joi, 13 februarie 2020

Gérard Philipe (1922-1959)











Gérard Philipe



Gérard Philip, dit Gérard Philipe, né le 4 décembre 1922 à Cannes et mort le 25 novembre 1959 à Paris, est un acteur français. Actif au théâtre comme au cinéma, il fut en France, jusqu'à sa mort prématurée, l'une des principales vedettes de l'après-guerre. Le public garde de lui une image juvénile et romantique, qui en fait l'une des icônes du cinéma français.

Biographie

Enfance et jeunesse

Cadet de son frère Jean, Gérard naît à Cannes (Alpes-Maritimes), dans une famille aisée, de Marcel Philip (1893-1973) et de Marie Elisa Villette (1894-1970), dite « Minou », fille d'un pâtissier beauceron établi à Chartres et d'une émigrée tchèque directement venue de Prague.

Son père, riche hôtelier (propriétaire de divers établissements sur la Côte d'Azur et à Paris) et avocat dans un cabinet de contentieux juridique cannois, appartenait en 1936 à la ligue nationaliste des Croix-de-Feu, puis s'enthousiasma pour Jacques Doriot et son rêve de national-socialisme à la française, adhéra au Parti populaire français (PPF) et devint secrétaire de la fédération de Cannes4. Propriétaire-gérant du Parc palace-hôtel à Grasse, il y abrita l'état-major mussolinien en 1940 puis l'état-major nazi en 1942. Il fut condamné à mort après la guerre pour ses crimes de collaboration et il s'est réfugié en Espagne.

Gérard suit toute sa scolarité au lycée de l'Institut Stanislas de Cannes tenu par les marianistes où il est bon élève. Il y obtient, au début de la guerre, son baccalauréat. Inscrit à la faculté de droit à Nice en 1942, son père le destine à une carrière de juriste, mais, rencontrant de nombreux artistes réfugiés sur la Côte d’Azur, alors en zone libre depuis 1940, il décide de devenir comédien. Sa mère le soutient dans ce choix.

La guerre, les débuts d’acteur
En 1941, Marc Allégret, réfugié sur la Côte d’Azur, se laisse entraîner chez madame Philip qui pratique des séances de voyance et de spiritisme au Parc Hôtel Palace à Grasse, propriété de son mari. Sachant que son fils veut faire du théâtre, « Minou » persuade Allégret de l'auditionner. Au terme de cet essai, le cinéaste lui conseille de s’inscrire au Centre des jeunes du cinéma à Nice puis l’envoie prendre les cours d’art dramatique de Jean Wall et Jean Huet à Cannes. Le comédien Claude Dauphin le fait jouer au théâtre à partir de 1942 avec Une grande fille toute simple d’André Roussin au casino de Nice.

En 1942, Marc Allégret l'engage pour une silhouette dans le film La Boîte aux rêves, réalisé par son frère Yves. En novembre de la même année, la zone libre est occupée par l’armée allemande.

En 1943, la famille Philip s’installe rue de Paradis, dans le 10e arrondissement de Paris. Gérard s’inscrit au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, suit les cours de Denis d'Inès puis de Georges Le Roy et obtient le second prix de comédie.

En 1943, Gérard Philipe obtient son premier succès et la célébrité à l’âge de vingt ans, en pleine Seconde Guerre mondiale, dans le rôle de l’ange du Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux.

Membre des FFI, il participe à la Libération de Paris en 1944. Il contribue notamment à la libération7 de l'Hôtel de Ville de Paris, en août 1944, en compagnie de trente personnes sous les ordres de Roger Stéphane.

Sur les conseils de « Minou », Gérard ajoute un « e » à son nom pour obtenir treize lettres avec son nom et son prénom, chiffre porte-bonheur8.

Son père, Marcel, est condamné à mort par contumace le 24 décembre 1945 pour intelligence avec l'ennemi et appartenance à un groupe antinational, sans qu'aucune preuve soit jamais versée au dossier. Il s'enfuit alors en Espagne et devient professeur de français à Barcelone9. Gérard, Anne et leurs enfants lui rendront de fréquentes visites. Marcel bénéficie de la loi d'amnistie de 1968 et peut alors rentrer en France.

