marți, 11 februarie 2020

HEPBURN (Katharine) !907-2003

Dictionnaire Larousse du cinema

HEPBURN (Katharine)

actrice américaine (Hartford, Conn., 1907).
Née dans une riche famille bourgeoise et fille d'une suffragette, Katharine Hepburn fait ses débuts à l'âge de trois ans dans des spectacles féministes organisés par sa mère. Secrète, volontaire, brusque, Katharine décide d'être actrice. Mais son caractère entêté et impétueux n'arrange pas les choses. Entre 1928 et 1931, elle va d'échec en échec. Il était donc assez audacieux de la part de la RKO de lui confier le rôle principal d'Héritage,en 1932, face à John Barrymore ; avec la fierté et le courage qui allaient toujours la caractériser, elle lui tint bravement tête et fit de ce film un triomphe personnel et une revanche éclatante sur ses insuccès de théâtre. De plus, ce film lui fait rencontrer George Cukor, qui va être son ami et son metteur en scène de toujours. Elle avait d'emblée imposé sa figure de jeune fille rebelle et généreuse dont le prénom masculin, Sidney, était en lui-même symbolique. La RKO décide alors de faire d'elle une star à part entière et lui donne très vite la vedette, dans la Phalène d'argent, prévue pour Ann Harding (D. Arzner, 1933) : ce rôle d'aviatrice indépendante qui, enceinte d'un lord, se suicide en lançant son avion dans les airs, dégoûtée par les préjugés, lui convenait à merveille. Dans les années 30, Katharine Hepburn va être un peu la jeune fille symbolique, alternant les héroïnes volontaires et modernes et les délicates créations style « Bibliothèque rose » qu'elle fut la seule à tenir.
À une époque de féminité rebondie, elle a imposé une androgynie irrespectueuse. Le public, dérouté par la nouveauté, ne la suivra pas toujours. Mais le temps lui a donné raison : on est maintenant frappé à la fois par le modernisme de sa démarche et de son jeu, et par la nouveauté totale de sa beauté d'elfe farceur, tout en aspérités et en angles. Pour Cukor, elle est l'inoubliable Jo des Quatre Filles du docteur March, garçon manqué plus femme que ses coquettes de sœurs. Pour Lowell Sherman, elle dessine le saisissant portrait d'une jeune actrice arriviste dans Morning Glory (1933) : un rôle qui doit beaucoup à son expérience personnelle et qui lui vaut son premier Oscar.
1935 est pour elle une année cruciale, à cause d'un échec et d'un succès. Le succès, c'est Alice Adams(G. Stevens), où elle incarne une jeune provinciale modeste prise au piège cruel du jeu social : création minutieuse et exacte, un des personnages les plus révélateurs de la décennie. L'échec, ce fut celui, injustifié, du chef-d'œuvre de Cukor, Sylvia Scarlett,magnifique hybride où la comédie américaine se croise avec l'Angleterre de Charles Dickens. Au sommet de son art et de son rayonnement, Katharine Hepburn, délicieusement travestie en jeune homme, le chapeau sur l'œil et le cheveu court, puis en pierrot lunaire, menait un marivaudage subtil entre le rire et les larmes. Après cela, sa carrière se mit à battre de l'aile : l'échec de la grande production de Marie Stuart (J. Ford, 1936), dont elle interprétait le rôle-titre avec éclat, vint confirmer celui de Sylvia Scarlett. Mais en 1937, elle trouvait un nouveau rôle superbe et un autre cinéaste complice : dans Pension d'artistes de Gregory La Cava, elle affinait encore sa création de comédienne arriviste, appuyée par un dialogue scintillant et par une réalisation d'une vivacité rare. 1938 lui offre encore deux chefs-d'œuvre de comédie : le doux-amer Vacances, de George Cukor, et le loufoque Impossible Monsieur Bébé, d'Howard Hawks. Mais, hélas  ! elle était une star qui ne rapportait pas d'argent et elle dut aller reconquérir sa gloire à la scène.
Elle revint à Hollywood en 1940, avec son grand succès théâtral, Indiscrétions, dont elle s'était, judicieusement, réservé les droits d'adaptation. Katharine Hepburn, dirigée par un cinéaste (George Cukor) qui la connaissait mieux que personne, reprit sans le moindre effort son personnage d'héritière capricieuse qui se laisse séduire par son ancien mari la veille de son remariage : le triomphe était inévitable. Il marqua le commencement de son règne de superstar de la MGM. Brillante, sophistiquée, la voix haut perchée, nerveuse et sèche, mais les yeux vulnérables et pleins d'émotion, elle donnait à son féminisme élégant et souriant allure et glamour. C'est à ce moment qu'on eut l'idée de lui donner comme partenaire Spencer Tracy, dans la Femme de l'année (G. Stevens, 1942) : rencontre privilégiée, à la ville comme à l'écran, qui créa un des plus beaux couples du cinéma. Dès ce premier film, l'équilibre était évident et radieux : les nerfs, les éclats et les excès de Katharine Hepburn venant se briser comme des vagues sur la solidité, le calme olympien et la sérénité de Spencer Tracy. Ensemble, on les vit encore dans la Flamme sacrée (G. Cukor, 1943), film d'atmosphère et de mystère, révélateur de l'antifascisme de toute une fraction d'Hollywood ; dans Sans amour(H. S. Bucquet, 1945), comédie un peu molle à la recherche d'un cinéaste ; dans le Maître de la Prairie(E. Kazan, 1947), mélodrame un peu pesant qui n'était pas dans les cordes du metteur en scène. C'était la comédie qui convenait au couple. Il y eut, heureusement, trois grands crus : l'Enjeu (F. Capra, 1948), satire incisive des manigances électorales, où Katharine Hepburn jouait quelque peu en retrait, et surtout Madame porte la culotte (1949), puis Mademoiselle Gagne-Tout (1952), écrits par Garson Kanin et Ruth Gordon, et réalisés par George Cukor. S'affrontant d'égal à égal, et pour rire, jouant vaillamment le jeu de la guerre des sexes, Tracy et Hepburn y trouvèrent l'apogée de leur couple cinématographique. Ni le morne Une femme de tête(W. Lang, 1957) ni le larmoyant Devine qui vient dîner(S. Kramer, 1967) ne leur rendirent justice.
Entre-temps, seule, Katharine Hepburn eut plus d'une occasion de prouver son talent. Par exemple dans des mélodrames comme Lame de fond (V. Minnelli, 1946) et surtout Passion immortelle (C. Brown, 1947), où elle était Clara Schumann. Ses grands rôles des années 50 exploitèrent son côté un peu revêche et firent d'elle, souvent, une vieille fille gagnée tardivement à l'amour. Manque d'imagination de la part des cinéastes que l'on pardonne aisément devant une réussite mineure comme le Faiseur de pluie (J. Anthony, 1956) ou majeure comme The African Queen (J. Huston, 1951), où elle est sublime d'humour et d'émotion en missionnaire amoureuse d'un Humphrey Bogart hirsute, narquois et rogue, ou encore Vacances à Venise (D. Lean, 1955), une composition tout aussi excellente dans un registre plus dramatique. Il s'agit même d'un de ses films les plus méconnus et les meilleurs. Elle termina la décennie par une création magistrale et terrifiante : la possessive et vénéneuse Madame Venable dans Soudain l'été dernier (J. L. Mankiewicz, 1959).
Depuis, Katharine Hepburn a beaucoup vécu sur son acquis, ayant amplement démontré ses qualités et trouvant de grandes joies au théâtre. Sa personnalité est toujours fascinante, mais des metteurs en scène médiocres (Une bible et un fusil, S. Millar, 1975) et des rôles artificiels ne lui rendent guère justice. On retrouve bien son éclat unique dans certains instants du Lion en hiver (A. Harvey, 1968) ou de Delicate Balance(T. Richardson, 1973). Mais c'est avec une joie immense qu'on la voit, réellement comprise et appréciée, dans Comme la neige au printemps (1977), que George Cukor tourna pour la télévision : sa malicieuse interprétation d'aristocrate rouée et fière, jouant des sentiments d'un vieil avocat comme une jeune coquette, nous montre l'étendue riche et colorée de son art.

