duminică, 14 iunie 2020

René Clair (1898-1981)

(1898-1981)
29 films
6
histoire du cinéma : Impressionnisme
René Chomette est né à Paris le 11 novembre 1898. Son père était un important commerçant du quartier des Halles (le Paris populaire sera, par la suite, une constante importante de ses films). Engagé volontaire en 1917, il a vingt ans le jour de l'armistice.
Jusqu'en 1921 il est journaliste et même comédien, sous le nom de René Clair (c'est ainsi qu'il tourne deux films de Louis Feuillade : OrphelineParisette). En 1922 il devient (avec son frère Henri qui sera, lui aussi, metteur en scène), assistant de Jacques de Baroncelli.
Il signe son premier film muet en 1923 et aborde le sonore, en 1930, avec Sous les toits de Paris. Il réalise deux films en Grande-Bretagne (1935-1937) puis plusieurs aux États-Unis (1940-1945). À son retour en France, il rend hommage au cinéma muet avec Le silence est d'or.
Parallèlement à son activité de cinéaste René Clair a mené une carrière de romancier ("Adams", "La Princesse de Chine"...), d'essayiste ("Réflexion faite"...), de metteur en scène de théâtre ("On ne badine pas avec l'amour"...). Il a été élu à l'Académie Française, où il est actuellement le seul auteur de cinéma, en 1960.
Pour Henri Langlois : « Dans le monde entier, depuis vingt-cinq ans, un seul homme personnifie le cinéma français : René Clair. Mieux encore, il résume aux yeux de l’étranger non seulement notre cinéma, mais l’esprit même de notre nation ; il est considéré à la fois comme le successeur de Feydeau et de Molière.» . Il est mort le 15 mars 1981.

