel Auclair (Ludovic). 1h40.
Il était une fois un marchand ruiné qui vivait avec ses trois filles, les orgueilleuses, Félicie et Adélaïde et la bonne et douce Belle. Son fils Ludovic, un chenapan, avait pour ami Avenant, amoureux de Belle. Un soir, le marchand s'est perdu dans la forêt et a volé, pour l'offrir à Belle, une des roses du domaine de la Bête...
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1947 | L'aigle à deux têtes |
Avec : Edwige Feuillère (la reine), Jean Marais (Stanislas), Jean Debucourt (De Willenstein), Silvia Monfort (Edith de Berg). 1h35.
Aux premières années du XXe siècle, une reine encore jeune assume le poids de son veuvage et les inconvénients de sa charge. Détestée par l'archiduchesse, sa belle-mère, elle traîne son ennui de châteaux en châteaux, étroitement surveillée par le comte de Foëhn, ministre de la police. Il rencontre un jeune exalté, Stanislas, qui a formé le projet de tuer sa souveraine....
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1948 | Les parents terribles |
Avec : Jean Marais (Michel), Josette Day (Madeleine), Yvonne de Bray (Yvonne), Marcel André (Georges). 1h40.
Michel, superbe jeune homme choyé par sa mère, Yvonne, avoue à cette dernière qu'il est tombé amoureux de Madeleine. Yvonne est furieuse tout comme Georges, le père de Michel - et également l'amant de Madeleine...
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1959 | Orphée |
Avec : Jean Marais (Orphée), François Périer (Heurtebise), María Casares (La Princesse/ La mort), Marie Déa (Eurydice). 1h52.
Dans une ville idéale, où ce qui compte en littérature se réunit le soir au Café des Poètes, le célèbre poète Orphée voit arriver à bord d'une somptueuse voiture noire une femme étrange, belle et froide, intouchable princesse, qui paraît protéger un jeune homme appelé Cégeste...
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1960 | Le testament d'Orphée |
Avec : Jean Cocteau (Le poète), Jean Marais (OEdipe), Henri Crémieux (Le savant), Yul Brynner (L'huissier), 1h20.
Le poète se promène dans le film et à travers le temps. Ce temps qui devait être anéanti par un revolver, invention d'un savant dont le poète vient troubler la vieillesse. Frappé par une balle, Cocteau rebondit dans un autre temps où il retrouve ses propres créations : le jeune poète Cégeste, la Princesse toujours belle et inaccessible, le fidèle Heurtebise...
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27 février 2010
9 janvier 2010
9 janvier 2010
Les parents terribles (1948) de Jean Cocteau
Lui :
Dans un appartement, une mère possessive vit recluse avec son mari, son jeune fils de 22 ans et sa sœur qui était autrefois éprise du mari. Le fils annonce à ses parents qu’il est amoureux d’une jeune fille qui était jusque là entretenue par un vieux protecteur qu’elle a décidé de quitter. Jean Cocteau a écrit Les Parents Terribles pour le théâtre où il rencontra un certain succès dès 1938. Pour le porter à l’écran dix ans plus tard, il choisit un format très proche du théâtre, ne modifiant qu’assez peu le texte et confinant l’ensemble à deux appartements. Le sentiment de huis clos étouffant est ainsi très fort, une atmosphère lourde qui n’est pas sans évoquer certaines adaptations de Tennessee Williams. Le décor, volontairement chargé et vieillot, donne l’impression de se resserrer sur les personnages, de former une sorte de carcan. Le drame qui s’est noué est extrêmement puissant, digne d’une tragédie grecque, avec une interprétation très forte d’Yvonne de Bray, grande actrice de théâtre et inspiratrice de la pièce originale. Vu aujourd’hui, le film pourra toutefois paraître à certains assez daté, sentiment accentué par le fait que tous les acteurs ont 15 à 20 ans de plus que leurs personnages.
