luni, 4 mai 2020

BETTE DAVIS, FILME

« UNE CERTAINE FEMME » est un de ces célèbres mélos produits à la chaîne par la Warner et dont Bette Davis fut une des reines incontestées. À priori, grande est notre joie cinéphile de retrouver celle-ci dans ses œuvres, surtout qu'elle partage l’affiche avec le jeune Henry FondaCERTAIN WOMAN (1)Hélas, on déchante vite !
Dès les premières scènes, le scénario donne l’impression de prendre le film en route et d’avoir raté les premières bobines. On a même la sensation de s’être fait arnaquer et que le plus intéressant de l’histoire s’est déroulé avant le début (le massacre de la Saint-Valentin !) ou hors du champ de la caméra (l’accident de voiture de Fonda). Et cela se confirme par la suite, l’auteur-réalisateur gère très maladroitement les ellipses et les changements de ses personnages sont souvent incompréhensibles et/ou illogiques. Que de détours et de louvoiements, pour en arriver à la situation recherchée depuis le début : l’ex-femme de mauvaise vie qui abandonne son fils à l'homme qu'elle aime, lui-même marié avec une infirme en mal d’enfant ! Et comment ne pas pouffer lors de la confrontation entre la reine Bette jouant les saintes et la pauvre dame en fauteuil roulant, rivalisant avec elle de bonté et d’abnégation ?
C'est pourtant très bien photographié, les décors sont beaux, les gros-plans de visages étonnamment expressifs. Mais même au second degré, impossible d’échapper au ridicule de l’entreprise. Bette Davis s’en sort à peu près grâce à son savoir-faire, mais elle fait souvent des mines et semble ailleurs. Quant au pauvre Fonda, dans un personnage de fils de riche benêt et sans caractère, il frise le carton rouge. Il n’a qu’une bonne scène, celle où il se fait salement gifler par son père Donald Crisp. Déjà ça.
À voir seulement pour le fan exhaustif des deux grands acteurs qui feront un peu mieux dans « JEZEBEL » l'année suivante.
CERTAIN WOMAN
 
   
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17 novembre 2012
Il est agréable de temps en temps, de tomber sur un film qui déjoue les pronostics, esquive les clichés et parvient à surprendre. « APPEL D’UN INCONNU » démarre comme un film-APPELcatastrophe : quatre passagers d’un vol de nuit sympathisent à la suite d’une avanie et échangent leurs coordonnées. Après l'inévitable crash, le survivant (Gary Merrill) décide de rendre visite aux familles de ses infortunés compagnons. On s’attend à un mélo, voire à un suspense avec usurpation d’identité et… pas du tout ! L'homme devient une sorte d’ange-gardien qui va solder les comptes des défunts.
Le scénario est malin, les tonalités sensiblement différentes, le « sketch » de Shelley Winters jouant une strip-teaseuse se permet même des flash-backs « menteurs » très étonnants et drôles. Evelyn Varden s’y montre d'ailleurs extraordinaire en vieille chanteuse acariâtre et castratrice.
Les personnages sont parfaitement dessinés, leurs relations crédibles et même touchantes et le casting est impeccable : outre Merrill étonnamment intense, Keenan Wynn est excellent en VRP « beauf » et insupportable, qui s’avère finalement cacher des trésors d’humanité, Michael Rennie est un médecin alcoolique rongé par le remords, Beatrice Straight prête son visage tourmenté au rôle de sa femme et miss Winters a rarement été plus sympathique que dans ce personnage sincère et émouvant. Bette Davis (Mme Merrill à la ville) apparaît dans le dernier segment, dans un contremploi pour le moins déconcertant : elle est la femme paralysée du VRP, un ange de douceur et d’altruisme !
APPEL (1)
« APPEL D’UN INCONNU » est un joli film modeste et intelligent, techniquement bien maîtrisé (même l’accident d’avion n’est pas ridicule) et laissant s’épanouir un beau cast de formidables comédiens.
 