Filmographie :
1923
Avec : Henri Rollan (Albert), Martinelli (le savant fou), Albert Préjean (l'aviateur), Myla Seller (la fille du savant). 0h36
Albert, gardien de nuit de la tour Eiffel s’aperçoit à son réveil que Paris est complètement endormi. Seules cinq autres personnes arrivées en avion échappent à l’endormissement et peuvent se promener dans la ville déserte. Il s’agit en fait d’un savant fou qui a inventé un mystérieux rayon…
1924Entr'acte 
Avec : Jean Börlin (Le chasseur), Inge Frïss (La ballerine), Francis Picabia, Erik Satie (Les hommes qui charge le canon). 0h22.
Sur les toits de Paris. Deux hommes sautillent autour d'un canon. L'obus explose face à nous, et l'on découvre successivement : des toits de guingois, des poupées d'un stand de tir, une danseuse en tutu affublée de binocles et d'une barbe, des allumettes flambant en surimpresion sur un crâne, des joueurs d'échecs sur un toit, la place de la Concorde, un oeuf sur un jet d'eau ajusté par un chasseur en chapeau tyrolien qui sera abattu par un autre chasseur....
1924Le fantôme du Moulin-Rouge
1925Le voyage imaginaire
1926La proie du monde
1927Un chapeau de paille d'Italie
Avec : Albert Préjean (Ferdinand), Geymond Vital (Lt. Tavernier), Olga Tschechowa (Anais de Beauperthuis), Paul Ollivier (Oncle Vasinet), Alex Allin (Felix), Jim Gérald (Beauperthuis), Marise Maia (Helene). 1h00.
1895. Ferdinand, rentier, est sur le point d'épouser Hélène Nonancourt, fille d'un gros pépiniériste. Alors qu'il traverse le bois en cabriolet pour se rendre à la noce, son cheval fait sa pitance d'un chapeau de paille d'Italie trônant sur un buisson. Fureur du lieutenant Tavernier qui était en train de conter fleurette à la malheureuse propriétaire du chapeau, la charmante Anaïs de Beauperthuis, laquelle est mariée et ne peut plus regagner le logis sans son couvre-chef. L'offensé menace Ferdinand des pires représailles s'il ne parvient pas à retrouver un autre chapeau. Mais la noce est là, et le malheureux, pris de court, quitte la mairie au moindre prétexte pour filer chez la modiste. Or, un tel chapeau est un ornement rare, difficile à trouver. Pendant le repas et les quadrilles la course au chapeau continue, avec le lieutenant toujours dans la coulisse. Le beau-père, le laquais, les voisins, les invités de la noce et jusqu'au mari de la belle infidèle, alerté par mégarde, tout le monde s'en mêle. Un vieil oncle sourd met le comble à la confusion... C'est d'ailleurs ce dernier qui, sans le savoir, ramènera le calme : le cadeau qu'il a apporté pour la mariée n'est autre en effet qu'un magnifique chapeau de paille d'Italie.
1928Les deux timides
Avec : Pierre Batcheff (Fremissin), Jim Gérald (Garadoux), Véra Flory (Cecile Thibaudier), Maurice de Féraudy (Thibaudier), Françoise Rosay (La tante). 1h02.
Maître Frémissin, un jeune avocat, est un grand timide. Il s'embrouille dans sa première plaidoirie, s'affole à la vue d'une souris qui traverse le prétoire et finalement réclame pour son client " toute la sévérité du tribunal " ! Celui-ci, un certain Garadoux, suspecté d'avoir traité ignominieusement son épouse, en prend pour trois ans. A sa sortie de prison, il songe à se remarier avec Cécile Thibaudier, fille d'un brave homme également très timide, qui n'ose rien refuser à personne. Mais voici qu'un rival se présente : Maître Frémissin lui-même. Cécile préfère de loin ce dernier, mais comment inciter ce timide à demander sa main ? Le face à face des deux timides, le père somnolent et le prétendant qui ne peut sortir un mot, se solde par un piteux échec. L'amour finira par l'emporter cependant, aidé par les caprices du destin : une fausse alerte aux brigands verra Frémissin se transformer en héros. Tout le monde se retrouvera devant le tribunal, où le jeune avocat, ayant cette fois à défendre son futur beau-père, plaidera avec l'autorité d'un maître du barreau.
1930Sous les toits de Paris
Avec : Albert Préjean (Albert), Pola Illéry (Pola), Edmond T. Gréville (Louis), Bill Bocket (le grand patron), Gaston Modot (Fred, le voleur de bourse). 1h20.
Albert, un chanteur de rues, et Louis, camelot bonimenteur parisien, sont amis. Tous deux éprouvent l'un pour l'autre une réelle amitié sous des dehors querelleurs. Un soir, ils font la connaissance d'une petite étrangère, Pola. Chacun d'eux s'attache à elle et la courtise à sa manière. La fille les encourage à tour de rôle. Cependant, à fréquenter un milieu de mauvais garçons, à leur rendre service sans arrière-pensée, Albert se trouve compromis. Il est inculpé de recel et emprisonné. Reconnu innocent, le jour de sa libération il apprend que la jeune fille est tombée sérieusement amoureuse de son camarade. Dissimulant sa déception sous un sourire, il les laisse partir tous les deux.
1931Le million 
Avec : Annabella (Béatrice), René Lefèvre (Michel Bouflette), Jean-Louis Allibert (Prosper), Paul Ollivier (Tulipe). 1h23.
Jeune artiste couvert de dettes, Michel gagne le gros lot de la loterie : un million ! Mais ce fameux numéro 2029 se trouve dans la vieille veste que Béatrice, la petite amie de Michel, a donné à Crochard, dit le Père La Tulipe, fripier mystérieux et chef de bande qui a revendu la veste à Sopranelli, ténor de l'Opéra-lyrique....
1931A nous la liberté 
Avec : Henri Marchand (Emile), Raymond Cordy (Louis), Rolla France (Jeanne), Paul Ollivier (L'oncle), Jacques Shelly (Paul), André Michaud (Le contremaitre), Germaine Aussey (Maud). 1h44.
Deux amis, Émile et Louis, sont enfermés dans une prison. Au cours d'une tentative d'évasion, Émile se sacrifie pour permettre à son camarade de s'enfuir, et les gardiens le reprennent. Aussitôt libre, Louis, sous un faux nom se lance dans les affaires où il réussit brillamment....
1932Quatorze juillet
Avec : Annabella (Anna), Georges Rigaud (Jean), Raymond Cordy (le chauffeur de taxi de Jean), Paul Ollivier (l'homme ivre). 1h37.
Le 14 Juillet, cette année-là, fut pour Anna, la petite fleuriste, une journée triste, passée à regarder de sa fenêtre les couples d'amoureux, à écouter la musique des bals, à voir les lampions s'allumer, à deviner la première fusée du feu d'artifice. Elle aimait Jean, son voisin, le chauffeur, et son amour était partagé. Pourtant une mauvaise femme avait surgi, une étrangère nommée Pola, ensorcelant le garçon, le brouillant avec Anna. Comme un malheur n'arrive jamais seul, la mère de la jeune fille, gravement malade, mourut et Jean s'acoquina avec une bande de truands commandée par le grand Fernand. Heureusement, la vie a de belles éclaircies, de joyeux fêtards comme M. Imaque l'égayent parfois et aussi le choeur des commerçants, concierges et commères du quartier. Après la pluie, l'arc-en-ciel; le soleil brillera de nouveau pour Anna et pour Jean sur de radieux quatorze juillet.
1934Le dernier milliardaire 
Avec : Max Dearly (Banco), Sinoël (Le premier ministre), Paul Ollivier (Chamberlain), Marthe Mellot (La reine de Casinario). 1h32.
Point minuscule sur les bords de la Méditerranée, le royaume de Casinario est aux abois. Gouverné par une vieille reine qui écarte les soucis, l'argent vient à manquer cruellement. Le conseil des ministres réuni estime qu'un seul homme est capable de remettre les finances à flot : le banquier Banco, homme d'affaires frénétique et casinarien d'origine. On l'attire dans la capitale et on lui promet qu'en échange de ses milliards il obtiendra la main de la toute charmante princesse Isabelle. Le plan si bien combiné se brouille rapidement. Banco est atteint de mégalomanie galopante; il terrorise la reine, épouvante et moleste les ministres et va droit à la folie. La princesse Isabelle, révoltée d'épouser un pareil fantoche qui s'enfonce peu à peu dans la folie, n'est pas insensible à la cour aimable que lui fait le chef d'orchestre du palais. Dictateur extravagant, Banco ne connaît plus de bornes et d'ailleurs ne rencontre pas d'opposition. Un accident lui fait recouvrer la raison, mais Isabelle s'est déjà enfuie avec le chef d'orchestre. La reine se dévoue, pourquoi Banco ne l'épouserait-elle pas ? Il l'épouse en effet. Pressé alors de paraître au balcon, devant le peuple assemblé, Banco, sur une pirouette, avoue qu'il est ruiné et heureux de pouvoir maintenant subsister, grâce à son mariage et à la pension que son épouse va être obligée de lui accorder.
1935Fantôme à vendre 
(The guost goes west). Avec : Robert Donat (Murdoch Glourie / Donald Glourie), Jean Parker (Peggy Martin), Eugene Pallette (Mr. Martin), Elsa Lanchester (Miss Shepperton), Ralph Bunker (Ed Bigelow), Patricia Hilliard (les bergères), Everley Gregg (Mrs. Martin), Morton Selten (le Glourie), Chili Bouchier (Cléopâtre), Mark Daly (le serviteur de Murdoch). 1h35
Au XIIIe siècle, en Écosse, un grave différent oppose le clan des McLaggan à celui des Glourie. Sur son lit de mort, le vieux Glourie confie à son fils unique, Murdoch, le soin de le venger mais, celui-ci, plutôt que de se battre se fait tuer alors qu'il courtisait une bergère. Maudit par son aïeul, Murdoch est condamné à hanter le château des Glourie jusqu'à ce qu'un McLaggan ait été giflé par lui... Deux siècles se sont écoulés : le fantôme de Murdoch hante toujours le château. Donald, le dernier descendant des Glourie - qui est le sosie de son ancêtre - est complètement ruiné. Pour rembourser ses créanciers, il est obligé de vendre le château à un milliardaire américain, Joe Martin, lequel le transporte, pierre Par pierre - y compris le fantôme de Murdoch - aux États-Unis... Murdoch fait une cour assidue à la jolie Peggy, la fille de Martin, qui le prend pour Donald, d'où les nombreux quiproquos qui vont en découler. La présence du fantôme est bientôt connue. Une grande réception est donnée par Martin en l'honneur de ce dernier, afin de le présenter aux invités : Ed Bigelow, un industriel concurrent de Martin, la Société de Recherches Psychiques et la presse. Au cours de cette soirée mouvementée, le fantôme de Murdoch découvre, par hasard, le dernier descendant des McLaggan : en l'occurence, Bigelow lui-même... En le giflant, Murdoch venge ainsi l'honneur des Glourie et trouve enfin le repos de son âme. Peggy épousera Donald.
1937Fausses nouvelles
(Break the news). Avec : Jack Buchanan (Teddy Enton), Maurice Chevalier (François Verrier), June Knight (Grace Gatwick), Marta Labarr (Sonia), Gertrude Musgrove (Helena), Garry Marsh (Le producteur). 1h18.
Dans un grand music-hall londonien, la vedette féminine capricieuse fait la pluie et le beau temps. C'est ainsi qu'elle ordonne de supprimer le tableau où apparaissaient deux acteurs, l'un français : François, l'autre anglais : Teddy. Ceux-ci sont désespérés. Tenace, la malchance les poursuit. Il faudrait qu'un événement les place en pleine lumière et qu'on parle d'eux. Tout à coup, une idée leur vient. Pourquoi ne pas inventer et simuler un crime ? Le scénario est simple et ingénieux. François fera semblant d'avoir supprimé Teddy. Celui-ci disparaîtra un certain temps et reviendra seulement au moment du procès pour proclamer l'innocence de son camarade. Le prétexte à ce prétendu crime est vite trouvé : une rivalité amoureuse engendrant la jalousie à propos de la vedette de la revue. Appuyant leurs effets, les deux compères jouent la comédie, se disputent au théâtre, se menacent chez eux, alertent des témoins. Finalement Teddy se dissimule dans une malle que François transporte au bord de la Tamise; ils se séparent alors, le premier s'embarquant pour la France, tandis que l'autre jette la malle dans le fleuve. Comme on ne prêtait nulle attention à leur manège, François est obligé de provoquer un scandale sur scène en avouant son "crime". On l'emprisonne. Pendant ce temps, Teddy vit retiré à Cannes où il laisse pousser sa barbe, ce qui le fait devenir le sosie d'un général balkanique en révolte contre son gouvernement. Une espionne le séduit et le livre aux juges de ce pays lointain. Le procès intenté contre le prétendu général tourne mal pour l'accusé qui doit être passé par les armes; tandis que son ami à Londres, ne l'ayant pas vu arriver, est condamné à mort. Teddy arrive à s'enfuir, à se débarrasser de sa double personnalité et à tirer François de sa fâcheuse position. La notoriété arrive. Vedettes de la revue à leur tour, ils confieront aux journaux leurs impressions respectives de condamnés à mort.
1939Air pur
(inachevé, interrompu par la guerre).
1940La belle ensorceleuse
(Flame of New-Orléans). Avec : Marlene Dietrich (Comtesse Claire Ledoux, dite 'Lili'), Bruce Cabot (Robert Latour), Roland Young (Charles Giraud), Mischa Auer (Zolotov), Andy Devine (Andrew, le premier marin). 1h19.
En 1841, Claire Ledeux arrive à la Nouvelle-Orléans. C'est une séduisante et belle jeune femme qui a mené grande, vie dans toutes les capitales européennes. Se faisant passer pou~ une comtesse en exil, elle tente de se faire épouser par le plus riche célibataire de la ville, le banquier Charles Girard, aristocrate vieillissant. Mais un de ses anciens amants la reconnaît : Zolotov, qui l'a rencontré à Saint-Petersbourg. Sur le point d'être démasquée, Claire s'invente illico une soeur jumelle et tient les deux rôles avec une science de comédienne sans faille. Mais l'existence de cette " soeur " accaparante et de moeurs légères risque fort de compromettre son mariage avec le banquier dont la famille montre quelques réticences... Girard décide de faire quitter la ville à la " soeur "de sa bien-aimée. Il charge de cette besogne Robert Latour, un marin qui lui doit de l'argent, et qui n'est pas insensible aux charmes de la belle ensorceleuse... Ensemble, Claire et Robert, à bord d'un voilier, fuiront la grande ville et ses plaisirs factices pour vivre un amour ardent et partagé.