Note :
Acteurs: Jean Marais, Josette Day, Yvonne de Bray, Marcel André, Gabrielle Dorziat
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean Cocteau chroniqués sur ce blog…
Remake :
Les Parents Terribles (Intimate relations) de l’anglais Charles Franck (1953)
Lui :
Dans un appartement, une mère possessive vit recluse avec son mari, son jeune fils de 22 ans et sa sœur qui était autrefois éprise du mari. Le fils annonce à ses parents qu’il est amoureux d’une jeune fille qui était jusque là entretenue par un vieux protecteur qu’elle a décidé de quitter. Jean Cocteau a écrit Les Parents Terribles pour le théâtre où il rencontra un certain succès dès 1938. Pour le porter à l’écran dix ans plus tard, il choisit un format très proche du théâtre, ne modifiant qu’assez peu le texte et confinant l’ensemble à deux appartements. Le sentiment de huis clos étouffant est ainsi très fort, une atmosphère lourde qui n’est pas sans évoquer certaines adaptations de Tennessee Williams. Le décor, volontairement chargé et vieillot, donne l’impression de se resserrer sur les personnages, de former une sorte de carcan. Le drame qui s’est noué est extrêmement puissant, digne d’une tragédie grecque, avec une interprétation très forte d’Yvonne de Bray, grande actrice de théâtre et inspiratrice de la pièce originale. Vu aujourd’hui, le film pourra toutefois paraître à certains assez daté, sentiment accentué par le fait que tous les acteurs ont 15 à 20 ans de plus que leurs personnages.
Note :
Dans un appartement, une mère possessive vit recluse avec son mari, son jeune fils de 22 ans et sa sœur qui était autrefois éprise du mari. Le fils annonce à ses parents qu’il est amoureux d’une jeune fille qui était jusque là entretenue par un vieux protecteur qu’elle a décidé de quitter. Jean Cocteau a écrit Les Parents Terribles pour le théâtre où il rencontra un certain succès dès 1938. Pour le porter à l’écran dix ans plus tard, il choisit un format très proche du théâtre, ne modifiant qu’assez peu le texte et confinant l’ensemble à deux appartements. Le sentiment de huis clos étouffant est ainsi très fort, une atmosphère lourde qui n’est pas sans évoquer certaines adaptations de Tennessee Williams. Le décor, volontairement chargé et vieillot, donne l’impression de se resserrer sur les personnages, de former une sorte de carcan. Le drame qui s’est noué est extrêmement puissant, digne d’une tragédie grecque, avec une interprétation très forte d’Yvonne de Bray, grande actrice de théâtre et inspiratrice de la pièce originale. Vu aujourd’hui, le film pourra toutefois paraître à certains assez daté, sentiment accentué par le fait que tous les acteurs ont 15 à 20 ans de plus que leurs personnages.
Note :
Acteurs: Jean Marais, Josette Day, Yvonne de Bray, Marcel André, Gabrielle Dorziat
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
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Remake :
Les Parents Terribles (Intimate relations) de l’anglais Charles Franck (1953)
Les Parents Terribles (Intimate relations) de l’anglais Charles Franck (1953)
Orphée (1950) de Jean Cocteau
Lui :
Jean Cocteau transpose le mythe d’Orphée à l’époque actuelle, transposition qu’il faut plutôt voir comme une interprétation très personnelle de cette légende grecque. Dans un quartier genre Saint-Germain des Prés, Orphée est ainsi un poète à succès méprisé par la jeunesse. Il va faire connaissance avec La Mort, sous les traits d’une jeune femme qui va le fasciner et dont il va tomber amoureux. Il est indéniable que Jean Cocteau s’identifie à Orphée (ce sera encore plus net dans le film Le Testament d’Orphée, dix ans plus tard).
Cinématographiquement, Orphée se distingue par son inventivité et certaines libertés que Cocteau prend dix ans avant la Nouvelle Vague. Il utilise avec parcimonie certains trucages pour créer des effets surréalistes assez réussis. Le texte est beau et les acteurs l’interprètent avec la bonne mesure, sans mettre trop d’emphase. Maria Casarès incarne une Mort troublante et fascinante que les effets d’éclairages rendent plus envoûtante encore. Le film reste très facile d’accès, il suffit de se laisser gagner par lui. Malgré son positionnement marqué dans le temps, il apparaît aujourd’hui assez intemporel.
Note :
Jean Cocteau transpose le mythe d’Orphée à l’époque actuelle, transposition qu’il faut plutôt voir comme une interprétation très personnelle de cette légende grecque. Dans un quartier genre Saint-Germain des Prés, Orphée est ainsi un poète à succès méprisé par la jeunesse. Il va faire connaissance avec La Mort, sous les traits d’une jeune femme qui va le fasciner et dont il va tomber amoureux. Il est indéniable que Jean Cocteau s’identifie à Orphée (ce sera encore plus net dans le film Le Testament d’Orphée, dix ans plus tard).
