miercuri, 29 iulie 2020

2. PRESTON STURGES : LE RIRE ET LA DÉRISION



PRESTON STURGES : LE RIRE ET LA DÉRISION


Aussi brillant metteur en scène que scénariste, Preston Sturges va renouveler la comédie américaine. Son humour s’exercera souvent aux dépens de l’« american way of life ».
PRESTON STURGES
De qui parle-t-on ? D’un Américain, d’un flambeur, d’un désinvolte. Du Mark Twain du septième art. Du traducteur de Marcel Pagnol. De l’inventeur de l’avion à décollage vertical. Du troisième salarié le mieux payé des Etats-Unis. D’un pochetron connu comme le loup blanc dans les bars du quartier des Champs-Elysées. Du propriétaire d’un restaurant sur Sunset Boulevard. De l’enfant de Mary qui donna l’écharpe fatale à Isadora Duncan. D’un célèbre inconnu. D’un dilettante de génie, digne de Stendhal et de Savinio. D’un fervent du mariage – à la façon d’un Sacha Guitry (qu’il admirait). Du scénariste le plus cultivé d’Hollywood qui affectait de mépriser le « culturel », D’un orgueilleux. Du premier véritable auteur d’un cinéma parlant américain. Oyez, oyez, bonnes gens, l’étrange et terrible histoire d’un homme qui voulut un jour laver un éléphant. [Preston Sturges ou le génie de l’Amérique – Marc Cerisuelo – PUF (10/2002)]
PRESTON STURGES
« Je n’ai d’autre ambition que celle de raconter une histoire », disait Preston Sturges. En considérant le scénariste comme un auteur à part entière, ce maître de la comédie américaine, à l’égal d’un Capra ou d’un Lubitsch, va révolutionner l’« establishment » hollywoodien. Estimant que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, il passera derrière la caméra pour réaliser ses propres sujets.
Veronica Lake et Preston Sturges sur le tournage de Sullivan’s Travels (1941)
Avec huit films tournés de 1940 à 1944, il fera ainsi une démonstration éblouissante de son talent, s’attaquant allègrement à tous les mythes américains, du culte de la réussite matérielle au respect des héros, et lançant sans cesse des défis à la censure et aux convenances. Après ce véritable feu d’artifice, sa veine semble se tarir et sa production se ralentit (peut-être aussi les producteurs hollywoodiens se méfient-ils, non sans raison, de ce diable d’homme). Toujours est-il qu’il ne rencontrera plus jamais le même succès. Toutefois son œuvre a toujours conservé un très grand prestige. Preston Sturges fait partie de ces cinéastes qui, tout en ralliant les suffrages du plus vaste public, parviennent à imposer une vision très personnelle et inimitable du monde et de la vie.
ON SET – HAIL THE CONQUERING HERO (Héros d’occsion) – Preston Sturges (1944)
LES DÉBUTS
Preston Sturges, né en 1898, a grandi dans un milieu très anticonformiste. Il passe chaque année six mois à Paris avec sa mère, qui est une amie intime de la grande danseuse Isadora Duncan et qui veille de près à son éducation artistique et musicale. Les six autres mois, il les passe à Chicago, auprès de son beau-père, qui l’initie pour sa part au monde des affaires.
Henry Fonda – Barbara Stanwyck – Preston Sturges (The Lady Eve)
Cherchant sa vocation, Sturges dirige tout d’abord l’un des instituts de beauté de sa mère, où il met au point un rouge à lèvres à l’épreuve du baiser… Puis il cherche à gagner sa vie comme inventeur. Lors d’un séjour à l’hôpital, en 1927, l’idée lui vient d’écrire pour le théâtre. Ainsi naît « Strictly Dishonorable » ; deux ans plus tard, ce sera le succès à Broadway. En 1931, Hollywood adapte cette pièce à l’écran et c’est ainsi que son auteur se trouve engagé pour écrire les dialogues des premiers films parlants tournés à New York.
THE GREAT McGINTY (Gouverneur malgré lui) – Preston Sturges (1940) – Brian Donlevy, Muriel Angelus
Sturges continue cependant à écrire des sujets originaux. Jesse Lasky, enthousiasmé, lui achète l’un d’eux, The Power and the Glory (Thomas Gardner, 1933), qui retrace, en une succession de flash-backs, l’ascension et la chute d’un magnat du chemin de fer (déjà le thème des caprices de la fortune). Il signe ensuite le scénario de deux comédies de Mitchell Leisen : Easy Living (Vie facile, 1937) et Remember the Night (1940).
