vineri, 18 septembrie 2020

BUNUEL 2 / FILMOGRAFIE

https://www.cineclubdecaen.com/materiel/ctfilms.htm

Luis Buñuel

Luis Bunuel
(1900-1983)
33 films
1
10
13
histoire du cinéma : naturalisme
1 - Mise en scène

Le compagnonnage de Bunuel avec le mouvement surréaliste ne pouvait qu'être passager. Il n'y a nul exaltation de quoi que ce soit chez le cinéaste. Les valeurs spirituelles qu'il admire (la théologie, le combat social) sont dépouillées de toute forme de sacralisation. Elles sont certes sources de jouissances mais purement égoïstes. Les valeurs spirituelles demeurent fragiles face à la puissance de la pulsion de mort et d'anéantissement. C'est de ce pessimisme foncier que Bunuel tire la force de ses descriptions des milieux sociaux divers qu'il traverse. Bien que les personnages aient toujours un formidable imaginaire, la mise en scène de Bunuel reste puissamment réaliste, se contentant de filmer la pulsion à l'œuvre.

Pour Gilles Deleuze, Luis Bunuel est ainsi avec Eric von Stroheim le plus grand créateur du naturalisme au cinéma. Le naturalisme, pour Deleuze, n'est pas le réalisme mais sa prolongation, son épuisement dans un surréalisme particulier. Le naturalisme en littérature, c'est essentiellement Zola : c'est lui qui a l'idée de doubler les milieux réels avec des mondes originaires. Dans chacun de ses livres, il décrit un milieu précis, mais aussi il l'épuise et le rend au monde originaire.

L'image naturaliste, l'image pulsion, a deux signes : les symptômes et les fétiches. Les symptômes sont la présence des mondes originaires dans le monde dérivé, le monde de circonstance, social, décrit dans le film. Les fétiches sont des représentations des morceaux arrachés au monde dérivé.

Les symptômes du monde originaire

Le milieu réel, actuel, social n'est que le médium d'un monde originaire qui se définit par un commencement radical (un commencement du monde), une ligne de plus grande pente, et une fin absolue.

Chez Bunuel, l'invention des mondes originaires peut apparaître sous des formes localisées très diverses, artificielles ou naturelles : la jungle de studio dans La mort en ce jardin, le salon mystérieusement clos de L'ange exterminateur ou la rocaille de L'âge d'or, le désert de Simon, le monde primordial du Charme discret de la bourgeoisie, le dépôt d'ordure dans Los Olvidados, les mendiants dans Viridiana.

Les mondes originaires
 
 
 
Des mondes originaires qui auront raison des personnages : la rocaille de L'âge d'or (1930), le dépôt d'ordures dans Los Olvidados (1950), la jungle de studio dans La mort en ce jardin, (1956), le salon mystérieusement clos de L'ange exterminateur (1962)

Même localisé, le monde originaire n'en est pas moins le lieu débordant où se passe tout le film, c'est à dire le monde qui se révèle au fond des milieux sociaux si puissamment décrits. Le monde originaire est un commencement du monde, mais aussi une fin du monde, et la pente irrésistible de l'un à l'autre : c'est lui qui entraîne le milieu, et aussi qui en fait un milieu fermé, absolument clos, ou bien l'entrouvre sur un espoir incertain.

 
Les fourmis, autres symptômes de la présence des mondes originaires dans Un Chien Andalou ou La mort en ce jardin.

Les milieux dérivés ne cessent de sortir du monde originaire, et d'y entrer ; et ils n'en sortent qu'à peine comme des ébauches déjà condamnées, déjà brouillées, pour y entrer plus définitivement, s'ils ne reçoivent un salut qui ne peut venir lui-même que d'un retour à l'origine. Ainsi le lieu primordial de L'Ange exterminateur qui s'incarnait d'abord dans un salon bourgeois mystérieusement clos, puis à peine le salon rouvert, se rétablit dans la cathédrale ou les survivants sont à nouveau réunis. Ainsi le lieu primordial du Charme discret de la bourgeoisie qui se reconstitue dans tous les lieux dérivés successifs pour empêcher l'avènement qu'on y attend. C'était déjà la matrice de L'Age d'or qui scandait tous les développements de l'humanité et les réabsorbait à peine en étaient-ils sortis.

 

L'image pulsion : une poétique de la dégradation des mondes dérivés

L'essentiel du naturalisme est dans l'image pulsion. La pulsion et sa capacité de dévoration d'un milieu définit une poétique convulsive de la dégradation. Stroheim décrivait des pulsions élémentaires : la pulsion de faim, la pulsion sexuelle ou même la pulsion d'or dans Les rapaces. Elles sont inséparables des comportements pervers qu'elles produisent cannibalisme, sadomasochisme, nécrophilie. Chez Bunuel, les pulsions sont parfois aussi intellectuelles. La pulsion théologique, la pulsion sociale ou la pulsion artistique y sont constamment exaltées comme sources de jouissance égoïste mais dénoncées aussi comme en opposition avec les lois de la survie.

D'où le pessimisme foncier de Bunuel envers les solutions sociales qui s'avèrent vaines pour les plus pauvres : prison modèle de Los Olvidados, échec de Nazarin. Chez Buñuel comme chez Sade, le Bien ne peut mener qu'au Mal et les valeurs les plus profondes du catholicisme, en l'occurrence la bonté et la charité, ne peuvent qu'engendrer des monstres, Viridiana (1961) en fera l'expérience.

Chez les pauvres ou chez les riches, les pulsions ont le même but et le même destin : mettre en morceaux, arracher les morceaux, accumuler les déchets, constituer le grand champ d'ordures et se réunir toutes dans une seule et même pulsion de mort. Mort, mort, la pulsion de la mort, le naturalisme en est saturé. C'est ainsi que l'on peut voir l'image des squelettes des évêques sur les rochers à dans l'Age d'or. C'est aussi la raison profonde de la référence au marquis de Sade qui éclaire toute la fin du film, en tant qu'il est le philosophe et l'artiste où la pulsion de vie se combine dans une pulsion sexuelle associée à une pulsion de mort.

Le destin de la pulsion, lorsqu'elle en peut agir en toute liberté, est de s'emparer avec ruse, mais violemment de tout ce qu'elle peut dans un milieu donné, et, si elle peut, de passer d'un milieu dans un autre. L'épuisement complet d'un milieu, mère serviteur, fils et père, c'est aussi ce que fait Susana. Les joies de la pulsion ne se mesurent pas à l'affect, c'est à dire à des qualités intrinsèques de l'objet possible. Il faut que la pulsion soit exhaustive.

La pulsion est un acte qui arrache, déchire, désarticule : le fétiche est un gros plan objet. Le fétiche c'est l'objet de la pulsion, c'est à dire le morceau qui à la fois appartient au monde originaire et est arraché à l'objet réel du milieu dérivé. C'est toujours un objet partiel, quartier de viande, pièce crue, déchet, culotte de femme, chaussure. La chaussure comme fétiche sexuel est une obsession partagée par Stroheim (La veuve joyeuse).

Les fétiches du monde originaire
Un chien andalou
 
Los Olvidados
 
 
La mort en ce jardin
L'oeil d'Un chien andalou, le morceau de viande de Los Olvidados Les botines dans Le journal d'une femme de chambre ou La mort en ce jardin : des fétiches du monde originaire.