   
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30 juillet 2012
CATERED AFFAIR (4)Ernest Borgnine tourna « MARTY » en 1955, d'après une pièce de Paddy Chayefsky et obtint l’Oscar. Un an plus tard, l’acteur retrouva le même auteur pour une autre adaptation théâtrale : « LE REPAS DE NOCES », réalisé par le toujours fiable Richard Brooks et écrit CATERED AFFAIR (1)par Gore Vidal. Ce qui fait tout de même un bien beau générique !
Si le film se présente au premier abord comme une comédie tous publics, le ton se durcit rapidement et devient acerbe, amer, voire cruel. Bette Davis joue une mère deCATERED AFFAIR (2) famille du Bronx qui veut offrir une énorme fête à sa fille pour son mariage, alors que celle-ci rêve d’une simple cérémonie. Le père, un pauvre chauffeur de taxi joué par Borgnine, freine des quatre fers, mais il est submergé. Et bientôt, ce simple et banal évènement va prendre des proportions dantesques, remuer les non-dits de toute une vie, mettre à jour les mesquineries, les rancœurs, les déceptions et faire littéralement imploser le cercle familial.
C'est extraordinairement bien écrit, sobrement filmé par Brooks dont le sens du découpage dynamise ce qui n’est malgré tout que du théâtre filmé. Mais c'est surtout une magnifique CATERED AFFAIR (3)démonstration de ce que peuvent offrir de grands acteurs quand ils ont un vrai texte à défendre : Miss Davis est étonnamment crédible en ménagère mûrissante, aigrie par une vie confinée, sans espoir ni amour. On oublie complètement l’image ‘glamour’ des années 40, pour croire à 100% à cette Aggie à la fois insupportable et pathétique. Sa crise de larmes est bouleversante. Borgnine lui, légèrement vieilli pour jouer son mari, est magnifique d’humanité bourrue, de maladresse, sa grande scène d’engueulade avec sa femme compte parmi les plus belles qu'il ait tourné.
Parmi les seconds rôles, Barry Fitzgerald est délectable en beau-frère pique-assiette susceptible, Debbie Reynolds et Rod Taylor campent les futurs mariés sans mièvrerie.
Tourné en noir & blanc dans quelques rares décors, agrémenté d’extérieurs habilement dispatchés, « LE REPAS DE NOCES » retrouve la verve populaire de « MARTY », sa générosité et son émotion pudique. Un authentique « little big film ».
CATERED AFFAIR
 
   
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12 mai 2012
Le moins que l’on puisse dire est que, pour un film d’à peine plus d’une heure, « UNE ALLUMETTE POUR TROIS » ne manque pas d’ambition : il retrace non seulement la jeunesse de trois copines d’école, mais aussi dix ans de l’Histoire américaine, des ‘roaring twenties’ aux années 30 !
3 MATCH
Mais ce qui démarre en saga, se réduit rapidement à un scénario beaucoup plus anecdotique, en suivant le destin malheureux d’une des filles (Ann Dvorak) qui passe de Mme Bovary oisive à ‘junkie’ décatie en quelques mois. Le film se concentre alors sur le kidnapping de son fils par une bande de gangsters et devient une sorte de polar passablement glauque et étonnamment réaliste.
On a l’impression de voir le ‘best of’ d’un film trop tripatouillé au montage, dont il ne reste 3 MATCH (1)que des bribes disparates. Cela reste tout de même à voir, car Dvorak est excellente dans ce rôle ingrat et peu attachant. Sa déchéance est parfaitement crédible et son sacrifice final est choquant par sa violence mais également d’une certaine grandeur. À ses côtés, Joan Blondell est comme toujours enjouée et joyeusement vulgaire en « mauvaise fille » au cœur d’or et Bette Davis mal castée en « première de la classe » ne fait qu’une figuration intelligente très en-dessous de ses possibilités. Parmi les seconds rôles, un jeune Humphrey Bogart se détache du lot en malfrat teigneux et dur comme du silex. Le premier d’une longue lignée de salopards qu'il jouera encore pendant dix ans. Le garçonnet par contre, est le parfait représentant de cette caste de petits singes savants manufacturés par les grands studios hollywoodiens de l’époque. Insupportable !
À noter que le titre vient d’une superstition qui veut que lorsque trois personnes s’allument une cigarette avec la même allumette, l’une d'elles va bientôt mourir. Le dernier plan du film, montrant les deux survivantes et une allumette grillée, jetée par terre, est assez émouvant.
 