CHRISTMAS IN JULY (Le Gros lot) – Preston Sturges (1940) – Dick Powell, Ellen Drew, Raymond Walburn. C’est l’adaptation de sa pièce écrite en 1931, A Cup of Coffee.
UN SUJET POUR DIX DOLLARS
Mais Preston Sturges entrevoit très vite les limites de son rôle de scénariste. Seule la mise en scène lui permettrait de contrôler véritablement son œuvre. Pour décider la Paramount à lui confier la direction de The Great McGinty (Gouverneur malgré lui, 1940), il se contentera d’un petit budget et il cédera son sujet pour la somme dérisoire – et symbolique – de dix dollars ! Cette brillante satire de la corruption politique américaine (où Brian Donlevy campe un gouverneur sans scrupule, ramené dans le droit chemin par la femme de sa vie obtient un vif succès (et vaudra à Sturges un Oscar en 1941). Après des débuts aussi heureux, la Paramount confie aussitôt à Sturges la mise en scène de Christmas in July (Le Gros Lot, 1940) et de The Lady Eve (Un Cœur pris au piège, 1941).
THE LADY EVE (Un Coeur pris au piège) – Preston Sturges (1941) – Barbara Stanwyck, Henry Fonda
A travers Sullivan’s Travels (Les Voyages de Sullivan, 1942), avec Joel McCrea et Veronica Lake, Sturges expose avec virtuosité ses propres conceptions du cinéma. Les mésaventures de ce cinéaste hollywoodien qui se mêle incognito aux clochards afin de donner un cachet d’authenticité à son prochain film (et qui se trouve pris au piège de cet univers différent) lui permettent de jouer brillamment sur les ruptures de ton. Le drame fait irruption dans la comédie et les ironies du destin modifient les ambitions du héros, qui découvre que le rire est la chose la plus nécessaire aux déshérités. Une œuvre étonnamment moderne, où le rire recouvre une profonde amertume.
SULLIVAN’S TRAVELS (Les Voyages de Sullivan) – Preston Sturges (1941) – Joel McCrea, Veronica Lake
Deux nominations aux Oscars vont consacrer le talent de scénariste de Sturges: pour The Miracle of Morgan’s Creek (Miracle au village, 1943) et pour Hail the Conquering Hero (Héros d’occasion, 1944), qui ont tous deux pour vedette Eddie Bracken. Au mépris du Code HaysThe Miracle of Morgan’s Creek met en scène une jeune fille mettant au monde des quintuplés à la suite d’un mariage inopiné (et sans valeur légale) contracté au terme d’une folle nuit de fête. Après bien des quiproquos, l’idiot du village se verra attribuer cette quintuple paternité qui lui gagnera enfin la considération de ses concitoyens. Le film aura d’ailleurs des démêlés avec la censure et sa sortie sera retardée. Dans Hail the Conquering Hero, Eddie Bracken, réformé pour cause de rhume des foins, se fera passer aux yeux de sa mère, au prix d’incroyables stratagèmes, pour un héros, afin de satisfaire aux traditions patriotiques familiales.
THE MIRACLE OF MORGAN’S CREEK (Miracle au village ) – Preston Sturges (1944) – Eddie Bracken, Betty Hutton
Réalisé en 1943 – mais distribué seulement en 1944 – The Great Moment retrace la vie du dentiste américain William Morton, qui expérimenta au XIXe siècle les premiers anesthésiques. Un sujet édifiant que Sturges agrémente de gags burlesques. Tout comme dans The Great McGinty , il dément cyniquement l’adage moral qui veut que la vertu soit récompensée. En renonçant noblement aux profits de sa découverte pour soulager son prochain, le héros signe sa propre ruine. Ce sera aussi le premier échec commercial de Sturges…
THE GREAT MOMENT – Preston Sturges (1944) – Joel McCrea, Betty Field
STURGES L’ICONOCLASTE
Dans The Palm Beach Story (Madame et ses flirts, 1941), l’héroïne Claudette Colbert est adoptée comme mascotte par un groupe de millionnaires excentriques : le « Ale and Quail Clubé. Parmi ceux-ci on retrouve bon nombre des remarquables acteurs de second plan qui contribuent, tout autant que les vedettes, à créer l’univers typique de Sturges. Citons notamment William Demarest, qui marque de sa présence tous les films de cette période, ou encore Robert Creig, Franklin Pangborn, Jimmy Conlin, Dewey Robinson, Torben Meyer, Harry Hayden et Esther Howard.
THE PALM BEACH STORY (Madame et ses flirts) – Preston Sturges (1942) – Claudette Colbert, Joel McCrea