La perversion n'est pas une déviation mais une dérivation, expression normale de la pulsion dans le milieu dérivé. C'est un rapport constant du prédateur à la proie. L'infirme est la proie par excellence, puisqu'on ne sait plus qui est morceau chez lui, la partie qui manque ou le reste de son corps. Mais il est prédateur aussi, et l'inassouvissement de la pulsion, la faim des pauvres, n'est pas moins morcelant que l'assouvissement des riches.

 

2 - Biographie
Après avoir été assistant de Jean Epstein sur Maurat et sur La chute de la maison Usher, Luis Bunuel décide de faire un film avec Salvador Dali. C'est à Figueras, pendant la semaine de Noël 1927, en six jours seulement, qu'ils écrivent un scénario essentiellement fondé sur le récit de leurs rêves respectifs et sur la logique de l'association libre. Ainsi naît Un chien andalouL'Age d'or prolonge la période surréaliste avec une conscience plus grande du fonctionnement du cinéma. C'est, pour Buñuel, le passage à la fiction après Un chien andalou que l'on peut décrire comme un documentaire sur l'inconscient dans lequel tout recours à une intrigue était violemment exclu. L'Age d'or demeure l'un des grands scandales de l'histoire du cinéma. Violemment attaqué par l'extrême-droite, le film est finalement interdit par le préfet de police Chiappe.

Par une volte-face dont Buñuel a le secret, son film suivant, Terre sans pain (las Hurdes) est un pur documentaire social, consacré à l'une des régions les plus pauvres d'Espagne. Cette œuvre de combat, accompagnée de façon décalée par la Symphonie n°4 de Brahms est, elle aussi, interdite par le gouvernement espagnol.

S'ouvre alors une longue période d'incertitude dans la vie artistique de Luis Buñuel. Pour gagner sa vie, il double des films américains en espagnol. Après la guerre d'Espagne qu'il fait, en tant qu'homme de cinéma, aux côtés des républicains, il part aux États-Unis où il est engagé au musée d'Art moderne au Service cinématographique de la marine puis à la Warner où il reprend ses activités de doublage.

Au terme de quatorze années de silence officiel, Luis Buñuel entame en 1946 une seconde carrière prolifique et passionnante au Mexique avec Gran casino produit par Oscar Dancingers. L'alliance féconde du cinéaste et du producteur donne naissance à huit films parmi lesquels Los Olvidados et El font figure de phares. La période mexicaine de Buñuel s'étend de 1946 à 1962, année de L'Ange exterminateur, avec un intermède français dans la seconde moitié des années cinquante - Cela s'appelle l'aurore (1956) ; La mort en ce jardin (1956) ; La fièvre monte à El Pao (1959) ; un film espagnol, Viridiana (1961) et un post scriptum, Simon du désert en 1964.

Si dans cette période passionnante, Los Olvidados (1950) fait figure de grand film, c'est d'une part qu'il permet à Buñuel d'être redécouvert en Europe grâce à la présentation du film à Cannes en 1951 et sa distribution en France. Cette redécouverte est facilité par un sujet évident, la délinquance juvénile, l'enfance malheureuse dans les grandes métropoles.

Alors que Luis Buñuel s'apprête à tourner à Mexico une adaptation du Journal d'une femme de chambre, le producteur Serge Silbermann lui propose de réaliser le film en France, avec Jeanne Moreau plutôt qu'avec Silvia Pinal. Ainsi commence en 1963, la dernière période de l'œuvre de Luis Buñuel, marquée par une collaboration féconde avec le scénariste Jean-Claude Carrière : six films sont ainsi conçus et réalisés en étroite relation avec lui, dont cinq produits par Serge Silbermann et un par les frères Hakim (Belle de jour, 1966). Outre le post-scriptum mexicain de Simon du désert (1964) s'intercale également un film franco-espagnol,Tristana (1969) avec Catherine Deneuve.

Dans La voie lactée (1968), le charme discret de la bourgeoisie (1972) ou Le fantôme de la liberté (1974), Bunuel réinvente sa propre écriture automatique, il n'y a plus d'intrigue à proprement dit mais une série de séquences liées les unes aux autres par un fil extrêmement ténu. Son pouvoir créateur, son ironie et sa poésie sont portés là à leur plus haut degré. L'invention permanente s'oppose au désir de possession. Le voyage, le rêve et les rencontres sont l'occasion de surprises et d'apparitions toujours renouvelées. En ce sens, Cet obscur objet du désir (1977) clôt magnifiquement cette filmographie, l'apparition aléatoire des deux actrices qui interprètent le même rôle défie autant le rêve de possession de Fernando Rey que celui du spectateur de posséder le fin mot de l'histoire.

 

3 - Bibliographie :
  • Gilles Deleuze : L'image-temps, chapitre 8 : De l'affect à l'action : l'image-pulsion.
  • Thierry Jousse : Luis Buñuel, collection Arte mille et une nuits, 1997
  • Charles TESSON : Luis Bunuel, Ed. Cahiers du Cinéma, 1995
  • Luis BUNUEL : Mon dernier soupir, Ed Robert Laffont, 1982
  • André BAZIN : Le cinéma de la cruauté, 1975
  • Marcel OMS : Don Luis Bunuel Ed. du Cerf 1984
  • Maurice DROUZY: Luis Bunuel architecte du rêve, Ed.Lherminier, 1978

 

4 - Filmographie :
1929Un chien andalou 

Avec : Simone Mareuil (la jeune fille), Pierre Batcheff (l'homme), Luis Buñuel (l'homme au rasoir du prologue).15 mn.

Sur un balcon, un homme aiguise un rasoir, regarde le ciel au moment où un léger nuage avance vers la pleine lune. Une tête de jeune fille, les yeux grands ouverts. Le nuage passe sur la lune, la lame du rasoir traverse l'œil de la jeune fille...

  
1930L'Age d'or 

Avec : Gaston Modot (The Man), Lya Lys (Young Girl), Caridad de Laberdesque (Chambermaid and Little Girl). 1h03.

les images d'un documentaire scientifique sur les scorpions. Puis on se retrouve sur une île dont les abords sont gardés par les squelettes d'archevêques. Des bandits installés sur cette île meurent lorsqu'arrivent d'importants personnages venus fonder la Rome impériale. La cérémonie de la pose de la première pierre est troublée par un scandale : un homme fait l'amour dans la boue avec une jeune femme. Il est arrêté par les policiers.

Puis une réception a lieu chez le père de la jeune femme que l'homme, libéré, cherche à retrouver....

  
1933Terre sans pain 

(Las Hurdes, Tierra Sin Pan).

Cet essai cinématographique de géographie humaine a été tourné en 1932, peu de temps après l'avènement de la République Espagnole. De l'avis des géographes et des voyageurs, la contrée que vous allez visiter, appelée "Las Hurdes" est une région stérile et inhospitalière, où l'homme est obligé de lutter, heure par heure, pour sa subsistance.

  
1947Gran casino 

(En El Viejo Tampico). Avec : Libertad Lamarque, Jorge Negrete, Mercedes Barba, Agustin Isunza, José Baviera, Francisco Jambrina, Charles Rooner, Julio Villarea 1h25.