1942Ma femme est une sorcière 
(I married a witch). Avec : Fredric March (Jonathan, Nathaniel, Samuel et Wallace Wooley), Veronica Lake (Jennifer). 1h17.
1690, en Nouvelle Angleterre. Jonathan Wooley fait condamner à mort et brûler un sorcier et sa fille. Ceux-ci jettent une malédiction sur la famille de Wooley : aucun descendant mâle ne sera heureux en mariage. Les générations se succèdent les unes aux autres et Wallace Wooley, lointain descendant de Jonathan, doit épouser Estelle Masterson....
1943Forever and a day
(Film signé par sept réalisateurs et vingt-et-un auteurs) -
1943C'est arrivé demain
(It happene tomorrow). Avec : Dick Powell (Lawrence 'Larry' Stevens), Linda Darnell (Sylvia Smith / Sylvia Stevens), Jack Oakie (Oncle Oscar Smith dit 'Gigolini'), Edgar Kennedy (Inspecteur Mulrooney), John Philliber (Pop Benson) 1h43
Au début du siècle, Larry Stevens, un jeune journaliste new-yorkais, attaché à la rédaction de l'" Evening News ", rêve de devenir célèbre. Il s'est épris de la jolie Silvia, laquelle présente un numéro de " voyance " aux côtés de son oncle, Cigolini. Un soir, le vieux Pop, l'archiviste du journal, remet à Larry, par amitié, une édition " spéciale " qui s'avère, en fait, être celle du lendemain... Larry se trouve donc capable de prédire l'avenir avec certitude et de distancer de cette façon tous ses confrères sur le plan de l'information. Il annonce un vol de bijoux. Le vol se réalise attirant ainsi sur lui l'attention de la police. Il prévoit également le suicide d'une jeune femme par noyade et Silvia se jettera elle-même à l'eau pour réaliser la prédiction. Elle est repêchée par Larry tandis que le corps de la véritable noyée demeure introuvable. Connaissant à l'avance les résultats, Larry gagne aisément aux courses. Ses " papiers " font la gloire de l'"Evening News" mais lorsqu'il apprend par le journal, le troisième jour, sa mort pour le lendemain après-midi, dans un certain hôtel, le jeune homme fuit pour échapper à son destin. Malgré tous ses efforts, il se retrouve à l'endroit fatal et à l'heure dite, mais c'est un autre homme qui mourra sous son nom : le pickpocket qui lui a subtilisé son portefeuille. Après toutes ces émotions, Larry pourra épouser Silvia et vivre assez vieux pour fêter ses noces d'or devant tous ses petits enfants réunis...
1945Dix petits Indiens
(And then there were none). Avec : Barry Fitzgerald (Juge Francis J. Quinncannon), Walter Huston (Dr. Edward G. Armstrong), Louis Hayward (Charles Morley / Philip Lombard), Roland Young (Detective William Henry Blore), June Duprez (Vera Claythorne). 1h37.
Huit invités qui ne se connaissent pas, qui viennent d'horizons différents et n'appartiennent pas aux mêmes classes sociales, se trouvent mystérieusement réunis dans une demeure solitaire. Deux domestiques, les Rogers, les attendent; eux aussi ont été convoqués à cette sorte de rendez-vous. A peine les premières présentations sont-elles effectuées qu'une voix enregistrée s'élève. Chaque personne présente s'entend accuser d'un meurtre. Chacune d'elle sera punie et le châtiment qui doit lui être réservé rappellera la mort des dix petits indiens qui, dans la comptine, disparaissent un à un... "Il n'en resta plus que neuf, plus que huit, plus que sept", etc. Vera, une charmante jeune fille, Emily Brent, une acariâtre vieille fille, le général Mandrake, le prince russe Nikita, le juge Quincannon, Philip Lombard, un détective, le docteur Armstrong et les Rogers, pris de panique, essaient de fuir. Ils sont bel et bien isolés à jamais dans une île, et les meurtres commencent... Et à chaque meurtre, une des statuettes qui forment le groupe décoratif des dix petits indiens est brisée. Il ne reste finalement plus en présence que les deux invités les plus sympathiques. Vera, sachant son innocence tire, sur le dernier survivant - et donc suspect - l'aimable Philip Lombard. Elle se retrouve alors en présence du juge, qui avait simulé sa mort et qui, par sadisme, avait combiné toute cette sanglante machination. Philip, qui n'avait été que blessé, abat l'assassin. Le couple pourra fuir l'île du désespoir.
1947Le silence est d'or 
Avec : Maurice Chevalier (Emile Clément), François Périer (Jacques), Marcelle Derrien (Madeleine), Dany Robin (Lucette). 1h40.
Paris en 1906. Émile Clément dirige un petit studio de cinéma où l'on tourne des bandes de tous genres pour les baraques foraines. C'est un fringant quinquagénaire qui collectionne les succès féminins. Il ne manque jamais l'occasion de faire part de son expérience et de ses conseils à son jeune assistant le sentimental Jacques Francet...
1950La beauté du diable 
Avec : Michel Simon (Méphistophélès / le vieux Faust), Gérard Philipe (Faust jeune / Méphistophélès jeune), Nicole Besnard (Marguerite). 1h36.
A l'Université, on fête le jubilé du doyen, le professeur Faust à qui, bientôt, Méphisto fait avouer qu'il ne sait rien et qu'il va mourir sans avoir rien accompli. Il accepte alors de retrouver, mais sans s'engager avec le diable, sa jeunesse. Il prend l'aspect d'un jeune étudiant Henri, tandis que Méphisto prend lui l'apparence du vieux Docteur Faust. Ivre de sa nouvelle jeunesse, Henri-Faust rencontre Marguerite chez les forains...
1952Les belles de nuit
Avec : Gérard Philipe (Claude), Martine Carol (Edmée), Gina Lollobrigida (Leila / la caissière), Magali Vendeuil (Suzanne), Marilyn Buferd (Madame Bonacieux / l'employée des Postes).1h29.
Claude, obscur professeur de musique dans une petite ville de province, est mécontent de son sort. Ses élèves le chahutent, les jolies femmes l'ignorent et ses improvisations au piano sont couvertes par les bruits hostiles de la rue. Au cours d'une leçon particulière, Claude s'endort... Le voici en 1900. On le fête, on l'applaudit et Edmée, mère de la petite élève, l'invite à la danse et à l'amour. Fuyant la triste réalité, le jeune musicien n'a de cesse de se réfugier dans ses rêves. Les plus belles femmes se disputent son coeur: Edmée, Leila, caissière du bistrot devenue odalisque dans une conquête d'Algérie de fantaisie, et Suzanne, la fille du garagiste, métamorphosée en aristocrate du XVIIIe siècle. gagnée aux idées révolutionnaires. La soudaine passion de Claude pour le sommeil inquiète fort ses trois copains Roger, Paul et Léon. Mais bientôt le sommeil engendre d'angoissants cauchemars, au cours desquels ses ennemis le poursuivent à travers les siècles, jusque dans la Préhistoire. Le réveil est pour lui une libération d'autant plus qu'il apprend que son opéra a été sélectionné et qu'il est aimé de la jolie Suzanne.
1955Les grandes manoeuvres
Avec : Michèle Morgan (Marie-Louise Rivière), Gérard Philipe (Armand de la Verne), Jean Desailly (Victor Duverger), Pierre Dux (Le colonel), Jacques Fabbri (L'ordonnance d'Armand)1h46.
Dans une petite ville de garnison peu avant la guerre de 1914. Le séduisant lieutenant de dragon Armand de la Verne, célèbre pour ses bonnes fortunes, parie avec des civils, jaloux de ses succès, qu'il deviendra avant le départ en grandes manoeuvres l'amant d'une femme que le hasard choisira. Le sort désigne Marie-Louise Rivière, Parisienne, divorcée, elle vient d'ouvrir une boutique de modiste et cherche à se faire épouser par Victor Duverger, l'un des hommes les plus en vue de la bonne société. À la cour empressée que lui fait Armand, Marie-Louise répond par l'ironie... Il n'en faut pas plus pour qu'il s'en éprenne sincèrement. Au cours d'un bal il se rend compte que l'indifférence de Marie-Louise est feinte. Armand se querelle avec Duverger. Tandis que son colonel l'envoie en mission, Marie-Louise se ressaisit et va même consentir à épouser Duverger. Lorsqu'elle apprend qu'Armand aurait été blessé en duel, elle oublie résolutions et prudence pour le rejoindre. Mais la veille du départ en grandes manoeuvres, une lettre anonyme lui révèle le pari dont elle était l'enjeu... Le lendemain sa fenêtre restera close lorsque le régiment déferlera dans les rues.
1957Porte des lilas
Avec : Pierre Brasseur (Juju), Georges Brassens (L'Artiste), Henri Vidal (Pierre Barbier), Dany Carrel (Maria), Raymond Bussières (Alphonse). 1h35.
Juju, qui aura bientôt la quarantaine, est un bon à rien. Il passe ses journées au bistrot ou chez son ami l'Artiste, un chanteur-guitariste. Le quartier de la Porte des Lilas, où ils habitent est mis sens dessus dessous par la police qui traque Barbier, un dangereux gangster. Or. celui-ci a trouvé refuge chez l'Artiste qui accepte de l'héberger en attendant qu'il puisse partir en toute sécurité. D'abord peu enthousiaste, Juju ne tarde pas à admirer Barbier qui représente ce qu'il n'a jamais eu : le succès, l'argent, les femmes... Juju fait tout pour satisfaire son nouveau héros. Il lui apporte les journaux, du linge propre, il ne se défend même pas lorsque Barbier le giffle parce qu'il ne lui a pas rapporté exactement ce qu'il lui avait demandé. Il ne proteste pas non plus quand le gangster fait la cour à Maria, la fille du bistrot, dont il est amoureux. Mais, au moment où Barbier va enfin partir, sans pourtant emmener Maria qui a volé pour lui de l'argent dans le tiroir-caisse de son père, Juju se révolte. Il ne peut admettre que l'homme qu'il admire trahisse Maria. Il s'empare de sa mitraillette et le tue.
1960La mariage
Segment de La Française et l'amour. Avec : Marie-José Nat, Claude Rich, Jacques Fabbri, Yves Robert.
S'arrachant au tohu-bohu mondain de la cérémonie, les jeunes mariés partent en voyage de noces. La fatigue, la nervosité et aussi la jalousie de la jeune femme pourraient tout gâter; le mari est heureusement doux et empressé. Le départ pour le bonheur semble assuré.
1961Tout l'or du monde
Avec : Bourvil (Dumont and ses fils Mathieu, Toine et Martial), Alfred Adam (Alfred), Philippe Noiret (Victor Hardy), Claude Rich (Fred), Annie Fratellini (Rose). 1h30.
Le petit village de Cabosse a la réputation de prolonger la durée de la vie grâce à son air pur. L'affairiste Victor Hardy décide alors de mettre en pratique sa théorie : pourquoi s'asphyxier dans les grands centres; construisons les villes à la campagne; et de partir aussitôt pour Cabosse avec son secrétaire Fred et son chauffeur Jules. Un vieux paysan se voit insulté par le chauffeur, mais Hardy se considère déjà comme chez lui... Pour son malheur, le vieux paysan insulté, un nommé Mathieu Dumont, se refuse à vendre le terrain convoité, alors que tous les autres paysans sont prêts à signer l'accord. Il exige d'abord de se venger sur la personne de Jules de l'affront qu'il a subi; il faut alors dédommager le chauffeur; puis il veut que son fils Toine, berger dans la montagne, vienne à la signature. On va le quérir et on l'amène en hélicoptère. Quand il est à pied d'oeuvre, Mathieu lui reproche d'avoir abandonné son troupeau. D'émotion, Toine se précipite dans un puits, d'où Victor et Fred le tirent péniblement. De plus Toine est un timide qui se vexe lorsque son père, ou Rose sa bonne amie, ne le prennent pas au sérieux. Mathieu, lui, tire du gros sel sur les journalistes; Toine arrive à le désarmer, on lui soigne sa publicité, il va même à la télé passant pour le sauveur des parisiens et surtout de Stella, la reine de la chanson. Rien n'avance, lorsque Mathieu reçoit sur la tête le panneau de publicité qui l'assomme pour de bon. Il va falloir amadouer Toine, têtu comme son père, lui promettre qu'il épousera Rose et jouer au plus fin avec Martial, le frère, le mauvais sujet de la famille Dumont. Lorsque tout paraît gagné, Victor Hardy, épuisé, meurt d'un infarctus. Le domaine de Longuevie restera à l'état de projet.
1962Les deux pigeons
Segment de Les quatre vérités co-realisé par : Herve Bromberger Luis Berlanga et Alessandro Blasetti
Une serrure qui se bloque enferme dans un appartement deux êtres peu faits pour se rencontrer et se comprendre. Le long week-end de Pâques qu'ils vont passer tous deux vont les faire réfléchir avec bonheur sur les hasards de l'existence et les pièges du destin.
1965Les fêtes galantes
Avec : Jean-Pierre Cassel (Jolicoeur), Philippe Avron (Thomas), Marie Dubois (Divine, l'actrice), Geneviève Casile (Hélène, la princesse), Jean Richard (Le Prince de Beaulieu), György Kovács (Le Maréchal d'Allenberg). 1h30.
Le maréchal d'Allenberg, vaincu par le prince de Beaulieu, se retranche dans son château avec le dernier carré de ses fidèles, prêt à soutenir un long siège. Mais la faim tenaille bientôt les assiégés qui chargent l'un d'entre eux, le dynamique brigadier Joli Coeur, d'aller quérir du ravitaillement. Au cours de son expédition alimentaire, Joli Coeur s'empare d'un cochon mais a aussi l'occasion de porter secours à une jolie fille importunée par des soudards et à qui il dérobera un baiser. Quelle ne sera pas sa surprise, plus tard, de retrouver au château d'abord Thomas, le propriétaire du cochon, mais aussi et surtout, à la table du maréchal qui s'apprête à faire bombance, la paysanne qu'il a sauvée et qui n'est autre que la fille de d'Allenberg, Hélène ! Celle-ci s'amuse de l'émoi du jeune homme et, le sentant prêt à tout pour ses beaux yeux, lui confie une mission aussi secrète que périlleuse: gagner les lignes ennemies, y rencontrer le fils de Beaulieu, Frédéric, son cousin et amoureux et le convaincre de tout faire pour mettre fin à la guerre. Avec Thomas, Joli Coeur s'introduit dans le camp ennemi où le prince de Beaulieu ripaille avec des comédiens: il s'est amouraché de Divine, la vedette de la troupe. En dépit des embûches placées sur leur chemin, Joli Coeur et Thomas, qui iront même jusqu'à se retrouver au pied de la potence, rempliront leur mission. Les hostilités cessent. Le petit brigadier rejoint sa troupe, le coeur plein du souvenir de la belle et désormais inaccessible Hélène.