   
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5 avril 2012
Autant le dire tout de suite : avec un autre casting, « LA FIANCÉE CONTRE REMBOURSEMENT » ne vaudrait certainement pas qu’on lui consacre 90 minutes de sa vie. Ce n’est qu’un minuscule vaudeville dont la frénésie permanente remplace le vrai rythme et la rapidité masque plus ou moins la vacuité.
Mais heureusement, il y a Bette Davis et James Cagney. Les stars de la Warner, la reine du BRIDE (1)mélo flamboyant et l’empereur des gangsters réunis dans des contremplois sympathiques et inattendus. Elle est très surprenante en bécasse mondaine et pénible, un rôle d’emmerdeuse de comédie qu’on ne pensait pas être dans ses cordes, mais qu'elle parvient à maintenir à flot, sans effort apparent. Et lui dans un personnage de ‘loser’ énergique et débrouillard, au charme canaille.
L’essentiel de l’action se déroule dans le décor d’une ville-fantôme de western, dans laquelle atterrit une héritière « kidnappée » par un aviateur payé par le père de la jeune femme, afin qu'elle n’épouse pas un musicien chasseur de dot. Coincés dans cet endroit paumé, avec comme compagnon un vieil ermite à la gâchette nerveuse, ils vont se chamailler, s’enfoncer des épines de cactus dans les fesses, se traiter de tous les noms d’oiseaux et – évidemment – tomber amoureux l’un de l’autre. C'est du pur théâtre de boulevard, complètement idiot et gratuit, mais rendu intrigant par la présence de deux acteurs surqualifiés, qui semblent s’amuser beaucoup et prendre grand plaisir à jouer ensemble. Bette Davis est vraiment étonnante en capricieuse au cœur d’artichaut et Cagney crépite littéralement d’une pêche insensée. C'est un vrai privilège que de les voir échanger des répliques du tac-au-tac. La scène où elle est en travers de ses genoux pendant qu'il lui ôte des épines de l’arrière-train est carrément surréaliste !
On fermera les yeux sur le cabotinage ahurissant des seconds rôles. On dirait que le réalisateur, accaparé par ses deux stars, a totalement délaissé le reste de sa distribution. À réserver exclusivement aux admirateurs des ces grands comédiens en vacances. Pour les autres, circulez y’a rien à voir.
BRIDE
 
   
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14 mars 2012
GARCELa vénérable signature de King Vidor et la présence de la star-maison de la Warner laissent espérer un mélodrame flamboyant désuet et réjouissant comme on les aime parfois. Hélas, GARCE (3)« LA GARCE » (bravo une fois encore, à la subtilité du titre français !) ne tient aucune de ses promesses. Adaptation ‘white trash’ de « MADAME BOVARY » dans une petite cité ouvrière proche de Chicago, le film suit les méfaits d’une femme malGARCE (1) mariée à un modeste médecin provincial et prête à tout – même au meurtre – pour échapper à sa médiocrité et épouser un milliardaire qu'elle obsède sexuellement.
Déjà, à la base, Bette Davis a dix ans de trop pour ce personnage et n’en a absolument pas le physique. Là où on aurait imaginé une Jennifer Jones, la grande comédienne s’affuble d’une horrible perruque noir-corbeau qu'elle ne cesse de tripoter à la moindre occasion, et se vautre dans un des pires cabotinages de toute sa carrière. Un critique de l’époque avait très justement écrit qu'elle offrait là « le plus cruel pastiche de Bette Davis qu’onGARCE (2) puisse faire ». Écarquillant les yeux, lâchant des rires rauques, maltraitant sa femme de ménage ou son pauvre mari, la Bette bouffe l’écran sans pudeur ni discernement et réduit le film à une bande-démo de tous ses maniérismes et tics bien connus.
Autour d'elle, de pâles partenaires comme Joseph Cotten (qu'elle retrouvera des années plus tard en Italie pour « L’ARGENT DE LA VIEILLE ») dans son emploi habituel de cocu ou David Brian qui ne risquent pas de représenter la moindre concurrence.
On peut apprécier « LA GARCE » au second degré, pour des plans comme celui où la star suffoque de chaleur avec à l’arrière-plan les flammes de la scierie (et de l’enfer ?) qui lui pompent l’oxygène ou pour sa marche finale vers la gare salvatrice, alors qu'elle agonise de très peu sobre manière. Mais malgré une construction en flash-back très artificielle censée soutenir l’intérêt, le film n’est aujourd'hui visible qu’en tant que curiosité kitsch et involontairement drôle.
 