Deux hommes évadés d'une prison trouvent du travail dans une exploitation pétrolière. Soupçonnés d'avoir tué un homme d'affaire, l'un d'entre eux mène une enquête et découvre que le meurtre était commandité par un grand trust…

  
1949Le grand noceur 

(El Gran Calavera). Avec : Fernando Soler, Rosario Granados, Francsico Jambrina, Luis Alcoriza, Antonio Bravo, Antonio Monsell, Nicolas Rodriguez, Maria Luisa Serrano. 1h30.

Parce qu'il vit mal son veuvage, un homme riche dilapide sa fortune dans l'alcool et la débauche. Ses proches qui savent profiter de ses largesses craignent la banqueroute et montent une mascarade pour le faire réagir. Au lendemain d'une énorme beuverie, ils lui font croire qu'il est ruiné et qu'eux mêmes se sont mis à travailler. Il se rend compte de la supercherie

  
1950

Los Olvidados 

(Pitié pour eux) Avec : Alfonso Mejía (Pedro), Estela Inda (La mère de Pedro), Roberto Cobo (El Jaibo). 1h27.

Des enfants, plus ou moins abandonnés, de la banlieue de Mexico se sont organisés en bande pour vivre. Évadé d'un centre de redressement, Jaibo a pris la direction du groupe qui commence à sévir dans le secteur, rossant, pour le voler, un mendiant aveugle.

  
1951

Susana la perverse 

(Susana). Avec : Fernando Soler (Don Guadalupe), Rosita Quintana (Susana), Víctor Manuel Mendoza (Jesús).1h22.

Susana s'évade d'une maison de redressement. Dans sa fuite, elle échoue dans une hacienda aisée où elle est chaleureusement accueillie. A force d'ingénuité, elle s'immisce dans la vie de la ferme qu'elle pervertit de ses charmes.

  
1951Don Quintin l'amer 

(La Hiya Del Engano). Avec : Fernando Soler (Don Quintin Guzman), Alicia Caro (Marta), Fernando Soto (Angelito). 1h18.

Don Quintin Guzman, voyageur de commerce, n'est pas heureux en affaires. En rentrant chez lui après une mission ratée, il surprend son épouse dans les bras de son meilleur ami. Fou de rage, il chasse sa femme, qui au passage, lui annonce qu'il n'est pas le père de sa fille.

  
1952La montée au ciel 

(La Subida Al Cielo). Avec : Lilia Prado, Esteban Marquez, Carmen Gonzales, Manuel Dondé, Leonor Gomez, Chel Lopez, Paula Rendon. 1h25.

Le jour de son mariage avec Albina, Oliverio apprend que sa mère est mourante. Tandis qu'il se rend en ville afin de faire rédiger par l'avoué les dernières volontés de la malade, ses frères s'efforcent de faire signer à cette dernière un testament en leur faveur....

  
1952Une femme sans amour

(Una mujer sin amor). Avec : Rosario Granados (Rosario), Tito Junco (Julio Mistral), Julio Villarreal (Don Carlos Montero). 1h30.

Rosario, mariée et mère d’un jeune garçon, Carlos, tombe amoureuse d’un jeune ingénieur. Vingt-cinq ans plus tard, on apprend qu’un riche étranger lègue sa fortune au fils cadet de Rosario. L’aîné mène l’enquête et découvre que son cadet est le fruit de l’adultère

  
1953L'enjoleuse 

(El Bruto). Avec : Pedro Armendariz, Katy Jurado, Andrès Soler, Rosita Arenas, Roberto Meyer, Beatriz Iegas, José Muñoz, Jaime Fernandez, Diana Ochoa. 1h23.

Pour réaliser une opération fructueuse, Cabrera doit procéder à la démolition d'un vieil immeuble qu'il possède. Les locataires sont des ouvriers pauvres qui résistent aux mesures d'expulsion. Sur les conseils de sa femme Paloma, Cabrera fait appel à Pedro, un jeune boucher que son esprit simple, la rudesse de ses gestes et la force herculéenne ont fait surnommer El Bruto, la brute. Le colosse est chargé d'intimider les locataires les plus récalcitrants. Emporté par sa fougue, il tue le viel ouvrier Carmelo. Séduite par la carure de l'assassin, Paloma devient sa maîtresse. Les amis de Carmelo attaquent El Bruto qui parvient à s'enfuir...

  
1953El 

Avec : Arturo De Cordova, Delia Garces, Luis Beristain.

Au cours de la messe du Jeudi Saint, Francesco, riche propriétaire foncier et catholique pratiquant, tombe amoureux de Gloria. Celle-ci est fiancée à Raoul, jeune ingénieur qu'il avait quelque peu perdu de vue. Fort habilement, Francesco invite le couple à une réception et réussit à séduire Gloria. Il l'épouse...

  
1953

Les Hauts de Hurlevent 

(Abismos de Pasion, Cumbres Burrascosas).Avec : Irasema Dillian, Jorge Mistral, Lilia Prado.

Après dix ans d'absence, Par une nuit d'orage, Alexandro rentre à la maison. Il est toujours amoureux de Catalina. Les parents de celle-ci avaient adopté Alexandro qui fut confiné dans un rôle de domestique après leur mort par le frère de Catalina, Ricardo. Alexandro quitta le pays et jura de revenir riche pour enlever Catalina...

  
1954Le rio de la mort 

(El Rio y la Muerte). Avec : Columba Dominguez (Mercedes), Miguel Torruco (Felipe Anguiano).1h33.

La haine règne à Santa Viviana, depuis que les familles Anguiano et Menchaca s'entretuent. Gerardo, le dernier des Anguiano, a été en ville, loin de la violence du village. Médecin à Mexico, il refuse de perpétuer la dette de sang qui a endeuillé sa famille depuis des générations..

  
1954Les aventures de Robinson Crusoé 

(Aventuras De Robinson Crusoe). Avec : Daniel O'Herlihy, Jaime Fernandez, Felipe de Alba.

Rescapé d'un naufrage, Robinson Crusoé doit survivre dans une île déserte, en compagnie de son chien Rex et d'une petite chatte. Il retourne à l'épave et sauve des vivres, des vêtements féminins, des chaînes, une Bible, des fusils, des écus, une longue-vue et quelques grains de blé...

  
1954On a volé un tram 

(La illusion viaja en tranvia). Avec : Lilia Prado (Lupita), Carlos Navarro (Juan « Caireles »), Fernando Soto (« Tarrajas »). 1h22

.« Caireles » et « Tarrajas », deux employés de la compagnie des tramways, apprennent que le tram 133, qu'ils venaient de réparer, est destiné à la ferraille. Après une soirée arrosée, ils volent le tramway pour le sauver du rebut.

  
1955La vie criminelle d'Archibald de La Cruz 

(Ensayo De Un Crimen). Avec : Ernesto Alonso, Miroslava, Rita Macedo

Archibald, alors qu'il était tout enfant, a vécu une bien étrange aventure : sa jeune et jolie gouvernante lui avait raconté que la boîte à musique offerte par sa mère avait le pouvoir extraordinaire de donner la mort à celui ou à celle dont on souhaitait se débarrasser. Par jeu, Archibald avait pensé très fort à la mort de la gouvernante et celle-ci s'était immédiatement effondrée..