vineri, 12 iunie 2020

Davis-Flynn / La Vie privée d’Élisabeth d’Angleterre (1939)


25 avril 2019

La Vie privée d’Élisabeth d’Angleterre (1939) de Michael Curtiz


TITRE ORIGINAL : « THE PRIVATE LIVES OF ELIZABETH AND ESSEX »

La Vie privée d'Elisabeth d'Angleterre1596. Après avoir vaincu l’Armada espagnole, le comte d’Essex rentre en Angleterre sous les acclamations. Il est aussitôt reçu par la reine, heureuse de voir revenir l’homme qu’elle aime. Mais, à la surprise générale, au lieu de le féliciter, elle le tance publiquement et accorde des promotions à ses rivaux… Adaptation d’une pièce du dramaturge américain Maxwell Anderson, La Vie privée d’Élisabeth d’Angleterre met en scène une romance fictive entre la reine Elisabeth et Robert Devereux, 2e comte d’Essex. Le film réunit les deux plus grosses stars du moment de la Warner. Bette Davis aurait souhaité être opposée à Laurence Olivier mais les studios préfèrent opter pour Errol Flynn, alors au faîte de sa gloire après Robin des Bois. Bette Davis fait une personnification puissante et déterminée de son personnage, avec un petit grain de folie sous-jacent, parfois presque à la limite du grotesque. L’actrice s’est beaucoup investie dans son rôle, allant jusqu’à s’épiler elle-même les sourcils et travaillant longuement son accent. Son jeu est riche, complexe, intense. Face à elle, le jeu d’Errol Flynn paraît plus simple, jouant principalement sur le charme, le naturel. Cette opposition de jeu rend l’idylle plus improbable, déséquilibrée mais cela sert finalement le propos (de plus, les deux stars ne s’entendaient guère). Le film fut tourné en Technicolor et il est assez étonnant que la Warner ait mis tant de moyens à la disposition d’un film finalement assez statique. Le film fut un succès.
Elle
Lui : 3 étoiles
Acteurs: Bette DavisErrol FlynnOlivia de HavillandDonald CrispVincent Price
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.
Voir les autres films de Michael Curtiz chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Cette histoire d’amour n’a pas existé. La légende parle seulement d’une bague donnée par la Reine à Essex mais, même sur ce simple don, les historiens sont divisés car il n’y a aucune preuve, aucun témoignage pour attester de sa réalité.
* Bette Davis était âgée de 31 ans au moment de tournage alors que son personnage en avait 63 en 1596, d’où le maquillage important. Errol Flynn était alors âgé de 30 ans soit l’âge de son personnage.
La Vie privée d'Elisabeth d'Angleterre
Bette Davis dans La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre de Michael Curtiz.
La Vie privée d'Elisabeth d'Angleterre
Bette Davis et Errol Flynn dans La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre de Michael Curtiz

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Critique publiée par le 
Comme le titre original l'indique il s'agit de raconter, de façon très romantique et romancée, les relations tumultueuses entre Elizabeth 1ère d'Angleterre et Robert Devereaux, Comte d'Essex. Elle est vieille et laide et il jeune et beau, mais pourtant ces 2 caractères forts, fiers et emportés s'aiment passionément mais l'ambition d'Essex et la peur d'Elizabeth de perdre son trône ruineront leur relation.
Racontée dans un flamboyant technicolor, cette relation quasi légendaire fascine par son improbabilité et son dénouement tragique.
Il est reconnu qu'Essex avait de réels sentiments pour la déjà vieillissante Elizabeth alors que lui n'avait que la petite 20aine mais il est également bien connu qu'il voulait devenir roi et pensait en être plus digne étant donné que sa lignée était plus ancienne que celle d'Elizabeth.
Néanmoins, je pense qu'Hollywood force un peu le trait de la passion dévorante (en tout cas pour lui car il est clair qu'elle était totalement folle de cet apollon) mais il n'empêche que la tension monte à chaque scène parfaitement maîtrisée servie par une interprétation de première qualité (mention particulière à Bette Davis, confondante de mimétisme et collant parfaitement au mythe).
Malheureusement, cela ne peut que finir mal, le jeune et bel Essex ayant bel et bien été décapité pour trahison.

Olivia de Havilland joue les utilités, ce qui est tout de même du gâchis de talent, et on retrouve avec plaisir les fourbes habituels tels que Vincent Price.
Bonus : Errol Flynn, le cheveu luisant et minivagué en collant moulant et chemise ample ouverte sur un torse fort avantageux nous offre un Essex plein de charme.
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Critique publiée par le 

Film étrange, un peu bancal et relativement touchant au final, La Vie Privée d'Elisabeth d'Angleterre se regarde avec un plaisir certain grâce au savoir-faire de Michael Curtiz.
L'histoire d'amour contrariée ente la reine et d'Essex, au milieu des guerres et des complots politiques souffre néanmoins d'un casting disparate.
Face à une Bette Davis au crâne rasée qui se regarde jouer pendant tout le film (très bien, d'ailleurs), Errol Flynn apporte une touche de légèreté parfois incongrue même si toujours rafraîchissante. Bette, qui méprisait son jeu, aurait préféré donner la réplique à Lawrence Olivier, et ne fait rien pour améliorer les choses. Alors, on ne peut pas dire que le courant passe au mieux entre les deux. Entre la gifle donnée à toute volée en vrai par Bette Davis ou une Olivia de Havilland qui, dans le rôle de Penelope Gray, fait tapisserie, on se demande comment quelqu'un a pu penser un jour à un couple aussi improbable...
Pourtant, le résultat n'est pas déplaisant, Errol y met du charme et de la bonne volonté, même s'il a l'air d'être le seul, et, franchement, un Lawrence Olivier aurait enfoncé assez rapidement le film dans un ragout théâtral un peu désuet...
Derrière un maquillage atroce, le crâne et les sourcils à moitié rasés, Bette Davis arrive tout de même à faire partager toute l'étendue de son rôle tragique et parvient à le rendre véritablement émouvant. Aussi passe-t-on assez facilement sur les légères petites limites du film.
A noter qu'il ne me reste plus qu'un seul Errol Flynn/Olivia de Havilland à voir et que, déjà, je me sens un peu comme orphelin...
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Critique publiée par le 

Un bon film. Cette histoire d'amour est très bien mis en scène par Michael Curtiz et la couleur est superbe. Même si on peut douter de la vérité historique, c'est souvent poignant et jamais niaiseux. Peu de scènes de combats certes, mais cela permet de mieux mettre en valeur cette relation. Bette Davis est une brillante actrice, et Errol Flynn est à son meilleur. On peut également voir Vincent Price en second rôle. Un "petit" classique.
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BIOGRAPHIE ERROL FLYNN

D'après l'autobiographie d'Errol Flynn : "My wicke wicked ways" (Un grand merci à Mathieu Léonard qui a composé cette biographie)

Une enfance mouvementée

"Je déteste particulièrement les livres qui commencent par : Ah ! Que de joie et de bonheur dans la pittoresque maison du professeur Flynn en Tasmanie, quand les premiers cris du solide petit Errol se firent entendre..." C'est par cette phrase qu'Errol Flynn commençait le prologue de son autobiographie, aussi, fidèle à son souhait, nous ne tomberons pas dans le mélo.
Errol Flynn est né le 20 juin 1909 et, comme il le dit lui-même plus haut, en Tasmanie, à Hobart pour être plus précis. Dès son jeune âge, Errol fait face à la sévérité (non sans raison, il faut bien l'admettre) de sa mère, Marelle, une belle femme au caractère bien trempé, au point qu'il fugue à l'âge de sept ans. En revanche sa relation avec son père, Theodore Flynn, professeur de biologie à la réputation grandissante, qu'il accompagne lors de ces recherches, est plutôt bonne.
Si Errol préfère les bêtises à l'école, il a également une grande passion : la mer, passant son temps libre à nager et à rêver de partir à l'aventure sur les mers avec son grand-père, véritable loup de mer. Mais est-ce étonnant quand on sait qu'Errol descend du côté de sa mère d'un des mutinés du fameux Bounty ? Le sabre du capitaine Blight servit d'ailleurs de jouet à Errol qui ne pardonna jamais à son père d'en avoir fait don au Naval and Military Club par la suite.
Lorsque les découvertes de Theodore l'emmènent en Angleterre, Errol le suit et y entre à l'école. Renvoyé à quinze ans, il n'a aucun mal à trouver un autre établissement grâce à la réputation de son père... avant d'être renvoyé à nouveau et de retourner à Sidney. Là, pendant que son père révolutionne le monde des découvertes scientifiques (on lui doit entre autres la découverte du premier fossile de baleine préhistorique), Errol passe d'un établissement à un autre où l'on s'étonne que le fils du brillant professeur Flynn soit si dissipé. Finalement, peu avant son dix-septième anniversaire, il quitte définitivement l'école et se fait engagé par un ami de son père. Mais l'employé, un nommé Thompson, et lui sont découverts volant dans la caisse pour jouer aux courses et renvoyés. Après un bref passage dans un gang (au cours duquel Thompson trouva la mort), Errol Flynn décide, à dix-sept ans révolu, de tenter sa chance en Nouvelle-Guinée où a lieu une ruée vers l'or.