   
30 août 2011
IMPOSSIBLE AMOUR« L’IMPOSSIBLE AMOUR » est un des nombreux mélodrames que la Warner faisait tailler sur-mesure pour Bette Davis. Le sujet est ici la rivalité entre deux romancières, l'une « intello » et l'autre – poussée à écrire par sa vieille copine – signant à la chaîne des romans à l'eau de rose pour très grand public.
Agréable à suivre, le film pâtit énormément de la présence de la difficilement supportable Miriam Hopkins, qui cabotine de façon hallucinante : yeux exorbités, gestuelle héritée de l’époque du Muet, hystérie à fleur de peau, elle vampirise complètement le film et le rend souvent exaspérant. La scène où Bette craque et finit par l'étrangler en la secouant comme un prunier, est un grand moment cathartique pour le spectateur ! Merci, Bette…
Comparée à sa partenaire, Bette Davis apparaît – et c'est peut-être le principal intérêt du film ! – comme un modèle de sobriété et de digne retenue. C'est dire ! Le film s'inscrit parfaitement dans la filmo de sa vedette, préfigurant de façon évidente les duels à venir entre femmes du style « QU’EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE ? ». D'ailleurs, pour le coup, Miriam Hopkins aurait peut-être été encore mieux castée que Joan Crawford, dans ce rôle-là…
Dans « L’IMPOSSIBLE AMOUR », les hommes sont, comme toujours dans les films de Miss Davis, ineptes, mous, interchangeables, pas bien futés.
IMPOSSIBLE AMOUR (1)
 
   
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8 août 2011
NANNY (2)Cherchant à faire perdurer le comeback tout à fait inespéré de Bette Davis, figure de sorcière moderne récemment (re)créée par Robert Aldrich dans « QU’EST-IL ARRIVÉ À NANNY (1)BABY JANE ? », la firme anglaise Hammer spécialisée dans l'horreur, lui compose un écrin sur-mesure avec « CONFESSION À UN CADAVRE » (titre français non seulement rébarbatif, mais remarquablement hors-sujet !).
Le thème du film pourrait se résumerNANNY à « il ne faut pas se fier aux apparences », car le scénario est suffisamment malin pour présenter le petit Joey comme une peste, une odieuse tête-à-claques et la pauvre et stoïque nounou comme une sainte martyre, prête à aider avec la patience d'un ange. La réalité sera évidemment tout autre... Sinon, entre nous, à quoi bon engager Bette Davis ?
Étrangement grimée avec ses sourcils peints à la Groucho Marx (les mêmes que dans les premières scènes de « UNE FEMME CHERCHE SON DESTIN » ?) qui lui font un masque grotesque et effrayant, Bette Davis se révèle franchement angoissante dans la NANNY (3)dernière partie et lors des flash-backs, rendant même le film plus complexe qu'il n’aurait dû être. Un savant mélange de cabotinage calibré et de subtilité sous-jacente. Notons par contre la faiblesse des seconds rôles qui surjouent éhontément. Quelques séquences sont très réussies (la mort de la fillette, l'agonie de la tante qu'on dirait sortie d'un Joseph Losey de la bonne époque), mais l'ensemble reste paresseux et simpliste.
Après ses deux films avec Aldrich, ce petit suspense s'ajoute au tableau de chasse d'une Miss Davis vieillissante qui a su habilement rebondir, à plus de 50 ans.
 