  
1956Cela s'appelle l'aurore

Avec : Georges Marchal, Lucia Bose, Giani Esposito

Angela, l'épouse du docteur Valerio, a un léger malaise dans une petite rue d'une ville corse. Elle téléphone à l'usine où son mari soigne un accidenté du travail. Angela se plaint d'être délaissée par un époux qui se dévoue entièrement à sa clientèle pauvre. Sur les conseils de Valerio elle part se reposer dans sa famille, à Nice.

  
1956La mort en ce jardin 

(La Muerte En Este Jardin). Avec : Georges Marchal, Simone Signoret, Michel Piccoli, Charles Vanel, Michèle Girardon.

Dans un petit village, à la frontière du Brésil, arrive Chark, un aventurier, au moment où des chercheurs de diamants, dépossédés de leurs placers, se préparent à attaquer la petite garnison gouvernementale. Accusé de vol, Chark est arrêté au moment où éclate la révolte, ce qui lui permet de s'évader.

  
1959Nazarin 
Avec : Francisco Rabal (Nazarin), Marga López (Beatriz), Rita Macedo (Andara), Jesús Fernández (Ujo). 1h34.

Nazarin, humble prêtre vit dans une misère profonde due à une charité sans limite. Il se sacrifie pour les déshérités tout en sachant qu'il ne peut trouver, sur cette terre, qu'incompréhension, rebuffades, violences physiques et morales et qu'il se trouvera méprisé, insulté par ceux-la mêmes pour qui il se dévoue...

  
1959La fievre monte à El Pao 
(Los Ambiciosos). Avec : María Félix (Inés Vargas), Gérard Philipe (Ramón Vasquez), Jean Servais (Alejandro Gual). 1h49.

El Pao est la capitale de l'île de l'Odeja. La misère côtoie le luxe du palais du gouverneur. La femme de ce dernier, Inès Vargas, le trompe avec le colonel Olivares. Le gouverneur Vargas est assassiné Un autre dirigeant, encore plus sanguinaire, Gual, lui succède immédiatement. Gual fait arrêter le professeur Gardenas, un homme idéaliste, sans doute peu conscient des risques qu'il encourt. Ramon Vasquez, qui fut un élève du professeur déplore fortement son arrestation. Pendant qu'on arrête Garcia, Inès confie à Vasquez ses ambitions : ensemble, ils vont essayer d'améliorer le régime de l'île.

  
1960La jeune fille 
(The Young One). Avec : Zachary Scott, Kay Meersman, Bernie Hamilton, Claudio Brook, Graham Denton

Travers, un Noir accusé de viol, se réfugie sur une île de la côte sud-est des U.S.A., où vivent Miller, le garde-chasse et Evvie, une fillette dont le grand-père, Pee-Wee, vient de mourir.

  
1961Viridiana 
Avec : Silvia Pinal (Viridiana), Francisco Rabal (Jorge), Fernando Rey (Don Jaime), José Calvo (Beggar), Margarita Lozano (Ramona). 1h30.

Viridiana, juste avant sa prise de voile, obéit aux ordres de la mère supérieure du couvent qui exige qu'elle aille rendre visite à son bienfaiteur et oncle Don Jaime . Le vieil homme vit seul dans son domaine depuis la mort de sa femme, survenue au cours de leur nuit de noce. Troublé par la ressemblance de Viridiana avec sa femme, Don Jaime veut la garder auprès de lui...

  
1962

L'ange exterminateur 

(El angel exterminator). Avec : Silvia Pinal (Leticia, la cantatrice), Jacquline Andere (Alicia Roc), José Baviera (Leandro), Enrique Rambal (Nobile), Auguto Benedico (le docteur). 1h30.

Nobile, riche aristocrate de Mexico, invite ses amis à diner dans sa luxueuse maison de la rue de la Providence. Quelques faits bizarres se produisent : des domestiques partent sans expliquer leur comportement, le groupe connaît une impression de déjà vécu, Ana retire de son sac deux pattes de poulet alors que Blanca joue au piano une sonate de Paradisi. Et voici qu'une étrange absence de volonté empêche les invités de franchir les limites du grand salon. Sentant venir la fatigue, les invités campent sur place. A l'aube le sortilège continue, il est impossible de sortir du salon. Le vernis des conventions disparaît, les belles manières font place à l'égoïsme le plus brutal. Un cadavre est caché dans un placard, deux amoureux se suicident, on perce les canalisations pour boire. Le sortilège cesse après que l'un des invités ait eu l'idée de replacer chacun dans sa position initiale, au moment de la sonate de Paradisi, Les naufragés de la rue de la Providence sortent... Tout le monde se retrouve dans la cathédrale pour un Te Deum de remerciement. C'est là que le sortilège recommence alors que des émeutes éclatent dans les rues.

  
1964

Le journal d'une femme de chambre 

Avec : Jeanne Moreau (Célestine), Georges Géret (Joseph), Michel Piccoli (M. Monteil), Françoise Lugagne (Mme Monteil). 1h41.

En 1928, Célestine est engagée comme femme de chambre au Prieuré, propriété bourgeoise de la famille Monteil, en Normandie. Elle découvre les petits travers de chacun : les appétits sexuels et le goût de la chasse de M. Monteil, la frigidité et l'obsession de la propreté de Mme Monteil, le fétichisme de la bottine féminine du vieux Rabour, le racisme maurassien du domestique Joseph, le militarisme borné du voisin Mauger, capitaine en retraite....

  
1965Simon du désert 

Avec : Claudio Brook (Simon), Silvia Pinal (The Devil), Luis Aceves Castañeda (Priest), Antonio Bravo (Priest). 45 min.

Simon est un émule de St-Simeon, ascète syrien, qui aurait vécu quarante ans sur une colonne. Comme lui, il vit en ermite, et fait pénitence au sommet d'une tour de huit mètres de haut, dressée en plein désert syrien....

  
1967Belle de jour 

Avec : Catherine Deneuve (Severine Serizy), Jean Sorel (Pierre Serizy), Michel Piccoli (Henri Husson).1h45

Pierre, médecin, n'a pas d'enfant de sa jolie femme qu'il aime mais qu'il sent souvent si lointaine. Séverine rêve, c'est vrai, mais ses rêves sont de ceux qu'on ne raconte pas. Ils sont alimentés par les récits que lui font Husson, un bellâtre jouisseur et Renée, sa maîtresse, sur certaines "maisons" où de jeunes et belles femmes sont à la disposition d'hommes qui viennent y réaliser leurs rêves.

  
1969La voie lactée 

Avec : Paul Frankeur (Pierre), Laurent Terzieff (Jean), Alain Cuny (L'homme à la cape), Edith Scob (La Vierge Marie). 1h45.

Deux vagabonds, Pierre, un vieil homme pieux, et Jean, un jeune athée, se rendent à Saint Jacques de Compostelle, espérant faire une large moisson d'aumônes. En chemin, ils rencontrent les grandes figures bibliques, une série de personnages qui incarnent chacun une hérésie de l’église catholique et sont confrontés aux manifestations de la grâce, du monde, du démon.

  
1970Tristana 

Avec : Catherine Deneuve (Tristana), Fernando Rey (Don Lope), Franco Nero (Horacio), Lola Gaos (Saturna). 1h35.