Cinématographiquement, Orphée se distingue par son inventivité et certaines libertés que Cocteau prend dix ans avant la Nouvelle Vague. Il utilise avec parcimonie certains trucages pour créer des effets surréalistes assez réussis. Le texte est beau et les acteurs l’interprètent avec la bonne mesure, sans mettre trop d’emphase. Maria Casarès incarne une Mort troublante et fascinante que les effets d’éclairages rendent plus envoûtante encore. Le film reste très facile d’accès, il suffit de se laisser gagner par lui. Malgré son positionnement marqué dans le temps, il apparaît aujourd’hui assez intemporel.
Note :
Acteurs: Jean Marais, François Périer, María Casares, Marie Déa, Juliette Gréco, Edouard Dermithe
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean Cocteau chroniqués sur ce blog…
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Remarques :
1) Jean Cocteau avait déjà adapté Orphée en pièce de théâtre en 1925, adaptation un peu plus proche de la légende grecque mais déjà très personnelle.
2) Les scènes situées dans le Royaume des Morts ont été tournées dans les ruines de Saint-Cyr (bombardé pendant la guerre).
3) Les dessins du générique sont de Cocteau lui-même, tout comme la voix off.
4) En plus de Juliette Gréco (qui joue Aglaonice, l’amie d’Eurydice), on peut remarquer la présence dans des petits rôles non crédités au générique de Jean-Pierre Melville (le directeur de l’hôtel), de Jean-Pierre Mocky (l’un des jeunes fauteurs de trouble), de Jacques Doniol-Valcroze, futur réalisateur et fondateur des Cahiers du Cinéma (l’un des jeunes au café).
5) Voici comment Cocteau parle de son film : « Orphée est un film qui ne peut exister que sur l’écran. J’ai essayé d’y employer le cinématographe non comme un stylographe mais comme de l’encre. J’y mène plusieurs mythes de front et je les entrecroise. Drame du visible et d’invisible. La Mort d’Orphée se trouve dans la situation d’une espionne. Elle se condamne elle-même au bénéfice de l’homme qu’elle doit perdre. L’homme est sauvé, La Mort meurt, c’est le mythe de l’immortalité. »
1) Jean Cocteau avait déjà adapté Orphée en pièce de théâtre en 1925, adaptation un peu plus proche de la légende grecque mais déjà très personnelle.
2) Les scènes situées dans le Royaume des Morts ont été tournées dans les ruines de Saint-Cyr (bombardé pendant la guerre).
3) Les dessins du générique sont de Cocteau lui-même, tout comme la voix off.
4) En plus de Juliette Gréco (qui joue Aglaonice, l’amie d’Eurydice), on peut remarquer la présence dans des petits rôles non crédités au générique de Jean-Pierre Melville (le directeur de l’hôtel), de Jean-Pierre Mocky (l’un des jeunes fauteurs de trouble), de Jacques Doniol-Valcroze, futur réalisateur et fondateur des Cahiers du Cinéma (l’un des jeunes au café).
5) Voici comment Cocteau parle de son film : « Orphée est un film qui ne peut exister que sur l’écran. J’ai essayé d’y employer le cinématographe non comme un stylographe mais comme de l’encre. J’y mène plusieurs mythes de front et je les entrecroise. Drame du visible et d’invisible. La Mort d’Orphée se trouve dans la situation d’une espionne. Elle se condamne elle-même au bénéfice de l’homme qu’elle doit perdre. L’homme est sauvé, La Mort meurt, c’est le mythe de l’immortalité. »
Autres adaptations du mythe d’Orphée au cinéma :
Orfeu negro (Orphée noir) film franco-brésilien de Marcel Camus (1959)
Parking de Jacques Demy (1985) avec Francis Huster
Orfeu negro (Orphée noir) film franco-brésilien de Marcel Camus (1959)
Parking de Jacques Demy (1985) avec Francis Huster
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4 août 2010
La belle et la bête (1946) de Jean Cocteau
Lui :
Pour son premier long métrage, Jean Cocteau choisit d’adapter un conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1780), un conte de fées dont il donne une interprétation poétique et fantastique. La Belle et la Bête fait partie de ces films qui semblent former une classe à eux seuls tant ils se situent à part du restant de la production. La réussite du film est du en grande partie à l’atmosphère du film : Cocteau a su préserver toute l’innocence des contes de fées et générer l’émerveillement. Tout en semblant se placer hors du temps, il met en images deux mondes très différents : le village de La Belle qui évoque les peintures de Vermeer et le château de La Bête inspiré des gravures de Gustave Doré. Entouré d’une équipe soudée et de grand talent (1), Cocteau peut donner libre cours à sa vision, il n’a aucune crainte de briser les conventions (2). L’inventivité dont il fait preuve pour le monde de La Bête est remarquable : trucages et effets ingénieux contribuent à envelopper le spectateur d’un subtil mélange de féerie et d’étrangeté. La barrière entre l’animé et l’inanimé n’existe plus. Le maquillage de La Bête est d’une perfection absolue (3). Jamais égalé, La Belle et la Bête mêle l’étrange et la beauté avec une puissance peu commune, il fait partie de ces films qui restent gravés dans les mémoires. Tourné juste après la Libération, le film ne fut pas tout de suite un grand succès mais avec le temps, il a rapidement acquis son statut et sa notoriété : c’est un film unique en son genre.