Films  :

Héritage (G. Cukor, 1932) ; la Phalène d'argent(D. Arzner, 1933) ; Morning Glory (Lowell Sherman, id.) ; les Quatre Filles du docteur March (Cukor, id.) ; Mademoiselle Hicks (J. Cromwell, 1934) ; The Little Minister (Richard Wallace, id.) ; Cœurs brisés (Break of Hearts, (Phillip Moeller, 1935) ; Alice Adams(G. Stevens, id.) ; Sylvia Scarlett (Cukor, id.) ; Marie Stuart (J. Ford, 1936) ; la Rebelle (A Woman Rebels,M. Sandrich, id.) ; Pour un baiser (G. Stevens, 1937) ; Pension d'artistes (G. La Cava, id.) ; l'Impossible Monsieur Bébé (H. Hawks, 1938) ; Vacances (Cukor, id.) ; Indiscrétions (Cukor, 1940) ; la Femme de l'année(G. Stevens, 1942) ; la Flamme sacrée (Cukor, 1943) ; le Cabaret des étoiles (F. Borzage, id.) ; le Fils du Dragon (J. Conway, H. S. Bucquet, 1944) ; Sans amour(Bucquet, 1945) ; Lame de fond (V. Minnelli, 1946) ; le Maître de la prairie (E. Kazan, 1947) ; Passion immortelle (C. Brown, id.) ; l'Enjeu (F. Capra, 1948) ; Madame porte la culotte (Cukor, 1949) ; The African Queen (J. Huston, 1952) ; Mademoiselle Gagne-Tout(Cukor, id.) ; Vacances à Venise (D. Lean, 1955) ; le Faiseur de pluie (J. Anthony, 1956) ; Whisky, Vodka et Jupon de fer (The Iron Petticoat, R. Thomas, id.) ; Une femme de tête (W. Lang, 1957) ; Soudain l'été dernier(J. L. Mankiewicz, 1959) ; Long Day's Journey into Night(S. Lumet, 1962) ; Devine qui vient dîner (S. Kramer, 1967) ; Un lion en hiver (A. Harvey, 1968) ; la Folle de Chaillot (B. Forbes, 1969) ; les Troyennes(M. Cacoyannis, 1971) ; A Delicate Balance(T. Richardson, 1973) ; Love Among the Ruins (Cukor, TV, 1975) ; Une bible et un fusil (Rooster Cogburn,Stuart Millar, id.) ; Olly Olly Oxen Free (Richard A. Colla, TV, 1978) ; The Corn is Green (Cukor, TV, 1979) ; la Maison du lac (M. Rydell, 1981) ; Grace Quigley(Harvey, 1984) ; Mrs Delafield Wants to Marry (TV, 1986) ; Love Affair (Glenn Gordon Caron, 1994).
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Filmographie