Tolède 1929. Après la mort de sa mère, Tristana est recueillie par son tuteur Don Lope, un aristocrate de soixante ans vivant péniblement de ses rentes. L'ayant pour ainsi dire séquestrée en douceur, Don Lope fait la conquête de sa pupille dont il deviendra selon les circonstances et selon ses désirs, tantôt le père, tantôt l'amant...

  
1972Le charme discret de la bourgeoisie 
Avec : Fernando Rey (Don Rafael), Paul Frankeur (M. Thevenot), Delphine Seyrig (Mme Thevenot), Bulle Ogier (Florence), Stéphane Audran (Alice Senechal), Jean-Pierre Cassel (M. Senechal). 1h45>

L'ambassadeur d'un petit pays d'Amérique du Sud revient en Europe. Il y retrouve deux amis très chers, Sénéchal et Théveno, ils décident de dîner ensemble chez Sénéchal. Le jour dit, les invités se présentent chez lui, mais il est absent et sa femme n'est pas au courant. Ils décident de dîner au restaurant... mais le patron, mort dans l'après-midi, est exposé dans un coin de la salle. Dans les semaines qui suivent, ils vont essayer de se réunir, mais en vain...

  
1974Le Fantôme de la liberté 
Avec : Jean-Claude Brialy (Foucauld), Monica Vitti (Mme Foucaud), Milena Vukotic (L'infirmière), Michael Lonsdale (Le chapelier). 1h44.

La bonne du couple Foucauld bute sur un mot difficile alors qu'elle lit un épisode sacrilège de la guerre napoléonienne en Espagne. Echappant à sa surveillance, la jeune Véronique a suivi un quidam aux allures de satyre qui lui a offert une série de cartes postales, Les parents sont horrifiés en regardant les photographies... de monuments célèbres, notamment l'obscène Sacré-Coeur de Paris. Après avoir renvoyé la bonne, Foucauld raconte un rêve étrange à son médecin...

  
1977Cet obscur objet du désir 
Avec : Fernando Rey (Mathieu), Carole Bouquet (Conchita), Ángela Molina (Conchita), Julien Bertheau (Le Juge). 1h45.

Sur un quai de gare, Mathieu Faber provoque un véritable scandale en versant le contenu d'un seau d'eau sur la tête d'une jeune femme au visage marqué de coups. Il raconte aux voyageurs de son compartiment les raisons de son comportement et l'histoire d'une étrange passion...

Luis Buñuel. / Cet obscur objet du désir (1977)

                                            Luis Buñuel / Cet obscur objet du désir (1977)



L'HISTOIRE

Tandis qu’il se rend en train de Séville à Paris, Mathieu (Fernando Rey) - un bourgeois d’âge mûr - raconte à ses compagnons de voyage l’orageuse passion qui le lie à Conchita (Carole Bouquet / Àngela Molina), une jeune Espagnole. Remontant jusqu’à sa rencontre avec Conchita, Mathieu évoque ensuite les principales étapes de cette relation amoureuse pour le moins inhabituelle...

ANALYSE ET CRITIQUE

  

C’est dans un sac de linge sale que se tapit Cet obscur objet du désir... Apparaissant régulièrement durant le film - porté par un passant ou bien encore par Mathieu lui-même - cet objet resurgit lors d’une ultime séquence à l’étrangeté métaphorique toute surréaliste. (1) L’on voit alors une ravaudeuse déballer en public - la femme, installée derrière la vitrine d’un passage parisien, travaille sous l’œil des passants - le contenu de ce sac fait d’une toile grossière. La couturière en extrait précautionneusement des pièces de linge froissées. L’une d’entre elles est en piteux état : non seulement salie par des traces sanguinolentes, elle est en outre déchirée. La raccommodeuse s’en empare et commence à repriser l’accroc béant au milieu du tissu à la blancheur souillée. La caméra filme son geste expert en gros plan, épousant le point de vue d’une femme et d’un homme abîmés dans la contemplation de la repriseuse. Cette dernière a pour spectateurs Conchita et Mathieu, le couple dont Cet obscur objet du désir narre la relation amoureuse. Sans doute reconnaissent-ils dans ce morceau de textile déchiqueté et ensanglanté un évident symbole de la nature singulière de leur amour. Puisque c’est fondamentalement de violence que se nourrit la passion unissant la jeune et fougueuse Espagnole à ce Parisien bourgeois et rassis. Le sadomasochisme (2) : tel est donc Cet obscur objet du désir que se propose d’éclairer Luis Buñuel. Son film s’avère en cela certainement fidèle au roman de Pierre Louÿs - La Femme et le pantin (1898) - dont il est l’adaptation. (3) Si le scénario choisit de transposer le propos du livre - se déroulant quant à lui dans l’Espagne des années 1890 - dans la France giscardienne et l’Espagne post-franquiste, le script participe cependant de la même veine "fin de siècle". Reprenant l’essentiel des épisodes du texte de Pierre Louÿs, Cet obscur objet du désir dépeint ainsi les efforts déployés par Conchita et Mathieu afin de s’infliger l’un à l’autre une souffrance conditionnant leur accès au plaisir.

 

Des deux membres du couple, la jeune Espagnole pourra un temps sembler être la plus experte en la matière. De même que dans le roman, Conchita apparaît d’abord comme la principale ordonnatrice d’un jeu sadique réduisant - apparemment - Mathieu à l’état de « pantin ». N’occultant aucun des tourments ourdis par la Conchita de Pierre Louÿs, Luis Buñuel met en images toute la palette de frustrations et d’humiliations qu’endure dans le roman l’amant de la perverse Ibère. Telle séquence nous montre Conchita partager le lit de Mathieu, la poitrine entièrement dénudée mais le bas du corps caparaçonné d’un extraordinaire caleçon en toile de jute - celle du sac de linge sale ? - empêchant bien évidemment l’homme au comble de l’excitation de parvenir à ce qu’il désire alors le plus chez sa maîtresse. Tel autre moment de Cet obscur objet du désir, d’un érotisme aussi troublant, dépeint le désarroi de Mathieu découvrant Conchita exécutant un inhabituel flamenco… Celle qui jusque-là n’a cessé de lui interdire l’accès - ne serait-ce que visuel - à son sexe, est en train de l’exposer à un public d’hommes à l’enthousiasme concupiscent : c’est en effet vêtue d’une unique paire de bas noirs que Conchita se produit dans l’arrière-salle d’un cabaret sévillan ! Quant à l’acmé du récit de Pierre Louÿs, il est aussi bien présent dans Cet obscur objet du désir ; Luis Buñuel montre cette étape ultime de l’avilissement de Mathieu durant laquelle Conchita contraint le vieux bourgeois à la regarder faire l’amour avec un jeune guitariste de sa connaissance...