   
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24 juillet 2011
IN THIS OUR LIFESecond film de John Huston en tant que réalisateur, « IN THIS OUR LIFE » est un curieux mélodrame qui décrit d'abord une famille en crise, au bord de la ruine : la mère malade, le père en banqueroute, l'aînée quittée par son mari qui part avec la petite sœur. Puis peu àIN THIS OUR LIFE (1) peu, le film se resserre sur cette dernière, une horrible petite garce égoïste et manipulatrice et devient un véritable ‘one woman show’ de Bette Davis.
Et là, il faut bien dire qu'on n'est pas volé sur la marchandise : c'est un festival de méchanceté pernicieuse, d'inceste larvé (séquences avec le vieil oncle libidineux, qui mettent franchement mal à l'aise), de pure cruauté. L’actrice crève l'écran, se délectant d'un rôle sans aucune rédemption. Quand elle pousse son mari au suicide, écrase des passants avec sa voiture et fait accuser le pauvre petit Noir qui rêve de devenir avocat, la coupe est pleine et on commence à rire, car Huston se laisse aller à l'humour ‘camp’ cher aux anglo-saxons, à la limite de la parodie, de l'extrême mauvais goût, de l'excès sans complexe.
Visiblement peu dirigée, la star en fait des kilos, des tonnes, dans l'œillade suggestive, les changements d'humeur instantanés, l'hypocrisie fielleuse. Par instants, dans son visage encore juvénile, on croit entrevoir le monstre ricanant qu'elle deviendrait vingt ans plus tard dans « QU'EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE ? ».
IN THIS OUR LIFE (2)
À l'ombre de Bette, deux revenantes de « AUTANT EN EMPORTE LE VENT » : Olivia De Havilland et Hattie McDaniel, dans des rôles moins avantagés. Quant aux hommes, le portrait n'est guère flatteur : faibles, geignards, inconsistants, ils ne sont que chair à canon, pour la prédatrice. À noter que le père du réalisateur, Walter Huston apparaît non-mentionné au générique (comme dans « LE FAUCON MALTAIS ») en barman râleur.
La griffe de John Huston, on ne la sent pas beaucoup dans « IN THIS OUR LIFE », hormis dans la vision de la communauté noire, certes schématique, mais plutôt inédite dans le cinéma de 1942. Le film vaut tout de même le détour pour tout admirateur de monstres sacrés en liberté peu surveillée.
Les films Warner avec Bette Davis en tête d’affiche sont pratiquement un genre en soi. Mélodrames intemporels centrés sur la personnalité d'une femme de tête égoïste et capricieuse, ces films souvent très longs (2 H 40, ici) négligent les seconds rôles pour se focaliser sur la star présente dans presque toutes les scènes et qui n'hésite pas à utiliser tous les moyens – dont le cabotinage le plus débridé – pour s’imposer comme le seul et unique centre d'intérêt.
MR SKEFFINGTON (1)
« FEMME AIMÉE EST TOUJOURS JOLIE » (une fois de plus, bravo les traducteurs en MR SKEFFINGTONv.f. !) est une sorte de monument à la reine Bette, même si le postulat de départ est dur à avaler : ‘Fanny’ est censée être la plus belle femme de New York, constamment entourée de prétendants la suivant partout, la langue dehors tels des loups de Tex Avery. Miss Davis avait tous les talents, certes, mais pas un physique à la Vivien Leigh.
Le film décolle dans son dernier tiers, quand Fanny est brusquement vieillie par la maladie et voit le désert se faire autour d'elle. Chapeau bas au maquilleur, car le vieillissement est si réussi, que l’actrice ressemble très exactement à ce qu'elle deviendra dans l'avenir. Certains plans font penser à « L’ARGENT DE LA VIEILLE ». Troublant !
Narcissique, égocentrique, pas très intelligente, mais étonnamment franche, l'héroïne de « FEMME AIMÉE EST TOUJOURS JOLIE » est un parfait véhicule au jeu singulier de Bette Davis et la fin du film (le seul homme qu'elle peut accepter dans sa vie, à présent qu'elle est âgée... c'est un aveugle !) tient carrément de l'humour noir. Le toujours très subtil Claude Rains, dans le rôle du mari patient et lucide, a trouvé la juste parade à l'ouragan dévastateur qu’était sa partenaire : l'effacement volontaire.
 