Amour et famille
En 1942, Gérard rencontre Nicole Navaux, une ethnologue épouse du diplomate François Fourcade. Ils se lient en 1946, se marient le 29 novembre 1951 à la mairie de Neuilly-sur-Seine après le divorce de Nicole. Il demande à son épouse de reprendre son premier prénom, Anne, qu'il trouve plus poétique. Ils ont deux enfants : Anne-Marie Philipe, née le 21 décembre 1954, devenue écrivain et comédienne elle aussi, et Olivier Philipe, né le 10 février 1956. Installés boulevard d'Inkermann à Neuilly, puis rue de Tournon à Paris en 1956, Anne et Gérard avec leurs enfants passent leurs vacances d’été à Ramatuelle, en Provence, dans une propriété de la famille d'Anne.

L’après-guerre : gloire et engagement
Gros plan sur un panneau rectangulaire à la base d'une colonne où il est écrit en noir sur fond blanc la citation : "Le théâtre est un problème social comme toutes les questions artistiques. Gérard Philipe"
Citation de Gérard Philipe sur une colonne du Théâtre des Abbesses aux pieds de la butte Montmartre à Paris, 18e arrondissement.
La notoriété de Gérard Philipe au théâtre et en tournée grandit encore grâce à la création de Caligula d’Albert Camus en 1945. Le film Le Diable au corps de Claude Autant-Lara en 1947, où il est le partenaire de Micheline Presle, lui apporte la gloire au cinéma.

Anne et Gérard Philipe deviennent tous deux compagnons de route du Parti communiste français. Acteur engagé, il est l'un des premiers à signer l'appel de Stockholm, en 1950, contre l’armement nucléaire en pleine guerre froide. Il effectue plusieurs tournées dans les pays socialistes, où il jouit d'une grande notoriété. Président du Syndicat français des artistes-interprètes (SFA) à partir de 1958, il se révèle un grand responsable syndical pour les métiers artistiques du cinéma et du théâtre. Toutefois, durant ces mêmes périodes, ces engagements ne l’empêchent pas de visiter très régulièrement Paul Marion, l’ancien ministre de l’Information de Vichy, à la prison centrale de Clairvaux où ce dernier purge sa peine.

Le « jeune premier »

Gérard Philipe en 1954 dans le costume de Don Rodrigue.
En 1951, Jean Vilar, qui vient de prendre la direction du Théâtre national populaire, l'invite à intégrer sa troupe et à jouer Le Prince de Hombourg de Kleist et Le Cid de Pierre Corneille, ce qu'il accepte avec enthousiasme. Gérard assure ainsi un immense succès populaire au répertoire classique, à Paris, en tournée, au Festival d'Avignon. Il met lui-même en scène plusieurs pièces de Musset et d'auteurs contemporains comme Henri Pichette et Jean Vauthier. De cette troupe composée de comédiens prestigieux, Philippe Noiret, Jeanne Moreau, Daniel Sorano entre autres, il dit : « [...] pour moi le TNP c'est chez moi, c'est ma maison ».

Gérard Philipe ne délaisse pas le cinéma pour autant et joue en 1952 le Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque avec Gina Lollobrigida, qui lui vaut de devenir une « idole des jeunes » à travers le monde. En 1956, il réalise en coproduction avec l'Allemagne de l'Est, et avec l'aide de Joris Ivens, le long métrage Les Aventures de Till l'espiègle. Production ambitieuse mais mal maîtrisée, le film ne rencontre pas le succès en France.
Sa jeunesse, sa beauté et son charisme dans les films d'Yves Allégret, Christian-Jaque, Marcel Carné, Claude Autant-Lara, René Clair, René Clément, Luis Buñuel ou Roger Vadim lui valent une renommée internationale mais pas celle des « jeunes turcs », les futurs cinéastes de la Nouvelle Vague, qui rejettent l'acteur même si ce dernier souhaitait prendre part à ce nouveau mouvement.

La fin brutale
Le 25 novembre 1959, en pleine gloire et à l’apogée de sa popularité, alors qu'il vient de finir le tournage du film La fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel au Mexique, il est emporté par un cancer du foie foudroyant12 à Paris (17 rue de Tournon, où un panneau Histoire de Paris lui rend hommage), quelques jours avant son 37e anniversaire, plongeant dans la tristesse ses nombreux admirateurs. Conformément à ses dernières volontés, il est enterré vêtu du costume de Don Rodrigue (Le Cid), dans le petit cimetière de Ramatuelle.

Quelques jours plus tard décédera à son tour un autre « jeune premier » au destin brisé lui aussi en pleine gloire et à la fleur de l'âge, son confrère acteur Henri Vidal.