Aventures en Nouvelle-Guinée

A cette époque-là, la Nouvelle-Guinée est encore loin d'être une contrée civilisée, le climat et la vie y sont rudes. Fort de ses connaissances grâce à la lecture de livres de son père, il est pris à l'essai comme agent du gouvernement pour améliorer les conditions sanitaires des indigènes. Mais Errol finit par se lasser de patrouiller en jeep dans son beau costume et lorsqu'il découvre un étang idyllique où une jolie jeune femme vient de temps à autre se baigner, il préfèrera y passer ses heures de service. Jusqu'au jour où son supérieur appréciant également le coin, mais lui après le travail, le découvre. C'est sans surprise qu'il est renvoyé, mais non sans s'être occupé de la jolie jeune fille avant et s'être sauvagement bagarré avec son mari, haut fonctionnaire du Gouvernement (ce qui lui obtint un sursis, son supérieur détestant le mari jaloux !). A la suite de cela, Errol décroche diverses travaux (contremaître d'une plantation de Copa, transporteur maritime, ...) auxquels il n'y connaît rien, mais arrivant à embobiner son employeur par son aplomb, son charme et... un certain don pour jouer la comédie. C'est au cours d'un de ces métiers qu'il transporte le réalisateur Jœl Swartz et son équipe pour filmer un documentaire sur le fleuve Sepik, premier contact avec le monde du cinéma.
Alors qu'Errol s'improvise "marchant d'esclave", il contracte la Malaria et subit une embuscade des indigènes sur lesquels il sera contraint de tirer pour se défendre. Accusé de meurtre, Errol Flynn est emprisonné mais choisit d'effectuer lui- même sa défense (une expérience qu'il déconseilla vivement). Grâce à son bagout et au témoignage d'un de ses amis, Errol s'en tire, décide de monter une plantation de tabac et s'intéresse à lire les grands classiques de la littérature qu'il regrettait avoir négligé pendant son adolescence et que son père lui envoyait à sa demande. Puis un jour, un télégramme de Jœl Swartz lui demande de venir jouer le rôle de Fletcher Christian dans sa version des mutinés du Bounty en Australie. Errol saute sur l'occasion de quitter la Nouvelle-Guinée qui commence à le lasser. Après le tournage, il y retournera quand même, après avoir, malgré le dégoût que lui inspirait l'acte, volé les bijoux de la dame du monde qui l'entretenait alors. Après avoir tenté d'autres métiers tous moins recommandables les uns que les autres, Errol décide de quitter définitivement la Nouvelle-Guinée et de rejoindre son père en Angleterre

Voyages autour du Globe

Sur le bateau, Errol fait la connaissance d'un colosse néerlandais, un dénommé Kœts, docteur de son état avec qui il se trouve un point commun, un goût prononcé pour l'aventure et les femmes. Lors d'une escale aux Philippines, les deux compères décident organiser des combats de coqs truqués pour s'enrichir. Mais leur combine est rapidement éventrée et ils doivent fuir en sautant sur le premier bateau appareillant qui les emmène vers la Chine. En Chine, Errol perd tout l'argent gagné sous l'influence d'une entraîneuse qui le pousse au jeu. De plus, sur le bateau, on lui vole les fameux bijoux volés. Fauchés, ils s'engagent dans l'armée contre les Japonais, mais être placé en première ligne ne leur plait guère et ils s'empressent de déserter. Après un voyage mouvementé, Kœts et Errol se séparent à Marseille, l'un pour rentrer au pays, le second pour aller en Angleterre avec une nouvelle idée en tête : devenir comédien ! Nous sommes en 1933 et Errol Flynn n'a encore que 24 ans..

Des débuts difficiles

Une fois à Londres, Errol apprend ce que de nombreux acteurs voulant se lancer dans le théâtre ont découvert ou découvriront après lui : il est impossible ou presque d'obtenir un rôle si l'on n'a pas déjà fait ses preuves dans au moins une autre pièce. Système absurde qui condamne les débutants à errer jusqu'à ce qu'une bonne âme accepte de leur donner leur chance. Errol décide une fois de plus de jouer sur son culot pour parvenir à ses fins. Il fait passer sa photo précédée du texte :
ERROL FLYNN A joué dans Berea Coldeen UN SUCCES ! A joué dans The Wake Of The Bounty UN MALHEUR ! A joué dans Appleby's Dilemna A NE PAS MANQUER ! A joué dans The Gorgeous Groom ETONNANT !
Mais ici, Errol a affaire au monde du théâtre qui n'a aucun mal à savoir que ces pièces n'ont existé que dans l'imagination de leur soi-disant interprète. Errol se rend alors à Northampton où il est engagé pour de petits rôles. "J'allais rester un an et demi à la Northampton Repertory jouant tous les rôles : les vieilles servantes, les vieilles femmes, les chauffeurs, les maîtres d'hôtel, les détectives, les voleurs. Après avoir joué les bonnes à tout faire, on me donna quelques rôles plus importants que j'exécutais le plus souvent devant une demi-douzaine de personnes. Chaque soir les six spectateurs venaient nous voir, et ils applaudissaient. Cela nous donnait l'impression d'être appréciés, de ne pas jouer trop mal."
Le théâtre anglais, lui, se souviendra d'Errol Flynn comme ayant été, selon ses propres dires, le plus mauvais Othello de son histoire. Et pourtant, alors qu'il avait finalement obtenu de petits rôles à Londres, la Warner le repère et lui offre un contrat de six mois à Hollywood pour cent cinquante dollars la semaine. Errol ne se le fait pas dire deux fois et accepte la proposition. Dans le bateau qui l'emmenait vers l'Amérique se trouvaient également d'autres acteurs européens en route vers la gloire dont celle qui nous est aujourd'hui la plus connue n'est autre que Merle Oberon. Il y avait aussi l'actrice française Lili Damita, véritable star à l'époque. Malgré la peur, Errol Flynn essaya d'aborder cette dernière qui ne resta que de glace. C'est au début de l'année 1935, à vingt-six ans qu'Errol Flynn arrive enfin à Hollywood. Sous la direction de Michael Curtiz il tourne dans The Case of The Curious Bride son premier rôle, celui d'un mort, que les mauvaises langues diront avoir été son meilleur. Peu de temps après, il croise à nouveau la route de Lili Damita et l'épouse quelques temps après.

Une célébrité soudaine

Errol et Olivia de Havilland dans Captain BloodEn 1935, Jack Warner prend la décision d'imposer un couple d'inconnus dans sa nouvelle grosse production Captain Blood (Capitaine Blood). Un risque qui se solda par une réussite financière, car il s'agissait du premier succès du couple légendaire formé par Errol Flynn et Olivia de Havilland. Cependant le tournage n'est pas un bon souvenir pour Errol qui fait une rechute de malaria et que seul l'alcool arrive à faire tenir ce qui n'est pas du goût de Jack Warner. Pourtant Errol devint en un jour une vedette. Il fait une série de films pour la MGM dont il aime l'ambiance mais ses principales réalisations restaient pour la Warner avec The Charge Of The Light Brigade (La Charge de la Brigade Légère, 1936) et surtout The Adventures Of Robin Hood (Les Aventures de Robin des Bois, 1938) Errol en Robin des boistous les deux de Michael Curtiz avec Olivia de Havilland (et où il faisait la plupart des cascades lui-même). La relation qui lia Eroll Flynn à cette dernière reste plutôt floue. Tout a été dit ou presque (dont plusieurs versions différentes par Olivia de Havilland elle-même). Ce qui semble sûr c'est qu'Olivia eut un coup de foudre pour Errol lorsqu'elle le rencontra. Quant à Errol Flynn, il déclara être vraiment tombé amoureux à l'époque de The Charge of the Light Brigade, mais se comporta de manière maladroite en lui faisant constamment des blagues de mauvais goût comme mettre un serpent mort dans ses sous-vêtements. Ce qu'il en advint, à part les intéressés, nul ne le sait. Errol Flynn semble dire qu'il ne s'est rien passé, mais ce sujet semblait mettre Olivia de Havilland assez mal à l'aise dans une interview.
En 1938, lassé du cinéma et voulant échapper à la jalousie possessive de Lili (non sans raison), il s'engage avec Kœts dans la guerre civile en Espagne contre Franco comme correspondant. Cependant après une blessure qui le fit passer pour mort après des journaux, il rentre à Hollywood et tourne notamment The Private Lives Of Elizabeth and Essex (La Vie privée d'Elizabeth d'Angleterre, 1939) avec Bette Davis et Olivia de Havilland. Errol dans The Sea HawkLe tournage se passe mal, Bette et Errol les deux plus grandes stars de la Warner ne s'entendent pas, Bette trouvant Errol beau mais pas professionnel et Errol reconnaissant le talent de Bette mais ne supportant pas son mauvais caractère.
Son mariage bat de l'aile et il enchaîne des films d'action qui l'ennuient (surtout les westerns) dont certains restent cependant de grands moments de cinéma et sont à chaque coup des succès comme The Sea Hawk (L'Aigle des Mers, 1940) et Santa Fe Trail (La Piste de Santa Fe, 1940), tous les deux de son réalisateur attitré, Michael Curtiz. C'est aussi vers cette époque qu'il se lie d'amitié avec l'acteur légendaire John Barrymore. Peu après la naissance de leur fils, Sean, en 1941, Lili exige le divorce et une forte pension obligeant Errol à revoir son salaire à la hausse et à tourner avec assiduité. 1941 marque également sa première rencontre avec le réalisateur Raoul Walsh avec qui il tourne They Died With Their Boots On (La Charge Fantastique) qui marque le début d'une longue amitié.