   
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18 juillet 2011
GRAND MENSONGE (1)S'il ne fait pas partie des grandes réussites de Bette Davis, alors reine incontestée du mélo flamboyant hollywoodien, « LE GRAND MENSONGE » reste un film à voir, car c'est une des très rares occasions où le « monstre » au regard de rapace est confronté à uneGRAND MENSONGE comédienne qui, non seulement lui tienne tête, mais menace carrément de lui voler la vedette. Ce n’était vraiment pas donné à tout le monde !
Mary Astor inoubliable Birgid O’Shaughnessy dans « LE FAUCON MALTAIS », tient ici un rôle de pianiste snob et égoïste dans un registre étonnamment proche de celui de Davis. Et contrairement à une Olivia de Havilland par exemple qui tourna souvent à l’ombre de la star, elle refuse de s'effacer poliment. De fait le face à face provoque des étincelles.
Le long isolement dans la cabane est surprenant d'intensité, d'hystérie contenue. Partenaire habituel de la star, George Brent est aimablement fade et Hattie McDaniel refait son numéro de « mamie » roulant des yeux, vision paternaliste du « bon noir » un peu crispante aujourd'hui. Quant à la conclusion, elle est étonnamment bâclée en deux répliques, alors que la situation semblait jusque-là inextricable.
« LE GRAND MENSONGE » n'est franchement pas un très bon film, le scénario se traîne, met longtemps à se mettre en place, frise parfois le ridicule. Il vaut tout de même le détour pour le duo Astor-Davis, harpies de haut-vol aussi toxiques l'une que l'autre.
GRAND MENSONGE (2) 
NOTE: dans les biographies de Bette Davis, on peut lire qu'elle avait décidé d’aider Mary Astor à retrouver son statut dans le star system. Quand celle-ci obtint l’Oscar du second rôle, Bette le prit comme une victoire personnelle et lui envoya un mot où était écrit : « We did it ! ».
 
   
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17 juillet 2011
Avec « ÈVE » et « QU’EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE ? », « UNE FEMME CHERCHE SON DESTIN » est LE film de référence de la riche carrière de Bette Davis et tourne entièrement autour d'elle, au point de ressembler fortement à un de ces ‘vanity projects’ dont raffolent les grandes stars.
NOW VOYAGER
Mélodrame décomplexé brassant allègrement de grands thèmes, ne reculant devant aucune énormité ou invraisemblance, le film propose une Bette au physique ingrat, mal fagotée, portant d'affreux sourcils postiches (les mêmes que dans son autre succès « LA VIEILLE NOW VOYAGER (1)FILLE »), se métamorphosant en modèle d'élégance et de sophistication par la seule grâce d'une croisière romantique (et certainement d’une excellente pince à épiler). La star s'en donne à cœur-joie, traversant des situations absurdes avec grâce et aidant à avaler des retournements de situations qui auraient pu être franchement comiques : la dernière confrontation avec sa mère, par exemple. Gladys Cooper fait d'ailleurs un numéro fort distrayant de vieux dragon glacial et sans cœur, traitant tout le monde en domestiques.
Certaines situations sont saugrenues : le chauffeur brésilien qui semble sorti d'un mauvais film de Totó, d'autres amusantes. Les seconds rôles – même Claude Rains en psy bienveillant – peinent à trouver leur place, tant « UNE FEMME CHERCHE SON DESTIN » n'existe que pour et par Bette Davis qui occupe l'espace avec un aplomb forçant le respect, balayant toute réticence. Le scénario retors, lui fait retrouver l'homme de sa vie en adoptant sa fillette mal aimée, qui lui rappelle ce qu'elle fut elle-même dans l'enfance. Et quand son amour impossible lui demande si elle sera heureuse ainsi, elle répond : « Pourquoi demander la lune ? Nous avons déjà les étoiles... ». Réplique devenue mythique de la grande époque hollywoodienne.
À noter que l'actrice, qui fume comme une caserne de pompiers dans tous ses films, se surpasse dans ce film. D'ailleurs, son amant allume deux cigarettes en même temps, avant de lui en donner une. Un geste « érotique » vidé de son sens aujourd'hui, que le tabac a beaucoup perdu de son message ‘glamour’.
 