Une brillante idée de mise en scène vient un peu plus souligner la rouerie de Conchita déjà grandement démontrée par le scénario. Luis Buñuel a choisi de faire interpréter son héroïne par deux comédiennes différentes : la jeune femme étant alternativement jouée par Carole Bouquet et par Àngela Molina. Si toutes deux ont en commun une beauté physique rendant justice à celle du personnage créée par Pierre Louÿs (4), l’incarnation que chacune donne de Conchita est d’une nature fort différente. Le  cinéaste utilise essentiellement Àngela Molina - dont la courbe des lèvres annonce celles, toute aussi voluptueuses, de son corps - pour donner à voir la brûlante sensualité de Conchita. Luis Buñuel dévoile ainsi fréquemment la séduisante plastique de l’actrice : lors d’un épisode parisien, Àngela Molina apparaîtra longuement en petite tenue puis finira dans un état de quasi nudité lors de la séquence de flamenco - très particulier - à Séville. C’est d’ailleurs à cette comédienne qu’incombe l’ensemble des scènes montrant Conchita sous son jour le plus ouvertement sexualisé. Comme, par exemple, lors de l’épisode exhibitionniste pendant lequel l’Espagnole se donne au jeune musicien sous les yeux de Mathieu. Carole Bouquet campe, quant à elle, une version froide de l’Espagnole que vient accentuer la rigueur symétrique des traits de la comédienne. Mis à part l’épisode du caleçon de jute (par ailleurs tout à fait refroidissant pour Mathieu…), Luis Buñuel choisit de ne pas dénuder Carole Bouquet. C’est en outre à elle que revient la charge d’interpréter Conchita lorsqu’elle se joue, avec une habileté redoutable, de la hiérarchie sociale et de ses contraintes. On pense notamment à ces scènes se déroulant dans un très chic café du Palais-Royal : il ne faut alors que quelques instants à Conchita pour échapper à son statut d’employée - elle est en charge du vestiaire - et passer à celui de cliente trônant avec aisance au milieu d’une assistance des plus bourgeoises ! C’est donc une Conchita calculatrice que compose Carole Bouquet, démontrant par là-même la grande intelligence du personnage.

 
 

La Conchita bifrons de Luis Buñuel donne donc à voir cinématographiquement ce qui fonde le pouvoir du personnage littéraire de Pierre Louÿs : à savoir un irrésistible cocktail d’esprit - on ne peut plus aiguisé - et de corps - au sex-appeal exceptionnel - auquel vient à goûter un jour le malheureux Mathieu… Mais le héros masculin de Cet obscur objet du désir est-il aussi infortuné que cela ? Les premières minutes de Cet obscur objet du désir sèment en effet des indices quant à la véritable nature de la libido du personnage. Les images du générique affirment pour leur part la nature violemment désirante de Mathieu. C’est en effet sur fond de palmiers, à la verticalité d’autant plus suggestive qu’ils sont cadrés en contre-plongée, que Luis Buñuel fait défiler des incrustations indiquant, notamment, la distribution. Se trouve ainsi spectaculairement associé au nom de Mathieu une symbole bien évidemment phallique et dénotant la centralité de l’érotisme dans son existence. Mathieu est donc ce qu’il est convenu d’appeler un obsédé. Reste à savoir par quoi précisément ? C’est ce que révèlent les scènes suivantes, toutes placées sous le signe de la soumission... Le cinéaste ne cesse en effet de montrer son personnage en position d’infériorité. Mathieu arbore pourtant tous les signes extérieurs du dominant social parmi lesquels un costume impeccablement coupé, une voiture avec chauffeur ou bien encore une splendide maison de maître. Ce qui n’empêche pas Mathieu, dans un premier temps, de se voir refuser par l’employé d’une agence de voyages le billet de train qu’il lui a demandé. Puis c’est au tour du majordome de Mathieu de lui faire la leçon concernant la conduite à avoir avec les femmes. Enfin, alors que le bourgeois - confortablement installé dans sa limousine - se rend à la gare de Séville, l’explosion d’une voiture piégée le contraint à dévier sa route, manquant presque de lui faire rater son train. Or tous ces épisodes - qui sont autant de remises en cause du pouvoir social de Mathieu - ne font l’objet d’aucune contestation véritable de sa part. Ne manifestant à chaque fois qu’une irritation formelle, Mathieu les accepte en réalité avec une surprenante docilité... Celle-là même dont il fera montre dans sa relation avec Conchita. Se soumettant à la volonté de l’Espagnole tel un esclave, le grand bourgeois subira les avanies imaginées par la jeune femme sans jamais se lasser d’elle.

 

Pareille constance dans l’acceptation d’une souffrance sans cesse répétée témoigne, on l’aura compris, du masochisme foncier de Mathieu trouvant - logiquement - en la sadique Conchita une compagne idéale. Et Cet obscur objet du désir s’impose ainsi comme une œuvre cinématographique aussi troublante que le roman dont elle s’inspire. Mais si Luis Buñuel dépeint avec la même efficacité que Pierre Louÿs les effets du sadomasochisme dans le cadre intime, le cinéaste introduit dans ce film un élément supplémentaire de réflexion en dévoilant la dimension collective du plaisir sadomasochiste. Car Cet obscur objet du désir démontre que - loin de se circonscrire au seul cadre privé de la relation interindividuelle - la quête concomitante de la jouissance et de la souffrance irrigue en réalité la société toute entière ! C’est ce que suggère notamment la mise en scène par Luis Buñuel des conditions dans lesquelles Mathieu raconte sa relation avec Conchita. Dans le roman, la narration du personnage principal - adressée à un unique interlocuteur demeurant muet, qui plus est à l’abri des murs épais d’un palais sévillan - prenait la forme d’une confession privée. Dans Cet obscur objet du désir, le récit fait par Mathieu est public : c’est en effet à pas moins de trois personnes et dans le cadre d’un compartiment de train que l’homme fait état de son inclination masochiste comme du sadisme de Conchita. Jamais son auditoire ne manifestera de réprobation à l’encontre de Mathieu, l’écoutant avec une curiosité bienveillante, n’intervenant que pour solliciter des précisions ou le relancer. C’est donc une forme d’approbation sociale du sadomasochisme qui se manifeste ainsi. Et ce d’autant plus que chacun des trois auditeurs symbolise un fondement normatif de la société : face à Mathieu se trouve une mère de famille - incarnation de la morale -, un magistrat - représentant la loi - et enfin un psychologue - détenteur de l’orthodoxie mentale.

 

Rien de surprenant cependant à ce que la perversion de Mathieu et de Conchita soit ainsi avalisée par ce très honorable échantillon de la société : le sadomasochisme constitue en effet l’un des ressorts essentiels de celle-ci ainsi que le dévoile Cet obscur objet du désir. C’est ce que suggère, plus précisément, la présence récurrente dans le film du terrorisme. (5) Celui-ci apparaît, rappelons-le, dès le début du film lors d’une scène d’attentat à la voiture piégée tuant deux hommes, un vieux bourgeois assez semblable à Mathieu et son chauffeur. Luis Buñuel convoque par la suite fréquemment ce motif de la violence terroriste. Ce peut être sous la forme d’allusions dialoguées à l’humour grinçant : lorsque Mathieu prend place dans le train, il en déplore la lenteur par rapport à l’avion tout en se félicitant de ne pas être menacé de détournement aérien ; quelques scènes plus tard, on entendra un magistrat ami de Mathieu évoquer les quinze personnes tuées dans une église par le Groupe Armé de l’enfant Jésus ! Mais le phénomène terroriste est aussi montré très explicitement par le cinéaste. Ainsi, à l’explosion - initiale-– de la voiture répond celle - finale - ravageant le passage parisien où Mathieu et Conchita observaient la repriseuse. Une détonation fracassante et des flammes immenses, tels seront le dernier son et l’ultime image de Cet obscur objet du désir qui, entretemps, aura déroulé une violente séquence de fusillade. Cette dernière montre un homme en abattant un second en pleine rue, dans un état d’impunité manifeste. Car c’est une société étonnamment apathique face au terrorisme que décrit Luis Buñuel. Les forces de l’ordre sont quasiment absentes de l’écran : tout au plus apercevra-t-on fugitivement un paisible gendarme helvétique lors d’une scène se déroulant à Lausanne. Et lorsque certains de ces terroristes viennent à être enfin arrêtés, la justice se montre extraordinairement clémente à leur égard. Le massacre perpétré par le Groupe Armé de l’enfant Jésus ne vaudra à ses membres que trois années de prison en un temps où l’on guillotinait encore en France ! Aussi masochiste que Mathieu, le corps social mis en scène dans Cet obscur objet du désir n’est au fond pas plus désireux de mettre un terme aux souffrances que lui infligent des terroristes en réalité agis, telle Conchita, par la seule pulsion sadique. À l’instar du Groupe Armé de l’enfant Jésus s’en prenant à des fidèles dans une église, les activistes de Luis Buñuel font fi de toute cohérence idéologique. Et c’est un but rien moins que politique que ces sadiques grimés en guérilleros poursuivent : se procurer de la jouissance en tourmentant une société y prenant un plaisir manifeste.