Note :
Pour son premier long métrage, Jean Cocteau choisit d’adapter un conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1780), un conte de fées dont il donne une interprétation poétique et fantastique. La Belle et la Bête fait partie de ces films qui semblent former une classe à eux seuls tant ils se situent à part du restant de la production. La réussite du film est du en grande partie à l’atmosphère du film : Cocteau a su préserver toute l’innocence des contes de fées et générer l’émerveillement. Tout en semblant se placer hors du temps, il met en images deux mondes très différents : le village de La Belle qui évoque les peintures de Vermeer et le château de La Bête inspiré des gravures de Gustave Doré. Entouré d’une équipe soudée et de grand talent (1), Cocteau peut donner libre cours à sa vision, il n’a aucune crainte de briser les conventions (2). L’inventivité dont il fait preuve pour le monde de La Bête est remarquable : trucages et effets ingénieux contribuent à envelopper le spectateur d’un subtil mélange de féerie et d’étrangeté. La barrière entre l’animé et l’inanimé n’existe plus. Le maquillage de La Bête est d’une perfection absolue (3). Jamais égalé, La Belle et la Bête mêle l’étrange et la beauté avec une puissance peu commune, il fait partie de ces films qui restent gravés dans les mémoires. Tourné juste après la Libération, le film ne fut pas tout de suite un grand succès mais avec le temps, il a rapidement acquis son statut et sa notoriété : c’est un film unique en son genre.
Note :
Acteurs: Jean Marais, Josette Day, Marcel André, Mila Parély, Nane Germon, Michel Auclair
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean Cocteau chroniqués sur ce blog…
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
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Remarques :
Jean Cocteau a écrit un livre basé sur le journal qu’il tenait pendant le tournage : « La Belle et la Bête, journal d’un film » (Ed. du Palimugre, 1946)
Jean Cocteau a écrit un livre basé sur le journal qu’il tenait pendant le tournage : « La Belle et la Bête, journal d’un film » (Ed. du Palimugre, 1946)
Notes:
(1) L’assistant-réalisateur est René Clément, le directeur de la photographie Henri Alekan, les décors sont de Christian Bérard. Cocteau raconte comment il a pris plaisir à travailler en équipe.
(2) Il était d’usage à l’époque de traiter poésie et féérie avec un léger flou sur l’image. Cocteau, au contraire, tenait à avoir une image très nette. Ce fut un objet de discorde avec les studios.
(3) Les poils étaient collés un à un sur le visage et sur les mains de Jean Marais, soit quatre heures de maquillage chaque jour et plus d’une heure pour tout enlever (ce qui était loin d’être indolore).
(1) L’assistant-réalisateur est René Clément, le directeur de la photographie Henri Alekan, les décors sont de Christian Bérard. Cocteau raconte comment il a pris plaisir à travailler en équipe.
(2) Il était d’usage à l’époque de traiter poésie et féérie avec un léger flou sur l’image. Cocteau, au contraire, tenait à avoir une image très nette. Ce fut un objet de discorde avec les studios.
(3) Les poils étaient collés un à un sur le visage et sur les mains de Jean Marais, soit quatre heures de maquillage chaque jour et plus d’une heure pour tout enlever (ce qui était loin d’être indolore).
Autres versions :
La Belle et la Bête d’Albert Capellani (1905) film de 11″ dans l’esprit de Méliès
Beauty and the beast de Edward L. Cahn (1962)
Panna a netvor du tchécoslovaque Juraj Herz (1978)
La Belle et la Bête d’Eugene Marner (1987) avec John Savage et Rebecca de Mornay
La Belle et la Bête (1991) des Studios Walt Disney
+ plusieurs adaptations TV
En 1994, Philip Glass a composé un opéra sur les images du film de Cocteau.