Les films des années 1940-1944 associent avec bonheur – mais non sans déconcerter parfois le public – un ton très sophistiqué et des gags effrénés, dans le plus pur style « slapstick ». Avec une audace inouïe, Sturges dynamite allègrement les valeurs américaines les plus établies. Aucun mythe, aucun tabou n’échappe à son humour corrosif. Pas même le culte du héros ou le respect de la réussite matérielle. En 1944, alors que l’Amérique exalte l’effort de guerre, il tourne en dérision l’armée et les vertus civiques des citoyens disciplinés. Dans la plupart de ses comédies, il déboulonne de son piédestal la femme américaine et sa verve caustique n’épargne ni Hollywood ni le monde politique. Ses personnages sont souvent des ingénus inadaptés, sur lesquels s’accumulent les coups du sort – et la réussite intervient toujours au moment où ils l’ont le moins méritée… Mais, tout comme ses héros, Sturges ne va pas tarder à être victime des caprices de la fortune.
HAIL THE CONQUERING HERO (Héros d’occasion) – Preston Sturges (1944) – Eddie Bracken, Ella Raines
ECHECS ET DÉCEPTIONS
S’étant finalement attiré la méfiance des producteurs, Sturges abandonne la Paramount en 1944 pour travailler avec Howard Hughes. Mais cette collaboration s’annonce sous de mauvais auspices. The Sin of Harold Diddlebock (Oh ! Quel mercredi, 1946), qui marque le retour sur les écrans de Harold Lloyd, sera tout d’abord interrompu faute de pellicule (suite aux restrictions de l’après-guerre). 
THE SIN OH HAROLD DIDDLEBOCK (Oh quel mercredi !) – Preston Sturges (1947) – Harold Lloyd, Jimmy Conlin
Puis son exploitation est compromise par un caprice de Hughes, qui retire le film du circuit pour en modifier le montage ; Il ne le remettra en distribution qu’en 1950 sous le titre de Mad Wednesday. Ce qui n’empêchera pas le public de bouder les exploits extravagants de Harold Lloyd, paisible employé se lançant dans des dépenses somptuaires lorsqu’il perd sa place après vingt ans de loyaux services,
UNFAITHFULLY YOURS (Infidèlement vôtre) Preston Sturges (1948) – Rex Harrison, Linda Darnell
En 1948, Sturges quitte donc Hughes pour la Fox, qui lui offre un contrat intéressant. Il réalise alors Unfaithfully Yours (Infidèlement vôtre, 1948), étincelante comédie où l’on voit le chef d’orchestre, Rex Harrison, passer mentalement en revue pendant qu’il dirige un concert les différentes alternatives qui se présentent à lui face à l’infidélité présumée de sa jeune épouse Linda Darnell. Le film est un échec commercial retentissant.
THE BEAUTIFUL BLONDE FROM BASHFUL BEND (Mam’zelle mitraillette) – Preston Sturges (1949) – Betty Grable, Cesar Romero, Rudy Vallee
C’est par un autre échec que se termine la carrière hollywoodienne de Preston Sturges, avec The Beautiful blonde from bashful bend (Mam’zelle Mitraillette, 1949). Le public accueille en effet froidement cet étonnant western parodique, malgré la présence de Betty Grable. Il semble d’ailleurs que Sturges, pourtant habile directeur d’acteurs, n’ait pas su ici mettre en valeur son sens du rythme et ses dialogues sont moins percutants qu’à l’ordinaire.
Jack Buchanan dans LES CARNETS DU MAJOR THOMPSON – Preston Sturges (1955) d’après les chroniques humoristiques éponymes de Pierre Daninos.
Déçu par Hollywood, le metteur en scène se consacre désormais au théâtre. En 1953, il quitte même l’Amérique pour s’établir en France, où il dirigera son dernier film, Les Carnets du major Thompson (1955). Une entreprise qui n’ajoutera rien à sa gloire ! De retour à New York, il obtient d’un éditeur une substantielle avance pour rédiger ses mémoires, qu’il intitule : « Les événements qui m’ont conduit à la mort » ! Il ne croyait pas si bien dire puisqu’il disparut le 6 août 1959, alors qu’il n’avait écrit que la moitié de son manuscrit.
PRESTON STURGES
Auteur souvent méconnu, Preston Sturges reste l’un des grands noms du cinéma. Un cinéma qu’il aimait passionnément, au point de rendre souvent hommage, dans ses œuvres, à ses plus grands réalisateurs. En 1975, William Wyler écrira : « Je suis incapable de faire un bon film si je n’ai pas scénariste à la hauteur. Preston Sturges n’avait pas ce problème, var il avait le meilleur à sa disposition : lui-même ! Ainsi il était l’auteur intégral de ses œuvres. »