Tous sadomasochistes ! Voilà ce que Luis Buñuel semble révéler avec ce film. Du moins, à ceux des spectateurs qui oseront ce voyage jusqu’au bout du désir...

 


(1) La dernière séquence de Cet obscur objet du désir évoque d’autant plus irrésistiblement le passé surréaliste du cinéaste espagnol que celle-ci, dépourvue de dialogue, n’a pour bande-son qu’un extrait de La Walkyrie de Richard Wagner. Or on se rappellera que c’est à Tristan et Isolde, que Luis Buñuel avait emprunté l’air de la Liebestod pour accompagner certaines séquences d’Un Chien andalou (1929).

(2) Le sadomasochisme n’aura cessé d’être interrogé par le réalisateur espagnol tout au long de son œuvre. Rappelons, entre autres témoignages de l’intérêt de Luis Buñuel pour la question, que le scénario de L’Âge d’or (1930) est en partie inspiré des 120 journées de Sodome du marquis de Sade.

(3) Le roman de Pierre Louÿs a fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques. La première d’entre elles est réalisée en 1920 à Hollywood par Reginald Baker. Suivront cinq autres transpositions, dont celle de Josef von Sternberg en 1935 avec Marlene Dietrich ou encore celle de Julien Duvivier (1959) avec Brigitte Bardot. Sont venues s’ajouter, durant les années 2000, deux adaptations télévisuelles.

(4) C’est en ces termes que Conchita est décrite dans le roman lors de sa première apparition : « Elle était merveilleuse. […]. Elle paraissait vingt-deux ans. Elle devait en avoir dix-huit. Qu’elle fût andalouse, cela n’était pas douteux. Elle avait ce type admirable entre tous, qui est né du mélange des Arabes avec les Vandales, des Sémites avec les Germains et qui rassemble exceptionnellement dans une petite vallée d’Europe toutes les perfections opposées des deux races. » Notons que cette évocation semble suggérer comme la présence de plusieurs femmes en Conchita. Peut-être le choix de la faire jouer par deux comédiennes est-il aussi une manière pour Luis Buñuel de restituer visuellement cette cohabitation - très littéraire - de différents types de beauté en un seul corps.

(5) Précisons qu’il n’est nullement question de terrorisme, ou de toute autre forme de violence politique, dans le roman de Pierre Louÿs. Il s’agit donc là d’un ajout de la part de Luis Buñuel au récit de La Femme et le pantin, faisant bien évidemment référence aux "années de plomb" que furent les années 1970.

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Pierre Louÿs, La Femme et le Pantin (roman,1898)

Il a notamment été adapté au cinéma par Julien Duvivier sous le même titre (1959) et par Luis Buñuel sous le titre Cet obscur objet du désir (1977) .

L'œuvre n'est pas une autobiographie, mais plusieurs scènes du livre sont directement inspirées par les voyages de l'auteur, notamment en Espagne (le train et les avalanches de neige dans les Pyrénées, l'altercation entre une jeune fille et une gitane, le carnaval de Séville…)1, mais aussi par la relation de Casanova avec la Charpillon, prostituée londonienne qui le ruine et le trompe2. En 1896, Pierre Louÿs rédige le récit L'Andalouse qui donnera naissance à La Femme et le Pantin3.

Synopsis

Durant le Carnaval de Séville, le Français André Stévenol, tombe sous le charme d'une jeune andalouse, Concepción Pérez. Ils échangent un rapide signe prometteur et cherchent aussitôt à se revoir. André confesse cette situation auprès de son ami don Mateo qui sursaute et qui se décide, afin de le mettre en garde, à lui faire le récit de sa douloureuse aventure avec la jeune femme dont il fut le pantin.

Résumé détaillé

Chapitre 1

Comment un mot écrit sur une coquille d'œuf tint lieu de deux billets tour à tour

Le Carnaval de Séville approche de la fin. Le Français André Stévenol est déçu de ne pas avoir connu une aventure volage avec une ravissante Andalouse. Alors qu'il s'apprête à quitter la fête, il recroise une belle Andalouse qu'il avait aperçue et décide de la courtiser. Sur une coquille d'œuf, il inscrit le mot « Quiero » et l'envoie à la jeune femme qui, dans sa voiture, s'en va l'air de rien. André tente de suivre la voiture, en vain. Alors qu'il pense ne plus la recroiser, voilà que la voiture repasse devant lui, et la femme lui jette le même œuf sur lequel elle a gravé la lettre finale du mot « Quiero ».

Chapitre 2

Où le lecteur apprend les diminutifs de « Concepcion » prénom espagnol

André court derrière la voiture jusqu'à la demeure de la jeune femme. Un serviteur de la femme refuse de laisser entrer le Français dans la maison. André se renseigne alors auprès d'un marchand qui lui apprend son nom : doña Concepcion Perez, épouse de don Manuel Garcia. À son retour à l'hôtel, André reçoit une lettre qui lui donne un rendez-vous.

Chapitre 3

Comment, et pour quelles raisons, André ne se rendit pas au rendez-vous de Concha Perez

À Séville, André rencontre un ami, don Mateo Diaz, à qui il confie son histoire avec Concepcion Perez. Ce dernier le met en garde et lui conseille de ne pas se rendre au rendez-vous. Don Mateo Diaz lui avoue avoir été un temps amoureux de cette femme.

Chapitre 4

Apparition d'une petite moricaude dans un paysage polaire

Don Mateo Diaz raconte comment il a rencontré pour la première fois Concepcion Perez, dans un train.

Chapitre 5

Où la même personne reparaît dans un décor plus connu

Dans une manufacture de cigares, don Mateo Diaz tombe par surprise sur Concepcion Perez qui travaille dans l'usine. Elle engage la conversation et finit par lui laisser sous-entendre qu'ils peuvent être amants.

Chapitre 6

Où Conchita se manifeste, se réserve et disparaît

Don Mateo Diaz est subjugué par Concepcion Perez. Chez elle, elle lui laisse penser qu'elle s'offrira un jour à lui. Don Mateo Diaz subvient à ses besoins et à ceux de sa mère jusqu'au jour où les deux femmes disparaissent.