Dans les années qui suivent le décès de son mari, Anne Philipe publie deux biographies intitulées Souvenirs (1960) et Le Temps d’un soupir (1964).

Soixante ans après sa mort, son gendre Jérôme Garcin publie Le dernier hiver du Cid14, récit de ses dernières semaines (Gallimard, 2019)15.

Œuvre
Filmographie
1947 : Le Diable au corps de Claude Autant-Lara : François Jaubert
1947 : La Chartreuse de Parme de Christian-Jaque : Le marquis Fabrice Del Dongo
1949 : La Beauté du diable de René Clair : Méphistophélès et Henri Faust, jeune
1950 : Juliette ou la Clé des songes de Marcel Carné : Michel, le rêveur qui recherche Juliette
1950 : La Ronde de Max Ophüls : Le comte
1951 : Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque : Fanfan la Tulipe
1952 : Les Belles de nuit de René Clair : Claude, obscur compositeur de musique
1953 : Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry : D'Artagnan
1954 : Le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara : Julien Sorel
1955 : Les Grandes Manœuvres de René Clair : Armand de La Verne, lieutenant des dragons
1955 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry : Le chanteur des rues
1958 : Le Joueur de Claude Autant-Lara : Alexei Ivanovitch, le jeune Moscovite
1959 : Les Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim : Le vicomte de Valmont
1959 : La fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel : Ramon Vasquez

Discographie
Gérard Philipe est l'un des acteurs français qui a le plus enregistré de disques en aussi peu de temps, en l'occurrence entre 1952 et 1959, année de sa mort.

Le contenu en est très éclectique, du très célèbre Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry (enr. en 1954) à Pierre et le Loup de Serge Prokofiev, en passant par de grands poètes tels Victor Hugo, François Villon, Jean de La Fontaine, Guillaume Apollinaire, ou encore Louis Aragon et Paul Éluard, en collaboration avec Jean-Louis Barrault.

Il fit de nombreuses adaptations discographiques ou radiophoniques de pièces de théâtre que souvent il avait jouées avec succès sur la scène du TNP que son ami Jean Vilar, dirigeait depuis 1951.

Il s'agit essentiellement de tragédies classiques du xviie siècle, ou de drames modernes du xixe siècle : Le Cid de Pierre Corneille, Le Prince de Hombourg d'Heinrich von Kleist, La Tragédie du roi Richard II de William Shakespeare, Ruy Blas de Victor Hugo, le répertoire d'Alfred de Musset (Lorenzaccio, On ne badine pas avec l'amour ou Les Caprices de Marianne).
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Bibliographie

Anne Philipe, Claude Roy, Souvenirs (biographie), 1960 ;
Paul Giannoli, La vie inspirée de Gérard Philipe, Éditions Plon, 1960 ;
Henri Pichette, Tombeau de Gérard Philipe, Gallimard, 1961 ;
Maurice Périsset, Gérard Philipe ou la jeunesse du monde, Au fil d'Ariane, 1964 ;
Anne Philipe, Le Temps d’un soupir, Julliard, 1964 ;
Monique Chapelle, Gérard Philipe, notre éternelle jeunesse, Robert Laffont, 1965 ;
Georges Sadoul, Gérard Philipe, Seghers, 1967 ;
Urbain Jacques, Il y a dix ans, Gérard Philipe, La Thiele, 1969 ;
Pierre Leprohon, Gérard Philipe, Anthologie du Cinéma, 1971 ;
Georges Sadoul, Gérard Philipe, Lherminier Éditeur, 1979 ;
Maurice Périsset, Gérard Philipe, éditions Alain Lefevre, 1979 ; rééd. Éditions de la Seine, 1994 ;
Gérard Bonal, Gérard Philipe, biographie, Seuil, 1994 ; rééd. 2009 ;
Gérard Bonal, Gérard Philipe, un acteur dans son temps, Bibliothèque nationale de France, 2003 ;
Jean Vilar, Gérard Philipe, J'imagine mal la victoire sans toi, Association Jean Vilar, 2004 ;
Olivier Barrot, L'Ami posthume, Gérard Philipe 1922-1959, Grasset et Fasquelle, 2008 ;
Jérôme Garcin, Le Dernier Hiver du Cid, Gallimard, 2019, 208 p
(art.W.fr. fragm.)

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