1932 : Héritage (A Bill of divorcement) de George Cukor : Sydney Fairfield
1933 : La Phalène d'argent (Christopher strong) de Dorothy Arzner : Lady Cynthia Darrington
1933 : Gloire éphémère (Morning Glory) de Lowell Sherman : Eva Lovelace
1933 : Les Quatre filles du docteur March (Little women) de George Cukor : Josephine « Jo » March
1934 : Mademoiselle Hicks (Spitfire) de John Cromwell : Trigger Hicks
1934 : The Little Minister de Richard Wallace : Barbara « Babbie »
1935 : Cœurs brisés (Break of Hearts) de Philip Moeller : Constance Dane Roberti
1935 : Sylvia Scarlett de George Cukor : Sylvia Scarlett
1935 : Désirs secrets (Alice Adams) de George Stevens : Alice Adams
1936 : Marie Stuart (Mary of Scotland) de John Ford : Marie Stuart
1936 : La Rebelle (A Woman Rebels) de Mark Sandrich : Pamela « Pam » Thistlewaite
1937 : Pour un baiser (Quality Street) de George Stevens : Phoebe Throssel
1937 : Pension d'artistes (Stage Door) de Gregory LaCava : Terry Randall
1938 : L'Impossible Monsieur Bébé (Bringing up Baby) de Howard Hawks : Susan Vance
1938 : Vacances (Holiday) de George Cukor : Linda Seton
1940 : Indiscrétions (The Philadelphia Story) de George Cukor : Tracy Samantha Lord
1942 : La Femme de l'année (Woman of the Year) de George Stevens : Tess Harding
1943 : La Flamme sacrée (Keeper of the Flame) de George Cukor : Christine Forrest
1943 : Le Cabaret des étoiles (Stage Door Canteen) de Frank Borzage : elle-même (caméo)
1944 : Les Fils du dragon (Dragon Seed) de Jack Conway et Harold S. Bucquet : Jade Tan
1945 : Sans amour (Without Love) de Harold S. Bucquet : Jamie Rowan
1946 : Lame de fond (Undercurrent) de Vincente Minnelli : Ann Hamilton
1947 : Le Maître de la prairie (Sea of Grass) d'Elia Kazan : Lutie Cameron Brewton
1947 : Passion immortelle (Song of Love) de Clarence Brown : Clara Schumann
1948 : L'Enjeu (State of the Union) de Frank Capra : Mary Matthews
1949 : Madame porte la culotte (Adam's Rib) de George Cukor : Amanda Bonner
1951 : L'Odyssée de l'African Queen (The African Queen) de John Huston : Rose Sayer
1952 : Mademoiselle Gagne-Tout (Pat and Mike) de George Cukor : Pat Pemberton
1955 : Vacances à Venise (Summertime) de David Lean : Jane Hudson
1956 : Le Faiseur de pluie (The Rainmaker) de Joseph Anthony : Lizzie Curry
1956 : Whisky, vodka et jupon de fer (The Iron Petticoat) de Ralph Thomas : Capitaine Vinka Kovelenko
1957 : Une femme de tête (The Desk Set) de Walter Lang : Bunny Watson
1959 : Soudain l’été dernier (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz : Valerie Venable
1962 : Long voyage vers la nuit (Long Days Journey into Night) de Sidney Lumet : Mary Tyrone
1967 : Devine qui vient dîner... (Guess Who's Coming to Dinner) de Stanley Kramer : Christina Drayton
1968 : Le Lion en hiver (The Lion in Winter) d'Anthony Harvey : Aliénor d'Aquitaine
1969 : La Folle de Chaillot (The Madwoman of Chaillot) de Bryan Forbes : la comtesse Aurelia
1971 : Les Troyennes (The Trojan Women) de Michael Cacoyannis : Hécube
1973 : A Delicate Balance de Tony Richardson : Agnes
1975 : Une bible et un fusil (Rooster Cogburn) de Stuart Millar : Eula Goodnight
1978 : Olly, Olly, Oxen Free de Richard A. Colla : Miss Pudd
1981 : La Maison du lac (On Golden Pond) de Mark Rydell : Ethel Thayer
1984 : Grace Quigley d'Anthony Harvey : Grace Quigley
1994 : Rendez-vous avec le destin ou Histoire d'amour au Québec (Love Affair), de Glenn Gordon Caron : Ginny
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