Chapitre 7

Qui se termine en cul-de-lampe par une chevelure noire

Don Mateo Diaz ne vit plus depuis le départ de son amour. Alors qu'il croit tout espoir perdu, l'année suivante, son chemin recroise celui de Concepcion Perez. Cette dernière veut reprendre leur histoire.

Chapitre 8

Où le lecteur commence à comprendre qui est le pantin de cette histoire

Alors qu'ils doivent consumer leur première nuit, Concepcion Perez fait tout son possible pour ne pas s'offrir à don Mateo Diaz. L'homme culpabilise et se laisse toujours manipuler par la jeune femme.

Chapitre 9

Où Concha Perez subit sa troisième métamorphose

Don Mateo Diaz ne veut plus être le pantin de Concepcion Perez. Il se console dans les bras d'une Italienne qu'il ne peut aimer. Il part à Cádiz où il découvre que Concepcion Perez est devenue une danseuse hors pair. Ils se disputent.

Chapitre 10

Où Mateo se trouve assister à un spectacle inattendu

Toujours fou amoureux, don Mateo Diaz va chaque soir regarder Concepcion Perez danser. Ils finissent par se réconcilier.

Chapitre 11

Comment tout paraît s'expliquer

Même s'il la surprend une fois à danser nue pour deux étrangers de passage, Concepcion Perez a une explication. Une fois de plus, don Mateo Diaz lui pardonne et culpabilise.

Chapitre 12

Scène derrière une grille fermée

Don Mateo Diaz achète à son amour un hôtel privé où il pense qu'ils couleront de jours heureux. Mais un soir, don Mateo Diaz trouve la grille d'entrée fermée et Concepcion Perez se moque de lui.

Chapitre 13

Comment Mateo reçut une visite, et ce qui s'ensuivit

Le lendemain matin, Concepcion Perez ose se rendre chez don Mateo. Ce dernier se met en colère : il réalise qu'il est le pantin de cette femme depuis des mois. Il la bat. Quand il réalise l'horreur de son acte, Concepcion Perez lui tient un discours étonnant : la battre était un geste d'amour. Elle l'en conjure de l'aimer à nouveau et passe enfin la nuit avec lui.

Chapitre 14

Où Concha change de vie, mais non de caractère

Concepcion Perez est d'une jalousie maladive avec son amant. Il finit par s'isoler de ses amis, du monde. Maintenant qu'elle est à lui, don Mateo Diaz ne supporte plus de vivre avec elle. Alors qu'une marchande tente de lui vendre des corbeilles, Concepcion Perez fait une fois de plus un caprice de jalousie. Il parvient enfin à se détacher d'elle. Il la quitte et part au Maroc.

Chapitre 15

Qui est l'épilogue et aussi la moralité de cette histoire

Averti par son ami don Mateo Diaz, André Stévenol croise le chemin de Concepcion Perez et accepte, malgré tout, de monter dans sa voiture. Ils passent la nuit ensemble. Le lendemain matin, décidé à suivre André en France. Don Mateo Diaz envoie une lettre à son ancien amour et lui demande de le reprendre.

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Adaptations cinématographiques

Il existe plusieurs adaptations :

1920 : The Woman and the Puppet, film de Reginald Barker, avec Geraldine Farrar

1929 : La Femme et le Pantin, film muet de Jacques de Baroncelli, avec Conchita Montenegro

1935 : La Femme et le Pantin (The Devil is a Woman), film de Josef von Sternberg, avec Marlène Dietrich

1959 : La Femme et le Pantin, film de Julien Duvivier, avec Brigitte Bardot

1977 : Cet obscur objet du désir, film de Luis Buñuel, avec Carole Bouquet et Angela Molina

Bibliographie

Éditions originale et anthumes

Pierre Louÿs (ill. en frontispice : reproduction en héliogravure du Pantin de Goya), La Femme et le Pantin : Roman espagnol, Paris, Société du Mercure de France, 1898, 248 p., in-8, 22,9 cm × 15 cm, demi-maroquin rouge, tranche dorée, impression sur papier alfa

— , Paris, Henri Piazza et Cie, 1903, avec 50 compositions en couleurs de Pablo Roïg [Pablo Roig y Soler, 1879-1955), tiré à 300 exemplaires.

Éditions posthumes

La Femme et le pantin, préface de Manuel Carcassonne, Paris, Payot, collection Petite Bibliothèque Payot no 901, 2013 (ISBN 9782228908467).

La Femme et le pantin, illustrations de Philippe Swyncop, précédé de notes inédites de Pierre Louÿs, Bruxelles, 1936, coll. Flama Tenax, Éditions du Nord, lire en ligne sur Gallica

Sources, notes et références

Pierre Louÿs, La Femme et le Pantin, Éditions Folio (ISBN 2-07-038280-X).

Son journal de voyage porte trace de nombreux éléments qui se retrouvent dans la fiction : la présence dans le compartiment d'un Anglais qui s'impose comme le raseur, les arrêts causés par des avalanches dans les Pyrénées, l'altercation d'une gitane avec une toute jeune fille. […] Puis l'arrivée à Séville (préface de Michel Delon, Éditions Folio)

Jean-Paul Enthoven, « Casanova, trésor national », sur Le Point, 22 juillet 2010

Préface de Michel Delon, La Femme et le Pantin, Collection Folio.



joi, 17 septembrie 2020

Westerplatte / 1-7 septembrie 1939

 


La bataille de Westerplatte est un affrontement entre les troupes allemandes et la garnison polonaise stationnée à Dantzig entre le 1er et le 7 septembre 1939. Cette bataille est la première de la campagne de Pologne. C'est sur la péninsule de Westerplatte, à côté de Dantzig (ou Gdansk) en Pologne, qu'eut lieu le premier affrontement de la Seconde Guerre mondiale. Petite île boisée séparée de Dantzig par le chenal menant au port, Westerplatte était, durant l'entre-deux-guerres, un avant-poste militaire. (w.fr.)

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182 soldati (+27 rezervisti) polonezi condusi de capitanul  garnizonei Westerplatte, Henryk Sucharski si adjunctul sau, capitanul  Franciszek Dabrowski, au rezistat timp de 7 zile unei forte de invazie compusa din 3.400 soldati germani, nava cuirasat Schleswig-Holstein (40 de tunuri+6 lansatoare de torpile), 2 torpiloare, 60 de avioane de asalt. 





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Un film pe care l-am vazut acum 50 de ani


Westerplatte sau Westerplatte rezista (Pl. Westerplatte broni się nadal) este un film polonez din 1967 regizat de Stanisław Różewicz.

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#filmy #polskiefilmy #historyczne
WESTERPLATTE broni się nadal | cały film HD | Stanisław Różewicz | Wojenny / Dramat [1967, Polska]

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La Bataille de Westerplatte (ou 1939 : les héros de Westerplatte) est un film polonais réalisé par Paweł Chochlew (pl) sorti en 2013. Le film relate les évènements de la bataille de Westerplatte, qui c'est déroulée sur la péninsule de Westerplatte, entre le 1er et le 7 septembre 1939, au début de la campagne de Pologne de la Seconde Guerre mondiale.

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