12 OAMENI FURIOSI (1957) / Sidney Lumet

12 ANGRY MEN – 12 hommes en colère


Réalisation : Sidney Lumet
Société de production : United Artists
Genre : drame judiciaire
Durée : 95 minutes
Date de sortie : 10 avril 1957 (USA)
Casting :
Henry Fonda : juré n° 8
Martin Balsam : juré n° 1
John Fiedler : juré n° 2
Lee J. Cobb : juré n° 3
E. G. Marshall : juré n° 4
Jack Klugman  : juré n° 5
Ed Binns : juré n°6
Jack Warden : juré n° 7
Joseph Sweeney : juré n° 9
Ed Begley : juré n°10
Jiří Voskovec : juré n° 11
Robert Webber : juré n° 12

L’HISTOIRE

Un jury de 12 hommes doit statuer à l’unanimité sur la culpabilité d’un jeune homme accusé de meurtre. Seul, un juré le déclare non-coupable, et va devoir convaincre les autres un à un que l'accusé est peut-être innocent.

L’AVIS DE FU MANCHU

Avec 12 angry men, on aborde ici l’un des plus grands films de procès jamais réalisés – et l’un des meilleurs films tout court, d’ailleurs -, dont je voulais parler sur Films Classiques pour l’empreinte qu’il a aussi laissée dans mon esprit.


N’étant pas forcément un grand amateur des films judiciaires, ou des huis-clos par la même occasion, je dois cependant remarquer que tout est parfait ici : la qualité de la réalisation, l’intérêt pour l’intrigue, la performance des acteurs… tellement parfait que l’on se retrouve captivés par l’histoire, à décortiquer les pour et les contre quant à la culpabilité de l‘accusé, pris par la curiosité de savoir de quelle manière Henry Fonda va convaincre les autres jurés.

Car c’est bien l’intérêt de 12 hommes en colère : plus que de savoir si le juré n°8 va réussir à prouver que l’accusé est innocent, c’est de savoir comment il va s’y prendre qui importe. D’autant que le scénario ne nous donne pas véritablement la réponse : peut-être l’accusé est-il coupable, peut-être pas. Mais le film va montrer, en nous révélant pas à pas les divers éléments du procès, que ce qui semblait si évident au premier abord au jury – la culpabilité de l’accusé – ne l’est peut-être pas tant que ça.

La réalisation est vraiment menée de main de maître par Sidney Lumet, et dès les premières scènes le spectateur est plongé dans le décor : le palais de justice, la fin du procès, le jury se rendant dans la salle… On a ainsi droit dès le générique à un plan séquence de plusieurs minutes où le réalisateur laisse les acteurs jouer sans interruption, ce qui donne un réalisme incroyable à la scène, qui se veut presque banale : voilà tout simplement ce qui se passerait dans une vraie salle de délibération. La sensation d’oppression qui pèse sur le procès est elle aussi  rendue de belle manière : le temps est orageux, la ventilation est en panne et les hommes vont évoluer dans une atmosphère irrespirable, allant jusqu’à enlever leurs vestes et dénouer leurs cravates pour mieux respirer…

Pourtant, le verdict semble couru d’avance. La police a rassemblé les preuves, les témoins ont parlé, les avocats ont fait leur œuvre : les jurés, en entrant dans la salle pour délibérer, n’ont guère de doute. Un sentiment de culpabilité, peut-être, envers ce jeune homme qu’ils regardent à la dérobée et dont ils ont le sort entre les mains. Mais non, la justice a fait son œuvre : il est coupable, pensent-ils tous. Tous ? Non, car un « irréductible » juré, le juré n°8, joué par Henry Fonda, n’est pas d’accord : non, tout ne colle pas dans ce procès, il n’est pas impossible que l’on se soit trompé : il vote non-coupable, et le film est lancé.
We can’t decide it in five minutes. Suppose we were wrong…