Des ennuis en perspective

Fin 42, Errol est accusé de viol statutaire (relation sexuelle avec une mineure consentante ou pas) par deux jeunes filles. Il est rapidement acquitté, mais ayant refusé d'arroser les juges locaux, le procès reprend de plus belle. Comprenant que l'affaire est grave, Errol fait appel à l'avocat des causes désespérées, Jerry Geisler. Pendant plusieurs moi, aux cours desquels le procès fait les gros titres des journaux devant la Seconde Guerre Mondiale, Geisler fait une défense acharnée d'Errol Flynn, réduisant à néant l'accusation des jeunes filles (dont l'une d'elle était en fait majeure) et finalement obtint un non-lieu définitif. Ajoutons à tous ces ennuis Lili qui ne cesse de demander d'avantage d'argent.
C'est pendant cette période que sort un des films qu'Errol Flynn préféra, et certainement un de ses meilleurs, Gentleman Jim de Raoul Walsh. Bien qu'il l'eût gagné, ce procès allait laisser chez Errol une cicatrice indélébile. "Désormais, j'avais une étiquette dont je ne pourrais plus me débarrasser, dans l'esprit du public et pour toujours, associée à un procès pour viol dont le monde entier avait parlé."
Quelques mois après le procès, Errol épouse Nora Eddington avec qui il aura deux filles, Deirdre en 1945 et Rory en 1947. Pressé par un besoin d'argent et bloqué par son contrat, Errol enchaîne les films dans des rôles stéréotypés qui ne l'intéressent guère. "J'avais tourné quarante-cinq films pour devenir quoi ? Je ne le savais que trop. Un symbole phallique. Dans le monde entier, mon nom et ma personnalité étaient synonymes de sexe. Le Baladin du Monde Occidental, c'était moi. Mais qu'avais-je voulu devenir dans le temps, quand j'étais jeune et que le monde s'offrait à moi ? Sûrement pas ce symbole phallique universel !"
Errol et PatriceC'est aussi à cette période qu'il commence à boire. Un seul refuge lui reste : l'Océan où il s'échappe autant que possible sur son yacht, le "Zaca", bravant parfois de véritables tempêtes et tournant deux courts métrages (Le "Zaca" servit au tournage de The Lady From Shanghai d'Orson Welles). Peu après la naissance de sa deuxième fille, Nora et lui se séparent en bons termes (ils n'habitaient déjà plus ensemble depuis longtemps). Il se marie pour la troisième fois avec Patrice Wymore en 1950 à Nice. Peu de temps après, il est accusé une nouvelle fois de viol à Monaco, mais cette fois-ci Errol n'a aucun mal à prouver que la jeune fille n'est jamais venue sur les lieux du "crime". Il n'empêche que cela lui porte un nouveau coup.

Crépuscule d'une vie courte mais bien remplie

En 1952, Errol Flynn claque définitivement la porte de la Warner. Il avait avec Jack Warner une relation qui passait de grandes disputes à des moments de franche camaraderie. Celui-ci craignait Errol, sachant qu'arrêter le cinéma ne le touchait pas et connaissant son caractère emporté. Errol décide d'aller en Italie pour tourner un film et montrer à son ancien patron de quoi il est capable. Ainsi commence le tournage de Guillaume Tell dans lequel il investit tout son argent. Avait-il vu trop grand ou se fit-il rouler par les Italiens, le tout est que le film ne se finira pas, faute de fonds. Pour ajouter à cela les Etats-Unis lui réclament 840 000 dollars et Lili fait saisir sa maison pour se dédommager de sa pension en retard. Enfin, pour couronner le tout, un médecin lui apprend que l'état de son foie le condamne. L'horizon s'éclaircit légèrement avec la naissance de sa fille Arnella en 1953.
Vendant un des ses tableaux (un Gauguin), il se dédommage de quelques dettes, puis de 1953 à 1956 il passe son temps sur son bateau, sauf pour tourner quelques bides en Europe. Il pense monter un film d'action aquatique avec l'appui du Prince Rainier, projet qui tombe à l'eau lorsque le Prince ne comprend pas que l'acteur préfère utiliser des mannequins plutôt que de vrais requins ou pieuvres pour les combats. Il désire également tourner avec Clark Gable mais celui-ci, bien qu'appréciant Errol, le détourne aimablement d'un tel projet, le jugeant trop instable. Il sombre encore plus dans l'alcoolisme ce qui fera dire à son amie Ava Gardner : "Regardez Errol. Regardez-le donc. Quand j'étais jeune, il était le type le plus beau que j'ai jamais vu."
Et puis, soudain, la chance tourne, Darryl F. Zanuck se souvient de lui et l'engage pour jouer dans The Sun Also Rises (Le Soleil se lève aussi, 1957) d'Henry King aux côtés d'Ava Gardner et de Tyrone Power. Puis, suite au succès, Jack Warner le contacte pour jouer le rôle de John Barrymore (un rôle que seul lui pouvait incarné) dans Too Mutch, To Soon (Une Femme Marquée, 1958), enfin il joue dans The Roots Of Heaven (Les Racines du Ciel, 1958) de John Huston aux côtés de Trevor Howard qui remplaçait un William Holden n'ayant pu se libérer de la Paramount. Trois interprétations reconnues comme ses meilleurs et montrant que le talent d'Errol Flynn avant bien souvent été sous-exploité. La Tombe d'Errol Flynn"Apparemment, les gens adorent les résurrections. Les magazines se remirent à parler de moi. Hollywood redevient ce qu'il était, disaient-ils, Flynn est de retour. Ils appelaient ça un come-back."
Mais s'il put rembourser ses dettes, son état de santé était tombé trop bas et il mourut d'une crise cardiaque le 14 octobre 1959, à 50 ans, peu après avoir publié son autobiographie, lui qui avait toujours rêvé devenir écrivain et qui écrivait "Ce que j'aimerais être à soixante-dix ans ? J'espère de tout cœur que j'aurai encore eu huit épouses, que je pourrai considérer les dimensions de mon estomac avec respect, et que je serai encore capable de monter l'escalier de ma chambre à coucher sans douleur ni gémissement."

Errol Flynn

joi, 11 iunie 2020

JOHN FORD: Cine l-a ucis pe Liberty Valance (1962

L'homme qui tua Liberty Valance

 
   
 
1962
Voir : Photogrammes
Genre : Western
(The man who shot Liberty Valance). Avec : James Stewart (Ransom Stoddard), John Wayne (Tom Doniphon), Vera Miles (Hallie Stoddard), Lee Marvin (Liberty Valence). 2h02.
 
 
1910. Ransom Stoddard et sa femme sont venus assister à l'enterrement de Tom Doniphon. Stoddard, devenu un homme politique éminent, raconte à un jeune journaliste sa jeunesse et son arrivée dans l'Ouest…
Sa diligence est arrêtée par des bandits conduits par un certain Liberty Valance. Révolté, Stoddard est fouetté et humilié par Valance, et jure de faire arrêter Valance. En ville, celui-ci agit en toute impunité, car le shérif n'ose pas intervenir.
Tom Doniphon se prend de sympathie pour Stoddard et lui enseigne la loi de l'Ouest, celle du plus fort. Stoddard reconnaît qu'un colt est un argument convaincant dans ce pays, mais parallèlement, étant avocat, il ne renonce pas à la voie légale. Il organise les habitants de la ville, les laissant voter contre les grands propriétaires de bétail, dont Valance est l'homme de main.
Doniphon propose que Stoddard soit le délégué des habitants, avec le rédacteur en chef du journal, Peabody. Ce dernier est fouetté à mort par Valance. Ulcéré, Stoddard provoque Valance en duel. Contre toute attente, c’est celui-ci qui est tué. Hallie, la fiancée de Tom, choisit finalement Ransom. Tom noie son chagrin dans l'alcool. Il révèle alors à Ransom qu'en fait c'est lui qui a tué Valance : il a tiré en même temps que Ransom !
Récoltant les lauriers de cet exploit, Ransom épousera Hallie et sera trois fois gouverneur de l'Etat avant de devenir sénateur. Doniphon restera dans l'ombre, seul et oublié.
Ransom et Hallie repartent non sans que cette dernière ne dépose un cactus en fleur sur le cercueil de Tom. Ransom déclare vouloir revenir terminer sa vie ici comme avocat. Hallie l'y encourage : "C'était sauvage autrefois aujourd'hui c'est un jardin. Tu n'en es pas fier ?". Mais Jason, le responsable du train, leur fait remarquer qu'il doivent cela à L'homme qui tua Liberty Valance.
 
Archétype du western, L'homme qui tua Liberty Valance est aussi une vision désenchantée et crépusculaire de l'Ouest américain. Le directeur du Shinborne Star fait remarquer au sénateur Stoddard que "Nous sommes dans l'Ouest ici. Quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende". Il refuse ainsi, in fine, de publier son récit démystificateur. Mais l'on se méprend souvent sur l'attitude de Ford face à cette formule. John Ford, lui, montre la réalité.
Il montre comment se fabrique l'idéologie. Il approfondit ici cette mise en place des justifications imaginaires de la réalité de la fin du Massacre de Fort Apache, où le personnage incarné par John Wayne exalte les vertus de son prédécesseur, pourtant officier vaniteux et incompétent.
C'est sur un crime fondateur que se construit le nouvel ordre de la civilisation : la mort de Liberty Valance qui devient, par un paradoxe uniquement apparent, la légitimation politique de Ransom Stoddard.
Ford ne condamne pas la légende, il se contente d'élargir le champ. Ansi, une première version du duel s'en tient à un champ tronqué : Stoddard tirant sur Liberty Valance et celui-ci s'écroulant. La version réelle la complète en montrant la vraie mort du bandit et le coup de feu simultané de Doniphon. Ce procédé de mise en scène, l'image modifiée, est fréquent chez Ford (La prisonnière du désertLes deux cavaliers) et prend toujours chez lui une dimension symbolique qui vise à faire sentir la différence entre la situation de départ et celle d'arrivée.
En reprenant le train, Stoddard ne peut s'empêcher de penser à ce qui se serait passé si on avait su quel était le véritable héros responsable de la mort de Liberty Valance : Tom Doniphon aurait sans doute épousé Hallie et serait devenu une figure légendaire du Far-West, alors que lui serait demeuré un petit avocat de province.
Lorsque le sympathique vieux Jason Tully, responsable du train, lui dit que rien n'est trop bon pour "l'homme qui tua Liberty Valance", Stoddard et sa femme semblent écrasés par cette fatalité. Il ne peut même plus allumer sa pipe et le film se termine sur cette scène à la fois tragique, dérisoire et sublime, sur la vision d'un couple marqué par le destin et incapable d'y échapper.
Pour cette méditation sur le mythe et la réalité, l'histoire et la légende, le passage à l'époque moderne, Ford refuse la couleur et tourne entièrement en studio malgré la pression des producteurs. Elargissant le champ de l'espace physique à l'espace mental, il se dirige ainsi vers le minimalisme et le dépouillement qui seront la marque de ses dernières oeuvres dont la conclusion sera, trois ans plus tard, Frontière chinoise.
Jean-Luc Lacuve, le 15/05/2006.
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John Ford