   
15 juillet 2011
FEMMES MARQUEES (1)Sous ses allures de ‘film noir’ façon Warner, ce mélodrame édifiant n'est qu'une apologie de la délation pas très subtile, mais qui soixante ans plus tard, prend des allures de témoignage tout à fait fascinant d'une époque.
La vie des cinq entraîneuses (traduisez « prostituFEMMES MARQUEESées »), vivant ensemble, s'entraidant comme elles peuvent, tient encore le coup et les comédiennes entourant Bette Davis, Lola Lane (qui servit de modèle pour le personnage de BD de Loïs Lane) ou Mayo Methot (alors Mme Bogart), sont remarquables d'authenticité. Leur jeu moderne, désabusé, donne toute sa crédibilité à « FEMMES MARQUÉES », l'empêchant de sombrer dans le pathos. Bette Davis énergique et culottée, crée un personnage attachant, fort mais désillusionné. Et Humphrey Bogart, juvénile, étonnamment lisse, campe un procureur tenace, inhabituel dans sa filmo de l'époque.
« FEMMES MARQUÉES » (titre pluriel en v.f. alors qu'il est au singulier en v.o. !), vaut pour ses décors de boîtes de nuit, sa violence intelligemment filmée (le passage à tabac de Bette Davis hors-champ) et sa belle brochette d'actrices. Sans oublier Eduardo Ciannelli maléfique à souhait, en caïd sans pitié.
Le dernier plan, montrant les cinq amies à la sortie du tribunal, s'enfonçant dans la brume, tandis que le procureur parle aux reporters, est d'une lucidité sans fard.
FEMMES MARQUEES (2)

 
   
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28 novembre 2010
Énorme star de cinéma depuis les années 30, Bette Davis n’a jamais rechigné à tourner des téléfilms. C'est ainsi qu'elle apparut dans trois épisodes de « LA GRANDE CARAVANE ». Le premier d’entre eux, « THE ELLA LINDSTROM STORY » lui offre un contremploi assez surprenant.
WAGON TRAIN bette davis
Réputée pour ses rôles de femmes de tête vipérines et dominatrices, la reine Bette joue ici une véritable sainte qui n’est pas sans évoquer Lillian Gish dans « LA NUIT DU CHASSEUR ». Veuve et mère de famille nombreuse, voyageant avec le convoi de Ward Bond, elle apprend qu'elle est atteinte d’un mal incurable et n’a que quelques semaines pour « caser » ses sept enfants auprès des autres colons. Mais qui voudra du petit dernier sourd-muet ?
C'est du pur mélo, parfois éhontément dégoulinant, mais c'est toujours un plaisir de voir Bette Davis dans ses œuvres, jouant ses scènes à contretemps, désamorçant les larmes par son jeu pète-sec, lâchant l’émotion au moment le plus inattendu. Son duo avec le balourd Ward Bond fonctionne très bien. Au côté des deux vieux de la vieille, on reconnaît le jeune Robert Fuller, futur héros de séries western.
À noter, juste pour rire, les scènes tournées à l’intérieur de la caravane bâchée de Bette Davis : minuscule de l’extérieur et affichant au moins ses 70 mètres carrés à l’intérieur. Un miracle de technologie du Far-West !
 