La Belle et la Bête d’Albert Capellani (1905) film de 11″ dans l’esprit de Méliès
Beauty and the beast de Edward L. Cahn (1962)
Panna a netvor du tchécoslovaque Juraj Herz (1978)
La Belle et la Bête d’Eugene Marner (1987) avec John Savage et Rebecca de Mornay
La Belle et la Bête (1991) des Studios Walt Disney
+ plusieurs adaptations TV
En 1994, Philip Glass a composé un opéra sur les images du film de Cocteau.
20 mars 2010
Le testament d’Orphée (1960) de Jean Cocteau
TITRE COMPLET: « LE TESTAMENT D’ORPHÉE, OU NE ME DEMANDEZ PAS POURQUOI! »
Lui :
Dernier long métrage de Jean Cocteau, Le Testament d’Orphée est aussi son ultime message comme il le définit lui-même en exergue de son film : « Voici le legs d’un poète aux jeunesses successives qui l’ont toujours soutenu » (1). Tourné dans les carrières des Baux-de-Provence, il s’agit d’une introspection où Cocteau se met lui-même en scène pour une série de variations poétiques et philosophiques sur les thèmes qu’il a explorés toute sa vie durant. « Ma grande affaire est de vivre une actualité qui m’est propre et qui abolit le temps. Ayant découvert que cet état était mon privilège, je m’y suis perfectionné et enfoncé davantage. » Il meurt et renaît plusieurs fois tel un phénix poétique. Il joue avec le temps, mêlant les époques et les mythologies, créant aussi de jolis effets visuels de plans retournés et de trucages audacieux. Il faut certainement être très familier de l’œuvre de Cocteau pour apprécier ce film à sa juste valeur. Beaucoup d’acteurs différents (dont Jean-Pierre Léaud à l’âge de quatorze ans!) et quelques apparitions de ses amis (2).
Note :
Dernier long métrage de Jean Cocteau, Le Testament d’Orphée est aussi son ultime message comme il le définit lui-même en exergue de son film : « Voici le legs d’un poète aux jeunesses successives qui l’ont toujours soutenu » (1). Tourné dans les carrières des Baux-de-Provence, il s’agit d’une introspection où Cocteau se met lui-même en scène pour une série de variations poétiques et philosophiques sur les thèmes qu’il a explorés toute sa vie durant. « Ma grande affaire est de vivre une actualité qui m’est propre et qui abolit le temps. Ayant découvert que cet état était mon privilège, je m’y suis perfectionné et enfoncé davantage. » Il meurt et renaît plusieurs fois tel un phénix poétique. Il joue avec le temps, mêlant les époques et les mythologies, créant aussi de jolis effets visuels de plans retournés et de trucages audacieux. Il faut certainement être très familier de l’œuvre de Cocteau pour apprécier ce film à sa juste valeur. Beaucoup d’acteurs différents (dont Jean-Pierre Léaud à l’âge de quatorze ans!) et quelques apparitions de ses amis (2).
Note :
Acteurs: Jean Cocteau, Henri Crémieux, María Casares, François Périer, Edouard Dermithe, Jean Marais, Yul Brynner, Daniel Gélin
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
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(1) Cocteau a été soutenu par la Nouvelle Vague, y compris matériellement : apprenant que Cocteau avait des problèmes pour boucler son budget, François Truffaut lui apporta les toutes premières recettes de son premier film Les 400 coups ce qui permit à Cocteau de tourner.
(2) Les amis : Picasso, le danseur Serge Lifar, le torero Luis Miguel Dominguín, Charles Aznavour, Françoise Sagan, Jacqueline Roque (Jacqueline Picasso), Alice Sapritch
Francine Weisweiller a produit le film dont certaines scènes ont été tournées dans sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat, villa décorée de fresques par Cocteau aujourd’hui classée monument historique. Elle joue également la femme élégante qui s’est trompée d’époque.
(2) Les amis : Picasso, le danseur Serge Lifar, le torero Luis Miguel Dominguín, Charles Aznavour, Françoise Sagan, Jacqueline Roque (Jacqueline Picasso), Alice Sapritch
Francine Weisweiller a produit le film dont certaines scènes ont été tournées dans sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat, villa décorée de fresques par Cocteau aujourd’hui classée monument historique. Elle joue également la femme élégante qui s’est trompée d’époque.
Remarque :
Un livre de photographies (jusque là inédites) prises pendant le tournage du Testament d’Orphée par Lucien Clergue est sorti chez Actes Sud en 2003 : Phénixologie.
Un livre de photographies (jusque là inédites) prises pendant le tournage du Testament d’Orphée par Lucien Clergue est sorti chez Actes Sud en 2003 : Phénixologie.
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