(1895-1973)
79 films + 38 perdus
3
12
15
histoire du cinéma : L'image-action
L'importance de l'œuvre de John Ford a été brillamment analysée par Patrick Brion et Gilles Deleuze. L'un et l'autre relèvent chez John Ford des thématiques et des motifs visuels qui en font un cinéaste à la fois épique et romanesque.
Pour Patrick Brion, l'œuvre de John Ford est une œuvre immense, une œuvre de 150 films qui recouvre presque cinquante ans - de 1917 à 1966 - de production. Les premiers films de John Ford appartiennent à l'époque où les grands studios commencent à s'ériger, le dernier film d'action, Frontière chinoise est tourné au moment où ces studios hollywoodien ne sont plus artistiquement que l'ombre de ce qu'ils avaient été.
De tous les grands cinéastes, John Ford a été celui dont l'œuvre a subi le plus durement les destructions et l'incurie des grands studios. Il n'existe en effet plus que trois des cinquante premiers films réalisés par Ford. L'erreur serait certainement de se rassurer en n'y voyant que de mineures œuvres de jeunesse. Straight Shooting, son sixième film et le premier à avoir survécu, se révèle déjà un film surprenant par ses idées de mise en scène, déjà d'une grande beauté plastique et d'une facture très moderne.
Aujourd'hui cinquante-quatre films mis en scène par Ford ont totalement disparu et, en dépit des multiples recherches entreprises par les divers organismes de conservation, il est à craindre que ce nombre demeure définitif, nous privant ainsi d'un pan entier de l'œuvre de Ford, de plus d'un tiers de ses films.
L'œuvre de Ford peut schématiquement être divisée en cinq périodes d'inégale durée. La première va de 1917 à 1921 et comporte notamment quarante et un films tournés pour l'Universal. Durant plusieurs mois, John Ford a travaillé dans l'ombre de son frère Francis.
La seconde recouvre la carrière de John Ford de 1922 à 1931. Ford va passer sans le moindre problème du muet au parlant et les films qu'il tournera durant cette période le seront pour la Fox. A l'Universal, Ford n'avait pratiquement tourné que des westerns. A la Fox au contraire, Ford va aller d'un genre à l'autre.
A partir de 1931 et jusqu'à la guerre, Ford va tourner pour la quasi totalité des grandes compagnies hollywoodiennes de l'Universal à la Metro-Glodwyn-Mayer, de la RKO à la 20th Century Fox et à la Columbia. Il dirige dès lors les comédiens les plus connus, Wallace Berry, Ronald Colman, Edward G. Robinson, Katherine Hepburn, Henry Fonda, Claudette Colbert ainsi que les siens : Wayne et McLaglen. Le "cinéaste à tout faire" de la Fox des années 22-31 devient un réalisateur exigeant et volontiers intraitable, un homme que l'on respecte. Au lieu de se couvrir en filmant selon différents angles ou d'accumuler de multiples prises, Ford s'arrange au contraire pour effectuer le minimum de prises. Il sait dès lors que le film ne peut lui échapper au montage :
" Les producteurs, dit-il, ne connaissent rien à la fabrication des films. Et c'est pour ça que je tourne mes films de façon telle qu'ils ne puissent être montés que d'une façon. Ils entrent dans la salle de montage et disent ; " Bon, collons un gros plan ici. " Mais il n'y en a pas. Je n'en ai pas tourné. " (Positif n°64/65, rentrée 1964).
De tous les grands cinéastes, Ford est l'un de ceux dont le ratio de tournage (prises tournées par plan) est le plus bas : 2,5. Ce qui représente, lorsque l'on connaît les multiples problèmes inhérents à un tournage (problème de son, erreur d'acteur, etc.) un véritable exploit. Il avait d'ailleurs coutume de dire aux monteurs après avoir terminé le tournage de certains films "Ne travaillez surtout pas, vous abîmeriez mon œuvre" (Témoignage sur John Ford " de Robert Parrish, Présence du cinéma n°21, mars 1965)
La quatrième partie de l'œuvre de Ford est celle couvrant la seconde guerre mondiale. Certaines des missions secrètes accomplies par Ford le sont restées, ce qui est le propre des missions secrètes. Mais Ford s'est trouvé à Midway en juin 1942, à Bône et à Alger quelque mois plus tard, au Brésil, aux Indes et en chine en 1943, en Normandie en 1944, en Yougoslavie auprès des partisans qui luttaient contre les Allemands, à Ramagen avec l'armée de Patton en 1945. Il s'agit là de théâtres d'opérations militaires importantes et dangereuses -Ford y a d'ailleurs été blessé- réservées à ceux qui peuvent être utiles.
La cinquième et dernière partie de son œuvre se développe sur 21 ans : de 1945 à 1966. Ford y est immédiatement au sommet de son art. Ford revisite l'Ouest américain avec son cycle de la cavalerie (Le massacre de fort ApacheLa Charge héroïqueRio Grande) et porte un regard de plus en plus amer sur la conquête de l'Ouest et les guerres indiennes. Le manichéisme parfois propre aux westerns d'antan laisse place à La prisonnière du désert, admirable réflexion sur la violence, le racisme et la folie des guerres et aux Cheyennes qui rappelle la tragédie vécue par la nation indienne, trahie par le gouvernement américain, spoliée affamée et décimée. Plus que jamais Ford est sensible à la vieillesse, à la mort et à la survie.
Ford cinéaste épique
Gilles Deleuze détecte une structure cosmique ou épique dans la majeure partie des westerns de Ford. Le héros devient égal au milieu par l'intermédiaire de la communauté, il ne le modifie pas mais en rétablit l'ordre cyclique. Le héros en tant que représentant de la collectivité, devient capable d'une action qui l'égale au milieu, et en rétablit l'ordre accidentellement et périodiquement compromis : il faut les médiations de la communauté et du pays pour constituer un chef et rendre un individu capable d'une si grande action. Tel est le rôle chez Ford, de ces moments collectifs intenses (mariage, fête, danse et chanson), de la présence constante des paysages grandioses et de l'immanence du ciel. Le mouvement est réel chez Ford, mais, au lieu de se faire de partie à partie, ou bien par rapport à un tout dont il traduirait le changement, se fait dans un espace global dont il exprime la respiration. Le dehors englobe le dedans, tous deux communiquent, et l'on avance en passant de l'un à l'autre, dans les deux sens, suivant les images de La chevauchée fantastique où l'intérieur de la diligence alterne avec la diligence vue de l'extérieur.
On peut aller d'un point connu à un point inconnu, terre promise comme dans Wagonmaster : l'essentiel reste l'espace global les comprend tous deux et qui se dilate à mesure qu'on avance à grand peine, et se contacte quand on s'arrête et se repose. L'originalité de Ford, c'est que seul l'espace global donne la mesure du mouvement, ou le rythme organique. Aussi est-il le creuset des minorités, c'est à dire ce qui les réunit, ce qui en révèle les correspondances même quand elles ont l'air de s'opposer, ce qui en montre déjà la fusion pour la naissance d'une nation : tels les trois groupes de persécutés qui se rencontrent dans Wagonmaster, les mormons, les comédiens ambulants, les Indiens.

Ford cinéaste romanesque
Mais Gilles Deleuze note que dès le début, on a non seulement des westerns épiques mais des westerns tragiques et romanesques avec des cow-boys déjà nostalgiques, solitaires, vieillissants ou même perdants-nés, des indiens réhabilités. Même chez Ford, le héros ne se contente pas de rétablir l'ordre épisodiquement menacé. L'organisation du film, la représentation organique, n'est pas un cercle mais une spirale où la situation d'arrivée diffère de la situation de départ : SAS'. C'est une forme éthique, plutôt qu'épique. Dans L'homme qui tua Liberty Valance, le bandit est tué et l'ordre rétabli. Mais le cow-boy qui l'a tué laisse croire que c'est le futur sénateur, acceptant ainsi la transformation de la loi qui cesse d'être la loi tacite épique de l'Ouest pour devenir la loi écrite ou romanesque de la civilisation industrielle. De même dans Les deux cavaliers, où cette fois le shérif renonce à son poste et refuse l'évolution de la petite ville.
Gilles Deleuze conclut que dans les westerns épiques comme dans les westerns romanesques, ce qui compte pour Ford c'est que la communauté puisse se faire sur elle-même des illusions : "Je crois au rêve américain" disait Ford à Andrew Sinclair (p. 124). Ce serait la grande différence entre les milieux sains et les milieux pathogènes. Jack London montrait dans Le cabaret de la dernière chance que, finalement, la communauté alcoolique est sans illusion sur elle-même. Loin de faire rêver, "l'alcool refuse de laisser rêver le rêveur ". Il agit comme une raison pure qui nous convainc que la vie est une mascarade, la communauté une jungle, la vie un désespoir (d'où le ricanement de l'alcoolique). On pourrait en dire autant des communautés criminelles. Au contraire une communauté est saine tant que règne une sorte de consensus qui lui permet de se faire des illusions sur elle-même, sur ses motifs, sur ses convoitises, sur ses valeurs et ses idéaux : illusions vitales, illusions réalistes plus vraies que la réalité pure. C'est aussi le point de vue de Ford qui dès Le mouchard montrait la dégradation presque expressionniste d'un traître dénonciateur, en tant qu'il ne pouvait se refaire d'illusion. On ne pourra donc pas reprocher au rêve américain de n'être qu'un rêve : c'est ainsi qu'il se veut. La société change et ne cesse de changer mais les changements se font dans un espace global qui les couvre et les bénit d'une saine illusion comme continuité de la nation.