12 hommes en colère, c’est donc une heure et demie de débats à huis-clos, parfois houleux, dans cette petite pièce d’où l’on ne sort qu’au début et à la fin du film. Et c’est donc aussi une remarquable étude de personnages, puisque les arguments avancés – ou non – par chacun va être un vrai révélateur de sa personnalité. Le juré n°8 (Henry Fonda) est calme, posé, d’une force tranquille et respectueuse des autres, mais sûr de sa conviction – « le doute existe » – et est prêt à en débattre. Le juré n°1 est lui aussi intéressé par le procès, intelligent, rassembleur, c’est lui qui prend l’initiative de diriger le débat. A l’opposé, le juré n°7 n’en a que faire et veut en finir au plus vite pour assister à un match de baseball. Les hommes les plus colériques et les plus opposés à l’accusé, les jurés n°3 et 10, vont au contraire être particulièrement virulents pour faire entendre leur opinion. 
Dans tous les cas, toutes ces personnes voient le procès à travers leur prisme personnel : leur caractère, leur situation sociale, leurs préjugés vis-à-vis d’un homme issu d’un milieu défavorisé et qui, pour certains, ne peut qu’être coupable. Tout est intéressant, et c’est cette analyse des personnages, combinée aux différents éléments de l’enquête qui ne nous sont dévoilés que petit à petit, qui rend le film passionnant.





Conclusion

Au final, Sidney Lumet nous livre un excellent film, porté de main de maître par un Henry Fonda charismatique, mais aussi par tous les autres acteurs : la profondeur de chaque personnage, leurs personnalités dissemblables, les affinités ou inimitiés qui se créent durant le débat, tout cela instaure un vrai climat de réalisme qui profite au film entier, et qui contribue à en faire une œuvre devenue culte aujourd’hui.

Note : 9/10




HENRY FONDA (1905-1982)







HENRY FONDA

Henry Fonda

FILMS CHRONIQUÉS SUR DVDCLASSIK

http://www.dvdclassik.com/personnalite/henry-fonda

ACTEUR :

  • 1938 : Miss Manton est folle (The Mad Miss Manton)
  • 1938 : L'Insoumise (Jezebel)
  • 1939 : Sur la piste des Mohawks (Drums Along the Mohawk)
  • 1939 : Vers sa destinée (Young Mr. Lincoln)
  • 1939 : Le Brigand bien aimé (Jesse James)
  • 1940 : Le Retour de Frank James (The Return of Frank James)
  • 1940 : Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath)
  • 1941 : Un coeur pris au piège (The Lady Eve)
  • 1942 : La Poupée brisée (The Big Street)
  • 1942 : Six destins (Tales of Manhattan)
  • 1943 : L'Étrange incident (The Ox-Bow Incident)
  • 1946 : La Poursuite infernale (My Darling Clementine)
  • 1947 : Dieu est mort (The Fugitive)
  • 1948 : Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache)
  • 1956 : Le Faux coupable (The Wrong Man)
  • 1956 : Guerre et paix (War and Peace)
  • 1957 : 12 hommes en colère (12 Angry Men)
  • 1957 : Du sang dans le désert (The Tin Star)
  • 1959 : L'Homme aux colts d'or (Warlock)
  • 1962 : La Conquête de l'Ouest (How the West Was Won)
  • 1963 : La Montagne des neuf Spencer (Spencer's Mountain)
  • 1964 : Que le meilleur l'emporte (The Best Man)
  • 1964 : Point limite (Fail Safe)
  • 1968 : Il était une fois dans l'ouest (C'era una volta il West)
  • 1968 : L'Étrangleur de Boston (The Boston Strangler)
  • 1968 : Police sur la ville (Madigan)
  • 1970 : Le Clan des irréductibles (Sometimes a Great Notion)
  • 1977 : Le Toboggan de la mort (Rollercoaster)
  • 1978 : Fedora
  • =====================
  • Henry Fonda
  • Acteur de théâtre et de cinéma américain (Grand Island, Nebraska, 1905-Los Angeles 1982).