   
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21 septembre 2010
STAR (2)Œuvre très peu connue de la filmo de Bette Davis, « LA STAR » fait pourtant partie de ses plus belles réussites. Plus au plan personnel d'ailleurs, car le film lui-même n'est pas un STAR (1)chef-d'œuvre, mais le travail accompli par l'actrice est positivement phénoménal. Comme une sorte de post-sciptum à « ÈVE » de Mankiewicz, quittant New York pour Hollywood.STAR
Jouant délibérément avec le feu, « la » Davis tient un rôle très proche d'elle-même : une star vieillissante, au chômage, ‘has been’, qui se retrouve à la rue, avec comme seul ami, son Oscar qu'elle trimballe partout. Sa tentative d'intégrer une « vie normale » (vendeuse dans un grand magasin) est évidemment vouée à l'échec (« Je suis Margaret Elliott, et j'entends bien le rester ! »), et son comeback avorté est pathétique.
La longue succession de séquences, allant du bout d'essai de la dernière chance à sa projection désastreuse, est d'une acuité terrible. Quand elle (sur)joue, Margaret retrouve instantanément tous ses vieux réflexes de star ingérable (ce qu'on a toujours dit de Bette Davis), n'écoute pas les indications de son STAR (3)réalisateur, se maquille toute seule, fait la belle au lieu d'incarner correctement son rôle et se montre ridicule aux rushes. Énorme tour de force pour Bette Davis n’en doutons pas, que de jouer aussi atrocement mal, pour ensuite se regarder sur l'écran et s'écrouler en larmes, dans un éclair de lucidité devant l'étendue du cataclysme. La mise en abyme est vertigineuse !
Malgré son intelligence aiguë, « LA STAR » est pourtant trop centré sur sa vedette pour fonctionner à 100%. Les seconds rôles sont bâclés : Sterling Hayden en bon samaritain trop beau pour être vrai, n'a aucune épaisseur ou réalité, Natalie Wood ado, qui incarne une fille idéale, avec un jeu appliqué et irritant.
Reste que le film vaut pour le portrait sans complaisance qu'il propose d'une star sur le retour et quelques scènes (la visite de la sœur et du beau-frère charognards, au début) sont d'une cruauté insensée.
 
   
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4 mai 2010
TRAUMA (1)« TRAUMA » est sorti un an avant le roman « THE SHINING » de Stephen King, aussi est-il difficile de dire s’il eut une influence quelconque sur l’auteur. La maison « vivante », le père qui devient fou et s’en prend à son fils, les photos finales, tout renvoie au roman et même au film de Kubrick.TRAUMA
Ce qui n’empêche nullement « TRAUMA » d’être une véritable épreuve à revoir aujourd'hui ! Interminable (pratiquement deux heures, où il ne se passe rien avant le dernier quart !), le film est affreusement photographié : les intérieurs font très téléfilm alors que les extérieurs sont noyés dans des filtres antédiluviens qui donnent une sensation de fog bleuâtre fatigante pour l’œil. Le pire demeure la direction d’acteurs : TRAUMA (2)Oliver Reed, mal à l'aise et congestionné passe la plupart de ses scènes à se prendre la tête dans les mains en geignant, Karen Black n’a jamais été plus mal filmée jusqu'à devenir comique par moments. Et que dire de Bette Davis – oui la Bette Davis ! – affublée d’une perruque monstrueuse, qui en fait des mégatonnes en tantine minaudante. Son agonie surjouée jusqu'au délire, confine au burlesque.
Pas très loin du nanar absolu, « TRAUMA » ne provoque aucun frisson, ne crée aucune image-choc capable de hanter les mémoires, pas même une BO mémorable comme dans « AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE », par exemple. Disons que s’il a influencé la naissance de « SHINING » cela justifie son existence. À part ça…http://wild-wild-western.over-blog.com/tag/les%20films%20de%20bette%20davis/2

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