Les motifs visuels
Les thématiques épiques et romanesques de Ford s'incarnent dans des motifs qui lui sont propre. L'espace global, creuset de la nation américaine s'incarne neuf fois dans la Monument valley dans laquelle John Ford a réalisé totalement ou partiellement neuf westerns : La chevauché fantastique (1939), La charge fantastique (1946) Fort Apache (1948), La charge héroïque (1949), La prisonnière du désert (1956), Le sergent noir (1960) et Les Cheyennes (1964). Le convoi des braves et Rio Grande, tous deux de 1950, l'auraient été également. Toutefois les lieux que montrent ces films ne se retrouvent pas dans les sept autres.
Monument valley dans les films de John Ford
 
 
Fort Apache (1948)
 
 
 
La permanence de l'espace global s'incarne dans la transmission entre adultes et jeunes, dans le dialogue ininterrompu des vivants et des morts. On y retrouve le thème de la tombe de l'être aimé, point de passage entre les vivants et les morts et lieu de recueillement. Deux femmes (1933), Judge Priest (1934), Vers sa destinée (1939), La poursuite infernale (1946) et La charge héroïque (1949) développeront cette idée romantique si chère à Ford.
Le dialogue avec les morts
Deux femmes (1933)
 
 
 
On trouve aussi le motif de la porte ouverte entre l'espace intime intérieur et l'ouverture sur les grands espaces associée à l'opposition entre l'amour et la vie sociale d'une part et la liberté de l'homme d'autre part (Straight shootingLa prisonnière du désert). Ford révèle ainsi un sens aigu de la frontière entre vie intérieure, solitude et vie sociale, affrontement que l'on retrouve en mode mineur dans les couples.
Joseph Mc Bride note que Ford a reconnu que Frederic Remington, qui l'avait inspiré pour la première fois en 1918 dans Du sang dans la prairie, était l'influence visuelle principale de Fort Apache. Les très belles peintures de Remington, à la tonalité souvent tragique, ont même inspiré toute la trilogie de la cavalerie, comme les tableaux plus romantiques de Charles M. Russel. Les pittoresques paysages et scènes indiennes de Russel sont imités par Ford dans les magnifiques images d'Indiens en marche de La charge héroïque. Le peintre l'ouest Charles Schreyvogel, un rival de Remington, a aussi laissé sa marque sur le cinéaste. "Mon père gardait un exemplaire de reproductions de Schreyvogel à son chevet, raconte Tat Ford. Il l'étudiait pour imaginer les scènes d'action de ses films (p.607)". Winton C. Hoch remporta un oscar pour sa photographie couleur de La charge héroïque. A cette occasion, il annonça les deux instructions précises de Ford avant le début du tournage ; "Je veux des couleurs à la Remington " et "Je veux qu'un des chefs indiens porte une chemise rouge (p.622)"
Le sergent noir est inspiré d'un tableau de Frederic Remington représentant des soldats noirs de la cavalerie dans l'Ouest. Goldbeck apporta la reproduction du tableau à Bellah avec selon ce dernier "la pensée que personne jusque-là n'avait jamais songé à raconter l'histoire du soldat de couleur et sa contribution à la marche vers l'ouest de l'empire américain. (p.815)". C'est en 1888 que Frederic Remington fit ses premiers croquis de soldats noirs. "Ce sont des hommes charmants avec qui servir, nota le peintre au cours d'une visite en Arizona, alors que les guerres indiennes faisaient rage. On me demande souvent s'ils acceptent de se battre. La réponse est facile. Ils ont combattu très souvent…". Remarquant que l'apparence des soldats noirs démentait les clichés les représentant comme des brutes ou des bouffons, Remington écrivit : "On doit admirer, le physique des soldats noirs : torses robuste, larges épaules, ces hommes font belle figure " (p. 817)."
Patrick Brion note l'importance des digressions chez Ford, voir du mélange des genres, mais il est probale que celles-ci (mariage, fête, danse et chanson) sont les étapes, moments collectifs intenses, nécessaires à ce que Deleuze désigne par les médiations de la communauté et du pays pour constituer un chef et rendre un individu capable d'une grande action.
Gilles Deleuze repère dans deux des westerns romanesques de Ford "un procédé très intéressant, qui est l'image modifiée : une image est montrée deux fois, mais la seconde fois, modifiée ou complétée de manière à faire sentir la différence entre la situation de départ (S) et celle d'arrivée (S'). Dans Liberty Valance, la fin montre la vrai mort du bandit et le cow-boy qui tire, tandis qu'on avait vu précédemment l'image coupée à laquelle s'en tiendra la version officielle (c'est le futur sénateur qui a tué le bandit). Dans Les deux cavaliers, on nous montre la même silhouette de shérif dans la même attitude mais ce n'est plus le même shérif. Il est vrai que entre les deux S et S', il y a beaucoup d'ambiguïté et d'hypocrisie. Le héros de Liberty Valance tient à se laver du crime pour devenir un sénateur respectable, tandis que les journalistes tiennent à lui laisser sa légende, sans laquelle il ne serait rien. Et, comme l'a montré Roy (Pour John Ford, édition du cerf), Les deux cavaliers ont pour sujet la spirale de l'argent qui, dès le début, mine la communauté et en fera qu'agrandir son empire."
Ce motif de l'image modifiée était déjà présent, magnifiquement, dans La prisonnière du désert. D'une part avec l'image de Debbie, qu'Ethan élève au dessus de lui au début du film pour marquer la reconnaissance de sa filiation et à la fin lorsqu'il résout enfin la question du racisme et renonce à la tuer bien que "souillée" par sa vie avec un indien. L'autre image modifiée est celle de l'embrasure de la porte, signe d'espoir d'intégration au début, signe du retour à la vie solitaire à la fin.
Les passages du western épique au western romanesque, de l'affirmation au doute, du célibataire à l'homme marié s'incarnent aussi par le changement de l'acteur principal : des rôles de Henry Fonda (Young Mister LincolnLes raisins de la colèreLa poursuite infernale, et Le massacre de Fort Apache) à ceux de John Wayne à partir du Massacre de fort apache dans lequel ils s'affrontent jusqu'à She wore a yellow ribbonL'homme tranquilleLa prisonnière du désertLes cavaliersL'homme qui tua Liberty Valance.
Pour Patrick Brion, Ford est aussi le cinéaste de la tendresse, de la dignité humaine (confiance en la parole donnée) de la joie de vivre sans grande trace de nostalgie. Pour Serge Daney (John Ford, Cahiers du cinéma, 1990, p. 62), en revanche et assez curieusement :
"Ford serait humaniste par désespoir, comme Mizoguchi. Lorsqu'on a ajouté tout à rien et que la somme reste égal à rien, il ne reste qu'à jouir et à jouer du mince privilège du "pithécantropus erectus" : la station debout, la pose, la tenue. L'homme est ce qui persiste et qui signe, rien de plus. Plutôt le Sternberg dernière manière que Hawks, pourtant grand cinéaste et ami de toujours. Nous sommes loin, en effet de la coquetterie hawksienne d'un quant-à-soi si sobrement exhibé qu'il en devient tonitruant. Ford moins subtil, est plus raffiné."
BIBLIOGRAPHIE :
  • Patrick Brion : John Ford, Editions de la Martinière, 2002.
  • A la recherche de John Ford : Joseph McBride. Traduit de l'américain (Searching for John Ford, New York, 2001) par Jean-Pierre Coursodon. Editions Actes Sud et Institut Lumière. Novembre 2007. 1 160 pages au format 14,5 x 24. Prix : 30,00 €
 
  • John Ford, Cahiers du cinéma 1990, sous la direction de Patrice Rollet et Nicolas Saada.
  • Andrew Sinclair, John Ford
  • Jean Roy, Pour John Ford, édition du cerf
  • Jean Mitry, John Ford, éditions universitaires

FILMOGRAPHIE : 117 films, 23 courts-métrages, 10 participations.
Les informations ci-près proviennent du livre John Ford de Patrick Brion. Nous retenons comme longs-métrages les fims de 5 bobines au moins ou de plus de 4400 pieds (une bobine du muet mesure 1 000 pieds soit 305 mètres avec un temps de projection d'environ 12 minutes).
Films perdus : 39 long-métrages avec leur nombre de bobines (les courts métrages figurent en italique).
  • 1917 : The tornado (2), The trail of hate (2), The scrapper (2), The soul herder (3), Cheyenne's pal (2), The secret man (5), A marked man (5)
  • 1918 : The phantom riders (5), Wild women (5), Thieves' gold (5), The scarlet drop (5), A woman's fool (6), Three mounted men (6)
  • 1919 : The craving (5), Roped (6), Harry Carey tour promotionel film (2), The fighting brothers (2), A fight for love (6), The rustlers (2), Bare fits (6), Gun law (2), The gun packer (2), Riders of vengeance (6), The last outlaw (2), The outcasts of poker flat (6), The ace of the saddle (6), The rider of the law (5), A gun fightin'gentleman (5), Marked men (5).
  • 1920 : The prince of avenue A (5), The girl in number 29 (5), Hitchin'posts (5)
  • 1921 : The big punch (5) The Freeza out (5), The Wallop (5), Desesperate trails (4 577), Action (4 590), Sure fire (4 481), Jackie (4 943)
  • 1922 : Little mis smiles (4884), silver wings (8 271), Nero (12), The village blacksmith (7540), the face on the barroom floor (5 787), Three jumps ahead (4 584)
  • 1923 : Hoodman Blind (5 434). 1924 : Hearts of oak (5 336). 1925 : Thank you (6 900). 1928 : Napoleon's barber (2 980, premier film parlant de Ford). 1929 : Strong boy (1h07)
Participations : 1926 : What price Glory (Raoul Walsh). 1927 : L'heure suprême (Frank Borzage). 1933 : Hot pepper (John Blystone). 1938 : Les aventures de Marco Polo (Archie Mayo). 1943 : Victory in Burma (Irving Asher). 1949 : Pinky (Elia Kazan). 1953 : Hondo (John Farrow). 1960 : The Alamo (John Wayne). 1963 : Le grand McLintock (Andrew V. McLaglen). 1965 : Young Cassidy (Jack Cardiff)
Courts-métrages : 1919 : By indian post western avec Pete Morrison (Jode MacWilliams), Duke R. Lee (Pa Owens), Magda Lane (Peg Owens). (0h20). Une bobine sur deux retrouvée. 1941 : Sex Hygiene (0h30). 1942 : La bataille de Midway (0h18), Topedo squadron (0h08). 1943 : We sail at midnight (0h20). 1955 : The red, white and blue line (0h10), La révélation de l'année (0h29), Bamboo cross (0h29). 1957 : The Growler story (0h29). 1959 : Korea-Battleground for liberty (0h30). 1976 : Chesty : a tribute to a legend (0h28).
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