  • Comédien subtil, d'une grande sobriété, il a notamment joué dans : J'ai le droit de vivre (1937), l'Insoumise (1938), Vers sa destinée (1939), les Raisins de la colère (1940), Un cœur pris au piège (1941), la Poursuite infernale (1946), le Faux Coupable (1956), Douze Hommes en colère (1957), Tempête sur Washington (1961), le Reptile (1969), la Maison du lac (1981), avec lequel il remporta son premier Oscar.

  • Sa fille Jane, actrice de cinéma américaine (New York 1937), suit les cours de Lee Strasberg à l'Actors'Studio, et entreprend, à partir de 1960 (Tall Story, de Joshua Logan), une brillante carrière cinématographique. Elle tourne notamment Liaisons coupables (1962), les Félins (1964), On achève bien les chevaux (1969), Tout va bien (1971), Maison de poupée (1976), le Retour (1977), le Cavalier électrique (1979), la Maison du lac (1981), Stanley et Iris (1990).

  • ==============================================================
  • FONDA (Henry)

    acteur américain (Grand Island, Nebr., 1905 - Los Angeles, Ca., 1982).
    Étudiant journaliste piqué par la mouche du théâtre, il rejoint, en 1928, la jeune compagnie des University Players qui regroupe, entre autres, Joshua Logan, Margaret Sullavan, qu'il allait épouser, et James Stewart, l'ami de toujours. En 1929, il débute à Broadway. En 1934, il s'y fait remarquer et, la même année, Hollywood l'appelle pour recréer au cinéma le rôle qui l'avait lancé sur les planches : la Jolie Batelière (V. Fleming, 1935). Henry Fonda jouait un jeune campagnard, emploi dont il parviendra difficilement à se débarrasser. C'est à la famille cinématograhique des Charles Ray, Richard Barthelmess ou Charles Farrell qu'il semble alors appartenir. De nombreuses fois marié, vedette adulée de la scène (sur laquelle il ne renoncera jamais à paraître), il était aussi, dans les dernières années de sa vie, un populaire acteur de télévision : il a embrassé toutes les expressions qui s'offraient à son métier d'acteur.
    Une longue interruption (1948-1955), consacrée au théâtre, scinde sa carrière cinématograhique en deux périodes, nettement distinctes. Jeune acteur courtisé par le cinéma qui lui fait les honneurs d'un début en vedette, il devient vite le partenaire masculin que les stars à forte personnalité se disputent. Barbara Stanwyck (Miss Manton est folle), Sylvia Sidney (la Fille du bois maudit ; J'ai le droit de vivre) ou Bette Davis (Une certaine femme ; l'Insoumise) se le partagent. Mais il est déjà évident que Fonda n'est pas un fade jeune premier : opposée à l'énergie de Barbara Stanwyck, à l'émotion de Sylvia Sidney ou à la nervosité de Bette Davis, sa tranquillité sereine et grave a, elle aussi, l'art de séduire le spectateur. Dès 1935, quand il succède à Richard Barthelmess dans la seconde version d'À travers l'orage(H. King), il a su s'inventer un personnage d'innocent honnête et solide qui lui deviendra familier. Malgré ses rapports tendus avec Fritz Lang, il donne la pleine mesure de son talent dans sa composition de délinquant fugitif et haletant de J'ai le droit de vivre. Par ailleurs, la cohabitation avec une autre grande vedette masculine, Pat O'Brien (Rivalité) ou Tyrone Power (le Brigand bien-aimé), ne l'empêche pas de tirer habilement son épingle du jeu en « composant » avec précision (ainsi le Frank James chiquant de ce dernier film). En 1939, avec un faux nez qui ne diminue en rien l'intensité de son regard, il est le jeune Abraham Lincoln de Vers sa destinée et inaugure ainsi, dans l'enthousiasme, sa collaboration fructueuse avec John Ford. C'est aussi, paradoxalement, l'époque des rancœurs qui commence. Pour être l'inoubliable Tom Joad, avec dans ses yeux toute la misère du monde (les Raisins de la colère, 1940), il doit accepter trois ou quatre films de routine que la Fox lui impose. Ce compromis ne lui convient pas et son absence, due à la guerre, creuse le fossé : en 1948, après le Massacre de Fort Apache, il se retire. Plus tard, réconcilié avec lui-même, Fonda se reverra avec plaisir dans des productions modestes où il fait merveille, comme The Big Street (1942).l revient au cinéma avec Permission jusqu'à l'aube(1955), qu'il avait fait triompher à Broadway. Il se brouille avec Ford, mais accepte les propositions qui affluent : le scrupuleux Pierre de Guerre et Paix, le pathétique Faux Coupable ou l'honnête juré de Douze Hommes en colère. Le goût du cinéma lui revient et il semble s'amuser. Ce qui explique que cet homme intransigeant se soit transformé avec délectation en incarnation démoniaque dans les Cinq Hors-la-loi (Vincent McEveety, 1968) ou Il était une fois dans l'Ouest(S. Leone, id.). C'est ainsi encore que se justifient les épiphanies fugitives et les apparitions dans des films médiocres.
    Le regard de source claire, le pas mesuré, le geste économe suggèrent l'honnêteté, même dans une composition frénétique comme J'ai le droit de vivre. Sa voix articulée, aux trémolos étouffés, fait vibrer les monologues (les conclusions des Raisins de la colère et de l'Étrange Incident). Mais il sait aussi se taire et son visage sobre de Christ aux douleurs balaye tout (le bouleversant Faux Coupable). Tout en lui est si limpide qu'il a souvent navigué aux confins de la naïveté (la Fille du bois maudit, le Brigand bien-aimé ou Chad Hanna). Le dessinateur Al Capp en fit le modèle de son Lil’ Abner. Cet aspect de son jeu a obscurci quelque peu les autres, riches, nuancés. Il a joué l'indignation (J'ai le droit de vivre), la colère (les Raisins) ou l'obstination stupide (le Massacre de Fort Apache). Mais il fut aussi un acteur de comédie exemplaire, comme en témoigne l'éblouissant Un cœur pris au piège (1941), où on le verra, savant hurluberlu, recroqueviller sa grande taille face à une Barbara Stanwyck qui s'amuse à jouer les mantes voraces.
    Acteur avant tout, Henry Fonda est, entre tous, un visage ami, intime. Il suscite l'identification et la compréhension. Il murmure la confidence à l'oreille du public. Il s'est servi de ce rapport privilégié pour s'assurer une des plus belles « sorties » qu'un acteur ait jamais eues. Dans la Maison du lac (1981), professeur à la limite de la décrépitude, il sait, avec un art consommé, jusqu'où il peut être grossier ou mufle. Il s'effraie de l'obscurité d'une forêt, signe de sa mort prochaine, il joue son agonie, puis, finalement, revit, précairement, illusoirement. Comme pour nous dire que, malgré une issue qu'il savait inévitable, son visage de bon pain serait toujours là. Clair, ouvert, généreux, personnification d'un certain idéal démocratique, mais aussi, furtivement calculateur ou durci, humain, son visage est un miroir.

    Films  :

    la Jolie Batelière (V. Fleming, 1935) ; À travers l'orage(H. King, id.) ; Griseries (I Dream Too Much, J. Cromwell, id.) ; la Fille du bois maudit (H. Hathaway, 1936) ; le Diable au corps (The Moon's Hour Home, W. Seiter, id.) ; Spendthrift (R. Walsh, id.) ; la Baie du destin (Wings of the Morning, H. Schuster, 1937, GB) ; J'ai le droit de vivre (F. Lang, id.) ; Rivalité (Slim, R. Enright, id.) ; Une certaine femme (E. Goulding, id.) ; Collège mixte (I Met My Love Again, A. Ripley et J. Logan, 1938) ; l'Insoumise (W. Wyler, id.) ; Blocus (Blockade,W. Dieterle, id.) ; les Gars du large (Spawn of the North,H. Hathaway, id.) ; Miss Manton est folle (The Mad Miss Manton, Leigh Jason, id.) ; le Brigand bien-aimé(H. King, 1939) ; Laissez-nous vivre (Let Us Live,J. Brahm, id.) ; Et la parole fut (The Story of Alexander Graham Bell, I. Cummings, id.) ; Vers sa destinée(J. Ford, id.) ; Sur la piste des Mohawks (id., id.) ; les Raisins de la colère (id., 1940) ; Lillian Russell(I. Cummings, id.) ; le Retour de Frank James (F. Lang, id.) ; Chad Hanna (King, id.) ; Un cœur pris au piège(P. Sturges, 1941) ; Wild Geese Calling (Brahm, id.) ; Tu m'appartiens (You Belong to Me, W. Ruggles, id.) ; The Male Animal (E. Nugent, 1942) ; la Poupée brisée (The Big Street, I. Reis, id.) ; Qui perd gagne (Rings on Her Fingers, R. Mamoulian, id.) ; Six Destins (J. Duvivier, id.) ; The Magnificent Dope (W. Lang, id.) ; l'Étrange Incident (W. Wellman, 1943) ; Aventure en Libye (Immortal Sergeant, J. Stahl, id.) ; la Poursuite infernale(J. Ford, 1946) ; Dieu est mort (id., 1947) ; Femme ou maîtresse (O. Preminger, id.) ; The Long Night (A. Litvak, id.) ; la Folle Enquête (On Our Merry Way, K. Vidor, Leslie Fenton, 1948) ; le Massacre de Fort Apache(J. Ford, id.) ; l'Ange de la haine (Jigsaw [caméo], Fletcher Markle, 1949) ; Permission jusqu'à l'aube(J. Ford, M. LeRoy, 1955) ; Guerre et Paix (K. Vidor, 1956) ; le Faux Coupable (A. Hitchcock, 1957) ; Douze Hommes en colère (S. Lumet, id.) ; Du sang dans le désert (A. Mann, id.) ; Stage Struck (Lumet, 1958) ; l'Homme aux colts d'or (E. Dmytryk, 1959) ; l'Homme qui comprend les femmes (The Man Who Understood Women, N. Johnson, id.) ; Tempête à Washington(Preminger, 1962) ; le Jour le plus long (A. Marton,..., id.) ; la Conquête de l'Ouest (épisode dirigé par G. Marshall, id.) ; la Montagne des neuf Spencer(D. Daves, 1963) ; Que le meilleur l'emporte(F. Schaffner, 1964) ; Une vierge sur canapé (Sex and the Single Girl, R. Quine, id.) ; Point limite (Lumet, id.) ; Première Victoire (Preminger, 1965) ; Guerre secrète(T. Young, id.) ; le Mors aux dents (B. Kennedy, id.) ; la Bataille des Ardennes (Battle of the Bulge, K. Annakin, id.) ; Gros Coup à Dodge City (A Big Hand for a Little Lady, Fielder Cook, 1966) ; Welcome to Hard Times(Kennedy, 1967) ; les Cinq Hors-la-loi (Firecreek, Vincent McEveety, 1968) ; Police sur la ville (D. Siegel, id.) ; les Tiens, les miens, le nôtre (Yours, Mine and Ours,M. Shavelson, id.) ; l'Étrangleur de Boston (R. Fleischer, id.) ; Il était une fois dans l'Ouest (S. Leone, id.ITAL/US) ; Trop tard pour les héros (R. Aldrich, 1970) ; le Reptile (J. Mankiewicz, id.) ; Attaque au Cheyenne Club(G. Kelly, id.) ; le Clan des irréductibles (P. Newman, 1971) ; le Poney rouge (The Red Pony [TV], Robert Totten, 1972) ; le Serpent (H. Verneuil, 1973, FR/ALL) ; les Noces de cendres (Ash Wednesday, L. Peerce, id.) ; Mon nom est personne (Il mio nome è nessuno, Tonino Valerii, id., ITAL/ALL) ; Un flic véreux (Inside Job,Michael Lewis, id., TV) ; les Derniers Jours de Mussolini(Mussolini : ultimo atto, C. Lizzani, 1974, ITAL) ; la Bataille de Midway (Midway, J. Smight, 1976) ; le Toboggan de la mort (Rollercoaster, James Goldstone, 1977) ; Tentacules (Tentacoli, Oliver Hellman, id., ITAL) ; The Great Smokey Roadblock / The Last of the Cowboys(John Leone, id.) ; l'Inévitable Catastrophe (The Swarm,I. Allen, 1978) ; Fedora ([caméo], B. Wilder, id.,ITAL/ALL) ; Meteor (R. Neame, id.) ; la Grande Bataille(La battaglia di Mareth, Umberto Lenzi, 1979) ; Wanda Nevada (P. Fonda, id.) ; Cité en feu (City on Fire, Alvin Rakoff, id.) ; la Maison du lac (M. Rydell, 1981).
  • =================
    (cliquez sur une affiche pour lire les commentaires sur le film)25 films où Henry Fonda a été l'un des acteurs principaux :

  • ===============================================